Depuis 15 ans, La Chance donne la possibilité à tous de devenir journaliste

Chaque année, près de 80 étudiants bénéficient du dispositif égalité des chances grâce à la prépa gratuite La Chance. Un dispositif qui offre aux aspirants journalistes une possibilité d’intégrer une des 14 écoles reconnues par la profession.

« J’ai essayé de préparer seule les concours. Je me suis rendue compte qu’il y avait un fossé avec les autres étudiants, que je n’avais pas le bagage culturel nécessaire. » Mais La Chance lui a souri, et Lune Armand est parvenue à intégrer l’antenne de Strasbourg de cette association créée en 2007 pour plus de diversité dans les médias. Et comme elle, qui est entrée à l’École publique de journalisme de Tours, 45 étudiants sur les 80 de la promotion 2022, ont été admis à la rentrée suivante une école des quatorze écoles de journalisme reconnues.

« Représenter toutes les diversités dans tous les médias »

L’association La Chance est née d’une volonté d’offrir la possibilité à tous les étudiants, notamment boursiers, d’aspirer à un avenir de journaliste. Président depuis 2015, Marc Epstein perpétue cette philosophie avec un objectif : « représenter toutes les diversités dans tous les médias ». Les diversités d’origine, de parcours, de territoire. Lui-même, ancien grand reporter des pages internationales de l’Express et du Monde, a pu le constater durant sa carrière : l’entre-soi est omniprésent dans le métier.

« Quand on a grandi dans une famille où il n’y a pas de journalistes, où on est éloigné du monde des médias […] ou que l’on est issu dune zone rurale éloignée des grandes villes, La Chance est là pour les aider dans ces fameux concours. », assure Marc Epstein, qui se consacre pleinement à l’association depuis 3 ans.

« La prépa ma tout payé »

La prépa offre une formation de près de 250 heures ainsi qu’un accompagnement financier, à hauteur de 600 € en moyenne par étudiants. Sans cette aide, Lune n’aurait pas passé autant de concours. « La prépa m’a tout payé : déplacements, concours, aide au déménagement… », apprécie-t-elle. Des financements qui ne seraient d’ailleurs pas possible sans la quinzaine de partenariats noués par La Chance et parmi lesquels on recense Le Parisien, L’OBS, France TV ou encore La Croix.

Mais le recrutement, même s’il est fondé sur des critères sociaux, reste exigeant. Les candidats doivent passer un véritable concours : une première sélection sur dossier en ligne, puis un oral avec des épreuves écrites et d’actualité. Beaucoup le reconnaissent : cet examen permet de supprimer le sentiment d’illégitimité des étudiants. Et le résultat est incontestable : « Aujourd’hui, ce sont les médias qui nous contactent, […] peut-être par une prise de conscience qui s’ouvrent davantage vers des profils plus diversifiés. »

Sarah Costes. Montage : Maëva Dumas

Née à Paris, La Chance est aujourd’hui présente sur tout le territoire. De Bordeaux à Grenoble, en passant par Marseille, Strasbourg, Toulouse et Rennes. Elle compte 6 salariés et plus de 350 bénévoles dont la plupart sont d’anciens étudiants. Parmi eux, Yousra Gouja. Après un an de préparation au sein de La Chance en 2018-2019, elle est à présent pigiste dans la presse spécialisée. « La Chance nous aide et nous prépare à ce à quoi nous pourrons être confrontés après les écoles. Ils sont là pour nous challenger. » Une préparation intense qui lui a permis d’intégrer l’ESJ Pro Montpellier.

En parallèle du processus de tutorat, la prépa est un accompagnement sur le long terme. Elle fournit des aides pour trouver des stages, des alternances ; elle transmet des offres d’emploi et dispose d’un pôle insertion professionnelle. Lune le confirme : « La Chance, c’est une communauté. Tu n’es pas lâché, c’est un collectif tout au long de la vie de journaliste. »

Sarah Costes

[LE RÉSUMÉ] Diversités dans les rédactions : les RH s’engagent avec La Chance

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Diversités dans les rédactions : les RH s’engagent avec la chance »

Le programme égalité 360 permet, depuis deux ans, de « renouveler les talents ». Photo : Manon Louvet/EPJT

Avec Morgan Bak, adjointe auprès de la DRH au groupe Le Monde et l’ObsEmmanuelle Baugartner, directrice adjointe en charge des politiques Egalité, Diversité et Handicap à Radio FranceYousra Gouja, journaliste pigiste La Chance à la diversité et Maxime Lefebure, chargé de mission RH à Médiapart.

