Prix des Assises du journalisme 2024 : voici les grands gagnants

Retrouvez l’essentiel de la cérémonie de remise des prix des Assises du journalisme 2024 présidée par Michel Denisot. La cérémonie a été riche en émotion avec notamment le grand prix du journalisme Michèle-Léridon décerné à titre posthume à Clémentine Vergnaud, pour son podcast Ma vie face au cancer.

Tous les lauréats de cette édition 2024 des Assises du journalisme sont sur scène. Photo : Maël Prévost/EPJT

Le prix « enquête et reportage » a été décerné à Journalistes à Gaza : les visages du carnage. Yunnes Abzouz était sur scène pour représenter l’équipe de Médiapart. Le jury était constitué  d’étudiants des 14 écoles de journalisme reconnues par la profession. Une minute de silence a été observée en hommage aux 85 journalistes tués à Gaza à ce jour.

Le prix du livre « recherche » sur le journalisme a été remis à Aurélie Aubert pour son ouvrage Une information brute ? Journalisme, vidéos et réseaux sociaux.

Le prix du livre du journalisme a été décerné à Camille Vigogne le Coat pour son livre Les Rapaces aux éditions Les Arènes.

Le prix de la photo de presse a été remis à Romain De Sigalas pour son portrait de Céline Gerny publié dans le magazine L’Equipe.

Le grand prix du journalisme Michèle-Léridon a été décerné à titre posthume à Clémentine Vergnaud, pour son podcast Ma vie face au cancer sur France info. Son mari, le journaliste Grégoire Lecalot, et ses parents sont montés sur scène pour recevoir la récompense. La mère de Clémentine a pris la parole : « Cest Clémentine qui devrait être sur scène aujourd’hui. Je sais qu’elle est très fière et très honorée d’être là. Merci à tous pour ce cadeau que vous lui faites. »

Baptiste Villermet

[RÉSUMÉ] Violences, corruption, dopage : quelle investigation dans le journalisme de sport ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Violences, corruption, dopage : quelle investigation dans le journalisme de sport ? »

Marc Leplongeon, Emmanuelle Anizon, Tarek Kai et Thierry Vildary. Photo : Clara Demajean/EPJT

Avec Emmanuelle ANIZON, journaliste L’Obs, Marc LEPLONGEON, journaliste l’Equipe et Thierry VILDARY, journaliste France Télévisions.

Animé par Tarek Kai, journaliste France 24 

 

Les enjeux

Violences, corruption, dopage… Quelle investigation dans le journalisme de sport ? Comment mener des enquêtes sur les abus dans le monde du sport, dans un milieu où la libération de la parole est encore difficile ? Telles sont les questions qui ont animé les trois intervenants durant toute la table ronde.

 

Ce qu’ils ont dit

Emmanuelle Anizon (journaliste pour L’Obs) : « La médaille est le plus important dans le sport. Comme les entraineurs ont le droit de « tout » sur le corps de l’athlète, ils sont encore très protégés par les fédérations. »

« Le temps est essentiel. C’est important de laisser du temps aux victimes pour témoigner. Mais c’est vrai qu’on en a de moins en moins dans notre métier. »

« Après une enquête la pression juridique est forte. Il y a toujours des coups de fil passés à notre direction. Il faut avoir confiance en ses chefs. Il y a plein de méthodes possibles pour déstabiliser un journaliste. »

Marc Leplongeon (journaliste pour L’Equipe) : « On a parfois tendance à croire à un « journalisme boîte aux lettres ». Les sujets viennent rarement à nous, on fait beaucoup de papiers d’initiatives. Mais plus on cultive notre réseau et plus les gens du monde du sport viennent se confier. »

« Combien d’affaires de dopage en France ? On peut les compter sur les doigts de la main. Les enquêteurs ont en réalité très peu de moyens sur le terrain. »

Thierry Vildary  (journaliste pour France Télévisions) : « Dans le sport il y a une règle : ce qui se passe dans le vestiaire reste dans le vestiaire. C’est l’omerta. Il y a une confusion entre le règlement et la loi. Et ça, le monde du sport a du mal à l’accepter. »

 

À retenir

Le monde du sport se protège en définissant ses propres règles. Les fédérations protègent encore trop leurs entraîneurs au détriment de leurs licenciés. Depuis plusieurs années, la parole des victimes commence à se libérer mais est toujours le fruit d’un long processus de réflexion. Les journalistes doivent arriver à se libérer des pressions pour enquêter correctement sur les affaires d’abus. Un bon accompagnement de sa hiérarchie facilite grandement le travail de ces derniers.

 

Baptiste Villermet (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Baromètre social de Jean-Marie Charon : quel modèle économique pour la PQR ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Baromètre social de Jean-Marie Charon : quel modèle économique pour la PQR ? »

Jean-Marie Charon. Photo : Clara Demajean/EPJT

Animé par Jean-Marie CHARON, sociologue français, ingénieur d’études au CNRS, chercheur associé au Centre d’étude des mouvements sociaux.

 

Les enjeux

Chaque année depuis 10 ans, le baromètre social des Assises du journalisme étudie le modèle économique de la presse quotidienne régionale (PQR). Parité dans le monde du journalisme, recul ou non du nombre de cartes de presse, concentrations des journalistes à Paris, tout est passé à la loupe. Cette année, l’accent est mis sur la PQR, son état et son avenir.

Ce qu’ils ont dit

Jean-Marie Charon (sociologue français, ingénieur d’études au CNRS, chercheur associé au Centre d’étude des mouvements sociaux) : « Depuis 2009, les effectifs de la profession diminuaient. Aujourd’hui, nous avons une petite bouffée d’air, nous sommes remontés à 34 051 cartes de presse (+ 1,25 %). »

« La précarité augmente : 64,2% des journalistes de moins de 30 ans sont en situation de précarité. »

« Nous nous rapprochons encore de la parité, avec 48,1 % de journalistes femmes, mais nous n’y sommes toujours pas. La majorité des nouvelles cartes de presse sont des femmes. »

« Le projet Tempo de France Télévisions risque de mener à des disparitions de postes. La rédaction parisienne a vu son travail extrêmement diminué, alors que les régions sont davantage mises à contribution sans augmentation de moyens. »

« Quelques titres observent un recul important de leur diffusion. Le groupe Rossel, dont fait partie La Voix Du Nord, le Courrier Picard et Paris Normandie, observe un recul de plus de 8 %. C’est une situation alarmante. »

« La presse quotidienne nationale n’a pas eu de grande révision de fond pour passer de l’imprimé au numérique. La presse régionale a dû se réinventer. »

À retenir

La presse quotidienne régionale ne va pas très bien. Plusieurs journaux, notamment ceux du groupe Rossel, observent un recul important de leur diffusion. Deux journaux voient ce recul atteindre plus de 10 %. Dans les territoires ultramarins, un nombre important de journaux disparaît. En métropole, seuls le Télégramme et Ouest-France semblent mieux se porter. Sur les dix dernières années, ce dernier a vu ses effectifs grossir de 8 %. Les plans sociaux ne cessent toujours pas, comme à Nice-Matin, La Voix du Nord ou encore Midi Libre.

La parité dans la profession continue de progresser, mais n’est pas totalement atteinte. Le nombre de journalistes augmente pour la première fois depuis plusieurs années. La précarité recule légèrement chez les jeunes journalistes, mais augmente quand on regarde l’ensemble de la profession.

Axel Monnier (EPJT)

[RÉSUMÉ] « Ils ont créé leur média cette année »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Ils ont créé leur média cette année ».
Romain COLAS, Pierre BENETTI, Sylie METZELARD et Jean-Paul MARI. Photo : Marie-Mène Mekaoui/EPJT
vec Pierre BENETTI, rédacteur en chef adjoint de Kometa, Sylie METZELARD, directrice de la rédaction 60 millions de consommateurs jeunesse et Jean-Paul MARI, directeur de la rédaction Le Journal.

Animé par Romain COLAS, journaliste La Correspondance de la presse.

Les enjeux

Lancer un nouveau média est loin d’être évident. Il y a d’abord les questions de financement à gérer : faut-il lancer des campagnes d’abonnement qui coûtent cher ? Comment rémunérer les pigistes à la hauteur de leur travail ? Malgré ces difficultés, la volonté de renouveler le journalisme et d’entrer en rupture avec le paysage médiatique existant font vivre ces initiatives.

Ce qu’ils ont dit

Jean-Paul Mari (directeur de la rédaction Le Journal) : « Je ne suis pas très à l’aise avec l’idée de travailler avec des bénévoles alors qu’on leur demande le travail, la rigueur et la déontologie du journalisme professionnel. Il faut qu’on rémunère correctement nos pigistes. On a commencé comme une aventure, il faut qu’elle se pérennise. »

Pierre Benetti (rédacteur en chef de Kometa) : « Kometa est né après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Elle a mis les lecteurs de la presse généraliste devant une difficulté, celle d’appréhender cet événement qui change nos vies avec les outils traditionnels du journalisme. »

« Notre revue n’est pas seulement un lieu de l’écrit. On y trouve des cartes ou des photos entre l’art et le photoreportage et qui témoignent qu’à l’Est, il y a du nouveau. »

« Nous avons besoin d’espace pour parler de la complexité de l’Europe de l’Est. Ce n’est pas un lointain qui ne nous concerne pas. »

« Il faut se rendre compte qu’une pige payée 4 000 à 7 000 euros demande parfois un travail d’un mois. On essaie de payer plus que le minimum syndical. Mais aussi d’égaliser la rémunération des piges entre le web et le papier. Il faut arrêter de penser que le web est dévalorisant. »

Sylvie Metzelard (directrice de la rédaction 60 millions de consommateurs jeunesse) : « Il nous faut investir une place pour un nouveau journalisme à l’heure où tout le monde copie tout le monde. Mais cette place ne se fera pas dans la presse généraliste. »

À retenir

Comme le rappelle Pierre Benetti, chaque média qui se crée suit un modèle économique et une ligne éditoriale différente qui répond à ses propres défis. Du côté de Kometa, les investisseurs sont désireux de soutenir un projet neuf qui veut raconter des histoires encore inconnues sur l’Europe de l’Est. De Xavier Niel au Temps, en passant par la fondation Michalski pour l’écriture et la littérature, Kometa compte quelques beaux soutiens.

De son côté, Sylvie Metzelard insiste sur le coût que représente une campagne d’abonnement et sur le petit budget qui a été alloué au projet pour son lancement. Elleespère que ces contraintes ne pèseront pas en défaveur de la déclinaison jeunesse de 60 millions de consommateurs. Une préoccupation que partage Jean-Paul Mari, directeur de rédaction du Journal. Au-delà de la juste rémunération des bénévoles, il souhaite faire perdurer ce journal qui dit non et apporte des solutions, parce qu’elles existent.

Mourjane Raoux-Barkoudah (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Accès aux images et aux stades : l’argent d’abord !

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Accès aux images et aux stades : l’argent d’abord »

Pierre Rondeau, Christophe Bouchet, Fabien Lévêque, Vincent Duluc et Anne Dufot Cornilliet. Photo : Baptiste Villermet/EPJT

Avec Christophe BOUCHET, auteur de « Main basse sur l’argent du Foot » (éditions Robert Laffont) ; Vincent DULUC, journaliste à L’Equipe & président de l’Union des journalistes de sport de France (UJSF) et journaliste de sport et Pierre RONDEAU, professeur d’économie à la Sports Management School, spécialiste de l’économie du sport et de l’économie du football, co-directeur de l’Observatoire Sport et Société à la Fondation Jean-Jaurès.

Animé par Anne DUFORT CORNILLIET, journaliste de sport (Web et TV).

 

Les enjeux

Tous les cinq ans, la Ligue de football professionnelle lance son appel d’offres pour vendre ses droits télévisuels. Objectif : trouver un diffuseur pour la Ligue 1. Mais à quel prix ? La valeur des droits a augmenté depuis 20 ans, mais la courbe s’inverse désormais.

Ce qu’ils ont dit

Christophe BOUCHET, auteur de « Main basse sur l’argent du Foot » (éditions Robert Laffont) : « En 2004, les droits domestiques de la France sont les mêmes que ceux de l’Angleterre. Vingt ans plus tard, ceux des Anglais sont trois fois supérieurs. Les Français n’ont pas été bon. »

« Depuis quelques années, on observe une financiarisation. Des fonds prennent des parts dans les clubs et attendent un retour sur investissement. »

« Quand la Ligue a décidé de ne plus accorder Téléfoot à TF1, la donne sur les droits TV a changé. Les Français n’avaient plus leur rendez-vous dominical avant d’aller voir leur club. »

Vincent DULUC, journaliste à L’Equipe & président de l’Union des journalistes de sport de France (UJSF) et journaliste de sport : « La Ligue 1 n’a pas mis en scène le feuilleton foot dans L’Équipe. On en a fait de plus en plus (60% des articles sur l’année) car c’est ce qui intéresse le plus les gens. »

« Ça n’a pas été simple pour les Anglais non plus. Des chaînes ont fait faillite au début. Mais ce sont les premiers à avoir fait de la Premier League une marque internationale. »

Pierre RONDEAU, professeur d’économie à la Sports Management School, spécialiste de l’économie du sport et de l’économie du football, co-directeur de l’Observatoire Sport et Société à la Fondation Jean-Jaurès : « Ces 20 dernières années, on a observé l’explosion exponentielle des droits TV. Ce sont des 20 glorieuses. »

« Les opérateurs ont payé plus cher que le prix réel pour obtenir l’exclusivité sur les droits TV. Mais Canal+ a racheté ses concurrents car payer plus cher pour l’exclusivité devenait trop peu rentable. »

« La valeur des droits a dépassé son prix réel. La Ligue 1, valorisée à 1 milliard, ne génère pas assez et ne capte pas suffisamment de gens prêts à payer pour regarder le championnat. On est sur un retour en arrière et on va vers une dévalorisation des droits TV. »

Fabien LÉVÊQUE, présentateur de Tout le sport : « À France Télévisions, on est limité à 1 minute 30 d’utilisation d’image. Ça limite la narration. On doit payer les clubs pour avoir des minutes supplémentaires. »

« Les droits sont éclatés. Les gens n’ont pas envie de payer 4 ou 5 abonnements. Ça incite au piratage et ça fait baisser la valeur des droits car les gens ne s’abonnent pas. »

« Si le Qatar ne vient pas au secours du football français et de ses droits TV, on saute dans l’inconnu. »

À retenir

Le football français n’est pas près d’avoir le milliard d’euros tant attendu via les droits télévisuels. Depuis 20 ans, si leur valeur a augmenté, elle était clairement surévaluée en raison de la concurrence. Et la Ligue continue dans les mauvais choix. Avec le deal CVC, fonds luxembourgeois qui a acquis 13% des parts du football français, elle a probablement perdu à vie 13% de ses recettes.

Là où les Anglais et les Espagnols ont su faire de leur championnat une marque, avec deux modèles différents, les clubs français vivent sous perfusion du pouvoir politique. Mais tous ces problèmes et ce manque d’argent n’influencent pas le travail des journalistes.

 
 
 
 
 

Axel Monnier/EPJT

 

 

[RÉSUMÉ] Les entretiens de l’info : quand les jeunes femmes journalistes de sport occupent le terrain

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les entretiens de l’info : quand les jeunes femmes journalistes de sport occupent le terrain »

Pierre Galy, Tiffany Henne, Azaïs Perronin, Sandy Montanola, Pauline Guillou et Jean-Marie Charon. Photo : Mourjane Raoux-Barkoudah/EPJT

Avec Tiffany HENNE, journaliste pigiste, Association des femmes journalistes de sport ; Pierre GALY, chef du département des sports AFP ; Pauline GUILLOU, journaliste pigiste et membre de Femmes Journalistes de Sport ; Sandy MONTAÑOLA maîtresse de conférence à l’université Rennes 1 et Azaïs PERRONIN relayeuse et journaliste pigiste.

Animé par Jean Marie CHARON, sociologue des médias CNRS-EHESS

 

Les enjeux

Les femmes journalistes de sport rencontrent encore davantage de difficultés que leurs homologues masculins. Toutefois, des mesures sont mises en place et offrent un espoir pour les prochaines générations de journalistes.

Ce qu’ils ont dit

Pauline Guillou (journaliste pigiste et membre de Femmes Journalistes de sport) : « Je me sens un peu seule dans les rédactions mais avec l’association, on se sent nombreuses (250 adhérentes). En fait on est là, c’est juste qu’on ne nous voit pas beaucoup ! »

« Quand on est une fille, on a un syndrome de l’imposteur qui est énorme et encore plus dans des rédactions de sport. Mon entrée dans le métier a été plutôt compliquée. Mais j’ai envie de croire que c’est le métier qui est comme ça et que ça se passe comme ça partout. »

Azaïs Perronin (relayeuse et journaliste pigiste) : « L’absence de modèle a été importante. Je n’ai pas vu beaucoup de femmes et cela a sûrement joué sur le fait que je n’arrive pas à me projeter en tant que femme journaliste de sport. »

Sandy Montanola (maîtresse de conférence à l’université Rennes 1) : « Plus le sport est considéré comme important et moins on a de femmes. L’entrée des femmes se fait surtout dans les secteurs les moins convoités : on les compte beaucoup dans les postes précaires. »

« Le journalisme est l’un des secteurs où les perspectives pour progresser sont non transparentes. »

« Le sport est un domaine historiquement masculin construit autour de la virilité. En faisant du sport un moment de sociabilisation entre hommes, on perd de l’audience en y intégrant des femmes. Dans une logique de rentabilité, pour aller chercher un public, on va polariser ces endroits. »

Tiffany Henne (journaliste pigiste et membre fondatrice de l’association Femmes Journalistes de Sport) : « Le but est d’aller toucher les postes à responsabilité et dans le sport, les postes de commentatrices. On dit à des dizaines de journalistes sportives que la voix des femmes, c’est pas possible pour commenter car elle va monter dans les aigus. »

« Je suis tout à fait pour l’instauration des quotas. Si on attend de ces messieurs blancs d’un certain âge, on peut attendre longtemps. Le jour où l’égalité sera atteinte, c’est le jour où des femmes incompétentes seront à des postes à responsabilité, comme c’est le cas pour certains hommes aujourd’hui »

À retenir

Si la parité est atteinte dans les cartes de presse, elle ne l’est pas en sport qui reste un univers masculin. Syndrome de l’imposteur, remarques sexistes, du mal à se projeter dans la profession à cause de l’absence de modèle… Le chemin est plus difficile pour les femmes que pour les hommes.
Les violences sexuelles et sexistes peuvent notamment les dissuader de se lancer. D’autant plus que dénoncer, c’est prendre un risque pour sa carrière.

Même si 61 rédactions ont signé la Charte pour une plus grande égalité femmes-hommes dans les rédactions sportives, que des cellules VSS et des référents « harcèlement sexuel » ont été mis en place, le plafond de verre persiste. Une situation encore plus compliquée pour les femmes racisées – et les minorités en général.

Clara Demajean (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Médias locaux : le sport au-delà des résultats

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Médias locaux : le sport au-delà des résultats »

Richard Hecht, Vincent Côté, Aurélie Peyridieu, Clément Chassot, David Picot. Photo : Mourjane Raoux-Barkoudah/EPJT

Avec Clément CHASSOT, rédacteur en chef Le Crêstois (Drôme) ; Vincent CÔTÉ, rédacteur en chef délégué aux Sports pour Ouest France ; Aurélie PEYRIDIEU, responsable Projets Communication Fédération Française Sports pour Tous ; David PICOT, journaliste à La Gazette Nantes.

Animé par Richard HECHT, membre de l’Union des Clubs de la presse de France et francophones.

Les enjeux

Les médias locaux se heurtent régulièrement au fait de ne pas égratigner les clubs locaux, par peur de perdre une source d’informations. Alors comment les journalistes locaux entretiennent-ils leurs liens avec les sportifs ?

Ce qu’ils ont dit

Clément CHASSOT (rédacteur en chef Le Crêstois): « Il y a un aspect social du sport. On met en avant le sport amateur et ses bénévoles. Le journal est une caisse de résonance pour ces jeunes-là mais aussi pour les personnes plus âgées. C’est une reconnaissance. »

Vincent CÔTÉ (rédacteur en chef délégué aux Sports pour Ouest France) : « Un quotidien comme Ouest-France doit se fier à sa propre hiérarchisation de l’information sportive. Quand on le fait, c’est pour raconter une histoire au-delà du résultat. »

« Quand nous avons une carte de presse, nous n’avons pas une carte de supporter. »

« Les sportifs ont perdu la confiance qu’ils avaient envers les journalistes. »

Aurélie PEYRIDIEU (responsable Projets Communication Fédération Française Sports pour Tous) : « Nos athlètes sont des monsieur tout le monde. On cherche à évoquer des valeurs comme le respect de l’autre. Le sport est un outil de bien plus grand : le social. »

David PICOT (journaliste à La Gazette Nantes) : « Il devient difficile d’obtenir des informations au-delà du fait sportif. La communication contrôle de plus en plus le terrain. »

À retenir

Les médias locaux cherchent à innover et orientent leurs articles sur des portraits de sportifs, sur la petite histoire du succès et l’aspect social du sport. En effet, les scores, tous les sites d’informations les auront. Il s’agit ici d’une technique pour se démarquer de flux global.

Les journalistes présents évoquent une ligne éditoriale commune : valoriser leur territoire et leur population. La difficulté est de publier un article quand le club de la région a des mauvaises performances. D’autant plus quand plusieurs médias locaux souffrent d’un manque de visibilité. La phrase à retenir, selon David Picot ? « 0,18%, c’est ce que le sport représente dans le budget de l’État. » Surprenant pour une spécialité qui suscite autant d’engouement.

Jules Rouiller (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Le journalisme de sport : frontières, reconnaissance et légitimité d’une spécialité discréditée

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Atelier de recherche : le journalisme de sport ; frontières, reconnaissance et légitimité d’une spécialité discréditée »

Céline Ségur, Natacha Lapeyroux, Valérie Bonnet, Mathias Valex et Emmanuel Marty Photo : Mourjane Raoux-Barkoudah/EPJT 

Avec Valérie BONNET, professeure des universités en Sciences de l’information et de la communication LERASS Université Toulouse 3 ; Natacha LAPEYROUX, Postdoctorante Université libre de Bruxelles (Belgique) ; Mathias VALEX, maître de conférence ELICO Université Lyon 2.

Co-animé par Emmanuel MARTY, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication & Céline SÉGUR, CREM Université de Lorraine. 

 

Les enjeux

Le journalisme de sport est souvent vu comme un domaine moins sérieux que d’autres rubriques au sein des rédactions. Se pose aussi la question du rapport aux sources, notamment en presse quotidienne régionale, mais aussi de la légitimité des femmes.

 

Ce qu’ils ont dit

Valérie Bonnet (professeure des universités en Sciences de l’information et de la communication LERASS Université Toulouse 3) :« Dès le début dans les médias, il y a eu ce débat de recruter soit des communicants, soit des techniciens pour le commentaire sportif. »

Natacha Lapeyroux (postdoctorante Université libre de Bruxelles) :« La question de la passion est centrale dans le journalisme sportif. Et on considère souvent que les femmes sont moins passionnées, donc elles sont moins considérées. »

Mathias Valex (maître de conférence ELICO Université Lyon 2) :« En tant que journalistes de sport, on est perçus comme des personnes qui s’amusent. »

« Les journalistes de sport dans les médias locaux ont un rapport aux sources particulier. Entre esprit critique et préservation de leur terrain. »

« Le sport d’élite féminin est souvent relégué dans les pages départementales en presse locale, sous prétexte de logiques d’audiences. »

« Les « lives » web offrent beaucoup plus de liberté aux journalistes et aux commentateurs, qui peuvent se permettre des blagues etc. »

À retenir

Le journalisme de sport est un domaine qui a toujours souffert d’un manque de légitimité. Vu comme une rubrique où les journalistes s’amusent, les reporters sont souvent critiqués au sein même des rédactions. Les femmes souffrent encore plus dans ce secteur dominé par les hommes. Comme si la passion du sport était un concept masculin, elles sont souvent reléguées au second plan et doivent jouer des coudes pour être reconnues. La question de la diffusion du sport féminin est également une problématique et les médias se cachent souvent derrière des logiques de rentabilité et d’audiences.

Pour la presse locale, il y a également un rapport aux sources qui est complexe. Les journalistes sont constamment au contact des sportifs et des clubs. Ils doivent donc osciller entre esprit critique et maintien de ce lien. Enfin, il semble que le métier de journaliste de sport s’est professionnalisé au fil du temps, avec des journalistes de plus en plus experts.

Florian Pichet (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Journalistes ou supporters ?

Retrouvez l’essentiel de l’atelier-débat « Journalistes ou supporters »

Clément Gavard, Stéphanie Freedman, Lionel Dangoumau et Louise Audibert. Photo : Mourjane Raoux-Barkoudah/EPJT

Avec Stéphanie FREEDMANN, journaliste manager L’Alsace et DNA, Lionel DANGOUMAU, directeur de la rédaction de L’Équipe et Clément GAVARD, journaliste pour So Foot.

Animé par Louise AUDIBERT, journaliste indépendante (So Foot, Le Monde…).

Les enjeux

Est-il possible de couvrir un match tout en supportant une équipe ? Les journalistes de sport ont-ils le droit d’exulter pendant une rencontre ? Peuvent-ils être chauvins et soutenir, dans leurs productions, une sélection nationale ou un club ? Autant de questions qui ont été abordées lors de cet atelier-débat.

Ce qu’ils ont dit

Stéphanie Freedman (journaliste manager L’Alsace et DNA) : « Quand nous nous en tenons aux faits, que nous gardons la bonne distance, l’un n’empêche pas l’autre. Nous pouvons être de bons professionnels et soutenir l’OM. »

« Un journaliste de sport est avant tout journaliste. Nous pouvons donc évidemment faire ce métier sans être supporter, mais ce n’est pas mon cas. Depuis que j’ai découvert Marseille, je suis devenue fan de cette équipe. Mon joueur préféré est Mattéo Guendouzi. »

« Le sport permet de parler de tous les aspects de la société : ferveur, santé, violences… »

Lionel Dangoumau (directeur de la rédaction de L’Équipe) : « À L’Équipe, on nous reproche souvent d’être trop journalistes et pas assez supporters, de ne pas suffisamment être derrière l’équipe de France. »

« Il faut de l’émotion et de l’empathie pour que le récit sportif ne soit pas dénaturé mais cette part ne doit pas déborder. »

« J’ai grandi avec l’OM et j’étais super content quand ils ont gagné la Ligue des champions. Nous pouvons avoir ce fond de supporterisme en nous mais il faut s’en détacher pour ne pas être contraint dans notre travail. »

« La question de la porosité entre journalistes et acteurs n’est pas propre au sport. En politique aussi, cette proximité peut être trop grande. »

« Je pense que ça peut être bénéfique de changer de rubrique ou de club à couvrir assez régulièrement. Dans le même temps, il faut rester suffisamment longtemps à un poste afin de développer un réseau. Il y a un équilibre à trouver. »

Clément Gavard (journaliste pour So Foot) : « Je pense que nous pouvons être les deux. Pour être journaliste de sport, il faut avant tout être passionné. C’est ancré en nous et nous ne pouvons pas décider de ne plus aimer un club. »

« En 2019, j’étais pigiste pour So Foot mais je ne m’estimais pas encore capable de contenir mes émotions lors des matchs européens du Stade Rennais. Je n’arrivais pas à prendre assez de recul sur ces événements passionnels. Je pense aujourd’hui avoir mûri. »

« Rennes est un club à taille humaine, contrairement au PSG par exemple. À force de venir au stade, en conférence de presse, nous créons une relation avec les joueurs et les entraîneurs. C’est l’avantage de suivre une équipe de près : nous pouvons facilement discuter avec les sportifs et défendre notre vision des choses. »

« Quand nous avons accès à ce milieu très particulier, cela vaccine totalement de l’idolâtrie que nous avions petit. Nous découvrons parfois des choses écœurantes. »

À retenir

Il est tout à fait possible pour les journalistes de sport de concilier leur passion pour une équipe en particulier tout en maintenant leur professionnalisme. Ils viennent souvent à ce métier en tant que supporter, mais le contact étroit avec les acteurs du milieu permet de relativiser l’idolâtrie. Afin de permettre cette dualité, il est important de conserver une bonne distance.

Lionel Dangoumau, actuel directeur de la rédaction du journal L’Équipe, a insisté sur l’importance de l’émotion et de l’empathie dans le récit sportif, tout en mettant en garde contre un excès qui pourrait altérer la neutralité journalistique. Les intervenants ont mis l’accent sur cette notion, plutôt que d’objectivité. Par ailleurs, les liens étroits entre journalistes et acteurs n’existent pas seulement dans le sport, à l’instar de la politique.

Corentin Vallet (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Les entretiens de l’info : le journalisme est un sport collectif

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les entretiens de l’info : Le journalisme est un sport collectif »
Jean-Marie Charon, Hugo Coignard du collectif Enketo, 3 journalistes pour Collectif focus, Albert London, Splann!, Youpress. Photo : Mourjane Raoux-Barkoudah/EPJT
Les collectifs représentés : WeReport, Longshot, Youpress, Hors Format, Splann!, Albert London, Focus, Enketo, Les Journalopes, Presse-Papier, La Fourmilière, Tu piges, La Friche, Argos, Hors cadre, Incorrigibles, Solvo, Extra-Muros.

Une rencontre animée par Jean-Marie Charon, sociologue des médias CNRS-EHESS.

Les enjeux

Dans le cadre des Entretiens de l’info, le sociologue Jean-Marie Charon rassemble les collectifs de journalistes pour la première fois en France afin qu’ils puissent échanger sur leurs façons de travailler et les défis à relever. Cet événement a vocation à devenir un rendez-vous annuel et récurrent des Assises du Journalisme.

Ce qu’ils ont dit

Collectif Youpress : « Le collectif est une question de survie. Être ensemble, c’est ce que je conseille à l’ensemble des journalistes. »

« C’est difficile d’être pigiste et je voulais que l’on soit fier de nous. Différents cerveaux valent mieux qu’un ! »

« Financer notre collectif est un vrai apprentissage et l’argent ce n’est pas un tabou. Il faut en parler. »

Collectif WeReport« Il faut que l’on pense collectivement pour négocier nos productions auprès des rédactions car nous avons une vraie valeur ajoutée. Trop souvent, on est payé au salaire de pigiste. Mais lorsqu’un média nous achète un sujet, il doit payer cette valeur ajoutée du travail collectif ! »

Collectif Tu piges« On en avait marre de courir après des rédactions qui nous manquaient de respect. On s’est mis ensemble et on s’est spécialisés dans la pige. »

Collectif Les Incorrigibles« La première raison des journalistes qui viennent vers notre nous, c’est de rompre l’isolement et de découvrir la diversité de la presse. Mais également de créer un endroit pour pouvoir se retrouver et parler d’autre chose, à la pause-café par exemple. »

« Je pense que l’on ne peut pas être pigiste sans collectif, c’est vraiment un levier. Cela a changé mon regard car j’ai plus de poids dans la négociation auprès des rédactions. »

Jean-Marie Charon, (sociologue des médias CNRS-EHESS) : « Les Assises du journalisme peuvent être un espace pour continuer à se retrouver. L’année prochaine, on pourra refaire cette rencontre sous forme d’un séminaire interne et travailler ensemble. »

À retenir

Chaque collectif de journalistes s’est créé dans le but de se soutenir individuellement et de travailler ensemble sur des thématiques variées. L’idée est de lutter ensemble et de s’entraider face à la difficulté du milieu journalistique en se protégeant de la précarité financière du métier. Cette première rencontre entre associations a été l’occasion de parler de la manière dont chacun s’organise, mais également des difficultés auxquels ils sont exposés.

L’élément principal : le financement. Entre bourses ou négociation auprès des rédactions, il est difficile de trouver des subventions lorsque l’on est pigiste. Mais au sein d’un collectif, avec le soutien des autres membres, il est plus facile de se battre et de se mobiliser contre des rédactions qui payent peu pour faire valoir les droits de journaliste pigistes. La rencontre entre ces associations a permis une discussion afin de continuer à valoriser financièrement les travaux réalisés. Cette discussion a mené à la création d’un groupe Discord. Il est probable que cette rencontre se pérennise de manière annuelle lors d’un séminaire à l’occasion des Assises du journalisme.

Victoire Renard-Dewynter (EPJT)

 

[RÉSUMÉ] Quel traitement des violences sexistes et sexuelles dans le journalisme de sport ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quel traitement des violences sexistes et sexuelles dans le journalisme de sport ? »
Alizée Vincent, Mejdaline Mhiri et Ludovic Ninet. Photo : Nahomie Perigny/EPJT
Avec Ludovic NINET, journaliste et écrivain, Alizée VINCENT journaliste pour Arrêt sur images

Animé par Mejdaline MHIRI, co-fondatrice de l’association Femmes Journalistes de sport et rédactrice en cheffe du magazine Les Sportives.

Les enjeux

Le bilan d’activité 2023 présente une libération de la parole en matière de violence sexiste et sexuelle (VSS) dans le sport, avec des chiffres de signalements élevés. Mais les dénonciations de viols, d’agressions sexuelles ou de discrimination de genre restent sous-traitées médiatiquement. Comment parler plus efficacement de ces violences ?

Ce qu’ils ont dit

Alizée Vincent, journaliste pour Arrêt sur images : « Dans certains médias, la tendance est de se focaliser sur les difficultés psychologiques de l’auteur au lieu de se concentrer sur les faits structurels du crime. »

 « Dans les cas de VSS, le vocabulaire judiciaire doit être extrêmement bien utilisé. Le journaliste a pour devoir de faciliter l’accès à ce genre d’information. »

« La presse sportive me paraît plus en retard que les autres sur le traitement médiatique des violences sexistes et sexuelles.»

«Quand dans l’Equipe, on applaudit parce qu’un journaliste parle des règles, j’en ai marre d’applaudir des poissons qui nagent . »

Mejdaline Mhiri, co-fondatrice de l’association Femmes Journalistes de sport et rédactrice en cheffe du magazine Les sportives  : « Je ne veux pas que l’on pense que la presse sportive, c’est pour les beauf qui ne savent pas parler de violences sexistes et sexuelles. C’est pour ça qu’il y a l’association Femmes Journalistes. »

«Dans la presse sportive, il y a une sorte de schizophrénie dans l’absence de réflexion globale sur les VSS dans les rédactions. »

Ludovic NINET, journaliste et écrivain : « On peut se demander quelle place un média décide de donner à ce genre de réflexion ? Les journalistes sportifs ne se consacrent pas à ça. Mais je pense que l’on peut travailler sur un sujet sans forcément en être expert. »

« Ce problème de traitement de VSS est quelque chose de nouveau dans les rédactions qui s’explique par un changement de génération qui veulent que les choses bougent. » 

À retenir

Le traitement médiatique des violences sexistes et sexuelles reste encore à développer. Toutes les rédactions doivent se sentir concernées par ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Les journalistes se doivent d’employer les mots justes et le vocabulaire le plus précis afin de parler des cas de VSS dans le monde sportif. Un article ne doit pas mettre plus en avant l’accusé (en raison de ses titres, sa notoriété ou son sexe) que la victime elle-même. Certains journalistes sportifs tentent de se former mais ils sont encore peu nombreux.

Nahomie Perigny (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Les Jeux olympiques télévisés : perspective historique

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les jeux télévisés olympiques : perspective historique »

Isabelle Gaillard, Claire Blandin, Michael Attali. Photo : Mourjane Raoux-Barkoudah/EPJT

Avec Michael Attali, professeur à l’université de Rennes et Isabelle Gaillard, maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l‘université de Grenoble Alpes.

Animé par Claire Blandin, professeure des universités en sciences de l’Information et de la communication à l’université Sorbonne Paris Nord.

Les enjeux

À quelques mois des prochains jeux Olympiques de Paris 2024, des chercheurs s’interrogent sur l’accélération de la médiatisation du sport et des bouleversements que cela entraîne : changement des programmations des épreuves, « olympisation » des sports, bouleversements économiques, etc. 

 

Ce qu’ils ont dit

Michael Attali (professeur à l’université de Rennes) : « Monique Berlioux est la seule femme à avoir été dirigeante du Comité international olympique (CIO). C’était la femme la plus puissante dans le sport de 1969 à 1985. Elle était aussi journaliste. »

« L’olympisation va bouleverser les sports, la manière de les exercer et leurs programmations. L’exemple des épreuves de natation à Tokyo est flagrant. »

« La perte de confiance est importante en vue des jeux de Paris. Depuis une dizaine d’années, l’olympisme vit une crise profonde »

Isabelle Gaillard (maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l‘université de Grenoble Alpes.) : « C’est une mission d’ordre public. D’un point de vue économique, ce n’est pas rentable. C’est surtout une question d’image. »

« On favorise l’audiovisuel sur des sports qui sont à la fois spectaculaires, qui peuvent ramener de l’audience et avec qui nous avons des chances de remporter des médailles. »

Claire Blandin (professeure des universités en sciences de l’Information et de la communication à l’université Sorbonne Paris Nord) : « Les pratiques sportives accompagnent les supports médiatiques. L’attrait pour le spectacle sportif a souvent suscité l’appétit du direct. »

 

À retenir

La perte de confiance en vue des futurs Jeux de Paris est importante. Depuis une dizaine d’années, l’olympisme vit une crise profonde. 

L’arrivée de la télévision est venue bouleverser l’audience et l’importance que l’on accorde aujourd’hui à cet événement sportif. En revanche, peu de chercheurs se sont intéressés au lien entre sports et médias. Nous pouvons relever le faible nombre de publications sur le sujet. L’histoire du sport en France ne débute qu’en 1980 alors qu’elle commence une vingtaine d’années avant aux États-Unis. Il y a longtemps eu un mépris pour l’histoire du sport et des médias, avec notamment une grande méfiance de la part des historiens.

Jules Rouiller (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] L’Agora des Etats généraux de l’Information (2e partie)

Retrouvez l’essentiel de l’événement « L’Agora des Etats généraux de l’Information (2e partie) »

Pascal Ruffenach, Romain Colas, Sébastien Soriano. Photo : Julien Grohar/EPJT

Avec Pascal RUFFENACH, président du directoire du groupe Bayard, Sébastien SORIANO, président de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse et de nombreuses associations et syndicats représentants les journalistes.

Animé par Romain Colas, journaliste à La Correspondance de la Presse.

 

 

Les enjeux

L’intelligence artificielle (IA) a fait de tels progrès ces dernières années qu’il peut être compliqué de dissocier le travail réalisé par des êtres humains de celui fait par les IA. Cette situation interroge le travail des journalistes et leur avenir. Entre fakenews, complotisme et GAFAM, la place du journaliste est remise en cause. Dans le même temps, l’éducation aux médias et à l’information semble de plus en plus nécessaire (EMI).

 

Ce qu’ils ont dit

Sébastien Soriano (Président de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) : « 69 % des contenus climatosceptiques sur Facebook viennent de 10 comptes. Pourquoi ce sont ces contenus qui sont mis en avant sur les réseaux ? »

« Il faut promouvoir des bons algorithmes qui vont faire des choix. C’est de cette manière que l’on va tirer le secteur vers le bon sens. »

« Aujourd’hui la voix qui est suivie au niveau des grandes plateformes pour réguler les réseaux, c’est une règle européenne. Ce qui se pose, c’est la question du dialogue entre les instituions de l’UE et les institutions nationales. »

Pascal Ruffenach (Président du directoire du groupe Bayard) : « Pour ne pas avoir à faire de modération, certaines plateformes se retirent pour se consacrer au divertissement. On prive le citoyen d’une source d’information à force de trop complexifier. »

« La difficulté pour des abonnés jeunesse, recevoir 12 éditions par an, c’est un peu ringard. On a un vrai souci pour intéresser les citoyens, seulement 11% des français sont abonnés. C’est beaucoup moins que dans les pays du Nord. Il faut valoriser les patrimoines. »

Marc Epstein (Président de La Chance) : « Sur l’éducation aux médias, il faut changer d’échelle. À la Chance, on s’est rendu compte qu’il fallait intervenir dès la maternelle. Il y a encore des zones blanches pour l’éducation aux médias. »

 

 retenir

La banalisation des réseaux sociaux comme moyen de partager l’information modifie la place des médias, de la presse et le rôle des journalistes. L’Intelligence artificielle redéfinit le journalisme dans le rôle de partage de l’information. Ce n’est plus l’homme qui propage l’information mais des algorithmes qui mettent en avant des informations derrières lesquelles les journalistes s’effacent. La modération devient plus importante quand ces contenus diffusés à un public toujours plus large ne sont plus contrôlés par l’homme. Lorsque 69 % des contenus climatosceptiques sur Facebook viennent de 10 comptes, il faut questionner la raison pour laquelle ces contenus sont mis en avant.

