Aude Lancelin et Nicolas Vescovacci pour le Salon du livre du journalisme. Photo : Clément Buzalka

Aude Lancelin, pour La pensée en otage (2018) aux Editions Les liens qui libèrent et Nicolas Vescovacci pour Vincent Tout-Puissant aux Editions JC Lattès.

Animé par Daryl Ramadier et Malvina Raud, étudiants à l’EPJT. 

LES ENJEUX

Le pouvoir ou plutôt les pouvoirs sont des freins – et c’est un euphémisme – au journalisme et à la liberté d’expression. Nicolas Vescovacci, journaliste à Cash investigation, a été l’auteur d’un documentaire sur l’industriel Vincent Bolloré qui a été censuré. Aude Lancelin, aux opinions politiques de gauche, décrit son expérience de rédactrice en chef adjointe de L’Obs, d’où elle a été licenciée. 


CE QU’ILS ONT DIT

Aude Lancelin : « Après la sortie de mon livre précédent Le Monde libre, j’ai pu recueillir de nombreux témoignages de confrères, de quoi tirer un petit manuel de combat pour convaincre le public de la nécessité de renverser la table. Exemple : les journalistes doivent être neutres et objectifs, cela questionne le journalisme d’engagement. Pour que les médias retrouvent leur santé, le modèle de Mediapart où les lecteurs payent me semble la seule voie souhaitable. Les programmes de la France insoumise et de Benoit Hamon portaient la volonté de limiter la concentration des médias. Je veux rester optimiste, bizarrement, pour le journalisme. Une prise de conscience est en cours, nous avons touché le fond vers 2015. »

Nicolas Vescovacci : « Nous voulions comprendre la mécanique Bolloré, quelle est sa stratégie dans les médias et les affaires ? En allant à la rencontre de personnes qui le connaissent, c’est la peur qui domine. Il a été difficile de démêler le vrai du faux, sur sa personnalité notamment. Sur la censure, oui il y a une intervention directe des actionnaires dans les rédactions ou de l’autocensure de peur de l’intervention. Il manque une loi sur la concentration des médias, il faut une barrière entre les actionnaires et la rédaction, elle n’existe pas. »


À RETENIR

Les formes de pressions sont multiples et variées, les exemples ont été nombreux pour les décrire. Les solutions, connues, semblent pourtant difficiles à mettre en œuvre tant l’emprise est forte. Paradoxalement, il y a un certain optimisme sur l’avenir de la profession voyant le pire derrière nous.

Charles Lemercier