[LE RÉSUMÉ] Les prix des assises 2023

Les primés de la seizième édition des prix des Assises du journalisme accompagnés de Patrick Cohen, de Raphael Garrigos et Isabelle Roberts, présidents du jury. Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

La remise des prix de Assises 2023 était présidée cette année par les journalistes Des Jours Isabelle Roberts et Raphaël Garrigos.
Le prix du livre « recherche » sur le journalisme, doté par la métropole tourangelle, revient au sociologue des médias à l’Institut français de presse, Rémy Rieffel, pour son ouvrage L’Emprise médiatique sur le débat d’idées. Trente années de vie intellectuelles 1989-2019 (PUF).

Le prix « Enquête et reportage » a été attribué Franck Depretz pour son travail sur le groupe Ebra intitulé Dans l’empire médiatique du Crédit Mutuel. Le jury, composé d’étudiantes et d’étudiants des 14 écoles de journalisme reconnues, a tenu a précisé que son choix était « politique » et entendait récompenser une démarche journalistique en accord avec leurs valeurs.

Alice Géraud est la lauréate du prix du livre du journalisme pour Sambre, Radioscopie d’un fait-divers. Son enquête sur les victimes d’un délinquant sexuel qui a sévi dans l’Est de la France, donne la parole aux victimes.

Le grand prix du journalisme Michèle Léridon a été remis à la SDJ du JDD et de Paris Match pour leur engagement contre les pratiques despotiques de leur nouveau propriétaire, Vincent Bolloré. A cause des pressions qu’ils subissent, les récipiendaires n’étaient pas présents à la cérémonie. Ils étaient représenté par Patrick Cohen qui a lui aussi pris position contre l’homme d’affaires breton quand il était en poste à Europe 1.

Rédaction web/EPJT

Journalistes et citoyens, un banquet aux avant-goûts de réconciliation

Le Bateau ivre de Tours a accueilli le banquet journaliste-citoyen de cette 16e édition des Assises. Photo : Jean Tramier/Assises du journalisme

Le Bateau ivre s’est transformé en restaurant le temps d’une soirée originale, mercredi. Au banquet des Assises du journalisme de Tours, 100 convives, 50 journalistes et 50 citoyens, se sont rencontrés pour échanger sur l’info, à toutes les sauces. Et essayer d’y retrouver goût.

’embarquement à 19h30 était ambitieux. Encore plus avec des journalistes dont le défaut est de trop parler. Pourtant, tout le monde était à l’heure mercredi soir, au Bateau ivre, à Tours. La salle de spectacle a été transformée pour accueillir le deuxième banquet Journalisme et citoyenneté. Vingt-cinq tables ont été dressées pour la soirée avec, à chacune d’elles, deux professionnels de l’information, et deux « citoyens ». Les convives ont été choisis dans des associations locales, féministes, écologistes, et tous ont un rapport à l’information réfléchi. Objectif de la soirée ? Déguster un (bon) repas traiteur et discuter du goût de l’info.

Avant le début du service, Thierry Bouvet, président du centre associatif et artistique, monte sur scène, prend le micro, et déclame un discours à mi-chemin entre manifeste et poésie. « Vous voilà à vos assises, dans notre bateau. Ne soyons pas des galériens de l’info mais des volontaires de l’aventure du donné à voir, à raconter, à lire et à écouter. Veuillez ne pas m’en vouloir de tenter de jouer avec les mots. » Comme un sentiment de gêne d’être face à un parterre de professionnels, dont le métier est de manier les mots. D’ailleurs, tout au long de la soirée, les citoyens auront du mal à s’imposer et à prendre la parole.

L’académicien retardataire 

Un seul retardataire : Erik Orsenna. Il achevait, quelques minutes plus tôt, sa carte blanche à Mame où se tient pendant une semaine la seizième édition des Assises. Cambré, essayant de se cacher entre ses épaules, son entrée dans la salle cherche à être discrète. Jérôme Bouvier, président de Journalisme et citoyenneté, l’association organisatrice, le dévoile. L’académicien est applaudi.

Les entrées arrivent. Sur certaines tables, on trinque. Pour ouvrir l’appétit, spaghetti de courgettes accompagné de sa question : qu’est-ce qui vous donne goût à l’info ? Sur la table 7, pour Gaëlle, citoyenne, l’actualité nourrit sa curiosité, ses intérêts personnels, et lui permet de comprendre le monde dans lequel elle vit. Elle était infirmière en Ehpad. Son refus de se faire vacciner lui a coûté son poste en décembre 2020. Ça attise la curiosité de Catherine Boullay, journaliste à L’Opinion.

La conversation embraye naturellement sur le complotisme. Gaëlle a très mal vécu le fait qu’on lui colle cette étiquette : « J’étais informée, la santé c’est mon métier. Je discutais avec les médecins, et j’ai refusé en conscience. » Elle est maintenant en reconversion pour devenir assistante de direction. Elle avouera plus tard être aussi gilet jaune.

 “Je me permet de vous interrompre”

À l’autre bout de la salle, les citoyens de la table 23 parlent de leur goût pour le long format. Un podcast de plus d’une heure ne leur fait pas peur. Au contraire, ils aiment prendre le temps de développer un sujet sur le fond. Mais les vingt minutes de l’entrée n’auront pas permis de finir la conversation. Les assiettes sont vides. C’est le jeu des chaises musicales, on prend sa serviette sur le bras, son verre d’eau dans une main, le verre de vin dans l’autre et on se dirige vers une autre table.

Vient le plat de résistance : une escalope de poulet aux épinards pour accompagner le dégoût de l’info. Cette fois-ci, on n’hésite pas à être critique et pessimiste. « Qu’est-ce qui vous hérisse les poils dans l’info ? » interroge Lucile Berland, pigiste indépendante et médiatrice de la soirée.

Sur l’une des tables, le directeur de la rédaction de La Nouvelle République, Luc Bourianne, prend place face à Benoît Bruère de France 3. « Je me permets de te tutoyer« , lance l’un d’eux à Gaëlle, l’ex-infirmière, qui ne voit pas de problème dans cette proximité.

Sauf quand la conversation devient technique et pas inclusive. « Je me permets de vous interrompre« , lance-t-elle, un peu dépassée. De retour dans la conversation, elle lâche : « Je ne fais pas confiance aux lignes éditoriales.« 

 “ Les marronniers, on n’en peut plus ”

Sur la table 23, c’est davantage la diversité des rédactions qui est remise en cause. Deux citoyens interpellent une étudiante en journalisme sur les profils de sa promotion et leurs origines sociales. Un paramètre qui se ressent dans le choix des sujets. Du coq à l’âne, les JT laissent un goût amer chez beaucoup. « Les marronniers, on n’en peut plus« , avoue Eric, membre d’un collectif d’artistes de rue.

Au dessert, les citoyens changent encore de place. Sucré rime avec solutions. Mais les citoyens ont quand même l’impression de ne pas être considérés. Zénaïde est membre de Touraine Women. Elle a pu présenter le concours qu’elle organise : récompenser les femmes cheffes d’entreprise de Tours.

La solution envisagée ici : davantage de jeunes dans les rédactions. Un sujet qui passionne Cécile Prieur, directrice de la rédaction de L’Obs. Autre proposition : l’éducation aux médias et à l’information. Les citoyens sont conscients de l’enjeu de bien s’informer, tout comme les journalistes, qui manquent parfois de pédagogie.

L’initiative a le mérite d’avoir mis le dialogue au cœur (coulant caramel) de la soirée. Au micro, une dame suggère que l’événement soit reproduit dans toutes les villes de France. Histoire de partager la recette.

Jane COVILLE et Maël PREVOST

[RÉSUMÉ] ChatGPT, ami ou ennemi des journalistes ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « ChatGPT, ami ou ennemi des journalistes ? »

Asma Mhalla, enseignante, spécialiste des enjeux géopolitiques du numérique, Benoit Raphaël, journaliste spécialisé dans l’intelligence artificielle et l’industrie des médias, fondateur de FLINT. Xavier Eutrope, journaliste à La Revue des médias de l’INA. Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Asma Mhalla, enseignante, spécialiste des enjeux géopolitiques du numérique, Benoit Raphaël, journaliste spécialisé dans l’intelligence artificielle et l’industrie des médias et fondateur de FLINT. Animé par Xavier Eutrope, journaliste à La Revue des médias de l’INA

 

Les enjeux

Au coeur des débats et des préoccupations ces derniers mois, l’émergence de l’intelligence artificielle ChatGPT interroge sur le futur du journalisme. Capable de rédiger un article sur quasiment tous les sujets, il pourrait devenir un outil incontournable des rédactions. Une situation qui inquiète les journalistes qui craignent pour leur emploi.

Ce qu’ils ont dit

 Asma Mhalla. « La révolution de ChatGPT n’est pas technologique mais plutôt une révolution d’usage. »

« La révolution de l’IA que l’on fait miroiter comme une perspective à craindre est un fantasme. »

« La technologie est déjà partout mais elle n’a pas fait s’effondrer la société. Mais elle engendre des mutations »

« Ces technologies sont duales. Si elles sont civiles, elles sont aussi policières et militaires. »

« La technique n’est pas la technologie. La technologie n’est jamais idéologiquement neutre. »

 

Benoit Raphaël. « ChatGPT n’est pas ton ami ni ton ennemi. Ça n’est pas une personne. C’est un outil qui interagit avec nous. »

« Si on a peur d’être remplacés par des robots, c’est peut-être parce qu’on vit comme des robots »

« Toute tâche répétitive peut être remplacée mais on ne doit pas perdre de vue l’objectif du journalisme : produire une information nouvelle et de qualité. »

« On sait qu’aujourd’hui l’avenir de la presse est de moins produire mais d’avoir plus de qualité »

À retenir

ChatGPT n’est pas encore suffisamment performant pour être capable de remplacer un ou une journaliste. Cette intelligence artificielle pourrait en revanche être utile pour des tâches répétitives, permettant ainsi de libérer du temps pour les journalistes.

Il ne s’agit pas d’une révolution technologique mais plutôt une révolution d’usage. Les citoyens se sont largement appropriés cette nouvelle vague d’outils ce qui pose la question des mutations de nos sociétés engendrées par ces technologies.

Dorian Gallais (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Lutter contre les bulles informationnelles : comment éviter que les algorithmes imposent un menu unique ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Lutter contre les bulles informationnelles : Comment éviter que les algorithmes imposent un menu unique ?  »

 Xavier EUTROPE , Journaliste à la revue des médias de l’INA,  Mathilde SALIOU, journaliste de Next INpact et Cyrille FRANK, directeur de la formation et de la transformation numérique de CosaVostra Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Animé par Xavier EUTROPE , journaliste à la revue des médias de l’INA
Avec Mathilde SALIOU, journaliste de Next INpact et Cyrille FRANK, directeur de la formation et de la transformation numérique de CosaVostra

Les enjeux

A l’heure des réseaux sociaux, le public et les journalistes s’interrogent sur les enjeux du fonctionnement opaque des algorithmes qui entraînent des bulles informationnels. Le débat « Lutter contre les bulles informationnelles : Comment éviter que les algorithmes imposent un menu unique ? » tente de répondre à ces questions.

Ce qu’ils ont dit

Mathilde SALIOU : « À chaque fois qu’on like, qu’on tweete… on alimente la machine à algorithmes. »

« L’une des manières de faire rester les publics sur une plateforme, c’est de leur montrer des contenus avec lesquels ils ne sont pas d’accord. »

« Les chaînes de télévision extraient les moments de clash des émissions pour les poster sur les réseaux sociaux. C’est un problème, il faut que les journalistes comprennent ces effets. »

« Il ne faut pas que les réseaux sociaux nous laissent croire que leurs technologies sont dans les nuages mais qu’au contraire, elles ont un réalité, une existence voulue. »

Cyrille FRANK : ​« Les émotions créent de l’attention, de l’engagement. […] Les émotions négatives en particulier. »

« Aujourd’hui les contenus particulièrement relayés sur les réseaux sociaux sont des contenus télévisuels. »

« Derrière la question de la responsabilité, il y a la question de la régulation des médias et des réseaux sociaux. »

« Ce que les gens apprécie aujourd’hui sur Mastodon, c’est ce qu’ils aimaient sur Twitter au début. Ils étaient entre eux […] une impression d’entre soi. »

« L’un des rôles de l’EMI, est aussi d’expliquer aux utilisateurs comment fonctionne notre cerveau et nos biais cognitifs face aux contenus des réseaux sociaux. »

À retenir

L’opacité des algorithmes qui régissent les réseaux sociaux questionne et pose plusieurs questions. D’abord, la responsabilité des propriétaires des réseaux mais également celle des médias qui les alimentent par des contenus polarisant. Ensuite, un travail de pédagogie est à faire auprès des utilisateurs sur comment fonctionne notre cerveau et nos biais cognitifs face à ces algorithmes. Enfin, les intervenants au débat ont également évoqué les outils législatifs que les pouvoirs publics pourraient mettre en place pour réguler les algorithmes responsables des bulles informationnelles.

Thomas LEMOULT-EMMLER (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Storykillers : lutter contre les entreprises de la désinformation

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Storykillers : lutter contre les entreprises de la désinformation »

Laurent Richard et Cécile Andrzejewski évoquent leur enquête Story Killers, menée en collaboration avec une centaine de journalistes à travers le monde, sur l’industrie de la désinformation en Inde, à Israël, à Malte, au Mexique… Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Laurent RICHARD, fondateur de Forbidden Stories et Cécile ANDRZEJEWSKI, journaliste de Fordbidden Stories.

Animé par Nassira EL MOADDEM, journaliste indépendante. 

 

 

Les enjeux

« Ils ont tué le messager, ils ne tueront pas le message. » Tel est le maître-mot de Forbidden Stories, le réseau de journalistes monté en 2017 afin de poursuivre les travaux de journalistes assassinés ou emprisonnés à travers le monde. Son fondateur, Laurent Richard, et Cécile Andrzejeweski, journaliste de Fordbidden Stories, aspirent à penser la profession autrement, à l’échelle globale. Leur démarche : le journalisme collaboratif.

Ce qu’ils ont dit

Laurent Richard (fondateur de Forbidden Stories) : « L’importance est de travailler de manière collaborative et solidaire, pour poser les questions que les journalistes de nombreux pays ne peuvent plus poser. »

« La collaboration apporte de la protection. Ça ne fait aucun sens de tuer un journaliste s’il y en a cinquante autres derrière, prêts à prendre la relève. La collaboration permet de générer du changement à l’échelle globale. »

« Il n’y a pas beaucoup d’écoles de journalisme dans le monde qui apprennent le journalisme collaboratif. C’est plutôt la culture du loup solitaire. Tous les sujets ne se prêtent pas à la collaboration. Mais c’est important de changer l’état d’esprit. »

Cécile Andrzejewski (journaliste de Fordbidden Stories)  : ​« Au moment de l’apparition de Story Killers, l’enquête qu’on a menée, des chiffres sont sortis montrant que les femmes journalistes étaient davantage victimes. »

« La question de la mise en danger se pose au fil de l’enquête. Plus on avance, plus on se rend compte que les gens en face sont puissants et dangereux. »

« C’est un peu rare, pour un journaliste, d’avancer à plusieurs et de mettre ses sources en commun. Mais il y a une espèce d’émulation qui est magique à vivre. »

 

 

 

À retenir

A travers le récit de Story Killers, l’enquête de Forbidden Stories sur les industries de la désinformation à travers le monde, Laurent Richard et Cécile Andrzejewski mettent l’accent sur la collaboration dans l’investigation. Ils regrettent une vision parfois trop solitaire du journalisme et appellent à la formation de consortiums. Ces réseaux permettraient d’offrir à l’opinion publique des informations que « certains ont voulu cacher ». Un combat pour le journalisme et l’intérêt général.

La volonté de Forbidden Stories est ainsi de prolonger le travail d’enquête de journalistes assassinés ou actuellement derrière les barreaux. Si les revenus de l’organisation ne lui permet pas de mettre en oeuvre ce travail pour l’ensemble des journalistes victimes dans le monde, sa volonté est d’agir à l’échelle globale. Et ce, parce que la désinformation est un problème lui-même à l’échelle globale, qui tue nos démocraties. Pour ce faire, le réseau recherche avant tout des journalistes de terrain. Car il ressort de cette conférence qu’une investigation de qualité combine terrain, y compris dangereux, et collaboration.

Élias INSA (EPJT)

 

 

Exil, migrations et journalisme

Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Sarah FRERES, journaliste à Imagine Demain le monde, Mariam THIAM, journaliste à Africa Check (en visioconférence depuis le Sénégal), Ali MAHFOUD, Journaliste libyen
Eleonora CAMILLI, journaliste à Redattore Sociale. Animé par Amara MAKHOUL, rédactrice en Chef à France 24

 

Marianna Thiam raconte sa visite dans un centre de migrants au Niger. Elle y a rencontré un migrant camerounais, traumatisé par son voyage, qui a eu ces mots qui l’ont marquée : « Pendant le voyage, on a « plus de frère, plus de sœur, plus d’amis ».

Ali Mahfoud raconte, lui, son parcours de journaliste en Libye à demandeur d’asile en France.

Eleonora Camilli développe son travail journalistique sur la migration. Elle suit depuis 2015 la question de la migration en Europe notamment en Grèce, dans les Balkans, à la frontière franco-italienne. Elle étudie aussi la politique migratoire européenne qui cherche à tenir les migrants loin de ses frontières. Elle s’est également rendue aux frontières de l’Ukraine pour voir, avec la guerre, comment était gérée cette migration-là, et la comparer aux autres. Elle relève que, pour le cas de l’Ukraine, le choix d’aider les migrants est politique et que les Ukrainiens sont mieux traités que d’autres dans la même situation. Elle note par exemple que rien n’a changé depuis pour ceux de l’ile de Lampedusa par exemple : « On a créé un système où les réfugiés ne sont pas les mêmes, où les droits ne sont pas les mêmes ».

Sarah Frère a travaillé sur la question de la migration « légale » en Belgique (étudiants, travailleurs) et notamment sur la question des procédures. Ces dernières sont externalisées ce qui donne un service public de l’immigration inaccessible. Cette situation se voit sans réponse politique concrète.

Amara Makhoul, de par son travail pour Infomigrants, rappelle que les migrants sont une audience particulière. Elle rappelle aussi l’importance du vocabulaire qui, dans son cas, participe de la confiance dans le média.

Première piste de réflexion : l’importance du vocabulaire pour la couverture du sujet.

Marianna Thiam distingue différents enjeux. Les termes utilisés par les gouvernements répondent souvent à des enjeux politiques. Donc les États retiennent des définitions qui sont en accord et facilitent leurs propres politiques migratoires. C’est pour cela que les pays ne sont pas d’accord sur les définitions. Ensuite, les termes utilisés par les journalistes se font les véhicules de certains stéréotypes. Elle cite comme exemple le terme migrant, qui connote « l’Africain qui vient en Europe », qu’elle oppose à « l’expatrié européen qui va travailler aux États-Unis ». Une personne qui utilise ces termes peut mal les utiliser, de manière active à des fins de désinformation ou de manière passive comme conséquences de préjugés. Elle rappelle que le journaliste est influencé par sa communauté et son milieu d’origine et qu’il se doit de faire attention à cette question du vocabulaire.

Sarah Frère raconte qu’il existe en Belgique des recommandations terminologiques faites par le Conseil de déontologie journalistique. Ces recommandations ont été formulées dans les années quatre-vingt-dix, suite à une poussée électorale de l’extrême droite. Elles posent un cadre aux journalistes, leur permet d’éviter des termes qui ne veulent rien dire, comme par exemple « migrant illégal ». Ces termes sont d’autant plus dangereux qu’ils nourrissent un imaginaire souvent mensonger chez le lecteur ou la lectrice.

Eleonora Camilli souligne l’importance de la réflexion sur la narration faite de la migration. Pour elle, les journalistes peuvent avoir tendance à dépeindre les migrants comme des « victimes » ou des « ennemis » et non pas comme des sujets de droit. Elle met en lumière un piège qui peut être présent : présenter les migrants comme objets plutôt que comme sujets de la narration.

Pour Ali MAHFOUD le problème de vocabulaire vient aussi de l’État, des administrations qui emploient et définissent des termes dans leur référentiel propre, sans penser à leur utilisation par d’autres acteurs. Ainsi, en Libye, la question de l’identification des migrants est un enjeu phagocyté par les administrations et le vocabulaire qu’elles emploient.

Deuxième piste de réflexion : comment parler de la migration autrement ? Comment sortir de l’aspect « événementiel » ?

Amara Makhoul propose de faire un suivi rapproché de la question. Par exemple en adoptant une approche plus régulière, comme le fait Infomigrants. Mais se pose la question de l’intégration de cette régularité dans un journal généraliste.

Sarah Frère complète le propos en analysant l’effet évènementiel comme étant lié non pas à la question de la migration, mais au caractère nouveau des évènements (d’un naufrage, d’une noyade). Pour elle, l’enjeu est alors de raconter la même chose, mais autrement, afin d’éviter des histoires qui se répètent, qui tournent en boucle. Une solution qu’elle met en pratique est de replacer les personnes au centre de l’histoire, plutôt que les faits. Chaque personne étant unique, son parcours différent des autres, on peut donc traiter la question avec une multitude d’histoires différentes.

Pour Marianna Thiam, le traitement évènementiel des informations sur les migrants est lié à la fonction du journaliste et au fait, qu’en fin de compte, il doit produire une valeur économique afin que le média puisse se vendre. Et le sensationnel vend plus. Pour elle, une solution à ce sensationnalisme est la production d’investigations. Cela permet d’aller au fond du problème, d’aller chercher les informations et de proposer un contenu moins sensationnel, mais plus complet et abouti. En effet, selon elle, les journalistes ont souvent tendance à produire du journalisme factuel, de remplissage, plus sensationnel, qui s’accommode parfois mal de problématiques liées à la question migratoire.

Troisième temps du débat : le témoignage du migrant dans le travail du journaliste

Ali Mahfoud partage son expérience en Libye où il est impossible d’obtenir des témoignages. En effet, il est interdit d’avoir des contacts avec les migrants pour des raisons politiques et sécuritaires. Seules quelques ONG le peuvent mais seulement sur 10 % du territoire environ. Il poursuit en rappelant que même s’il est difficile d’entendre les récits de migrants en Belgique, il est nécessaire et important d’avoir un espace de liberté où la parole peut se libérer.

