Panthéon du journalisme : découvrez les dix premiers noms

Jérôme Bouvier dévoile les dix premières personnalités retenues pour le panthéon du journalisme. Photo : Mathilde Lafargue/EPJT

Jérôme Bouvier, organisateur des Assises du Journalisme à Tours, a présenté les dix premiers noms qui incarnent les valeurs de la profession, à travers son panthéon du journalisme.

Ce mercredi après-midi, Jérôme Bouvier, le président de l’association Journalisme et Citoyenneté, qui organise les Assises du Journalisme à Tours, et le président du comité du prix Albert Londres, Hervé Brusini, ont révélé les dix premiers noms les plus cités en vue d’intégrer un panthéon du journalisme. « Nous avons assez peu de bagage historique sur notre profession, dans un moment de grande discussion sur qui est journaliste », a-t-il argumenté pour justifier le lancement de ce projet. « Le drame du journaliste, c’est l’ignorance de son histoire », déclare Hervé Brusini, qui veut y remédier. Pour y parvenir, Jérôme Bouvier a lancé une grande consultation sur le site journaliste.com où chacun pouvait choisir dix noms parmi une liste en contenant une cinquantaine, jusqu’à l’automne.

Voici les dix premiers noms :  Albert Londres, Albert Camus, Françoise Giroud, Emile Zola, Hubert Beuve-Méry, Joseph Kessel, Cabu, Louise Weiss, Pierre Lazareff et Theophraste Renaudot.

Ces personnalités ont été retenues parmi une cinquantaine de journalistes disparus. Pour poursuivre leur héritage, le panthéon est amené à s’agrandir chaque année avec l’entrée de deux nouveaux noms. En 2023, les Assises européennes du journalisme de Bruxelles seront aussi l’occasion de créer un panorama des journalistes qui continuent d’inspirer la profession à plus grande échelle, au sein de chaque pays de l’Union européenne.

 

Mathilde Lafargue (EPJT)

Créer un Panthéon du journalisme, l’ambitieux projet de Jérôme Bouvier

Jérôme Bouvier aux Assises du journalisme de Tours de 2023. Photo : Mathilde Lafargue/EPJT

Le président des Assises du Journalisme a lancé une grande consultation sur les illustres journalistes qui mériteraient d’entrer dans un panthéon de la profession. Mercredi après-midi, il a révélé les dix noms les plus cités par les journalistes.

Donner « une photo de comment la profession se voit ». Tel est l’objectif de Jérôme Bouvier, qui a lancé en marge des Assises du Journalisme de Tours une grande consultation pour créer un panthéon des journalistes. ». L’idée est de savoir « d’où nous venons », explique le président de l’association Journalisme et citoyenneté. « Nous avons assez peu de bagage historique sur notre profession, dans un moment de grande discussion sur qui est journaliste », ajoute-t-il.

Albert Londres, premier choisi !

A l’instar du Panthéon où se retrouvent les héros et les héroïnes de la nation, ce panthéon du journalisme veut instaurer un débat démocratique autour des valeurs qui rassemblent la communauté de journalistes, environ 35 000 en France. L’objectif est de créer un véritable panthéon avec la BnF, avec la reconnaissance de deux nouveaux noms chaque année. Pour le lancement, cette année, Jérôme Bouvier a révélé les dix premiers noms – en tête desquels figure l’illustre Albert Londres – les plus cités par les quelque 500 journalistes qui ont pris part à la consultation disponible sur le site journaliste.com.

Le procédé est simple et pédagogique : chaque nom qui peut être retenu par le votant est associé à une biographie. Ceci permet de partir à la découverte de figures qui ont incarné le journalisme, de l’Ancien Régime à aujourd’hui. On y retrouve par exemple Marguerite Durand, dont le fondateur du panthéon ne connaissait pas l’existence. Elle est à l’origine du premier titre de presse féminine à la fin du XIXe siècle, La Fronde.

Des spécialistes de la presse et des historiens sollicités

Pour réunir les premiers noms, des journalistes, des spécialistes de la presse et des historiens ont été sollicités. L’entrée de certaines personnalités dans la liste a parfois été discutée, comme celle d’Émile Zola, déjà présent au Panthéon, ou encore de Jean Jaurès. Cela fait écho à « l’entre-deux de la presse française, dont l’évolution est intimement liée à la politique, au débat d’idées, à la littérature ou encore au genre du récit de voyage », rappelle Jérôme Bouvier. Pour lui, c’est Albert Camus qui est la source de son envie de devenir journaliste.