Animé par Yassine Khiri, journaliste AFP et bénévole de La Chance

 

 

Les enjeux

Un constat : les discriminations à l’embauche ne cessent de croître envers les personnes racisées. Les directeurs et directrices des ressources humaines s’engagent  pour davantage de diversité et de transparence dans les rédactions avec La Chance. Une association dont l’objectif est de diversifier les profils. 

Ce qu’ils ont dit

Morgane BAK : « Il faut sensibiliser et former les journalistes. Donner les clés pour recruter sans discrimination. »

« Le réseau La Chance nous permet d’être en contact avec des candidats qui n’accèdent pas à certaines rédactions. »

Emmanuelle BAUMGARTNER : « Je pense que la diversité vient également des origines sociales. »

« La transparence vient d’abord de la composition du jury lors des recrutements. »

Yousra GOUJA : « Il faut qu’il y ait plus de regards différents pour que la population ait davantage confiance aux médias. »

Maxime LEFEBURE : « Nous devons détacher diversité et enjeux commerciaux. »

 

À retenir

Le réseau des RH, né il y a à peine un an, permet d’échanger sur les contraintes et les difficultés au sein des rédactions. A l’initiative du projet, Maxime Lefebure, chargé de mission RH à Médiapart, a pour but de développer la transparence et la diversité dans les médias.

Le réseau des RH de rédactions telles que le groupe Le Monde/l’OBS et Radio France, s’engage afin de soutenir La Chance dans ses actions. Parmi elles : une formation antidiscriminations, la création d’une commission des diversités, une publication des offres d’emploi, ou encore un guide de la pige.

Mais les intervenants le certifient : il existe encore une marge importante pour diversifier les recrutements.

Sarah Costes et Manon Louvet

 

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[LE RÉSUMÉ] Diversité dans les rédactions: il reste tant à faire…

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Diversité dans les rédactions. Il reste tant à faire… ».

Photo : Coline Poiret/EPJT

Animé par Nordine Nabili, directeur de la formation « Journalisme » à l’Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales, avec Emilie Cochaud-Kaminski, journaliste indépendante et ex-bénéficiaire de La Chance, Geoffrey Lopes, journaliste à LCI, ex-bénéficiaire du la Prépa égalité des chances de l’ESJ-Bondy Blog, N’fanteh Minteh, journaliste pour France 3 TV Bretagne et ex étudiante à l’EMI-CFD, Martin Zuber, journaliste indépendant, ex-bénéficiaire de La Chance, Rachel Bertout, responsable de la prépa Egalité des chances de l’ESJ Lille, Pascale Colisson, professeure et chargée de la mission Egalité et lutte contre les discriminations à l’IPJ Dauphine, David Eloy, co-directeur de l’EMI-CFD, Marc Epstein, président de La Chance et Maxime Lefebure, chargé de mission Ressources Humaines à Médiapart.

Les enjeux

La parole est aux jeunes journalistes et aux acteurs du milieu professionnel pour échanger sur la place de la diversité dans les rédactions. Ensemble, ils font état des avancées et surtout des choses qui restent à accomplir pour garantir l’égalité des chances.

Ce qu’ils ont dit

Nordine Nabili : « C’est l’heure de mettre le doigt où ça fait mal. Il y a eu des progrès mais la profession est lente en termes d’égalité. Est-ce que la question de la diversité dans les médias est d’ordre social ou est-ce du marketing pour valoriser les rédactions ? »

Emilie Cochaud-Kaminski : « La question de la confiance en soi est centrale dans ce milieu. J’ai fait les mêmes études que les gens que je retrouve dans les rédactions, mais il y a toujours ce syndrome de l’imposteur.  »

Geoffrey Lopes : « J’ai toujours entendu qu’en tant que journaliste en situation de handicap, j’étais le porte étendard de cette différence. J’ai une part à jouer sur le handicap, c’est vrai. Mais je veux être journaliste et juste faire mon métier. »

N’fanteh Minteh« Je suis fatiguée de voir que la diversité est seulement notre affaire. J’en ai marre de devoir me battre, c’est un enjeu de notre profession qui doit concerner tout le monde. »

Pascale Colisson : « Il faut tout le temps se battre pour instaurer l’égalité dans les écoles de journalisme. C’est un combat quotidien pour protéger les étudiants et pas seulement pour avoir un beau macaron. »

David Eloy : « Dès la création de la formation EMI CFD, la volonté a été de transformer la sociologie de la profession question de l’égalité des chances s’inscrit dans notre démarche. »