Pour Eleonora Camilli, l’importance des témoignages est capitale. Mais le recueil est difficile car il faut composer avec la psychologie du migrant qui peut avoir des difficultés à revivre les évènements ou peut être incapable de les raconter. Pour elle, la question de la psychologie des migrants est difficile à aborder mais c’est une problématique centrale pour avoir une narration juste.

Sarah Frère pose un impératif de respect des personnes et de leur parole. Elle rappelle aussi l’importance de l’honnêteté dans la démarche du journaliste : il ne faut pas faire croire aux migrants que leur témoignage va changer leur vie. Mais il faut aussi faire attention, à force d’absorber des histoires tragiques, à ne pas déshumaniser les témoignages, à ne pas mettre l’empathie de côté.

Amara Makhoul souligne l’importance du recul pour le journaliste. Un constat partagé par Ali Mahfoud, qui rappelle que ce recul fait partie du travail de journaliste.

Marianna Thiam met l’accent sur l’importance de la connaissance de la culture des migrants pour appréhender leur posture face au journaliste. Elle rappelle que le migrant apporte au journaliste son histoire, mais aussi ses troubles, ses traumatismes . Il peut donc être amené à manipuler son interlocuteur.

Dernier point : l’aspect passionné et passionnel du sujet, qui génère des tensions. Quelle est donc la responsabilité des journalistes ?

Sarah Frère raconte l’expérience de la Belgique qui a mis en place un « cordon sanitaire médiatique » qui empêche l’extrême droite de prendre la parole en direct dans les médias. Ce qui permet de faire de la vérification d’informations avant publication. Elle pose ensuite la question de la reprise dans les articles d’extraits twitters de personnalités politiques. En effet, la citation de messages incitatifs à la haine dans des articles participe de leur publicité. Se pose alors la question de comment rendre compte de certains discours, sans se constituer porte-parole de politiques ou d’organisations. Un exercice qu’elle confie trouver parfois compliqué.

Marianna Thiam et Ali Mahfoud rappellent chacun à leur tour l’importance du débat contradictoire pour permettre une meilleure compréhension des enjeux et comme solution pour éviter les pièges tendus par les extrêmes.

Irénée JAUJAY/MRI

[RÉSUMÉ] « Les entretiens de l’info : burn out dans les rédactions, aussi »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les entretiens de l’info : Burn out dans les rédactions, aussi »

Eloïse NGUYEN-VAN BAJOU, Journaliste santé,ex professionnelle de santé, Laurence CREUSOT, Formatrice à l’ESJ-Pro, Marie-Laurence DALLE, SNJ Radio-France  Yves KOSSOVSKY, Coordinateur des soins PsyPro-Lyon, Cécile SOURD, Directrice générale de Médiapart, Julien DA SILVA, Responsable de domaine accompagnement solidaire et social de AUDIENS.  Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Mme Eloïse NGUYEN-VAN BAJOU, Journaliste santé, ex professionnelle de santé, Mme Laurence CREUSOT, Formatrice à l’ESJ-Pro , Mme, Marie-Laurence DALLE, SNJ Radio-France , M. Yves KOSSOVSKY, Coordinateur des soins PsyPro-Lyon, Mme Cécile SOURD, Directrice générale de Médiapart, M. Julien DA SILVA, Responsable de domaine accompagnement solidaire et social de AUDIENS

Animé par M. Jean-Marie CHARON, Sociologue à l’EHESS 

 

 

Les enjeux

La santé mentale est aussi un sujet tabou au sein des rédactions. Libérer la parole sur le burn out est une nécessité au vu des deux enquêtes effectuées par le sociologue Jean-Marie Charon et le Syndicat national des journalistes à Radio France. Petit à petit, des dispositifs sont mis en place dans les rédactions afin d’accompagner les journalistes en burn out.

Ce qu’ils ont dit

Laurence Creusot (Formatrice à l’ESJ-Pro) : « On ne sait plus qui on est, on est perdu, on se sent seul »

Yves KOSSOVSKY (Coordinateur des soins PsyPro-Lyon) : ​« Si vous pensez constamment à votre travail, vos responsabilités et pas à vous, votre vie privée et à votre santé mentale c’est que quelque chose ne va pas.»

« Dans les rédactions, on rend la vie insupportable aux journalistes pour qu’ils démissionnent et ainsi réduire les effectifs.»

« Je dis à mes patients qu’ils ne sont pas malades, ils sont blessés. Je dois soigner des blessures psychologiques »

Marie-Laurence Dalle (SNJ Radio-France) : « Selon notre enquête, 70% des journalistes ne disposent pas d’assez de temps pour effectuer leur travail correctement. »

« 63% des journalistes pensent que leur travail est mauvais pour leur santé. »

​« Il y a une vraie fracture générationnelle, sur la question de la santé mentale. »

Cécile Sourd (directrice générale de Mediapart) : ​« À Mediapart, il y a une culture de partage et de vigilance à la rédaction où on fait attention les uns et les autres. »

« Les cofondateurs de Mediapart ont eu à coeur de faire aimer sa vie de journaliste »

 

À retenir

Jean-Marie Charon revient sur l’objectif de sa future enquête qu’il mène sur la santé mentale des jeunes journalistes. Il explique que la plupart des témoignages recueillis concernent des jeunes journalistes qui ont subi du harcèlement moral et ou sexuel. Ce constat a été appuyé par le témoignage de Laurence Creusot, en burn out quand elle était journaliste à la rédaction web de France 3 Occitanie. Elle revient sur l’ambiance de travail délétère qui susbite au sein des rédactions.

Marie-Laurence Dalle, journaliste est venue présenter l’enquête du SNJ sur la santé mentale des journalistes à Radio France. De nombreux dysfonctionnements ont été révélés. Elle interpelle sur le manque de considération et de reconnaissance des journalistes. Cécile Sourd, directrice générale de Mediapart présente les différents dispositifs mis en place par la rédaction pour accompagner les salariés en burn out tels que les cellules d’écoute ou l’existence de référents présents dans chaque pôle de la rédaction formé à recueillir la parole des salariés).

Zineb El Ouadi (EPJT)

 

 

[RÉSUMÉ] Covid long, une agueusie journalistique

Retrouvez l’essentiel de l’atelier  « Covid Long,, une agueusie journalistique »
Arnaud Mercier, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris-Panthéon-Assas, Anaïs Bard, journaliste et rédactrice pour Envoyé Spécial France 2, Nicolas Berrod, journaliste pour Le Parisien, Sandra Guerrero, membre de l’association #ApresJ20 (en visio) et Jérôme Larché, médecin interniste. (en visio) Photo : Thomas Lemoult-Emmler/EPJT

Anaïs Bard, journaliste et rédactrice pour Envoyé Spécial France 2

Nicolas Berrod, journaliste pour Le Parisien

Sandra Guerrero, membre de l’association #ApresJ20 (en visio)

Jérôme Larché, médecin interniste (en visio)

Animé par Arnaud Mercier, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris-Panthéon-Assas.

Les enjeux

Animé par Arnaud Mercier, cette table ronde a fait l’état des lieux de la couverture médiatique du Covid long en France. Anaïs Bard, journaliste à France 2, exposait son parcours de malade et la création du numéro d’Envoyé spécial « Covid long : une maladie mystérieuse ». Le journaliste au Parisien Nicolas Berrod parlait de son intérêt pour ce sujet. La patiente Sandra Guerrero racontait son parcours pour la reconnaissance de la maladie et le médecin Jérôme Larché donnait son éclairage de praticien.

Ce qu’il a dit

Anaïs Bard : « En mai 2021, au sein de la sphère journalistique, personne ne connaissait le sujet. »

« La malade et la journaliste ont fusionné pour essayer de faire connaître la maladie. »

« Le Covid long a eu deux ennemies : le Covid initial et l’envie de parler d’autre chose que le sujet sanitaire. Les patients, les médecins, la recherche… il y avait plein de choses à dire. Un sujet foisonnant. »

« Le premier traitement médiatique du Covid long concernait l’existence ou non de la maladie. »

« Après le numéro d’Envoyé Spécial, beaucoup de malades m’ont dit merci. En parlant du Covid long sur une chaîne nationale publique en prime time, cela ajoute du poids à la parole des malades. »

Nicolas Berrod : « Il y a aussi une réalité en rédaction, les articles Covid sont beaucoup moins lus aujourd’hui. »

« Concernant le traitement journalistique du Covid Long, la réponse politique joue aussi. Le Ministère de la santé ne communique pas beaucoup sur le Covid long. »
« Ce n’est pas la sous-médiatisation d’un sujet par mes confrères qui m’empêche de traiter un sujet, au contraire. »
Jérôme Larché : « La médecine c’est aussi croire les patients, voir la maladie de manière empirique. »
« Chez les adultes, 10 à 15% des covids se transforment en Covid long. »
« Il y a une responsabilité partagée entre les médecins et les journalistes. »

À retenir

Alors que dès l’été 2020 des associations pour faire porter la voix des malades du Covid long avaient vu le jour, les journalistes ont mis du temps à s’emparer de cette question pour plusieurs raisons. Moins “spectaculaire” que les images apocalyptiques des premières semaines et ayant souffert d’une fatigue informationnelle concernant les sujets sanitaires après les confinements successifs, le Covid long concernerait entre 10 et 15% des personnes ayant été atteint d’un Covid « simple”. Des centaines de milliers de malades demandant une reconnaissance médicale, politique mais également médiatique.

Thomas Lemoult-Emmler (EPJT)

[RÉSUMÉ] Media Freedom Act : un réel impact dans le quotidien des journalistes ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Media Freedom Act : quelle mise en oeuvre en France ? »

Adina Revol, Cécile Dubois, Emmanuel Poupard et Clothilde Le Coz ont débattu et répondu aux questions concernant le Media Freedom Act. Photo : Mathias Fleury/EPJT

Avec Adina REVOL, porte-parole de la Commission Européenne en France ; Emmanuel POUPARD, 1er secrétaire général SNJ ; Cécile DUBOIS, co-présidente du SPIIL et rédactrice en chef de Citoyens.com.

Animé par Clothilde Le Coz, responsable du développement international Journalisme & Citoyenneté

 

 

Les enjeux

Questionner et définir le « Media Freedom Act », une législation censée réglementer le paysage médiatique au sein de l’Union européenne et garantir la protection de la liberté et du pluralisme des médias.

Ce qu’ils ont dit

Adina Revol (représentante de la Commission européenne) : ​« C’est un texte novateur qui protège le pluralisme et l’indépendance des médias. Il s’agit d’un règlement, pas d’une directive. Une fois approuvé et publié dans le journal officiel, il s’applique après 6 mois dans l’ensemble des pays de l’Union européenne. »

Emmanuel Poupard (1er secrétaire général du SNJ) : ​ « Le projet de règlement doit instaurer un code de conduite en ce qui concerne l’éthique et la déontologie journalistique à l’échelle européenne. Si le texte peut nous aider à avancer sur la question de la concentration des médias, c’est une bonne chose. »

Cécile Dubois (co-présidente du SPIIL) : « En quoi ce règlement est utile ? Sur le plan démocratique, l’article 4 est fondamental : il résume les droits fondamentaux des journalistes et des éditeurs. »

À retenir

Comment harmoniser les règlementations européennes concernant les droits de la presse et garantir les libertés fondamentales des journalistes ? C’est l’objectif du « Media Freedom Act », dont les contours sont actuellement définis par différents comités de la Commission européenne. Les journalistes et représentants syndicaux ont ainsi pu exprimer leurs attentes et leurs questionnements quant à cette législation. La plupart d’entre eux s’accordaient pour dire que le projet était une bonne initiative, mais qu’il n’était pas assez ambitieux pour avoir un impact réel dans les pays où les médias disposent déjà d’une liberté et d’une protection juridique importantes. Adina Revol, représentante de la Commission européenne, a évoqué un calendrier : l’objectif est de voter le texte d’ici novembre au Parlement européen, afin qu’il soit mis en place avant les prochaines élections européennes. 

 

Mathias Fleury (EPJT)

 

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[RÉSUMÉ] « Atelier Histoire « Belle Époque » : Quand les médias diffusent le goût de l’info »

Retrouvez l’essentiel de l’atelier histoire « « Belle Époque » : Quand Les Médias Diffusent Le Goût De L’Info »

Lisa Bolz, chercheuse en SIC au GRIPIC-CELSA, Claire Blandin, professeur des universités LabSIC/Univ Paris 13, et Arthur Asseraf, maître de conférences à l’Université de Cambridge (en visio) Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Arthur ASSERAF, historien à l’université de Cambridge,
Lisa BOLZ, chercheuse en SIC au Gripic-Celsa – Sorbonne Université

Animé par Claire BLANDIN, professeure des Universités en SIC à Paris 13.

Les enjeux

Claire Blandin a fait un état des lieux de la recherche sur les médias à la Belle Époque, autour de la construction du goût de l’info. Arthur Asseraf présentait son ouvrage Le désinformateur – Sur les traces de Messaoud Djebari. Lisa Bolz revenait sur le chapitre qu’elle a co-écrit avec Juliette Charbonneaux dans le collectif Paris Capitale Médiatique : « Paris assiégé, Paris menacé, Girardin déplacé ».
L’enjeu : En quoi les deux livres présentés renouvellent les perceptions des fabriques de l’information et la diffusion de celle-ci dans le Paris de la « Belle Époque ».

Ce qu’ils ont dit

Claire Blandin : « Le goût de l’info se construit à la Belle Époque parce que c’est une période d’alphabétisation des Français, voire de scolarisation. C’est le développement de produits écrits bons marchés, de découverte des produits de l’écrit. Ces derniers arrivent dans les classes populaires, et ne sont plus réservés à la petite bourgeoisie. »

« Il y a la mise en place de formes de narration, comme le « feuilleton ». À la fois pour l’actualité, qui parfois arrive par épisodes, ou encore par la fiction, avec les romans-feuilletons. »

Arthur Asseraf : « Il existait un décalage fort entre un espace public, médiatique européen, où les infos circulent vite et de façon dense, et ces espaces [les colonies] qui apparaissent comme des trous noirs d’information pour les européens. Djebari se positionne comme celui qui a accès à ces espaces. Il profite de ce développement du goût de l’information en France et à Paris à ce moment-là. »

Lisa Bolz : « Dans la correspondance d’Émile de Girardin avec son neveu, on a ses témoignages plus personnels, comment il se projette… On voit toutes les pensées en amont, qu’il reprend aussi parfois dans ses publications. »

À retenir

Arthur Asseraf retrace le parcours de Messaoud Djebari, né en Algérie dans les années 1860, qui va affoler le Tout-Paris en racontant comment il aurait retrouvé la trace de membres survivants d’une mission française dans l’actuel Niger.

Lisa Bolz s’est intéressée à la correspondance de cette figure, à la fois célèbre et méconnue, du monde médiatique de la Belle Époque. Précisément dans ses velléités patriotiques au moment de l’invasion allemande en 1870.

Avant la Première Guerre mondiale, la confiance envers les journalistes et les médias est sans doute extrêmement forte. La Belle Époque est la découverte collective de l’écrit. Le bourrage de crâne, dès 1914, crée une rupture de confiance, dont la presse écrite ne se remettra jamais.

Le métier de journaliste, peu institutionnalisé dans les années 1880, n’est pas encore totalement identifié parmi les métiers de l’écrit (publicistes, écrivains…). Avec l’histoire de Messaoud Djebari, on découvre que le métier avait parfois des liens avec le renseignement d’État, les interprètes militaires.

Déjà à l’époque, une proto-économie de l’attention se met en place. L’affaire Djebari ne dure que quelques semaines, le public parisien finit par passer à autre chose : d’autres choses plus spectaculaires arrivent. Maintenir l’intérêt du public est quelque chose de complexe et de très volatile, déjà à la Belle Époque.

Zacharie Gaborit (EPJT)

[RÉSUMÉ] « Des journalistes défricheurs de l’info locale »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Des journalistes défricheurs de l’info locale »

Millie Servant, rédactrice en chef de Climax, développe le modèle de son média. Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Juliette CABACO-ROGER, journaliste et co-fondatrice de Splann !, Deborah ADOH, journaliste et fondatrice d’endémie, Millie SERVANT, rédactrice en chef de Climax, Raphaël POUGHON, directeur de La compagnie rotative.

Animé par Richard HECHT, membre de l’UCP2F.

 

 

Les enjeux

Des médias locaux fondés sur un modèle alternatif émergent sur le territoire. Splann !, Climax ou encore Endémik cherchent à se rapprocher des citoyens tout en vivant de ces nouveaux modèles, à la fois économiques et éditoriaux.

Ce qu’ils ont dit

Déborah Adoh (journaliste et co-fondatrice d’Endémik, média en ligne) : ​« J’ai pris Endémik sur mon dos et je me suis engagée à faire du journalisme participatif. Je suis allée dans les collèges, les lycées, les médiathèques, les hôpitaux de jour… Je voulais construire avec les citoyens des reportages et connaître leur vision des médias. »

Millie Servant (rédactrice en chef de Climax, média sur l’urgence climatique) : ​« Plusieurs choix éditoriaux pourraient nous décrédibiliser : l’humour, la culture mème et le cynisme. Moi, ça m’interroge que le métier soit hostile à un journalisme qui laisse place aux émotions. »

«Si des petits médias comme nous patinent, c’est parce que les médias plus traditionnels siphonnent le lectorat et les fonds publics d’aide à la presse. »

Juliette Cabaco-Roger (journaliste et co-fondatrice de Splann !, média breton d’enquête) : ​« On enquête en fonction de l’actualité qu’on estime plus urgente, par exemple les sujets environnementaux. Sans les gens sur le terrain, notre travail serait impossible. Grâce à eux, on a déjà une base de travail. »

Raphaël Poughon (directeur de La compagnie rotative, média alternatif) : ​« Les modèles économiques sont en train de changer. Ce sont des micro-modèles pour des micro-médias, mais qui ont des communautés extrêmement engagées.»

À retenir

Si les trois médias présentés au cours de cet atelier divergent sur le plan de leur choix éditorial, tous ont pour ambition principale de se rapprocher des citoyens de leur territoire d’ancrage. Splann ! s’appuie sur les locaux pour enquêter sur la Bretagne, Climax traite des l’urgence climatique sous l’angle du cynisme et Endémik publie les reportages de citoyens rencontrés dans différents établissements (collèges, médiathèques, hôpitaux…). Un modèle pas encore stable pour les journalistes. La plupart écrivent pour d’autres titres, ont un statut complexe d’auto-entrepreneur ou ne bénéficient pas de la carte de presse.

Malgré cette instabilité, ces journalistes partagent le même engagement. Ils mettent désormais tout leurs poids dans la balance pour défricher une information locale utile aux citoyens.

 

Élias INSA (EPJT)

 

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[RÉSUMÉ] « Histoire d’un ogre – carte blanche à Erik Orsenna »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Histoire d’un ogre – carte blanche à Erik Orsenna »

Erik Orsenna, écrivain et académicien français. Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Erik ORSENNA, écrivain et académicien français.

Animé par Catherine BOULLAY, journaliste spécialiste des médias à L’Opinion.

Les enjeux

Erik Orsenna, écrivain et académicien français, était présent mercredi 29 mars dans le cadre de la publication de son dernier ouvrage, Histoire d’un ogre. L’occasion, aussi, de donner son avis sur l’importance des journalistes dans la société, aujourd’hui.

Ce qu’il a dit

Erik Orsenna : « J’écris quand je ne comprends pas quelque chose. Ici, c’est pour comprendre pourquoi il existe cette haine entre les Français et ceux qui les nourrissent. Les Français adorent le pain mais détestent les céréaliers. »

« On n’a jamais eu autant besoin de journalistes car la société est compliquée. »

« Deux raisons peuvent expliquer pourquoi il y a un désintérêt des Français à l’égard du journalisme. La première : les journalistes ne travaillent peut-être pas assez. La seconde : les journalistes préfèrent parfois traiter des sujets de manière simple plutôt que complexe. »

« Comme il y a une grande demande, il faudrait que les analyses aillent plus loin. Mais les journalistes n’ont pas toujours les moyens financiers. »

« Ce sont les Assises de la nécessité et de la possibilité du journalisme. »

À retenir

Erik Orsenna est revenu brièvement sur son nouvel ouvrage, Histoire d’un ogre. Il y décrit le personnage d’un Breton, né à Quimper dans un moulin à papier des bords de l’Odet. Brutalement, il se transforme en « coucou » qui dévore toutes les entreprises. Ce personnage, jamais nommé, n’est autre que Vincent Bolloré.

Mais, surtout, Erik Orsenna a donné son opinion sur le rôle des journalistes. Il les décrit comme essentiels dans la société. Pourtant, la défiance des Français à leur égard ne cesse d’augmenter. L’occasion, également, de faire part de son inquiétude. Les organes de presse français sont majoritairement possédés par des milliardaires qui interviennent au sein des rédactions. Les journalistes doivent alors redoubler d’efforts pour proposer des contenus aux analyses plus poussées pour captiver le public.

Anne-France Marchand (EPJT)

[RÉSUMÉ] La conférence « Comment retrouver le goût de l’info, quelles propositions ? »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Comment retrouver le goût de l’info, quelles propositions ? »

Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Raphaël GARRIGOS, co-fondateur des Jours et co-président du jury, Isabelle ROBERTS, co-fondatrice des Jours et co-présidente du jury, Thierry THUILLIER, directeur de l’information du groupe TF1 et directeur délégué de LCI et Cécile PRIEUR, directrice de la rédaction de L’Obs.

Animé par Catherine BOULLAY, journaliste spécialiste des médias à L’Opinion.

Les enjeux

Selon le baromètre 2023 de l’institut Vivavoice sur l’utilité du journalisme, 84 % des sondés disent que le journalisme est un métier et qu’il est utile. Si le résultat peut sembler bon, il est en fait de six points inférieur au baromètre de l’année précédente. L’objectif est de réfléchir sur les moyens de limiter cette baisse de confiance dans les journalistes et, dans l’idéal, récupérer ces lecteurs déçus.