Lors de leur deuxième édition en 2023, les Assises européennes du journalisme de Bruxelles seront aussi l’occasion d’encourager tous les pays de l’Union européenne à faire de même, pour dessiner un panorama de l’héritage journalistique à plus grande échelle.

Prix Albert Londres : voici les nominés pour l’année 2021

Hervé Brusini, président du Comité Albert Londres (Photo : Romain Leloutre/EPJT)

Hervé Brusini, président du Comité Albert Londres, a dévoilé mercredi 29 septembre les nominés de ce prestigieux prix journalistique pour 2021.

Depuis 1933, le prix Albert Londres récompense les meilleurs « grand reporters » français et le fruit de leur travail. Chaque année, 3 catégories sont mises en valeur : le prix de la presse écrite, le prix de l’audiovisuel et le prix du livre. Ce 29 septembre étaient dévoilés les nommés pour l’édition 2021.

19 productions présélectionnés

Les présélectionnés en presse écrite sont :

  • Margaux Benn (Le Figaro)
  • Zineb Dryef (M le magazine du Monde)
  • Wilson Fache (Libération/Causette)
  • Ghazal Golshiri Esfahani (Le Monde)
  • Caroline Hayek (L’Orient –  Le Jour)
  • Louis Imbert (Le Monde)
  • Josiane Kouagheu (Le Monde Afrique)
  • Willy Le Devin (Libération)
  • Léna Mauger (XXI).

Dans la catégorie audiovisuelle, six reportages ont été nommés :

  • Nicolas Ducrot ( « Pour ne pas les oublier » – France 3,  Babel doc)
  • Bryan Carter (« Les Routes de la discorde » – RTBF, Pokitin productions)
  • Alex Gohari et Léo Mattei (« On the line, les expulsés de l’Amérique » – France 2, Public Sénat, Brotherfilms)
  • Jules Giraudat (« Projet cartel-Mexique, le silence ou la mort » – France 5, Forbidden films)
  • Céline Rouzet (« 140km à l’ouest du paradis » – BE ciné, Reboot films)
  • Solène Chalvon-Fioriti / Margaux Benn (« Vivre en pays taliban » – Arte, Caravelle)

Enfin, pour le prix du livre, cinq projets sont retenus :

  • Flic, un journaliste a infiltré la police, de Valentin Gendrot
  • Les Serpents viendront pour toi, d’Emilienne Malfatto
  • La Honte de l’Occident, de Antoine Mariotti
  • Toxique de Sébastien Philippe et Tomas Statius.

« Albert Londres est l’âme du journalisme »

Hervé Brusini a notamment rappelé les critères de sélection et l’importance d’Albert Londres

  • « Les critères pour recevoir le prix Albert Londres forment une alchimie. Tout d’abord l’expression d’un style. Puis l’originalité d’une approche, l’opiniâtreté pour aller chercher des informations, le courage de la dénonciation, la sincérité de l’engagement et la capacité à séduire un jury hétérogène en matière d’âge. Il faut qu’on arrive tous à se dire : ça c’est Albert Londres. »
  • « Nous avons reçu cette année 90 projets en presse écrite, 34 sujets audiovisuels et 20 livres, de la part de nombreux pays. Cela montre la sincérité de l’engagement d’Albert Londres, dont le nom fédère toujours aujourd’hui au-delà des frontières françaises. »
  • « Albert Londres est allé documenter des sujets encore inconnus du grand public : le traitement des malades psychiatriques, le dopage dans les pelotons cyclistes, les conditions de vie au bagne de Cayenne, la misère du système colonial… Il rassemble les valeurs du journaliste : curiosité, disponibilité, engagement, opiniâtreté et le courage face aux coups encaissés lorsqu’on dénonce des choses. »

  • « Albert Londres est l’âme du journalisme. Surnommé le prince des reporters par la journaliste Andrée Violis, il est un des grands héros de l’information. Le grand reportage qu’il a popularisé est une vraie réponse aux questions démocratiques actuelles. Albert Londres y alliait l’art de la langue et l’art du récit. D’où sa devise : porter la plume dans la plaie. »

En 2020, le reporter du Monde Allan Kaval avait décroché le prix Albert Londres dans la catégorie presse écrite. Cédric Gras, pour son livre Alpiniste de Staline, avait remporté le prix de l’édition tandis que les journalistes Sylvain Louvet et Ludovic Gaillard avaient été couronnés dans la catégorie audiovisuel. Qui seront leurs successeurs ? Réponse le 15 novembre prochain.

Antoine Comte