Face aux fausses informations, lutter contre la désinformation devient nécessaire. Dès le plus jeune âge, pourquoi pas « dès la maternelle et dans toutes les zones géographique avec l’éducation aux médias et à l’information (EMI) » estime Marc Epstein, Président de La Chance. C’est toute l’éducation citoyenne à l’information et aux médias qui doit être repensés avec le numérique, les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle.

 

Lucas Gault (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Le commentaire de sport, un journalisme de l’émotion

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le commentaire de sport, un journalisme de l’émotion »

Gabriel Richalot, Alexandre Pasteur, Olivier Collet, Maureen Lehoux. Photo : Julien GROHAR/EPJT

Avec Maureen LEHOUX, commentatrice sur RMC Sport, Alexandre PASTEUR, commentateur sur France Télévisions, et Gabriel RICHALOT, chef du service des sports au journal Le Monde.

Animé par Olivier COLLET, journaliste à Chérie FM Val de Loire.

Les enjeux

Le commentaire de sport est une discipline journalistique à part. Les journalistes commentateurs ont parfois autant d’importance pour les lecteurs, téléspectateurs ou auditeurs que l’événement sportifs lui-même. L’occasion de réfléchir sur l’importance croissante des réseaux sociaux, la place des femmes dans un milieu très masculin ou encore sur la frontière ténue entre le rôle de journaliste et celui de supporteurs.

Ce qu’ils ont dit

Maureen Lehoux (commentatrice sur RMC) : « Il y a quelque chose de très théâtral dans le sport lui-même et on s’appuie sur ça dans notre commentaire. On peut s’enflammer si la situation le permet, notamment pour des athlètes français. Il faut cependant éviter de donner son avis. »

« Quand on est une femme, on a un devoir d’exemplarité. Une non-réponse ou une imprécision peut être pointée du doigt comme une incompétence. » Elle est la première femme à commenter un match de foot en direct sur RMC : « L’excuse de la voix n’est pas une vraie explication pour justifier le manque de femmes aux commentaires. Il y avait aussi peut-être des patrons de presse qui ne voulaient pas. Encore aujourd’hui, il y a peu de femmes. »

« Attention à la mode de mettre des femmes aux commentaires de sports identifiés comme plus féminins. Il faut se préoccuper de la moindre représentation des femmes mais surtout de ce qu’elles font à l’antenne. »

« Commenter, c’est avant tout informer. Il faut donc trouver le juste milieu entre l’information et la légèreté de ton. »

« Pour trouver son style, il faut avant tout être vrai, être soi. Il faut commenter avec son vécu et son histoire. »

Alexandre Pasteur (commentateur sur France Télévisions) : « À mes débuts en 1995, aucune femme ne commentait du sport à la télévision ou à la radio. Heureusement les choses évoluent, les barrières tombent. Des femmes vont commenter des épreuves pour les JO de Paris sur France Télévisions. »

« Avant tout : neutralité et objectivité. Depuis mes débuts, je me suis toujours astreint à ne m’enflammer que pour la performance plus que pour le sportif. »

« Je pars du principe que les erreurs, il faut les assumer. Quand on fait une erreur à l’antenne, on le sait très vite avec Twitter, Messenger… j’en passe et des meilleurs. Tant que l’interaction est cordiale, je le reconnais mon erreur et je cite la personne qui m’a remis dans le droit chemin. »

« On est là pour décrire, informer, décrypter et anticiper. Il faut avoir réponse à tout en connaissant tout sur le sport : son histoire, ses champions, etc. À l’antenne, même si on veut surtout être surpris. Le sport est un spectacle et on le vend comme tel. »

La proximité qu’il peut y avoir avec les athlètes influence-t-elle le commentaire ? « Je ne suis pas là pour être pote avec les coureurs. Même si j’adore Pogačar en tant qu’athlète, je suis avant tout journaliste de sport et commentateur. »

Gabriel Richarlot (chef du service des sports pour Le Monde) : « La spécificité du Monde n’est pas l’expertise, L’Équipe le fait très bien. On a surtout développé une plateforme sur laquelle nos lecteurs peuvent échanger avec nous. 90 % des gens qui viennent sur les lives du Monde viennent pour le ton décalé. »

« Pour pallier au manque d’images, nous partageons les vidéos relayées par les diffuseurs notamment. Nous nous reposons aussi sur le travail photo des agences de presse. Nous utilisons aussi des GIFs. » 

« Certains moments nécessitent un vrai décryptage journalistique avec de l’analyse et des informations. Quand il s’agit de partager l’émotion du sport, je ne vois pas d’objection à se laisser aller. Il y a un petit côté théâtre et stand-up dans le commentaire de sport. »

« Nous avons énormément de lectrices de sports qui échangent avec nous. Dans leurs réactions, elles nous éloignent des clichés « beaufs » parfois relayés autour du sport. »

« Même si les outils de l’intelligence artificielle sont utilisés pour traiter les données statistiques, il ne faut pas compter dessus pour l’émotion. »

À retenir

Le commentaire de sport est avant tout un exercice journalistique dont la mission est de transmettre des informations. Cependant, la théâtralité et les moments hors du temps que le sport offre sont propices aux envolées lyriques. Un seul mot d’ordre : s’enflammer tout en restant mesuré et en gardant à l’esprit l’importance de l’impartialité. En presse écrite, à la radio ou à la télévision, il faut se mettre au service des publics.

Cette discipline journalistique n’est cependant pas exempte de problème. La place des femmes dans le commentaire de sport reste une question centrale. Dans un milieu encore trop masculin tant côté journalistes que côté public, les femmes s’imposent doucement. Les mentalités évoluent et des changements profonds ont lieu. Plusieurs femmes commenteront des épreuves majeures de JO de Paris pour France Télévisions.

Théo Lheure (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] JO de Paris 2024 : des dispositifs médiatiques exceptionnels

Retrouvez l’essentiel de l’événement « J.O de Paris 2024 : des dispositifs médiatiques exceptionnels »

Luc Bourrianne, Pierre Galy, Géraldine Pons et Jean-Philippe Leclaire. Photo : Julien Grohar/EPJT

Avec Pierre GALY, chef du département des sports de l’AFP; Jean-Philippe LECLAIRE, directeur adjoint de la rédaction de l‘Équipe, Géraldine PONS, directrice des sports d’Eurosport France, Hélène Lecomte, rédactrice en chef du service sport de Francetélévisions et Luc Bourrianne, rédacteur en chef de La Nouvelle République

Animé par Antoine DENÉCHÈRE, rédacteur en chef adjoint de France 3 Centre-Val de Loire. 

 

Les enjeux

Comment couvrir un événement mondial et qui va faire de Paris le centre du monde ? Pour nombre de médias, il s’agit d’un moment clé, aussi bien sur le plan éditorial qu’économique. 

Ce qu’ils ont dit

 
Jean-Philippe Leclaire (directeur adjoint de l’Équipe) :
 
« Nous tiendrons un cahier quotidien des résultats de 12 pages pendant les JO. »
 
Géraldine Pons (directrice des sports d’Eurosport) :
 
« Nous serons 100% exhaustif pendant les JO et nous en diffuserons l’intégralité. »
 
« Nous aurons plus de 800 collaborateurs pendant les JO, nous travaillerons avec des journalistes de CNN. »
 
« Il y a du JO bashing avant tous les JO mais les habitants finissent toujours par être contents de faire la fête. »
 
« Warner est détenteur des droits et accréditations des jeux Olympiques et les distribue »
 
Hélène Lecomte (rédactrice en chef du service sport de France Télévisions) :
 
« Nous allons utiliser France 2, France 3 et une chaîne web pour diffuser en continu les JO. »
 
« L’idée est de proposer au public le maximum d’événements des JO paralympiques. Nous aurons une chaîne dédiée. »
 
Luc Bourrianne, (rédacteur en chef de La Nouvelle République) :
 
« Nous ferons un cahier sur les JO de 8 pages par jour et nous commenterons les événements sportifs en live écrit. »
 
« Il y a effectivement l’envie dans les rédactions de participer à cet événement du siècle. »

À retenir

Dans chaque rédaction, des dispositifs exceptionnels ont été mis en place. En fonction du nombre d’accréditations, de journalistes et des partenariats possibles, les différents médias pourront plus ou moins suivre les Jeux Olympiques de Paris 2024. Eurosport couvrira les JO de manière exhaustive, France télévisions consacrera ses chaines aux jeux Olympiques, avec sur France 2 les épreuves courtes, sur France 3 les épreuves longues, et sur la chaine Web les nouvelles disciplines. Les journaux télévisés de 13 heures et de 20 heures seront délocalisés dans un studio installé sur le toit du musée de l’Homme au Trocadéro. Les rédactions se préparent à couvrir les jeux Olympiques et les journalistes se privent volontiers de vacances, et parfois même de jour de repos. En effet, certains médias demandent des dérogations pour que les journalistes puissent enchainer le suivi des jeux durant les deux semaines

 

Juliette HUVET (EPJT)

 

 

À retenir

Dans chaque rédaction, des dispositifs exceptionnels ont été mis en place. En fonction du nombre d’accréditations, de journalistes et des partenariats possibles, les différents médias pourront plus ou moins suivre les Jeux Olympiques de Paris 2024. Eurosport couvrira les JO de manière exhaustive, France télévisions consacrera ses chaines aux jeux Olympiques, avec sur France 2 les épreuves courtes, sur France 3 les épreuves longues, et sur la chaine Web les nouvelles disciplines. Les journaux télévisés de 13 heures et de 20 heures seront délocalisés dans un studio installé sur le toit du musée de l’Homme au Trocadéro. Les rédactions se préparent à couvrir les jeux Olympiques et les journalistes se privent volontiers de vacances, et parfois même de jour de repos. En effet, certains médias demandent des dérogations pour que les journalistes puissent enchainer le suivi des jeux durant les deux semaines

 

Juliette HUVET (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Sensibilisation antiraciste à la couverture des sports dans les JO

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Sensibilisation antiraciste à la couverture des sports dans les JO »

Émeline ODI et Gnamé DIARRA. Photo : Julien GROHAR/EPJT

Avec Émeline ODI, journaliste de sport, pigiste et membre de l’association des Femmes journalistes de sport (FSJ) et Gnamé DIARRA, étudiante en M2 Journalisme à l’Université de Cergy, alternante chez Society, et journaliste de sport en devenir.

 

 

Les enjeux

Cet atelier vise à former les journalistes à une couverture antiraciste des jeux Olympiques de Paris 2024. A travers des extraits et des explications, l’AJAR (Association des journalistes antiracistes et racisé.e.s) propose des outils de sensibilisation pour améliorer la conscience des biais racistes.

Ce qu’ils ont dit

Émeline ODI (journaliste de sport, pigiste et également membre de l’association des femmes Journalistes de Sport (FSJ) :

« En moyenne, les athlètes sud-coréens font 1 mètre 80 et certains les ramènent à des stéréotypes tels que tous les Asiatiques sont petits. »

« Il ne faut pas banaliser ce genre de commentaires dans les rédactions. Il faut réagir. » 

Gnamé DIARRA (étudiante en M2 Journalisme à l’Université de Cergy, alternante chez Society, et journaliste de sport en devenir) :

« La première étape est de ne pas nier que des biais racistes sont présents dans le sport. »

« Il faut stopper d’animaliser les athlètes noirs. »

« Il ne faut pas se laisser avoir par les discours dans le journalisme qui prônent la neutralité. Le racisme, ce n’est pas une opinion, c’est un délit. »

« En tant que journaliste, on a une responsabilité. On ne doit pas laisser passer ce genre de choses et encore moins à la télé. » 

À retenir

Une partie de l’intervention portait sur des exemples de biais ou de clichés racistes et faisait remonter des commentaires problématiques qui ont eu lieu dans le sport. Les intervenantes ont souligné l’importance de ne pas véhiculer des stéréotypes. Un point crucial abordé était la nécessité de lutter contre l’animalisation dans le domaine du sport des athlètes noirs. Le symbolisme des bananes a été discuté dans le contexte des incidents racistes survenant sur les terrains.

L’importance de l’histoire coloniale dans la compréhension des enjeux actuels a été mise en avant lors des échanges. Il a été souligné que des commentaires « misogynoirs » (discriminations racistes et sexistes subies par les femmes noires, Ndlr) ne devraient pas être tolérés et que les journalistes ont une responsabilité à cet égard. Les intervenantes ont insisté sur l’importance de réagir et de reprendre les personnes concernées lors des débordements racistes. Des cas de discrimination et de stigmatisation ont été relevés, mettant en lumière la nécessité d’une plus grande sensibilisation. Des références culturelles inappropriées ont été diffusées et les intervenantes ont parlé du racisme anti-asiatique qui est encore bien présent.

Juliette Huvet-Dudouit (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] L’Agora des États généraux de l’Information (1re partie)

Retrouvez l’essentiel de l’événement « L’Agora des États généraux de l’Information (1re partie) »

Christopher Baldelli, Marc Epstein. Photo : Julien Grohar/EPJT 

Avec Pascal RUFFENACH, président du directoire du groupe Bayard, Christopher BALDELLI, président de la chaîne Public Sénat et de nombreuses associations et syndicats de défense des journalistes.

Animé par Catherine BOULLAY, journaliste à La Lettre

 

Les enjeux

Indépendance des médias et des rédactions, modèle économique, liberté d’expression et secret des sources… La crise économique que vivent les médias français place les titres et les journalistes en grande difficulté. Quels dangers et quelles pistes pour garantir une presse indépendante au service des citoyens ?

 

Ce qu’ils ont dit

Christopher Baldelli (Président de la chaîne Public Sénat) : « En ce qui concerne la ligne éditoriale d’un média, selon moi, l’actionnaire peut avoir son mot à dire. »

« Dans la presse écrite, tout relève essentiellement du privé. La presse quotidienne régionale survit grâce aux aides à la presse. Si vous les retirez sur tous les titres détenus par des milliardaires, vous aurez des effets sur ces médias et les journalistes qui y travaillent. »

« Il y a une différence entre l’audiovisuel et la presse écrite. L’Arcom est compétente pour l’audiovisuel. Il n’y a pas de même autorité prévue par la loi pour la presse écrite. »

Pascal Ruffenach (président du directoire du groupe Bayard) : « Est-ce que les citoyens sont bien informés, suffisamment informés aujourd’hui ? C’est le rôle des États généraux de l’information de s’interroger là-dessus. »

« L’objectif c’est de maintenir la pluralité en France. Il y a un lien direct entre qualité de l’information et la démocratie. En revanche, il n’y a pas de lien entre pluralisme et actionnaire. La taille de l’entreprise n’a pas d’importance. »

« Investisseur, concentration, pluralisme… Ce sont trois sujets, il ne faut pas les mélanger. Il n’y a pas de mal à investir. »

Ariane Lavrilleux (Journaliste d’investigation indépendante) : « La France se dit amie de la liberté de la presse. Mais dans les faits, elle a demandé à ce que la loi « Media Freedom Act » soit la plus restrictive possible et permette la surveillance des journalistes. »

Emmanuel Vire (représentant du SNJ-CGT) : « Les citoyens estiment que les journalistes ne sont plus compétents. Les journalistes, eux, sont dégoûtés. Les jeunes journalistes quittent le métier seulement après sept ans. »

À retenir

Les médias ont toujours plus de difficultés économiques, en particulier la presse écrite, papier ou numérique. Dans ces conditions, la présence d’acteurs privés, qui peuvent être peu scrupuleux vis-à-vis des titres qu’ils achètent, posent de nombreuses questions. Face à certains actionnaires, journalistes et associations se battent pour garder leur indépendance, à l’image de la récente polémique autour du titre La Provence.

C’est l’objectif des États généraux du journalisme de mettre fin au malaise qui semble s’installer au sein de la profession et à la méfiance des citoyens. Les jeunes journalistes qui entrent dans la profession n’y restent que 7 ans en moyenne, une situation intenable dénoncée par le Syndicat national des journalistes (SNJ). L’information n’est pas un produit capitaliste comme les autres, selon le point de vue défendu lors de cet Agora des États généraux de l’information. « Comment réussir à réformer les aides à la presse sans faire fuir les investisseur tout en renforçant la pluralité ? » se questionne Christopher Baldelli, président de la chaîne Public Sénat. 

 

Lucas Gault (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Comment former au journalisme sportif des jeunes peu représentés dans les médias ?

Retrouvez l’essentiel de l’atelier-débat « Comment former au journalisme sportif des jeunes peu représenté.e.s dans les médias ? »

Samba Doucouré, journaliste, coordinateur de la formation. Photo : Julien Grohar /EPJT

Avec Tatiana KALOUGUINE, directrice pédagogique de l’École des métiers de l’information (ÉMI) ; Samba DOUCOURÉ, journaliste, coordinateur de la formation et Magda SASSI, diplômée de la formation « Devenir reporter sportif sur les réseaux sociaux »

Animé par Tatiana KALOUGUINE, directrice pédagogique à l’EMI-CFD.

Les enjeux

Le métier de journaliste manque de représentativité. Des formations comme l’ÉMI-CFD essayent de pallier ce besoin.

 

Ce qu’ils ont dit

Tatiana KALOUGUINE, directrice pédagogique de l’École des métiers de l’information (ÉMI) : « C’était la première fois que nous accueillons des jeunes. Il n’y a eu aucun examen ou concours, seulement des entretiens. C’était pour nous un pari un peu risqué mais nous étions satisfaits de la réponse qui était la leur. »

« Des rédacteurs en chef nous ont tout de suite dit oui pour des stages. Ils ont conscience de manque de représentativité de la profession. »

Samba DOUCOURÉ, journaliste, coordinateur de la formation : « C’était un public assez particulier et différent des étudiants en école de journalisme. Ils n’avaient pas le même parcours. Certains ne sont pas allés au niveau du bac. Il fallait un accompagnement personnalisé. Pas mal d’entre eux avait un rapport difficile avec l’école. On a dû réadapter les horaires pour que cela soit plus facile d’accès. Nous avons aussi travaillé sur la légitimité et le fait de s’exprimer en public. »

« Certains tentent les concours d’écoles de journalisme. Un de nos élèves a été admissible à l’EDJ Sciences Po. »

Magda SASSI, diplômée de la formation « Devenir reporter sportif sur les réseaux sociaux » : « Pour la question de l’avenir, le fait que l’on me donne la possibilité d’en imaginer un plus brillant, c’est déjà un cadeau de l’école. »

À retenir

Plusieurs formations qualifiantes sont proposées par l’ÉMI, notamment celle de journaliste plurimédia qui permet de maîtriser à la fois la photo, la vidéo, le son, le montage et les réseaux sociaux. L’objectif à la fin du cursus est de savoir travailler dans une rédaction numérique et d’être capable de créer son propre média. Il y a aussi le diplôme de journaliste secrétariat de rédaction multimédia pour apprendre à « Affiner, vérifier, corriger et mettre en scène l’information ». 

Inès Figuigui (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Les priorités pour les États généraux de l’information

Retrouvez l’essentiel de l’atelier « Les priorités pour les Etats généraux de l’information »

Corinne Vanmerris, Pascal Guénée et Arnaud Schwartz Photo : Noé Guibert/EPJT

Avec Corinne VANMERRIS, directrice adjointe et directrice des études à l’ESJ Lille, Pascal GUÉNÉE, président de la Conférence des Écoles de Journalisme, directeur de l’IPJ Dauphine-PSL et Arnaud SCHWARTZ, directeur de l’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine.

 

Les enjeux

L’insertion professionnelle des jeunes journalistes est une préoccupation de la Conférence des Ecoles de Journalisme (CEJ) depuis plusieurs années. Ses recommandations aux Etats généraux de l’information tentent de saisir cette question.

Ce qu’ils ont dit

Corinne Vanmerris (directrice adjointe et directrice des études à l’ESJ Lille) : « Nos recommandations aux Etats généraux de l’information ne tombent pas du ciel et découlent de nos propres Etats généraux, organisés depuis deux ans. »

« On constate un fort engouement pour l’apprentissage de la part des étudiants, la quasi-totalité d’entre eux souhaitent le faire. Cela a modifié le rapport au cursus et à l’école. Ils gagnent une maturité par rapport au monde du travail, mais on ne voit pas de différence en termes d’insertion professionnelle. »

Pascal Guénée (Président de la Conférence des Ecoles de Journalisme, directeur de l’IPJ Dauphine-PSL) : « Nous demandons, par exemple, la création d’un passeport professionnel de la bonne pratique du journalisme pour tous les titulaires de carte de presse non passés par un cursus reconnu, afin de s’assurer que la question de la responsabilité professionnelle soit bien traitée. »

« L’objectif est de comprendre comment répondre aux aspirations des jeunes journalistes et leur proposer des conditions de travail qui leur conviennent. »

« Il y a chez nos étudiants l’idée que le métier-passion n’excuse pas tout. C’est une chose à laquelle on adhère totalement. On a l’impression qu’on pourrait exiger plus sous le prétexte que l’on fait un métier passion : pour nous, ce n’est pas acceptable. »

Arnaud Schwartz (directeur de l’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine) : « Nous avons mené une enquête auprès des 4 dernières promotions de diplômés. Il en ressort plusieurs constats, notamment sur la formation en alternance. Il ne s’agit pas de dire que l’alternance n’est pas bien, mais elle a pris tellement d’importance ces dernières années que la question du curseur peut se poser et surtout la qualité de l’accompagnement »

À retenir

La Conférence des écoles de journalisme (CEJ) a adressé une liste de 36 propositions aux Etats généraux de l’information, tirés de deux années de réflexion au sein de ses propres États généraux. Parmi les idées principales, le refus d’un métier-passion qui excuserait toutes les pratiques professionnelles, au détriment des jeunes journalistes.

La CEJ souhaite être un interlocuteur des pouvoirs publics et plusieurs de ses propositions ont déjà été mises en place. Une des principales préoccupations concerne la question de l’alternance, pratique qui doit être questionnée afin de mieux accompagner les étudiants. Elle propose notamment une formation particulière pour les tuteurs et tutrices.

Noé Guibert (EPJT)

[RÉSUMÉ] Le journalisme de sport, un journalisme de science qui s’ignore ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le journalisme de sport, un journalisme de science qui s’ignore ? »

 

Marie Thimmonier, Damien Ressiot, Agnès Vernet et Vincent Bordenave. Photo : Julien Grohar/EPJT 

Avec Vincent BORDENAVE, journaliste Sciences, Environnement, Santé au Figaro, Damien RESSIOT, directeur du Département des enquêtes et du renseignement Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), et Marie THIMMONIER, journaliste indépendante sport, genre et société (L’Équipe, Libération, Marie-Claire & Les Sportives).

Animé par Agnès VERNET, vice-présidente de l’AJSPI.

 

Les enjeux

Le journalisme de sport est-il un journalisme de science qui s’ignore ? Voilà la question à laquelle tentent de répondre les trois intervenants. À travers leurs explications, nous comprenons que les journalistes sportifs sont contraints, de plus en plus, de maîtriser les questions scientifiques afin de comprendre les enjeux actuels : dopage, grossesse, blessures, etc. Cette connaissance de la science passe par un intérêt des journalistes sportifs mais aussi par des échanges avec des scientifiques et des spécialistes. 

 

Ce qu’ils ont dit

Vincent Bordenave (journaliste Sciences, Environnement, Santé au Figaro) : « Il faut confronter les sources dans le sport mais comme dans tous les domaines. Le scientifique n’a pas une vérité absolue mais une démarche scientifique basée sur le doute. »

« Quand on relit, il y a un échange. On ne change pas tout. Il y a des tensions et des choix. À la fin, c’est le journaliste qui décide ce qu’il y aura dans le papier. C’est lui qui signe. » 

Damien Ressiot (directeur du Département des enquêtes et du renseignement Agence française de lutte contre le dopage) : « Dans le sport, il y a un aspect affectif très fort. S’occuper de dopage et de corruption n’était pas aisé. Nous passions du copain à fossoyeur de sport. J’étais le seul candidat à me proposer. J’ai suivi un diplôme à l’Université de Montpellier. »

« On ne peut pas traiter du dopage si on ne comprend pas comment fonctionne la physiologie de l’effort. Ce qui est important, c’est obtenir la confiance de personnes compétentes. L’affaire Armstrong, en 2005, n’aurait jamais pu se faire sans l’aide de ces scientifiques et analystes du dopage. »

« Au fil du temps, on découvre assez vite que chez les scientifiques il y a des guerres de chapelles. Il faut donc rester très lucide sur tout ce qui est en jeu. On reste journaliste. Il n’y a pas que des scientifiques honnêtes. »

Marie Thimmonier (journaliste indépendante sport, genre et société pour L’Équipe, Libération, Marie-Claire & Les Sportives) : « Les entraîneurs conseillaient à leurs athlètes de ne pas allaiter pour retrouver leur niveau d’avant grossesse. Je me suis questionnée sur cette tendance afin de comprendre sur quoi ces entraîneurs s’appuyaient. »

« En interrogeant des scientifiques, j’ai compris que tout cela était faux. L’allaitement n’empêchait en rien de continuer une pratique sportive et de retrouver son niveau. »

« Je préfère faire relire mes papiers à des scientifiques pour ne pas écrire de bêtises mais aussi pour ne pas trop vulgariser et perdre les propos initiaux. »

 

À retenir

Pour un journaliste, il n’est pas aisé de parler de sport et de science. En effet, celui-ci se confronte à plusieurs difficultés. Tout d’abord, il doit convaincre les rédactions qui sont souvent davantage intéressées par des portraits de sportifs que par des sujets très spécifiques tels que le dopage. Ensuite, il a besoin de trouver des données scientifiques, parfois rares, et des spécialistes avec le risque que ceux-ci délivrent, volontairement ou involontairement, des erreurs. Le journaliste doit donc réussir à multiplier et vérifier ses sources. Enfin, il doit écrire un papier précis sans trop le vulgariser et sans perdre les propos des scientifiques. 

 

Thomas Langeard (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Éthique, chartes et cartes de presse

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Éthique, chartes et cartes de presse »

Hervé RONY, Kathleen GROSSET, Jacqueline PAPET, Catherine LOZAC’H et Bénédicte WAUTELET. Photo : Clara Lebarbey/EPJT

Avec Kathleen GROSSET, présidente du Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM), Catherine LOZAC’H, présidente de la Commission de la Carte d’Identité des Journalistes Professionnels (CCIJP), Hervé RONY, directeur de la Société civile des auteurs multimédia (SCAM), Bénédicte WAUTELET, vice-présidente de la CCIJP et Stéphane JOSEPH, directeur de la communication de la SCAM.

Animé par Jacqueline PAPET, présidente de la section journaliste de la CPNEF audiovisuelle. 

Les enjeux

L’accord ou non de la carte de presse aux journalistes fait débat. Si la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP) a accordé plus de 34 000 cartes de presse en 2023, une tribune de journalistes recalés par la Commission a remis sur la table le débat : à qui accorde-t-on la carte de presse ?

 Ce qu’ils ont dit

Kathleen Grosset (présidente du Conseil de déontologie journalistique et de médiatique) : « Au conseil de déontologie, on étudie les actes journalistiques, on ne différencie pas les journalistes encartés et ceux qui n’ont pas de carte professionnelle. »

« Les saisines du conseil de déontologie peuvent viser des médias d’opinions, des médias professionnels : peu importe l’origine du média et sa ligne éditoriale. »

« Au CDJM, on répond aux saisines des requérants qui ont vu des fautes journalistiques. Plus de 70 % viennent du public, les journalistes saisissent le Conseil pour des problèmes de non-citation par d’autres collègues journalistes. »

« On s’appuie sur la charte d’éthique de 1918, la charte de Munich de 1971 et la charte mondiale d’éthique de 2019 adoptée à Tunis. »

Catherine Lozac’h (présidente de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels, CCIJP) :« Plus de 34 000 cartes de presse distribuées en 2023 : la Commission est capable de s’adapter aux nouveaux médias, podcasts, newsletters, chaînes Youtube. »

Sur le cas de Victor Castanet, ou d’autres journalistes qui n’ont plus de carte, « il n’était plus dans les clous : il était dans l’édition et non plus journaliste professionnel. »

« Il n’est pas question à la Commission de juger qui est bon ou mauvais journaliste. On est là pour dire qui est un journaliste professionnel et qui ne l’est pas. »

Sur les correspondants à l’étranger : « Ils ont une forme de protection salariale et sont titulaires de la carte de presse, mais ont une grande précarité et insécurité sociale. Il y a un vide juridique : ils peuvent à tout moment perdent leur droits sociaux. »

« On a trois missions : donner une carte à ceux qui correspondent aux critères, être attentif à la situation de chacun, respecter que le bien commun du journalisme reste quelque chose de solide. La carte doit rester un ciment du métier. »

Jacqueline Papet (présidente de la section journaliste de la CPNEF audiovisuelle) « La CCIJP laisse sur le bord de la route beaucoup de journalistes, surtout dans l’audiovisuel avec les documentaristes. »

Stéphane Joseph (directeur de la communication de la Société civile des auteurs multimédia, SCAM) : « Actuellement, on attribue la carte selon le salaire. La SCAM voudrait un couloir secondaire pour examiner les autres cas, elle voudrait qu’on regarde le travail journalistique concret. »

« Ne pas attribuer de carte à un demandeur, c’est nier son travail journalistique. » 

« Neuf fois sur dix, la Commission d’appel de la CCIJP fini par leur accorder la carte. »

Hervé Rony (directeur de la SCAM) : « À la SCAM, on est attentif à la protection des auteurs qui font un travail journalistique. Il faut trouver un consensus, un sésame qui leur permettrait de faire leur travail sans encombre. »

« Vous n’entendrez jamais la SCAM remettre en question la carte et la Commission. »

À retenir

Les sujets d’éthique et des chartes de presse ont été quelque peu oubliés par les intervenants. Sur le question de l’accord des cartes de journalistes professionnels, le débat était houleux entre les intervenants de la SCAM et de la CCIJP. La Commission a défendu ses missions : dire qui est journaliste professionnel et qui ne l’est pas, selon des critères de salaires. La SCAM a répondu qu’elle aimerait que les auteurs qui font un travail journalistique soient aussi protégés.

La présidente du Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) a expliqué les missions du Conseil et comment les saisines sont traitées.

Clara LEBARBEY

 

 

[RÉSUMÉ] À deux mois du scrutin : quelles approches éditoriales en Europe ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « À deux mois du scrutin : quelles approches éditoriales en Europe ? »

Laëtitia Greffié, Marc Bassets, Ana Navarro Pedro et Véronique Auger ont évoqué la couverture des élections européennes dans leurs médias respectifs. Photo : Julien GROHAR/EPJT

Avec Marc BASSETS (Espagne), correspondant à Paris pour El Pais, Laëtitia GREFFIÉ, rédactrice en chef de Ouest-France, Joël LE PAVOUS (Hongrie), correspondant des médias francophones à Budapest et Ana NAVARRO PEDRO (Portugal), Correspondante à Paris de l’hebdomadaire Visão.

Animé par Véronique AUGER, présidente de l’association Citoyennes pour l’Europe et du Prix Louise Weiss pour le journalisme européen. 

Les enjeux

Participation, montée des extrêmes, répercussions nationales : à quelques mois du scrutin européen, la couverture médiatique des élections est au cœur de l’actualité.

 

Ce qu’ils ont dit

Véronique Auger (présidente de l’association Citoyennes pour l’Europe et du Prix Louise Weiss pour le journalisme européen) :
« Je pense que c’est la première fois qu’on voit une campagne européenne couverte aussi tôt et de manière aussi importante en France » 

Laëtitia Greffié (rédactrice en chef de Ouest-France) : « Les questions européennes font partie de l’ADN de Ouest-France. Notre couverture éditoriale est à la fois locale, nationale et internationale. On a une vision qui va de la commune au monde entier. »

« Les jeunes générations s’intéressent à la question européenne et c’est normal puisque c’est leur avenir. »

Marc Basset (correspondant à Paris pour El Pais) : « L’Espagne est un pays très européen et les partis extrémistes ne sont pas pour autant anti-européen. La campagne en Espagne ne se pose pas en termes de « pro » ou « anti » européen. »

« Je ne pense pas qu’il y ait un espace politique européen vraiment commun pour le moment. »

À retenir

Les élections européennes semblent être plus que jamais des élections très nationales. Au Portugal, où les législatives ont eu lieu il y a quelques semaines, elles vont jouer un rôle de confirmation face aux précédents résultats. En France ou en Espagne, elles peuvent s’apparenter à des élections de mi-mandat. En Hongrie, aucun doute sur l’issue, où le Fidesz de Viktor Orban devrait l’emporter.

La couverture médiatique est plus que jamais importante en France et la campagne n’a jamais commencé aussi tôt, comme si les médias avaient besoin d’un évènement politique majeur, à mi-chemin entre deux élections présidentielles. Radio France, France Télévisions ou Euronews ont tous lancé des émissions spéciales sur le sujet, signe d’une demande des auditeurs et téléspectateurs. Le contexte de la guerre en Ukraine s’ajoute au passé du Brexit et de la crise sanitaire pour rendre ces élections déterminantes.

Hugo Laulan (EPJT)

 

[RÉSUMÉ] Quelle formation au journalisme de sport ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quelle formation au journalisme de sport ? »

Arnaud Schwartz, Corinne Vanmerris, J ean-Philippe Goron, Camille Micaelli. Photo : Julien Grohar/EPJT

Avec la présence de Jean-Philippe GORON, responsable Masters Radio TV et filière Sport ESJ-Lille, de Camille MICAELLI, étudiante en M1 Information – Communication et membre de Femmes Journalistes de Sports, et de Arnaud SCHWARTZ, directeur de l’IJBA et secrétaire du CEJ.

Animé par Corinne VANMERRIS, directrice des études et directrice adjointe ESJ Lille. 

Les enjeux

Comment devenir journalisme sportif ? C’est la question complexe à laquelle les quatre intervenants ont tenté de répondre en s’appuyant sur leurs expériences. Beaucoup de jeunes sont passionnés par le sport mais les places dans les rédactions sont réduites. L’insertion dépend de plusieurs critères comme par exemple sortir d’une école reconnue ou non, suivre un cursus généraliste ou spécialisé dans le sport, participer à des projets, etc. 

 

Ce qu’ils ont dit

Corinne Vanmerris (directrice des études et directrice adjointe ESJ Lille) : « Pour arriver à l’objectif de devenir journaliste sportif, il y a plusieurs voies possibles. À l’ESJ, nous avons décidé, il y a dix ans, de créer une licence spécialisée dans le sport. »

« À la sortie de la Licence pro sport, 70 % des étudiants travaillent dans un service spécialisé dans le sport. Nous adaptons notre effectif afin de pouvoir insérer, dans le monde du travail, tous nos étudiants à la sortie du cursus. »

« Les écoles n’ont pas la liberté de faire ce qu’elles veulent. Il y a des attendus de la part de la CEJ même s’il y a heureusement une marge de manœuvre pour construire des cursus pertinents afin de ne pas avoir une uniformisation. »

Jean-Philippe Goron (responsable Masters Radio TV et filière Sport ESJ-Lille)« Dans le cursus, il y a plusieurs choses. Pour que l’étudiant soit diplômé, il doit faire au moins trois mois de stage. Chaque week-end, nous avons un intervenant qui vient former les jeunes étudiants dans une spécialité (Radio, TV, presse ou web). »

« L’insertion, ça commence par faire des piges (le contrat à la journée). 43 % des étudiants sont à la pige et 31 % en CDD à la sortie de l’école. »

« Quand tu es spécialiste d’une « niche » comme par exemple l’équitation ou l’automobile, tu as plus de chance de trouver un CDI car il y a moins de concurrence. Il faut bien être conscient de ce milieu. On ne peut pas tous devenir Grégoire Margotton. » 

Camille Micaelli (étudiante en M1 Information – Communication et membre de Femmes Journalistes de Sports) : « Je suis très contente d’être dans un cursus généraliste. Je ne me ferme pas de portes, même si je suis des cours spécialisés dans le sport cette année. Le sport m’intéresse évidemment mais j’ai aussi envie d’avoir des connaissances dans l’économie du sport et dans la science du sport. »

« J’ai visé des cursus généralistes. Après avoir raté les concours de l’ESJ, je suis rentrée à l’EJCAM. Être au sein d’une formation reconnue permet d’avoir accès plus facilement à des professionnels et des intervenants renommés. »

« « Pas de Jeux sans elles » est un projet voué à grandir. Beaucoup de journalistes seront encore là après les JO. Je pense que cela continuera même après l’évènement. »

Arnaud Schwartz (directeur de l’IJBA et secrétaire du CEJ) : « Avec les autres écoles reconnues, nous nous sommes posé la question de ce que nous proposions dans le sport. Selon les écoles, la formation au journalisme sportif peut aller de quelques modules à des rubriques spécifiques. »

« Dans chaque école, il y a des projets périphériques qui ne sont pas dans la maquette. Des médias et des partenaires peuvent avoir besoin d’étudiants pour renforcer leur rédaction le week-end. »

À retenir

Il est évidemment plus facile de devenir journaliste, que ce soit dans le sport ou dans un autre domaine, en sortant d’une école de journalisme. Concernant le domaine sportif, aucune des quatorze écoles reconnues ne propose un cursus à part. Cependant, les étudiants peuvent, à travers des stages, des projets ou une spécialisation, mettre un pied dans ce domaine. Depuis dix ans, l’ESJ a lancé une licence professionnelle sport afin de former de futurs journalistes spécialistes dans le sport. 

Thomas Langeard (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Le Media Freedom Act : un enjeu européen majeur

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Media Freedom Art : un enjeu européen majeur »

Jean-Pierre de KERRAOUL, Pablo AIQUEL, Renate SCHRÖDER, Maciej STYCZEN et Clothilde LE COZ. Photo : Julien Grohar/EPJT

Avec Pablo AIQUEL, secrétaire-général adjoint du SNJ-CGT, JeanPierre de KERRAOUL, European Newspaper Publishers’ Association (ENPA), Renate SCHRÖDER, directrice de la Fédération Européenne des Journalistes (FEJ) et Maciej STYCZEN, chargé de mission DG Connect de la Commission européenne. 

Animé par Clothilde LE COZ, responsable du développement international de J&C. 

 

 

Les enjeux

Le Media Freedom Act, qui vise à renforcer l’indépendance des journalistes, a été définitivement adopté mais crée des débats au sein de la profession des journalistes. 

Ce qu’ils ont dit

Maciej Styczen (chargé de mission DG Connect) : « Il y a des problèmes avec les médias partout en Europe. En France, il y a par exemple un problème avec la protection des journalistes. Dans cet environnement, il était clair qu’on devait agir. »

« Les médias traditionnels sont devenus beaucoup plus faibles d’un point de vue économique par rapport aux nouvelles plateformes »

« C’est impossible de trouver la solution capable de satisfaire tout le monde. Si nous mettons en place des règles très strictes, elles pourraient avoir des impacts négatifs sur certains pays membres. »

Renate SCHRÖDER (directrice de la fédération européenne des Journalistes) : « Le Parlement européen a fait un grand travail pour renforcer l’Act mais il devrait être encore plus ambitieux. »

« Le point le plus important, c’est l’article 5 sur l’indépendance des médias publics. Notamment pour des pays comme l’Italie, la Pologne et la Slovaquie. »

« Il y a encore des grandes différences entre Europe occidentale et Europe de l’est. Tout régler dans un texte est très compliqué. »

Pablo Aiquel (chargé de mission DG Connect) : « On s’attendait à ce que ce soit la Hongrie qui attaque le MFA mais en fait, Emmanuel Macron l’a fait. »

« Il faut écouter les journalistes professionnels, les syndicats se sont opposés à la certification des plateformes. On voudrait un système dans lequel on puisse comprendre qui sont les vrais médias sans devoir payer. »

Jean-Pierre de Kerraoul (European Newspaper Publishers’ Association) : « En France, on a la loi de 1881, qui est le socle sur lequel on vit depuis ce moment-là. C’est quelque chose qui marche et qui est fondamental. On avait le sentiment que la volonté de l’UE de réguler et réglementer la liberté de la presse risquait de contraindre à une modification de la loi de 1881. »

« On n’a pas du tout réglé le problème des plateformes. Le vrai problème est la disproportion entre les grandes plateformes et les médias européens. »

« Le MFA marque un certain nombre de principes mais il n’est pas efficace avec les éditeurs de presse. » 

À retenir

Alors que le travail des journalistes est de plus en plus menacé par les différents gouvernements des Etats membres de l’Union européenne, un nouveau règlement vient d’être promulgué. Le Media Freedom Act permet en principe une plus grande liberté pour la presse et une limite à la concentration des médias. Il ne s’agit pas d’une norme parfaite mais d’un outil dont les journalistes peuvent se saisir pour faire valoir leurs droits.