Ce qu’ils ont dit

Isabelle ROBERTS (co-fondatrice des Jours et co-présidente du jury 2023) : « Notre proposition : ne pas tout faire, ne pas être exhaustif mais ce qu’on fait on le fait bien, en série et on l’épuise. »

« On ne s’interdit aucun sujet sauf si on n’a rien dire dessus. »

« Pour que les gens retrouvent le goût de l’info, il faut donner envie aux gens. Donc nous on a eu envie de raconter des histoires, de le faire sous forme de série. »

Raphaël GARRIGOS (co-fondateur des Jours et co-président du jury 2023) : « La fonction des chaînes d’info, c’est d’être en prise direct avec l’info, mais parfois on a l’impression que c’est plutôt les doigts dans une prise électrique. »

« La neutralité n’existe pas. On ne va pas donner 5 minutes aux juifs et 5 minutes à Hitler comme dirait Godard. »

« Nos abonnés nous dise qu’on est un peu le Netflix du papier. »

Thierry Thuillier (directeur de l’information du groupe TF1) : « La clé absolue, c’est de raconter des histoires. »

« Traiter l’actualité via le reportage permet de redonner du goût à l’information. Cela permet de raconter des histoires. »

« Il y a une question à se poser sur la transparence. Il est très important de montrer comment l’information fonctionne. Les journalistes ont leur propre indépendance, leur propre éthique et heureusement. »

Cécile PRIEUR (directrice de la rédaction de l’Obs) :​ « Au fond, redonner le goût de l’info, c’est faire notre travail. Notre travail de journaliste a le rôle social de sortir des informations. »

« Aujourd’hui on fait attention à la manière dont sont encadrés les journalistes. »

À retenir

Pour retrouver ce goût de l’information, les journalistes doivent se réinventer dans le fond de leur contenu et surtout dans la forme qu’ils donnent à leurs productions. Le média Les Jours s’inscrit dans cette lignée en faisant le choix fort de choisir spécifiquement les sujets qu’il traite tout en délaissant volontairement d’autres. Il choisit aussi pour quelques papiers de lui donner un format de série, popularisé par Netflix qui attire les jeunes.

Sur la question de la toxicité des informations, les intervenants sont tous d’accord : les grands sujets tels que l’Ukraine, l’environnement ou encore le Covid sont incontournables car ce sont les thèmes qui intéressent le plus les lecteurs. Pour redonner goût à l’information, même avec ces thématiques, les participants tablent sur un retour au terrain, au reportage et au local car ce qui compte c’est de raconter une histoire, celle des gens qui sont au plus près des évènements.

Zachary Manceau (EPJT)

[RÉSUMÉ] Label ou auto-régulation : comment certifier l’info ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « label ou auto-régulation : comment certifier l’info »

Benjamin Sabbah, directeur général à Worldcrunch, Kathleen Grosset, présidente de la CDJM, Thibaut Bruttin, adjoint au directeur de Reporters sans Frontière, Pascal Doucet Bon, directeur délégué de l’information en charge de la stratégie France Télévision. . Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Benjamin SABBAH, directeur général à Worldcrunch, Kathleen GROSSET, présidente de la CDJM, Thibaut BRUTTIN, adjoint au directeur de Reporters sans Frontière, Pascal DOUCET BON, directeur délégué de l’information en charge de la stratégie France Télévision. 

Animé par Christian GOUEROU, journaliste et médiateur pour Ouest-France

 

 

 

Les enjeux

Défiance des citoyens, fake news : quelles solutions existent pour regagner la confiance des citoyens ? Comment les médias peuvent-ils prouver que l’information proposée est de qualité ? Pour faire face à ces enjeux, des médias et des organismes s’engagent pour le public. 

Ce qu’ils ont dit

Benjamin SABBAH : « Sur le process de production journalistique, des organismes comme la CDMJ et la RSF ou des labels de qualité comme le JTI (journalism trust initiative) poussent à plus de transparence. C’est une bonne initiative  »

Thibaut BRUTTIN : ​« Il faut aussi demander plus de transparence de la part des systèmes de plateforme. Google news référence les médias par rapport à leur réputation. Mais c’est quoi, au juste, la réputation ? C’est un fonctionnement très opaque. »

Pascal DOUCET BON : « Cette autorégulation s’impose à nous par elle-même. Le problème, c’est que la plupart des régulateurs qui encadrent la pratique du journalisme et veillent au respect de la déontologie ne pointent que nos erreurs. Quand vous lisez leur bilan de fin d’année, vous avez l’impression que France Télévisions est un mauvais média. Même si nous reconnaissons que nous faisons des erreurs. »

Kathleen GROSSET : ​« Nous avons créé le conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM)  pour ne pas seulement montrer les erreurs des rédactions. Ça aurait montré une fausse image de leur travail. Tout n’est pas noir. »

 

À retenir

Pour regagner la confiance du public et lutter contre la désinformation, reporters sans frontières a créé le label JTI (journalism trust initiative) qui fonctionne par système d’adhésion libre. Ce label propose des critères de qualités et d’indépendance auxquels les médias signataires doivent se conformer. Il permet aux lecteurs d’identifier clairement les rédactions qui respectent ces normes. En parallèle, le conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM), instance de médiation entre les journalistes, les médias, les agences de presse et les publics, veille, lui aussi, au respect de la déontologie. Tout le monde peut saisir le CDJM  lorsqu’un doute existe sur les pratiques d’une rédaction. Le CDJM émet ensuite un avis, favorable ou non, et fonctionne comme un régulateur. 

Camelia Aidaoui (EPJT)

 

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[RESUME] La conférence « Garantir le pluralisme des médias : quelle législation ? »

Retrouvez l’essentiel de l’événement «  GARANTIR LE PLURALISME DES MÉDIAS : QUELLE LÉGISLATION »

Avec Alexandre Buisine, journaliste et membre du SNJ, Benoit Huet, avocat au barreau de Paris, Nathalie Sonnak, présidente du COP CLEMI, Alexis Levrier, historien de la presse à l’Université de Reims.  Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Avec Alexandre BUISINE, journaliste et membre du SNJ, Benoit HUET, avocat au barreau de Paris, Nathalie SONNAC, presidente du COP CLEMI, Alexis LEVRIER, historien de la presse à l’Université de Reims.  

Animé par Lucile Berland journaliste et membre de l’association Informer n’est pas un délit (INPD)

 

 

Les enjeux

Vincent Bolloré, Bernard Arnault, Patrick Drahi, Arnaud Lagardère ou encore Xavier Niel. Vous avez forcément déjà lu un de leur journaux. Vous travaillez peut-être même pour l’un d’eux. La concentration de la presse régionale et nationale dans les mains de quelques propriétaires doit nous interpeller sur la question du pluralisme dans les médias. Est-ce qu’une myriade de médias équivaut forcément à du contenu différent ? Une réelle diversité d’opinion ? Ces tycoons qui achètent de l’influence posent un risque pour le journalisme et cultivent une défiance du public vis-à-vis des journalistes.

Ce qu’ils ont dit

Alexis LEVRIER : « La concentration des médias a parfois permis le pluralisme et l’émancipation de la presse par rapport au pouvoir politique. Cependant, aujourd’hui, la situation est différente. Nous sommes dans une crise structurelle, dû au modèle économique des médias et une crise structurelle à cause de la Covid. Suite à l’épidémie,  de nombreux médias sont tombés dans les mains de Bollore. »

Benoit HUET : « On a l’impression d’avoir le choix, en termes de médias, mais les contenus sont assez homogènes. »

« Au niveau de la législation, seulement l’audiovisuel est encadré, avec l’arcom. Une chaine ne peut donc pas être de gauche ou de droite. La rédaction doit donner la parole à des politiciens de tous bords. Les journaux, eux, ne sont pas tenus de respecter ce principe. »

Alexandre BUISINE : « Le problème avec l’Arcom, c’est que leur indépendance est discutable. Le système de nomination pose un problème. Avec la SNJ, nous demandons que la moitie du collège soit désigné par des journalistes salariés. Mais on nous répète qu’on est trop bête pour comprendre les technicités de l’arcom. »

« Plus il y a une concentration des médias dans quelques mains, plus les rédactions sont réduites et les journalistes licenciés. Ils sont remplacés par des créateurs de contenu. Le rêve de Reworld media (NDLA: le premier groupe de presse magazine français en nombre de journaux détenus), c’est de faire du journalisme sans journaliste. »

Benoit Huet : « Ce que fait Realworld est tout à fait légal. C’est bien là le problème. Il faut légiférer. C’est un groupe qui bénéficie des subventions d’aide à la presse. Il faut repenser ces critères d’attribution. »

Alexandre BUISINE : « Le problème, c’est que les propriétaires qui possèdent plusieurs journaux vont inciter les journalistes à publier les mêmes contenus. De plus, ils n’ont aucun intérêt à faire des médias rentables avec le système de défiscalisation des pertes. »

Nathalie SONNAC : « Les citoyens ne veulent pas payer pour de l’information. C’est une des causes de la concentration des médias. »

Lucile BERLAND en réponse : « Oui, mais les citoyens n’ont pas envie d’acheter un journal dans lequel ils ne se retrouvent pas. »

 

À retenir

Les journalistes doivent composer avec une défiance accrue des citoyens. La concentration des titres est un facteur d’aggravation qui amplifie ce phénomène.  Au milieu de tout ça, l’indépendance des rédactions est parfois menacée. Il faut apporter de réelles solutions à la hauteur de l’enjeu : repenser les critères d’attribution des aides à la presse, donner l’indépendance juridique aux rédactions, retoquer la loi relative à la liberté de communication de 1986. Le Freedom Media Act adopté par la Commission européenne propose également « des garanties contre les ingérences politiques dans les décisions éditoriales et contre la surveillance». La solution pour préserver notre indépendance sera peut-etre européenne.

Camelia Aidaoui

[RÉSUMÉ] Comment retrouver le goût de l’information ? (Etat des lieux avec DE FACTO, MILAN PRESSE, FONDATIONS DESCARTES, FONDATION JEAN-JAURÈS)

Retrouvez l’essentiel de l’événement « COMMENT RETROUVER LE GOÛT DE L’INFO ? » (Etat des lieux avec DE FACTO, MILAN PRESSE, FONDATIONS DESCARTES, FONDATION JEAN-JAURÈS)

Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Marie-Anne DENIS, directrice générale de Milan Presse et David MEDIONI, journaliste et directeur de l’Observatoire des médias. 

Animé par Catherine BOULAY, journaliste spécialise des médias à L’Opinion.

 

 

Les enjeux

53% des Français disent souffrir de fatigue informationnelle. À partir de ce constat, comment redonner envie ? Faut-il que les médias changent complètement leur manière d’informer pour attirer à nouveau le public ? Ou doit-on repenser individuellement notre rapport à l’information ?

Ce qu’ils ont dit

Marie-Anne Denis (directrice générale de Milan Presse) : « 85% des jeunes (13-17 ans) pensent que l’info est importante. Ils ne sont pas du tout lassés par l’info. C’est une très bonne nouvelle. »

« Les ados sont contradictoires. Leur première source d’information ce sont les réseaux sociaux et pourtant c’est la source à laquelle ils donnent le moins de crédibilité. »

David Medioni (journaliste et directeur de l’Observatoire des médias) : « L’individu doit avoir un questionnement sur la manière dont il s’informe. Ensuite, évidemment, les médias traditionnels ont une part de responsabilité dans la fatigue informationnelle. Cette volonté de vouloir toujours étonner plutôt qu’informer me dit que oui, les médias ont leur part de responsabilité. »

« On est à un moment de bascule. Cette fatigue informationnelle, elle s’exprime aussi dans une fatigue institutionnelle importante. »

À retenir

À l’heure où de plus en plus de Français se disent affectés psychologiquement par les informations, certains décident de se couper complètement de l’info. Pour les deux intervenants, la fatigue informationnelle, au même titre que l’alimentation, est un enjeu de santé publique et devrait être traité comme tel. Ils militent pour la création d’une campagne de sensibilisation, comme la très connue « cinq fruits et légumes par jour », sur l’information.

Fanny Uski-Billieux (EPJT)

 

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[RESUME] « Baromètre Viavoice – les Assises sur l’utilité du Journalisme »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le baromètre Vivavoice / Les Assises sur l’utilité du Journalisme (France médias monde, France TV, Ouest France et Radio France » !

Photo : Eva Pressiat / EPJT

Avec François Xavier Lefranc, directeur de l’information à Ouest France, Pascal DOUCET BON, directeur délégué de l’information en charge de la stratégie à France Télévisions, Frédérique MISSLIN, directrice adjointe de RFI, Léopold STRAJNIC, directeur adjoint de la rédaction de France Bleu.

Animé par Adrien BROCHE, Consultant Viavoice

 

 

Les enjeux

Le baromètre Vivavoice sur l’utilité du Journalisme est présenté pour la septième fois lors de ces Assises 2023. La question de l’utilité du journalisme est posée chaque année, accompagnée d’une seconde sur le thème des Assises. Pour cette édition, il s’agit du goût pour l’information.

Ce qu’ils ont dit

François Xavier Lefranc (directeur de l’information à Ouest France) : ​« Les résultats du baromètre ont un côté inquiétant et à la fois extrêmement rassurant, surtout en ce qui concerne la confiance et la volonté des publics à avoir une information vraie, vérifiée, impartiale. »

« La question est aussi de savoir si le journaliste a le temps de travailler. Le sujet, aujourd’hui, c’est le temps. Le temps de pouvoir travailler, traiter les informations, etc. »

Pascal DOUCET BON (directeur délégué de l’information en charge de la stratégie à France Télévisions) : « Il faut que nous, les rédactions, apprenions à écouter. Le courrier des lecteurs, un médiateur, des organes d’écoute ne suffisent pas. Il faut du dialogue avec les publics. »

« Il existe aussi un journalisme factuel, de décryptage, et donc de nuance. Mais on est en face d’autres médias, comme Twitter, qui ne s’embarassent pas de nuance. Le manque de nuance est plus lié à des externalités qu’à la pratique journalistique »

Frédérique MISSLIN (directrice adjointe de RFI) :​ « Est-ce que l’idée ne serait pas de co-construire nos éditions avec le public ? »

« Il y a une éducation à faire sur les manières de traité l’information. Pour le climat, il faut savoir qu’il y a des coûts, des formations nécessaires pour les sujets où on a peu de compétences. »

Léopold STRAJNIC (directeur adjoint de la rédaction de France Bleu) : « Pour les Gilets jaunes, on n’a pas été accueilli comme on le pensait, on était vu comme des instances du pouvoir. Donc on a ouvert nos rédactions pour rendre transparente nos pratiques. »

« Quand on a des mauvaises nouvelles à annoncer, normalement, on prend des pincettes. Mais dans le journalisme, dans notre pratique, il n’y a aucune nuance. Il faut mettre un coup d’arrêt à cette course au sensationnel. »

À retenir

Le baromètre de l’Institut Vivavoice présente chaque année ses résultats. 84% des Français disent que le journalisme est un métier et qu’il est utile. Mais c’est six points de moins que l’an dernier et surtout le pourcentage le plus bas depuis la création du baromètre. L’information professionnelle reste la source de confiance privilégiée du public et 88% des répondants jugent qu’il est utile de s’informer. Les attentes du public concernent la vérification des informations, une information partiale et hiérarchisée et enfin la nécessité d’information pratiques, utiles au quotidien.

Cependant, ce baromètre ne reste qu’un indicateur pour les médias, qui peuvent ou non en tenir compte.

Louise Monard-Duval

 

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[RÉSUMÉ] « Le baromètre social des Assises par Jean-Marie Charon : le collectif dans le journalisme aujourd’hui »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le baromètre social des Assises par Jean-Marie Charon : le collectif dans le journalisme aujourd’hui »

Jean-Marie Charon, chercheur en sociologie à l’EHESS, Elise Descamps, journaliste et membre de la CFDT
et Maïté Darnault (en visioconférence), journaliste indépendante au collectif We Report. Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Elise DESCAMPS, journaliste et membre de la CFDT et Maïté DARNAULT, journaliste indépendante au Collectif We Report.

Animé par Jean-Marie CHARON, chercheur en sociologie à l’EHESS.

 

Les enjeux

Le baromètre social des Assises était présenté ce mercredi 29 mars. Le but : faire un état des lieux de l’emploi des journalistes et des entreprises médiatiques.

Cette année, le focus portait sur la dimension collective dans le journalisme. Une multitude d’organisations existent et rassemblent nombre de journalistes. Leur objectif : l’entraide et le partage.

Ce qu’ils ont dit

Jean-Marie CHARON : « Le journalisme reste centralisé : 52,61 % des détenteurs de carte de presse se situent à Paris. La Bretagne arrive en seconde position, suivie de l’Aquitaine et des Pays de la Loire. »

« J’ai réalisé une typologie des principes des collectifs de journalistes. Le premier est l’entraide et le partage de moyens. Le second est la défense ou la promotion d’une catégorie particulière de journalistes. »

Elise DESCAMPS : « L’offre pléthorique des collectifs de journalistes est enthousiasmante. C’est rassurant de savoir qu’il y a de l’entraide dans un milieu que l’on pense individuel. »

« Il reste encore de la marge. Beaucoup de journalistes ne sont pas dans un collectif. C’est dommage car c’est une profession qui souffre et qui nécessite de serrer les rangs. »

Maïté DARNAULT : « L’un des prix de l’indépendance du pigiste, c’est la précarité. » 

À retenir

Les statistiques présentées concernaient les 34 043 journalistes qui détenaient la carte de presse sur l’année 2022. Les jeunes journalistes (de 30 et moins), qui représentent 13% de la profession, sont les plus touchés par la précarité. Ils représentent deux-tiers de cette tranche d’âge, soit un recul de 10% en comparaison de l’année précédente. Parmi eux : les pigistes, les journalistes en CDD et les demandeurs d’emploi. En ce qui concerne la parité, elle n’est pas encore atteinte : un peu moins de 48% des femmes détiennent la carte de presse.

Cette année, le focus portait sur la dimension collective de l’organisation des journalistes en dehors des rédactions. La majorité des associations sont sectorisées. Elles se développent dans un domaine particulier : défense des femmes, des pigistes mais aussi des personnes racisées. Leur but est aussi de permettre l’entraide et le partage entre les journalistes. Parmi ces organisations collectives sont recensées les associations de journalistes, les clubs de la presse, les sociétés et les collectifs de journalistes.

Anne-France Marchand (EPJT)

[RÉSUMÉ] « Ils ont créé leur média cette année »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Ils ont créé leur média cette année »

De gauche à droite, Gilles Vanderpooten, Ulyse Mathieu, Mathilde Boudon-Lamraoui, Axel Roux et Gilles Tanguy. Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Gilles VANDERPOOTEN, directeur général de Reporters d’espoirs, Axel ROUX, rédacteur en chef de Vakita, Gilles TANGUY, président de L’informé, Mathilde BOUDON-LAMRAOUI, formatrice à la Friche, Ullyse MATHIEU, fondateur de Contre-jour.

Animé par Romain COLAS, rédacteur en chef adjoint de La Correspondance de la presse.

 

 

Les enjeux

Journalisme de solution (revue Reporters d’espoirs), journalisme populaire (Contre-jour), environnemental (Vakita) ou encore investigation économique-tech (L’informé), les journalistes de cette année veulent redonner goût aux médias en mettant en avant des angles originaux et attrayants.

Ce qu’ils ont dit

Gilles VANDERPOOTEN (Reporters d’espoirs) : ​« Nous considérons que le journalisme de solution est une méthodologie et non pas une idéologie. »

Axel ROUX (Vakita) : « Nous avons décidé de nommer notre média “Vakita”. Le Vatika est le mammifère marin le plus menacé au monde. Il représente pour nous l’urgence face à l’effondrement de la biodiversité. Notre média veut donc représenter à la fois l’urgence climatique et mettre en lumière les combats. »

« Ce qui nous tient à cœur c’est l’action, pouvoir engager notre audience dans des dynamiques d’action, telles que les mobilisations, pour essayer de faire bouger les lignes. »

Gilles TANGUY (L’informé) : ​« Nous voulons trouver notre place en nous adressant à tout le monde. D’une part, nous sommes pour la plupart tous salariés, notre média couvre alors l’information de chaque secteur. D’autre part, nous sommes aussi citoyens et nous nous intéressons aux informations générales. C’est la raison pour laquelle notre média ne les omet pas. Finalement, nous souhaitons toucher les deux facettes de notre lectorat. »

Mathilde BOUDON-LAMRAOUI (Collectif La Friche, Contre-jour)​ : « Nous ne sommes pas vraiment militants mais nous assumons de donner une place centrale aux personnes et aux sujets en marge, sous les radars des médias de masse. »

Ullyse MATHIEU (Contre-jour) :​ « Nous souhaitons créer des espaces de paroles dans les zones rurales, les quartiers populaires, les prisons ; partir de ces endroits que l’on côtoie pour en faire du journalisme. »

 

À retenir

En plus de vouloir promouvoir et mettre en écho de nouvelles manières de s’informer, les quatre médias présentés ont des perspectives différentes avec la presse papier et le numérique. Les revues de Contre-Jour et de Reporters d’espoirs souhaitent, avec le support papier, exposer « un objet singulier » qui laisserait une trace pérenne des recueils. Vakita lui, s’attachent au format vidéo en web, dont la plus-value serait l’image, la mise en forme et l’incarnation des enquêtes grâce au visuel. Quant à L’informé, le web serait le plus approprié face au déclin de la presse papier.

Du côté de la ligne éditoriale, les médias présentés n’ont aucune interférence et ont la liberté d’écrire sur tous les sujets. Cependant, quand L’informé et Reporters d’espoirs se veulent factuels, Vitika et Contre-jour ont une écriture plus engagée.

Aya El Amri (EPJT)

 

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[RÉSUMÉ] Conférence « Atelier école – États généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes : et maintenant ? »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Atelier école – États généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes : et maintenant ? »

Photo : Eva Pressiat/EPJT

Avec Antoine CHUZEVILLE, secrétaire général de la CPNEJ et membre du comité stratégique des Etats généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes, Agathe LEGRAND, jeune diplômée de l’EJDG – Grenoble, membre du comité étudiant des Etats généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes, Elodie LOMBARDO, directrice de l’innovation sociale de l’Afdas et Pascal GUENEE, président de la Conférence des écoles de journalisme, et directeur de Institut pratique du journalisme (IPJ) Dauphine/PSL

Animé par Anne TEZENAS DU MONTCEL , déléguée générale de la Conférence des écoles de journalisme en charge de l’organisation des Etats généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes.