Maxime Lefebure : « Il faut déconstruire tout le processus de recrutement pour promouvoir la diversité. Par exemple, on fait attention à la façon dont on rédige nos offres d’emploi car on sait que ça peut influencer sur l’autocensure des candidates et candidats. »

Marc Epstein : « Nous vivons dans un pays où la diversité de la société n’est pas incarnée, que ce soit dans les médias mais également dans les fictions. »

À retenir

Le journalisme est un combat sur une multitude de plans, la diversité est l’un d’eux. C’est dans l’optique de mettre fin à une inégalité des chances récurrente que les acteurs mettent en place des prépa qui accompagnent les étudiants et les jeunes journalistes. Mais une fois au sein des rédactions, ces personnes se sentent parfois réduits au statut de « caution diversité ». En réponse, le message des intervenants est clair : « La diversité ne doit rien rapporter de particulier, elle doit simplement être acceptée. »

Coline Poiret

[LE RÉSUMÉ] Quatre initiatives en faveur de la diversité dans les médias

Photo : Lucas Turci/EPJT

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quatre initiatives en faveur de la diversité dans les médias ».

Animé par Anne Bocandé, journaliste indépendante et cheffe de projet incubation médias au Medialab 93, avec Maxime Daridan, BFM TV, Lannuaire vu des quartiersMarc Epstein, président de La chance, pour la diversité dans les médiasRyad Maouche, rédacteur en chef du média en ligne Frictions.co ; Claudia Rahola, responsable du comité « diversité » de lAFP.

Les enjeux

Les gilets jaunes, le mouvement Black Lives Matter, l’élection de Donald Trump, le Brexit… Ces dernières années, de nombreux événements de grande ampleur sont venus surprendre les médias. Ces pressions populaires interrogent sur le traitement de l’information par les journalistes, leurs biais mais aussi leur représentativité. Comment les médias peuvent-ils sortir de cette ornière et afficher un visage plus pluraliste ?

Ce qu’ils ont dit

Maxime Daridan : « L’annuaire des quartiers regroupe plus de 1500 Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). C’est un outil de facilitation entre habitants de quartiers populaires, dans le modèle du manuel des expertes. Il permet aux journalistes de mieux comprendre les sujets liés aux quartiers et de générer de nouvelles idées. Le succès, on l’aura quand les marronniers seront traités avec des publics bien plus diversifiés dans ces quartiers défavorisés. »

Marc Epstein : « Le chiffre dont on est le plus fier, c’est celui des anciens de notre formation La chance qui deviennent journalistes : 75 %. »

« C’est très important que des jeunes journalistes soient issus de milieux divers pour enrichir la conversation le matin en conférence de rédaction, quand on discute du traitement des angles, des sources… Représenter la diversité de la population, c’est notre travail. »

Ryad Maouche : « Pour Frictions, nous sommes partis d’un constat assez simple : les sujets de conversation sont devenus mondiaux, dépassent les frontières, mais leur perception change selon le lieu où l’on vit. On veut documenter ces différentes perception. C’est un travail de PQR à l’échelle mondiale. »

Claudia Rahola : « On se rend compte que le profil des journalistes est un peu le même. Nous avons monté le comité « diversité » pour diversifier les profils. »

« Aller plus loin, ça veut dire aussi faire beaucoup plus de mentoring, aller à la recherche de gens qui ne sont pas dans les écoles, qui ont eu une expérience professionnelle avant qui n’a rien à voir avec le journalisme. »

À retenir

Le baromètre du CSA mesure depuis 2009 la diversité dans les médias audiovisuels. Son dernier rapport dresse un portrait robot du journaliste à la télévision : un homme blanc, valide, âgé de 35 à 49 ans, vivant en ville et issu d’une catégorie socio-professionnelle supérieure. Face au manque de diversité dans les rédactions et aux biais que cela crée, de nombreux médias cherchent à aller vers plus de pluralisme. Les défis sont nombreux mais les initiatives aussi.

Lucas Turci

[LE RÉSUMÉ] «Atelier Recherche : Diversité des journalismes et pluralisme de l’information»

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Retrouvez l’essentiel de la conférence « #lesmédias. Atelier Recherche : Diversité des journalismes et pluralisme de l’information. »

Animé par Béatrice Damian-Gaillard, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication à l’université Rennes 1, avec Faïza Nait-Bouda, maître de conférences en sciences de l’information et de l’information à l’université Nice Côtes d’Azur et au sein du Laboratoire Sic.Lab ; Mathieu Maire du Poset, directeur Le Tank Média ; Jérôme Pacouret, postdoctorant à l’IRMECCEN (Institut de recherche Médias, Cultures, Communication et Numérique) (université Paris 13) et docteur associé au CESSP (Centre européen de sociologie et de science politique) ; Olivier Pilmis, chargé de recherches au CNRS et chercheur au Centre de sociologie des organisations (Sciences Po / CNRS). (suite…)

[ENQUÊTE] Tous les mêmes ?