Un des grands enjeux de cette conférence était la complexité pour l’UE d’établir un texte qui puisse convenir à la situation de chaque Etat membre. Il y a une grande distinction entre l’Europe occidentale et l’Europe de l’Est. A l’Ouest, le problème se cristallise autour des relations entre les grandes plateformes et les médias. A l’Est, la plupart des médias voient les plateformes comme un lieu de liberté alors que leurs gouvernements respectifs tentent de les en priver.

Saskia JUIGNER DOUBINSKY (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Parasport : le sport retrouvé ?

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Parasport : le sport retrouvé ? »

Julien Soyer, Laure Pécaut-Rivolier, Guillaume Papin et Ryadh Sallem Photo : Julien Grohar/EPJT 

Avec Laure PÉCAUT-RIVOLIER, conseillère ARCOM, Julien SOYER, ex-champion pongiste et journaliste de sport Ouest-France, Ryadh SALLEM, parasportif et membre du comité paralympique et Guillaume PAPIN, journaliste France Télévisions

Animée par Pascal PARSAT, expert du “vivre ensemble” Audiens

Les enjeux

Rendre le handicap naturel au sein de la société est un enjeu important vis-à-vis duquel la couverture médiatique du parasport, en plein développement, a un rôle à jouer.

 

Ce qu’ils ont dit

Laure PÉCAUT-RIVOLIER (conseillère ARCOM) : 

« Du côté de l’ARCOM, nous avons mené plusieurs études sur le parasport, dont une sur l’évolution de sa diffusion. Les courbes sont très très claires et montrent une explosion assez rapide des retransmissions. En 2024, on va atteindre un niveau que nous n’avions jamais eu. »

« Il faut que la diffusion de parasport tout au long de l’année devienne une évidence. Les médias jouent beaucoup dans la représentation que l’on se fait des choses en général. »

Julien SOYER (ex-champion pongiste et journaliste de sport Ouest-France) : 

« Londres a été une véritable révolution, avec le retour des jeux en Europe. Les stades et les salles étaient bondés, je suis sorti de là en me demandant si je n’allais pas reprendre le sport de haut niveau juste pour vivre des moments comme ça. Je ne pensais pas qu’on arriverait à vivre de tels jeux, à avoir un tel engouement pour les paralympiques. »

« Quand on parle d’accessibilité, on espère qu’en sensibilisant les jeunes et en intégrant le handicap au monde ordinaire, ce sera aussi une ouverture dans le monde de l’emploi, dans la société. C’est ce qu’on attend des Jeux de Paris. »

Ryadh SALLEM (parasportif et membre du comité paralympique) : 

« Nous, les athlètes paralympiques, ne sommes pas des exceptions. Nous aussi on a choppé le virus de la passion. Si on nous présente comme des exceptions, les gamins qui ont eu un accident vont se dire que le sport, ce n’est pas pour eux. »

« Grâce aux médias, les gens n’ont plus honte d’être handicapés et ils en parlent. Jusqu’à il y a quelques années, c’était une honte et les gens s’en cachaient. Aujourd’hui ce n’est plus un problème, les gens en parlent librement et sainement. »

« La question est de savoir comment traiter de ces sujets journalistiquement sans tomber dans le voyeurisme. Il faut choisir les bons mots pour ouvrir l’imaginaire sans réduire les personnes. »

Guillaume PAPIN (journaliste France Télévisions) : 

« Il faut parvenir à banaliser le handicap et à le rendre naturel. Je pense que les Jeux de Paris vont nous permettre de passer un cap sur ce point. »

« Pour traiter les jeux Paralympiques, il faut utiliser des mots simples et ne rien changer par rapport au traitement des jeux Olympiques. Il ne faut pas faire de misérabilisme, faire attention à certaines expressions, mais il ne faut pas non plus se mettre des barrières. »

À retenir

La couverture du parasport est en pleine expansion, et les Jeux de Paris devraient marquer une nouvelle étape importante dans son développement. La diffusion du parasport permet de gommer les différences de traitement entre athlètes olympiques et paralympiques, et le dispositif exceptionnel de France Télévisions devrait les rapprocher encore un peu plus.

Banaliser le handicap à travers le traitement du sport, c’est traiter des Jeux paralympiques de la même manière qu’on traite les Jeux olympiques. Cette démarche doit avoir des conséquences sur la société de manière générale, sur la manière dont le handicap est perçu dans l’espace public, dans le monde du travail, etc. Les médias jouent un rôle essentiel dans la représentation que la société se fait du handicap : banaliser son traitement et le rendre régulier permet aux personnes handicapées de sortir de la honte qui pouvait être la leur il y a encore quelques années et d’en parler sainement.

Noé GUIBERT (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Grande soirée débat «Femmes, sport et médias»

Retrouvez l’essentiel de la grande soirée débat « Femmes, sport et médias »

Géraldine CATALANO, rédactrice en chef du magazine l’Équipe; Marie PORTOLANO, ex journaliste de sport et présentatrice de TéléMatin sur France 2 ; ia MOUSSAC-BOUTHIER, joueuse de rugby au Stade Rochelais, maîtresse de conférence à l’Université Rennes 1; Nathalie IANNETTA directrice des sports Radio France ; Sandy MONTAÑOLA, maîtresse de conférence à l’Université Rennes 1 ;Anne-Sophie de KRISTOFFY, ex patineuse artistique et conseillère sport TF1; Laurence PÉCAUT-RIVOLIER, conseillère à l’ARCOM. Photo : Mourjane RAOUX-BARKOUDAH Nom/EPJT. 

Delphine CHAIGNEAU, alpiniste, rédactrice en chef TV Tours, présidente de l’association “A chacun.e son toit” ; Nathalie IANNETTA, directrice des sports Radio France ; Anne-Sophie de KRISTOFFY, ex patineuse artistique et conseillère sport TF1 ; Sandy MONTAÑOLA, maîtresse de conférence à l’Université Rennes 1 ; Mia MOUSSAC-BOUTHIER, joueuse de rugby au Stade Rochelais ; Laurence PÉCAUT-RIVOLIER, conseillère à l’ARCOM ; Marie PORTOLANO, ex journaliste de sport et réalisatrice du documentaire “Je ne suis pas une salope, je suis journaliste”, présentatrice de TéléMatin sur France 2 ; Géraldine CATALANO , rédactrice en chef du magazine l’Équipe.

Animé par Mejdaline MHIRI, co-fondatrice de l’association des Femmes Journalistes de Sport et rédactrice en cheffe du magazine Les Sportives.

 

Les enjeux

Les femmes, le sport et les médias cherchent un terrain d’entente. Dans une discipline longtemps monopolisée par les hommes, elles peinent à trouver leur place. Si elles sont aussi présentes que les hommes sur les terrains, elles ne le sont pas pour autant sur les plateaux des médias. Ou du moins, pas au degré escompté.

Ce qu’ils ont dit

Delphine CHAIGNEAU (Alpiniste, rédactrice en chef TV Tours, présidente de l’association “A chacun.e son toit”) : « L’alpinisme représente pour moi une forme d’engagement. J’aimerais montrer aux femmes que nous sommes aussi capables de réaliser de grands projets ».

Nathalie IANNETTA (Directrice des sports Radio France) : « Être la première si vous êtes la seule ne sert à rien. On m’a renvoyé l’image que les autres sont faibles et que j’étais forte. Ce qui est totalement faux. Si on fait de vous une exception, vous ne pouvez pas devenir un exemple».

Anne-Sophie de KRISTOFFY (Ex patineuse artistique et conseillère sport TF1) : « On n’est pas parfait, mais je pense qu’il y a une évolution. Nous avons largement féminisé nos plateaux, nous avons notamment fait appel à des consultantes et des expertes sportives. Ce n’était pas le cas quatre ans auparavant, il y a quand même une évolution ».

Sandy MONTAÑOLA (Maîtresse de conférence à l’Université Rennes 1 ) : « Le sport n’est pas le seul domaine qui peine à se féminiser, d’autres domaines suivent toujours le même processus : isoler les femmes et en faire des exceptions. On nous présente toujours des nouvelles comme des pionnières, des femmes qui ne sont pas comme les autres. Et, éventuellement, on met à distance la possibilité que d’autres femmes soient intégrées ».

Mia MOUSSAC-BOUTHIER, (Joueuse de rugby au Stade Rochelais) : « On ne fait pas ce sport pour l’aspect pécuniaire, c’est vraiment une passion et un plaisir. On a aujourd’hui un statut d’amatrice alors qu’on doit répondre à des exigences de joueurs professionnels»

Laurence PÉCAUT-RIVOLIER (conseillère à l’ARCOM ) : « Le sport est à la traîne depuis des années et n’avance pas. Il y a un gap monumental au niveau de la retransmission des événements sportifs féminins et masculins. Sur les plateaux, on est à 22% de présence de journalistes, animateurs et invités féminins. Et sur le temps de parole, on n’est qu’à 11%. En plus, 60% des plateaux sont exclusivement masculins. Donc très clairement on est au plus bas et on ne décolle pas. Il est inadmissible qu’on continue comme ça ». 

Marie PORTOLANO, (ex-journaliste de sport et réalisatrice du documentaire “Je ne suis pas une salope, je suis journaliste”, présentatrice de TéléMatin sur France 2) : « J’ai constaté au fur et à mesure dans ma carrière de journaliste que j’avais toujours été l’unique femme sur le plateau. Il n’y en avait jamais deux, sauf quand il y avait une invitée. Et je trouvais cela normal, je ne me rendais pas compte de la gravité du problème »

Géraldine CATALANO , (rédactrice en chef du magazine l’Équipe) : « On avance peut-être un peu lentement, en termes de présence de journalistes femmes, notamment dans le journalisme sportif. Mais aujourd’hui, on privilégie de plus en plus les femmes, on essaie toujours de trouver des profils féminins pour un meilleur équilibre au sein de la rédaction».

«On met chaque semaine en Une de notre magazine des sportives moins connues, des disciplines moins couvertes, ou même des questions dérangeantes qui témoignent d’une réalité très forte du sport féminin. On peut toujours faire mieux, certes, mais on est conscients de la responsabilité que nous avons dans la mise en avant du sport féminin».

 

À retenir

Le sport féminin est sous-représenté dans les médias. Malgré les dispositifs de parité mis en place par plusieurs chaînes pour équilibrer les rédactions ou les efforts déployés pour médiatiser les sports féminins ces dernières années, l’écart avec le sport masculin est loin d’être comblé. 

Le sport féminin a un long chemin à parcourir car la féminisation des plateaux progresse timidement, aussi bien du côté des journalistes que des sportives. Les plus connues sont présentées comme des exceptions. Cette perspective ancrée dans les imaginaires complique leur intégration. Les femmes ne peuvent que s’armer de résistance et de leur passion pour le sport. 



Samia ELACHRAKI (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Le journalisme et l’IA : concrètement, on fait quoi ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement : « Le journalisme et l’IA : concrètement, on fait quoi ? »

Yann Guégan, Carole Chatelain, Xavier Eutrope, Pierre Romera Zhang, Estelle Cognacq et Florent Rimbert étaient réunis pour parler d’intelligence artificielle. Photo : Baptiste Villermet/EPJT
Avec Carole CHATELAIN, présidente de l’AJSPI, Estelle COGNACQ, directrice adjointe de France info (Radio France), Yann GUÉGAN, vice-président du CDJM ; Florent RIMBERT, Responsable du Développement Numérique de l’APIG; Pierre ROMERA ZHANG, chef de la Technologie (ICIJ).

Animé par Xavier EUTROPE, journaliste à La Revue des Médias.

Les enjeux

Depuis un peu plus d’un an et l’arrivée de Chat GPT, l’IA se mange à toutes les sauces, jusque dans les médias. Les promesses sont impressionnantes. Les problématiques et les défis (techniques, éthiques, écologiques…) aussi. Concrètement, face à l’IA, on fait quoi ?

Ce qu’ils ont dit

Yann Guégan (vice-président du Conseil de déontologie journalistique et de médiation) :« Les différents outils n’ont pas forcément le même impact, la même dangerosité. Le CDJM (Conseil de déontologie journalistique et de médiation) les regroupe dans trois catégories : des outils à risque faible, d’autres à risque modéré et certains à proscrire. »

Estelle Cognacq (directrice adjoint de France Info) : « Il ne faut pas avoir peur de l’IA. C’est une grande révolution de notre monde industriel, comme il y a pu avoir l’automatisation dans les années 1910-1920. »

« Les IA génératives font beaucoup d’erreurs. D’après ma bio sur ChatGPT, je suis morte en 1950 ! »

Carole Chatelain (présidente de l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information) : « Il faut avancer très doucement dans ces domaines. Rien ne remplacera jamais l’humain. »

« L’IA nous pose un certain nombre de problèmes et de questions en tant que journaliste. »

À retenir

L’intelligence artificielle est l’un des enjeux les plus cruciaux pour les médias aujourd’hui. Pour autant, cela fait déjà plusieurs années que de nombreuses rédactions l’utilisent, sous des formes très diverses. Il n’existe pas une IA mais bien des IA, engageant des enjeux, des intérêts et des conséquences différents. Là où une IA qui aide à la retranscription ne présente que très peu de problèmes, les intelligences artificielles génératives posent de nombreuses questions en termes de déontologie et d’éthique.

C’est également au niveau de la législation que de nombreux enjeux se jouent. L’Union européenne a adopté l’AI Act il y a quelques semaines, afin de poser les bases d’une réglementation. Mais les rédactions sont aussi inquiètes du poids des GAFAM et autres géants du numérique, notamment sur la question des droits d’auteurs. L’accord de partenariat signé entre la rédaction du Monde et Open Ai soulève la question de l’indépendance future des médias face à l’intelligence artificielle.

Hugo Laulan (EPJT)

[RÉSUMÉ] Procédures-bâillons : c’est quoi ? Comment réagir ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Procédures-bâillons : c’est quoi ? comment réagir ? »

Pauline Delmas, Dorothée Archambault, Hugo Coignard et Cécile Dolman. Photo : Annabelle Boos/EPJT

Avec Pauline DELMAS, chargée de contentieux et plaidoyer de Sherpa, Dorothée ARCHAMBAULT, directrice du développement de Media Défense et Hugo COIGNARD, journaliste indépendant. 

Animée par Cécile DOLMAN, journaliste audiovisuelle, enquêtrice notamment chez Off Investigation et Premières lignes Télévision.

 

 

Les enjeux

La difficulté à l’heure actuelle est de trouver la juste définition juridique des procédures-bâillons. Les journalistes pourront ainsi s’en prémunir et garantir le rejet rapide de ces procédures des tribunaux.

Ce qu’ils ont dit

Pauline Delmas (Chargée de contentieux et plaidoyer de Sherpa) : « À l’heure actuelle, il n’existe pas de définition juridique pour parler des procédures-bâillons. »

« L’idée est de donner aux juges plusieurs facteurs qui leur permettraient d’identifier une procédure-bâillon. »

Dorothée Archambault (Directrice du développement de Media Defence) : « Depuis 2-3 ans, la situation des attaques contre les journalistes en France a beaucoup changé. »

« 2022 a été une année record pour les procédures-bâillons en France, qui est même, cette année-là, le pays dans lequel on en recense le plus en Europe. »

Hugo Coignard (Journaliste indépendant) : « L’Ofalp (observatoire français des atteintes à la liberté de la presse) a été créé pour tenter de recenser et d’identifier toutes les procédures-bâillons dont les journalistes et les médias font l’objet. »

« Il ne faut pas pour autant avoir peur de publier un contenu, tant que les informations sont recoupées et vérifiées »

 

À retenir

Aujourd’hui, les procédures-bâillons, c’est-à-dire le fait pour une entreprise ou une institution « d’instrumentaliser la justice pour sanctionner l’expression d’une opinion qui lui serait préjudiciable, en impliquant notamment la personne qui formule cette opinion » selon le ministère de la Culture, se multiplient de plus en plus en France.

Ce phénomène interroge les médias sur l’évolution de la liberté de la presse, normalement garantie en France depuis les lois de 1881. « En arrivera-t-on à un point où les médias vont devoir faire relire toues leurs enquêtes par les avocats ? » s’interroge le journaliste indépendant Hugo Coignard, qui constate que 85 % des procédures-bâillons touchent les médias indépendants. Des médias moins nombreux et avec moins de moyens financiers que les médias traditionnels, placés dans une position plus vulnérable après la publication de leurs enquêtes. Tout l’enjeu pour les journalistes est aujourd’hui de définir ces « procédures-bâillons » pour pouvoir ensuite s’en prémunir. C’est l’objectif de l’Ofalp (Observatoire français des atteintes à la liberté de la presse).

David ALLIAS

 

 

[RÉSUMÉ] Masterclasse autour du Factoscope

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Masterclasse autour du Factoscope »

De gauche à droite : Laurent Bigot, Clémentine Billé et Mariana Grépinet. Photo : Annabelle Boos/EPJT.

Avec Laurent BIGOT, directeur de l’École publique de journalisme de Tours (EPJT), Mariana GRÉPINET, rédactrice en chef de Factoscope et Clémentine BILLÉ, directrice des opérations de Nothing2hide.

 

 

Les enjeux

De plus en plus de fausses informations circulent dans le monde. La vérification des informations et l’éducation aux médias deviennent, dans ce contexte, un enjeu mondial majeur. Créer des outils adaptés à différents publics, comme les journalistes, les militants ou un public élargi, s’impose.

 

Ce qu’ils ont dit

Laurent Bigot (directeur de l’EPJT) : « Factoscope est un outil que nous avons créé au sein de l’EPJT, qui a vocation à mettre en pratique certains savoir-faire journalistiques comme la vérification des informations et l’éducation à l’information. »

« Il y a aussi une partie recherche dans Factoscope, dans un outil appelé faussoventaire. On retrouve toute une base de données qui peut compiler des contenus académiques, une filmographie ou des rapports institutionnels. »

Mariana Grépinet (rédactrice en chef de Factoscope) : « Nous avons quatorze médias partenaires francophones dont huit sur le continent africain. Ils produisent sur des thèmes très variés. Certains sont spécialisés sur la santé ou la science. »

« Il y a énormément de fake news qui circulent sur le continent africain, comme des remèdes miracles ou des vaccins qui rendent malade. »

« Les étudiants de l’EPJT produisent leurs propres papiers de fact-checking et participent à ce travail d’agrégation. »

Clémentine Billé (directrice des opération de Nothing2hide) : « Nothing2hide, c’est une association pour défendre la liberté d’informer. »

« À Nothing2hide, nous savons que nous sommes une petite structure et que nous ne pouvons pas former tout le monde. L’idée est de former des personnes qui pourront elles-mêmes former. »

« On aime bien tout ce qui est open source. Le code est accessible, c’est très participatif. On essaye de ne proposer que des outils gratuits. »

 

À retenir

Factoscope a été créé pour faire face à la prolifération des fausses informations. C’est un portail d’information qui met à disposition de tous des ressources destinées à la vérification des faits et à l’éducation aux médias et à l’information (ÉMI). Le portail est animé par des journalistes en formation de l’École publique de journalisme de Tours (EPJT) en partenariat avec, notamment, Nothing2hide.

Edgar Ducreux (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Urgence climatique et responsabilités journalistiques : comment les médias s’engagent ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Urgence climatique et responsabilités journalistiques : comment les médias s’engagent ? »

Valérie Martin, Pierre Petillaut, Laurie Debove, Christelle Chiroux, Virginie Énée, Gilles Van Kote. Photo : Arthur Charlier/EPJT

Avec Valérie MARTIN, cheffe du service mobilisation citoyenne et médias de l’Ademe, Pierre PETILLAUT, directeur de l’Alliance de la Presse d’information générale (Apig), Virginie ÉNÉE, journaliste et co-pilote du réseau Ouest-France, Laurie DEBOVE, co-rédactrice de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique et rédactrice en chef de La Relève et La Peste et Christelle CHIROUX de la Fondation TF1. Gilles VAN KOTE, directeur délégué chargé du développement pour le groupe Le Monde est également présent.

Animé par Jean SAUVIGNON, trésorier et responsable du baromètre de Quota Climat.

 

 

Les enjeux

Qui, dans la salle, est convaincu que le dérèglement climatique est d’origine humaine ? Évidemment, toutes les mains se lèvent. Le sujet de l’urgence climatique doit être davantage traité, et ce dans tous les services d’une rédaction. Des clés sont à disposition des médias, mais le traitement parfait n’existe pas encore. En cause, l’éco-anxiété des lecteurs, le financement des médias et les publicités vers des énergies fossiles, le pluralisme d’opinions ou le climatoscepticisme…

 

Ce qu’ils ont dit

Valérie Martin (cheffe du service mobilisation citoyenne et médias de l’Ademe)  : « On s’est associé aujourd’hui pour travailler sur un commun. Ce commun sera l’élaboration d’un baromètre, sur la façon dont les médias se saisissent de ces enjeux (climatiques, ndlr). Ce commun sera accessible et on en saura plus au mois de septembre prochain. »

Pierre Petillaut (directeur de l’Alliance de la Presse d’Information Générale, Apig) : « Sur les articles consacrés à l’écologie à titre principal, on observe une croissance continue sur ce thème. Notre 3eme vague d’étude montre une progression de 17% sur la période 2021-2023, avec environ 187 000 articles consacrés à ce sujet. »

Laurie DEBOVE (co-rédactrice de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique et rédactrice en chef du média indépendant La Relève et la Peste) : « La charte paraissait nécessaire face au sentiment d’isolement des journalistes qui voulaient traiter de ces sujets-là. Elle vise à réinterroger nos pratiques journalistiques mais aussi à changer la manière dont on aborde ces sujets. »

Virginie ÉNÉE (journaliste et co-pilote du réseau environnement Ouest France) : « Globalement, ça va dans un bon sens. Il reste plein de chemin à parcourir mais depuis un an, beaucoup plus de sujets sont traités et aussi en qualité. »

Gilles VAN KOTE (directeur délégué chargé du développement pour le groupe Le Monde à propos de la Charte Climat & Environnement) : « Comme Ouest-France, on préfère se fixer nos objectifs avec nos lecteurs. Nous par exemple, on a voulu faire disparaître les publicités qui émanaient des énergies fossiles. On a aussi pris des mesures concrètes pour arrêter de faire des reportages en avion. »

 

À retenir

La responsabilité journalistique face à l’urgence climatique ne fait plus débat et ce, depuis une dizaine d’années. L’équation n’est cependant pas résolue : les publicités pour les énergies fossiles posent encore question, tout comme le pluralisme d’opinion, le climatoscepticisme ainsi que la couverture médiatique d’événements militants pour le climat.

Clara Duchêne

 

 

[RÉSUMÉ] La mort de Nahel : quelles leçons éditoriales ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Mort de Nahel : quelles leçons éditoriales ? »
Akli ALLIOUT, Héléna BERKAOUI et Erwan RUTY, de gauche à droite. Photo : Arthur Charlier/EPJT
Avec Akli ALLIOUT, directeur de Kaïna TV (Montpellier), Héléna BERKAOUI, rédactrice en cheffe du Bondy Blog, Erwan RUTY, ancien directeur du Medialab 93, auteur d’Une histoire des banlieues (éditions Les Périgrines). Animé par Nordine NABILI, responsable du master Journalisme de l’IHECS.

Les enjeux

La mort de Nahel Merzouk, 17 ans, tué par un tir policier, représente une énième rupture entre les quartiers populaires et les médias. Le traitement médiatique, télévisé notamment, a insisté sur la violence des jeunes sortis dans la rue et scandant « Justice pour Nahel ». Comment les médias peuvent-ils retrouver la confiance des habitants des quartiers populaires ? Quel rôle ont les médias locaux et les citoyens dans cette démarche ? Quelles lacunes les journaux traditionnels doivent-ils combler pour être à la hauteur de la couverture médiatique ?

Ce qu’ils ont dit

Héléna Berkaoui (rédactrice en cheffe du Bondy Blog) : « Au Bondy Blog, à la mort de Nahel, il y a une énergie folle qui se dégage de la rédaction. En tant que rédactrice en cheffe, je ne voulais pas qu’on fasse d’éditorial. Il y en avait déjà trop. On avait besoin d’entendre la voix des personnes des endroits où ça pète. »

« Quelle colère est légitime ? On n’a pas dit des gilets jaunes et des agriculteurs qu’ils étaient des émeutiers. »

 « Il y a un besoin de renouer une relation avec les médias. C’est très compliqué. Cette relation est très violente et violentée tous les jours sur les plateaux télévisés. »

Erwan Ruty (ancien directeur du Medialab 93, auteur d’Une histoire des banlieues, éd. Les Périgrines) : « L’extrême droitisation politique de certains médias a pour objectif de créer des conditions de rupture dans le récit sur les banlieues. »

« Une presse fragilisée ne va pas faire des expérimentations avec des personnes qui sont elles-mêmes fragiles. Elle va là où elle peut trouver de l’argent. »

« Après 2005, le contre-coup, c’est Nicolas Sarkozy au pouvoir deux ans plus tard. Il a fait un mandat essentiellement contre les banlieues. »

Akli ALLIOUT (directeur de Kaïna TV, Montpellier) : « La question de la jeunesse dans les quartiers populaires n’est pas prise en compte par les pouvoirs publics. Forcément, il y a une dégradation et une amplification de la misère. »

Nordine NABILI (responsable du master Journalisme de l’IHECS) : « On oublie souvent que le journaliste fait d’abord un travail collectif. »

« Les médias sont finalement la synthèse de la société. Mais si la société grince, les médias ne doivent pas forcément grincer à leur tour. »

À retenir

La mort de Nahel est un évènement représentatif du manque de dialogue entre les médias et les quartiers populaires. Cette rupture semble bien avancée : les habitants ne se sentent ni  représentés, ni écoutés. Selon eux, les journaux ne respectent pas leur récit et ne sont présents que dans des moments de conflits intenses comme les révoltes urbaines de 2005.

Le choix des images et des mots a un impact irréversible. Utiliser le mot « révoltes urbaines » au lieu d’« émeutes » apparait comme une solution non-négligeable dans la rédaction des papiers, selon Héléna Berkaoui, rédactrice en cheffe du Bondy Blog. Le traitement médiatique de ces lieux a besoin de travail de proximité et de terrain. Les rédactions doivent aussi se réapproprier les thématiques sociales en se dotant de journalistes spécialisés. Au delà du discours médiatique sur les quartiers populaires, c’est la voix de la jeunesse qui a été mise en sourdine.

Lou Attard

 

[RÉSUMÉ] Journalistes et lanceurs et lanceuses d’alerte : comment travailler ensemble ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Journalistes et lanceur.euse.s d’alerte : comment travailler ensemble ? »
Ariane DENOYEL, Daniel IBANEZ, Nassira EL MOADDEM, Alexandre BUISINE, Agnès NAUDIN. Photo Jules Bourbotte/EPJT
Animé par Ariane DENOYEL journaliste indépendante, Daniel IBANEZ co-fondateur de la Rencontre annuelle des lanceurs d’alerte, Nassira EL MOADDEM journaliste pour Arrêt sur images, MAlexandre BUISINE journaliste et membre du Syndicat national des journalistes et Agnès NAUDIN ex-capitaine de police, journaliste et lanceuse d’alerte. 

 

Les enjeux

Les lanceurs d’alerte sont à l’origine de grands scandales relayés dans les médias. Ce sont eux qui choisissent à un moment de prendre le risque de s’exposer pour faire valoir le droit de savoir. Les journalistes sont leurs relais. Leur bonne collaboration est essentielle.

 

Ce qu’ils ont dit

Daniel Ibanez (co-fondateur de la Rencontre annuelle des lanceurs d’alerte) : « Être lanceur d’alerte, c’est transmettre une information d’une gravité certaine, et attendre des mesures derrière. »

« Il y a une vraie différence entre journalistes et lanceurs d’alerte. Le journaliste interroge la contradiction alors que le lanceur d’alerte ne peut pas l’interroger. »

Agnès Naudin (journaliste, lanceuse d’alerte, ex-capitaine de police) : « Le trait commun des lanceurs d’alerte est l’aversion à l’injustice. »

« C’est quand nous rentrons dans le système des représailles que nous devenons lanceur d’alerte. Pourtant, juridiquement je n’ai toujours pas ce statut-là. »

Alexandre Buisine (journaliste et membre du Syndicat national des journalistes) : « La pierre angulaire du journalisme et des lanceurs d’alerte est la protection du secret des sources. »

« Il doit y avoir une relation de confiance entre eux et une culture du doute de la part du journaliste. Cela demande du temps. »

« Un journaliste lanceur d’alerte se doit de vérifier ses informations mais aussi d’être vérifié. Le fait de passer par un média agit comme un filtre qui protège le lanceur d’alerte. »

Ariane Denoyel (journaliste indépendante) : « Dans les rédactions, il existe une allergie à la complexité et nous, les lanceurs d’alerte, nous arrivons avec des sujets complexes. »

« J’arrive souvent avec d’énormes sujets, mais les médias ne savent pas où me placer. Des scandales de santé publique, il y en a tout le temps. Mais les rédactions ont peur d’alimenter le complotisme. Le Covid a encore tout re-vérouillé. »

 

À retenir

Pour un lanceur d’alerte, convaincre une rédaction qu’il possède une bombe entre ses mains relève du combat. Accusés de complotisme, soumis aux doutes permanents des journalistes et devant faire face aux murs administratifs, les lanceurs d’alerte sont vulnérables. Reconnu juridiquement, ce statut met du temps à être obtenu. Selon Agnès Naudin, les journalistes sont soumis à trop de contraintes hiérarchiques qui les empêchent d’être des lanceurs d’alerte.

Susie Bouyer

 

 

[RÉSUMÉ] Les clubs de sport : un nouvel enjeu pour l’éducation aux médias et à l’information

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les clubs de sport : Un nouvel enjeu pour l’éducation aux médias »

Marie-Laure Augry, Léandre Leber, Amar Sy et Damien Fleurot. Photo : Arthur Charlier/EPJT

Avec Léandre LEBER, journaliste à La Gazette des Sports, Amar SY, coordinateur socio-sportif de l’association Drop de Béton : le rugby au cœur de la vie, et Marie-Laure AUGRY, vice-présidente de l’association Journalisme et Citoyenneté.

Animé par Damien FLEUROT, rédacteur en chef adjoint chez TFI/LCI et président de l’association Lumières sur l’info.

 

 

Les enjeux

Quelles mesures adopter pour que les clubs de sport intègrent l’éducation aux médias à leurs programmes ? Comment faire pour que l’éducation aux médias et à l’information devienne une priorité des éducateurs dans les clubs de sport ? Comment faire comprendre aux infrastructures sportives que leur communication est un outil clé dans leur développement et leur rayonnement ? Comment agir pour qu’à l’avenir chaque espace de socialisation (clubs de sport, établissements scolaires…) possède son propre référent EMI ?

 

Ce qu’ils ont dit

Damien Fleurot (rédacteur en chef adjoint chez TFI/LCI et président de l’association Lumières sur l’info) : 

« L’EMI, c’est aussi l’ouverture à la diversité dans les structures. »

« Dans l’EMI, il faut aussi prendre en compte ce qu’il se passe sur les boucles privées sur les réseaux sociaux. Car la désinformation peut aussi commencer là-bas. »

« Il faut faire de l’EMI pour les jeunes, mais également pour les éducateurs qui vont aussi pouvoir transmettre à leurs jeunes ce qu’on leur apprend. »

Amar Sy (coordinateur socio-sportif de l’association Drop de Béton : le rugby au cœur de la vie) :

« Nos générations ont besoin d’ouverture et il faut faire comprendre aux clubs qu’il n’y pas que les performances physiques qui sont importantes. »

« Avoir un éducateur et un journaliste permet d’avoir un discours plus puissant auprès des jeunes. »

« Le paradoxe de cette génération très connectée est qu’elle est particulièrement déconnectée de la société. L’EMI est indispensable. »

Léandre Leber (journaliste à La Gazette des Sports) :

« Les clubs sont les premiers concurrents des médias. C’est important de bien communiquer et cela permet d’ailleurs aux clubs d’augmenter leur nombre d’adhérents. »

« On a une formation passive à l’éducation aux médias. Cela serait bien que les ligues se saisissent du sujet. »

« Parfois, les clubs ne sont pas prêts à ce qu’on intervienne. C’est un travail de fond. »

 

À retenir

L’EMI ne doit pas seulement intervenir dans les écoles, mais doit également être dispensée dans les clubs de sport. Ce sont des structures qui ne sont pour l’instant que peu sensibles à la communication alors qu’elles y sont paradoxalement très exposées. De plus, l’EMI peut permettre aux enfants de se retrouver dans autre chose que le sport s’ils ne font pas carrière. Pour l’instant, les médias manquent de moyens pour généraliser cette pratique sur tout le territoire et de manière pérenne. Mais peut-être qu’à l’image de la semaine de la presse dans les écoles, un mois de l’information dans les clubs de sport verra le jour prochainement, espèrent Damien Fleurot et Marie-Laure Augry.

 

David Allias et Annabelle Boos

 

 

[RÉSUMÉ] Le journalisme de sport vu du sud de la Méditerranée

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Le journalisme de sport vu du sud de la méditerranée »

Youssef CHANI journaliste de sport chez 2M, Frédéric SUTEAU rédacteur en chef adjoint du service des sports de RFI ; Aziza Nait SIBAHA journaliste chez France24 et fondatrice de TAJA Sports ; Mehdi DAHAK directeur de la publication chez DZFoot. Photo : Susie BOUYER/EPJT
Frédéric SUTEAU rédacteur en chef adjoint du service des sports de RFI ; Youssef CHANI journaliste de sport chez 2M; Mehdi DAHAK directeur de la publication chez DZFoot ; Aziza Nait SIBAHA journaliste chez France24 et fondatrice de TAJA Sports.

 

Les enjeux

Universel, le langage du sport dépasse les frontières. Mais comment est-il parlé du côté de la rive sud de la Méditerranée? Entre information et rentabilité, censure et liberté d’expression, la presse sportive cache des réalités au-delà du jeu.



Ce qu’ils ont dit

Frédéric Sureau (rédacteur en chef adjoint du service des sports de RFI) : «On met beaucoup en avant le storytelling. on nous écoute beaucoup en Afrique donc on parle d’eux.»

«On a en permanence cette volonté de sortir du prisme du football, on essaie de couvrir les championnats d’Afrique d’athlétisme, de basket, etc. mais la question qui se pose : est-ce que cela intéresse le public? Il n’y a pas assez d’études sur la question.»

Youssef Chani (journaliste de sport chez 2M) : « Le traitement de l’information est différent entre médias publics et privés, parce que le premier a une vocation informative et le deuxième est dans une optique de rentabilité ».

«Nous ne faisons pas d’auto-censure. On ne s’arrêtera que quand ils nous demanderont d’arrêter».

Mehdi Dahak (directeur de la publication chez DZFoot) : «Tant qu’on est dans le commentaire, il n’y a pas de souci. Mais dès qu’il y a des enquêtes, cela peut déranger. Nous avons pu parler de certains problèmes de corruption dans le football. Mais il est  vrai que quand il y a une implication politique, il se peut que le journaliste soit censuré. Je n’ai pas d’exemple de média algériens qui ont fermé pour ces raisons-là, mais cela peut arriver».

« Après le printemps arabe, il y a eu une ouverture du paysage médiatique en Algérie, notamment des télévisions privées. Il y avait une liberté pendant près de 3 ans, puis une refermeture après 2014. Les stades sont donc devenus un lieu d’expression».

Aziza Nait Sibaha (journaliste chez France24 et fondatrice de TAJA Sports) : «La Can féminine a montré quelque chose qui rejoint tous les autres sports : quand on a commencé à s’y intéresser, on a enregistré des records dans les gradins». 

«On a encore un grand souci avec le handicap, les handisports sont très peu couverts, alors que les médailles et les drapeaux hissés à la fin sont les mêmes».

 

À retenir

Dans le sud de la Méditerranée, le journalisme sportif peine à couvrir d’autres disciplines que le football par souci de rentabilité. Les médias voient leur volonté d’indépendance et d’ouverture se heurter aux besoins de financement. Mais cela ne les empêchent pas de tenter de conquérir de nouveaux publics. La couverture du sport féminin, en l’occurrence, se développe timidement mais fait déjà son effet dans les gradins. 

Quant à la liberté d’expression, la presse sportive peut être limitée par des lignes rouges quand il est question d’enquêtes et de décryptages sportifs. Une censure parfois implicite et à des degrés différents selon les pays et les différents médias. Pour y faire face, les journalistes estiment qu’il faut chercher d’autres moyens de sensibilisation, notamment par le biais de l’éducation aux médias.

 

Samia ELACHRAKI (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] « Esport : un nouveau terrain pour le journalisme »

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Esport : un nouveau terrain pour le journalisme ».

Antoine Burbaud, journaliste et co-fondateur des Cafés du sport tourangeau, Paul Arrivé, journaliste spécialisé esport à L’Equipe, Romain « Caelan », Albesa, fondateur et manager de la l’équipe esport tourangelle Solary et Nicolas Thouet, journaliste aux Cafés du sport tourangeau. Photo : Annabelle BOOS/EPJT

Avec Paul ARRIVÉ, journaliste spécialisé esport à L’Equipe et Romain « CAELAN ALBESA », fondateur et manager de l’équipe esport tourangelle Solary.

Animé par Antoine BURBAUD, journaliste et co-fondateur des Cafés du sport tourangeau et Nicolas THOUET, journaliste pour les Cafés du sports tourangeau

Les enjeux

En plein boom en France, l’esport est encore trop souvent associé à des clichés qui n’ont plus lieu d’être. Loin de s’en être affranchis, les médias traditionnels peinent à définir et mettre en place une couverture médiatique efficace du paysage esportif. Entre la communication des clubs et les médias spécialistes déjà existants, se faire une place peut sembler compliqué.

 

Ce qu’ils ont dit

Paul Arrivé (journaliste spécialisé esport à L’Equipe) : « A partir du moment où il y a un affrontement compétitif, des règles et des résultats, on peut considérer ça comme un sport. Le sport électronique à niveau professionnel en est une nouvelle forme ».

 « Le public esport ne cherche pas à être représenté dans les médias traditionnels du fait d’une histoire conflictuelle entre les jeux vidéo et ces médias. On n’en est même pas aujourd’hui à respecter la discipline. »

« Les principaux concurrents des médias dans l’esport sont les éditeurs [de jeux vidéo, Ndlr] et les clubs qui produisent leurs propres contenus ».

« La vraie difficulté est d’avoir à suivre les résultats complets de plusieurs compétitions, dans plusieurs pays, le tout sur une dizaine de jeux différents. Les compétitions se chevauchent souvent aussi. Il fait hiérarchiser. »

« On essaye de traiter de sujets profonds, sociétaux autour de l’esport. C’est dur en termes de temps. Tout bouge très vite, il faut être réactif, tout en étant intéressant. »

Romain « Caelan » Albesa (fondateur et manager de l’équipe esport tourangelle Solary) : « L’esport englobe toutes les compétitions qui touchent aux jeux-vidéo. La seule limite est celle du développement de la ”scène“ de ces jeux, par ses créateurs mais aussi ses spectateurs ».

« L’esport est un milieu très jeune, en train de se former et de se construire. Le développement des joueurs ne suit pas le schéma traditionnel que l’on peut rencontrer dans le sport. Le profil type du joueur est celui d’un jeune qui arrête ses études pour se consacrer entièrement à la discipline avec entre 10 et 12 heures de travail par jour.