Les enjeux

Suite au compte rendu des états généraux de la Conférence des écoles de journalisme, en octobre 2022, 36 propositions ont été faites pour améliorer la formation et l’insertion à la profession de journalisme. De la précarité des journalistes, à une carte de presse étudiante, en passant par la possibilité de prendre la parole en tant qu’étudiants, différents projets sont en cours de construction ou de discussion.

Ce qu’ils ont dit

Antoine CHUZEVILLE : « Il y a plusieurs réalisations concrètes qui vont être lancées dès 2023 : une carte de presse étudiante et un guide de la pige publié fin mai, à la demande des étudiants qui se retrouvent dans la jungle de la pige en sortie d’écoles. »

« Pour d’autres sujets, comme la précarité, il y a encore des discussions et des efforts à faire. C’est l’avenir de la profession qui est en jeu. »

Pascal GUENEE : « Les écoles ont mis en place des dispositif mais on intègre très peu les étudiants dans le dialogue, il était temps de les faire participer aux discussions autour des enjeux du métier de journaliste. »

« Il faut s’interroger sur les compétences que l’on doit apprendre dans les écoles, mais cela revient à s’interroger sur les critères de sélection pour entrer dans les écoles. »

« Notre responsabilité c’est de savoir quels sont les sujets prioritaires pour répondre au plus vite aux défis des états généraux. »

Agathe LEGRAND : ​« Lorsque l’on s’est réuni il y a un an pour les états généraux, ça nous a fait du bien. On n’était pas seulement étudiant dans une école, mais on faisait partie d’un ensemble, et on a pu discuter et voir que nos problèmes n’étaient pas uniques. »

« Chaque année, les problèmes sociaux, économiques, etc. changent, il faut donc des propositions différentes. »

Elodie LOMBARDO : « La formation est ce qui est important, donc on doit la développer. Et pour ça, l’Afdas va mettre en place une plateforme pour l’alternance dans tous les secteurs que nous gérons. »

« Il y a tout un travail fait par les écoles par rapport à l’augmentation des alternances. »

Anne TEZENAS DU MONTCEL : « Le but c’était d’être en contact et les états généraux ont permis cela. »

À retenir

À la question « et maintenant on fait quoi ? », les différents participants ont insisté sur le fait qu’il était temps d’agir suite aux discussions des états généraux de la CEJ. Trois projets prioritaires sont déjà bien engagés : une carte de presse étudiante, garantissant une reconnaissance et une sécurité pour les journalistes en formations, un encadrement des stages, concernant les conditions de travail des étudiants, et enfin une journée de discussion et de propositions concrètes sur les compétences, entre écoles, étudiants et rédactions.

Louise Monard–Duval

[RÉSUMÉ] « Atelier École : étudiant(s)s en journalisme, toujours aussi accros à l’info ? »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Atelier École partie I. Étudiant(s)s en journalisme, toujours aussi accros à l’info ? »

Cyril Petit, journaliste, Dario Borgogno, étudiant en première année de master à l’ESJ Lille, Corinne VANMERRIS, directrice adjointe de l’ESJ Lille et Maëva Dumas, étudiante en première année de master à l’EPJT, passée par la prépa La Chance. Photo : Mathilde Lafargue/EPJT

Avec Cyril PETIT, journaliste, Dario BORGOGNO, étudiant en première année de master à l’ESJ Lille, Maëva DUMAS, étudiante à l’EPJT, passée par La Chance pour la diversité.

Animé par Corinne VANMERRIS, directrice adjointe de l’ESJ Lille.

 

Les enjeux

Le suivi de l’actualité est indissociable du quotidien du journaliste. En première ligne de ce phénomène : les étudiants des écoles de journalisme. De plus en plus, un phénomène de « perte du goût de l’info » émerge. À l’image d’une partie des Français, ces étudiants ne sont pas non plus exclus de ce surmenage face au trop-plein d’information.

 

Ce qu’ils ont dit

Corinne VANMERRIS : ​« J’ai deux anecdotes à vous raconter. La première concerne Patrick de Saint-Exupéry, un journaliste installé dans la profession. Il venait à l’ESJ pour encadrer des sessions. Un jour, il est arrivé à la gare de Lille et m’a contacté pour me dire qu’il serait en retard à l’école parce qu’il avait pris des journaux pour les lire à la gare. C’était son rituel et j’ai senti qu’il prenait plaisir à parcourir l’actualité du jour. L’autre anecdote concerne les étudiants de l’ESJ. Ils sont venus me voir, un matin, pour me demander d’annuler le questionnaire d’actualité qui était prévu tous les quinze jours. Ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas eu le temps de réviser l’actualité à cause de leur trop grande charge de travail. Et je me suis rendue compte, ici, que suivre l’actualité était, pour eux, un exercice très scolaire et non pas un plaisir. »

« Les 20-25 ans peuvent être victimes d’infobésité. Dans tous les sondages et les baromètres, c’est une tendance qui émerge. Il n’y a donc pas de raison pour que les étudiants en école de journalisme ne le soient pas aussi. »

Cyril PETIT : ​« L’actualité s’impose aux journalistes et n’est pas négociable. »

« Pour retrouver le goût de l’info, une des pistes serait de s’intéresser aux gens pour qu’en retour, ils s’intéressent à nous. »

Maëva DUMAS : ​« Quand on prépare les concours, le rythme est assez intense. Avec la prépa La Chance, nous avions une masse d’infos qu’il fallait connaître. Et, au sein de l’EPJT, nous avons des travaux pour maintenir ce suivi de l’actualité. »

Dario BORGOGNO : ​« Quand on arrive en école de journalisme, on fait un burn-out de l’info. Avant l’oral d’admissibilité à l’ESJ, j’apprenais plein de choses car j’angoissais à l’idée des questions qu’on allait me poser. »

 

À retenir

Dans les écoles de journalisme, les étudiants peinent parfois à prendre du plaisir dans leur suivi de l’actualité. La raison ? Leur intérêt est impacté par la charge de travail de leurs études. Alors que le suivi de l’actualité devrait être inné, il s’apparente parfois, pour certains, à un exercice scolaire. Surtout, le manque de temps les conduit à sélectionner les productions journalistiques qu’ils lisent, écoutent ou regardent. Résultat : les étudiants suivent davantage les sujets d’actualité qui les intéressent, au détriment de ceux qui les captivent moins. Cette sélection risque, pourtant, de biaiser leur regard sur certaines actualités.

Anne-France Marchand (EPJT)

[RÉSUMÉ] Résidences de Journalistes, partage d’expériences

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Résidences de journalistes, partage d’expériences »

Photo : Mathilde Lafargue/EPJT

Avec Isabelle BORDES, journaliste indépendante, Mathilde BOUDON-LAMRAOUI, formatrice à La Friche, Guillaume DE LA CHAPPELLE, responsable de la communication à la DRAC Pays de la Loire, et Jean-Christophe THEOBALT, chargé de mission pour les nouvelles technologies de l’information et de la communication à la délégation au développement et à l’action territoriale du ministère de la Culture et de la Communication.

Animé par Elodie CERQUEIRA, présidente du Club de la Presse Centre-Val de Loire.

 

Les enjeux

Certains journalistes sont en résidences pour participer à des actions d’éducation aux médias. Gérées par les directions régionales des affaires culturelles (Drac), ces interventions ne sont pas encore reconnues comme du travail journalistique en soi. Cela peut donc être compliqué de se lancer. Vers quels acteurs se tourner ? Quel mode de rémunération choisir ? Partage d’expériences.

Ce qu’ils ont dit

Mathilde Boudon-Lamraoui : « Nous, notre approche journalistique passe par le récit de soi, on assume l’usage du « je » »

Jean-Christophe Théobalt : « Notre priorité au ministère, ce sont les adultes, mais en même temps c’est le public le plus difficile à toucher en termes d’éducation aux médias. »

Isabelle Bordes : « Les gens qui se sentent invisibles, il y en a plein dans les territoires ruraux »

Guillaume de la Chappelle : « Le profil parfait de l’intervenant, pour moi, c’est quelqu’un qui a un profil pédagogique mais qui est aussi un praticien »

À retenir

L’éducation aux médias est une mission relativement récente pour les Drac et elles ne sont pas toutes encore habituées aux résidences des journalistes. Il y a sur le territoire, de fait, une très grande diversité dans le fonctionnement de l’EMI : dans le montant des subventions ou dans les durées des résidences, entre autres. La Drac Pays de la Loire, par exemple, n’accepte que celles d’un minimum de deux mois, car elle estime qu’en deçà il est difficile de réaliser un travail de fond. Ce n’est pas le cas partout.

Fanny Uski-Billieux (EPJT)

 

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[LE RÉSUMÉ] Conférence « Retrouver le goût d’entreprendre »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Retrouver le goût d’entreprendre dans les médias »

Photo : Mathilde Lafargue/EPJT

Avec Jean-Cristophe BOULANGER, président de Context, Catherine RONIN, journaliste du média réunionnais Zinfos 974, Nadia BERRA, journaliste et fondatrice de Lisons Lizon, Alvina LEDRU-JOHANSSON présidente et directrice de la publication à Culs de Poule.

Animé par Laurent MAURIAC, co-président du SPIIL (Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne)

Les enjeux

À la recherche de plus de présence féminine dans les sujets traités, de médias davantage indépendants ou encore de titres qui donnent la parole aux enfants, ces journalistes n’ont pas trouvé ce qu’ils cherchaient dans l’offre médiatique actuelle et ont décidé de créer leur média. Cependant, entre le marketing, la distribution, ou encore le design, les difficultés de l’entreprenariat sont nombreuses et peuvent dissuader.
Pour les rassurer, le syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (SPIIL) les accompagne tout au long de leurs parcours et les informe des aides dont ils peuvent bénéficier.

Ce qu’ils ont dit

Jean-Christophe BOULANGER : ​« Il faut relativiser son rapport à l’échec. Qu’un projet ne marche pas n’est pas une finalité, ce n’est peut-être qu’une étape pour un destin plus grand. »

« S’il y a un truc que j’ai retenu de mes deux échecs, c’est bien choisir les gens autour de soi. Des gens avec qui on partage des valeurs où l’on respecte les compétences des uns et des autres. C’est vraiment le truc que j’avais sous-estimé. »

« Au début j’étais très seul mais quand le SPIIL a été créé ça a été indescriptible pour moi. Je pouvais enfin partager. »

Catherine RONIN : ​« Aujourd’hui on n’hésite plus pour demander aux gens de nous aider et ça marche. Il faut juste oser. »

« On préfère perdre de l’argent que dire à un journaliste “retiens ta plume“.»

Nadia BERRA : ​« Si on a peur de se tromper et de faire mal il ne faut pas entreprendre »

« Il y a plein d’outils pas cher qui sont très utile pour se lancer. »

« À chaque fois que je pose une brique, je m’assure qu’elle est bien solide. »

« Je vois cette revue comme une créature qui grandit petit à petit. »

Alvina LEDRU-JOHANSSON : ​ « Les écoles devraient plus sensibiliser à la réalité du monde des médias. Si on n’a pas connaissance d’incubateurs on perd des années. »

Laurent MAURIAC :« Il faut être capable de connaitre ses limites et ne pas attendre trop longtemps pour être épaulé. »

À retenir

Les principaux problèmes que rencontrent les créateurs de média ne concernent pas la partie éditoriale mais la partie entrepreneuriale. Ils déplorent un manque de préparation dans les écoles sur les difficultés de l’entreprenariat dans le monde médiatique. Ils font face aux problèmes financiers et font tous la course aux financements. Néanmoins pour se lancer, la bourse « Émergence » de l’État est une aide non négligeable. Elle peut aller de 30 000 à 50 000 euros et permet aux jeunes médias de commencer leur aventure sereinement.
Pour qu’un média fonctionne, les intervenants insistent sur la bonne alchimie entre la ligne éditoriale et la ligne entrepreneuriale. L’une ne fonctionne pas sans l’autre. C’est dans cette optique qu’il est nécessaire pour ces jeunes médias de rapidement s’entourer des bons collaborateurs dotés des compétences adéquates, comme par exemple des commerciaux et des webdesigners pour un journaliste avec une ligne éditoriale déjà solide.

Zachary MANCEAU (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Actualité des organisations syndicales : Briser le tabou du racisme dans les rédactions.

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Briser le tabou du racisme dans les rédactions »

Photo : Mathilde Lafargue/EPJT

Avec Estelle Ndjandjo, porte-parole de l’Association des journalistes antiracistes et racisés (AJAR) et Rémi-Kenzo Pages, journaliste et membre du SNJ-CGT.

Animé par Clément OLLIVIER, journaliste indépendant.

 

 

Les enjeux

Face aux peu d’études et de données chiffrées sur le racisme dans les rédactions, les organisations syndicales souhaitent briser ce tabou avec leur rapport « briser le silence ». A travers un questionnaire transmis à 167 personnes de la profession, l’étude met en avant des chiffres sur les discriminations internes.

Ce qu’ils ont dit

Estelle Ndjandjo : « On avait peur qu’on nous associe à des mots qui ne nous correspondaient pas forcément. »

« Je suis une femme. Je suis féministe. Je suis noire. J’ai ce qu’on appelle une double peine. »

Rémi-Kenzo Pages : « Le but [de cette étude] est de faire prendre conscience aux gens du racisme dans le journalisme » ;

« Le racisme interne est un tabou dans les rédactions françaises. »

À retenir

L’étude « Briser le silence » a débuté d’un constat : les personnes qui subissent du racisme sont isolées dans les rédactions et la question de la diversité est inexistante en France. Les chiffres le montrent, 24.2 % des répondants déclarent avoir déjà été victimes de racisme au travail. Pourtant, 80 % qui s’estiment victimes et qui l’ont déclaré, affirment ne pas avoir été soutenus.

Parmi les solutions proposées par les membres du SNJ-CGT : une charte de modération, un protocole de sécurité sur le terrain ou encore rendre public les offres d’emploi.

Sarah Costes

 

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[RÉSUMÉ] Conférence « Faire confiance à la science ? »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Faire confiance à la science ? »
Helen Lee Bouyghes présente la fondation Reboot.

Photo : Laura Blairet/EPJT

Avec Helen Lee Bouygues, présidente de la fondation Reboot, Frédéric Courant, cofondateur de l’Esprit Sorcier TV, Laurence Devillers, professeur à la Sorbonne et présidente de la fondation Blaise Pascal et Etienne Klein, physicien et producteur de l’émission « Le pourquoi du comment » sur France Culture.

Animé par Élodie Cerqueira, présidente du Club de la Presse Centre-Val de Loire.

 

 

Les enjeux

Peut-on faire confiance à la science ? Il s’agit là d’une question large, soumise à interprétation. C’est ce qui a résulté du débat du mardi 28 mars au soir. Chaque intervenant a planché sur ses propres réflexions autour de cette interrogation. C’est donc un mélange de questionnements variés qui se sont élevés dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville de Tours. Des questionnements sur la connaissance des enjeux numériques, notamment en termes d’intelligence artificielle, sur les éventuelles législations ou sources d’éducation sur le sujet et sur la place des journalistes dans ce manège.

Ce qu’ils ont dit

Helen Lee Bouygues : « On ne prend plus le temps d’apprendre aujourd’hui. Les entreprises qui nous proposent des informations le savent et jouent sur le sensationnel pour nous faire rester. »

« Ce n’est pas une question d’âge sur les réseaux sociaux mais une question des contenus qui nous sollicitent sans arrêt. C’est sur cela qu’il faut légiférer, pas sur l’âge des utilisateurs. »

« Les jeunes n’ont pas l’habitude d’avoir le temps d’apprendre et de réagir. Il faut peut-être mettre un cadre à cela pour les réseaux sociaux mais aussi pour l’éducation de manière plus générale. »

Frédéric Courant : ​« Il y a une profonde curiosité dans la science pour le public, qu’il faut qu’on respecte. »

« Il y a le problème du temps dans le journalisme, qui manque toujours. Mais il y a aussi la satisfaction d’être payé à apprendre des choses. Ce métier demande un effort intellectuel : essayer de comprendre les choses avant de raconter des histoires. Sur les chaînes d’info en continu, on invite des experts que l’on ménage souvent. Ce n’est pas la même chose. »

Laurence Devillers : ​« Il y a une émergence de comportements dans la machine [à intelligence artificielle] qui n’a rien à voir avec une émergence de conscience, mais qui répond à notre besoin d’impression de parler à quelqu’un. »

« Il faut arrêter avec cette peur des machines qui nous remplaceraient. Elles apprennent différemment de nous. Tant qu’on en aura peur on ne comprendra pas ce que sont ces objets. »

« Je remarque que 90 % des programmeurs sont des hommes et que 90 % des robots programmés ont des caractéristiques féminines. Il faut se poser la question de la représentation que l’on donne de l’humanité à travers ces machines. »

« Je m’adresse aux journalistes. ChatGPT, c’est de la parole statistique en provenance de machines sans que les sources ne soient clairement identifiées. Attention à ces usages. »

Etienne Klein : « Notre cerveau n’a pas changé depuis 20 000 ans. Nous avons développé des biais cognitifs qui nous servent à prendre des décisions face à une information. Sans ces biais cognitifs, on ne survit pas. Nous sommes passés d’un contexte historique avec peu d’informations à un contexte avec beaucoup d’informations. Parmi lesquelles des fake news. »

« Notre cerveau n’aime pas être contredit. Les algorithmes se basent là-dessus et nous enferment dans des biais de confirmation. On se retrouve bloqué dans un monde qui se répète. »

« Il y a une complète confusion entre la compétence et la militance. Le fait d’avoir un avis tranché semble dédouaner de l’obligation de s’instruire. »

« Le droit de savoir, s’il n’est pas converti en désir de connaître, est complètement stérile. »

 

 

À retenir

Faire confiance à la science, en particulier dans l’espace médiatique, est un sujet vaste et fertile de questionnements. La place des journalistes dans l’utilisation du numérique, de l’intelligence artificielle mais surtout de leur compréhension de ces enjeux est primordial. Car elle affecte directement la façon dont ils parleront de la science et de ces nouvelles technologies au grand public. Une question que chacun et chacune doit se poser, comme nous ont invité à le faire les intervenants à la fin de la conférence.

Laura Blairet

 

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[RESUME] La conférence « Urgence climatique et responsabilité des journalistes : des médias s’engagent ! »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « L’urgence climatique et la responsabilité des journalistes : des médias s’engagent ! »
Edouard Reis Carona, rédacteur en chef de Ouest-France, et Jean-Pierre Dorian, directeur de la rédaction de Sud-Ouest à la conférence  » Urgence climatique et responsabilités journalistes : des médias s’engagent ! « , mardi 28 mars. Photo : Tom Demars-Granja/EPJT

Avec Violaine CHAURAND, directrice RSE du groupe Bayard, Jean-Pierre DORIAN, directeur de la rédaction de Sud-Ouest (PQR), Vincent GIRET, directeur de l’information de Radio France, Edouard REIS CARONA, rédacteur en chef de Ouest-France.

Animé par Sidonie WATRIGANT, directrice de l’ESJ Pro.

 

Les enjeux

Les médias ont un rôle à jouer dans la perception qu’a le public du changement climatique. Ils doivent mettre à disposition de leurs lecteurs des « boîte à outils » dans laquelle ces derniers pourront trouver les réponses aux grandes questions qui se posent sur le sujet. La question climatique et la disparition de la biodiversité doivent être traiter à la hauteur des enjeux qu’elles soulèvent.

Ce qu’ils ont dit

Violaine CHAURAND : ​ « La rédaction a fait le choix d’orienter la transition écologique de pair avec la transition économique. »

Jean-Pierre DORIAN :« Aujourd’hui, les jeunes sont désintéressés de l’information. On espère que le sujet de la question climatique ramène les jeunes à l’information. »

« Les gens sont plus réceptifs. La question climatique impacte la vie des Français. On l’a identifié sur notre territoire avec notamment les incendies qui ont touchés le Sud-Ouest cet été. »

« Il s’agit aussi de balayer devant notre porte. Au sein de notre entreprise, les imprimeries, les livraisons, les déplacements de nos journalistes… tout ça a un coût énergétique. »

Vincent GIRET :« Avant, les rédacteurs en chefs se méfiaient un peu de ces thématiques-là. Le risque était de faire un journalisme militant et très idéologique. […] La difficulté est de faire du journalisme engagé sans faire du journalisme militant. »

« On est dans un contexte encore différent d’il y a deux ou trois ans. Les sujets sont remontés dans le temps d’antenne. Ce n’est plus la petite brève en fin de journal. »

 « Ça doit être un engagement systémique des entreprises. Chez nous, on travaille à diminuer les émissions carbone de l’activité des rédactions. »

Edouard REIS CARONA : « Sur le web, l’audience a été multiplié par six ou sept sur les sujets de la question climatique. Chez Ouest-France, nous ne mettons pas de pay-wall sur ces questions. Priorité à l’information. »

« Jusqu’à présent les articles qui fonctionnaient le mieux sur l’environnement c’étaient les articles sur les catastrophes naturelles. »

« Il faut qu’on décline nos sujets pour faire rentrer l’information climatique. Le travail éditorial montre que les rédactions sont en mouvement. On distille la question climatique dans tous les sujets. »

« La charte pour un journalisme au niveau de l’enjeu écologique n’est pas qu’un effet de mode. Elle est faîte pour nous permettre de nous engager pour les générations futures. La question climatique doit être inscrite dans l’ADN de l’entreprise. »

À retenir

Les Français sont demandeurs de contenus portant sur la question climatique. Les résultats d’audience sont formels : les émissions scientifiques trouvent du public, les articles web explicatifs génèrent du clic. Dans la hiérarchie éditoriale, les sujets sont remontés. Une seule brève en fin de journal ne suffit plus aux lecteurs ou aux auditeurs. Les rédactions tendent de répondre aux mieux à cette demande. Progressivement, les journalistes se forment pour traiter ces sujets à la hauteur de ce qu’ils méritent, sans être moralisateur, ni fataliste.

Jane Coville

 

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[LE RÉSUMÉ] Urgence climatique et responsabilités journalistes : la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Urgence climatique et responsabilités journalistes : la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique »

Photo : Tom DEMARS-GRANJA/EPJT

Avec Anne-Sophie NOVEL, journaliste, réalisatrice et co-autrice de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique, Steven JAMBOT, journaliste (RFI), producteur de « L’atelier des médias » et coordinateur éditorial des podcasts, Alexandre KOUCHNER, rédacteur en chef (L’ADN-Le Shift),

Animé par Sidonie WATRIGANT, directrice de l’ESJ Pro

 

 

Les enjeux

Face à un dérèglement climatique de plus en plus flagrant, les journalistes ont la responsabilité de rendre compte de la réalité de l’urgence. Alors que ces questions ont longtemps été délaissées et méprisées au sein des rédactions, certains professionnels de l’information montrent aujourd’hui leur détermination d’être à la hauteur de cet enjeu.

