Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le dessin de presse face aux enjeux du numérique : Quelles protections pour ses auteurs et ses autrices ? »

Kak, Audrey Adam, Ricardo Gutierrez et Maria Arena (de gauche à droite). Photo : Guillaume Bosmans/Ihecs

Avec Audrey Adam (Belgique), avocate et professeure invitée en droit des médias ; Maria Arena (Belgique), présidente de la sous-commission des Droits de l’homme du Parlement européen ; Izel (Turquie), dessinateur de presse et écrivain et Kak (France), dessinateur de presse et président de Cartooning for Peace.

Animé par Ricardo Gutierrez (Belgique), secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ).

Les enjeux

Le dessin de presse s’exprimait traditionnellement dans la presse écrite. Le fait d’être passé à l’univers numérique entraîne une plus large diffusion. Cette explosion de l’audience est à la fois une opportunité mais aussi un risque. Un nouveau public implique une confrontation nouvelle avec d’autres façons de penser. Cela crée un phénomène de menace, de censure voire d’autocensure du dessinateur, qui est en première ligne face aux nombreuses formes d’extrémisme.

Ce qu’ils ont dit

Audrey Adam : « Une des pistes de solution essentielle à la protection du dessinateur de presse est le droit à la liberté d’expression. Ce droit vaut pour tout le monde. Il vaut quel que soit le type de message exprimé et quel que soit le canal de diffusion choisi. »

« Même s’il existe un bouclier juridique du Conseil de l’Europe, il y a eu plus de 1400 violations de l’Article 10 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme envers les dessinateurs de presse dans certains pays. »

Maria Arena : « Lors du passage du monde écrit au monde numérique, il aurait dû y avoir un certain nombre de modifications dans nos modèles au niveau de la presse et de l’éducation aux médias. Cet accompagnement au numérique n’est pas intégré dans les programmes scolaires et cela devra se faire. Nous sommes soumis à de l’information qui est décontextualisée et qu’il est important d’analyser différemment. »

 « Si hier le dessinateur de presse était très au courant de l’espace juridique et culturel auquel il était confronté, aujourd’hui, un dessinateur de presse n’est pas suffisamment armé face à ce contexte juridique et culturel. »

Izel : “Cela fait deux ou trois ans que je ne dessine plus le président Erdogan. Quand je veux le dessiner, je le fais sans montrer son visage, sinon mon éditeur n’accepte pas le dessin. »

« L’humour est l’antidote des mensonges politiques. »

Kak : « Il y a une hausse du nombre de cas de dessinateurs menacés partout dans le monde. »

« Le dessin de presse est difficile à mettre dans une catégorie propre car il a créé sa propre catégorie : il mélange l’humour, les compétences artistiques et les compétences journalistiques. Comme le journaliste, il y a une responsabilité de s’en tenir aux faits car il rend compte de l’information et de l’actualité. »

Ricardo Gutierrez : « Les dessinateurs de presse sont pleinement journalistes. Nous ne faisons aucune différence entre un journaliste et un dessinateur de presse. »

 

À retenir

Tous les pays de l’Union Européenne ne sont pas égaux en matière de droits de l’Homme et de liberté d’expression. Mais même dans les pays où ces notions sont plus développées, les journalistes et dessinateurs de presse font face à de lourdes menaces. Il existe des pistes de solutions qui passent notamment par la formation des dessinateurs de presse et des journalistes au niveau juridique, la régulation du monde numérique et l’éducation des jeunes publics aux médias et à l’information.

Guillaume Bosmans (Ihecs) et Shana Benflis (Ihecs)

 

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