« Les qualités d’un bon joueur esport, on les retrouve dans tous les milieux compétitifs : la gestion du stress, la préparation mentale et physique, l’hygiène de vie. En tant que structure, on doit accompagner les jeunes joueurs dans leur développement. »

« Les journalistes doivent être bien informés pour vulgariser et doivent convaincre en interne de l’intérêt du sujet. Beaucoup de combats à mener pour des équipes très peu nombreuses. »

« On pourrait gagner dans l’esport à avoir plus de « statrification » des athlètes. Il y a énormément d’histoires à raconter, des parcours hors du commun. Il s’agit de créer un univers ».

À retenir

La démocratisation de l’esport dans les médias traditionnels doit passer par une refonte de la manière de couvrir ces contenus sportifs. Le public intéressé a déjà ses habitudes de consommation bien définies. L’enjeux pour les médias dit « traditionnels » est d’aller chercher ce public sur son propre terrain à défaut de pouvoir le convertir à une consommation plus conventionnelle des contenus. Il est plus compliqué de convertir un public non intéressé, le décalage est très important.

Jules Bourbotte (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] « Le journalisme de sport dans l’éducation aux médias et à l’information »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le journalisme de sport dans l’éducation aux médias et à l’information »

Karen PREVOST SORBE, Romane PELLEN, Myriam ALIZON, David ALLAIS et Assia HAMDI. Photo : David Allias/EPJT

Avec Myriam ALIZON, créatrice et rédactrice en cheffe du magazine A Fond! ; Assia HAMDI, journaliste et intervenante à La Chance pour la diversité formée avec le Collectif Les Incorrigibles ; Romane PELLEN, journaliste intervenante à La Chance et ancienne bénéficiaire de la Prépa Égalité des Chances ; Karen PREVOST SORBE, coordinatrice académique CLEMI, formatrice et professeure.

Animé par David ALLAIS, directeur général de La Chance pour la diversité dans les médias.

 

Les enjeux

À quelques mois du lancement des jeux Olympiques, le journalisme de sport est au centre de l’éducation aux médias et à l’information. Les membres du Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (CLEMI) s’allient aux journalistes sportifs et aux lieux d’enseignement pour former les jeunes élèves.

 

CE QU’ILS ONT DIT

Karen Prevost Sorbe (coordinatrice académique CLEMI ) : « Il y a urgence à développer l’éducation aux médias et à l’information dans les écoles. C’est un enjeu sociétal d’éduquer nos jeunes sur les questions de l’information et des médias. On a besoin des médias pour y arriver. »

« Il faut aussi aller dans les zones rurales et enclavées. C’est important de faire un focus aussi dans ces zones-là et pas seulement dans les grandes villes. »

« La visée de l’EMI est de faire des citoyens, pas des apprentis journalistes. Ils doivent avoir le goût de l’information et avoir les outils pour se tenir informés. »

Romane Pellen (journaliste intervenante à La Chance) : « Parler du sport, c’est parler d’autres sujets. Il faut montrer que la pratique sportive est disponible pour tous. Il y a une ouverture de la parole parce qu’on vise des jeunes qui ne s’expriment pas forcément en classe. »

« Pendant les ateliers, on voit une certaine évolution chez quelques élèves. Quand tout fonctionne et que tout le monde se met à fond dans le projet, ça permet de faire grandir les élèves mais nous aussi, journalistes sportifs. »

Assia Hamdi (journaliste et intervenante à La Chance) : « Certains professeurs ne se sentent pas légitimes de parler de sport alors qu’il n’y a pas besoin de tout savoir sur le sujet pour le faire. »

« La problématique principale des enseignants est de captiver les élèves. Le sport est un très bon moyen pour ça et j’espère que les associations vont continuer à agir. Mais la rémunération est indispensable, autant pour les journalistes que pour les athlètes. »

Myriam Alizon (créatrice et rédactrice en cheffe du magazine A Fond!) : « Le sport permet des récits. Il n’y a pas de raison que l’EMI ne s’applique pas au sport puisqu’il fait partie de la vie. Le sport fait partie de la vie des jeunes. »

« Les champions sont là et sont plus accessibles que pour les grands journaux. Les sportifs sont contents de pouvoir s’adresser à des jeunes. Ils nous répondent souvent positivement. C’est motivant pour les élèves. »

À retenir

Le journalisme sportif est un outil qui permet aux élèves d’apprendre à s’informer. Ces ateliers sont aussi l’occasion de renouer des liens entre les jeunes et les journalistes. Ce mouvement est poussé par l’arrivée des jeux Olympiques cet été mais tous les porteurs de projets semblent prêts à continuer l’aventure dans un but précis : former des futurs citoyens.

La question de la rémunération représente un point central de cette coopération. Les journalistes demandent à être payés, tout comme les sportifs qui participent aux compétitions olympiques et qui vivent parfois dans la précarité. La thématique du sport permet aux élèves de parler de sujets qui les accompagnent au quotidien.

Arthur Charlier (EPJT)

 

 

[LE RÉSUMÉ] Les prix des assises 2023

Les primés de la seizième édition des prix des Assises du journalisme accompagnés de Patrick Cohen, de Raphael Garrigos et Isabelle Roberts, présidents du jury. Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

La remise des prix de Assises 2023 était présidée cette année par les journalistes Des Jours Isabelle Roberts et Raphaël Garrigos.
Le prix du livre « recherche » sur le journalisme, doté par la métropole tourangelle, revient au sociologue des médias à l’Institut français de presse, Rémy Rieffel, pour son ouvrage L’Emprise médiatique sur le débat d’idées. Trente années de vie intellectuelles 1989-2019 (PUF).

Le prix « Enquête et reportage » a été attribué Franck Depretz pour son travail sur le groupe Ebra intitulé Dans l’empire médiatique du Crédit Mutuel. Le jury, composé d’étudiantes et d’étudiants des 14 écoles de journalisme reconnues, a tenu a précisé que son choix était « politique » et entendait récompenser une démarche journalistique en accord avec leurs valeurs.

Alice Géraud est la lauréate du prix du livre du journalisme pour Sambre, Radioscopie d’un fait-divers. Son enquête sur les victimes d’un délinquant sexuel qui a sévi dans l’Est de la France, donne la parole aux victimes.

Le grand prix du journalisme Michèle Léridon a été remis à la SDJ du JDD et de Paris Match pour leur engagement contre les pratiques despotiques de leur nouveau propriétaire, Vincent Bolloré. A cause des pressions qu’ils subissent, les récipiendaires n’étaient pas présents à la cérémonie. Ils étaient représenté par Patrick Cohen qui a lui aussi pris position contre l’homme d’affaires breton quand il était en poste à Europe 1.

Rédaction web/EPJT

[RÉSUMÉ] ChatGPT, ami ou ennemi des journalistes ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « ChatGPT, ami ou ennemi des journalistes ? »

Asma Mhalla, enseignante, spécialiste des enjeux géopolitiques du numérique, Benoit Raphaël, journaliste spécialisé dans l’intelligence artificielle et l’industrie des médias, fondateur de FLINT. Xavier Eutrope, journaliste à La Revue des médias de l’INA. Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Asma Mhalla, enseignante, spécialiste des enjeux géopolitiques du numérique, Benoit Raphaël, journaliste spécialisé dans l’intelligence artificielle et l’industrie des médias et fondateur de FLINT. Animé par Xavier Eutrope, journaliste à La Revue des médias de l’INA

 

Les enjeux

Au coeur des débats et des préoccupations ces derniers mois, l’émergence de l’intelligence artificielle ChatGPT interroge sur le futur du journalisme. Capable de rédiger un article sur quasiment tous les sujets, il pourrait devenir un outil incontournable des rédactions. Une situation qui inquiète les journalistes qui craignent pour leur emploi.

Ce qu’ils ont dit

 Asma Mhalla. « La révolution de ChatGPT n’est pas technologique mais plutôt une révolution d’usage. »

« La révolution de l’IA que l’on fait miroiter comme une perspective à craindre est un fantasme. »

« La technologie est déjà partout mais elle n’a pas fait s’effondrer la société. Mais elle engendre des mutations »

« Ces technologies sont duales. Si elles sont civiles, elles sont aussi policières et militaires. »

« La technique n’est pas la technologie. La technologie n’est jamais idéologiquement neutre. »

 

Benoit Raphaël. « ChatGPT n’est pas ton ami ni ton ennemi. Ça n’est pas une personne. C’est un outil qui interagit avec nous. »

« Si on a peur d’être remplacés par des robots, c’est peut-être parce qu’on vit comme des robots »

« Toute tâche répétitive peut être remplacée mais on ne doit pas perdre de vue l’objectif du journalisme : produire une information nouvelle et de qualité. »

« On sait qu’aujourd’hui l’avenir de la presse est de moins produire mais d’avoir plus de qualité »

À retenir

ChatGPT n’est pas encore suffisamment performant pour être capable de remplacer un ou une journaliste. Cette intelligence artificielle pourrait en revanche être utile pour des tâches répétitives, permettant ainsi de libérer du temps pour les journalistes.

Il ne s’agit pas d’une révolution technologique mais plutôt une révolution d’usage. Les citoyens se sont largement appropriés cette nouvelle vague d’outils ce qui pose la question des mutations de nos sociétés engendrées par ces technologies.

Dorian Gallais (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Lutter contre les bulles informationnelles : comment éviter que les algorithmes imposent un menu unique ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Lutter contre les bulles informationnelles : Comment éviter que les algorithmes imposent un menu unique ?  »

 Xavier EUTROPE , Journaliste à la revue des médias de l’INA,  Mathilde SALIOU, journaliste de Next INpact et Cyrille FRANK, directeur de la formation et de la transformation numérique de CosaVostra Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Animé par Xavier EUTROPE , journaliste à la revue des médias de l’INA
Avec Mathilde SALIOU, journaliste de Next INpact et Cyrille FRANK, directeur de la formation et de la transformation numérique de CosaVostra

Les enjeux

A l’heure des réseaux sociaux, le public et les journalistes s’interrogent sur les enjeux du fonctionnement opaque des algorithmes qui entraînent des bulles informationnels. Le débat « Lutter contre les bulles informationnelles : Comment éviter que les algorithmes imposent un menu unique ? » tente de répondre à ces questions.

Ce qu’ils ont dit

Mathilde SALIOU : « À chaque fois qu’on like, qu’on tweete… on alimente la machine à algorithmes. »

« L’une des manières de faire rester les publics sur une plateforme, c’est de leur montrer des contenus avec lesquels ils ne sont pas d’accord. »

« Les chaînes de télévision extraient les moments de clash des émissions pour les poster sur les réseaux sociaux. C’est un problème, il faut que les journalistes comprennent ces effets. »

« Il ne faut pas que les réseaux sociaux nous laissent croire que leurs technologies sont dans les nuages mais qu’au contraire, elles ont un réalité, une existence voulue. »

Cyrille FRANK : ​« Les émotions créent de l’attention, de l’engagement. […] Les émotions négatives en particulier. »

« Aujourd’hui les contenus particulièrement relayés sur les réseaux sociaux sont des contenus télévisuels. »

« Derrière la question de la responsabilité, il y a la question de la régulation des médias et des réseaux sociaux. »

« Ce que les gens apprécie aujourd’hui sur Mastodon, c’est ce qu’ils aimaient sur Twitter au début. Ils étaient entre eux […] une impression d’entre soi. »

« L’un des rôles de l’EMI, est aussi d’expliquer aux utilisateurs comment fonctionne notre cerveau et nos biais cognitifs face aux contenus des réseaux sociaux. »

À retenir

L’opacité des algorithmes qui régissent les réseaux sociaux questionne et pose plusieurs questions. D’abord, la responsabilité des propriétaires des réseaux mais également celle des médias qui les alimentent par des contenus polarisant. Ensuite, un travail de pédagogie est à faire auprès des utilisateurs sur comment fonctionne notre cerveau et nos biais cognitifs face à ces algorithmes. Enfin, les intervenants au débat ont également évoqué les outils législatifs que les pouvoirs publics pourraient mettre en place pour réguler les algorithmes responsables des bulles informationnelles.

Thomas LEMOULT-EMMLER (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Storykillers : lutter contre les entreprises de la désinformation

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Storykillers : lutter contre les entreprises de la désinformation »

Laurent Richard et Cécile Andrzejewski évoquent leur enquête Story Killers, menée en collaboration avec une centaine de journalistes à travers le monde, sur l’industrie de la désinformation en Inde, à Israël, à Malte, au Mexique… Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Laurent RICHARD, fondateur de Forbidden Stories et Cécile ANDRZEJEWSKI, journaliste de Fordbidden Stories.

Animé par Nassira EL MOADDEM, journaliste indépendante. 

 

 

Les enjeux

« Ils ont tué le messager, ils ne tueront pas le message. » Tel est le maître-mot de Forbidden Stories, le réseau de journalistes monté en 2017 afin de poursuivre les travaux de journalistes assassinés ou emprisonnés à travers le monde. Son fondateur, Laurent Richard, et Cécile Andrzejeweski, journaliste de Fordbidden Stories, aspirent à penser la profession autrement, à l’échelle globale. Leur démarche : le journalisme collaboratif.

Ce qu’ils ont dit

Laurent Richard (fondateur de Forbidden Stories) : « L’importance est de travailler de manière collaborative et solidaire, pour poser les questions que les journalistes de nombreux pays ne peuvent plus poser. »

« La collaboration apporte de la protection. Ça ne fait aucun sens de tuer un journaliste s’il y en a cinquante autres derrière, prêts à prendre la relève. La collaboration permet de générer du changement à l’échelle globale. »

« Il n’y a pas beaucoup d’écoles de journalisme dans le monde qui apprennent le journalisme collaboratif. C’est plutôt la culture du loup solitaire. Tous les sujets ne se prêtent pas à la collaboration. Mais c’est important de changer l’état d’esprit. »

Cécile Andrzejewski (journaliste de Fordbidden Stories)  : ​« Au moment de l’apparition de Story Killers, l’enquête qu’on a menée, des chiffres sont sortis montrant que les femmes journalistes étaient davantage victimes. »

« La question de la mise en danger se pose au fil de l’enquête. Plus on avance, plus on se rend compte que les gens en face sont puissants et dangereux. »

« C’est un peu rare, pour un journaliste, d’avancer à plusieurs et de mettre ses sources en commun. Mais il y a une espèce d’émulation qui est magique à vivre. »

 

 

 

À retenir

A travers le récit de Story Killers, l’enquête de Forbidden Stories sur les industries de la désinformation à travers le monde, Laurent Richard et Cécile Andrzejewski mettent l’accent sur la collaboration dans l’investigation. Ils regrettent une vision parfois trop solitaire du journalisme et appellent à la formation de consortiums. Ces réseaux permettraient d’offrir à l’opinion publique des informations que « certains ont voulu cacher ». Un combat pour le journalisme et l’intérêt général.

La volonté de Forbidden Stories est ainsi de prolonger le travail d’enquête de journalistes assassinés ou actuellement derrière les barreaux. Si les revenus de l’organisation ne lui permet pas de mettre en oeuvre ce travail pour l’ensemble des journalistes victimes dans le monde, sa volonté est d’agir à l’échelle globale. Et ce, parce que la désinformation est un problème lui-même à l’échelle globale, qui tue nos démocraties. Pour ce faire, le réseau recherche avant tout des journalistes de terrain. Car il ressort de cette conférence qu’une investigation de qualité combine terrain, y compris dangereux, et collaboration.

Élias INSA (EPJT)

 

 

Exil, migrations et journalisme

Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Sarah FRERES, journaliste à Imagine Demain le monde, Mariam THIAM, journaliste à Africa Check (en visioconférence depuis le Sénégal), Ali MAHFOUD, Journaliste libyen
Eleonora CAMILLI, journaliste à Redattore Sociale. Animé par Amara MAKHOUL, rédactrice en Chef à France 24

 

Marianna Thiam raconte sa visite dans un centre de migrants au Niger. Elle y a rencontré un migrant camerounais, traumatisé par son voyage, qui a eu ces mots qui l’ont marquée : « Pendant le voyage, on a « plus de frère, plus de sœur, plus d’amis ».

Ali Mahfoud raconte, lui, son parcours de journaliste en Libye à demandeur d’asile en France.

Eleonora Camilli développe son travail journalistique sur la migration. Elle suit depuis 2015 la question de la migration en Europe notamment en Grèce, dans les Balkans, à la frontière franco-italienne. Elle étudie aussi la politique migratoire européenne qui cherche à tenir les migrants loin de ses frontières. Elle s’est également rendue aux frontières de l’Ukraine pour voir, avec la guerre, comment était gérée cette migration-là, et la comparer aux autres. Elle relève que, pour le cas de l’Ukraine, le choix d’aider les migrants est politique et que les Ukrainiens sont mieux traités que d’autres dans la même situation. Elle note par exemple que rien n’a changé depuis pour ceux de l’ile de Lampedusa par exemple : « On a créé un système où les réfugiés ne sont pas les mêmes, où les droits ne sont pas les mêmes ».

Sarah Frère a travaillé sur la question de la migration « légale » en Belgique (étudiants, travailleurs) et notamment sur la question des procédures. Ces dernières sont externalisées ce qui donne un service public de l’immigration inaccessible. Cette situation se voit sans réponse politique concrète.

Amara Makhoul, de par son travail pour Infomigrants, rappelle que les migrants sont une audience particulière. Elle rappelle aussi l’importance du vocabulaire qui, dans son cas, participe de la confiance dans le média.

Première piste de réflexion : l’importance du vocabulaire pour la couverture du sujet.

Marianna Thiam distingue différents enjeux. Les termes utilisés par les gouvernements répondent souvent à des enjeux politiques. Donc les États retiennent des définitions qui sont en accord et facilitent leurs propres politiques migratoires. C’est pour cela que les pays ne sont pas d’accord sur les définitions. Ensuite, les termes utilisés par les journalistes se font les véhicules de certains stéréotypes. Elle cite comme exemple le terme migrant, qui connote « l’Africain qui vient en Europe », qu’elle oppose à « l’expatrié européen qui va travailler aux États-Unis ». Une personne qui utilise ces termes peut mal les utiliser, de manière active à des fins de désinformation ou de manière passive comme conséquences de préjugés. Elle rappelle que le journaliste est influencé par sa communauté et son milieu d’origine et qu’il se doit de faire attention à cette question du vocabulaire.

Sarah Frère raconte qu’il existe en Belgique des recommandations terminologiques faites par le Conseil de déontologie journalistique. Ces recommandations ont été formulées dans les années quatre-vingt-dix, suite à une poussée électorale de l’extrême droite. Elles posent un cadre aux journalistes, leur permet d’éviter des termes qui ne veulent rien dire, comme par exemple « migrant illégal ». Ces termes sont d’autant plus dangereux qu’ils nourrissent un imaginaire souvent mensonger chez le lecteur ou la lectrice.

Eleonora Camilli souligne l’importance de la réflexion sur la narration faite de la migration. Pour elle, les journalistes peuvent avoir tendance à dépeindre les migrants comme des « victimes » ou des « ennemis » et non pas comme des sujets de droit. Elle met en lumière un piège qui peut être présent : présenter les migrants comme objets plutôt que comme sujets de la narration.

Pour Ali MAHFOUD le problème de vocabulaire vient aussi de l’État, des administrations qui emploient et définissent des termes dans leur référentiel propre, sans penser à leur utilisation par d’autres acteurs. Ainsi, en Libye, la question de l’identification des migrants est un enjeu phagocyté par les administrations et le vocabulaire qu’elles emploient.

Deuxième piste de réflexion : comment parler de la migration autrement ? Comment sortir de l’aspect « événementiel » ?

Amara Makhoul propose de faire un suivi rapproché de la question. Par exemple en adoptant une approche plus régulière, comme le fait Infomigrants. Mais se pose la question de l’intégration de cette régularité dans un journal généraliste.

Sarah Frère complète le propos en analysant l’effet évènementiel comme étant lié non pas à la question de la migration, mais au caractère nouveau des évènements (d’un naufrage, d’une noyade). Pour elle, l’enjeu est alors de raconter la même chose, mais autrement, afin d’éviter des histoires qui se répètent, qui tournent en boucle. Une solution qu’elle met en pratique est de replacer les personnes au centre de l’histoire, plutôt que les faits. Chaque personne étant unique, son parcours différent des autres, on peut donc traiter la question avec une multitude d’histoires différentes.

Pour Marianna Thiam, le traitement évènementiel des informations sur les migrants est lié à la fonction du journaliste et au fait, qu’en fin de compte, il doit produire une valeur économique afin que le média puisse se vendre. Et le sensationnel vend plus. Pour elle, une solution à ce sensationnalisme est la production d’investigations. Cela permet d’aller au fond du problème, d’aller chercher les informations et de proposer un contenu moins sensationnel, mais plus complet et abouti. En effet, selon elle, les journalistes ont souvent tendance à produire du journalisme factuel, de remplissage, plus sensationnel, qui s’accommode parfois mal de problématiques liées à la question migratoire.

Troisième temps du débat : le témoignage du migrant dans le travail du journaliste

Ali Mahfoud partage son expérience en Libye où il est impossible d’obtenir des témoignages. En effet, il est interdit d’avoir des contacts avec les migrants pour des raisons politiques et sécuritaires. Seules quelques ONG le peuvent mais seulement sur 10 % du territoire environ. Il poursuit en rappelant que même s’il est difficile d’entendre les récits de migrants en Belgique, il est nécessaire et important d’avoir un espace de liberté où la parole peut se libérer.

Pour Eleonora Camilli, l’importance des témoignages est capitale. Mais le recueil est difficile car il faut composer avec la psychologie du migrant qui peut avoir des difficultés à revivre les évènements ou peut être incapable de les raconter. Pour elle, la question de la psychologie des migrants est difficile à aborder mais c’est une problématique centrale pour avoir une narration juste.

Sarah Frère pose un impératif de respect des personnes et de leur parole. Elle rappelle aussi l’importance de l’honnêteté dans la démarche du journaliste : il ne faut pas faire croire aux migrants que leur témoignage va changer leur vie. Mais il faut aussi faire attention, à force d’absorber des histoires tragiques, à ne pas déshumaniser les témoignages, à ne pas mettre l’empathie de côté.

Amara Makhoul souligne l’importance du recul pour le journaliste. Un constat partagé par Ali Mahfoud, qui rappelle que ce recul fait partie du travail de journaliste.

Marianna Thiam met l’accent sur l’importance de la connaissance de la culture des migrants pour appréhender leur posture face au journaliste. Elle rappelle que le migrant apporte au journaliste son histoire, mais aussi ses troubles, ses traumatismes . Il peut donc être amené à manipuler son interlocuteur.

Dernier point : l’aspect passionné et passionnel du sujet, qui génère des tensions. Quelle est donc la responsabilité des journalistes ?

Sarah Frère raconte l’expérience de la Belgique qui a mis en place un « cordon sanitaire médiatique » qui empêche l’extrême droite de prendre la parole en direct dans les médias. Ce qui permet de faire de la vérification d’informations avant publication. Elle pose ensuite la question de la reprise dans les articles d’extraits twitters de personnalités politiques. En effet, la citation de messages incitatifs à la haine dans des articles participe de leur publicité. Se pose alors la question de comment rendre compte de certains discours, sans se constituer porte-parole de politiques ou d’organisations. Un exercice qu’elle confie trouver parfois compliqué.

Marianna Thiam et Ali Mahfoud rappellent chacun à leur tour l’importance du débat contradictoire pour permettre une meilleure compréhension des enjeux et comme solution pour éviter les pièges tendus par les extrêmes.

Irénée JAUJAY/MRI

[RÉSUMÉ] « Les entretiens de l’info : burn out dans les rédactions, aussi »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les entretiens de l’info : Burn out dans les rédactions, aussi »

Eloïse NGUYEN-VAN BAJOU, Journaliste santé,ex professionnelle de santé, Laurence CREUSOT, Formatrice à l’ESJ-Pro, Marie-Laurence DALLE, SNJ Radio-France  Yves KOSSOVSKY, Coordinateur des soins PsyPro-Lyon, Cécile SOURD, Directrice générale de Médiapart, Julien DA SILVA, Responsable de domaine accompagnement solidaire et social de AUDIENS.  Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Mme Eloïse NGUYEN-VAN BAJOU, Journaliste santé, ex professionnelle de santé, Mme Laurence CREUSOT, Formatrice à l’ESJ-Pro , Mme, Marie-Laurence DALLE, SNJ Radio-France , M. Yves KOSSOVSKY, Coordinateur des soins PsyPro-Lyon, Mme Cécile SOURD, Directrice générale de Médiapart, M. Julien DA SILVA, Responsable de domaine accompagnement solidaire et social de AUDIENS

Animé par M. Jean-Marie CHARON, Sociologue à l’EHESS 

 

 

Les enjeux

La santé mentale est aussi un sujet tabou au sein des rédactions. Libérer la parole sur le burn out est une nécessité au vu des deux enquêtes effectuées par le sociologue Jean-Marie Charon et le Syndicat national des journalistes à Radio France. Petit à petit, des dispositifs sont mis en place dans les rédactions afin d’accompagner les journalistes en burn out.

Ce qu’ils ont dit

Laurence Creusot (Formatrice à l’ESJ-Pro) : « On ne sait plus qui on est, on est perdu, on se sent seul »

Yves KOSSOVSKY (Coordinateur des soins PsyPro-Lyon) : ​« Si vous pensez constamment à votre travail, vos responsabilités et pas à vous, votre vie privée et à votre santé mentale c’est que quelque chose ne va pas.»

« Dans les rédactions, on rend la vie insupportable aux journalistes pour qu’ils démissionnent et ainsi réduire les effectifs.»

« Je dis à mes patients qu’ils ne sont pas malades, ils sont blessés. Je dois soigner des blessures psychologiques »

Marie-Laurence Dalle (SNJ Radio-France) : « Selon notre enquête, 70% des journalistes ne disposent pas d’assez de temps pour effectuer leur travail correctement. »

« 63% des journalistes pensent que leur travail est mauvais pour leur santé. »

​« Il y a une vraie fracture générationnelle, sur la question de la santé mentale. »

Cécile Sourd (directrice générale de Mediapart) : ​« À Mediapart, il y a une culture de partage et de vigilance à la rédaction où on fait attention les uns et les autres. »

« Les cofondateurs de Mediapart ont eu à coeur de faire aimer sa vie de journaliste »

 

À retenir

Jean-Marie Charon revient sur l’objectif de sa future enquête qu’il mène sur la santé mentale des jeunes journalistes. Il explique que la plupart des témoignages recueillis concernent des jeunes journalistes qui ont subi du harcèlement moral et ou sexuel. Ce constat a été appuyé par le témoignage de Laurence Creusot, en burn out quand elle était journaliste à la rédaction web de France 3 Occitanie. Elle revient sur l’ambiance de travail délétère qui susbite au sein des rédactions.

Marie-Laurence Dalle, journaliste est venue présenter l’enquête du SNJ sur la santé mentale des journalistes à Radio France. De nombreux dysfonctionnements ont été révélés. Elle interpelle sur le manque de considération et de reconnaissance des journalistes. Cécile Sourd, directrice générale de Mediapart présente les différents dispositifs mis en place par la rédaction pour accompagner les salariés en burn out tels que les cellules d’écoute ou l’existence de référents présents dans chaque pôle de la rédaction formé à recueillir la parole des salariés).

Zineb El Ouadi (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Covid long, une agueusie journalistique

Retrouvez l’essentiel de l’atelier  « Covid Long,, une agueusie journalistique »
Arnaud Mercier, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris-Panthéon-Assas, Anaïs Bard, journaliste et rédactrice pour Envoyé Spécial France 2, Nicolas Berrod, journaliste pour Le Parisien, Sandra Guerrero, membre de l’association #ApresJ20 (en visio) et Jérôme Larché, médecin interniste. (en visio) Photo : Thomas Lemoult-Emmler/EPJT

Anaïs Bard, journaliste et rédactrice pour Envoyé Spécial France 2

Nicolas Berrod, journaliste pour Le Parisien

Sandra Guerrero, membre de l’association #ApresJ20 (en visio)

Jérôme Larché, médecin interniste (en visio)

Animé par Arnaud Mercier, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris-Panthéon-Assas.

Les enjeux

Animé par Arnaud Mercier, cette table ronde a fait l’état des lieux de la couverture médiatique du Covid long en France. Anaïs Bard, journaliste à France 2, exposait son parcours de malade et la création du numéro d’Envoyé spécial « Covid long : une maladie mystérieuse ». Le journaliste au Parisien Nicolas Berrod parlait de son intérêt pour ce sujet. La patiente Sandra Guerrero racontait son parcours pour la reconnaissance de la maladie et le médecin Jérôme Larché donnait son éclairage de praticien.

Ce qu’il a dit

Anaïs Bard : « En mai 2021, au sein de la sphère journalistique, personne ne connaissait le sujet. »

« La malade et la journaliste ont fusionné pour essayer de faire connaître la maladie. »

« Le Covid long a eu deux ennemies : le Covid initial et l’envie de parler d’autre chose que le sujet sanitaire. Les patients, les médecins, la recherche… il y avait plein de choses à dire. Un sujet foisonnant. »

« Le premier traitement médiatique du Covid long concernait l’existence ou non de la maladie. »

« Après le numéro d’Envoyé Spécial, beaucoup de malades m’ont dit merci. En parlant du Covid long sur une chaîne nationale publique en prime time, cela ajoute du poids à la parole des malades. »

Nicolas Berrod : « Il y a aussi une réalité en rédaction, les articles Covid sont beaucoup moins lus aujourd’hui. »

« Concernant le traitement journalistique du Covid Long, la réponse politique joue aussi. Le Ministère de la santé ne communique pas beaucoup sur le Covid long. »
« Ce n’est pas la sous-médiatisation d’un sujet par mes confrères qui m’empêche de traiter un sujet, au contraire. »
Jérôme Larché : « La médecine c’est aussi croire les patients, voir la maladie de manière empirique. »
« Chez les adultes, 10 à 15% des covids se transforment en Covid long. »
« Il y a une responsabilité partagée entre les médecins et les journalistes. »

À retenir

Alors que dès l’été 2020 des associations pour faire porter la voix des malades du Covid long avaient vu le jour, les journalistes ont mis du temps à s’emparer de cette question pour plusieurs raisons. Moins “spectaculaire” que les images apocalyptiques des premières semaines et ayant souffert d’une fatigue informationnelle concernant les sujets sanitaires après les confinements successifs, le Covid long concernerait entre 10 et 15% des personnes ayant été atteint d’un Covid « simple”. Des centaines de milliers de malades demandant une reconnaissance médicale, politique mais également médiatique.

Thomas Lemoult-Emmler (EPJT)

[RÉSUMÉ] Media Freedom Act : un réel impact dans le quotidien des journalistes ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Media Freedom Act : quelle mise en oeuvre en France ? »

Adina Revol, Cécile Dubois, Emmanuel Poupard et Clothilde Le Coz ont débattu et répondu aux questions concernant le Media Freedom Act. Photo : Mathias Fleury/EPJT

Avec Adina REVOL, porte-parole de la Commission Européenne en France ; Emmanuel POUPARD, 1er secrétaire général SNJ ; Cécile DUBOIS, co-présidente du SPIIL et rédactrice en chef de Citoyens.com.

Animé par Clothilde Le Coz, responsable du développement international Journalisme & Citoyenneté

 

 

Les enjeux

Questionner et définir le « Media Freedom Act », une législation censée réglementer le paysage médiatique au sein de l’Union européenne et garantir la protection de la liberté et du pluralisme des médias.

Ce qu’ils ont dit

Adina Revol (représentante de la Commission européenne) : ​« C’est un texte novateur qui protège le pluralisme et l’indépendance des médias. Il s’agit d’un règlement, pas d’une directive. Une fois approuvé et publié dans le journal officiel, il s’applique après 6 mois dans l’ensemble des pays de l’Union européenne. »

Emmanuel Poupard (1er secrétaire général du SNJ) : ​ « Le projet de règlement doit instaurer un code de conduite en ce qui concerne l’éthique et la déontologie journalistique à l’échelle européenne. Si le texte peut nous aider à avancer sur la question de la concentration des médias, c’est une bonne chose. »

Cécile Dubois (co-présidente du SPIIL) : « En quoi ce règlement est utile ? Sur le plan démocratique, l’article 4 est fondamental : il résume les droits fondamentaux des journalistes et des éditeurs. »

À retenir

Comment harmoniser les règlementations européennes concernant les droits de la presse et garantir les libertés fondamentales des journalistes ? C’est l’objectif du « Media Freedom Act », dont les contours sont actuellement définis par différents comités de la Commission européenne. Les journalistes et représentants syndicaux ont ainsi pu exprimer leurs attentes et leurs questionnements quant à cette législation. La plupart d’entre eux s’accordaient pour dire que le projet était une bonne initiative, mais qu’il n’était pas assez ambitieux pour avoir un impact réel dans les pays où les médias disposent déjà d’une liberté et d’une protection juridique importantes. Adina Revol, représentante de la Commission européenne, a évoqué un calendrier : l’objectif est de voter le texte d’ici novembre au Parlement européen, afin qu’il soit mis en place avant les prochaines élections européennes. 

 

Mathias Fleury (EPJT)

 

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[RÉSUMÉ] « Atelier Histoire « Belle Époque » : Quand les médias diffusent le goût de l’info »

Retrouvez l’essentiel de l’atelier histoire « « Belle Époque » : Quand Les Médias Diffusent Le Goût De L’Info »

Lisa Bolz, chercheuse en SIC au GRIPIC-CELSA, Claire Blandin, professeur des universités LabSIC/Univ Paris 13, et Arthur Asseraf, maître de conférences à l’Université de Cambridge (en visio) Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Arthur ASSERAF, historien à l’université de Cambridge,
Lisa BOLZ, chercheuse en SIC au Gripic-Celsa – Sorbonne Université

Animé par Claire BLANDIN, professeure des Universités en SIC à Paris 13.

Les enjeux

Claire Blandin a fait un état des lieux de la recherche sur les médias à la Belle Époque, autour de la construction du goût de l’info. Arthur Asseraf présentait son ouvrage Le désinformateur – Sur les traces de Messaoud Djebari. Lisa Bolz revenait sur le chapitre qu’elle a co-écrit avec Juliette Charbonneaux dans le collectif Paris Capitale Médiatique : « Paris assiégé, Paris menacé, Girardin déplacé ».
L’enjeu : En quoi les deux livres présentés renouvellent les perceptions des fabriques de l’information et la diffusion de celle-ci dans le Paris de la « Belle Époque ».

Ce qu’ils ont dit

Claire Blandin : « Le goût de l’info se construit à la Belle Époque parce que c’est une période d’alphabétisation des Français, voire de scolarisation. C’est le développement de produits écrits bons marchés, de découverte des produits de l’écrit. Ces derniers arrivent dans les classes populaires, et ne sont plus réservés à la petite bourgeoisie. »

« Il y a la mise en place de formes de narration, comme le « feuilleton ». À la fois pour l’actualité, qui parfois arrive par épisodes, ou encore par la fiction, avec les romans-feuilletons. »

Arthur Asseraf : « Il existait un décalage fort entre un espace public, médiatique européen, où les infos circulent vite et de façon dense, et ces espaces [les colonies] qui apparaissent comme des trous noirs d’information pour les européens. Djebari se positionne comme celui qui a accès à ces espaces. Il profite de ce développement du goût de l’information en France et à Paris à ce moment-là. »

Lisa Bolz : « Dans la correspondance d’Émile de Girardin avec son neveu, on a ses témoignages plus personnels, comment il se projette… On voit toutes les pensées en amont, qu’il reprend aussi parfois dans ses publications. »

À retenir

Arthur Asseraf retrace le parcours de Messaoud Djebari, né en Algérie dans les années 1860, qui va affoler le Tout-Paris en racontant comment il aurait retrouvé la trace de membres survivants d’une mission française dans l’actuel Niger.

Lisa Bolz s’est intéressée à la correspondance de cette figure, à la fois célèbre et méconnue, du monde médiatique de la Belle Époque. Précisément dans ses velléités patriotiques au moment de l’invasion allemande en 1870.

Avant la Première Guerre mondiale, la confiance envers les journalistes et les médias est sans doute extrêmement forte. La Belle Époque est la découverte collective de l’écrit. Le bourrage de crâne, dès 1914, crée une rupture de confiance, dont la presse écrite ne se remettra jamais.

Le métier de journaliste, peu institutionnalisé dans les années 1880, n’est pas encore totalement identifié parmi les métiers de l’écrit (publicistes, écrivains…). Avec l’histoire de Messaoud Djebari, on découvre que le métier avait parfois des liens avec le renseignement d’État, les interprètes militaires.

Déjà à l’époque, une proto-économie de l’attention se met en place. L’affaire Djebari ne dure que quelques semaines, le public parisien finit par passer à autre chose : d’autres choses plus spectaculaires arrivent. Maintenir l’intérêt du public est quelque chose de complexe et de très volatile, déjà à la Belle Époque.

Zacharie Gaborit (EPJT)

[RÉSUMÉ] « Des journalistes défricheurs de l’info locale »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Des journalistes défricheurs de l’info locale »

Millie Servant, rédactrice en chef de Climax, développe le modèle de son média. Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Juliette CABACO-ROGER, journaliste et co-fondatrice de Splann !, Deborah ADOH, journaliste et fondatrice d’endémie, Millie SERVANT, rédactrice en chef de Climax, Raphaël POUGHON, directeur de La compagnie rotative.

Animé par Richard HECHT, membre de l’UCP2F.

 

 

Les enjeux

Des médias locaux fondés sur un modèle alternatif émergent sur le territoire. Splann !, Climax ou encore Endémik cherchent à se rapprocher des citoyens tout en vivant de ces nouveaux modèles, à la fois économiques et éditoriaux.

Ce qu’ils ont dit

Déborah Adoh (journaliste et co-fondatrice d’Endémik, média en ligne) : ​« J’ai pris Endémik sur mon dos et je me suis engagée à faire du journalisme participatif. Je suis allée dans les collèges, les lycées, les médiathèques, les hôpitaux de jour… Je voulais construire avec les citoyens des reportages et connaître leur vision des médias. »

Millie Servant (rédactrice en chef de Climax, média sur l’urgence climatique) : ​« Plusieurs choix éditoriaux pourraient nous décrédibiliser : l’humour, la culture mème et le cynisme. Moi, ça m’interroge que le métier soit hostile à un journalisme qui laisse place aux émotions. »

«Si des petits médias comme nous patinent, c’est parce que les médias plus traditionnels siphonnent le lectorat et les fonds publics d’aide à la presse. »

Juliette Cabaco-Roger (journaliste et co-fondatrice de Splann !, média breton d’enquête) : ​« On enquête en fonction de l’actualité qu’on estime plus urgente, par exemple les sujets environnementaux. Sans les gens sur le terrain, notre travail serait impossible. Grâce à eux, on a déjà une base de travail. »

Raphaël Poughon (directeur de La compagnie rotative, média alternatif) : ​« Les modèles économiques sont en train de changer. Ce sont des micro-modèles pour des micro-médias, mais qui ont des communautés extrêmement engagées.»

À retenir

Si les trois médias présentés au cours de cet atelier divergent sur le plan de leur choix éditorial, tous ont pour ambition principale de se rapprocher des citoyens de leur territoire d’ancrage. Splann ! s’appuie sur les locaux pour enquêter sur la Bretagne, Climax traite des l’urgence climatique sous l’angle du cynisme et Endémik publie les reportages de citoyens rencontrés dans différents établissements (collèges, médiathèques, hôpitaux…). Un modèle pas encore stable pour les journalistes. La plupart écrivent pour d’autres titres, ont un statut complexe d’auto-entrepreneur ou ne bénéficient pas de la carte de presse.

Malgré cette instabilité, ces journalistes partagent le même engagement. Ils mettent désormais tout leurs poids dans la balance pour défricher une information locale utile aux citoyens.

 

Élias INSA (EPJT)

 

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[RÉSUMÉ] « Histoire d’un ogre – carte blanche à Erik Orsenna »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Histoire d’un ogre – carte blanche à Erik Orsenna »

Erik Orsenna, écrivain et académicien français. Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Erik ORSENNA, écrivain et académicien français.