 

Ce qu’ils ont dit

Anne-Sophie NOVEL : ​ « L’avènement de cette charte a-t-il permis de changer certaines pratiques ? Non à 48 %. »

« On n’a pas vocation à contraindre, c’est une boussole. On est là pour éclairer un cap. »

« C’est d’avoir cette petite musique qui s’inscrit dans l’article, de comprendre que ce qu’on est en train de consulter s’inscrit dans une histoire au plus long cours. »

Steven JAMBOT : ​ « Nous n’avons pas vocation à être des donneurs de leçon. »

« On a fait ce texte pour qu’il s’inscrive sur le temps long. Lisez chacun des points du texte, ils seront valables dans 5 ans, 10 ans, etc. Ce n’est pas ancré dans l’humeur du moment. »

« Les réponses doivent être politiques et c’est aux médias et aux journalistes de pointer les errements du système dans lequel nous vivons. »

Alexandre KOUCHNER : ​« Est-ce que l’information que je suis en train de produire est alignée avec les engagements que j’ai pris ? Le fait que ça repose sur notre volonté est extrêmement fort. »

« Nous avons eu cette réflexion de ne plus dire la transition mais les transitions parce qu’elles sont écologique, économique, politique, culturelle. »

« Nous avons un rôle social à jouer, d’informer correctement et de faire comprendre ce que nous vivons. »

 

À retenir

Rendue publique le mercredi 14 septembre 2022, la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique a été conçue comme une boussole pour les professionnels de l’information. Ce texte a pour but de faire changer les mentalités et les pratiques dans le traitement journalistique du dérèglement climatique. Il a entre autres mis en exergue les systèmes économiques des médias français et la difficulté des rédactions de refuser des annonceurs. Un problème qui empêche les rédactions et les journalistes d’être en harmonie avec les engagements pris.

La charte a ouvert des débats mais n’a pas encore porté de fruits réellement visibles. Suite à un questionnaire diffusé récemment aux signataires de la charte, 48 % des répondants ont rapporté que la charte n’avait aucunement changé les pratiques.

Maylis YGRAND (EPJT)

 

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[RÉSUMÉ] Présentation du Prix l’Alerte à la Une

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Actualité des organisations syndicales : parole à la maison des lanceurs d’alerte »

Christian Dauriac, administrateur de la Maison des Lanceurs d’Alerte, présente le prix « l’Alerte à la Une ».

Photo : Laura Blairet/EPJT

Avec Christian Dauriac, administrateur de la Maison des Lanceurs d’Alerte et Dominique Pradalié, présidente de la FIJ (Fédération Internationale des Journalistes).

 

 

Les enjeux

La dernière conférence de la journée était l’occasion de présenter le nouveau prix mis en place par la Maison des Lanceurs d’Alerte : le prix « l’Alerte à la Une ». L’occasion de rappeler la nécessité de protéger les lanceurs d’alerte dans le cadre de la loi comme dans le cadre associatif.

Ce qu’ils ont dit

Christian Dauriac : « Les lanceurs d’alerte sont souvent des salariés licenciés à la suite de leur action. D’où l’importance du fond mis en place par la Maison des Lanceurs d’Alerte. »

Dominique Praladié :  « Presque toutes les grosses dernières enquêtes journalistiques, comme les LuxLeaks, ont été lancées grâce à un lanceur d’alerte. »

« Le lanceur d’alerte n’est plus perçu comme un traître ou un mouton noir. C’est ça qui a évolué. Grâce à la loi [Waserman du 21 mars 2022, qui élargit la protection des lanceurs d’alerte] mais surtout grâce à l’opinion publique. »

 

À retenir

La Maison des Lanceurs d’Alerte, cofondée par dix-sept organisations autour du journalisme, lance un nouveau prix appelé l’Alerte à la Une pour récompenser les enquêtes journalistiques.

Laura Blairet

 

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[LE RÉSUMÉ] Quelles démarches pour l’EMI dans l’espace francophone ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quelles démarches pour l’EMI dans l’espace francophone ? »

De gauche à droite, Marine Leduc, Line Pagé, Ève Beaudin et Sarah Jacquin. Photo ArnaudFischer/EPJT.

Avec Blaise Andzango (Cameroun), président d’Eduk-Média, Line Pagé (Canada), présidente du conseil d’administration du CQEMI, Ève Beaudin (Canada), journaliste au Centre québécois d’éducation aux médias (CQEMI), Patrick Verniers (Belgique), directeur du Conseil supérieur de l’éducation aux médias, Sarah Jacquin (Liban), chargée de projet à la Fondation Samir Kassir.

Animé par Marine Leduc, chargée de Projet Le Retour de Zalumée/Globe Reporters.

 

 

Les enjeux

L’éducation aux médias et à l’information (EMI) peine à s’installer véritablement dans les programmes scolaires français. Dans les pays francophones, la situation n’est pas mieux voire pire. Les invités mènent des initiatives pour le démocratiser dans des pays comme la Belgique, le Liban, le Canada ou le Cameroun.

Ce qu’ils ont dit

Line Pagé : ​ « On a de grandes ambitions avec le CQEMI, on voudrait aller beaucoup plus loin. On veut aussi devenir un carrefour des bonnes initiatives qui se font en termes d’EMI au Québec. »

« Au Québec, l’EMI est dans le programme scolaire mais n’est pas obligatoire. Chez nous, il n’y a pas eu d’événements tragiques comme en France qui ont forcé une prise de conscience à propos de l’éducation aux médias (attentats de 2015). Mais on essaie de s’y sensibiliser quand même. »

« J’ai beaucoup aimé le thème de cette édition des Assises. Je pense qu’il faut aller en classe et donner aux enfants l’envie de retrouver le goût de l’info. »

Ève Beaudin : ​ « On a développé une formation qui met en relation des journalistes avec des écoles. Il faut jumeler les journalistes avec des régions, le Québec étant vraiment très grand. On explique aux jeunes comment fonctionne le journalisme. Il y en a beaucoup qui pensent n’importe quoi. Il y a pas mal de choses à démystifier. C’est hyper important pour nous d’envoyer des journalistes dans les classes, auprès des jeunes. »

« 95% de notre financement vient de subventions gouvernementales. Et tout ça fonctionne grâce à énormément de bénévolat. »

Sarah Jacquin : ​ « On remarque que la jeunesse est délaissée. Il faut savoir que l’EMI au Liban n’est qu’un onglet dans l’éducation civique. Ça ne reflète pas du tout le paysage médiatique actuel au Liban et dans le monde. On a donc décidé d’intervenir. On fait des ateliers pour sensibiliser les élèves de 13 à 15 ans à la désinformation avec le support du manga. Il est important de s’adapter à un langage qu’ils comprennent. C’est interactif. »

« L’EMI n’est ni une préoccupation ni une priorité au niveau étatique (au Liban). Les écoles privées sont plus réceptives à cette discipline. Mais ça reste toutefois secondaire. On ne peut pas facilement intervenir dans les écoles publiques parce qu’il faut l’aval du gouvernement. Pourtant, c’est important d’investir dans la jeunesse. On compte sur les futures générations pour défricher l’aspect social de la société libanaise. »

Blaise Pascal Andzango : ​« Eduk-Media a pour but de travailler sur l’esprit critique des jeunes. Notre association est née dans un contexte de crise sécuritaire au Cameroun. Ça a nécessité d’engager des activités de sensibilisation aux médias auprès des populations. Il faut savoir que les actions EMI au Cameroun ne sont pas très nombreuses pour l’instant. »

« Au Cameroun, le gouvernement ne prend pas l’éducation aux médias au sérieux. Ça n’est même pas inscrit au programme scolaire. Ce sont les ONG, les associations et la société civile qui s’y intéressent le plus. Nous avons la chance d’avoir quelques associations internationales comme l’OIF pour mener des activités d’éducation aux médias. Je profite de cette occasion pour appeler à une solidarité internationale. »

« Au Cameroun, l’EMI se finance à 90% par des fonds étrangers. »

Patrick Verniers : ​ « Le conseil supérieur de l’éducation aux médias en Belgique est une toute petite équipe. On a des représentants académiques, de l’enseignement, pas que du monde médiatique. Notre objectif est de développer l’éducation aux médias dans l’enseignement, notamment via des financements. On s’assure que l’EMI prenne une place importante dans les programmes scolaires. »

« Ça fait 20 ans qu’il y a des initiatives pour l’EMI en Belgique. Pourtant, je peux vous dire que sur le terrain, on entend beaucoup de discours qui disent qu’on en fait pas assez. »

« En Belgique ce sont des financements essentiellement publics. On est accompagné par le gouvernement. Depuis trois ans, on bénéficie d’une augmentation des financements pour l’EMI de 60 à 70%. »

À retenir

Dans les pays francophones, la situation de l’EMI est très différente. Dans des pays comme le Cameroun et le Liban, il n’y a aucune aide du gouvernement et l’EMI est loin d’être une priorité. En revanche, dans d’autres pays comme le Canada et la Belgique, les mesures prises sont importantes et l’EMI fait partie d’une vraie politique gouvernementale. Mais les acteurs de ces sociétés crient toujours au manque d’investissement. Il faudrait en faire plus.

Arnaud Fischer (EPJT)

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Urgence climatique et responsabilité journalistique : des médias s’engagent

Photo : Tom Demars Granja/EPJT

Avec Violaine CHAURAND, directrice RSE du groupe Bayard, Jean-Pierre DORIAN, directeur de la rédaction de Sud-Ouest (PQR), Vincent GIRET, directeur de l’information de Radio France, Edouard REIS CARONA, rédacteur en chef de Ouest-France.
Animée par Sidonie WATRIGANT, directrice de l’ESJ Pro.

 

La rencontre a débuté par la question de l’adaptation des rédactions face à l’urgence écologique. Les journalistes ont répondu un à un à cette question, prenant soin de développer la prise de conscience ainsi que les méthodes d’actions.

Vincent Giret a répondu que « la loi n’était pas assez armée pour traiter le sujet ». Il a ressenti le besoin de former ses équipes et de les enrichir en connaissances pour gagner en crédibilité. Il a notamment mis en place un plan de formation pour les journalistes et les chargés de programme ainsi que des master class tous les trois mois.

Edouard Reis Cardona a pour sa part démontré la complexité du sujet. Il a ajouté que la crise démocratique que vit le pays a accentué la demande du public de parler des sujets souvent mis sous le tapis par les politiques. Le public ressent le besoin de se sentir impliqué dans l’écologie.

C’est sur ce point que Violaine Chaurand rebondit pour expliquer l’influence des lecteurs dans la prise de décisions. Elle partage que le groupe Bayard rend accessible le sujet de l’écologie afin de ramener la population vers l’information. Une opinion partagée par tous les journalistes intervenants.

Les clés pour comprendre et pour agir

Tous expliquent avoir repensé à leur manière de travailler, de l’impression à la distribution. Ils citent leurs nouveaux moyens de transmission tels que les podcasts ou les formats numériques. Ils se sont entourés de professionnels de l’écologie comme les comités scientifiques pour pouvoir renseigner les lecteurs.

Violaine Chaurand qualifie ce travail de « journalisme de solution ». Le but est, selon elle, « de donner les clés pour comprendre le monde et pour agir ».

La censure de la part des rédactions a été évoqué. Selon Jean-Pierre Dorian, ce n’est pas courant d’être censuré. Le chemin est long pour trouver des solutions et ce qui compte vraiment est de lier les actes aux propos. Il continue en affirmant que c’est un travail de fond et que la charte « n’est pas un effet de mode mais sert pour s’engager sur le long terme ».

La question d’une transition globale est spontanément venue dans le débat. Elle a soulevé des questions autour de la décarbonisation d’une activité, de l’impact sur les lecteurs ou encore de l’équilibre économique d’une entreprise.

Vincent Giret a glissé qu’il s’agissait d’un enjeu systémique pour les entreprises et que des critères d’évaluation avaient été mis en place afin de faire un point sur les avancées chaque année.

Enfin, la conférence s’est terminée sur la méfiance des rédacteurs en chef envers ces sujets à la fois politique et sociaux. Jean-Pierre Dorian a pris le temps d’expliquer que l’écologie était un sujet à risque de militantisme. Il a défini la différence entre militantisme et engagement de la part des médias. Il a particulièrement insisté sur le fait que le « rôle des médias est d’éveiller les consciences et non pas d’arbitrer les choix ». Il a conclu que l’écologie est un thème de vie et que c’est un enjeu pour les générations futures.

Faustine Delahaie/MRI

[LE RÉSUMÉ] Quelle représentation des communautés queer ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quelle représentation des communautés queer ? »

Photo : Maëva Dumas/EPJT

Avec Eline Casse , journaliste chez Radio Parleur et membre de l’AJL ( Association des journalistes LGBT), Lauriane Nicol, fondatrice de Lesbien Raisonnable, Christophe Martet, directeur de rédaction de Komitid et Marie Kirschen, journaliste indépendante et rédactrice en chef chez WellWellWell.

Animée par Mélisse Wyckhuyse, journaliste pour la Méridienne sur Radio Campus Tours, et Audrey Lecomte, co-animatrice de la quotidienne Sortez.

Les enjeux

Les communautés queer sont généralement représentées dans les médias à travers certains sujets. Chemsex, transition, mariage pour tous… les thématiques abordées se ressemblent et catégorisent les communautés à une image bien définie. Celle-ci peut être parfois connotée et discriminante. Face à cette situation, des changements sont nécessaires au sein des rédactions pour offrir une meilleure représentation des communautés queer plus proche de la réalité.

Ce qu’ils ont dit

Lauriane Nicol : «  C’est important d’apporter de la légèreté. Je ne sais pas si ça fait partie de notre militantisme mais c’est important le divertissement. On réduit trop les communautés queer à des sujets graves ou sérieux. »

Christophe Martet : « En général, les images utilisées pour représenter les communautés queer sont problématiques. Ce sont souvent des clichés lisses tirées de banques d’images ou des photos de la Pride où l’on voit des personnes dans des cadres spectaculaires. Rien à voir avec la réalité. »

Marie Kirschen : « Souvent, les journalistes envoient des questions aux associations queer qui n’ont pas lieu d’être. Évidemment, les réponses qu’ils reçoivent sont abruptes. Ce n’est pas un terrain neutre, les interlocuteurs ont des attentes et à juste titre. »

Elin Casse : « Je travaille pour un média indépendant mais ça ne paie pas assez donc je vais devoir me tourner vers des médias généralistes. C’est un choix que je fais à contre-coeur quand on connait la façon dont ils abordent les sujets autour des communautés LGBTQI+ . »

 

À retenir

Les médias traditionnels doivent sensibiliser leurs rédactions à la réalité des communautés queer. Le vocabulaire employé, les images mises en avant, les sujets abordés, une réflexion est nécessaire autour de ces thématiques pour arrêter de transmettre des représentations trop connotées. 

Maëva Dumas (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Diversités dans les rédactions : les RH s’engagent avec La Chance

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Diversités dans les rédactions : les RH s’engagent avec la chance »

Le programme égalité 360 permet, depuis deux ans, de « renouveler les talents ». Photo : Manon Louvet/EPJT

Avec Morgan Bak, adjointe auprès de la DRH au groupe Le Monde et l’ObsEmmanuelle Baugartner, directrice adjointe en charge des politiques Egalité, Diversité et Handicap à Radio FranceYousra Gouja, journaliste pigiste La Chance à la diversité et Maxime Lefebure, chargé de mission RH à Médiapart.

Animé par Yassine Khiri, journaliste AFP et bénévole de La Chance

 

 

Les enjeux

Un constat : les discriminations à l’embauche ne cessent de croître envers les personnes racisées. Les directeurs et directrices des ressources humaines s’engagent  pour davantage de diversité et de transparence dans les rédactions avec La Chance. Une association dont l’objectif est de diversifier les profils. 

Ce qu’ils ont dit

Morgane BAK : « Il faut sensibiliser et former les journalistes. Donner les clés pour recruter sans discrimination. »

« Le réseau La Chance nous permet d’être en contact avec des candidats qui n’accèdent pas à certaines rédactions. »

Emmanuelle BAUMGARTNER : « Je pense que la diversité vient également des origines sociales. »

« La transparence vient d’abord de la composition du jury lors des recrutements. »

Yousra GOUJA : « Il faut qu’il y ait plus de regards différents pour que la population ait davantage confiance aux médias. »

Maxime LEFEBURE : « Nous devons détacher diversité et enjeux commerciaux. »

 

À retenir

Le réseau des RH, né il y a à peine un an, permet d’échanger sur les contraintes et les difficultés au sein des rédactions. A l’initiative du projet, Maxime Lefebure, chargé de mission RH à Médiapart, a pour but de développer la transparence et la diversité dans les médias.

Le réseau des RH de rédactions telles que le groupe Le Monde/l’OBS et Radio France, s’engage afin de soutenir La Chance dans ses actions. Parmi elles : une formation antidiscriminations, la création d’une commission des diversités, une publication des offres d’emploi, ou encore un guide de la pige.

Mais les intervenants le certifient : il existe encore une marge importante pour diversifier les recrutements.

Sarah Costes et Manon Louvet

 

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[LE RÉSUMÉ] Présentation de « vu des quartiers » : suivez le guide !

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Présentation de « vu des quartiers » suivez le guide ! »

De gauche à droite, Michel Dumoret, Maxime Daridan, Manon Meye, Antoine Ly et Maryam El Hamouchi. Conférence sur l’outil « vu des quartiers », aux Assises de Tours, le 28 mars 2023.​ Photo : ArnaudFischer/EPJT.

Avec Maxime Daridan, secrétaire général de BFM TV, Michel Dumoret, directeur en charge de la lutte contre la désinformation France Télévisions, Maryam El Hamouchi, journaliste au pôle enquête et reportage à l’AFP et Antoine Ly, délégué éditorial Radio France en charge de la diversité et de l’égalité des chances.

Animé par Manon Meye, créatrice de contenu au Groupe Cerise.

 

 

Les enjeux

Il est reproché aux journalistes de ne pas assez parler des banlieues et, quand c’est le cas, c’est pour en parler en mal : violences, pauvreté etc. Face à ce constat, BFM TV en collaboration avec l’association des maires Ville&Banlieue a créé « Vu des Quartiers », un annuaire qui met en valeur les contacts d’habitants et d’acteurs des quartiers prioritaires qui veulent échanger avec la presse et raconter ce qui se passe chez eux. L’objectif est de parler plus justement et de façon plus équilibrée de ce qui se passe dans les quartiers.

 

Ce qu’ils ont dit

Maxime Daridan : ​ « ‘Vu des quartiers’ est un annuaire de contact de quartiers prioritaires. On n’est absolument pas sur une question d’expertise. Vous venez d’un quartier, venez ! C’est simplement un outil mis à disposition. »

« Il faut que l’on arrive à faire que les habitants des quartiers soient comme tout le monde : dans un traitement banal de l’actu. »

« ‘Vu des quartiers’ est juste un outil. Après ça dépend de ce qu’en font les gens. Je suis convaincu que ça peut marcher, parce que c’est un outil simple. Mais ça s’inscrit dans un écosystème qui ne se suffit pas à lui-même. Il va falloir que tout le monde s’investisse. »

« Dans le règlement intérieur on a listé les règles du jeu. Il ne faut pas tricher. Ceux qui s’inscrivent, les habitants des quartiers et les journalistes, s’engagent à être honnêtes. Le but de l’outil n’est pas de parler des quartiers en bien. C’est de rétablir un équilibre sur le traitement que l’on en fait. »

« On a essayé de recenser au maximum les quartiers hors Île-de-France. On s’intéresse aussi aux quartiers des département d’Outre-mer (DOM). C’est d’ailleurs un double défi parce-que le traitement des DOM en tant que tel est déjà insuffisant. »

Michel Dumoret : ​ « Quand on va dans ces cités ou quartiers prioritaires, on n’est pas les bienvenus. On nous reproche d’être très loin de ces gens, de leurs préoccupations. Je pense que cet outil va nous permettre de décloisonner cette relation. À France TV, notre objectif est de montrer la France telle qu’elle est. Ces gens en font partie. Or, ils n’ont pas beaucoup de place dans l’actualité. Si cet annuaire peut permettre de susciter des vocations dans nos rédactions, j’en serais très heureux. »

« Il faut être optimiste. Dans les médias, il y a de plus en plus de visages, de noms qui montrent la diversité. Il y a aussi des bourses dans la formation, etc. »

Maryam El Hamouchi : ​ « Je ne trouve pas que ce soit difficile de travailler en banlieue. La critique que je peux faire c’est que, très souvent, les journalistes parisiens passent le périph’ quand ça va mal. »

« Rien ne remplace le terrain. Il faut aller sur place pour voir ce qu’il se passe. Ne pas se contenter d’un coup de téléphone. »

Antoine Ly : ​ « C’est compliqué de filmer en banlieue. La plupart des journalistes n’ont pas les clés de ce que sont les banlieues. ‘Vu des quartiers’ permet d’avoir un annuaire dans lequel des contacts sont volontaires pour parler. Ça a aussi l’avantage de multiplier les sources. Ça permet d’avoir une image très concrète des banlieues. C’est ce qui nous intéresse à Radio France. »

« On a créé cet annuaire pour que ceux qui veulent parler soient des volontaires. C’est important. Ce sont des personnes qui ont envie de se réapproprier leur histoire. Si cet outil peut permettre de rétablir un gage de vérité, cet un outil précieux. »

« Le journaliste doit toujours avoir du recul, un œil critique. Il ne doit pas juste appeler et tendre un micro. Quand on appelle un contact de l’annuaire, on le teste, on essaie de voir s’il veut nous balader. »

« J’ai des collègues reporters de guerre qui m’ont dit « je préfère aller en Irak ou en Afghanistan qu’en banlieue ». C’est hallucinant. On se doit donc de rétablir une confiance chez les journalistes et les habitants pour démocratiser le traitement du quotidien en banlieues. On y croit à Radio France. »

À retenir

Le traitement médiatique du quotidien des habitants des banlieues n’est pas le reflet de ce qu’ils vivent. Et on ne parle que rarement d’eux, sauf quand ça va mal. Avec l’outil ‘Vu des quartiers’, l’objectif est de rétablir une certaine confiance entre journalistes et habitants des banlieues pour pouvoir résoudre ce problème. Leur laisser prendre la parole est la meilleure manière de faire.

