Ait Aicha, journaliste réfugié. Photo : Anastasia Marcellin.

Accueilli par la Maison des journalistes, Abdessamad Ait Aicha a fui le Maroc, son pays d’origine, pour échapper à la répression du pouvoir. Il tente de poursuivre son métier en France.

 
« Je risque cinq ans de prison ferme au Maroc. Alors je suis parti. » Abdessamad Ait Aicha était journaliste à Rabat quand les printemps arabes ont éclaté, en 2011 : « Je me suis retrouvé à défendre la liberté avec des milliers de jeunes. » Trois ans plus tard, le régime entame une répression brutale. Plus de 500 activistes, journalistes et défenseurs de droits sont emprisonnés. « À cette époque, je travaillais avec d’autres journalistes sur un programme de développement des journalistes citoyens au Maroc. » Il se retrouve dans le collimateur du pouvoir. Accusé d’atteinte à la sécurité de l’État, il est interdit de quitter le territoire. « Et pourtant, je ne voyais qu’une seule solution : m’en aller. » Il parvient à se rendre en Tunisie et part  pour la France en novembre 2015.
Aujourd’hui, Abdessamad Ait Aicha réside à la Maison des journalistes. L’association qui accompagne des journalistes exilés en France est installée à Paris. « C’est une véritable organisation de reconstruction et de renaissance au niveau professionnel », souligne celui qui continue son travail de journaliste comme il le peut. Son visa français lui permet d’effectuer un stage à la revue Ancrage, spécialisée dans les questions migratoires et culturelles. Il écrit aussi des articles concernant la liberté de la presse en Afrique du Nord.
De ce parcours chaotique, Abdessamad Ait Aicha n’a gardé qu’une seule envie : continuer le journalisme. « Bien sûr que c’est utile », sourit-il à l’évocation du thème des Assises. « Notre travail, ce n’est pas juste d’informer, c’est aussi de construire une société basée sur un esprit de liberté. On ne peut pas parler d’une démocratie sans journalisme. »
 
Anastasia MARCELLIN