Animé par Catherine BOULLAY, journaliste spécialiste des médias à L’Opinion.

Les enjeux

Erik Orsenna, écrivain et académicien français, était présent mercredi 29 mars dans le cadre de la publication de son dernier ouvrage, Histoire d’un ogre. L’occasion, aussi, de donner son avis sur l’importance des journalistes dans la société, aujourd’hui.

Ce qu’il a dit

Erik Orsenna : « J’écris quand je ne comprends pas quelque chose. Ici, c’est pour comprendre pourquoi il existe cette haine entre les Français et ceux qui les nourrissent. Les Français adorent le pain mais détestent les céréaliers. »

« On n’a jamais eu autant besoin de journalistes car la société est compliquée. »

« Deux raisons peuvent expliquer pourquoi il y a un désintérêt des Français à l’égard du journalisme. La première : les journalistes ne travaillent peut-être pas assez. La seconde : les journalistes préfèrent parfois traiter des sujets de manière simple plutôt que complexe. »

« Comme il y a une grande demande, il faudrait que les analyses aillent plus loin. Mais les journalistes n’ont pas toujours les moyens financiers. »

« Ce sont les Assises de la nécessité et de la possibilité du journalisme. »

À retenir

Erik Orsenna est revenu brièvement sur son nouvel ouvrage, Histoire d’un ogre. Il y décrit le personnage d’un Breton, né à Quimper dans un moulin à papier des bords de l’Odet. Brutalement, il se transforme en « coucou » qui dévore toutes les entreprises. Ce personnage, jamais nommé, n’est autre que Vincent Bolloré.

Mais, surtout, Erik Orsenna a donné son opinion sur le rôle des journalistes. Il les décrit comme essentiels dans la société. Pourtant, la défiance des Français à leur égard ne cesse d’augmenter. L’occasion, également, de faire part de son inquiétude. Les organes de presse français sont majoritairement possédés par des milliardaires qui interviennent au sein des rédactions. Les journalistes doivent alors redoubler d’efforts pour proposer des contenus aux analyses plus poussées pour captiver le public.

Anne-France Marchand (EPJT)

[RÉSUMÉ] La conférence « Comment retrouver le goût de l’info, quelles propositions ? »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Comment retrouver le goût de l’info, quelles propositions ? »

Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Raphaël GARRIGOS, co-fondateur des Jours et co-président du jury, Isabelle ROBERTS, co-fondatrice des Jours et co-présidente du jury, Thierry THUILLIER, directeur de l’information du groupe TF1 et directeur délégué de LCI et Cécile PRIEUR, directrice de la rédaction de L’Obs.

Animé par Catherine BOULLAY, journaliste spécialiste des médias à L’Opinion.

Les enjeux

Selon le baromètre 2023 de l’institut Vivavoice sur l’utilité du journalisme, 84 % des sondés disent que le journalisme est un métier et qu’il est utile. Si le résultat peut sembler bon, il est en fait de six points inférieur au baromètre de l’année précédente. L’objectif est de réfléchir sur les moyens de limiter cette baisse de confiance dans les journalistes et, dans l’idéal, récupérer ces lecteurs déçus.

Ce qu’ils ont dit

Isabelle ROBERTS (co-fondatrice des Jours et co-présidente du jury 2023) : « Notre proposition : ne pas tout faire, ne pas être exhaustif mais ce qu’on fait on le fait bien, en série et on l’épuise. »

« On ne s’interdit aucun sujet sauf si on n’a rien dire dessus. »

« Pour que les gens retrouvent le goût de l’info, il faut donner envie aux gens. Donc nous on a eu envie de raconter des histoires, de le faire sous forme de série. »

Raphaël GARRIGOS (co-fondateur des Jours et co-président du jury 2023) : « La fonction des chaînes d’info, c’est d’être en prise direct avec l’info, mais parfois on a l’impression que c’est plutôt les doigts dans une prise électrique. »

« La neutralité n’existe pas. On ne va pas donner 5 minutes aux juifs et 5 minutes à Hitler comme dirait Godard. »

« Nos abonnés nous dise qu’on est un peu le Netflix du papier. »

Thierry Thuillier (directeur de l’information du groupe TF1) : « La clé absolue, c’est de raconter des histoires. »

« Traiter l’actualité via le reportage permet de redonner du goût à l’information. Cela permet de raconter des histoires. »

« Il y a une question à se poser sur la transparence. Il est très important de montrer comment l’information fonctionne. Les journalistes ont leur propre indépendance, leur propre éthique et heureusement. »

Cécile PRIEUR (directrice de la rédaction de l’Obs) :​ « Au fond, redonner le goût de l’info, c’est faire notre travail. Notre travail de journaliste a le rôle social de sortir des informations. »

« Aujourd’hui on fait attention à la manière dont sont encadrés les journalistes. »

À retenir

Pour retrouver ce goût de l’information, les journalistes doivent se réinventer dans le fond de leur contenu et surtout dans la forme qu’ils donnent à leurs productions. Le média Les Jours s’inscrit dans cette lignée en faisant le choix fort de choisir spécifiquement les sujets qu’il traite tout en délaissant volontairement d’autres. Il choisit aussi pour quelques papiers de lui donner un format de série, popularisé par Netflix qui attire les jeunes.

Sur la question de la toxicité des informations, les intervenants sont tous d’accord : les grands sujets tels que l’Ukraine, l’environnement ou encore le Covid sont incontournables car ce sont les thèmes qui intéressent le plus les lecteurs. Pour redonner goût à l’information, même avec ces thématiques, les participants tablent sur un retour au terrain, au reportage et au local car ce qui compte c’est de raconter une histoire, celle des gens qui sont au plus près des évènements.

Zachary Manceau (EPJT)

[RÉSUMÉ] Label ou auto-régulation : comment certifier l’info ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « label ou auto-régulation : comment certifier l’info »

Benjamin Sabbah, directeur général à Worldcrunch, Kathleen Grosset, présidente de la CDJM, Thibaut Bruttin, adjoint au directeur de Reporters sans Frontière, Pascal Doucet Bon, directeur délégué de l’information en charge de la stratégie France Télévision. . Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Benjamin SABBAH, directeur général à Worldcrunch, Kathleen GROSSET, présidente de la CDJM, Thibaut BRUTTIN, adjoint au directeur de Reporters sans Frontière, Pascal DOUCET BON, directeur délégué de l’information en charge de la stratégie France Télévision. 

Animé par Christian GOUEROU, journaliste et médiateur pour Ouest-France

 

 

 

Les enjeux

Défiance des citoyens, fake news : quelles solutions existent pour regagner la confiance des citoyens ? Comment les médias peuvent-ils prouver que l’information proposée est de qualité ? Pour faire face à ces enjeux, des médias et des organismes s’engagent pour le public. 

Ce qu’ils ont dit

Benjamin SABBAH : « Sur le process de production journalistique, des organismes comme la CDMJ et la RSF ou des labels de qualité comme le JTI (journalism trust initiative) poussent à plus de transparence. C’est une bonne initiative  »

Thibaut BRUTTIN : ​« Il faut aussi demander plus de transparence de la part des systèmes de plateforme. Google news référence les médias par rapport à leur réputation. Mais c’est quoi, au juste, la réputation ? C’est un fonctionnement très opaque. »

Pascal DOUCET BON : « Cette autorégulation s’impose à nous par elle-même. Le problème, c’est que la plupart des régulateurs qui encadrent la pratique du journalisme et veillent au respect de la déontologie ne pointent que nos erreurs. Quand vous lisez leur bilan de fin d’année, vous avez l’impression que France Télévisions est un mauvais média. Même si nous reconnaissons que nous faisons des erreurs. »

Kathleen GROSSET : ​« Nous avons créé le conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM)  pour ne pas seulement montrer les erreurs des rédactions. Ça aurait montré une fausse image de leur travail. Tout n’est pas noir. »

 

À retenir

Pour regagner la confiance du public et lutter contre la désinformation, reporters sans frontières a créé le label JTI (journalism trust initiative) qui fonctionne par système d’adhésion libre. Ce label propose des critères de qualités et d’indépendance auxquels les médias signataires doivent se conformer. Il permet aux lecteurs d’identifier clairement les rédactions qui respectent ces normes. En parallèle, le conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM), instance de médiation entre les journalistes, les médias, les agences de presse et les publics, veille, lui aussi, au respect de la déontologie. Tout le monde peut saisir le CDJM  lorsqu’un doute existe sur les pratiques d’une rédaction. Le CDJM émet ensuite un avis, favorable ou non, et fonctionne comme un régulateur. 

Camelia Aidaoui (EPJT)

 

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[RESUME] La conférence « Garantir le pluralisme des médias : quelle législation ? »

Retrouvez l’essentiel de l’événement «  GARANTIR LE PLURALISME DES MÉDIAS : QUELLE LÉGISLATION »

Avec Alexandre Buisine, journaliste et membre du SNJ, Benoit Huet, avocat au barreau de Paris, Nathalie Sonnak, présidente du COP CLEMI, Alexis Levrier, historien de la presse à l’Université de Reims.  Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Avec Alexandre BUISINE, journaliste et membre du SNJ, Benoit HUET, avocat au barreau de Paris, Nathalie SONNAC, presidente du COP CLEMI, Alexis LEVRIER, historien de la presse à l’Université de Reims.  

Animé par Lucile Berland journaliste et membre de l’association Informer n’est pas un délit (INPD)

 

 

Les enjeux

Vincent Bolloré, Bernard Arnault, Patrick Drahi, Arnaud Lagardère ou encore Xavier Niel. Vous avez forcément déjà lu un de leur journaux. Vous travaillez peut-être même pour l’un d’eux. La concentration de la presse régionale et nationale dans les mains de quelques propriétaires doit nous interpeller sur la question du pluralisme dans les médias. Est-ce qu’une myriade de médias équivaut forcément à du contenu différent ? Une réelle diversité d’opinion ? Ces tycoons qui achètent de l’influence posent un risque pour le journalisme et cultivent une défiance du public vis-à-vis des journalistes.

Ce qu’ils ont dit

Alexis LEVRIER : « La concentration des médias a parfois permis le pluralisme et l’émancipation de la presse par rapport au pouvoir politique. Cependant, aujourd’hui, la situation est différente. Nous sommes dans une crise structurelle, dû au modèle économique des médias et une crise structurelle à cause de la Covid. Suite à l’épidémie,  de nombreux médias sont tombés dans les mains de Bollore. »

Benoit HUET : « On a l’impression d’avoir le choix, en termes de médias, mais les contenus sont assez homogènes. »

« Au niveau de la législation, seulement l’audiovisuel est encadré, avec l’arcom. Une chaine ne peut donc pas être de gauche ou de droite. La rédaction doit donner la parole à des politiciens de tous bords. Les journaux, eux, ne sont pas tenus de respecter ce principe. »

Alexandre BUISINE : « Le problème avec l’Arcom, c’est que leur indépendance est discutable. Le système de nomination pose un problème. Avec la SNJ, nous demandons que la moitie du collège soit désigné par des journalistes salariés. Mais on nous répète qu’on est trop bête pour comprendre les technicités de l’arcom. »

« Plus il y a une concentration des médias dans quelques mains, plus les rédactions sont réduites et les journalistes licenciés. Ils sont remplacés par des créateurs de contenu. Le rêve de Reworld media (NDLA: le premier groupe de presse magazine français en nombre de journaux détenus), c’est de faire du journalisme sans journaliste. »

Benoit Huet : « Ce que fait Realworld est tout à fait légal. C’est bien là le problème. Il faut légiférer. C’est un groupe qui bénéficie des subventions d’aide à la presse. Il faut repenser ces critères d’attribution. »

Alexandre BUISINE : « Le problème, c’est que les propriétaires qui possèdent plusieurs journaux vont inciter les journalistes à publier les mêmes contenus. De plus, ils n’ont aucun intérêt à faire des médias rentables avec le système de défiscalisation des pertes. »

Nathalie SONNAC : « Les citoyens ne veulent pas payer pour de l’information. C’est une des causes de la concentration des médias. »

Lucile BERLAND en réponse : « Oui, mais les citoyens n’ont pas envie d’acheter un journal dans lequel ils ne se retrouvent pas. »

 

À retenir

Les journalistes doivent composer avec une défiance accrue des citoyens. La concentration des titres est un facteur d’aggravation qui amplifie ce phénomène.  Au milieu de tout ça, l’indépendance des rédactions est parfois menacée. Il faut apporter de réelles solutions à la hauteur de l’enjeu : repenser les critères d’attribution des aides à la presse, donner l’indépendance juridique aux rédactions, retoquer la loi relative à la liberté de communication de 1986. Le Freedom Media Act adopté par la Commission européenne propose également « des garanties contre les ingérences politiques dans les décisions éditoriales et contre la surveillance». La solution pour préserver notre indépendance sera peut-etre européenne.

Camelia Aidaoui

[RÉSUMÉ] Comment retrouver le goût de l’information ? (Etat des lieux avec DE FACTO, MILAN PRESSE, FONDATIONS DESCARTES, FONDATION JEAN-JAURÈS)

Retrouvez l’essentiel de l’événement « COMMENT RETROUVER LE GOÛT DE L’INFO ? » (Etat des lieux avec DE FACTO, MILAN PRESSE, FONDATIONS DESCARTES, FONDATION JEAN-JAURÈS)

Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Marie-Anne DENIS, directrice générale de Milan Presse et David MEDIONI, journaliste et directeur de l’Observatoire des médias. 

Animé par Catherine BOULAY, journaliste spécialise des médias à L’Opinion.

 

 

Les enjeux

53% des Français disent souffrir de fatigue informationnelle. À partir de ce constat, comment redonner envie ? Faut-il que les médias changent complètement leur manière d’informer pour attirer à nouveau le public ? Ou doit-on repenser individuellement notre rapport à l’information ?

Ce qu’ils ont dit

Marie-Anne Denis (directrice générale de Milan Presse) : « 85% des jeunes (13-17 ans) pensent que l’info est importante. Ils ne sont pas du tout lassés par l’info. C’est une très bonne nouvelle. »

« Les ados sont contradictoires. Leur première source d’information ce sont les réseaux sociaux et pourtant c’est la source à laquelle ils donnent le moins de crédibilité. »

David Medioni (journaliste et directeur de l’Observatoire des médias) : « L’individu doit avoir un questionnement sur la manière dont il s’informe. Ensuite, évidemment, les médias traditionnels ont une part de responsabilité dans la fatigue informationnelle. Cette volonté de vouloir toujours étonner plutôt qu’informer me dit que oui, les médias ont leur part de responsabilité. »

« On est à un moment de bascule. Cette fatigue informationnelle, elle s’exprime aussi dans une fatigue institutionnelle importante. »

À retenir

À l’heure où de plus en plus de Français se disent affectés psychologiquement par les informations, certains décident de se couper complètement de l’info. Pour les deux intervenants, la fatigue informationnelle, au même titre que l’alimentation, est un enjeu de santé publique et devrait être traité comme tel. Ils militent pour la création d’une campagne de sensibilisation, comme la très connue « cinq fruits et légumes par jour », sur l’information.

Fanny Uski-Billieux (EPJT)

 

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[RESUME] « Baromètre Viavoice – les Assises sur l’utilité du Journalisme »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le baromètre Vivavoice / Les Assises sur l’utilité du Journalisme (France médias monde, France TV, Ouest France et Radio France » !

Photo : Eva Pressiat / EPJT

Avec François Xavier Lefranc, directeur de l’information à Ouest France, Pascal DOUCET BON, directeur délégué de l’information en charge de la stratégie à France Télévisions, Frédérique MISSLIN, directrice adjointe de RFI, Léopold STRAJNIC, directeur adjoint de la rédaction de France Bleu.

Animé par Adrien BROCHE, Consultant Viavoice

 

 

Les enjeux

Le baromètre Vivavoice sur l’utilité du Journalisme est présenté pour la septième fois lors de ces Assises 2023. La question de l’utilité du journalisme est posée chaque année, accompagnée d’une seconde sur le thème des Assises. Pour cette édition, il s’agit du goût pour l’information.

Ce qu’ils ont dit

François Xavier Lefranc (directeur de l’information à Ouest France) : ​« Les résultats du baromètre ont un côté inquiétant et à la fois extrêmement rassurant, surtout en ce qui concerne la confiance et la volonté des publics à avoir une information vraie, vérifiée, impartiale. »

« La question est aussi de savoir si le journaliste a le temps de travailler. Le sujet, aujourd’hui, c’est le temps. Le temps de pouvoir travailler, traiter les informations, etc. »

Pascal DOUCET BON (directeur délégué de l’information en charge de la stratégie à France Télévisions) : « Il faut que nous, les rédactions, apprenions à écouter. Le courrier des lecteurs, un médiateur, des organes d’écoute ne suffisent pas. Il faut du dialogue avec les publics. »

« Il existe aussi un journalisme factuel, de décryptage, et donc de nuance. Mais on est en face d’autres médias, comme Twitter, qui ne s’embarassent pas de nuance. Le manque de nuance est plus lié à des externalités qu’à la pratique journalistique »

Frédérique MISSLIN (directrice adjointe de RFI) :​ « Est-ce que l’idée ne serait pas de co-construire nos éditions avec le public ? »

« Il y a une éducation à faire sur les manières de traité l’information. Pour le climat, il faut savoir qu’il y a des coûts, des formations nécessaires pour les sujets où on a peu de compétences. »

Léopold STRAJNIC (directeur adjoint de la rédaction de France Bleu) : « Pour les Gilets jaunes, on n’a pas été accueilli comme on le pensait, on était vu comme des instances du pouvoir. Donc on a ouvert nos rédactions pour rendre transparente nos pratiques. »

« Quand on a des mauvaises nouvelles à annoncer, normalement, on prend des pincettes. Mais dans le journalisme, dans notre pratique, il n’y a aucune nuance. Il faut mettre un coup d’arrêt à cette course au sensationnel. »

À retenir

Le baromètre de l’Institut Vivavoice présente chaque année ses résultats. 84% des Français disent que le journalisme est un métier et qu’il est utile. Mais c’est six points de moins que l’an dernier et surtout le pourcentage le plus bas depuis la création du baromètre. L’information professionnelle reste la source de confiance privilégiée du public et 88% des répondants jugent qu’il est utile de s’informer. Les attentes du public concernent la vérification des informations, une information partiale et hiérarchisée et enfin la nécessité d’information pratiques, utiles au quotidien.

Cependant, ce baromètre ne reste qu’un indicateur pour les médias, qui peuvent ou non en tenir compte.

Louise Monard-Duval

 

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[RÉSUMÉ] « Le baromètre social des Assises par Jean-Marie Charon : le collectif dans le journalisme aujourd’hui »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le baromètre social des Assises par Jean-Marie Charon : le collectif dans le journalisme aujourd’hui »

Jean-Marie Charon, chercheur en sociologie à l’EHESS, Elise Descamps, journaliste et membre de la CFDT
et Maïté Darnault (en visioconférence), journaliste indépendante au collectif We Report. Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Elise DESCAMPS, journaliste et membre de la CFDT et Maïté DARNAULT, journaliste indépendante au Collectif We Report.

Animé par Jean-Marie CHARON, chercheur en sociologie à l’EHESS.

 

Les enjeux

Le baromètre social des Assises était présenté ce mercredi 29 mars. Le but : faire un état des lieux de l’emploi des journalistes et des entreprises médiatiques.

Cette année, le focus portait sur la dimension collective dans le journalisme. Une multitude d’organisations existent et rassemblent nombre de journalistes. Leur objectif : l’entraide et le partage.

Ce qu’ils ont dit

Jean-Marie CHARON : « Le journalisme reste centralisé : 52,61 % des détenteurs de carte de presse se situent à Paris. La Bretagne arrive en seconde position, suivie de l’Aquitaine et des Pays de la Loire. »

« J’ai réalisé une typologie des principes des collectifs de journalistes. Le premier est l’entraide et le partage de moyens. Le second est la défense ou la promotion d’une catégorie particulière de journalistes. »

Elise DESCAMPS : « L’offre pléthorique des collectifs de journalistes est enthousiasmante. C’est rassurant de savoir qu’il y a de l’entraide dans un milieu que l’on pense individuel. »

« Il reste encore de la marge. Beaucoup de journalistes ne sont pas dans un collectif. C’est dommage car c’est une profession qui souffre et qui nécessite de serrer les rangs. »

Maïté DARNAULT : « L’un des prix de l’indépendance du pigiste, c’est la précarité. » 

À retenir

Les statistiques présentées concernaient les 34 043 journalistes qui détenaient la carte de presse sur l’année 2022. Les jeunes journalistes (de 30 et moins), qui représentent 13% de la profession, sont les plus touchés par la précarité. Ils représentent deux-tiers de cette tranche d’âge, soit un recul de 10% en comparaison de l’année précédente. Parmi eux : les pigistes, les journalistes en CDD et les demandeurs d’emploi. En ce qui concerne la parité, elle n’est pas encore atteinte : un peu moins de 48% des femmes détiennent la carte de presse.

Cette année, le focus portait sur la dimension collective de l’organisation des journalistes en dehors des rédactions. La majorité des associations sont sectorisées. Elles se développent dans un domaine particulier : défense des femmes, des pigistes mais aussi des personnes racisées. Leur but est aussi de permettre l’entraide et le partage entre les journalistes. Parmi ces organisations collectives sont recensées les associations de journalistes, les clubs de la presse, les sociétés et les collectifs de journalistes.

Anne-France Marchand (EPJT)

[RÉSUMÉ] « Ils ont créé leur média cette année »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Ils ont créé leur média cette année »

De gauche à droite, Gilles Vanderpooten, Ulyse Mathieu, Mathilde Boudon-Lamraoui, Axel Roux et Gilles Tanguy. Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Gilles VANDERPOOTEN, directeur général de Reporters d’espoirs, Axel ROUX, rédacteur en chef de Vakita, Gilles TANGUY, président de L’informé, Mathilde BOUDON-LAMRAOUI, formatrice à la Friche, Ullyse MATHIEU, fondateur de Contre-jour.

Animé par Romain COLAS, rédacteur en chef adjoint de La Correspondance de la presse.

 

 

Les enjeux

Journalisme de solution (revue Reporters d’espoirs), journalisme populaire (Contre-jour), environnemental (Vakita) ou encore investigation économique-tech (L’informé), les journalistes de cette année veulent redonner goût aux médias en mettant en avant des angles originaux et attrayants.

Ce qu’ils ont dit

Gilles VANDERPOOTEN (Reporters d’espoirs) : ​« Nous considérons que le journalisme de solution est une méthodologie et non pas une idéologie. »

Axel ROUX (Vakita) : « Nous avons décidé de nommer notre média “Vakita”. Le Vatika est le mammifère marin le plus menacé au monde. Il représente pour nous l’urgence face à l’effondrement de la biodiversité. Notre média veut donc représenter à la fois l’urgence climatique et mettre en lumière les combats. »

« Ce qui nous tient à cœur c’est l’action, pouvoir engager notre audience dans des dynamiques d’action, telles que les mobilisations, pour essayer de faire bouger les lignes. »

Gilles TANGUY (L’informé) : ​« Nous voulons trouver notre place en nous adressant à tout le monde. D’une part, nous sommes pour la plupart tous salariés, notre média couvre alors l’information de chaque secteur. D’autre part, nous sommes aussi citoyens et nous nous intéressons aux informations générales. C’est la raison pour laquelle notre média ne les omet pas. Finalement, nous souhaitons toucher les deux facettes de notre lectorat. »

Mathilde BOUDON-LAMRAOUI (Collectif La Friche, Contre-jour)​ : « Nous ne sommes pas vraiment militants mais nous assumons de donner une place centrale aux personnes et aux sujets en marge, sous les radars des médias de masse. »

Ullyse MATHIEU (Contre-jour) :​ « Nous souhaitons créer des espaces de paroles dans les zones rurales, les quartiers populaires, les prisons ; partir de ces endroits que l’on côtoie pour en faire du journalisme. »

 

À retenir

En plus de vouloir promouvoir et mettre en écho de nouvelles manières de s’informer, les quatre médias présentés ont des perspectives différentes avec la presse papier et le numérique. Les revues de Contre-Jour et de Reporters d’espoirs souhaitent, avec le support papier, exposer « un objet singulier » qui laisserait une trace pérenne des recueils. Vakita lui, s’attachent au format vidéo en web, dont la plus-value serait l’image, la mise en forme et l’incarnation des enquêtes grâce au visuel. Quant à L’informé, le web serait le plus approprié face au déclin de la presse papier.

Du côté de la ligne éditoriale, les médias présentés n’ont aucune interférence et ont la liberté d’écrire sur tous les sujets. Cependant, quand L’informé et Reporters d’espoirs se veulent factuels, Vitika et Contre-jour ont une écriture plus engagée.

Aya El Amri (EPJT)

 

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[RÉSUMÉ] Conférence « Atelier école – États généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes : et maintenant ? »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Atelier école – États généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes : et maintenant ? »

Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Antoine CHUZEVILLE, secrétaire général de la CPNEJ et membre du comité stratégique des Etats généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes, Agathe LEGRAND, jeune diplômée de l’EJDG – Grenoble, membre du comité étudiant des Etats généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes, Elodie LOMBARDO, directrice de l’innovation sociale de l’Afdas et Pascal GUENEE, président de la Conférence des écoles de journalisme, et directeur de Institut pratique du journalisme (IPJ) Dauphine/PSL

Animé par Anne TEZENAS DU MONTCEL , déléguée générale de la Conférence des écoles de journalisme en charge de l’organisation des Etats généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes.

Les enjeux

Suite au compte rendu des états généraux de la Conférence des écoles de journalisme, en octobre 2022, 36 propositions ont été faites pour améliorer la formation et l’insertion à la profession de journalisme. De la précarité des journalistes, à une carte de presse étudiante, en passant par la possibilité de prendre la parole en tant qu’étudiants, différents projets sont en cours de construction ou de discussion.

Ce qu’ils ont dit

Antoine CHUZEVILLE : « Il y a plusieurs réalisations concrètes qui vont être lancées dès 2023 : une carte de presse étudiante et un guide de la pige publié fin mai, à la demande des étudiants qui se retrouvent dans la jungle de la pige en sortie d’écoles. »

« Pour d’autres sujets, comme la précarité, il y a encore des discussions et des efforts à faire. C’est l’avenir de la profession qui est en jeu. »

Pascal GUENEE : « Les écoles ont mis en place des dispositif mais on intègre très peu les étudiants dans le dialogue, il était temps de les faire participer aux discussions autour des enjeux du métier de journaliste. »

« Il faut s’interroger sur les compétences que l’on doit apprendre dans les écoles, mais cela revient à s’interroger sur les critères de sélection pour entrer dans les écoles. »

« Notre responsabilité c’est de savoir quels sont les sujets prioritaires pour répondre au plus vite aux défis des états généraux. »

Agathe LEGRAND : ​« Lorsque l’on s’est réuni il y a un an pour les états généraux, ça nous a fait du bien. On n’était pas seulement étudiant dans une école, mais on faisait partie d’un ensemble, et on a pu discuter et voir que nos problèmes n’étaient pas uniques. »

« Chaque année, les problèmes sociaux, économiques, etc. changent, il faut donc des propositions différentes. »

Elodie LOMBARDO : « La formation est ce qui est important, donc on doit la développer. Et pour ça, l’Afdas va mettre en place une plateforme pour l’alternance dans tous les secteurs que nous gérons. »

« Il y a tout un travail fait par les écoles par rapport à l’augmentation des alternances. »

Anne TEZENAS DU MONTCEL : « Le but c’était d’être en contact et les états généraux ont permis cela. »

À retenir

À la question « et maintenant on fait quoi ? », les différents participants ont insisté sur le fait qu’il était temps d’agir suite aux discussions des états généraux de la CEJ. Trois projets prioritaires sont déjà bien engagés : une carte de presse étudiante, garantissant une reconnaissance et une sécurité pour les journalistes en formations, un encadrement des stages, concernant les conditions de travail des étudiants, et enfin une journée de discussion et de propositions concrètes sur les compétences, entre écoles, étudiants et rédactions.

Louise Monard–Duval

[RÉSUMÉ] « Atelier École : étudiant(s)s en journalisme, toujours aussi accros à l’info ? »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Atelier École partie I. Étudiant(s)s en journalisme, toujours aussi accros à l’info ? »

Cyril Petit, journaliste, Dario Borgogno, étudiant en première année de master à l’ESJ Lille, Corinne VANMERRIS, directrice adjointe de l’ESJ Lille et Maëva Dumas, étudiante en première année de master à l’EPJT, passée par la prépa La Chance. Photo : Mathilde Lafargue/EPJT

Avec Cyril PETIT, journaliste, Dario BORGOGNO, étudiant en première année de master à l’ESJ Lille, Maëva DUMAS, étudiante à l’EPJT, passée par La Chance pour la diversité.

Animé par Corinne VANMERRIS, directrice adjointe de l’ESJ Lille.

 

Les enjeux

Le suivi de l’actualité est indissociable du quotidien du journaliste. En première ligne de ce phénomène : les étudiants des écoles de journalisme. De plus en plus, un phénomène de « perte du goût de l’info » émerge. À l’image d’une partie des Français, ces étudiants ne sont pas non plus exclus de ce surmenage face au trop-plein d’information.

 

Ce qu’ils ont dit

Corinne VANMERRIS : ​« J’ai deux anecdotes à vous raconter. La première concerne Patrick de Saint-Exupéry, un journaliste installé dans la profession. Il venait à l’ESJ pour encadrer des sessions. Un jour, il est arrivé à la gare de Lille et m’a contacté pour me dire qu’il serait en retard à l’école parce qu’il avait pris des journaux pour les lire à la gare. C’était son rituel et j’ai senti qu’il prenait plaisir à parcourir l’actualité du jour. L’autre anecdote concerne les étudiants de l’ESJ. Ils sont venus me voir, un matin, pour me demander d’annuler le questionnaire d’actualité qui était prévu tous les quinze jours. Ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas eu le temps de réviser l’actualité à cause de leur trop grande charge de travail. Et je me suis rendue compte, ici, que suivre l’actualité était, pour eux, un exercice très scolaire et non pas un plaisir. »

« Les 20-25 ans peuvent être victimes d’infobésité. Dans tous les sondages et les baromètres, c’est une tendance qui émerge. Il n’y a donc pas de raison pour que les étudiants en école de journalisme ne le soient pas aussi. »

Cyril PETIT : ​« L’actualité s’impose aux journalistes et n’est pas négociable. »

« Pour retrouver le goût de l’info, une des pistes serait de s’intéresser aux gens pour qu’en retour, ils s’intéressent à nous. »

Maëva DUMAS : ​« Quand on prépare les concours, le rythme est assez intense. Avec la prépa La Chance, nous avions une masse d’infos qu’il fallait connaître. Et, au sein de l’EPJT, nous avons des travaux pour maintenir ce suivi de l’actualité. »

Dario BORGOGNO : ​« Quand on arrive en école de journalisme, on fait un burn-out de l’info. Avant l’oral d’admissibilité à l’ESJ, j’apprenais plein de choses car j’angoissais à l’idée des questions qu’on allait me poser. »

 

À retenir

Dans les écoles de journalisme, les étudiants peinent parfois à prendre du plaisir dans leur suivi de l’actualité. La raison ? Leur intérêt est impacté par la charge de travail de leurs études. Alors que le suivi de l’actualité devrait être inné, il s’apparente parfois, pour certains, à un exercice scolaire. Surtout, le manque de temps les conduit à sélectionner les productions journalistiques qu’ils lisent, écoutent ou regardent. Résultat : les étudiants suivent davantage les sujets d’actualité qui les intéressent, au détriment de ceux qui les captivent moins. Cette sélection risque, pourtant, de biaiser leur regard sur certaines actualités.

Anne-France Marchand (EPJT)

[RÉSUMÉ] Résidences de Journalistes, partage d’expériences

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Résidences de journalistes, partage d’expériences »

Photo : Mathilde Lafargue/EPJT

Avec Isabelle BORDES, journaliste indépendante, Mathilde BOUDON-LAMRAOUI, formatrice à La Friche, Guillaume DE LA CHAPPELLE, responsable de la communication à la DRAC Pays de la Loire, et Jean-Christophe THEOBALT, chargé de mission pour les nouvelles technologies de l’information et de la communication à la délégation au développement et à l’action territoriale du ministère de la Culture et de la Communication.

Animé par Elodie CERQUEIRA, présidente du Club de la Presse Centre-Val de Loire.

 

Les enjeux

Certains journalistes sont en résidences pour participer à des actions d’éducation aux médias. Gérées par les directions régionales des affaires culturelles (Drac), ces interventions ne sont pas encore reconnues comme du travail journalistique en soi. Cela peut donc être compliqué de se lancer. Vers quels acteurs se tourner ? Quel mode de rémunération choisir ? Partage d’expériences.

Ce qu’ils ont dit

Mathilde Boudon-Lamraoui : « Nous, notre approche journalistique passe par le récit de soi, on assume l’usage du « je » »

Jean-Christophe Théobalt : « Notre priorité au ministère, ce sont les adultes, mais en même temps c’est le public le plus difficile à toucher en termes d’éducation aux médias. »

Isabelle Bordes : « Les gens qui se sentent invisibles, il y en a plein dans les territoires ruraux »

Guillaume de la Chappelle : « Le profil parfait de l’intervenant, pour moi, c’est quelqu’un qui a un profil pédagogique mais qui est aussi un praticien »

À retenir

L’éducation aux médias est une mission relativement récente pour les Drac et elles ne sont pas toutes encore habituées aux résidences des journalistes. Il y a sur le territoire, de fait, une très grande diversité dans le fonctionnement de l’EMI : dans le montant des subventions ou dans les durées des résidences, entre autres. La Drac Pays de la Loire, par exemple, n’accepte que celles d’un minimum de deux mois, car elle estime qu’en deçà il est difficile de réaliser un travail de fond. Ce n’est pas le cas partout.

Fanny Uski-Billieux (EPJT)

 

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[LE RÉSUMÉ] Conférence « Retrouver le goût d’entreprendre »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Retrouver le goût d’entreprendre dans les médias »

Photo : Mathilde Lafargue/EPJT

Avec Jean-Cristophe BOULANGER, président de Context, Catherine RONIN, journaliste du média réunionnais Zinfos 974, Nadia BERRA, journaliste et fondatrice de Lisons Lizon, Alvina LEDRU-JOHANSSON présidente et directrice de la publication à Culs de Poule.

Animé par Laurent MAURIAC, co-président du SPIIL (Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne)

Les enjeux

À la recherche de plus de présence féminine dans les sujets traités, de médias davantage indépendants ou encore de titres qui donnent la parole aux enfants, ces journalistes n’ont pas trouvé ce qu’ils cherchaient dans l’offre médiatique actuelle et ont décidé de créer leur média. Cependant, entre le marketing, la distribution, ou encore le design, les difficultés de l’entreprenariat sont nombreuses et peuvent dissuader.
Pour les rassurer, le syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (SPIIL) les accompagne tout au long de leurs parcours et les informe des aides dont ils peuvent bénéficier.

Ce qu’ils ont dit

Jean-Christophe BOULANGER : ​« Il faut relativiser son rapport à l’échec. Qu’un projet ne marche pas n’est pas une finalité, ce n’est peut-être qu’une étape pour un destin plus grand. »

« S’il y a un truc que j’ai retenu de mes deux échecs, c’est bien choisir les gens autour de soi. Des gens avec qui on partage des valeurs où l’on respecte les compétences des uns et des autres. C’est vraiment le truc que j’avais sous-estimé. »

« Au début j’étais très seul mais quand le SPIIL a été créé ça a été indescriptible pour moi. Je pouvais enfin partager. »

Catherine RONIN : ​« Aujourd’hui on n’hésite plus pour demander aux gens de nous aider et ça marche. Il faut juste oser. »

« On préfère perdre de l’argent que dire à un journaliste “retiens ta plume“.»

Nadia BERRA : ​« Si on a peur de se tromper et de faire mal il ne faut pas entreprendre »

« Il y a plein d’outils pas cher qui sont très utile pour se lancer. »

« À chaque fois que je pose une brique, je m’assure qu’elle est bien solide. »

« Je vois cette revue comme une créature qui grandit petit à petit. »

Alvina LEDRU-JOHANSSON : ​ « Les écoles devraient plus sensibiliser à la réalité du monde des médias. Si on n’a pas connaissance d’incubateurs on perd des années. »

Laurent MAURIAC :« Il faut être capable de connaitre ses limites et ne pas attendre trop longtemps pour être épaulé. »

À retenir

Les principaux problèmes que rencontrent les créateurs de média ne concernent pas la partie éditoriale mais la partie entrepreneuriale. Ils déplorent un manque de préparation dans les écoles sur les difficultés de l’entreprenariat dans le monde médiatique. Ils font face aux problèmes financiers et font tous la course aux financements. Néanmoins pour se lancer, la bourse « Émergence » de l’État est une aide non négligeable. Elle peut aller de 30 000 à 50 000 euros et permet aux jeunes médias de commencer leur aventure sereinement.
Pour qu’un média fonctionne, les intervenants insistent sur la bonne alchimie entre la ligne éditoriale et la ligne entrepreneuriale. L’une ne fonctionne pas sans l’autre. C’est dans cette optique qu’il est nécessaire pour ces jeunes médias de rapidement s’entourer des bons collaborateurs dotés des compétences adéquates, comme par exemple des commerciaux et des webdesigners pour un journaliste avec une ligne éditoriale déjà solide.

Zachary MANCEAU (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Actualité des organisations syndicales : Briser le tabou du racisme dans les rédactions.

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Briser le tabou du racisme dans les rédactions »

Photo : Mathilde Lafargue/EPJT

Avec Estelle Ndjandjo, porte-parole de l’Association des journalistes antiracistes et racisés (AJAR) et Rémi-Kenzo Pages, journaliste et membre du SNJ-CGT.

Animé par Clément OLLIVIER, journaliste indépendant.

 

 

Les enjeux

Face aux peu d’études et de données chiffrées sur le racisme dans les rédactions, les organisations syndicales souhaitent briser ce tabou avec leur rapport « briser le silence ». A travers un questionnaire transmis à 167 personnes de la profession, l’étude met en avant des chiffres sur les discriminations internes.

Ce qu’ils ont dit

Estelle Ndjandjo : « On avait peur qu’on nous associe à des mots qui ne nous correspondaient pas forcément. »

« Je suis une femme. Je suis féministe. Je suis noire. J’ai ce qu’on appelle une double peine. »

Rémi-Kenzo Pages : « Le but [de cette étude] est de faire prendre conscience aux gens du racisme dans le journalisme » ;

« Le racisme interne est un tabou dans les rédactions françaises. »

À retenir

L’étude « Briser le silence » a débuté d’un constat : les personnes qui subissent du racisme sont isolées dans les rédactions et la question de la diversité est inexistante en France. Les chiffres le montrent, 24.2 % des répondants déclarent avoir déjà été victimes de racisme au travail. Pourtant, 80 % qui s’estiment victimes et qui l’ont déclaré, affirment ne pas avoir été soutenus.

Parmi les solutions proposées par les membres du SNJ-CGT : une charte de modération, un protocole de sécurité sur le terrain ou encore rendre public les offres d’emploi.

Sarah Costes

 

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[RÉSUMÉ] Conférence « Faire confiance à la science ? »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Faire confiance à la science ? »
Helen Lee Bouyghes présente la fondation Reboot.

Photo : Laura Blairet/EPJT

Avec Helen Lee Bouygues, présidente de la fondation Reboot, Frédéric Courant, cofondateur de l’Esprit Sorcier TV, Laurence Devillers, professeur à la Sorbonne et présidente de la fondation Blaise Pascal et Etienne Klein, physicien et producteur de l’émission « Le pourquoi du comment » sur France Culture.

Animé par Élodie Cerqueira, présidente du Club de la Presse Centre-Val de Loire.

 

 

Les enjeux

Peut-on faire confiance à la science ? Il s’agit là d’une question large, soumise à interprétation. C’est ce qui a résulté du débat du mardi 28 mars au soir. Chaque intervenant a planché sur ses propres réflexions autour de cette interrogation. C’est donc un mélange de questionnements variés qui se sont élevés dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville de Tours. Des questionnements sur la connaissance des enjeux numériques, notamment en termes d’intelligence artificielle, sur les éventuelles législations ou sources d’éducation sur le sujet et sur la place des journalistes dans ce manège.