Arnaud Fischer (EPJT)

 

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[LE RÉSUMÉ] Migrations : regards des voisins de l’Union européenne et du Sénégal sur leur traitement journalistique

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Migrations : regards des voisins de l’Union européenne et du Sénégal sur leur traitement  journalistique »
Photo : Elise Bellot / EPJT

Avec Hussam HAMMOUD, journaliste syrien et source de révélations très sensibles sur l’Etat islamique (EI) pour plusieurs médias internationaux ces dernières années ; Dodie KHARKHELI (Géorgie), responsable de la stratégie du site On.ge ;  Manar RACHWANI (Syrie), journaliste en exil ; Codou LOUM (Sénégal), journaliste chez Oxyjeunes Fm.

Animé par Ricardo GUTIERREZ (Belgique), secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ).

Les enjeux

Entre l’Europe et l’Afrique se pose notamment la question des migrations, symbolisée par Frontex, le dispositif qui protège l’Europe des flux migratoires. Comment les journalistes africains voient-ils la couverture médiatique des journalistes européens sur la question de migration ?

Ce qu’ils ont dit

Houssem Hammoud.« J’ai été fixeur avant de devenir journaliste. J’ai fait des études d’ingénierie et je n’avais jamais pensé à devenir journaliste. Ce sont les circonstances d’une guerre qui ont décidé de mon métier. »

« Je suis toujours sous la menace de l’EI. Mais la probabilité qu’on me tue diminue au fur et à mesure que je m’éloigne de la Syrie. »

« Si j’ai pu avoir ce visa humanitaire pour pouvoir regagner le sol français, c’est grâce au soutien de la profession. »

Dodie Kharkheli.« Il faut faire un zoom arrière pour regarder au-delà de la frontière de son pays. »

« Les médias sont appelés à avoir plus de communication entre eux. »

« Sous le flux énorme des infos, le journaliste est toujours confronté à une deadline précise. Il est dans une course interminable et il n’a pas souvent le temps de creuser encore plus un sujet. »

Manar Rachwani. « Quand on évoque le traitement journalistique de la migration en Europe, il faut rappeler que l’Europe est composé de plusieurs pays et dans un seul pays, on peut trouver des partis de gauche et des partis de droite. »

« Quel est le récit qui prédomine ? Les migrants ou refugiés sont qualifiés de victimes par certains médias et sont une menace pour d’autres. »

Codou Loum.  « Couvrir le sujet de la migration m’a permis de comprendre beaucoup de choses en tant que journaliste. »

« Le déclic est venu un jour en présentant l’actualité à la radio où je travaille. J’ai repris aveuglement une expression discriminatoire qui qualifiait à l’époque mon peuple et ce en lisant une dépêche internationale. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de bien choisir la terminologie en m’adressant à mes auditeurs. »

 

À retenir

La vision d’un journaliste dépend aussi de la rive sur laquelle il se trouve. L’équilibre est difficile à trouver pour proposer une couverture juste qui relate les événements tels qu’ils sont, sans être influencé par les discours officiels.  

Lina Kamoun (EPJT)

 

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[LE RÉSUMÉ] Comment se prémunir de la menace cyber en tant que journaliste ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Comment se prémunir de la menace cyber en tant que journaliste ? »

Baptiste Robert est recruté par les entreprises pour détecter les failles de leurs systèmes informatiques, on l’appelle le « hacker éthique ». Photo : Elise Bellot/EPJT

Animé par Baptiste Robert, directeur de Predicta Lab.

Les enjeux

À l’ère du tout numérique, il est primordial de protéger ses données personnelles et de veiller à ce que nous publions sur internet. Pour les journalistes, les enjeux sont d’autant plus importants qu’ils peuvent parfois être en possession de données sensibles et être la cible de personnes malveillantes.

Ce qu’il a dit

Baptiste Robert : ​ « La cyber sécurité est un état d’esprit, nous devons adopter des réflexes de tous les jours pour se protéger. »

« Il faut veiller à ce que tous les appareils que nous utilisons soient sécurisés. »

À retenir

Baptiste Robert, expert en cyber sécurité, insiste sur l’importance pour les journalistes de sécuriser leurs données. Sur les réseaux sociaux, certains comportements sont à bannir pour se protéger : publier les photos de ses voyages, donner des informations sur sa géolocalisation, ses proches ou ses habitudes… Ces informations peuvent permettre à des personnes malintentionnées de suivre notre trace et d’en faire un usage malveillant. Il déconseille également de scanner les QR codes, qui peuvent être infectés par des virus, ainsi que l’utilisation de sites de transferts de données comme We Transfer. 

Pour se prémunir des risques, l’expert en cybersécurité conseille de se créer une fausse identité sur Internet et de la changer régulièrement. Utiliser des logiciels de cryptage de données (Veracrypt…) et un VPN (Proton…) est selon lui primordial, d’autant plus lorsque le journaliste travaille sur des sujets d’investigation.

Elise Bellot (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Quel rôle pour les journalistes dans l’éducation aux médias et à l’information (EMI) ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quel rôle pour les journalistes dans l’éducation aux médias et à l’information (EMI) ? »

Gilles Milecan, Juliane Von Reppert-Bismarck, Patrick Verniers et Nicoleta Fotiade se retrouvaient ce vendredi 25 novembre aux assises européennes du journalisme à Bruxelles pour parler d’éducation aux médias. 

Photo : Charles Bury/EPJT

Avec Gilles Millecan (Belgique), chargé du projet « journalism in the classroom » pour l’association des journalistes professionnels (AJP) ; Patrick Verniers (Belgique), directeur du Conseil supérieur de l’éducation aux médias (CSEM) ; Julianne Von Reppert-Bismarck (Allemagne), fondatrice de Lie Detectors.

Animé par Nicoleta Fotiade (Roumanie), chercheuse chez Médiawise Society.

 

 

Les enjeux

Les réseaux sociaux sont souvent la source privilégiée des jeunes pour s’informer. Mais sur ces plateformes, les sources, le traitement journalistique et la véracité des informations ne sont pas toujours respectés. L’éducation aux médias semble être la solution pour aider les jeunes à comprendre les enjeux d’une information de qualité. Et les journalistes professionnels ont un rôle à jouer dans cet apprentissage. 

Ce qu’ils ont dit

Juliane Von Reppert-Bismarck. ​ « Nous formons des journalistes pour leur apprendre à parler avec des enfants de 10 à 15 ans. »

« Il faut que les journalistes soient justes. Qu’ils puissent expliquer les problèmes qui se posent à eux pour que les enfants comprennent ce métier. Il faut qu’ils comprennent pourquoi les journalistes peuvent faire des erreurs. »

« Avec ces ateliers, les journalistes ont l’occasion de rallumer une flamme éteinte depuis longtemps. Mais ces journalistes ont un travail. Il faut que les enseignants puissent eux aussi faire de l’éducation aux médias. »

Gilles Milecan. ​ « Les enfant ont plein de questions, c’est la première fois qu’ils voient des journalistes. La première concerne notre salaire. Et lorsqu’on leur dit combien on gagne, ils nous rangent du côté de leurs parents, et non plus comme une sorte d’élite. »

« Aujourd’hui, tout le monde est un média. Le journaliste, lui, est un professionnel des médias. Il traite journalistiquement l’information. L’apprendre aux jeunes, c’est leur apprendre à appréhender les médias auxquels ils sont exposés quotidiennement. »

« On tente d’expliquer que le processus de confection d’une information doit être respecté. C’est de cette manière qu’on produit une bonne information. La manière dont on travaille est garante d’un bon travail journalistique. »

Patrick Verniers. ​ « L’éducation aux médias est une question de longue haleine, cela prend du temps. Il faut y intégrer les professionnels du journalisme. Heureusement, les journalistes participent à ces ateliers. »

« L’éducation aux médias est sous-financée par les fonds publics en Belgique car cela fait partie du système éducatif. »

« Il n’y a pas qu’un seul modèle d’éducation aux médias. Le professeur peut être impliqué, ou pas du tout. Mais le journaliste ne peut pas remplacer l’enseignant, il doit rester à sa place. »

« On demande à ce que l’atelier ne soit pas du marketing. Nous ne sommes pas là pour faire la promotion d’un média chez les enfants. »

À retenir

L’éducation aux médias doit être un apprentissage essentiel, tout comme la lecture et l’écriture, dans une époque où l’information inonde les réseaux sociaux. Mais ces ateliers doivent être encore mieux pensés. L’objectif est d’offrir des clés pour comprendre l’information. 

Charles Bury (EPJT) et Pauline De Briey (Ihecs)

 

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[LE RÉSUMÉ] Cyberharcèlement : quel outils ? quelles stratégies ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Cyberharcèlement : quels outils ? Quelles stratégies ? »

Photo : Sarah Chevalier/EPJT

Avec Martine SIMONIS (Belgique), secrétaire générale de l’Association des Journalistes Professionnels (AJP) et Me Benjamine BOVY (Belgique), avocate au barreau de Bruxelles.

Animé par Elodie VIALL, consultante pour PEN America.

 

 

Les enjeux

Au sein des rédactions ou en ligne, les femmes journalistes sont en première ligne face au harcèlement. Avec le développement des réseaux sociaux, le phénomène se développe. Il peut prendre des formes différentes et les rédactions ont parfois du mal à percevoir son ampleur. Discours haineux, messages directs, usurpation ou diffusion d’images intimes, 73% des femmes journalistes ont déjà été confrontées au cyberharcèlement. Cela peut les amener à de l’autocensure ou jusqu’à quitter la profession.

Ce qu’ils ont dit

Benjamine Bovy : ​« On a tous une responsabilité en ligne mais ça demande du courage. »

Elodie Vialle : ​« On ne peut pas empêcher le cyberharcèlement mais on peut s’y préparer. »

« Quand on pense politique éditoriale, il est important d’envisager le cyberharcèlement que cela pourrait entrainer. »

Martine Simonis :​ « Les entreprises de médias ont mis peu de choses en place sur ces violences en ligne. »

« Les directions ne voient en général aucun problème de harcèlement dans leurs salles de rédaction. » 

À retenir

Il est important, en tant que victime, de ne pas rester passif. Les journalistes cyberharcelées doivent, dans la mesure du possible, constituer des dossiers de preuves. Les rédactions doivent elle prendre conscience de l’ampleur du phénomène et prendre des dispositions. Les témoins de cyberharcèlement ont également un rôle à jouer : ils doivent agir en signalant les propos sur les réseaux sociaux.

Marine Bernon (Ihecs) Sarah Chevalier (EPJT)

 

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[LE RÉSUMÉ] Le Media Freedom Act : une avancée pour le journalisme en Europe ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le Media Freedom Act : une avancée pour le journalisme en Europe ? »

Discussion autour du Media Freedom Act

Photo : Loriana Candela/IHECS

Avec Anahi Vila (Belgique), directrice des Affaires européennes, CSA présidant l’ERGA, Liz Corbin (Royaume-Uni), directrice éditoriale de l’Union européenne de Radio-télévision (UER), Marie FRENAY, membre du cabinet de la vice-présidente Věra JOUROVÁ et Maja Sever (Croatie), présidente de la Fédération Européenne des Journalistes (FEJ)

Animé par Clothilde Goujard, journaliste pour Politico.eu,

 

 

Les enjeux

Le Media Freedom Act est un règlement introduit par la Commission européenne et qui vise à limiter l’interférence politique des Etats membres dans les pratiques journalistiques. Le but est d’instaurer des standards communs en Europe. Encore en discussion, les mesures de ce texte posent question, notamment quant à leur profondeur et leur efficacité.

Ce qu’ils ont dit

Marie Frenay : ​ « Il y a déjà beaucoup de lois qui visent à encadrer les plateformes et réglementer leur pouvoir. Le Media Freedom Act s’appuie dessus avec des mesures complémentaires. »

« On a essayé de trouver l’équilibre pour répondre à des problèmes et assurer qu’on respecte les spécificités de certains Etats membres. »

Anahi Vila : ​ « On considère qu’un socle commun est essentiel mais il ne faut pas aller trop loin. Les systèmes qui fonctionnent ne doivent pas être diminués. »

« S’il n’y a pas de sanction à la clé, on se demande quelle est la valeur ajoutée finale. »

Maja Sever : ​ « Il est nécessaire d’établir des règles claires plutôt que de simples recommandations. »

« Nous pensons que construire l’indépendance est la chose la plus importante pour les États. »

Liz Corbin : « Nous pensons que les grosses plateformes sont largement incontrôlées et très puissantes. »

« L’érosion de la confiance dans les journalistes et les médias doit inquiéter tout le monde, pas seulement le service public. »

À retenir

Le Media Freedom Act est un texte ambitieux et historique. Avec lui, la Commission européenne espère instaurer des règles communes aux pays membres en matière de liberté de la presse. Elle est le résultat d’une analyse annuelle et d’un diagnostic décevant concernant l’indépendance de la presse en Europe. Son but est de répondre à différents problèmes rencontrés par les journalistes en Europe grâce à un règlement directement applicable pour tous les pays membres. En outre, des recommandations sont soumises aux États qui sont libres de les appliquer à leur manière.

Reste que l’efficacité de ce texte pose question. Beaucoup lui reprochent de ne pas aller assez loin dans ses mesures et dans les sanctions prévues en cas de non-respect.

Loriana Candela (Ihecs)

[SUMMARY] The Media Freedom Act : a step forward for journalism in Europe?

A breakdown of the key points from: « The Media Freedom Act: a step forward for journalism in Europe? »

Discussion autour du Media Freedom Act

Picture : Loriana Candela/IHECS

With Anahi Vila (Belgium), Director for European Affairs for regulator of the French Community of Belgium currently presiding ERGA, Liz Corbin (United Kingdom), Head of news at EBU, Marie Frenay, member of the vice-president Vĕra Jourová office, Maja Sever (Croatia), President of the European Federation of Journalists (EFJ).

Moderated by Clothilde Goujard, journalist at Politico.eu.

 

 

The issues

The Media Freedom Act is a European Commission project under construction. One of its core aims is to prevent political interference in journalism within member states. Implementing common working standards across Europe is also key to the legislation. The text, still under debate, is far from being adopted unanimously- while many journalists and professional bodies support the move, some argue that the measures don’t go far enough.

The quotes

Marie Frenay: « Laws regulating media platforms already exist – the Media Freedom Act aims to bring complementary measures to such legislation.

« We are trying to find a balance to solve the issues and be sure the specificities of some countries are respected. »

Anahi Vila: « We think a common base is needed but it can’t be too restrivtive. If something already works, it doesn’t have to be changed.

« In terms of sanctions [for breaches of existing legislation], one can indeed question whether they are efficient and go far enough. »

Maja Sever: « For such legislation to really work, we should establish clear rules of conduct instead of just recommendations.

« We think that building and ensuring independence of media is the most important goal for member states. »

Liz Corbin: « Technology platforms are largely unregulated and incredibly powerful. »

« The erosion of public trust in journalists and in the media in general should be a key concern for everybody, not just the public service. »

The takeaways

The Media Freedom Act is an ambitious and historical piece of legislation. The European Commission hopes to forge a common working basis for journalism and the media in terms of freedom and independence across memeber states. It aims to solve various problems encountered by journalists in Europe through the tool of regulation. Moreover, a further package of recommendations can be implemented as EU-states see fit.

That said, being able to efficiently implement the Media Freedom Act raises legitimate questions. Some people think the measures don’t go far enough, such as in terms of sanctions in the case of non-respect of the regulation.

Loriana Candela (IHECS)

 

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[LE RÉSUMÉ] Quels enjeux pour le service public au service de l’information en Europe ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quels enjeux pour le service public au service de l’information en Europe ? »

Photo : Elise Bellot/EPJT

Avec Helena MILINKOVIC (Slovénie), journaliste pour RTV Slovenija, Jean-Pierre JACQMIN (Belgique), directeur de l’information de la RTBF, Lucie SYKOROVA (République Tchèque), journaliste indépendante et présidente du conseil de surveillance de European Center for Media Freedom (ECMF) et Marius DRAGOMIR, directeur du Center for Media, Data and Society.

Animé par Marie-Laure AUGRY, vice-présidente de Journalisme et citoyenneté.

 

 

Les enjeux

L’indépendance journalistique et éditoriale vis-à-vis des gouvernements, et plus particulièrement ceux à tendance populiste, est de plus en plus mise à mal en Europe. En Slovénie, les journalistes militent par exemple pour leurs droits depuis plus de 6 mois. Si l’on ajoute cela au débat sur l’émergence des médias privés, on obtient les enjeux majeurs abordés lors de la conférence.

Ce qu’ils ont dit

Marius Dragomir : ​ « Il faut s’interroger sur les enjeux et sur comment empêcher le contrôle des Etats sur le service public. Le plus gros problème, c’est le manque d’indépendance, avec des disparités entre les médias de l’Est et de l’Ouest.  »

Helena Milinkovic : « Nous avons fait face à la censure et à la propagande. Plus de 40 collègues ont quitté la chaîne. La raison : la direction de RTV a supprimé la plupart des programmes d’information. »

« Nous pouvons gagner cette bataille seulement si nous avons le public à nos côtés. »

Lucie Sykorova : ​ « J’ai peur de ce qui va se passer. Nous faisons face aux mêmes défis. »

« Nous avons besoin de bonnes conditions pour les médias de service public. En Pologne et en République tchèque, les médias publics sont la principale cible des gouvernements qui veulent mettre la main dessus. »

Jean-Pierre Jacqmin : ​ « Les problèmes des autres [les médias de l’Est, NDLR] seront les nôtres un jour. »

« C’est quoi un média de service public ? C’est un média qui parvient à s’adresser à tout le monde. Mais c’est très difficile. »

 

À retenir

L’enjeu de l’indépendance de la presse est crucial, notamment dans certains pays de l’Europe de l’est. La Slovénie subit de plein fouet cette menace puisque depuis l’arrivée de parti SDS au pouvoir, les journalistes connaissent des ingérences au quotidien et certains ont démissionné de leur rédaction. En République tchèque, la situation n’est pas encore aussi grave mais les journalistes craignent l’accès au pouvoir de mouvements populistes.

L’enjeu de l’émergence des médias privés n’est pas, selon Jean Pierre Jacqmin, une menace pour le service public. Il faudrait plutôt veiller à collaborer et à donner la voix à tout le monde. Des lois communes doivent tout de même régir les médias privés et publics afin de proposer un contenu correct et de qualité.

Alexane Clochet (EPJT) et Delphine Grote (Ihecs)

[SUMMARY] The challenges for public service information in Europe

A breakdown of the key points from: »The challenges for public service information in Europe »

Photo : Elise Bellot/EPJT

With Helena MILINKOVIC (Slovenia), RTV Slovenija journalist, Jean-Pierre JACQMIN (Belgium), news director of RTBF, Lucie SYKOROVA (Czech Republic), independent journalist and President of the Supervisory Board of European Center for Media Freedom (ECMF) and Marius DRAGOMIR, Director of the Center for Media, Data and Society.

Moderated by Marie-Laure AUGRY, vice-president of Journalisme et citoyenneté.

 

THE ISSUES

Journalistic and editorial independence from government, especially where populist tendencies are at play, has become increasingly complicated in Europe. For instance, in Slovenia, journalists have been campaigning for their rights for more than six months. The debate then shifts onto the emergence of private media alongside the public arena – another challenge for public service broadcasting.

THE QUOTES

Marius Dragomir: « We need to think about the stakes and how to prevent state control over public service journalism. The biggest problem is the lack of editorial independence, with notable disparities between media in eastern and western Europe. »

Helena Milinkovic: « Irrespective of the challenges of censorship and propaganda, more than 40 colleagues have left the station due to RTV management cutting most news content.

« We can win this fight, but only if we have the general public by our side. »

Lucie Sykorova: « I am afraid of what might happen.

« We need a solid working basis for public service media. In Poland and the Czech Republic, public service media is the main target of governement seeking to gain control. »

Jean-Pierre Jacqmin: « The problems of other [eastern European public media productions] will one day be ours.

« What is public service broadcasting? It’s a form of jorunalism that can be reached by everyone. »

 

THE TAKEAWAYS

The issue of press independence is the most serious of issues. Gravely threatened in some countries of eastern Europe, it is not said that western Europe, seemingly protected today, will be spared. One need only look at Slovenia where journalists have been subjected to high levels of government interference, or the Czech Republic where the fear of the rise of populism leads discussions.

According to Jean Pierre Jacquemin, the emergence of private media is not a threat to public service but we should make sure that we work together to ensure the adopting of common laws to govern both private and public media in their provision of quality content.

Delphine Grote (IHECS) Alexane Clochet (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Le dessin de presse face aux enjeux du numérique : quelles protections pour ses auteurs et ses autrices ? »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le dessin de presse face aux enjeux du numérique : Quelles protections pour ses auteurs et ses autrices ? »

Kak, Audrey Adam, Ricardo Gutierrez et Maria Arena (de gauche à droite). Photo : Guillaume Bosmans/Ihecs

Avec Audrey Adam (Belgique), avocate et professeure invitée en droit des médias ; Maria Arena (Belgique), présidente de la sous-commission des Droits de l’homme du Parlement européen ; Izel (Turquie), dessinateur de presse et écrivain et Kak (France), dessinateur de presse et président de Cartooning for Peace.

Animé par Ricardo Gutierrez (Belgique), secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ).

Les enjeux

Le dessin de presse s’exprimait traditionnellement dans la presse écrite. Le fait d’être passé à l’univers numérique entraîne une plus large diffusion. Cette explosion de l’audience est à la fois une opportunité mais aussi un risque. Un nouveau public implique une confrontation nouvelle avec d’autres façons de penser. Cela crée un phénomène de menace, de censure voire d’autocensure du dessinateur, qui est en première ligne face aux nombreuses formes d’extrémisme.