Tous les mêmes ?

Les écoles de journalisme reconnues fabriqueraient-elles des clones qui inondent ensuite les médias ? C’est oublier que seuls 19 % des titulaires de la carte de presse sont passés par une école de ce type… (Photo : Alice Blain)

De gauche, europhiles, parisiens…Les journalistes sont-ils tous pareils ? Dans un contexte de défiance, la profession cherche des solutions. Collabos », « macronistes », « journalopes »… Les mots pour dénigrer les journalistes ne manquent pas. Pour ceux qui les critiquent, les journalistes sont tous les mêmes, au point de tenir le même discours. Comment expliquer une telle perception ?

 

Pour certains, la formation pourrait être l’une des causes de l’uniformisation des troupes. Mais pour Cédric Rouquette, directeur des études du Centre de formation des journalistes (CFJ), les écoles de journalisme ne mènent pas forcément à l’homogénéisation des profils. « Nous ne donnons aucun prêt-à-penser, assure-t-il. Nous leur transmettons une méthode de travail et de la rigueur. » Certains avancent aussi que les écoles reconnues par la profession ne dispensent pas les mêmes enseignements. « On ne forme pas de la même façon dans les DUT de Tours, de Cannes ou de Lannion que dans les masters des autres grandes écoles », considère Claude Cordier, président de la CCIJP (Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels).

Diversité à l’école

Pour certains, c’est la sélection des étudiants qui ne favoriserait pas la diversité. C’est le point de vue de Denis Ruellan, sociologue des médias et directeur adjoint des études du Celsa : « Les écoles de journalisme prennent les meilleurs, qui sont en fait ceux qui possèdent les valeurs des classes sociales dominantes, analyse-t-il. C’est ce qui conduit ensuite à avoir une homogénéité blanche et originaire de la classe moyenne supérieure dans les rédactions. » Pourtant, certaines écoles de journalisme ont mis en place des mesures destinées à diversifier les promotions. L’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ) a par exemple créé sa propre prépa « Égalité des chances ». Des jeunes « avec un bon dossier scolaire et universitaire, mais issus de familles à revenus modestes », selon le site de l’ESJ, se voient chaque année offrir l’opportunité d’intégrer l’une des meilleures écoles de journalisme de France. Il existe également des dispositifs externes aux écoles. Depuis 2007, l’association La Chance aide des étudiants boursiers à préparer les concours des écoles de journalisme gratuitement. Cette démarche porte ses fruits : 80 % de ses anciens étudiants travaillent dans le journalisme. Mais un problème persiste : certaines classes sociales ne se dirigent pas naturellement vers le journalisme. « Beaucoup de jeunes sont faits pour ce métier, mais n’osent pas tenter les concours, déplore Cédric Rouquette du CFJ. La majorité de ceux qui se présentent proviennent de la classe moyenne supérieure. » Denis Ruellan trouve une explication logique à ce phénomène : « Dans ces milieux, les gens ont tendance à être très portés sur les médias. Donc forcément, ça aide à aller vers le journalisme. »

Le fossé

Ces inégalités se retrouvent dans le profil des professionnels, à la télévision en particulier. Selon le baromètre annuel de la diversité dans les médias publié par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), en janvier 2018, les catégories socio-professionnelles supérieures occupent 74 % de la représentation à la télévision alors qu’elles ne représentent que 27 % des Français, d’après l’Insee. Pour autant, il serait faux de penser que les journalistes sont formés dans le même moule. Les écoles de journalisme ne représentent pas la seule voie d’entrée dans la profession. En réalité, cette origine est même très minoritaire. « Seulement 19 % des journalistes professionnels sont issus de ces écoles reconnues », atteste Claude Cordier, de la Commission de la carte de presse. N’en déplaise à ses plus ardents détracteurs, la profession ne se résume pas aux quelques figures médiatiques qui occupent les plateaux de télévision ou qui signent des tribunes à succès. Du pigiste pour M6 à la localière de Ouest-France à Bayeux, en passant par le secrétaire de rédaction de L’Humanité : les statuts sont divers. De multiples fractures existent, comme celles concernant la rémunération et les types de contrat (lire ci-dessous). Un journaliste en contrat indéterminé exerçant pour un quotidien national gagne, en moyenne, deux fois plus qu’un journaliste en contrat déterminé. Alors pourquoi les journalistes continuent-ils de renvoyer une image éloignée de la réalité ? « C’est trop facile de chercher une explication de type purement sociologique. Quand les gens parlent de cet éloignement entre les journalistes et la société, ils prennent pour exemple Jean-Michel Aphatie. Pourtant, ce journaliste politique a un parcours complètement différent du reste de la profession », pointe Jean – Marie Charon. Après son brevet des collègues, Jean Michel Aphatie a arrêté l’école pour enchaîner les petits boulots. Il a repris ses études plus tard et passé à son bac à 24 ans, avant de s’orienter vers le journalisme.

