Simon Malfatto, datajournaliste à l’AFP, était présent mardi 10 mai 2022 aux Assises du journalisme pour parler du traitement de la politique par les datas. Photo : Margot Ferreira/EPJT

Simon Malfatto explique les spécificités de ce type de journalisme, notamment durant la dernière campagne électorale.

 

Combien de personnes travaillent dans le datajournalisme à l’AFP ?

S. M. Il y a environ une dizaine de personnes dans l’agence. Personnellement, je travaille au service infographie avec des graphistes, des développeurs ou encore des web designers, mais ce n’est pas le cas de l’ensemble des datajournalistes. Certains sont dans d’autres services, comme l’économie. Je ne pense pas que le datajournalisme doive se cantonner à l’infographie.

Quels ont été les principaux défis de ce type de journalisme pendant la campagne électorale ?

S. M. Principalement, les mêmes que d’habitude : accéder aux données et bien les traiter. Mais cette campagne a surtout été un gros boulot d’anticipation. La question de la temporalité du traitement de l’information s’est posée aussi. Si Emmanuel Macron parle du système des retraites à un moment donné, je ne pense pas qu’il faille sauter sur l’occasion pour produire du contenu. Les données doivent être utilisées à bon escient.

Durant la campagne, avez-vous collaboré avec le service de fact-checking ?

S. M. Il y a forcément une collaboration. En datajournalisme, on est un peu le guichet de la donnée. On communique et on mutualise les moyens mais ils ont aussi des compétences de data ou d’OSINT (données obtenues à partir de sources ouvertes) par exemple. Pour les cadavres de Bucha par exemple, il y a eu une étroite collaboration entre nos services pour que nos données cartographiques soient exactes.

Quel type de contenus de datajournalisme attire le plus de lecteurs ?

S. M. L’AFP étant une agence de presse, c’est difficile d’avoir l’avis du public sur ce qu’on produit. D’un autre côté, on regarde un peu sur Twitter ce qui ressort. Ce qui est certain, c’est qu’il faut quelque chose de simple. La personne doit directement comprendre l’histoire. L’esthétique est aussi important, il faut un effet « Whaou! ».

Est-ce que la collecte de données vous amène à proposer des sujets ?

S. M. Oui, encore très récemment avec la campagne électorale. Nous avions recensé les villes où la proportion du vote pour Eric Zemmour était la plus forte. On s’est rendu compte que c’était dans des bastions historiques de la droite comme Neuilly ou Versailles. On a fourni au service politique ces données, qui les ont utilisées pour orienter leurs reportages.

 

Recueilli par Aubin Eymard/EPJT