Ce qu’ils ont dit

Helen Lee Bouygues : « On ne prend plus le temps d’apprendre aujourd’hui. Les entreprises qui nous proposent des informations le savent et jouent sur le sensationnel pour nous faire rester. »

« Ce n’est pas une question d’âge sur les réseaux sociaux mais une question des contenus qui nous sollicitent sans arrêt. C’est sur cela qu’il faut légiférer, pas sur l’âge des utilisateurs. »

« Les jeunes n’ont pas l’habitude d’avoir le temps d’apprendre et de réagir. Il faut peut-être mettre un cadre à cela pour les réseaux sociaux mais aussi pour l’éducation de manière plus générale. »

Frédéric Courant : ​« Il y a une profonde curiosité dans la science pour le public, qu’il faut qu’on respecte. »

« Il y a le problème du temps dans le journalisme, qui manque toujours. Mais il y a aussi la satisfaction d’être payé à apprendre des choses. Ce métier demande un effort intellectuel : essayer de comprendre les choses avant de raconter des histoires. Sur les chaînes d’info en continu, on invite des experts que l’on ménage souvent. Ce n’est pas la même chose. »

Laurence Devillers : ​« Il y a une émergence de comportements dans la machine [à intelligence artificielle] qui n’a rien à voir avec une émergence de conscience, mais qui répond à notre besoin d’impression de parler à quelqu’un. »

« Il faut arrêter avec cette peur des machines qui nous remplaceraient. Elles apprennent différemment de nous. Tant qu’on en aura peur on ne comprendra pas ce que sont ces objets. »

« Je remarque que 90 % des programmeurs sont des hommes et que 90 % des robots programmés ont des caractéristiques féminines. Il faut se poser la question de la représentation que l’on donne de l’humanité à travers ces machines. »

« Je m’adresse aux journalistes. ChatGPT, c’est de la parole statistique en provenance de machines sans que les sources ne soient clairement identifiées. Attention à ces usages. »

Etienne Klein : « Notre cerveau n’a pas changé depuis 20 000 ans. Nous avons développé des biais cognitifs qui nous servent à prendre des décisions face à une information. Sans ces biais cognitifs, on ne survit pas. Nous sommes passés d’un contexte historique avec peu d’informations à un contexte avec beaucoup d’informations. Parmi lesquelles des fake news. »

« Notre cerveau n’aime pas être contredit. Les algorithmes se basent là-dessus et nous enferment dans des biais de confirmation. On se retrouve bloqué dans un monde qui se répète. »

« Il y a une complète confusion entre la compétence et la militance. Le fait d’avoir un avis tranché semble dédouaner de l’obligation de s’instruire. »

« Le droit de savoir, s’il n’est pas converti en désir de connaître, est complètement stérile. »

 

 

À retenir

Faire confiance à la science, en particulier dans l’espace médiatique, est un sujet vaste et fertile de questionnements. La place des journalistes dans l’utilisation du numérique, de l’intelligence artificielle mais surtout de leur compréhension de ces enjeux est primordial. Car elle affecte directement la façon dont ils parleront de la science et de ces nouvelles technologies au grand public. Une question que chacun et chacune doit se poser, comme nous ont invité à le faire les intervenants à la fin de la conférence.

Laura Blairet

 

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[RESUME] La conférence « Urgence climatique et responsabilité des journalistes : des médias s’engagent ! »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « L’urgence climatique et la responsabilité des journalistes : des médias s’engagent ! »
Edouard Reis Carona, rédacteur en chef de Ouest-France, et Jean-Pierre Dorian, directeur de la rédaction de Sud-Ouest à la conférence  » Urgence climatique et responsabilités journalistes : des médias s’engagent ! « , mardi 28 mars. Photo : Tom Demars-Granja/EPJT

Avec Violaine CHAURAND, directrice RSE du groupe Bayard, Jean-Pierre DORIAN, directeur de la rédaction de Sud-Ouest (PQR), Vincent GIRET, directeur de l’information de Radio France, Edouard REIS CARONA, rédacteur en chef de Ouest-France.

Animé par Sidonie WATRIGANT, directrice de l’ESJ Pro.

 

Les enjeux

Les médias ont un rôle à jouer dans la perception qu’a le public du changement climatique. Ils doivent mettre à disposition de leurs lecteurs des « boîte à outils » dans laquelle ces derniers pourront trouver les réponses aux grandes questions qui se posent sur le sujet. La question climatique et la disparition de la biodiversité doivent être traiter à la hauteur des enjeux qu’elles soulèvent.

Ce qu’ils ont dit

Violaine CHAURAND : ​ « La rédaction a fait le choix d’orienter la transition écologique de pair avec la transition économique. »

Jean-Pierre DORIAN :« Aujourd’hui, les jeunes sont désintéressés de l’information. On espère que le sujet de la question climatique ramène les jeunes à l’information. »

« Les gens sont plus réceptifs. La question climatique impacte la vie des Français. On l’a identifié sur notre territoire avec notamment les incendies qui ont touchés le Sud-Ouest cet été. »

« Il s’agit aussi de balayer devant notre porte. Au sein de notre entreprise, les imprimeries, les livraisons, les déplacements de nos journalistes… tout ça a un coût énergétique. »

Vincent GIRET :« Avant, les rédacteurs en chefs se méfiaient un peu de ces thématiques-là. Le risque était de faire un journalisme militant et très idéologique. […] La difficulté est de faire du journalisme engagé sans faire du journalisme militant. »

« On est dans un contexte encore différent d’il y a deux ou trois ans. Les sujets sont remontés dans le temps d’antenne. Ce n’est plus la petite brève en fin de journal. »

 « Ça doit être un engagement systémique des entreprises. Chez nous, on travaille à diminuer les émissions carbone de l’activité des rédactions. »

Edouard REIS CARONA : « Sur le web, l’audience a été multiplié par six ou sept sur les sujets de la question climatique. Chez Ouest-France, nous ne mettons pas de pay-wall sur ces questions. Priorité à l’information. »

« Jusqu’à présent les articles qui fonctionnaient le mieux sur l’environnement c’étaient les articles sur les catastrophes naturelles. »

« Il faut qu’on décline nos sujets pour faire rentrer l’information climatique. Le travail éditorial montre que les rédactions sont en mouvement. On distille la question climatique dans tous les sujets. »

« La charte pour un journalisme au niveau de l’enjeu écologique n’est pas qu’un effet de mode. Elle est faîte pour nous permettre de nous engager pour les générations futures. La question climatique doit être inscrite dans l’ADN de l’entreprise. »

À retenir

Les Français sont demandeurs de contenus portant sur la question climatique. Les résultats d’audience sont formels : les émissions scientifiques trouvent du public, les articles web explicatifs génèrent du clic. Dans la hiérarchie éditoriale, les sujets sont remontés. Une seule brève en fin de journal ne suffit plus aux lecteurs ou aux auditeurs. Les rédactions tendent de répondre aux mieux à cette demande. Progressivement, les journalistes se forment pour traiter ces sujets à la hauteur de ce qu’ils méritent, sans être moralisateur, ni fataliste.

Jane Coville

 

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[LE RÉSUMÉ] Urgence climatique et responsabilités journalistes : la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Urgence climatique et responsabilités journalistes : la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique »

Photo : Tom DEMARS-GRANJA/EPJT

Avec Anne-Sophie NOVEL, journaliste, réalisatrice et co-autrice de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique, Steven JAMBOT, journaliste (RFI), producteur de « L’atelier des médias » et coordinateur éditorial des podcasts, Alexandre KOUCHNER, rédacteur en chef (L’ADN-Le Shift),

Animé par Sidonie WATRIGANT, directrice de l’ESJ Pro

 

 

Les enjeux

Face à un dérèglement climatique de plus en plus flagrant, les journalistes ont la responsabilité de rendre compte de la réalité de l’urgence. Alors que ces questions ont longtemps été délaissées et méprisées au sein des rédactions, certains professionnels de l’information montrent aujourd’hui leur détermination d’être à la hauteur de cet enjeu.

 

Ce qu’ils ont dit

Anne-Sophie NOVEL : ​ « L’avènement de cette charte a-t-il permis de changer certaines pratiques ? Non à 48 %. »

« On n’a pas vocation à contraindre, c’est une boussole. On est là pour éclairer un cap. »

« C’est d’avoir cette petite musique qui s’inscrit dans l’article, de comprendre que ce qu’on est en train de consulter s’inscrit dans une histoire au plus long cours. »

Steven JAMBOT : ​ « Nous n’avons pas vocation à être des donneurs de leçon. »

« On a fait ce texte pour qu’il s’inscrive sur le temps long. Lisez chacun des points du texte, ils seront valables dans 5 ans, 10 ans, etc. Ce n’est pas ancré dans l’humeur du moment. »

« Les réponses doivent être politiques et c’est aux médias et aux journalistes de pointer les errements du système dans lequel nous vivons. »

Alexandre KOUCHNER : ​« Est-ce que l’information que je suis en train de produire est alignée avec les engagements que j’ai pris ? Le fait que ça repose sur notre volonté est extrêmement fort. »

« Nous avons eu cette réflexion de ne plus dire la transition mais les transitions parce qu’elles sont écologique, économique, politique, culturelle. »

« Nous avons un rôle social à jouer, d’informer correctement et de faire comprendre ce que nous vivons. »

 

À retenir

Rendue publique le mercredi 14 septembre 2022, la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique a été conçue comme une boussole pour les professionnels de l’information. Ce texte a pour but de faire changer les mentalités et les pratiques dans le traitement journalistique du dérèglement climatique. Il a entre autres mis en exergue les systèmes économiques des médias français et la difficulté des rédactions de refuser des annonceurs. Un problème qui empêche les rédactions et les journalistes d’être en harmonie avec les engagements pris.

La charte a ouvert des débats mais n’a pas encore porté de fruits réellement visibles. Suite à un questionnaire diffusé récemment aux signataires de la charte, 48 % des répondants ont rapporté que la charte n’avait aucunement changé les pratiques.

Maylis YGRAND (EPJT)

 

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[RÉSUMÉ] Présentation du Prix l’Alerte à la Une

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Actualité des organisations syndicales : parole à la maison des lanceurs d’alerte »

Christian Dauriac, administrateur de la Maison des Lanceurs d’Alerte, présente le prix « l’Alerte à la Une ».

Photo : Laura Blairet/EPJT

Avec Christian Dauriac, administrateur de la Maison des Lanceurs d’Alerte et Dominique Pradalié, présidente de la FIJ (Fédération Internationale des Journalistes).

 

 

Les enjeux

La dernière conférence de la journée était l’occasion de présenter le nouveau prix mis en place par la Maison des Lanceurs d’Alerte : le prix « l’Alerte à la Une ». L’occasion de rappeler la nécessité de protéger les lanceurs d’alerte dans le cadre de la loi comme dans le cadre associatif.

Ce qu’ils ont dit

Christian Dauriac : « Les lanceurs d’alerte sont souvent des salariés licenciés à la suite de leur action. D’où l’importance du fond mis en place par la Maison des Lanceurs d’Alerte. »

Dominique Praladié :  « Presque toutes les grosses dernières enquêtes journalistiques, comme les LuxLeaks, ont été lancées grâce à un lanceur d’alerte. »

« Le lanceur d’alerte n’est plus perçu comme un traître ou un mouton noir. C’est ça qui a évolué. Grâce à la loi [Waserman du 21 mars 2022, qui élargit la protection des lanceurs d’alerte] mais surtout grâce à l’opinion publique. »

 

À retenir

La Maison des Lanceurs d’Alerte, cofondée par dix-sept organisations autour du journalisme, lance un nouveau prix appelé l’Alerte à la Une pour récompenser les enquêtes journalistiques.

Laura Blairet

 

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[LE RÉSUMÉ] Quelles démarches pour l’EMI dans l’espace francophone ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quelles démarches pour l’EMI dans l’espace francophone ? »

De gauche à droite, Marine Leduc, Line Pagé, Ève Beaudin et Sarah Jacquin. Photo ArnaudFischer/EPJT.

Avec Blaise Andzango (Cameroun), président d’Eduk-Média, Line Pagé (Canada), présidente du conseil d’administration du CQEMI, Ève Beaudin (Canada), journaliste au Centre québécois d’éducation aux médias (CQEMI), Patrick Verniers (Belgique), directeur du Conseil supérieur de l’éducation aux médias, Sarah Jacquin (Liban), chargée de projet à la Fondation Samir Kassir.

Animé par Marine Leduc, chargée de Projet Le Retour de Zalumée/Globe Reporters.

 

 

Les enjeux

L’éducation aux médias et à l’information (EMI) peine à s’installer véritablement dans les programmes scolaires français. Dans les pays francophones, la situation n’est pas mieux voire pire. Les invités mènent des initiatives pour le démocratiser dans des pays comme la Belgique, le Liban, le Canada ou le Cameroun.

Ce qu’ils ont dit

Line Pagé : ​ « On a de grandes ambitions avec le CQEMI, on voudrait aller beaucoup plus loin. On veut aussi devenir un carrefour des bonnes initiatives qui se font en termes d’EMI au Québec. »

« Au Québec, l’EMI est dans le programme scolaire mais n’est pas obligatoire. Chez nous, il n’y a pas eu d’événements tragiques comme en France qui ont forcé une prise de conscience à propos de l’éducation aux médias (attentats de 2015). Mais on essaie de s’y sensibiliser quand même. »

« J’ai beaucoup aimé le thème de cette édition des Assises. Je pense qu’il faut aller en classe et donner aux enfants l’envie de retrouver le goût de l’info. »

Ève Beaudin : ​ « On a développé une formation qui met en relation des journalistes avec des écoles. Il faut jumeler les journalistes avec des régions, le Québec étant vraiment très grand. On explique aux jeunes comment fonctionne le journalisme. Il y en a beaucoup qui pensent n’importe quoi. Il y a pas mal de choses à démystifier. C’est hyper important pour nous d’envoyer des journalistes dans les classes, auprès des jeunes. »

« 95% de notre financement vient de subventions gouvernementales. Et tout ça fonctionne grâce à énormément de bénévolat. »

Sarah Jacquin : ​ « On remarque que la jeunesse est délaissée. Il faut savoir que l’EMI au Liban n’est qu’un onglet dans l’éducation civique. Ça ne reflète pas du tout le paysage médiatique actuel au Liban et dans le monde. On a donc décidé d’intervenir. On fait des ateliers pour sensibiliser les élèves de 13 à 15 ans à la désinformation avec le support du manga. Il est important de s’adapter à un langage qu’ils comprennent. C’est interactif. »

« L’EMI n’est ni une préoccupation ni une priorité au niveau étatique (au Liban). Les écoles privées sont plus réceptives à cette discipline. Mais ça reste toutefois secondaire. On ne peut pas facilement intervenir dans les écoles publiques parce qu’il faut l’aval du gouvernement. Pourtant, c’est important d’investir dans la jeunesse. On compte sur les futures générations pour défricher l’aspect social de la société libanaise. »

Blaise Pascal Andzango : ​« Eduk-Media a pour but de travailler sur l’esprit critique des jeunes. Notre association est née dans un contexte de crise sécuritaire au Cameroun. Ça a nécessité d’engager des activités de sensibilisation aux médias auprès des populations. Il faut savoir que les actions EMI au Cameroun ne sont pas très nombreuses pour l’instant. »

« Au Cameroun, le gouvernement ne prend pas l’éducation aux médias au sérieux. Ça n’est même pas inscrit au programme scolaire. Ce sont les ONG, les associations et la société civile qui s’y intéressent le plus. Nous avons la chance d’avoir quelques associations internationales comme l’OIF pour mener des activités d’éducation aux médias. Je profite de cette occasion pour appeler à une solidarité internationale. »

« Au Cameroun, l’EMI se finance à 90% par des fonds étrangers. »

Patrick Verniers : ​ « Le conseil supérieur de l’éducation aux médias en Belgique est une toute petite équipe. On a des représentants académiques, de l’enseignement, pas que du monde médiatique. Notre objectif est de développer l’éducation aux médias dans l’enseignement, notamment via des financements. On s’assure que l’EMI prenne une place importante dans les programmes scolaires. »

« Ça fait 20 ans qu’il y a des initiatives pour l’EMI en Belgique. Pourtant, je peux vous dire que sur le terrain, on entend beaucoup de discours qui disent qu’on en fait pas assez. »

« En Belgique ce sont des financements essentiellement publics. On est accompagné par le gouvernement. Depuis trois ans, on bénéficie d’une augmentation des financements pour l’EMI de 60 à 70%. »

À retenir

Dans les pays francophones, la situation de l’EMI est très différente. Dans des pays comme le Cameroun et le Liban, il n’y a aucune aide du gouvernement et l’EMI est loin d’être une priorité. En revanche, dans d’autres pays comme le Canada et la Belgique, les mesures prises sont importantes et l’EMI fait partie d’une vraie politique gouvernementale. Mais les acteurs de ces sociétés crient toujours au manque d’investissement. Il faudrait en faire plus.

Arnaud Fischer (EPJT)

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Urgence climatique et responsabilité journalistique : des médias s’engagent

Photo : Tom Demars Granja/EPJT

Avec Violaine CHAURAND, directrice RSE du groupe Bayard, Jean-Pierre DORIAN, directeur de la rédaction de Sud-Ouest (PQR), Vincent GIRET, directeur de l’information de Radio France, Edouard REIS CARONA, rédacteur en chef de Ouest-France.
Animée par Sidonie WATRIGANT, directrice de l’ESJ Pro.

 

La rencontre a débuté par la question de l’adaptation des rédactions face à l’urgence écologique. Les journalistes ont répondu un à un à cette question, prenant soin de développer la prise de conscience ainsi que les méthodes d’actions.

Vincent Giret a répondu que « la loi n’était pas assez armée pour traiter le sujet ». Il a ressenti le besoin de former ses équipes et de les enrichir en connaissances pour gagner en crédibilité. Il a notamment mis en place un plan de formation pour les journalistes et les chargés de programme ainsi que des master class tous les trois mois.

Edouard Reis Cardona a pour sa part démontré la complexité du sujet. Il a ajouté que la crise démocratique que vit le pays a accentué la demande du public de parler des sujets souvent mis sous le tapis par les politiques. Le public ressent le besoin de se sentir impliqué dans l’écologie.

C’est sur ce point que Violaine Chaurand rebondit pour expliquer l’influence des lecteurs dans la prise de décisions. Elle partage que le groupe Bayard rend accessible le sujet de l’écologie afin de ramener la population vers l’information. Une opinion partagée par tous les journalistes intervenants.

Les clés pour comprendre et pour agir

Tous expliquent avoir repensé à leur manière de travailler, de l’impression à la distribution. Ils citent leurs nouveaux moyens de transmission tels que les podcasts ou les formats numériques. Ils se sont entourés de professionnels de l’écologie comme les comités scientifiques pour pouvoir renseigner les lecteurs.

Violaine Chaurand qualifie ce travail de « journalisme de solution ». Le but est, selon elle, « de donner les clés pour comprendre le monde et pour agir ».

La censure de la part des rédactions a été évoqué. Selon Jean-Pierre Dorian, ce n’est pas courant d’être censuré. Le chemin est long pour trouver des solutions et ce qui compte vraiment est de lier les actes aux propos. Il continue en affirmant que c’est un travail de fond et que la charte « n’est pas un effet de mode mais sert pour s’engager sur le long terme ».

La question d’une transition globale est spontanément venue dans le débat. Elle a soulevé des questions autour de la décarbonisation d’une activité, de l’impact sur les lecteurs ou encore de l’équilibre économique d’une entreprise.

Vincent Giret a glissé qu’il s’agissait d’un enjeu systémique pour les entreprises et que des critères d’évaluation avaient été mis en place afin de faire un point sur les avancées chaque année.

Enfin, la conférence s’est terminée sur la méfiance des rédacteurs en chef envers ces sujets à la fois politique et sociaux. Jean-Pierre Dorian a pris le temps d’expliquer que l’écologie était un sujet à risque de militantisme. Il a défini la différence entre militantisme et engagement de la part des médias. Il a particulièrement insisté sur le fait que le « rôle des médias est d’éveiller les consciences et non pas d’arbitrer les choix ». Il a conclu que l’écologie est un thème de vie et que c’est un enjeu pour les générations futures.

Faustine Delahaie/MRI

[LE RÉSUMÉ] Quelle représentation des communautés queer ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quelle représentation des communautés queer ? »

Photo : Maëva Dumas/EPJT

Avec Eline Casse , journaliste chez Radio Parleur et membre de l’AJL ( Association des journalistes LGBT), Lauriane Nicol, fondatrice de Lesbien Raisonnable, Christophe Martet, directeur de rédaction de Komitid et Marie Kirschen, journaliste indépendante et rédactrice en chef chez WellWellWell.

Animée par Mélisse Wyckhuyse, journaliste pour la Méridienne sur Radio Campus Tours, et Audrey Lecomte, co-animatrice de la quotidienne Sortez.

Les enjeux

Les communautés queer sont généralement représentées dans les médias à travers certains sujets. Chemsex, transition, mariage pour tous… les thématiques abordées se ressemblent et catégorisent les communautés à une image bien définie. Celle-ci peut être parfois connotée et discriminante. Face à cette situation, des changements sont nécessaires au sein des rédactions pour offrir une meilleure représentation des communautés queer plus proche de la réalité.

Ce qu’ils ont dit

Lauriane Nicol : «  C’est important d’apporter de la légèreté. Je ne sais pas si ça fait partie de notre militantisme mais c’est important le divertissement. On réduit trop les communautés queer à des sujets graves ou sérieux. »

Christophe Martet : « En général, les images utilisées pour représenter les communautés queer sont problématiques. Ce sont souvent des clichés lisses tirées de banques d’images ou des photos de la Pride où l’on voit des personnes dans des cadres spectaculaires. Rien à voir avec la réalité. »

Marie Kirschen : « Souvent, les journalistes envoient des questions aux associations queer qui n’ont pas lieu d’être. Évidemment, les réponses qu’ils reçoivent sont abruptes. Ce n’est pas un terrain neutre, les interlocuteurs ont des attentes et à juste titre. »

Elin Casse : « Je travaille pour un média indépendant mais ça ne paie pas assez donc je vais devoir me tourner vers des médias généralistes. C’est un choix que je fais à contre-coeur quand on connait la façon dont ils abordent les sujets autour des communautés LGBTQI+ . »

 

À retenir

Les médias traditionnels doivent sensibiliser leurs rédactions à la réalité des communautés queer. Le vocabulaire employé, les images mises en avant, les sujets abordés, une réflexion est nécessaire autour de ces thématiques pour arrêter de transmettre des représentations trop connotées. 

Maëva Dumas (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Diversités dans les rédactions : les RH s’engagent avec La Chance

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Diversités dans les rédactions : les RH s’engagent avec la chance »

Le programme égalité 360 permet, depuis deux ans, de « renouveler les talents ». Photo : Manon Louvet/EPJT

Avec Morgan Bak, adjointe auprès de la DRH au groupe Le Monde et l’ObsEmmanuelle Baugartner, directrice adjointe en charge des politiques Egalité, Diversité et Handicap à Radio FranceYousra Gouja, journaliste pigiste La Chance à la diversité et Maxime Lefebure, chargé de mission RH à Médiapart.

Animé par Yassine Khiri, journaliste AFP et bénévole de La Chance

 

 

Les enjeux

Un constat : les discriminations à l’embauche ne cessent de croître envers les personnes racisées. Les directeurs et directrices des ressources humaines s’engagent  pour davantage de diversité et de transparence dans les rédactions avec La Chance. Une association dont l’objectif est de diversifier les profils. 

Ce qu’ils ont dit

Morgane BAK : « Il faut sensibiliser et former les journalistes. Donner les clés pour recruter sans discrimination. »

« Le réseau La Chance nous permet d’être en contact avec des candidats qui n’accèdent pas à certaines rédactions. »

Emmanuelle BAUMGARTNER : « Je pense que la diversité vient également des origines sociales. »

« La transparence vient d’abord de la composition du jury lors des recrutements. »

Yousra GOUJA : « Il faut qu’il y ait plus de regards différents pour que la population ait davantage confiance aux médias. »

Maxime LEFEBURE : « Nous devons détacher diversité et enjeux commerciaux. »

 

À retenir

Le réseau des RH, né il y a à peine un an, permet d’échanger sur les contraintes et les difficultés au sein des rédactions. A l’initiative du projet, Maxime Lefebure, chargé de mission RH à Médiapart, a pour but de développer la transparence et la diversité dans les médias.

Le réseau des RH de rédactions telles que le groupe Le Monde/l’OBS et Radio France, s’engage afin de soutenir La Chance dans ses actions. Parmi elles : une formation antidiscriminations, la création d’une commission des diversités, une publication des offres d’emploi, ou encore un guide de la pige.

Mais les intervenants le certifient : il existe encore une marge importante pour diversifier les recrutements.

Sarah Costes et Manon Louvet

 

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[LE RÉSUMÉ] Présentation de « vu des quartiers » : suivez le guide !

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Présentation de « vu des quartiers » suivez le guide ! »

De gauche à droite, Michel Dumoret, Maxime Daridan, Manon Meye, Antoine Ly et Maryam El Hamouchi. Conférence sur l’outil « vu des quartiers », aux Assises de Tours, le 28 mars 2023.​ Photo : ArnaudFischer/EPJT.

Avec Maxime Daridan, secrétaire général de BFM TV, Michel Dumoret, directeur en charge de la lutte contre la désinformation France Télévisions, Maryam El Hamouchi, journaliste au pôle enquête et reportage à l’AFP et Antoine Ly, délégué éditorial Radio France en charge de la diversité et de l’égalité des chances.

Animé par Manon Meye, créatrice de contenu au Groupe Cerise.

 

 

Les enjeux

Il est reproché aux journalistes de ne pas assez parler des banlieues et, quand c’est le cas, c’est pour en parler en mal : violences, pauvreté etc. Face à ce constat, BFM TV en collaboration avec l’association des maires Ville&Banlieue a créé « Vu des Quartiers », un annuaire qui met en valeur les contacts d’habitants et d’acteurs des quartiers prioritaires qui veulent échanger avec la presse et raconter ce qui se passe chez eux. L’objectif est de parler plus justement et de façon plus équilibrée de ce qui se passe dans les quartiers.

 

Ce qu’ils ont dit

Maxime Daridan : ​ « ‘Vu des quartiers’ est un annuaire de contact de quartiers prioritaires. On n’est absolument pas sur une question d’expertise. Vous venez d’un quartier, venez ! C’est simplement un outil mis à disposition. »

« Il faut que l’on arrive à faire que les habitants des quartiers soient comme tout le monde : dans un traitement banal de l’actu. »

« ‘Vu des quartiers’ est juste un outil. Après ça dépend de ce qu’en font les gens. Je suis convaincu que ça peut marcher, parce que c’est un outil simple. Mais ça s’inscrit dans un écosystème qui ne se suffit pas à lui-même. Il va falloir que tout le monde s’investisse. »

« Dans le règlement intérieur on a listé les règles du jeu. Il ne faut pas tricher. Ceux qui s’inscrivent, les habitants des quartiers et les journalistes, s’engagent à être honnêtes. Le but de l’outil n’est pas de parler des quartiers en bien. C’est de rétablir un équilibre sur le traitement que l’on en fait. »

« On a essayé de recenser au maximum les quartiers hors Île-de-France. On s’intéresse aussi aux quartiers des département d’Outre-mer (DOM). C’est d’ailleurs un double défi parce-que le traitement des DOM en tant que tel est déjà insuffisant. »

Michel Dumoret : ​ « Quand on va dans ces cités ou quartiers prioritaires, on n’est pas les bienvenus. On nous reproche d’être très loin de ces gens, de leurs préoccupations. Je pense que cet outil va nous permettre de décloisonner cette relation. À France TV, notre objectif est de montrer la France telle qu’elle est. Ces gens en font partie. Or, ils n’ont pas beaucoup de place dans l’actualité. Si cet annuaire peut permettre de susciter des vocations dans nos rédactions, j’en serais très heureux. »

« Il faut être optimiste. Dans les médias, il y a de plus en plus de visages, de noms qui montrent la diversité. Il y a aussi des bourses dans la formation, etc. »

Maryam El Hamouchi : ​ « Je ne trouve pas que ce soit difficile de travailler en banlieue. La critique que je peux faire c’est que, très souvent, les journalistes parisiens passent le périph’ quand ça va mal. »

« Rien ne remplace le terrain. Il faut aller sur place pour voir ce qu’il se passe. Ne pas se contenter d’un coup de téléphone. »

Antoine Ly : ​ « C’est compliqué de filmer en banlieue. La plupart des journalistes n’ont pas les clés de ce que sont les banlieues. ‘Vu des quartiers’ permet d’avoir un annuaire dans lequel des contacts sont volontaires pour parler. Ça a aussi l’avantage de multiplier les sources. Ça permet d’avoir une image très concrète des banlieues. C’est ce qui nous intéresse à Radio France. »

« On a créé cet annuaire pour que ceux qui veulent parler soient des volontaires. C’est important. Ce sont des personnes qui ont envie de se réapproprier leur histoire. Si cet outil peut permettre de rétablir un gage de vérité, cet un outil précieux. »

« Le journaliste doit toujours avoir du recul, un œil critique. Il ne doit pas juste appeler et tendre un micro. Quand on appelle un contact de l’annuaire, on le teste, on essaie de voir s’il veut nous balader. »

« J’ai des collègues reporters de guerre qui m’ont dit « je préfère aller en Irak ou en Afghanistan qu’en banlieue ». C’est hallucinant. On se doit donc de rétablir une confiance chez les journalistes et les habitants pour démocratiser le traitement du quotidien en banlieues. On y croit à Radio France. »

À retenir

Le traitement médiatique du quotidien des habitants des banlieues n’est pas le reflet de ce qu’ils vivent. Et on ne parle que rarement d’eux, sauf quand ça va mal. Avec l’outil ‘Vu des quartiers’, l’objectif est de rétablir une certaine confiance entre journalistes et habitants des banlieues pour pouvoir résoudre ce problème. Leur laisser prendre la parole est la meilleure manière de faire.

Arnaud Fischer (EPJT)

 

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[LE RÉSUMÉ] Migrations : regards des voisins de l’Union européenne et du Sénégal sur leur traitement journalistique

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Migrations : regards des voisins de l’Union européenne et du Sénégal sur leur traitement  journalistique »
Photo : Elise Bellot / EPJT

Avec Hussam HAMMOUD, journaliste syrien et source de révélations très sensibles sur l’Etat islamique (EI) pour plusieurs médias internationaux ces dernières années ; Dodie KHARKHELI (Géorgie), responsable de la stratégie du site On.ge ;  Manar RACHWANI (Syrie), journaliste en exil ; Codou LOUM (Sénégal), journaliste chez Oxyjeunes Fm.

Animé par Ricardo GUTIERREZ (Belgique), secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ).

Les enjeux

Entre l’Europe et l’Afrique se pose notamment la question des migrations, symbolisée par Frontex, le dispositif qui protège l’Europe des flux migratoires. Comment les journalistes africains voient-ils la couverture médiatique des journalistes européens sur la question de migration ?

Ce qu’ils ont dit

Houssem Hammoud.« J’ai été fixeur avant de devenir journaliste. J’ai fait des études d’ingénierie et je n’avais jamais pensé à devenir journaliste. Ce sont les circonstances d’une guerre qui ont décidé de mon métier. »

« Je suis toujours sous la menace de l’EI. Mais la probabilité qu’on me tue diminue au fur et à mesure que je m’éloigne de la Syrie. »

« Si j’ai pu avoir ce visa humanitaire pour pouvoir regagner le sol français, c’est grâce au soutien de la profession. »

Dodie Kharkheli.« Il faut faire un zoom arrière pour regarder au-delà de la frontière de son pays. »

« Les médias sont appelés à avoir plus de communication entre eux. »

« Sous le flux énorme des infos, le journaliste est toujours confronté à une deadline précise. Il est dans une course interminable et il n’a pas souvent le temps de creuser encore plus un sujet. »

Manar Rachwani. « Quand on évoque le traitement journalistique de la migration en Europe, il faut rappeler que l’Europe est composé de plusieurs pays et dans un seul pays, on peut trouver des partis de gauche et des partis de droite. »

« Quel est le récit qui prédomine ? Les migrants ou refugiés sont qualifiés de victimes par certains médias et sont une menace pour d’autres. »

Codou Loum.  « Couvrir le sujet de la migration m’a permis de comprendre beaucoup de choses en tant que journaliste. »

« Le déclic est venu un jour en présentant l’actualité à la radio où je travaille. J’ai repris aveuglement une expression discriminatoire qui qualifiait à l’époque mon peuple et ce en lisant une dépêche internationale. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de bien choisir la terminologie en m’adressant à mes auditeurs. »

 

À retenir

La vision d’un journaliste dépend aussi de la rive sur laquelle il se trouve. L’équilibre est difficile à trouver pour proposer une couverture juste qui relate les événements tels qu’ils sont, sans être influencé par les discours officiels.  

Lina Kamoun (EPJT)

 

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[LE RÉSUMÉ] Comment se prémunir de la menace cyber en tant que journaliste ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Comment se prémunir de la menace cyber en tant que journaliste ? »

Baptiste Robert est recruté par les entreprises pour détecter les failles de leurs systèmes informatiques, on l’appelle le « hacker éthique ». Photo : Elise Bellot/EPJT

Animé par Baptiste Robert, directeur de Predicta Lab.

Les enjeux

À l’ère du tout numérique, il est primordial de protéger ses données personnelles et de veiller à ce que nous publions sur internet. Pour les journalistes, les enjeux sont d’autant plus importants qu’ils peuvent parfois être en possession de données sensibles et être la cible de personnes malveillantes.

Ce qu’il a dit

Baptiste Robert : ​ « La cyber sécurité est un état d’esprit, nous devons adopter des réflexes de tous les jours pour se protéger. »

« Il faut veiller à ce que tous les appareils que nous utilisons soient sécurisés. »

À retenir

Baptiste Robert, expert en cyber sécurité, insiste sur l’importance pour les journalistes de sécuriser leurs données. Sur les réseaux sociaux, certains comportements sont à bannir pour se protéger : publier les photos de ses voyages, donner des informations sur sa géolocalisation, ses proches ou ses habitudes… Ces informations peuvent permettre à des personnes malintentionnées de suivre notre trace et d’en faire un usage malveillant. Il déconseille également de scanner les QR codes, qui peuvent être infectés par des virus, ainsi que l’utilisation de sites de transferts de données comme We Transfer. 

Pour se prémunir des risques, l’expert en cybersécurité conseille de se créer une fausse identité sur Internet et de la changer régulièrement. Utiliser des logiciels de cryptage de données (Veracrypt…) et un VPN (Proton…) est selon lui primordial, d’autant plus lorsque le journaliste travaille sur des sujets d’investigation.

Elise Bellot (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Quel rôle pour les journalistes dans l’éducation aux médias et à l’information (EMI) ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quel rôle pour les journalistes dans l’éducation aux médias et à l’information (EMI) ? »

Gilles Milecan, Juliane Von Reppert-Bismarck, Patrick Verniers et Nicoleta Fotiade se retrouvaient ce vendredi 25 novembre aux assises européennes du journalisme à Bruxelles pour parler d’éducation aux médias. 

Photo : Charles Bury/EPJT

Avec Gilles Millecan (Belgique), chargé du projet « journalism in the classroom » pour l’association des journalistes professionnels (AJP) ; Patrick Verniers (Belgique), directeur du Conseil supérieur de l’éducation aux médias (CSEM) ; Julianne Von Reppert-Bismarck (Allemagne), fondatrice de Lie Detectors.

Animé par Nicoleta Fotiade (Roumanie), chercheuse chez Médiawise Society.

 

 

Les enjeux

Les réseaux sociaux sont souvent la source privilégiée des jeunes pour s’informer. Mais sur ces plateformes, les sources, le traitement journalistique et la véracité des informations ne sont pas toujours respectés. L’éducation aux médias semble être la solution pour aider les jeunes à comprendre les enjeux d’une information de qualité. Et les journalistes professionnels ont un rôle à jouer dans cet apprentissage. 

Ce qu’ils ont dit

Juliane Von Reppert-Bismarck. ​ « Nous formons des journalistes pour leur apprendre à parler avec des enfants de 10 à 15 ans. »

« Il faut que les journalistes soient justes. Qu’ils puissent expliquer les problèmes qui se posent à eux pour que les enfants comprennent ce métier. Il faut qu’ils comprennent pourquoi les journalistes peuvent faire des erreurs. »

« Avec ces ateliers, les journalistes ont l’occasion de rallumer une flamme éteinte depuis longtemps. Mais ces journalistes ont un travail. Il faut que les enseignants puissent eux aussi faire de l’éducation aux médias. »

Gilles Milecan. ​ « Les enfant ont plein de questions, c’est la première fois qu’ils voient des journalistes. La première concerne notre salaire. Et lorsqu’on leur dit combien on gagne, ils nous rangent du côté de leurs parents, et non plus comme une sorte d’élite. »

« Aujourd’hui, tout le monde est un média. Le journaliste, lui, est un professionnel des médias. Il traite journalistiquement l’information. L’apprendre aux jeunes, c’est leur apprendre à appréhender les médias auxquels ils sont exposés quotidiennement. »

« On tente d’expliquer que le processus de confection d’une information doit être respecté. C’est de cette manière qu’on produit une bonne information. La manière dont on travaille est garante d’un bon travail journalistique. »

Patrick Verniers. ​ « L’éducation aux médias est une question de longue haleine, cela prend du temps. Il faut y intégrer les professionnels du journalisme. Heureusement, les journalistes participent à ces ateliers. »

« L’éducation aux médias est sous-financée par les fonds publics en Belgique car cela fait partie du système éducatif. »

« Il n’y a pas qu’un seul modèle d’éducation aux médias. Le professeur peut être impliqué, ou pas du tout. Mais le journaliste ne peut pas remplacer l’enseignant, il doit rester à sa place. »

« On demande à ce que l’atelier ne soit pas du marketing. Nous ne sommes pas là pour faire la promotion d’un média chez les enfants. »

À retenir

L’éducation aux médias doit être un apprentissage essentiel, tout comme la lecture et l’écriture, dans une époque où l’information inonde les réseaux sociaux. Mais ces ateliers doivent être encore mieux pensés. L’objectif est d’offrir des clés pour comprendre l’information. 

Charles Bury (EPJT) et Pauline De Briey (Ihecs)

 

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[LE RÉSUMÉ] Cyberharcèlement : quel outils ? quelles stratégies ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Cyberharcèlement : quels outils ? Quelles stratégies ? »

Photo : Sarah Chevalier/EPJT

Avec Martine SIMONIS (Belgique), secrétaire générale de l’Association des Journalistes Professionnels (AJP) et Me Benjamine BOVY (Belgique), avocate au barreau de Bruxelles.

Animé par Elodie VIALL, consultante pour PEN America.

 

 

Les enjeux

Au sein des rédactions ou en ligne, les femmes journalistes sont en première ligne face au harcèlement. Avec le développement des réseaux sociaux, le phénomène se développe. Il peut prendre des formes différentes et les rédactions ont parfois du mal à percevoir son ampleur. Discours haineux, messages directs, usurpation ou diffusion d’images intimes, 73% des femmes journalistes ont déjà été confrontées au cyberharcèlement. Cela peut les amener à de l’autocensure ou jusqu’à quitter la profession.

Ce qu’ils ont dit

Benjamine Bovy : ​« On a tous une responsabilité en ligne mais ça demande du courage. »

Elodie Vialle : ​« On ne peut pas empêcher le cyberharcèlement mais on peut s’y préparer. »

« Quand on pense politique éditoriale, il est important d’envisager le cyberharcèlement que cela pourrait entrainer. »

Martine Simonis :​ « Les entreprises de médias ont mis peu de choses en place sur ces violences en ligne. »

« Les directions ne voient en général aucun problème de harcèlement dans leurs salles de rédaction. » 

À retenir

Il est important, en tant que victime, de ne pas rester passif. Les journalistes cyberharcelées doivent, dans la mesure du possible, constituer des dossiers de preuves. Les rédactions doivent elle prendre conscience de l’ampleur du phénomène et prendre des dispositions. Les témoins de cyberharcèlement ont également un rôle à jouer : ils doivent agir en signalant les propos sur les réseaux sociaux.