Les médias, conscients du problème de représentativité, placent désormais la diversité au cœur de leurs priorités. Chacun tente de recruter des profils plus représentatifs de la société. France Télévisions accueille par exemple dans ses rédactions des stagiaires boursiers ou issus de zones urbaines sensibles. Radio France réserve un nombre de places défini pour les boursiers et favorise la formation en alternance. Ces efforts semblent porter leurs fruits, avance Jean Marie Charon. « Le journalisme est aujourd’hui une profession hétérogène en termes d’origines sociales. Cela permet une meilleure représentation de l’ensemble des Français », considère le sociologue des médias. Mais le chemin, de l’avis de tous, est encore long.

 

Le revenu mensuel médian des Français s’élevé à 1 710 euros, selon les chiffres de l’Insee publiés en septembre 2018. Un journaliste au CDI gagnerait 3 591 euros brut, 2 000 euros pour un pigiste et 1 954 euros pour

 

Lorène BIENVENU, Léa SASSINE et Théo TOUCHAIS

Quelle diversité chez les apprentis journalistes ?

DIversité dans les prépasLes prépas aux écoles de journalisme tentent de renforcer la diversité au sein des promos des grandes écoles.

Des classes qui ont pour ambition de gommer les inégalités sociales, renouveler la diversité dans les écoles et dans les rédactions. Aujourd’hui, il existe près d’une vingtaine de formations de ce genre : les prépas aux écoles de journalisme. Accessible en formation continue, à distance, gratuites ou payantes (jusqu’à 6 000 euros), elles aident les jeunes à passer les portes blindées des grandes écoles.

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[EN PLATEAU] Nassira El Moaddem, rédactrice en chef du Bondy Blog

Passée par iTélé et France 2, Nassira El Moaddem a pris la tête de la rédaction en chef du Bondy Blog cet été. Lancé à la suite des émeutes de 2005, ce pure player met en avant une diversité rare dans les grands médias. Le Bondy Blog, c’est de la diversité dans la rédaction et dans les sujets traités. S’appuyant sur un réseau d’une vingtaine de blogueurs dispatchés dans toute l’Île-de-France, le Bondy Blog couvre notamment l’élection présidentielle, à sa manière.  

[LE RÉSUMÉ] « Diversité dans les rédactions : briser le tabou des
quotas ? »

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Diversité dans les rédactions : briser le tabou des quotas ? ».

D’après les intervenantes, les quotas ne seraient pas un si mauvaise solution pour instaurer plus de diversité dans les rédactions. Photo : Lucie Martin

 

Animé par le présentateur de Vox Pop John-Paul Lepers accueille Samira Djouadi (délégué générale de la Fondation TF1), Nassira El Moaddem (rédactrice en chef du Bondyblog), Audrey Lebel (porte-parole du collectif Prenons la Une), Mai Lam Ngyen-Conan (présidente de Viavoice Diversity) et Géraldine Van Hille (chef de la mission cohésion sociale au Conseil supérieur de l’audiovisuel).

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[LE RÉSUMÉ]
« Journalisme dans dix ans : la parole aux étudiants »

Retrouvez le compte-rendu de la première conférence de cette dixième édition des Assises : « Journalisme dans 10 ans : la parole aux étudiants ».

Maïlys et Loïc, étudiants à l’IUT de Cannes, plaident pour redonner une indépendance pleine et totale aux journalistes, face à la puissance des patrons de presse. Photo : Martin Esposito

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[EN PLATEAU] Dominique Gerbaud, de Médias et diversité

Dominique Gerbaud, ancien rédacteur en chef de La Croix et directeur de Reporter Sans Frontière (RSF), mène désormais un combat pour la diversité dans le journalisme. Invité des Assises, le fondateur de Médias et Diversité exprime l’importance de l’accession des jeunes des quartiers défavorisés aux écoles de journalisme.