Ce qu’ils ont dit

Audrey Adam : « Une des pistes de solution essentielle à la protection du dessinateur de presse est le droit à la liberté d’expression. Ce droit vaut pour tout le monde. Il vaut quel que soit le type de message exprimé et quel que soit le canal de diffusion choisi. »

« Même s’il existe un bouclier juridique du Conseil de l’Europe, il y a eu plus de 1400 violations de l’Article 10 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme envers les dessinateurs de presse dans certains pays. »

Maria Arena : « Lors du passage du monde écrit au monde numérique, il aurait dû y avoir un certain nombre de modifications dans nos modèles au niveau de la presse et de l’éducation aux médias. Cet accompagnement au numérique n’est pas intégré dans les programmes scolaires et cela devra se faire. Nous sommes soumis à de l’information qui est décontextualisée et qu’il est important d’analyser différemment. »

 « Si hier le dessinateur de presse était très au courant de l’espace juridique et culturel auquel il était confronté, aujourd’hui, un dessinateur de presse n’est pas suffisamment armé face à ce contexte juridique et culturel. »

Izel : “Cela fait deux ou trois ans que je ne dessine plus le président Erdogan. Quand je veux le dessiner, je le fais sans montrer son visage, sinon mon éditeur n’accepte pas le dessin. »

« L’humour est l’antidote des mensonges politiques. »

Kak : « Il y a une hausse du nombre de cas de dessinateurs menacés partout dans le monde. »

« Le dessin de presse est difficile à mettre dans une catégorie propre car il a créé sa propre catégorie : il mélange l’humour, les compétences artistiques et les compétences journalistiques. Comme le journaliste, il y a une responsabilité de s’en tenir aux faits car il rend compte de l’information et de l’actualité. »

Ricardo Gutierrez : « Les dessinateurs de presse sont pleinement journalistes. Nous ne faisons aucune différence entre un journaliste et un dessinateur de presse. »

 

À retenir

Tous les pays de l’Union Européenne ne sont pas égaux en matière de droits de l’Homme et de liberté d’expression. Mais même dans les pays où ces notions sont plus développées, les journalistes et dessinateurs de presse font face à de lourdes menaces. Il existe des pistes de solutions qui passent notamment par la formation des dessinateurs de presse et des journalistes au niveau juridique, la régulation du monde numérique et l’éducation des jeunes publics aux médias et à l’information.

Guillaume Bosmans (Ihecs) et Shana Benflis (Ihecs)

 

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[LE RÉSUMÉ] Formation : les écoles de journalisme en font-elles trop ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Formation : les écoles de journalisme en font-elles trop ? ».

Panel de la discussion "Formation : les écoles de journalisme en font-elles trop ?"

Photo : Elise Bellot/EPJT

Atelier avec Amandine DEGAND (Belgique), chargée de cours à l’Ihecs et Laure COLMANT (France), journaliste et enseignante à l’Ecole publique de journalisme de Tours (EPJT) ; Nicolas BECQUET, journaliste et formateur à l’Ecole de journalisme de Louvain (EjL)

Animé par Eric NAHON, directeur adjoint en charge de l’insertion professionnelle à l’IPJ Dauphine | PSL et président de l’European Journalism Training Association (Ejta).

Les enjeux

Les écoles de journalisme sont réputées pour offrir un programme chargé à leurs étudiants. Absorbés par leurs nombreuses échéances, les futurs journalistes n’ont parfois plus le temps de nourrir leur curiosité pour l’information, qui est pourtant le pilier de leur cursus. A la question du surmenage s’ajoute celle de la pertinence des apprentissages. Sont-ils vraiment en phase avec la réalité des rédactions ?

Ce qu’ils ont dit

Laure Colmant : « Donner la notion de plaisir dans l’apprentissage permet de garder la résistance des étudiants. »

« Il faut toujours savoir résister aux effets de mode. »

Amandine Degand: « Aujourd’hui, les outils sont de plus en plus intuitifs. Notre but est de former à des démarches plus qu’à des outils. »

« On ne va pas trop loin mais on fait trop de choses. Cet excès d’enthousiasme peut être dangereux pour les étudiants. »

Nicolas Becquet : « Il n’y a pas de carrière linéaire dans le journalisme. Il faut se former et s’adapter tout au long de son parcours. »

« Interrogez-vous et interrogez le monde, mais interrogez-vous d’abord. »

À retenir

Aujourd’hui, les formations proposées par les écoles de journalisme sont de plus en plus complètes. Elles tentent de mêler bases théoriques et maîtrise des nouveaux outils de la pratique journalistique.

Mais les programmes actuels peuvent parfois entraîner une forme d’épuisement des étudiants. D’autant que les écoles de journalisme créent des attentes chez les étudiants, qui pensent entrer dans les rédactions et y faire le même type de productions que durant leur cursus. La réalité est souvent différente, et cela peut provoquer une certaine déception.

Les participants à la discussion s’accordent à dire que la méthodologie et la curiosité sont les deux principales qualités que doivent présenter les futurs journalistes.

Loriana Candela (Ihiecs)

[LE RÉSUMÉ] Journalisme en Europe et urgence climatique : l’heure des choix

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Journalisme en Europe et urgence climatique : l’heure des choix »
Lisa Urlbauer, Lorenz Matazat, Milou Dirkk, Marc Sinnaeve (de gauche à droite) Photo : Elise Bellot /EPJT/
Avec Milou DIRKX (Pays-Bas), responsable du réseau de journalistes de Clean Energy Wire (CLEW) Lorenz MATZAT (Allemagne), co-fondateur des réseaux allemands et suisses de journalistes engagés pour le climat Lisa URLBAUER  (Allemagne), responsable de la formation pour le Bonn Institute.
Animé par Marc SINNAEVE (Belgique), enseignant à l’Ihecs en Information économique, écologique & sociale.

Les enjeux

Le climat est une question importante et désormais incontournable de notre époque. Certains reprochent aux journalistes d’être tantôt trop alarmistes, tantôt trop conciliants. Que faut-il changer ? Quels sont les initiatives, les obstacles et les freins ?

Ce qu’ils ont dit

Milou Dirkk : « Notre réseau soutient les journalistes sur les thèmes du climat et de l’énergie. Nous nous sommes penchés sur différentes approches et nous offrons une plateforme de connaissance. La force de ce réseau repose sur le fait que nous ne prétendons pas avoir une réponse à tout mais nous essayons d’établir un guide dans ce labyrinthe. »

Lorenz Matazat : « Il nous a fallu 50 ans pour découvrir qu’il serait urgent de se pencher davantage sur le sujet de climat. La guerre en Ukraine nous a fait ouvrir les yeux sur le problème du gaspillage. »

« Le climat est lié à toutes nos activités et à tous les détails de notre vie. »

« En Allemagne, lorsqu’un journaliste aborde le sujet climat, on qualifie cela de militantisme. »

Lisa Urlbauer : « Depuis mars 2022, notre réseau forme des journalistes et nous souhaitons repenser l’avenir et instaurer un pacte social. Nous misons sur le journalisme constructif axé sur la solution, dans l’espoir d’apporter une réponse rigoureuse, de promouvoir le dialogue et débattre d’une démarche à suivre

À retenir

Comment rendre le réseau attractif, développer ses contacts et recruter des jeunes sensibles à ces questions ? Autant de questions qui doivent amener les journalistes à ne pas se contenter de mettre la lumière sur les problèmes mais de réengager le public.

Lina Kamoun (EPJT)

[SUMMARY] How can ethics and press councils make a difference to better inform citizens?

A breakdown of the key points from: « Information, propaganda, fake news: how can ethics and press councils make a difference to better inform citizens? »

Photo: Marie Le Bobinnec/EPJT

With Pierre Ganz (France), Secretary General of the French Journalism Ethics and Mediation Council (CDJM, Conseil de déontologie journalistique et de médiation), Jaume Suau Martinez (Spain), academic coordinator at the Blanquerna School of Communication and International Relations in Barcelona and Sonja Volkmann-Schluck, press public relations manager at Deutscher Presserat.
Moderated by Anna Vidal (Belgium), legal assistant and project officer for the AADJ/Journalism Ethics Council.

The issues

Lately, and more particularly since the pandemic, public trust of the media has been increasingly challenged: there is more fake news due to a greater variety of sources of information being spread across social media. Within this context, the profession is still coming together to fight against such barriers and to define clear ethical working guidelines.

The quotes

Sonja Volkmann-Schluck: « Our bureau meets four times a week and studies the complaints made. They are mostly about discrimination. There are three levels  of disciplinary action which we can take, leading at the most severe to publishing the incident in the press with the name of the media involved.

« With the pandemics, we have seen many grievances filed – doubts on the truthfulness of reportings, headlines tending on the sensational etc. One in three grievances in 2021 focussed on suspected mistakes. And almost 80% of complaints about Covid-19 covered news items claimed as false. »

Pierre Ganz: « Journalism ethics cannot be separate from journalists’ independence or freedom, like all citizens. It is up to the press council to decide what is considered propaganda, personal points of view, or journalism.

« If we let media decide about ethics or the limits of journalism, it’d mean that journalists’ integrity can change in line with the media they work for. Some form of normalised code of ethics between journalists and media would be a positive move foward. This is where press councils come in. They are there to address common issues across the whole profession and for all of society.

« For quite some time now, French journalists have supported the idea that integrity is an issue for journalists, not for the general public. They thought they only have to address to their peers. »

The takeaways

Press councils have a regulatory role to play regarding the media. The profession wants to retain its independence from governments and the business world. At the same time, it is seeking ethical guidelines by which they wish to work. « I am not sure that all the propaganda is just the result of totalitarians regimes », Pierre Ganz, general secretary of CDJM, concludes.

Marielle Poupard

[SUMMARY]: Cross-border investigations: the climate emergency and migration

A breakdown of the key points from: « Cross-border investigations about climate emergency and migrations »

Photo : Marie Le Bobinnec/EPJT

With Chloé Emmanouilidis (Cyprus), independent journalist; Stella Levantesi (Italy), journalist and climate expert and Urszula Idzikowska (Polond), journalist and migrations expert.
Moderated by Klaudia Bronckaerts (Belgium), member of Journalismfund.

The issues

The JournalismFund organisation promotes collaboration between journalists from different countries, offering funding, mentoring for those who need it, and mediation for potential ethical issues. Within the current backdrop of conflict and wider global issues, the three speakers shared their experiences in this panel discussion.

The quotes

Chloé Emmanouilidis: « I have been working with other journalists on the wildfires in southern Europe. We have faced some challenges trying to prove our findings due to some countries not having sufficient data. Our overall goal was to find a common angle, a common pattern across all of the countries involved in the project.

« I really believe that crossborder collaboration has much more impact: we can publish in many countries and have a wider audience.

« Our job is to link the events with the facts, and at the same time while putting aside our own emotions. »

Stella Levantesi: « We are currently working on the issues surrounding natural gas access in Europe, and more notably since the Russian invasion of Ukraine. It is of course a touchy question, because we are up against the gas industry and its lobbies.

« It’s important to keep your goal in mind and why you are doing what you are doing. You need to look at your work thinking of the bigger picture. Talking with others journalists, understanding their perspectives and thoughts and sharing experiences is at the core of what we do. »

Urszula Idzikowska: « We can see that the Russian influence is spreading. It’s the case in Polond, where I come from, but also in other countries. Russians have started spreading the narrative about ‘traditionnal’ family values. This question is further afield than just in Ukraine. »

The takeaways

« Stories don’t stop at borders », Klaudia Bronckaerts, from JournalismFund remarked. With the three speakers’ testimonies on their own reports, journalists from different countries sharing their experiences seems all the more important in a time when local issues are becoming increasingly global. »

Marielle Poupard

[LE RÉSUMÉ] Médias & GAFAM : quelle juste rémunération pour les médias, les auteurs et les autrices ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Médias & Gafam : quelle juste rémunération pour les médias, les auteurs et les autrices ? »

Frédéric Young, Valentina Wiesner, Jean-Marie Cavada et Philippe Laloux (de gauhe à droite) Photo : Coline Poiret/EPJT

Avec  Jean-Marie CAVADA (France), président d’honneur de la 1re édition des Assises européennes du journalisme, président de l’Institut des droits fondamentaux numériques (IFDRights) et de l’OGC droits voisins de la presse (DV Presse) ; Frédéric YOUNG (Belgique), délégué général de la SACD et de la Scam ; Valentina WIESNER (Croatie), journaliste et membre du groupe d’expertise sur les droits d’auteurs et d’autrices au sein de la Fédération européenne des journalistes (FEJ). 
Animé par Philippe LALOUX (Belgique), journaliste au Soir et professeur invité à l’IHECS en « environnement numérique du journalisme ».

 

Les enjeux

Lors de cette conférence, les intervenants ont échangé à propos de l’importance des droits d’auteur face au pouvoir des Gafam. Les enjeux se concentrent donc autour de cette rémunération qui assure notamment une liberté pour les journalistes. Pour illustrer ces propos, il a notamment été question de la situation des journalistes en Croatie à travers l’expérience de Valentina Wiesner.

Ce qu’ils ont dit

Jean-Marie Cavada : ​ « Il faut noter que ce commerce de la publicité opéré par les Gafam est le seul commerce au monde que je connais où l’on peut vendre un produit que l’on n’a pas fait soi-même. »

Frédéric Young : ​ « Il n’y a pas de liberté d’expression sans liberté économique. Les droits d’auteur donnent plus d’autonomie aux journalistes. Ils sont aussi nécessaires pour une professionnalisation du métier. »

Valentina Wiesner : ​ « En Croatie, la directive a été transposée dans notre législation, mais avec certains changements. Ainsi, tout ce que vous produisez dans le cadre de votre travail appartient à votre employeur pour l’éternité. L’employeur peut aussi modifier l’article puisqu’il lui appartient »

À retenir

À l’initiative de Jean-Marie Cavada, l’Union européenne a instauré une directive pour que les Gafam reversent au moins 30 % de l’argent généré grâce aux articles aux éditeurs. La question est de savoir quel pourcentage est ensuite attribué par l’éditeur à l’auteur. Les intervenants demandent une rémunération équitable entre les journalistes et les éditeurs. Jean-Marie Cavada a conclu avec un message d’espoir : « Toute votre vie, vous allez être payés à apprendre des choses que vous ne connaissiez pas et pour cela, je trouve que c’est le plus beau métier du monde. »

Coline Poiret (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Information, propagande, fake-news : en quoi la déontologie et les conseils de presse peuvent faire la différence

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Information, propagande,
fake-news : en quoi la déontologie et les conseils de presse peuvent faire la différence »

Photo : Marie Le Bobinnec/EPJT

Avec Pierre Ganz (France), secrétaire général du Conseil de Déontologie Journalistique et de Médiation (CDJM), Jaume Suau Martinez (Espagne), coordinateur académique à la Blanquerna School of Communication and International Relations de Barcelone et Sonja Volkmann Schluck (Allemagne), responsable des relations presse à Deutscher Presserat.
Animé par Anna Vidal (Belgique), assistante juridique et chargée de projets pour l’AADJ/Conseil de déontologie journalistique.

 

Les enjeux

Les dernières années, et notamment la période de la pandémie de Covid-19, ont vu s’intensifier la défiance du public à l’égard des médias, et la multiplication des fake news, notamment portée par la diversification des sources d’information et les réseaux sociaux. Dans ce cadre, la profession continue de s’organiser pour lutter contre ces problématiques et définir des lignes déontologiques claires.

Ce qu’ils ont dit

Sonja Volkmann Schluck : « Notre conseil se réunit quatre fois par semaine pour étudier les différentes plaintes. Celles-ci concernent beaucoup les discriminations. Il existe trois stades de sanction : l’avis, la réprobation et la réprimande publique. Cette dernière est publiée dans la presse, avec le nom explicite du média concerné.​ »

« La pandémie de Covid-19 a vu naître beaucoup de plaintes, qui doutaient de la véracité des reportages, qui dénonçaient des gros titres trop sensationnalistes, etc. En 2021, une plainte sur trois concernait des erreurs supposées. Pendant le Covid-19, presque 80 % des plaintes partaient du principe que les informations citées étaient fausses. »

Pierre Ganz : « L’éthique du journalisme est indissociable de l’indépendance des journalistes, et  donc de leur capacité à jouir de leur liberté, comme tous citoyens. C’est au conseil de presse de décider s’il s’agit là de propagande ou d’idées personnelles. »

« Là où un espace de liberté demeure, le conseil de presse a un rôle à jouer. »

« Si on laisse la réflexion sur l’éthique et les limites journalistiques à l’intérieur d’un média, cela veut dire que la déontologie du journaliste va varier selon le journal. Ce serait admirable s’il existait une sorte de norme éthique entre les journalistes, les rédactions, les médias. Les conseils de presse jouent un rôle utile en cherchant à répondre à des problématiques communes à l’ensemble de la profession et de la société démocratique. »

« Pendant très longtemps, les journalistes français se sont construits sur l’idée que la déontologie ne les regardaient qu’eux, pas le public et qu’ils ne devaient répondre qu’à leurs pairs. »

À retenir

Les conseils de presse ont pour mission de réguler les médias. La profession veut garder son indépendance vis-à-vis des gouvernements et entreprises, tout en se posant des limites déontologiques internes. « Je ne suis pas certain que la propagande soit uniquement le fait des régimes totalitaires », conclut Pierre Ganz, secrétaire général du CDJM.

Marie Le Bobinnec (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Regagner la confiance des publics : comment le journalisme participatif change la donne

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Regagner la confiance des publics : comment le journalisme participatif change la donne »

Photo : Ena Billenne /IHECS

Animé par Hugues Dorzée, rédacteur en chef du magazine Imagine Demain, avec Tarmu Tammerk (Estonie), médiateur du service public estonien (EER), Aitor Hernandez-Morales (Espagne), journaliste et auteur du Politico Global Policy Lab et Sofia de Palma Rodrigues (Portugal), journaliste pour Divergente, lauréate du Prix Europa 2022.

 

Les enjeux

Dans un contexte de défiance envers les médias, les journalistes et les rédactions sont en quête d’un moyen de renouer avec le public et de rétablir la confiance. Des médias comme Divergente ou Imagine Demain se sont lancés dans ce que l’on appelle le journalisme participatif. A travers des newsletters, des rédactions temporaires ou des appels à idées, ils cherchent à réduire de plus en plus le fossé entre les citoyens et l’information.

Ce qu’ils ont dit

Tarmu Tammerk : ​ « La confiance est indispensable, sinon le journalisme ne sert à rien. Il devient juste un hobby, une passion… Le public n’aura pas confiance s’il ne se sent pas représenté dans les problématiques abordées. »

« On peut évidemment faire de la pédagogie médiatique et travailler avec le public pour lui faire comprendre les choix des journalistes »

« Notre avons besoin d’une société civile qui fonctionne, pour une bonne démocratie et pour un bon journalisme. »

Sofia de Palma Rodrigues : « Je crois qu’il faut une conduite éthique pour être journaliste et seuls des journalistes professionnels peuvent garantir que nos infos sont fiables, dignes de confiance. On peut écouter et enquêter sur les pistes lancées par les citoyens, mais nous devons croiser les sources pour nous démarquer des médias sociaux. C’est ce qui donne de la fiabilité à l’information. »

Aitor Hernandez-Morales : « L’objectif est de susciter la conversation avec le public, de susciter un environnement où il peut se sentir à l’aise de parler de son quotidien. C’est du bon journalisme car cela permet de mettre en lumière certaines villes d’Europe. »

« Il nous faut déjà travailler au niveau local, c’est l’endroit où l’on peut renouer avec le public et être plus en phase avec la réalité sociale. »

À retenir

Face au désintérêt envers les médias, l’une des priorités des journalistes est de renouer du lien. Cependant, il ne faut pas confondre journalisme participatif et réseaux sociaux. La fonction du journaliste est de proposer une information fiable et vérifiée.

Ena Billenne (Ihecs) et Julie Cedo (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Des rédactions à l’image de nos sociétés ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Des rédactions à l’image de nos sociétés ? »

Roxane Biedermann, Lina Chawaf, Reetta Nousiainen et Guylaine Germain (de gauche à droite). Photo : Zahra Douche/E.P.J.T.



Avec Roxane Biedermann, responsable de la formation pour le Media Diversity Institute (MDI) ; Lina Chawaf, présidente de Community Media Forum in Europe (CMFE) ; Reetta Nousiainen, professeure en journalisme de l’université Haaga-Helia et chercheuse spécialisée sur les questions de diversité dans les rédactions.

Animé par Guylaine Germain, coordinatrice genre et diversité de l’Association des journalistes professionnels (AJP).

Les enjeux

Les profils types de journalistes présents dans les rédactions ne reflètent pas la société actuelle. Ce manque de diversité dans les rédactions engendre un manque de diversité dans l’information. Cela viendrait à oublier la part démocratique que les médias sont censés porter.

Ce qu’ils ont dit

Roxane Biedermann : « Sur dix victimes d’islamophobie, neuf sont des femmes. On parle alors d’islamophobie genrée. »

« Beaucoup de femmes musulmanes refusent de contacter la presse. Elles en ont assez des questions stéréotypées qu’on leur pose et ont peur que leurs propos soient déformés. De plus, on leur demande souvent de parler des problématiques liées à leur religion et non pas de leur domaine d’expertise. »

Lina Chawaf : « Une femme au sein de la rédaction est essentielle pour assurer la diversité des contenus. Il faut que ce soit équitable. »

« Les femmes journalistes reçoivent plus de menaces, c’est donc plus difficile pour elles. On s’en prend à notre vie privée. « Retourne à la cuisine, c’est ta place. », « Que fais-tu ici ? Tu n’as rien à faire ici ? »… Voilà ce qu’on nous dit. Et souvent, c’est pire. »

Reetta Nousiainen : « En Finlande, les salles de rédaction nous ressemblent fortement : très blanches, très classe moyenne, avec une majorité de femmes. »

« Nous avons besoin d’un discours politique fort dans le sens de la diversité au sein de notre société. Il faut plus de représentation dans les rédactions mais il existe encore des limites qui empêchent d’opérer cela. »

« Nous tentons de changer les salles de rédaction, afin qu’elles soient plus diversifiées. Lorsque l’on interroge les rédacteurs en chef, ils disent que cela est très important, mais que c’est vraiment difficile de changer la donne. »

Guylaine Germain : « En Belgique, les résultats de notre dernière étude datant de 2013 montrent que la diversité au sein des rédactions est encore trop peu représentée. Le portrait type du journaliste n’est pas très diversifié. On a tous les mêmes retours sur les stéréotypes racistes présents dans les rédactions. »

« En 2018, l’AJP a coordonné une étude qui listait les raisons pour lesquelles les femmes fuient les rédactions : elles sont moins payées, il y a un tabou autour de la matenité des femmes journalistes, elles sont cantonnées à certains sujets… Cela les rebutent à persévérer dans leur carrière. »

À retenir

Certaines associations de journalistes comme l’AJP remarquent que les rédactions tentent de plus en plus de prendre des décisions sur la diversité au sein des rédactions. Beaucoup font des efforts et essaient d’évoluer dans le bon sens. Malgré cela, la stigmatisation des minorités dans le paysage médiatique persiste et se reflète aussi sur l’information et par extension sur la société.