Marine Bernon (Ihecs) Sarah Chevalier (EPJT)

 

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[LE RÉSUMÉ] Le Media Freedom Act : une avancée pour le journalisme en Europe ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le Media Freedom Act : une avancée pour le journalisme en Europe ? »

Discussion autour du Media Freedom Act

Photo : Loriana Candela/IHECS

Avec Anahi Vila (Belgique), directrice des Affaires européennes, CSA présidant l’ERGA, Liz Corbin (Royaume-Uni), directrice éditoriale de l’Union européenne de Radio-télévision (UER), Marie FRENAY, membre du cabinet de la vice-présidente Věra JOUROVÁ et Maja Sever (Croatie), présidente de la Fédération Européenne des Journalistes (FEJ)

Animé par Clothilde Goujard, journaliste pour Politico.eu,

 

 

Les enjeux

Le Media Freedom Act est un règlement introduit par la Commission européenne et qui vise à limiter l’interférence politique des Etats membres dans les pratiques journalistiques. Le but est d’instaurer des standards communs en Europe. Encore en discussion, les mesures de ce texte posent question, notamment quant à leur profondeur et leur efficacité.

Ce qu’ils ont dit

Marie Frenay : ​ « Il y a déjà beaucoup de lois qui visent à encadrer les plateformes et réglementer leur pouvoir. Le Media Freedom Act s’appuie dessus avec des mesures complémentaires. »

« On a essayé de trouver l’équilibre pour répondre à des problèmes et assurer qu’on respecte les spécificités de certains Etats membres. »

Anahi Vila : ​ « On considère qu’un socle commun est essentiel mais il ne faut pas aller trop loin. Les systèmes qui fonctionnent ne doivent pas être diminués. »

« S’il n’y a pas de sanction à la clé, on se demande quelle est la valeur ajoutée finale. »

Maja Sever : ​ « Il est nécessaire d’établir des règles claires plutôt que de simples recommandations. »

« Nous pensons que construire l’indépendance est la chose la plus importante pour les États. »

Liz Corbin : « Nous pensons que les grosses plateformes sont largement incontrôlées et très puissantes. »

« L’érosion de la confiance dans les journalistes et les médias doit inquiéter tout le monde, pas seulement le service public. »

À retenir

Le Media Freedom Act est un texte ambitieux et historique. Avec lui, la Commission européenne espère instaurer des règles communes aux pays membres en matière de liberté de la presse. Elle est le résultat d’une analyse annuelle et d’un diagnostic décevant concernant l’indépendance de la presse en Europe. Son but est de répondre à différents problèmes rencontrés par les journalistes en Europe grâce à un règlement directement applicable pour tous les pays membres. En outre, des recommandations sont soumises aux États qui sont libres de les appliquer à leur manière.

Reste que l’efficacité de ce texte pose question. Beaucoup lui reprochent de ne pas aller assez loin dans ses mesures et dans les sanctions prévues en cas de non-respect.

Loriana Candela (Ihecs)

[SUMMARY] The Media Freedom Act : a step forward for journalism in Europe?

A breakdown of the key points from: « The Media Freedom Act: a step forward for journalism in Europe? »

Discussion autour du Media Freedom Act

Picture : Loriana Candela/IHECS

With Anahi Vila (Belgium), Director for European Affairs for regulator of the French Community of Belgium currently presiding ERGA, Liz Corbin (United Kingdom), Head of news at EBU, Marie Frenay, member of the vice-president Vĕra Jourová office, Maja Sever (Croatia), President of the European Federation of Journalists (EFJ).

Moderated by Clothilde Goujard, journalist at Politico.eu.

 

 

The issues

The Media Freedom Act is a European Commission project under construction. One of its core aims is to prevent political interference in journalism within member states. Implementing common working standards across Europe is also key to the legislation. The text, still under debate, is far from being adopted unanimously- while many journalists and professional bodies support the move, some argue that the measures don’t go far enough.

The quotes

Marie Frenay: « Laws regulating media platforms already exist – the Media Freedom Act aims to bring complementary measures to such legislation.

« We are trying to find a balance to solve the issues and be sure the specificities of some countries are respected. »

Anahi Vila: « We think a common base is needed but it can’t be too restrivtive. If something already works, it doesn’t have to be changed.

« In terms of sanctions [for breaches of existing legislation], one can indeed question whether they are efficient and go far enough. »

Maja Sever: « For such legislation to really work, we should establish clear rules of conduct instead of just recommendations.

« We think that building and ensuring independence of media is the most important goal for member states. »

Liz Corbin: « Technology platforms are largely unregulated and incredibly powerful. »

« The erosion of public trust in journalists and in the media in general should be a key concern for everybody, not just the public service. »

The takeaways

The Media Freedom Act is an ambitious and historical piece of legislation. The European Commission hopes to forge a common working basis for journalism and the media in terms of freedom and independence across memeber states. It aims to solve various problems encountered by journalists in Europe through the tool of regulation. Moreover, a further package of recommendations can be implemented as EU-states see fit.

That said, being able to efficiently implement the Media Freedom Act raises legitimate questions. Some people think the measures don’t go far enough, such as in terms of sanctions in the case of non-respect of the regulation.

Loriana Candela (IHECS)

 

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[LE RÉSUMÉ] Quels enjeux pour le service public au service de l’information en Europe ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quels enjeux pour le service public au service de l’information en Europe ? »

Photo : Elise Bellot/EPJT

Avec Helena MILINKOVIC (Slovénie), journaliste pour RTV Slovenija, Jean-Pierre JACQMIN (Belgique), directeur de l’information de la RTBF, Lucie SYKOROVA (République Tchèque), journaliste indépendante et présidente du conseil de surveillance de European Center for Media Freedom (ECMF) et Marius DRAGOMIR, directeur du Center for Media, Data and Society.

Animé par Marie-Laure AUGRY, vice-présidente de Journalisme et citoyenneté.

 

 

Les enjeux

L’indépendance journalistique et éditoriale vis-à-vis des gouvernements, et plus particulièrement ceux à tendance populiste, est de plus en plus mise à mal en Europe. En Slovénie, les journalistes militent par exemple pour leurs droits depuis plus de 6 mois. Si l’on ajoute cela au débat sur l’émergence des médias privés, on obtient les enjeux majeurs abordés lors de la conférence.

Ce qu’ils ont dit

Marius Dragomir : ​ « Il faut s’interroger sur les enjeux et sur comment empêcher le contrôle des Etats sur le service public. Le plus gros problème, c’est le manque d’indépendance, avec des disparités entre les médias de l’Est et de l’Ouest.  »

Helena Milinkovic : « Nous avons fait face à la censure et à la propagande. Plus de 40 collègues ont quitté la chaîne. La raison : la direction de RTV a supprimé la plupart des programmes d’information. »

« Nous pouvons gagner cette bataille seulement si nous avons le public à nos côtés. »

Lucie Sykorova : ​ « J’ai peur de ce qui va se passer. Nous faisons face aux mêmes défis. »

« Nous avons besoin de bonnes conditions pour les médias de service public. En Pologne et en République tchèque, les médias publics sont la principale cible des gouvernements qui veulent mettre la main dessus. »

Jean-Pierre Jacqmin : ​ « Les problèmes des autres [les médias de l’Est, NDLR] seront les nôtres un jour. »

« C’est quoi un média de service public ? C’est un média qui parvient à s’adresser à tout le monde. Mais c’est très difficile. »

 

À retenir

L’enjeu de l’indépendance de la presse est crucial, notamment dans certains pays de l’Europe de l’est. La Slovénie subit de plein fouet cette menace puisque depuis l’arrivée de parti SDS au pouvoir, les journalistes connaissent des ingérences au quotidien et certains ont démissionné de leur rédaction. En République tchèque, la situation n’est pas encore aussi grave mais les journalistes craignent l’accès au pouvoir de mouvements populistes.

L’enjeu de l’émergence des médias privés n’est pas, selon Jean Pierre Jacqmin, une menace pour le service public. Il faudrait plutôt veiller à collaborer et à donner la voix à tout le monde. Des lois communes doivent tout de même régir les médias privés et publics afin de proposer un contenu correct et de qualité.

Alexane Clochet (EPJT) et Delphine Grote (Ihecs)

[SUMMARY] The challenges for public service information in Europe

A breakdown of the key points from: »The challenges for public service information in Europe »

Photo : Elise Bellot/EPJT

With Helena MILINKOVIC (Slovenia), RTV Slovenija journalist, Jean-Pierre JACQMIN (Belgium), news director of RTBF, Lucie SYKOROVA (Czech Republic), independent journalist and President of the Supervisory Board of European Center for Media Freedom (ECMF) and Marius DRAGOMIR, Director of the Center for Media, Data and Society.

Moderated by Marie-Laure AUGRY, vice-president of Journalisme et citoyenneté.

 

THE ISSUES

Journalistic and editorial independence from government, especially where populist tendencies are at play, has become increasingly complicated in Europe. For instance, in Slovenia, journalists have been campaigning for their rights for more than six months. The debate then shifts onto the emergence of private media alongside the public arena – another challenge for public service broadcasting.

THE QUOTES

Marius Dragomir: « We need to think about the stakes and how to prevent state control over public service journalism. The biggest problem is the lack of editorial independence, with notable disparities between media in eastern and western Europe. »

Helena Milinkovic: « Irrespective of the challenges of censorship and propaganda, more than 40 colleagues have left the station due to RTV management cutting most news content.

« We can win this fight, but only if we have the general public by our side. »

Lucie Sykorova: « I am afraid of what might happen.

« We need a solid working basis for public service media. In Poland and the Czech Republic, public service media is the main target of governement seeking to gain control. »

Jean-Pierre Jacqmin: « The problems of other [eastern European public media productions] will one day be ours.

« What is public service broadcasting? It’s a form of jorunalism that can be reached by everyone. »

 

THE TAKEAWAYS

The issue of press independence is the most serious of issues. Gravely threatened in some countries of eastern Europe, it is not said that western Europe, seemingly protected today, will be spared. One need only look at Slovenia where journalists have been subjected to high levels of government interference, or the Czech Republic where the fear of the rise of populism leads discussions.

According to Jean Pierre Jacquemin, the emergence of private media is not a threat to public service but we should make sure that we work together to ensure the adopting of common laws to govern both private and public media in their provision of quality content.

Delphine Grote (IHECS) Alexane Clochet (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Le dessin de presse face aux enjeux du numérique : quelles protections pour ses auteurs et ses autrices ? »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le dessin de presse face aux enjeux du numérique : Quelles protections pour ses auteurs et ses autrices ? »

Kak, Audrey Adam, Ricardo Gutierrez et Maria Arena (de gauche à droite). Photo : Guillaume Bosmans/Ihecs

Avec Audrey Adam (Belgique), avocate et professeure invitée en droit des médias ; Maria Arena (Belgique), présidente de la sous-commission des Droits de l’homme du Parlement européen ; Izel (Turquie), dessinateur de presse et écrivain et Kak (France), dessinateur de presse et président de Cartooning for Peace.

Animé par Ricardo Gutierrez (Belgique), secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ).

Les enjeux

Le dessin de presse s’exprimait traditionnellement dans la presse écrite. Le fait d’être passé à l’univers numérique entraîne une plus large diffusion. Cette explosion de l’audience est à la fois une opportunité mais aussi un risque. Un nouveau public implique une confrontation nouvelle avec d’autres façons de penser. Cela crée un phénomène de menace, de censure voire d’autocensure du dessinateur, qui est en première ligne face aux nombreuses formes d’extrémisme.

Ce qu’ils ont dit

Audrey Adam : « Une des pistes de solution essentielle à la protection du dessinateur de presse est le droit à la liberté d’expression. Ce droit vaut pour tout le monde. Il vaut quel que soit le type de message exprimé et quel que soit le canal de diffusion choisi. »

« Même s’il existe un bouclier juridique du Conseil de l’Europe, il y a eu plus de 1400 violations de l’Article 10 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme envers les dessinateurs de presse dans certains pays. »

Maria Arena : « Lors du passage du monde écrit au monde numérique, il aurait dû y avoir un certain nombre de modifications dans nos modèles au niveau de la presse et de l’éducation aux médias. Cet accompagnement au numérique n’est pas intégré dans les programmes scolaires et cela devra se faire. Nous sommes soumis à de l’information qui est décontextualisée et qu’il est important d’analyser différemment. »

 « Si hier le dessinateur de presse était très au courant de l’espace juridique et culturel auquel il était confronté, aujourd’hui, un dessinateur de presse n’est pas suffisamment armé face à ce contexte juridique et culturel. »

Izel : “Cela fait deux ou trois ans que je ne dessine plus le président Erdogan. Quand je veux le dessiner, je le fais sans montrer son visage, sinon mon éditeur n’accepte pas le dessin. »

« L’humour est l’antidote des mensonges politiques. »

Kak : « Il y a une hausse du nombre de cas de dessinateurs menacés partout dans le monde. »

« Le dessin de presse est difficile à mettre dans une catégorie propre car il a créé sa propre catégorie : il mélange l’humour, les compétences artistiques et les compétences journalistiques. Comme le journaliste, il y a une responsabilité de s’en tenir aux faits car il rend compte de l’information et de l’actualité. »

Ricardo Gutierrez : « Les dessinateurs de presse sont pleinement journalistes. Nous ne faisons aucune différence entre un journaliste et un dessinateur de presse. »

 

À retenir

Tous les pays de l’Union Européenne ne sont pas égaux en matière de droits de l’Homme et de liberté d’expression. Mais même dans les pays où ces notions sont plus développées, les journalistes et dessinateurs de presse font face à de lourdes menaces. Il existe des pistes de solutions qui passent notamment par la formation des dessinateurs de presse et des journalistes au niveau juridique, la régulation du monde numérique et l’éducation des jeunes publics aux médias et à l’information.

Guillaume Bosmans (Ihecs) et Shana Benflis (Ihecs)

 

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[LE RÉSUMÉ] Formation : les écoles de journalisme en font-elles trop ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Formation : les écoles de journalisme en font-elles trop ? ».

Panel de la discussion "Formation : les écoles de journalisme en font-elles trop ?"

Photo : Elise Bellot/EPJT

Atelier avec Amandine DEGAND (Belgique), chargée de cours à l’Ihecs et Laure COLMANT (France), journaliste et enseignante à l’Ecole publique de journalisme de Tours (EPJT) ; Nicolas BECQUET, journaliste et formateur à l’Ecole de journalisme de Louvain (EjL)

Animé par Eric NAHON, directeur adjoint en charge de l’insertion professionnelle à l’IPJ Dauphine | PSL et président de l’European Journalism Training Association (Ejta).

Les enjeux

Les écoles de journalisme sont réputées pour offrir un programme chargé à leurs étudiants. Absorbés par leurs nombreuses échéances, les futurs journalistes n’ont parfois plus le temps de nourrir leur curiosité pour l’information, qui est pourtant le pilier de leur cursus. A la question du surmenage s’ajoute celle de la pertinence des apprentissages. Sont-ils vraiment en phase avec la réalité des rédactions ?

Ce qu’ils ont dit

Laure Colmant : « Donner la notion de plaisir dans l’apprentissage permet de garder la résistance des étudiants. »

« Il faut toujours savoir résister aux effets de mode. »

Amandine Degand: « Aujourd’hui, les outils sont de plus en plus intuitifs. Notre but est de former à des démarches plus qu’à des outils. »

« On ne va pas trop loin mais on fait trop de choses. Cet excès d’enthousiasme peut être dangereux pour les étudiants. »

Nicolas Becquet : « Il n’y a pas de carrière linéaire dans le journalisme. Il faut se former et s’adapter tout au long de son parcours. »

« Interrogez-vous et interrogez le monde, mais interrogez-vous d’abord. »

À retenir

Aujourd’hui, les formations proposées par les écoles de journalisme sont de plus en plus complètes. Elles tentent de mêler bases théoriques et maîtrise des nouveaux outils de la pratique journalistique.

Mais les programmes actuels peuvent parfois entraîner une forme d’épuisement des étudiants. D’autant que les écoles de journalisme créent des attentes chez les étudiants, qui pensent entrer dans les rédactions et y faire le même type de productions que durant leur cursus. La réalité est souvent différente, et cela peut provoquer une certaine déception.

Les participants à la discussion s’accordent à dire que la méthodologie et la curiosité sont les deux principales qualités que doivent présenter les futurs journalistes.

Loriana Candela (Ihiecs)

[LE RÉSUMÉ] Journalisme en Europe et urgence climatique : l’heure des choix

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Journalisme en Europe et urgence climatique : l’heure des choix »
Lisa Urlbauer, Lorenz Matazat, Milou Dirkk, Marc Sinnaeve (de gauche à droite) Photo : Elise Bellot /EPJT/
Avec Milou DIRKX (Pays-Bas), responsable du réseau de journalistes de Clean Energy Wire (CLEW) Lorenz MATZAT (Allemagne), co-fondateur des réseaux allemands et suisses de journalistes engagés pour le climat Lisa URLBAUER  (Allemagne), responsable de la formation pour le Bonn Institute.
Animé par Marc SINNAEVE (Belgique), enseignant à l’Ihecs en Information économique, écologique & sociale.

Les enjeux

Le climat est une question importante et désormais incontournable de notre époque. Certains reprochent aux journalistes d’être tantôt trop alarmistes, tantôt trop conciliants. Que faut-il changer ? Quels sont les initiatives, les obstacles et les freins ?

Ce qu’ils ont dit

Milou Dirkk : « Notre réseau soutient les journalistes sur les thèmes du climat et de l’énergie. Nous nous sommes penchés sur différentes approches et nous offrons une plateforme de connaissance. La force de ce réseau repose sur le fait que nous ne prétendons pas avoir une réponse à tout mais nous essayons d’établir un guide dans ce labyrinthe. »

Lorenz Matazat : « Il nous a fallu 50 ans pour découvrir qu’il serait urgent de se pencher davantage sur le sujet de climat. La guerre en Ukraine nous a fait ouvrir les yeux sur le problème du gaspillage. »

« Le climat est lié à toutes nos activités et à tous les détails de notre vie. »

« En Allemagne, lorsqu’un journaliste aborde le sujet climat, on qualifie cela de militantisme. »

Lisa Urlbauer : « Depuis mars 2022, notre réseau forme des journalistes et nous souhaitons repenser l’avenir et instaurer un pacte social. Nous misons sur le journalisme constructif axé sur la solution, dans l’espoir d’apporter une réponse rigoureuse, de promouvoir le dialogue et débattre d’une démarche à suivre

À retenir

Comment rendre le réseau attractif, développer ses contacts et recruter des jeunes sensibles à ces questions ? Autant de questions qui doivent amener les journalistes à ne pas se contenter de mettre la lumière sur les problèmes mais de réengager le public.

Lina Kamoun (EPJT)

[SUMMARY] How can ethics and press councils make a difference to better inform citizens?

A breakdown of the key points from: « Information, propaganda, fake news: how can ethics and press councils make a difference to better inform citizens? »

Photo: Marie Le Bobinnec/EPJT

With Pierre Ganz (France), Secretary General of the French Journalism Ethics and Mediation Council (CDJM, Conseil de déontologie journalistique et de médiation), Jaume Suau Martinez (Spain), academic coordinator at the Blanquerna School of Communication and International Relations in Barcelona and Sonja Volkmann-Schluck, press public relations manager at Deutscher Presserat.
Moderated by Anna Vidal (Belgium), legal assistant and project officer for the AADJ/Journalism Ethics Council.

The issues

Lately, and more particularly since the pandemic, public trust of the media has been increasingly challenged: there is more fake news due to a greater variety of sources of information being spread across social media. Within this context, the profession is still coming together to fight against such barriers and to define clear ethical working guidelines.

The quotes

Sonja Volkmann-Schluck: « Our bureau meets four times a week and studies the complaints made. They are mostly about discrimination. There are three levels  of disciplinary action which we can take, leading at the most severe to publishing the incident in the press with the name of the media involved.

« With the pandemics, we have seen many grievances filed – doubts on the truthfulness of reportings, headlines tending on the sensational etc. One in three grievances in 2021 focussed on suspected mistakes. And almost 80% of complaints about Covid-19 covered news items claimed as false. »

Pierre Ganz: « Journalism ethics cannot be separate from journalists’ independence or freedom, like all citizens. It is up to the press council to decide what is considered propaganda, personal points of view, or journalism.

« If we let media decide about ethics or the limits of journalism, it’d mean that journalists’ integrity can change in line with the media they work for. Some form of normalised code of ethics between journalists and media would be a positive move foward. This is where press councils come in. They are there to address common issues across the whole profession and for all of society.

« For quite some time now, French journalists have supported the idea that integrity is an issue for journalists, not for the general public. They thought they only have to address to their peers. »

The takeaways

Press councils have a regulatory role to play regarding the media. The profession wants to retain its independence from governments and the business world. At the same time, it is seeking ethical guidelines by which they wish to work. « I am not sure that all the propaganda is just the result of totalitarians regimes », Pierre Ganz, general secretary of CDJM, concludes.

Marielle Poupard

[SUMMARY]: Cross-border investigations: the climate emergency and migration

A breakdown of the key points from: « Cross-border investigations about climate emergency and migrations »

Photo : Marie Le Bobinnec/EPJT

With Chloé Emmanouilidis (Cyprus), independent journalist; Stella Levantesi (Italy), journalist and climate expert and Urszula Idzikowska (Polond), journalist and migrations expert.
Moderated by Klaudia Bronckaerts (Belgium), member of Journalismfund.

The issues

The JournalismFund organisation promotes collaboration between journalists from different countries, offering funding, mentoring for those who need it, and mediation for potential ethical issues. Within the current backdrop of conflict and wider global issues, the three speakers shared their experiences in this panel discussion.

The quotes

Chloé Emmanouilidis: « I have been working with other journalists on the wildfires in southern Europe. We have faced some challenges trying to prove our findings due to some countries not having sufficient data. Our overall goal was to find a common angle, a common pattern across all of the countries involved in the project.

« I really believe that crossborder collaboration has much more impact: we can publish in many countries and have a wider audience.

« Our job is to link the events with the facts, and at the same time while putting aside our own emotions. »

Stella Levantesi: « We are currently working on the issues surrounding natural gas access in Europe, and more notably since the Russian invasion of Ukraine. It is of course a touchy question, because we are up against the gas industry and its lobbies.

« It’s important to keep your goal in mind and why you are doing what you are doing. You need to look at your work thinking of the bigger picture. Talking with others journalists, understanding their perspectives and thoughts and sharing experiences is at the core of what we do. »

Urszula Idzikowska: « We can see that the Russian influence is spreading. It’s the case in Polond, where I come from, but also in other countries. Russians have started spreading the narrative about ‘traditionnal’ family values. This question is further afield than just in Ukraine. »

The takeaways

« Stories don’t stop at borders », Klaudia Bronckaerts, from JournalismFund remarked. With the three speakers’ testimonies on their own reports, journalists from different countries sharing their experiences seems all the more important in a time when local issues are becoming increasingly global. »

Marielle Poupard

[LE RÉSUMÉ] Médias & GAFAM : quelle juste rémunération pour les médias, les auteurs et les autrices ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Médias & Gafam : quelle juste rémunération pour les médias, les auteurs et les autrices ? »

Frédéric Young, Valentina Wiesner, Jean-Marie Cavada et Philippe Laloux (de gauhe à droite) Photo : Coline Poiret/EPJT

Avec  Jean-Marie CAVADA (France), président d’honneur de la 1re édition des Assises européennes du journalisme, président de l’Institut des droits fondamentaux numériques (IFDRights) et de l’OGC droits voisins de la presse (DV Presse) ; Frédéric YOUNG (Belgique), délégué général de la SACD et de la Scam ; Valentina WIESNER (Croatie), journaliste et membre du groupe d’expertise sur les droits d’auteurs et d’autrices au sein de la Fédération européenne des journalistes (FEJ). 
Animé par Philippe LALOUX (Belgique), journaliste au Soir et professeur invité à l’IHECS en « environnement numérique du journalisme ».

 

Les enjeux

Lors de cette conférence, les intervenants ont échangé à propos de l’importance des droits d’auteur face au pouvoir des Gafam. Les enjeux se concentrent donc autour de cette rémunération qui assure notamment une liberté pour les journalistes. Pour illustrer ces propos, il a notamment été question de la situation des journalistes en Croatie à travers l’expérience de Valentina Wiesner.

Ce qu’ils ont dit

Jean-Marie Cavada : ​ « Il faut noter que ce commerce de la publicité opéré par les Gafam est le seul commerce au monde que je connais où l’on peut vendre un produit que l’on n’a pas fait soi-même. »

Frédéric Young : ​ « Il n’y a pas de liberté d’expression sans liberté économique. Les droits d’auteur donnent plus d’autonomie aux journalistes. Ils sont aussi nécessaires pour une professionnalisation du métier. »

Valentina Wiesner : ​ « En Croatie, la directive a été transposée dans notre législation, mais avec certains changements. Ainsi, tout ce que vous produisez dans le cadre de votre travail appartient à votre employeur pour l’éternité. L’employeur peut aussi modifier l’article puisqu’il lui appartient »

À retenir

À l’initiative de Jean-Marie Cavada, l’Union européenne a instauré une directive pour que les Gafam reversent au moins 30 % de l’argent généré grâce aux articles aux éditeurs. La question est de savoir quel pourcentage est ensuite attribué par l’éditeur à l’auteur. Les intervenants demandent une rémunération équitable entre les journalistes et les éditeurs. Jean-Marie Cavada a conclu avec un message d’espoir : « Toute votre vie, vous allez être payés à apprendre des choses que vous ne connaissiez pas et pour cela, je trouve que c’est le plus beau métier du monde. »

Coline Poiret (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Information, propagande, fake-news : en quoi la déontologie et les conseils de presse peuvent faire la différence

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Information, propagande,
fake-news : en quoi la déontologie et les conseils de presse peuvent faire la différence »

Photo : Marie Le Bobinnec/EPJT

Avec Pierre Ganz (France), secrétaire général du Conseil de Déontologie Journalistique et de Médiation (CDJM), Jaume Suau Martinez (Espagne), coordinateur académique à la Blanquerna School of Communication and International Relations de Barcelone et Sonja Volkmann Schluck (Allemagne), responsable des relations presse à Deutscher Presserat.
Animé par Anna Vidal (Belgique), assistante juridique et chargée de projets pour l’AADJ/Conseil de déontologie journalistique.

 

Les enjeux

Les dernières années, et notamment la période de la pandémie de Covid-19, ont vu s’intensifier la défiance du public à l’égard des médias, et la multiplication des fake news, notamment portée par la diversification des sources d’information et les réseaux sociaux. Dans ce cadre, la profession continue de s’organiser pour lutter contre ces problématiques et définir des lignes déontologiques claires.

Ce qu’ils ont dit

Sonja Volkmann Schluck : « Notre conseil se réunit quatre fois par semaine pour étudier les différentes plaintes. Celles-ci concernent beaucoup les discriminations. Il existe trois stades de sanction : l’avis, la réprobation et la réprimande publique. Cette dernière est publiée dans la presse, avec le nom explicite du média concerné.​ »

« La pandémie de Covid-19 a vu naître beaucoup de plaintes, qui doutaient de la véracité des reportages, qui dénonçaient des gros titres trop sensationnalistes, etc. En 2021, une plainte sur trois concernait des erreurs supposées. Pendant le Covid-19, presque 80 % des plaintes partaient du principe que les informations citées étaient fausses. »

Pierre Ganz : « L’éthique du journalisme est indissociable de l’indépendance des journalistes, et  donc de leur capacité à jouir de leur liberté, comme tous citoyens. C’est au conseil de presse de décider s’il s’agit là de propagande ou d’idées personnelles. »

« Là où un espace de liberté demeure, le conseil de presse a un rôle à jouer. »

« Si on laisse la réflexion sur l’éthique et les limites journalistiques à l’intérieur d’un média, cela veut dire que la déontologie du journaliste va varier selon le journal. Ce serait admirable s’il existait une sorte de norme éthique entre les journalistes, les rédactions, les médias. Les conseils de presse jouent un rôle utile en cherchant à répondre à des problématiques communes à l’ensemble de la profession et de la société démocratique. »

« Pendant très longtemps, les journalistes français se sont construits sur l’idée que la déontologie ne les regardaient qu’eux, pas le public et qu’ils ne devaient répondre qu’à leurs pairs. »

À retenir

Les conseils de presse ont pour mission de réguler les médias. La profession veut garder son indépendance vis-à-vis des gouvernements et entreprises, tout en se posant des limites déontologiques internes. « Je ne suis pas certain que la propagande soit uniquement le fait des régimes totalitaires », conclut Pierre Ganz, secrétaire général du CDJM.

Marie Le Bobinnec (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Regagner la confiance des publics : comment le journalisme participatif change la donne

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Regagner la confiance des publics : comment le journalisme participatif change la donne »

Photo : Ena Billenne /IHECS

Animé par Hugues Dorzée, rédacteur en chef du magazine Imagine Demain, avec Tarmu Tammerk (Estonie), médiateur du service public estonien (EER), Aitor Hernandez-Morales (Espagne), journaliste et auteur du Politico Global Policy Lab et Sofia de Palma Rodrigues (Portugal), journaliste pour Divergente, lauréate du Prix Europa 2022.

 

Les enjeux

Dans un contexte de défiance envers les médias, les journalistes et les rédactions sont en quête d’un moyen de renouer avec le public et de rétablir la confiance. Des médias comme Divergente ou Imagine Demain se sont lancés dans ce que l’on appelle le journalisme participatif. A travers des newsletters, des rédactions temporaires ou des appels à idées, ils cherchent à réduire de plus en plus le fossé entre les citoyens et l’information.

Ce qu’ils ont dit

Tarmu Tammerk : ​ « La confiance est indispensable, sinon le journalisme ne sert à rien. Il devient juste un hobby, une passion… Le public n’aura pas confiance s’il ne se sent pas représenté dans les problématiques abordées. »

« On peut évidemment faire de la pédagogie médiatique et travailler avec le public pour lui faire comprendre les choix des journalistes »

« Notre avons besoin d’une société civile qui fonctionne, pour une bonne démocratie et pour un bon journalisme. »

Sofia de Palma Rodrigues : « Je crois qu’il faut une conduite éthique pour être journaliste et seuls des journalistes professionnels peuvent garantir que nos infos sont fiables, dignes de confiance. On peut écouter et enquêter sur les pistes lancées par les citoyens, mais nous devons croiser les sources pour nous démarquer des médias sociaux. C’est ce qui donne de la fiabilité à l’information. »

Aitor Hernandez-Morales : « L’objectif est de susciter la conversation avec le public, de susciter un environnement où il peut se sentir à l’aise de parler de son quotidien. C’est du bon journalisme car cela permet de mettre en lumière certaines villes d’Europe. »

« Il nous faut déjà travailler au niveau local, c’est l’endroit où l’on peut renouer avec le public et être plus en phase avec la réalité sociale. »

À retenir

Face au désintérêt envers les médias, l’une des priorités des journalistes est de renouer du lien. Cependant, il ne faut pas confondre journalisme participatif et réseaux sociaux. La fonction du journaliste est de proposer une information fiable et vérifiée.

Ena Billenne (Ihecs) et Julie Cedo (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Des rédactions à l’image de nos sociétés ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Des rédactions à l’image de nos sociétés ? »

Roxane Biedermann, Lina Chawaf, Reetta Nousiainen et Guylaine Germain (de gauche à droite). Photo : Zahra Douche/E.P.J.T.



Avec Roxane Biedermann, responsable de la formation pour le Media Diversity Institute (MDI) ; Lina Chawaf, présidente de Community Media Forum in Europe (CMFE) ; Reetta Nousiainen, professeure en journalisme de l’université Haaga-Helia et chercheuse spécialisée sur les questions de diversité dans les rédactions.

Animé par Guylaine Germain, coordinatrice genre et diversité de l’Association des journalistes professionnels (AJP).

Les enjeux

Les profils types de journalistes présents dans les rédactions ne reflètent pas la société actuelle. Ce manque de diversité dans les rédactions engendre un manque de diversité dans l’information. Cela viendrait à oublier la part démocratique que les médias sont censés porter.

Ce qu’ils ont dit

Roxane Biedermann : « Sur dix victimes d’islamophobie, neuf sont des femmes. On parle alors d’islamophobie genrée. »

« Beaucoup de femmes musulmanes refusent de contacter la presse. Elles en ont assez des questions stéréotypées qu’on leur pose et ont peur que leurs propos soient déformés. De plus, on leur demande souvent de parler des problématiques liées à leur religion et non pas de leur domaine d’expertise. »

Lina Chawaf : « Une femme au sein de la rédaction est essentielle pour assurer la diversité des contenus. Il faut que ce soit équitable. »

« Les femmes journalistes reçoivent plus de menaces, c’est donc plus difficile pour elles. On s’en prend à notre vie privée. « Retourne à la cuisine, c’est ta place. », « Que fais-tu ici ? Tu n’as rien à faire ici ? »… Voilà ce qu’on nous dit. Et souvent, c’est pire. »

Reetta Nousiainen : « En Finlande, les salles de rédaction nous ressemblent fortement : très blanches, très classe moyenne, avec une majorité de femmes. »

« Nous avons besoin d’un discours politique fort dans le sens de la diversité au sein de notre société. Il faut plus de représentation dans les rédactions mais il existe encore des limites qui empêchent d’opérer cela. »

« Nous tentons de changer les salles de rédaction, afin qu’elles soient plus diversifiées. Lorsque l’on interroge les rédacteurs en chef, ils disent que cela est très important, mais que c’est vraiment difficile de changer la donne. »

Guylaine Germain : « En Belgique, les résultats de notre dernière étude datant de 2013 montrent que la diversité au sein des rédactions est encore trop peu représentée. Le portrait type du journaliste n’est pas très diversifié. On a tous les mêmes retours sur les stéréotypes racistes présents dans les rédactions. »

« En 2018, l’AJP a coordonné une étude qui listait les raisons pour lesquelles les femmes fuient les rédactions : elles sont moins payées, il y a un tabou autour de la matenité des femmes journalistes, elles sont cantonnées à certains sujets… Cela les rebutent à persévérer dans leur carrière. »

À retenir

Certaines associations de journalistes comme l’AJP remarquent que les rédactions tentent de plus en plus de prendre des décisions sur la diversité au sein des rédactions. Beaucoup font des efforts et essaient d’évoluer dans le bon sens. Malgré cela, la stigmatisation des minorités dans le paysage médiatique persiste et se reflète aussi sur l’information et par extension sur la société.

Shana Benflis, Maëlle Ceola et Zahra Douche

[LE RÉSUMÉ] Quels projets, quels enjeux pour le journalisme constructif en Europe ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quels projets, quels enjeux pour le journalisme constructif en Europe ? »

Photo : Guillaume Bosmans/IHECS

Avec Orla BORG, directeur des bourses d’études du Constructive Institute, Balint ABLANCZY, journaliste politique et cofondateur de Valaszonline.hu et Lorenzo DI STASI, journaliste et membre du réseau italien pour le journalisme constructif. 

Animé par Yasmine BOUDAKA, coordinatrice New6s

 

Les enjeux

Le journalisme constructif doit permettre d’apporter des perspectives à un sujet, sans faire abstraction des problèmes. En Europe, plusieurs projets de journalisme constructifs se sont développés, autour des mêmes valeurs : présenter des solutions, nuancer les sujets traités et engager un débat démocratique.

Ce qu’ils ont dit

Orla BORG :« Nous laissons notre audience voir tout ce qui ne va pas en leur présentant plusieurs problèmes. Face à cela, certains publics se déconnectent des médias. Or sans les faits, on n’a pas la vérité. Et sans la vérité, on n’a pas de démocratie. »

« Notre devoir est-il de montrer seulement des problèmes et leurs victimes ? Ou a-t-on d’autres responsabilités ? Le journalisme constructif permet d’aller plus loin, de proposer des solutions. Nous devons garder en tête que nous travaillons pour nos publics. »

Balint ABLANCZY : « Le journalisme constructif est une méthode qui enrichit notre profession : créer une structure nouvelle, en essayant de se détacher de la folle course au sensationnel et du storytelling d’un gouvernement. Ce n’est pas l’opposé du breaking news. Il existe une certaine complémentarité entre les deux. »

« On sait que nous ne sommes pas un média de masse. Pour échapper à l’asphyxie du breaking news, certains médias sont devenus des médias de niche et trouvent leurs publics. Chez Valaszonline.hu, nous voulons développer notre communauté avec qui nous partageons les mêmes envies et valeurs.»

Lorenzo DI STASI : « Essayer d’être indépendant est aussi une valeur. Nous vivons grâce à des donations, qui assurent l’indépendance de notre organisation. »

« Pendant la pandémie, les breaking news amenaient beaucoup de confusion parmi la population. Nous (les journalistes) avons rapidement décidé de travailler ensemble pour réaliser un travail de journalisme constructif. Nous étions en contact tous les jours avec une communauté, pour mettre en avant différentes informations sur la pandémie. »

À retenir

Face à la crise de confiance entre les publics et les médias, le journalisme constructif peut apporter une réponse. Quand les breakings news peuvent jouer sur le dramatique et que le journalisme d’investigation pointe du doigt des problèmes, le journalisme constructif apporte des nuances et propose des solutions.

Guillaume Bosmans (Ihecs) et Amandine Ollier (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Enquêtes transnationales sur le climat et les migrations

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Enquêtes transnationales sur le climat et les migrations : partage d’expériences »

Photo : Marie Le Bobinnec/EPJT

Avec Chloé Emmanouilidis (Chypre), journaliste indépendante ; Stella Levantesi (Italie), journaliste spécialisée sur les questions de climat et Urszula Idzikowska (Pologne), journaliste spécialisée sur les questions de migration.
Animé par Klaudia Bronckaerts (Belgique), de JournalismFund.

 

 

Les enjeux

L’organisme JournalismFund promeut les investigations entre journalistes de différents pays. Il propose pour cela des financements, des propositions de mentors pour ceux qui en ont besoin, et arbitre également les éventuelles questions éthiques. A l’heure de différents conflits ou questions mondiales, les trois intervenantes du jour partagent leurs expériences.

Ce qu’ils ont dit

Chloé Emmanouilidis : « Nous travaillons en groupe sur les feux sauvages dans le Sud de l’Europe. Nous avons eu du mal à prouver certaines hypothèses à cause du manque de données locales dans certains pays. L’objectif était de trouver un angle commun à tous nos pays. »

« Je suis convaincue que travailler de façon transnationale a plus d’impact : cela permet d’être publié dans plusieurs pays et d’être lu par encore plus de personnes. »

Stella Levantesi : « Nous travaillons sur la question du gaz en Europe, notamment depuis l’invasion russe de l’Ukraine. C’est une question épineuse, parce qu’il faut lutter contre les entreprises et lobbies. »

« Le plus important, c’est de garder en tête la raison pour laquelle on fait ce métier, pour laquelle on travaille sur ces questions. Il faut prendre du recul, brosser un tableau plus large de son propre sujet. Et dans cet objectif de recul, parler avec d’autres journalistes, entendre leur état d’esprit et partager son expérience, c’est plus qu’essentiel. »

Urszula Idzikowska : « Nous travaillons sur la question LGBT+ en temps de guerre. Je me suis rendue trois fois en Ukraine pour étudier le sujet mais c’était plus difficile que ce que je croyais. Avec mon collègue, nous avons appris l’ukrainien : cela nous semblait obligatoire. »

« Nous pouvons voir que l’influence de la Russie grandit. En Pologne, d’où je viens, mais également dans d’autres pays. Les Russes commencent à répandre cette idéologie autour de valeurs familiales dites “traditionnelles”. C’est une question qui dépasse celle du pays en guerre. »

« Je ne vais pas au front parce que je ne suis pas correspondante de guerre. A la fin de ma journée, je rentre chez moi dans un endroit sûr, alors que les activistes que je rencontre restent dans une situation critique. »

À retenir

« Les histoires ne s’arrêtent pas aux frontières », souligne Klaudia Bronckaerts, de JournalismFund. A travers les témoignages des trois intervenantes sur leurs reportages respectifs, l’importance d’échanger entre journalistes de différents pays paraît nécessaire alors que les sujets se mondialisent. 

