Retrouvez l’essentiel de l’événement « #metoopolitique, #metoomedias, #metooculture : et maintenant ? ».

Pour cette soirée de lancement au théâtre de l’Olympia, cinq journalistes, autrices et metteuses en scène ont discuté des enjeux du mouvement #MeToo. Photo : Amandine Hivert/EPJT

Animé par Constance Vilanova, journaliste pigiste et co-fondatrice du collectif #DoublePeine.

Avec Cécile Delarue, journaliste et autrice, Hélène Devynck, journaliste, scénariste et autrice, Claire Lasne Darcueil, comédienne, metteuse en scène, autrice et directrice du conservatoire nationale supérieur d’art dramatique, Giulia Foïs, journaliste, autrice et animatrice sur France Inter, Fiona Texeire, collaboratrice d’élus et co-initiatrice du mouvement #MeToopolitique, Titiou Lecocq, journaliste et autrice.

 

Les enjeux

Depuis 2017, le mouvement #MeToo permet à des femmes victimes de violences sexuelles de prendre la parole. Les témoignages de comédiennes, journalistes et responsables politiques sont venus s’ajouter à ceux d’actrices. Cinq ans après, quelles batailles reste-t-il à mener ?

Ce qu’ils ont dit

Giulia Foïs : « J’étais la première surprise de la longévité de #MeToo, mais si on baisse l’attention, si on s’endort, c’est fini. Dans l’histoire, tous les mouvements féministes se sont arrêtés. La question est de savoir ce qu’on peut changer avant la fin du mouvement. »

« Le viol est le seul crime qui n’empêche pas d’être élu aux législatives. C’est une spécificité française. Au Danemark, le maire de Copenhague a été accusé d’agression sexuelle. Il a quitté ses fonctions, jugeant que ces accusations pouvaient mettre à mal la situation politique de la mairie. En France, la question ne se pose pas. »

Claire Lasne Darcueil : « L’injustice et la discrimination ne concerne pas que la cause féministe. Les minorités opprimées sont une immense majorité. Il suffit qu’un fil se crée entre les personnes opprimées depuis des siècles pour que tout change. »

« Je ne m’explique pas pourquoi #MeTooTheatre est arrivé quatre ans après #MeToo. Il faut dire que la majorité des metteurs en scène sont des hommes blancs. C’est aussi le répertoire national, la culture sur laquelle on est assis, et que l’on aime, qui est dangereuse. »

Hélène Devynck : « Le viol est le seul crime où la honte est basculée sur la victime. D’ailleurs, il est très difficile de se définir quand on a subi une agression sexuelle. Victime renvoie à une image de faiblesse. On parle aussi de victime autoproclamée, ça veut dire menteuse ou victime présumée mais qui présume ? Certaines utilisent le mot survivante mais je n’ai pas l’impression d’avoir risqué ma vie. Il y a encore le mot affranchie, c’est jolie mais ça ne veut pas dire grand chose. Au final, il n’y a que l’agresseur qui est content du mot victime. »

Cécile Delarue « L’intention de PPDA en portant plainte pour dénonciation calomnieuse, c’est de nous faire peur. On aimerait dire qu’on n’a pas peur, mais c’est faux parce que quand on est accusé, il faut trouver un avocat, engager des frais. Porter plainte, ça a un coût professionnel, familial et financier. »

À retenir

Le mouvement #MeToo permet de mettre sur le devant de la scène la question des violences sexistes et sexuelles et de faire face à l’ampleur des chiffres. En moyenne, une femme en France est victime de viol toutes les sept minutes. Aucun milieu n’est épargné. L’enjeu aujourd’hui est de faire perdurer le mouvement pour faire, petit à petit, bouger les lignes.

Amandine Hivert (EPJT)