Marie Le Bobinnec

[LE RÉSUMÉ] Existe-t-il un modèle européen du journalisme ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Existe-t-il un modéle européen du journalisme ? »

Richard Fletcher, Konrad Bleyer-Simon, Teresa Küchler, Marco Nassivera et Nordine Nabil (de gauche à droite) Photo : Pauline de Briey/IHECS

Avec Konrad Bleyer-Simon, chercheur associé au Center for Media Pluralism & Media Freedom, Richard Fletcher, pour le Reuters Institute for the study of Journalism, Marco Nassivera, rédacteur en chef d’Arte et Teresa Küchler, journaliste et vice-présidente de l’Association de la Presse Internationale
Animé par Nordine Nabili, président de la section presse-info de l’Ihecs.

 

 

Les enjeux

Un journalisme européen est-il possible ? Si l’existence d’une identité européenne met nos invités des Assises d’accord, reste la question de la diversité de l’audience et du traitement journalistique propre à chaque pays membre. L’importance de l’égalité entre les différents pays dans un média commun est également une question loin d’être évidente. 

Ce qu’ils ont dit

Konrad Bleyer-Simon : « Je crois qu’il est possible de créer un média européen de service public mais tout le monde doit avoir voix au chapitre. »

Richard Fletcher : « Nous avons observé les audiences européennes de l’information par rapport au reste du monde. Il y a des divergences au sein de l’Europe, mais aussi des tendances universelles comme les changements dans le schéma de consommation. On ne peut pas affirmer qu’il y a une seule et même audience européenne, mais il y a des convergences. »

Marco Nassivera : « Je ne crois pas en un grand média européen, mais plutôt en une coopération qui, d’ailleurs, existe déjà avec des programmes télévisuels ou avec un consortium de journalistes européens d’investigation. »

« Je garde espoir grâce à la jeunesse. Notamment avec leur maîtrise du numérique qui fera avancer la cause européenne et beaucoup d’autres. »

Teresa Küchler : « Il y a un monopole des médias anglo-saxons lorsqu’il s’agit de l’actualité européenne. Je pense que cela pose un problème : ils imposent un seul point de vue sur les autres pays. »

« Je viens de Suède et je répète à mes collègues britanniques que mon pays est tout aussi important que le leur. Avec la barrière de la langue et les manières différentes de traiter l’actualité, je pense qu’il est difficile de créer un journalisme paneuropéen. »

À retenir

Il y a un potentiel modèle du journalisme européen, non pas à travers un média européen mais plutôt par une coopération entre les journalistes. Les invités ont aussi évoqué la difficulté d’un journalisme européen, en mentionnant la différence de langues, de consommation et de traitement de l’information, ainsi que de l’écriture. Certains ont rappelé la devise européenne « L’union dans la diversité », avec l’espoir que la jeunesse puisse porter un journalisme européen, notamment grâce au numérique.

 

Pauline de Briey (Ihecs) et Coline Poiret (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Soirée débat: elles racontent la guerre en Ukraine

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Soirée-débat: elles racontent la guerre en Ukraine ».

Photo : Marc Mentré

Avec Maryse BURGOT, grande reportrice à France Télévisions, Clémence DIBOUT, reportrice pour BFM TVenvoyée spéciale en Ukraine, Galyna KRYCHKOVSKA, productrice pour TV Kyiv, Alla LAZAREVA, rédactrice en chef adjointe de The Ukrainian Weekly, Alexander QUERY, reporter au Kyiv Independent et coordinateur du Centre pour la liberté de la presse en Ukraine (RSF) et Lydia TARAN, journaliste et présentatrice (1+1 TV). Animé par Grégoire DENIAUdirecteur de la rédaction de TV5 Monde.

 

 

Les enjeux

Journalistes françaises et ukrainiennes ont partagé les expériences qu’elles ont eu en couvrant la guerre en Ukraine. Dans ce débat riche de témoignages, les journalistes ont raconté les grands défis auxquels elles font face: propagande, censure, désinformation, couvrir la guerre dans son propre pays…

Ce qu’ils et elles ont dit

Alexander Query : « Beaucoup de journalistes ukrainiens sont devenus des reporters de guerre par obligation. Contrairement à la majorité des professionnels du métier, ils ne sont pas allés vers la guerre, elle est arrivée à eux. »

Maryse Burgot : « Nous, journaliste français en Ukraine, avons pour mission de transmettre les faits. Mais nous n’encourrons pas les mêmes risques que nos confrères ukrainiens. Nos fixeurs, qui nous aident à exercer notre métier, sont constamment au téléphone avec leur famille. Ils ont des préoccupations plus importantes que le journalisme. »

« En Ukraine, les personnes voulant s’unir avec la Russie sont très minoritaires. C’est une population pauvre et âgée et nostalgique de l’Union soviétique, qui habite souvent près de la frontière russe. J’ai rencontré plusieurs russophones qui avaient envie d’être européen. »

Clémence Dibout : « Quelques jours avant l’invasion, j’étais en reportage dans le Donbass. Ma fixeuse m’a dit qu’elle avait un mauvais pressentiment et qu’il fallait rentrer à Kiev. Le 24 février, jour de l’invasion, nous sommes rentrées à Kiev. Elle m’a demandé de prendre un avion pour la France. »

« On me donnait souvent des cafés et des fleurs pour me remercier d’être là. Mais ce sont ces personnes-là qui sont les plus courageuses. On est arrivé à Bucha. Notre fixeur a fait un malaise car c’était sa ville natale. »

Galya Krychkovska : « Je savais, depuis 2004 (année de la révolution orange, NDLR), que la Russie allait envahir l’Ukraine. Le jour avant le 24 février, j’ai demandé à mes proches de faire leurs valises. Je savais que ça allait se produire ce jour-là. »

« Il est difficile de rester objectif lorsque la guerre est dans votre pays. J’essaye tout de même d’avoir le recul nécessaire lorsque je couvre cette guerre. »

Alla Lazareva : « J’ai des connaissances en Russie qui critiquent mes articles. Ils ont le cerveau lavé par la propagande. Ce qui est choquant, c’est que les ambassadeurs russes prennent la parole, sur les plateaux télévisés, et disent des mensonges. Il faut lutter contre les mauvaises informations. La liberté de parole et laisser passer des mauvaises informations, ce n’est pas la même chose. »

« Je ne suis pas d’accord avec le clivage Est-Ouest, souvent présenté dans les médias. Ce clivage n’est ni géographique ni linguistique, mais plus au niveau de l’attachement aux libertés et droits. »

Lydia Taran : « Le soir avant l’invasion, je travaillais. Je suis rentrée chez moi, je n’ai pas fait mes bagages. A 4 heure du matin, j’ai été réveillée par les bombardements. Je savais que ça venait, mais je n’étais pas prête. »

« La guerre en Ukraine n’est pas nouvelle, elle dure depuis huit ans. Nos reporters portaient toujours des gilets par-balles pour travailler à l’Est. Aujourd’hui, ce qui a changé, c’est que les plus grosses chaînes se sont unies pour diffuser un journal télévisé commun. Celui-ci s’appelle « Le télémarathon ». »

 

À retenir

La couverture de la guerre en Ukraine pose de nouveaux défis aux journalistes françaises et ukrainiennes. Même si tous les reporters n’ont pas le même rapport au pays, ils font tous face aux mêmes contraintes: la propagande, la censure, la désinformation, les dangers du terrain…

Cem Taylan

[LE RÉSUMÉ] La remise des prix des Assises 2022

Les prix des Assises 2022, présidés par la journaliste Manon Loizeau, ont été remis jeudi 12 mai , aux lauréats. Le livre Les Fossoyeurs, de Victor Castenet, a notamment été récompensé du Prix du livre de journalisme.

Photo : Amandine Hivert / EPJT

Le Grand prix du journalisme Michèle-Léridon. Il récompense la ou le journaliste, le média, le collectif ou l’action éditoriale qui a le mieux honoré les valeurs du journalisme lors de l’année écoulée. Le lauréat est le journal russe Novaïa GAZETA, et son rédacteur en chef Dmitri Mouratov, pour sa lutte en faveur de la liberté d’expression en Russie. « Dans un an nous allons fêter les 30 ans de notre rédaction, nous espérons pouvoir fêter cela après la fin de la guerre pour célébrer la démocratie. »

Le Prix du livre du journalisme. Prix parrainé par la ville de Tours. Il a été décerné à Victor Castanet pour Les Fossoyeurs (éditions Fayard). « Il a fallu du temps et les moyens afin d’enquêter sur ce sujet. Je suis fier de ce prix car il vient encourager le travail d’investigation qui ne se vend pas forcément mieux que d’autres formats et qui coûtent cher », a expliqué le lauréat.

Le Prix recherche sur le journalisme. C’est Maxime Audinet qui a reçu cette récompense pour son livre Russia Today (RT). Un média d’influence au service de l’Etat russe (INA éditions). Le chercheur a rappelé que « cette guerre a eu l’effet d’une bombe notamment en asséchant les médias russes indépendants. Mais il y a eu un effet très fort sur les chercheurs russes qui ont été expulsés de leur université ou qui ont dû quitter leur pays. Nous nous devons aujourd’hui de les soutenir ».

Le Prix enquête et reportage. Il est remis par vingt-huit étudiants issus des quatorze écoles de journalisme reconnues par la Conférence des écoles de journalisme (CEJ) dont l’EPJT fait partie. Cette année cette récompense a été remise à « Mécaniques du journalisme, le podcast. Saison 9 : Fixeur les yeux et les oreilles du reporter ». C’est une série en quatre épisodes pour France Culture, signée Alain Lewkowicz, réalisée par Vincent Decque, et coordonnée par Grégory Philipps. Léo Humbert et Héloïse Weisz, journalistes en formation à l’EPJT, étaient sur scène pour expliquer ce choix : « Décerner cette récompense, c’est mettre en avant le travail indispensable des fixeurs, notamment en terrain difficile comme en Ukraine ou au Sahel. » Alain Lewkowicz a envoyé une vidéo depuis Verdun expliquant : « Il nous semblait fondamental de rendre hommage a toutes ces femme, à tous ces hommes qui se mettent en danger pour nous permettre de raconter le monde. » 

Amandine Ollier

[LE RÉSUMÉ] Propagande, censure et vérité dans la guerre

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Propagande, censure et vérité dans la guerre »

Photo : Cem Taylan/ EPJT

Avec Hervé Brusini, président du Comité Albert-Londres, Manon Loizeau, grande reportrice et lauréate du Prix Albert-Londres en 2006, Elodie Martinez, journaliste pour « AFP Factcheck » et Elsa Vidal, rédactrice en chef du service en langue russe à RFI. Animé par Maxime Audinet, chercheur et auteur de Russia Today : un média d’influence au service de l’État russe.

 

 

Les enjeux

Comment couvrir la guerre en Ukraine dans un contexte d’extrême polarisation des médias ? Comment mettre en récit deux visions antagonistes ? Quelle place accorder aux émotions ? Témoignages et réflexions sur le rôle des journalistes face à la propagande, la censure et la vérité dans la guerre.

 

Ce qu’ils ont dit

Hervé Brusini : « Aujourd’hui, il se passe en France quelque chose qui sort de l’habituel. Les reporters sur place choisissent l’histoire qu’ils racontent. Ils ne sont pas soumis aux ordres de leurs médias. C’est très précieux. »

« Nous, journalistes, nous luttons pour la bonne santé de la vérité. L’idéal serait que tous les reporters s’unissent pour créer une même base de données et d’informations. Les grands médias européens devraient s’unir pour documenter les faits et pour les délivrer à la justice internationale. »

Manon Loizeau : « Quand j’ai couvert la guerre de Tchétchénie pour Canal+, j’étais assez jeune. Je pensais que j’étais en sécurité. J’ai appris, dix ans plus tard, que ce n’était pas le cas. Beaucoup de jeunes journalistes meurent sur le terrain, c’est très dangereux pour eux d’aller en Ukraine, même avec un fixeur. »

« Lorsque j’ai publié mon documentaire sur les femmes syriennes violées, l’État syrien a accusé les services secrets français d’être à l’origine du documentaire et les victimes d’être des comédiennes. Il se passe la même chose en Ukraine aujourd’hui. »

Elodie Martinez : « Aujourd’hui, il n’y a pas une guerre de l’information mais une guerre de la désinformation. Les vérificateurs de l’AFP ont publié 818 articles sur la désinformation sur la guerre en Ukraine. Les fake news n’ont plus de frontières, elles sont dans toutes les langues. »

« Quand l’AFP n’a pas de photographe ou de vidéaste sur place, elle regarde les publications sur les réseaux sociaux. Elle vérifie leur authenticité grâce à des outils comme la géolocalisation. »

Elsa Vidal : « En Russie, du fait de l’héritage soviétique, il n’y a pas de société civile indépendante. L’action médiatique est de fait conçue comme une manière de mettre en valeur l’État russe. »

« Notre travail est de rendre compte des différentes expériences sur le terrain, de pouvoir distinguer ce qui relève des faits et ce qui relève des interprétations. Même si on vient de pays différents et qu’on a des points de vue divergents, on doit savoir rester objectif. En tant que correspondante pour RFI à Moscou, j’ai été très exposée à la propagande russe. »

À retenir

Les journalistes de guerre sont souvent confrontés à des choix très difficiles. La propagande, la censure et la vérité sont les plus grands obstacles à la vérité sur les terrains de guerre. 

Cem Taylan

[LE RÉSUMÉ] Lassitude électorale et lassitude médiatique : vraie ou fausse symétrie ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Lassitude électorale et lassitude médiatique : vraie ou fausse symétrie ? »

Photo : Amandine Hivert/EPJT

Rémy Buisine, journaliste et vidéaste pour Brut, Frédéric Carbonne, présentateur du « 12-14 » sur France Info, Cléa Chakraverty, cheffe de rubrique politique et société pour The Conversation, Nolwenn Le Blevennec, rédactrice en chef en charge du numérique de L’Obs et Benoit Raphael, journaliste, directeur de la publication de Flint et expert en innovation digitale et média.
Animé par Aude Carasco, journaliste spécialiste des médias à La Croix.

 

 

 Les enjeux

Le baromètre La Croix sur la confiance dans les médias montre que le désintérêt pour l’actualité n’a jamais été aussi fort que pendant l’élection présidentielle 2022. Au fil des mois qui ont précédé le premier tour, les médias ont mis en avant le fait que cette campagne n’intéressait pas les citoyens. La lassitude politique est-elle le reflet d’une lassitude médiatique ?

Ce qu’ils ont dit

Rémy Buisine : « L’idée à Brut était d’écouter ce que le public avait à dire. Aller voir les professions qui ont souffert pendant ce quinquennat pour connaître leurs revendications et leurs préoccupations. Nous voulions les faire entrer dans le débat. »

« J’ai le sentiment que la profession n’a pas été à la hauteur. Il n’y a pas eu assez de débat, on a peut-être été trop sur la petite phrase et les gens ne s’y sont pas retrouvé. »

Benoit Raphael : « La profusion et l’accélération de la production de l’information crée la peur de louper quelque-chose. C’est un problème d’addiction. »

« La surcharge informationnelle provoque une perte d’attention et pose des problèmes de stress. On peut dire aujourd’hui que l’infobésité est un problème de santé publique. »

« Une des première réponses qu’on peut apporter au problème de surcharge informationnelle, c’est de travailler sur la lenteur. Pour les journalistes, ça peut passer par la production d’information sur le temps long. Ce qu’on a essayé de faire avec Flint c’est d’utiliser l’intelligence artificielle pour créer des newsletters intelligentes qui fonctionnent par curation. »

Nolwenn Le Blevennec : « A L’Obs, on a un traitement de la politique assez institutionnel. On a fait une série, « Douce France », où on demandait aux journalistes de retourner sur les terres de leur enfance pour raconter le changement qui s’est produit en vingt ou trente ans. »

À retenir

Lassitude politique et médiatique sont liées. Il est essentiel aujourd’hui de modifier les pratiques journalistiques pour recréer un lien de confiance et mettre à l’agenda médiatique des sujets différents de ceux imposés par les politiques.

Amandine Hivert

[LE RÉSUMÉ] Concentration des médias : indépendance économique, indépendance éditoriale

Retrouvez l’essentiel de l’événement «Concentration des médias : indépendance économique, indépendance éditoriale»

Photo : Amandine Hivert/EPJT

Animé par  Salomé Saque, journaliste politique et économie pour Blast, avec David Assouline, sénateur de Paris, président délégué du groupe Socialiste, écologiste et républicain et vice-président de la commission culture du Sénat, Cécile Dubois, co-présidente du SPIL et rédactrice en chef de citoyens.com, Emmanuel Gagnier, rédacteur en chef de « Cash investigation » et membre du collectif « Informer n’est pas un délit » et Daphné Ronfard, coordinatrice du pôle plaidoyer pour l’association Un bout des médias.

 

 

Les enjeux

Les médias sont soumis à la même réglementation depuis la loi Léotard, adoptée en 1986. Cependant, la révolution numérique a changé la donne. Et si le phénomène de concentration existe depuis longtemps, il s’est accentué ces dernières années. Une commission d’enquête menée par le Sénat a récemment auditionné les propriétaires des principaux médias. 

Ce qu’ils ont dit

David Assouline : « La commission d’enquête a appelé pour la première fois les vrais propriétaires des médias. Ils étaient obligés de venir et de répondre à des questions sous serment. Ils ont dû s’expliquer sur les raisons pour lesquelles ils se sont tout à coup attachés au monde des médias. Au total, il y a eu 82 personnes auditionnées pendant cent heures.»

« Il m’a fallu six minutes pour énumérer l’ensemble des médias et des maisons d’édition que Vincent Bolloré possède. Le fait qu’il me faille six minutes éclaire l’opinion publique sur ce que représente la concentration des médias.»

Cécile Dubois : « La concentration sectorielle permet de créer des entreprises de presse qui sont robustes. Ce n’est pas forcément un problème. Pour nous, il y a un problème à partir du moment où cette concentration se fait dans le giron d’entreprises qui n’ont rien à voir avec la presse à l’origine. »

« Aujourd’hui, 50 % des aides directes à la presse sont données à des titres qui appartiennent à des groupes dont ce n’est pas l’activité principale.  Ça n’incite pas la presse indépendante à se développer. Pour nous, il faudrait que les objectifs des aides à la presse soient quantifiables et évaluables. »

Emmanuel Gagnier : « Ce qui se passe dans le groupe Bolloré est grave. Mais nous pouvons voir d’autres exemples de censure ou d’autocensure dans les autres grands groupes. Ce n’est pas évident de faire ce recensement mais il faut le faire.»

« Le collectif Informer n’est pas un délit s’est créé face au problème du secret des affaires. Mais aujourd’hui, on milite aussi pour l’indépendance des rédactions. Il faut absolument la sanctuariser sinon on aura la risque d’une intrusion de l’actionnaire dans des sujets qui ne lui plaisent pas.»

Daphné Ronfard : « La loi protège insuffisamment l’indépendance des journalistes au sein des médias. Le modèle du Monde est très parlant. Ils disposent de mécanismes protecteurs comme le droit d’agrément. Ce n’est pas le cas pour d’autres journalistes dans d’autres médias.»

À retenir

En France, neuf millionnaires et milliardaires détiennent plus de 90 % des médias privés. Au lendemain de la commission d’enquête du Sénat, la question de la manière de réagir pour défendre l’indépendance économique et éditoriale des rédactions se pose plus que jamais. Les participants et participantes à la conférence ont fait différentes propositions pour limiter ce phénomène.

Amandine Ollier

[LE RÉSUMÉ] Les organisations professionnelles interpellent les politiques

Retrouvez l’essentiel de l’événement « les organisations professionnelles interpellent les politiques »

Sonia Reyne, Jean-Christophe Boulanger, Christophe Deloire, Yoann Labroux-Satabin et Emmanuel Poupard débattent de l’indépendance des médias et de la liberté de la presse. Photo : Lilian Ripert/EPJT

Animé par Isabelle Bords, journaliste à Ouest-France, avec Sonia Reyne, journaliste pigiste membre du bureau de la SNJ-CGT, Jean-Christophe Boulanger, président de Contexte et ex-président du SPIL, Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, Yoann Labroux-Satabin, journaliste pigiste élu CFDT et à la CCIJP et Emmanuel Poupard, premier secrétaire du SNJ.

 

 

Les enjeux

Dans un contexte de crise économique et de concentration des médias, les organisations professionnelles militent pour mieux protéger la liberté de la presse et permettre aux rédactions de se défendre contre les pressions.

 

Ce qu’ils ont dit

Sonia Reyne : « On a besoin d’une volonté politique affirmée de lutte contre la concentration des médias. »

« Il y a urgence. Nous souhaitons lancer avec les autres syndicats un mouvement pour lutter contre la suppression de la redevance audiovisuelle. Cela affaiblirait encore plus le service public. »

«Le vrai problème est de savoir comment on s’oppose à des personnes comme Vincent Bolloré. Il faut vraiment réfléchir à comment on redistribue les aides à la presse pour permettre une plus grande pluralité. »

Yoann Labroux-Satabin : « Il y a besoin d’avoir une revalorisation des salaires des journalistes et particulièrement dans la pige. Un feuillet à moins de 60 euros nous paraît absolument impensable. »

«Il manque une grande instance indépendante de régulation des médias. Ce n’est pas le cas de l’Arcom.  »

Jean-Christophe Boulanger : « Les aides à la presse représentent 20 % des revenus des médias. Ce que l’on reproche, c’est qu’elles se concentrent majoritairement sur les journaux alors qu’aujourd’hui l’information est plurielle avec le numérique. »

Christophe Deloire revient en avant-propos sur l’enlèvement du journaliste français Olivier Dubois au Mali en avril 2021. Des applaudissements résonnent dans la salle.

« RSF a formulé dix propositions très concrètes pour protéger le journalisme au début de la présidentielle, reprises en grande partie dans la dernière semaine par La France insoumise et par Emmanuel Macron. »

Emmanuel Poupard : « La première règle pour qu’un journaliste fasse bien son métier est de lui donner de bonnes conditions de travail et un bon salaire. »

« On est toujours favorable à donner un droit d’opposition collective aux rédactions pour se protéger des pressions extérieures. Il faut leur redonner du pouvoir. »

« La loi Bloche de 2016 a permis de négocier une charte de déontologie au sein de la profession. La déontologie à géométrie variable, ça ne fonctionnera jamais. »

 

 À retenir

Les intervenants s’accordent sur le constat que la loi doit accroître la protection des journalistes pour réduire le risque de pression extérieure sur les rédactions. Ils estiment également que la redevance audiovisuelle doit être maintenue au risque d’affaiblir le service public.

Lilian Ripert

[LE RÉSUMÉ] Traiter d’un objet politique non identifié : le mouvement des gilets jaunes

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les entretiens de l’info. Traiter d’un objet politique non identifié : le mouvement des gilets jaunes ».
Photo : Prunelle Menu/EPJT
Animé par Jean-Marie Charon, sociologue, spécialisé dans l’étude des médias et du journalisme et Arnaud Mercier, professeur en communication et responsable de la licence communication à l’IFP, avec Maïté Darnault, journaliste indépendante à Les Jours, Eric Lagneau, journaliste à l’AFP, Aline Leclerc, grande reportrice au Monde et Mickael Tassard, rédacteur en chef du Courrier Picard et Fabrice Valery, journaliste à France 3 Toulouse.

 

es Les enjeux

Plus de trois ans après le mouvement des Gilets jaunes, le sujet de son traitement médiatique est encore discuté. Jean-Marie Charon et Arnaud Mercier ont publié Les gilets jaunes : un défi journalistique le 3 mai 2022. Ils reviennent sur les différentes difficultés rencontrées par les journalistes sur le terrain.

Ce qu’ils ont dit

Aline Leclerc : « Luc Bronner, directeur des rédactions du Monde en 2018, a eu l’idée de me nommer au début de la crise pour suivre les conséquences économiques et sociales sur la vie des Français. Je suis là pour voir ce qu’il va arriver. Et je suis persuadée qu’on pouvait voir arriver ce mouvement. »

« Après le 1er décembre 2018, je me suis dit « je veux un casque », « je veux des protections contre les bombes lacrymogènes ». Vous arrivez dans un truc délirant tous les samedis. Il y a eu un déferlement de violence, sur les réseaux sociaux également. On vous répète sans cesse que vous êtes la honte du journalisme. »

Mickael Tassart : « On s’est aperçu tard de la montée de la colère au sein des Gilets jaunes. On aurait dû la voir parce que c’est notre boulot. »

« Ce que je retiens de cet épisode, c’est qu’on aurait dû voir le mouvement arriver. On doit être davantage au contact des gens. »

Maïté Darnault : « J’ai couvert deux manifestations régionales pour Libération, à Lyon et à Valence. J’ai constaté que la présence du journaliste lors de ces manifs induit un biais dans ce qui est en train de se passer.»

« Expliquer le métier de journaliste a été une constance. Lors de mes reportages, j’ai pu expliquer mon statut financier. Parfois, je gagne comme eux. Parfois, je gagne plus. Créer un échange et un lien de proximité m’a paru important. »

Fabrice Valéry : « On a choisi d’utiliser Twitter pour de l’information factuelle, des photos par exemple, et Facebook pour faire des lives vidéo. Ces lives étaient commentés pendant plusieurs heures. Avec le mouvement des Gilets jaunes, nous avons changé nos pratiques journalistiques.»

« J’ai toujours pensé que ce métier devait être plus ouvert à des gens de toutes origines et que les étudiants ne devaient pas être trop formatés par les écoles de journalisme. »

Eric Lagneau : « La médiatisation des Gilets jaunes a fait partie du mouvement social. Qu’il s’agisse des médias traditionnels ou des médias créés par les Gilets Jaunes eux-mêmes sur les réseaux sociaux.»

« Il était important pour nous de coordonner le travail qu’on faisait partout en France.»

À retenir

Sujet « passionné et passionnant », comme l’a décrit Arnaud Mercier, le mouvement des Gilets jaunes a remis en question de nombreux principes journalistiques alors que la défiance envers les médias s’est accrue. Les journalistes se disent désormais plus vigilants et se veulent plus proches des publics pour mieux anticiper de nouveaux mouvements sociaux.

Prunelle Menu

[LE RÉSUMÉ] Diversité dans les rédactions: il reste tant à faire…

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Diversité dans les rédactions. Il reste tant à faire… ».

Photo : Coline Poiret/EPJT

Animé par Nordine Nabili, directeur de la formation « Journalisme » à l’Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales, avec Emilie Cochaud-Kaminski, journaliste indépendante et ex-bénéficiaire de La Chance, Geoffrey Lopes, journaliste à LCI, ex-bénéficiaire du la Prépa égalité des chances de l’ESJ-Bondy Blog, N’fanteh Minteh, journaliste pour France 3 TV Bretagne et ex étudiante à l’EMI-CFD, Martin Zuber, journaliste indépendant, ex-bénéficiaire de La Chance, Rachel Bertout, responsable de la prépa Egalité des chances de l’ESJ Lille, Pascale Colisson, professeure et chargée de la mission Egalité et lutte contre les discriminations à l’IPJ Dauphine, David Eloy, co-directeur de l’EMI-CFD, Marc Epstein, président de La Chance et Maxime Lefebure, chargé de mission Ressources Humaines à Médiapart.

Les enjeux

La parole est aux jeunes journalistes et aux acteurs du milieu professionnel pour échanger sur la place de la diversité dans les rédactions. Ensemble, ils font état des avancées et surtout des choses qui restent à accomplir pour garantir l’égalité des chances.

Ce qu’ils ont dit

Nordine Nabili : « C’est l’heure de mettre le doigt où ça fait mal. Il y a eu des progrès mais la profession est lente en termes d’égalité. Est-ce que la question de la diversité dans les médias est d’ordre social ou est-ce du marketing pour valoriser les rédactions ? »

Emilie Cochaud-Kaminski : « La question de la confiance en soi est centrale dans ce milieu. J’ai fait les mêmes études que les gens que je retrouve dans les rédactions, mais il y a toujours ce syndrome de l’imposteur.  »

Geoffrey Lopes : « J’ai toujours entendu qu’en tant que journaliste en situation de handicap, j’étais le porte étendard de cette différence. J’ai une part à jouer sur le handicap, c’est vrai. Mais je veux être journaliste et juste faire mon métier. »

N’fanteh Minteh« Je suis fatiguée de voir que la diversité est seulement notre affaire. J’en ai marre de devoir me battre, c’est un enjeu de notre profession qui doit concerner tout le monde. »

Pascale Colisson : « Il faut tout le temps se battre pour instaurer l’égalité dans les écoles de journalisme. C’est un combat quotidien pour protéger les étudiants et pas seulement pour avoir un beau macaron. »

David Eloy : « Dès la création de la formation EMI CFD, la volonté a été de transformer la sociologie de la profession question de l’égalité des chances s’inscrit dans notre démarche. »

Maxime Lefebure : « Il faut déconstruire tout le processus de recrutement pour promouvoir la diversité. Par exemple, on fait attention à la façon dont on rédige nos offres d’emploi car on sait que ça peut influencer sur l’autocensure des candidates et candidats. »

Marc Epstein : « Nous vivons dans un pays où la diversité de la société n’est pas incarnée, que ce soit dans les médias mais également dans les fictions. »

À retenir

Le journalisme est un combat sur une multitude de plans, la diversité est l’un d’eux. C’est dans l’optique de mettre fin à une inégalité des chances récurrente que les acteurs mettent en place des prépa qui accompagnent les étudiants et les jeunes journalistes. Mais une fois au sein des rédactions, ces personnes se sentent parfois réduits au statut de « caution diversité ». En réponse, le message des intervenants est clair : « La diversité ne doit rien rapporter de particulier, elle doit simplement être acceptée. »

Coline Poiret

[LE RÉSUMÉ] Médias et journalisme en Ukraine et Russie : informer en temps de guerre

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Médias et journalisme en Ukraine et Russie: informer en temps de guerre ».

Photo : Cem Taylan/ EPJT

Animé par Loïc Ballarini, enseignant-chercheur à l’Université de Rennes 1 et Simon Gadras, enseignant-chercheur à l’Université Lumière Lyon 2, avec Maxime Audinet, chercheur et auteur de Russia Today : un média d’influence au service de l’État russeValentina Dymytrova, enseignante-chercheure en sciences de l’information et de la communication, enseignante à l’Université Lyon 3, Alexander Kondatrov, maître de conférences en science de l’information et de la communication à l’Université Clermont Auvergne.

 

Les enjeux

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les paysages médiatiques russe et ukrainien connaissent des reconfigurations importantes. Le brouillage entre sphère politique et médiatique met en danger l’indépendance éditoriale des médias des deux pays. Dans cette guerre de l’information, les médias détournent parfois les codes déontologiques au nom de l’unité nationale.

 Ce qu’ils ont dit

Maxime Audinet : « Depuis le début de la guerre en Ukraine, on observe un assèchement total du paysage médiatique russe. La loi de mars, qui criminalise la propagation de fausses informations sur l’armée, a consolidé cette tendance. Pour s’informer librement, les Russes n’ont d’autres moyens que de trouver des stratégies de détournement.»

« Il faut distinguer les médias publics et les médias d’État. Russia Today est le porte-parole du Kremlin. Des médias comme RFI, n’ont pas le même rapport au pouvoir. Cela s’observe dans la couverture d’événements qui ont un intérêt stratégique pour l’État.» 

Alexander Kondatrov : « En Russie, il n’y a pas de distinction entre les sphères politique et médiatique. Il y a deux types de journalisme : le premier, inspiré du modèle occidental, est un journalisme pour l’intérêt public. En revanche, le deuxième est exercé par des serviteurs de l’État, qui sont prêts à bricoler la vérité pour servir les intérêts de ces dernier. Pour les journalistes proches du pouvoir, couvrir la guerre est un moyen de monter en grade dans leur chaîne.»

« Les médias russes ont tendance à diffuser des spectacles de pouvoir, comme des défilés militaires ou la célébration de la Pâque orthodoxe. C’est une manière de créer des liens avec les spectateurs et de faire adhérer les Russes aux discours du Kremlin. »

Valentina Dymytrova : « En Ukraine, depuis le début de la guerre, il y a une uniformisation des JT. Il y a un alignement entre les discours de Zelensky et les contenus médiatiques. Cela pose la question de l’indépendance éditoriale sous prétexte d’unité nationale.»

« Auparavant, les oligarques avaient le dessus sur la ligne éditoriale des médias. Avec la guerre, l’influence du gouvernement ukrainien a considérablement augmenté. Volodymyr Zelensky utilise les médias pour donner des messages de solidarité. Le pouvoir ukrainien essaye de mettre en place un soft power pour sensibiliser le public international avec la cause ukrainienne. »

À retenir

La guerre en Ukraine a  transformé les paysages médiatiques russe et ukrainien. Alors que les médias russes sont devenus encore plus rigides sur leurs contenus, les médias ukrainiens se sont transformés en une caisse de résonnance du gouvernement sous prétexte d’unité nationale. 

Cem Taylan

[LE RÉSUMÉ] Comment expliquer la guerre aux enfants ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « COMMENT EXPLIQUER LA GUERRE AUX ENFANTS ? ».

Photo : Sélim Oumeddour/Epjt

Animé par Aurélie Kieffer, journaliste pour France Culture, avec Marie-Noëlle CLEMENT psychiatre, psychothérapeute, directrice de l’hôpital de jour pour enfants du CEREP-PHYMENTIN  ; Serge Barbet, directeur délégué au CLEMI ; Jean-Yves DANA, rédacteur en chef OKAPI (Bayard) ; Mathieu Pays, rédacteur en chef de FRITZ le mag ; Camille Laurans, rédactrice en chef d’Un Jour une Actu (Milan Presse) ; Serge BARBET, directeur délégué du CLEMI.

 

 

Les enjeux

La guerre en Ukraine a commencé le 24 février 2022. Comment aborder le conflit auprès des enfants ? Quels thèmes faut-il aborder ou éviter ?

Ce qu’ils ont dit

Jean-Yves Dana : « Les parents nous contactent car ils comptent sur nous pour leur donner des clés pour parler du conflit ukrainien avec leurs enfants. »

« On a lancé un compte TikTok qui a atteint le million de vues. On se doit d’aller sur ces plateformes car c’est à ce public là qu’on s’adresse, même si on informe sur les dangers des réseaux sociaux. »

Camille Laurans : « On fait le choix de doser et de fournir petit à petit des clés de compréhension pour les enfants. On évite l’immersion dans l’émotion en privilégiant la compréhension. »

« Sur la durée du conflit, on ne fait pas de suivi jour par jour. On ne montre pas d’images difficiles à voir et on essaie d’en parler autrement, avec des acteurs qui agissent autour de ce conflit. On essaie de trouver des actions positives pour faire la balance avec la dureté des événements. »

Serge Barbet : « Les enseignants doivent être plus formés à l’accueil, y compris émotionnel, des enfants. On a beaucoup progressé mais il reste beaucoup de travail à faire. »

« Il est important de former les enfants, de tout âge, sur les fondamentaux de l’information en démocratie. »

À retenir

Aujourd’hui, les enfants entendent parler de tous les sujets, notamment via les réseaux sociaux. Il faut donc apprendre à les aborder avec eux et leur donner les clés pour mieux comprendre ce qu’il se passe. L’accent doit être mis sur l’éducation aux médias et la bonne gestion des émotions auxquelles les enfants sont sujets.

Sélim Oumeddour

[LE RÉSUMÉ] Presse et élections : une très longue histoire…

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Presse et élections : une très longue histoire… »

Photo : Lilian Ripert/EPJT

Animé par Isabelle Garcin-Marrou, enseignante-chercheure à l’IEP de Lyon, avec Géraldine Delacroix, journaliste à Mediapart, Etienne Manchette, responsable contenus et partenariats Retronews Bnf et Claire Blandin, enseignante-chercheure à l’Université Sorbonne Paris-Nord.

 

 

Les enjeux

L’importance de la presse dans le débat politique ne date pas d’hier. Les élections législatives de 1936 ont notamment été marquées par la violence de la couverture médiatique contre certains candidats et l’apparition de la radio. Un parallèle peut-il être fait avec la présidentielle de 2022 ?

Ce qu’ils ont dit

Claire Blandin : « Après la Première Guerre mondiale, on est dans un paysage médiatique en recomposition. C’est la première élection où la radio va rentrer dans ce temps de la campagne. »

« Il se passe quelque chose autour de la campagne radiodiffusée. Léon Blum trouve un ton pour parler à la radio alors que Maurice Thorez ne réussit pas à s’emparer de la forme de ce média. La violence de cette campagne est réelle. Il y a une propagation de la photo de Léon Blum dans la presse suite à son agression par les Camelots du roi. Dans le journal Action Française, Charles Maurras explique qu’il faut le « fusiller, mais dans le dos ». »

Etienne Manchette : « Le journal Paris-soir vient balayer le vieux modèle du journalisme. Il y a de la photo, une grosse titraille, de l’information internationale à gogo… Tous les éléments de la presse moderne. »

Géraldine Delacroix : « Cette violence [décrite] me fait penser à ce que l’on voit sur Twitter aujourd’hui. »

A propos de la campagne 2022 : « On a senti qu’il se passait quelque chose à gauche. Beaucoup d’électeurs et d’électrices se sont tournés vers le vote utile pour Jean-Luc Mélenchon. On s’est demandé si on devait inciter les gens à aller voter ou non. »

« Pendant l’entre-deux-tours, on s’est également posé la question de savoir s’il fallait voter pour Emmanuel Macron, car le faire pour Marine Le Pen n’était pas une option. Edwy Plenel a publié un édito « Contre Le Pen, voter dans la douleur pour conjurer l’effroi ». »

À retenir

L’arrivée de la radio dans la campagne de 1936 a bousculé les pratiques. Certains candidats s’en emparent mais d’autres comme Maurice Thorez, tribun politique, n’arrivent pas à trouver le ton pour parler aux Français. Pour les intervenants, les années 1930 sont un tournant dans la presse.

Lilian Ripert

[LE RÉSUMÉ] Couverture de l’élection présidentielle : audience de la politique, politique de l’audience

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Retour sur la couverture de l’élection présidentielle : audience de la politique, politique de l’audience ».

Photo : Zoé Keunebroek/EPJT

Animé par Francis Letellier, journaliste et présentateur pour France Télévisions, avec Philippe Corbé, chef du service politique de BFMTV, Laurent Guimier, directeur de l’information de France Télévisions et Clea Chakraverty, cheffe de la rubrique Politique et Société de The Conversation France.

 

Les enjeux

Le débat s’ouvre sur un constat : le débat de l’entre-deux-tours a été le moins regardé de l’histoire de la télévision avec 15 millions de téléspectateurs. Est-ce parce que la télévision intéresse moins ? La télévision régit-elle toujours le débat présidentiel ?

Ce qu’ils ont dit

Cléa Chakraverty : « S’il y a eu de nombreux débats télévisés durant la campagne, ils n’ont pas pour autant abordé les thèmes de fond. Il est évident que la chose politique a été désacralisée. »

« Les débats médiatiques sont finalement le climax de ce qui existait déjà sur les réseaux sociaux. Et cela se vérifie avec Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon dont les mouvements étaient très actifs sur ces réseaux. »

Philippe Corbé : « Les règles du débat en France sont à peu près les mêmes depuis 1974, et c’est un peu dommage qu’elles n’aient pas changé depuis. »

« Concernant le débat de l’entre-deux tours, nous avons vraiment essayé d’organiser ce débat qui ne s’est finalement pas fait. Cette campagne s’est peut-être finalement plus jouée sur les radios d’information. »

Laurent Guimier : « La politique à la télévision continue à faire beaucoup d’audience, quel que soit le candidat. Pour l’émission 20h22, on a gardé à chaque fois près de 80 % des téléspectateurs entre la fin du 20 H et le début de l’émission. »

« Je ne pense pas qu’Éric Zemmour avait une place importante dans le début public. Il avait une place importante dans le débat médiatique, oui. Il a eu la place que certains médias d’information voulaient lui donner pour faire de l’audience. »

À retenir

La télévision reste le principal média d’information politique même chez les plus jeunes. Malgré tout, son audience baisse et elle doit se réinventer pour continuer à rester un acteur majeur du débat politique en France.

Zoé Keunebroek