Shana Benflis, Maëlle Ceola et Zahra Douche

[LE RÉSUMÉ] Quels projets, quels enjeux pour le journalisme constructif en Europe ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quels projets, quels enjeux pour le journalisme constructif en Europe ? »

Photo : Guillaume Bosmans/IHECS

Avec Orla BORG, directeur des bourses d’études du Constructive Institute, Balint ABLANCZY, journaliste politique et cofondateur de Valaszonline.hu et Lorenzo DI STASI, journaliste et membre du réseau italien pour le journalisme constructif. 

Animé par Yasmine BOUDAKA, coordinatrice New6s

 

Les enjeux

Le journalisme constructif doit permettre d’apporter des perspectives à un sujet, sans faire abstraction des problèmes. En Europe, plusieurs projets de journalisme constructifs se sont développés, autour des mêmes valeurs : présenter des solutions, nuancer les sujets traités et engager un débat démocratique.

Ce qu’ils ont dit

Orla BORG :« Nous laissons notre audience voir tout ce qui ne va pas en leur présentant plusieurs problèmes. Face à cela, certains publics se déconnectent des médias. Or sans les faits, on n’a pas la vérité. Et sans la vérité, on n’a pas de démocratie. »

« Notre devoir est-il de montrer seulement des problèmes et leurs victimes ? Ou a-t-on d’autres responsabilités ? Le journalisme constructif permet d’aller plus loin, de proposer des solutions. Nous devons garder en tête que nous travaillons pour nos publics. »

Balint ABLANCZY : « Le journalisme constructif est une méthode qui enrichit notre profession : créer une structure nouvelle, en essayant de se détacher de la folle course au sensationnel et du storytelling d’un gouvernement. Ce n’est pas l’opposé du breaking news. Il existe une certaine complémentarité entre les deux. »

« On sait que nous ne sommes pas un média de masse. Pour échapper à l’asphyxie du breaking news, certains médias sont devenus des médias de niche et trouvent leurs publics. Chez Valaszonline.hu, nous voulons développer notre communauté avec qui nous partageons les mêmes envies et valeurs.»

Lorenzo DI STASI : « Essayer d’être indépendant est aussi une valeur. Nous vivons grâce à des donations, qui assurent l’indépendance de notre organisation. »

« Pendant la pandémie, les breaking news amenaient beaucoup de confusion parmi la population. Nous (les journalistes) avons rapidement décidé de travailler ensemble pour réaliser un travail de journalisme constructif. Nous étions en contact tous les jours avec une communauté, pour mettre en avant différentes informations sur la pandémie. »

À retenir

Face à la crise de confiance entre les publics et les médias, le journalisme constructif peut apporter une réponse. Quand les breakings news peuvent jouer sur le dramatique et que le journalisme d’investigation pointe du doigt des problèmes, le journalisme constructif apporte des nuances et propose des solutions.

Guillaume Bosmans (Ihecs) et Amandine Ollier (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Enquêtes transnationales sur le climat et les migrations

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Enquêtes transnationales sur le climat et les migrations : partage d’expériences »

Photo : Marie Le Bobinnec/EPJT

Avec Chloé Emmanouilidis (Chypre), journaliste indépendante ; Stella Levantesi (Italie), journaliste spécialisée sur les questions de climat et Urszula Idzikowska (Pologne), journaliste spécialisée sur les questions de migration.
Animé par Klaudia Bronckaerts (Belgique), de JournalismFund.

 

 

Les enjeux

L’organisme JournalismFund promeut les investigations entre journalistes de différents pays. Il propose pour cela des financements, des propositions de mentors pour ceux qui en ont besoin, et arbitre également les éventuelles questions éthiques. A l’heure de différents conflits ou questions mondiales, les trois intervenantes du jour partagent leurs expériences.

Ce qu’ils ont dit

Chloé Emmanouilidis : « Nous travaillons en groupe sur les feux sauvages dans le Sud de l’Europe. Nous avons eu du mal à prouver certaines hypothèses à cause du manque de données locales dans certains pays. L’objectif était de trouver un angle commun à tous nos pays. »

« Je suis convaincue que travailler de façon transnationale a plus d’impact : cela permet d’être publié dans plusieurs pays et d’être lu par encore plus de personnes. »

Stella Levantesi : « Nous travaillons sur la question du gaz en Europe, notamment depuis l’invasion russe de l’Ukraine. C’est une question épineuse, parce qu’il faut lutter contre les entreprises et lobbies. »

« Le plus important, c’est de garder en tête la raison pour laquelle on fait ce métier, pour laquelle on travaille sur ces questions. Il faut prendre du recul, brosser un tableau plus large de son propre sujet. Et dans cet objectif de recul, parler avec d’autres journalistes, entendre leur état d’esprit et partager son expérience, c’est plus qu’essentiel. »

Urszula Idzikowska : « Nous travaillons sur la question LGBT+ en temps de guerre. Je me suis rendue trois fois en Ukraine pour étudier le sujet mais c’était plus difficile que ce que je croyais. Avec mon collègue, nous avons appris l’ukrainien : cela nous semblait obligatoire. »

« Nous pouvons voir que l’influence de la Russie grandit. En Pologne, d’où je viens, mais également dans d’autres pays. Les Russes commencent à répandre cette idéologie autour de valeurs familiales dites “traditionnelles”. C’est une question qui dépasse celle du pays en guerre. »

« Je ne vais pas au front parce que je ne suis pas correspondante de guerre. A la fin de ma journée, je rentre chez moi dans un endroit sûr, alors que les activistes que je rencontre restent dans une situation critique. »

À retenir

« Les histoires ne s’arrêtent pas aux frontières », souligne Klaudia Bronckaerts, de JournalismFund. A travers les témoignages des trois intervenantes sur leurs reportages respectifs, l’importance d’échanger entre journalistes de différents pays paraît nécessaire alors que les sujets se mondialisent. 

Marie Le Bobinnec

[LE RÉSUMÉ] Existe-t-il un modèle européen du journalisme ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Existe-t-il un modéle européen du journalisme ? »

Richard Fletcher, Konrad Bleyer-Simon, Teresa Küchler, Marco Nassivera et Nordine Nabil (de gauche à droite) Photo : Pauline de Briey/IHECS

Avec Konrad Bleyer-Simon, chercheur associé au Center for Media Pluralism & Media Freedom, Richard Fletcher, pour le Reuters Institute for the study of Journalism, Marco Nassivera, rédacteur en chef d’Arte et Teresa Küchler, journaliste et vice-présidente de l’Association de la Presse Internationale
Animé par Nordine Nabili, président de la section presse-info de l’Ihecs.

 

 

Les enjeux

Un journalisme européen est-il possible ? Si l’existence d’une identité européenne met nos invités des Assises d’accord, reste la question de la diversité de l’audience et du traitement journalistique propre à chaque pays membre. L’importance de l’égalité entre les différents pays dans un média commun est également une question loin d’être évidente. 

Ce qu’ils ont dit

Konrad Bleyer-Simon : « Je crois qu’il est possible de créer un média européen de service public mais tout le monde doit avoir voix au chapitre. »

Richard Fletcher : « Nous avons observé les audiences européennes de l’information par rapport au reste du monde. Il y a des divergences au sein de l’Europe, mais aussi des tendances universelles comme les changements dans le schéma de consommation. On ne peut pas affirmer qu’il y a une seule et même audience européenne, mais il y a des convergences. »

Marco Nassivera : « Je ne crois pas en un grand média européen, mais plutôt en une coopération qui, d’ailleurs, existe déjà avec des programmes télévisuels ou avec un consortium de journalistes européens d’investigation. »

« Je garde espoir grâce à la jeunesse. Notamment avec leur maîtrise du numérique qui fera avancer la cause européenne et beaucoup d’autres. »

Teresa Küchler : « Il y a un monopole des médias anglo-saxons lorsqu’il s’agit de l’actualité européenne. Je pense que cela pose un problème : ils imposent un seul point de vue sur les autres pays. »

« Je viens de Suède et je répète à mes collègues britanniques que mon pays est tout aussi important que le leur. Avec la barrière de la langue et les manières différentes de traiter l’actualité, je pense qu’il est difficile de créer un journalisme paneuropéen. »

À retenir

Il y a un potentiel modèle du journalisme européen, non pas à travers un média européen mais plutôt par une coopération entre les journalistes. Les invités ont aussi évoqué la difficulté d’un journalisme européen, en mentionnant la différence de langues, de consommation et de traitement de l’information, ainsi que de l’écriture. Certains ont rappelé la devise européenne « L’union dans la diversité », avec l’espoir que la jeunesse puisse porter un journalisme européen, notamment grâce au numérique.

 

Pauline de Briey (Ihecs) et Coline Poiret (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Soirée débat: elles racontent la guerre en Ukraine

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Soirée-débat: elles racontent la guerre en Ukraine ».

Photo : Marc Mentré

Avec Maryse BURGOT, grande reportrice à France Télévisions, Clémence DIBOUT, reportrice pour BFM TVenvoyée spéciale en Ukraine, Galyna KRYCHKOVSKA, productrice pour TV Kyiv, Alla LAZAREVA, rédactrice en chef adjointe de The Ukrainian Weekly, Alexander QUERY, reporter au Kyiv Independent et coordinateur du Centre pour la liberté de la presse en Ukraine (RSF) et Lydia TARAN, journaliste et présentatrice (1+1 TV). Animé par Grégoire DENIAUdirecteur de la rédaction de TV5 Monde.

 

 

Les enjeux

Journalistes françaises et ukrainiennes ont partagé les expériences qu’elles ont eu en couvrant la guerre en Ukraine. Dans ce débat riche de témoignages, les journalistes ont raconté les grands défis auxquels elles font face: propagande, censure, désinformation, couvrir la guerre dans son propre pays…

Ce qu’ils et elles ont dit

Alexander Query : « Beaucoup de journalistes ukrainiens sont devenus des reporters de guerre par obligation. Contrairement à la majorité des professionnels du métier, ils ne sont pas allés vers la guerre, elle est arrivée à eux. »

Maryse Burgot : « Nous, journaliste français en Ukraine, avons pour mission de transmettre les faits. Mais nous n’encourrons pas les mêmes risques que nos confrères ukrainiens. Nos fixeurs, qui nous aident à exercer notre métier, sont constamment au téléphone avec leur famille. Ils ont des préoccupations plus importantes que le journalisme. »

« En Ukraine, les personnes voulant s’unir avec la Russie sont très minoritaires. C’est une population pauvre et âgée et nostalgique de l’Union soviétique, qui habite souvent près de la frontière russe. J’ai rencontré plusieurs russophones qui avaient envie d’être européen. »

Clémence Dibout : « Quelques jours avant l’invasion, j’étais en reportage dans le Donbass. Ma fixeuse m’a dit qu’elle avait un mauvais pressentiment et qu’il fallait rentrer à Kiev. Le 24 février, jour de l’invasion, nous sommes rentrées à Kiev. Elle m’a demandé de prendre un avion pour la France. »

« On me donnait souvent des cafés et des fleurs pour me remercier d’être là. Mais ce sont ces personnes-là qui sont les plus courageuses. On est arrivé à Bucha. Notre fixeur a fait un malaise car c’était sa ville natale. »

Galya Krychkovska : « Je savais, depuis 2004 (année de la révolution orange, NDLR), que la Russie allait envahir l’Ukraine. Le jour avant le 24 février, j’ai demandé à mes proches de faire leurs valises. Je savais que ça allait se produire ce jour-là. »

« Il est difficile de rester objectif lorsque la guerre est dans votre pays. J’essaye tout de même d’avoir le recul nécessaire lorsque je couvre cette guerre. »

Alla Lazareva : « J’ai des connaissances en Russie qui critiquent mes articles. Ils ont le cerveau lavé par la propagande. Ce qui est choquant, c’est que les ambassadeurs russes prennent la parole, sur les plateaux télévisés, et disent des mensonges. Il faut lutter contre les mauvaises informations. La liberté de parole et laisser passer des mauvaises informations, ce n’est pas la même chose. »

« Je ne suis pas d’accord avec le clivage Est-Ouest, souvent présenté dans les médias. Ce clivage n’est ni géographique ni linguistique, mais plus au niveau de l’attachement aux libertés et droits. »

Lydia Taran : « Le soir avant l’invasion, je travaillais. Je suis rentrée chez moi, je n’ai pas fait mes bagages. A 4 heure du matin, j’ai été réveillée par les bombardements. Je savais que ça venait, mais je n’étais pas prête. »

« La guerre en Ukraine n’est pas nouvelle, elle dure depuis huit ans. Nos reporters portaient toujours des gilets par-balles pour travailler à l’Est. Aujourd’hui, ce qui a changé, c’est que les plus grosses chaînes se sont unies pour diffuser un journal télévisé commun. Celui-ci s’appelle « Le télémarathon ». »

 

À retenir

La couverture de la guerre en Ukraine pose de nouveaux défis aux journalistes françaises et ukrainiennes. Même si tous les reporters n’ont pas le même rapport au pays, ils font tous face aux mêmes contraintes: la propagande, la censure, la désinformation, les dangers du terrain…

Cem Taylan

[LE RÉSUMÉ] La remise des prix des Assises 2022

Les prix des Assises 2022, présidés par la journaliste Manon Loizeau, ont été remis jeudi 12 mai , aux lauréats. Le livre Les Fossoyeurs, de Victor Castenet, a notamment été récompensé du Prix du livre de journalisme.

Photo : Amandine Hivert / EPJT

Le Grand prix du journalisme Michèle-Léridon. Il récompense la ou le journaliste, le média, le collectif ou l’action éditoriale qui a le mieux honoré les valeurs du journalisme lors de l’année écoulée. Le lauréat est le journal russe Novaïa GAZETA, et son rédacteur en chef Dmitri Mouratov, pour sa lutte en faveur de la liberté d’expression en Russie. « Dans un an nous allons fêter les 30 ans de notre rédaction, nous espérons pouvoir fêter cela après la fin de la guerre pour célébrer la démocratie. »

Le Prix du livre du journalisme. Prix parrainé par la ville de Tours. Il a été décerné à Victor Castanet pour Les Fossoyeurs (éditions Fayard). « Il a fallu du temps et les moyens afin d’enquêter sur ce sujet. Je suis fier de ce prix car il vient encourager le travail d’investigation qui ne se vend pas forcément mieux que d’autres formats et qui coûtent cher », a expliqué le lauréat.

Le Prix recherche sur le journalisme. C’est Maxime Audinet qui a reçu cette récompense pour son livre Russia Today (RT). Un média d’influence au service de l’Etat russe (INA éditions). Le chercheur a rappelé que « cette guerre a eu l’effet d’une bombe notamment en asséchant les médias russes indépendants. Mais il y a eu un effet très fort sur les chercheurs russes qui ont été expulsés de leur université ou qui ont dû quitter leur pays. Nous nous devons aujourd’hui de les soutenir ».

Le Prix enquête et reportage. Il est remis par vingt-huit étudiants issus des quatorze écoles de journalisme reconnues par la Conférence des écoles de journalisme (CEJ) dont l’EPJT fait partie. Cette année cette récompense a été remise à « Mécaniques du journalisme, le podcast. Saison 9 : Fixeur les yeux et les oreilles du reporter ». C’est une série en quatre épisodes pour France Culture, signée Alain Lewkowicz, réalisée par Vincent Decque, et coordonnée par Grégory Philipps. Léo Humbert et Héloïse Weisz, journalistes en formation à l’EPJT, étaient sur scène pour expliquer ce choix : « Décerner cette récompense, c’est mettre en avant le travail indispensable des fixeurs, notamment en terrain difficile comme en Ukraine ou au Sahel. » Alain Lewkowicz a envoyé une vidéo depuis Verdun expliquant : « Il nous semblait fondamental de rendre hommage a toutes ces femme, à tous ces hommes qui se mettent en danger pour nous permettre de raconter le monde. » 

Amandine Ollier

[LE RÉSUMÉ] Propagande, censure et vérité dans la guerre

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Propagande, censure et vérité dans la guerre »

Photo : Cem Taylan/ EPJT

Avec Hervé Brusini, président du Comité Albert-Londres, Manon Loizeau, grande reportrice et lauréate du Prix Albert-Londres en 2006, Elodie Martinez, journaliste pour « AFP Factcheck » et Elsa Vidal, rédactrice en chef du service en langue russe à RFI. Animé par Maxime Audinet, chercheur et auteur de Russia Today : un média d’influence au service de l’État russe.

 

 

Les enjeux

Comment couvrir la guerre en Ukraine dans un contexte d’extrême polarisation des médias ? Comment mettre en récit deux visions antagonistes ? Quelle place accorder aux émotions ? Témoignages et réflexions sur le rôle des journalistes face à la propagande, la censure et la vérité dans la guerre.

 

Ce qu’ils ont dit

Hervé Brusini : « Aujourd’hui, il se passe en France quelque chose qui sort de l’habituel. Les reporters sur place choisissent l’histoire qu’ils racontent. Ils ne sont pas soumis aux ordres de leurs médias. C’est très précieux. »

« Nous, journalistes, nous luttons pour la bonne santé de la vérité. L’idéal serait que tous les reporters s’unissent pour créer une même base de données et d’informations. Les grands médias européens devraient s’unir pour documenter les faits et pour les délivrer à la justice internationale. »

Manon Loizeau : « Quand j’ai couvert la guerre de Tchétchénie pour Canal+, j’étais assez jeune. Je pensais que j’étais en sécurité. J’ai appris, dix ans plus tard, que ce n’était pas le cas. Beaucoup de jeunes journalistes meurent sur le terrain, c’est très dangereux pour eux d’aller en Ukraine, même avec un fixeur. »

« Lorsque j’ai publié mon documentaire sur les femmes syriennes violées, l’État syrien a accusé les services secrets français d’être à l’origine du documentaire et les victimes d’être des comédiennes. Il se passe la même chose en Ukraine aujourd’hui. »

Elodie Martinez : « Aujourd’hui, il n’y a pas une guerre de l’information mais une guerre de la désinformation. Les vérificateurs de l’AFP ont publié 818 articles sur la désinformation sur la guerre en Ukraine. Les fake news n’ont plus de frontières, elles sont dans toutes les langues. »

« Quand l’AFP n’a pas de photographe ou de vidéaste sur place, elle regarde les publications sur les réseaux sociaux. Elle vérifie leur authenticité grâce à des outils comme la géolocalisation. »

Elsa Vidal : « En Russie, du fait de l’héritage soviétique, il n’y a pas de société civile indépendante. L’action médiatique est de fait conçue comme une manière de mettre en valeur l’État russe. »

« Notre travail est de rendre compte des différentes expériences sur le terrain, de pouvoir distinguer ce qui relève des faits et ce qui relève des interprétations. Même si on vient de pays différents et qu’on a des points de vue divergents, on doit savoir rester objectif. En tant que correspondante pour RFI à Moscou, j’ai été très exposée à la propagande russe. »

À retenir

Les journalistes de guerre sont souvent confrontés à des choix très difficiles. La propagande, la censure et la vérité sont les plus grands obstacles à la vérité sur les terrains de guerre. 

Cem Taylan

[LE RÉSUMÉ] Lassitude électorale et lassitude médiatique : vraie ou fausse symétrie ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Lassitude électorale et lassitude médiatique : vraie ou fausse symétrie ? »

Photo : Amandine Hivert/EPJT

Rémy Buisine, journaliste et vidéaste pour Brut, Frédéric Carbonne, présentateur du « 12-14 » sur France Info, Cléa Chakraverty, cheffe de rubrique politique et société pour The Conversation, Nolwenn Le Blevennec, rédactrice en chef en charge du numérique de L’Obs et Benoit Raphael, journaliste, directeur de la publication de Flint et expert en innovation digitale et média.
Animé par Aude Carasco, journaliste spécialiste des médias à La Croix.

 

 

 Les enjeux

Le baromètre La Croix sur la confiance dans les médias montre que le désintérêt pour l’actualité n’a jamais été aussi fort que pendant l’élection présidentielle 2022. Au fil des mois qui ont précédé le premier tour, les médias ont mis en avant le fait que cette campagne n’intéressait pas les citoyens. La lassitude politique est-elle le reflet d’une lassitude médiatique ?

Ce qu’ils ont dit

Rémy Buisine : « L’idée à Brut était d’écouter ce que le public avait à dire. Aller voir les professions qui ont souffert pendant ce quinquennat pour connaître leurs revendications et leurs préoccupations. Nous voulions les faire entrer dans le débat. »

« J’ai le sentiment que la profession n’a pas été à la hauteur. Il n’y a pas eu assez de débat, on a peut-être été trop sur la petite phrase et les gens ne s’y sont pas retrouvé. »

Benoit Raphael : « La profusion et l’accélération de la production de l’information crée la peur de louper quelque-chose. C’est un problème d’addiction. »

« La surcharge informationnelle provoque une perte d’attention et pose des problèmes de stress. On peut dire aujourd’hui que l’infobésité est un problème de santé publique. »

« Une des première réponses qu’on peut apporter au problème de surcharge informationnelle, c’est de travailler sur la lenteur. Pour les journalistes, ça peut passer par la production d’information sur le temps long. Ce qu’on a essayé de faire avec Flint c’est d’utiliser l’intelligence artificielle pour créer des newsletters intelligentes qui fonctionnent par curation. »

Nolwenn Le Blevennec : « A L’Obs, on a un traitement de la politique assez institutionnel. On a fait une série, « Douce France », où on demandait aux journalistes de retourner sur les terres de leur enfance pour raconter le changement qui s’est produit en vingt ou trente ans. »

À retenir

Lassitude politique et médiatique sont liées. Il est essentiel aujourd’hui de modifier les pratiques journalistiques pour recréer un lien de confiance et mettre à l’agenda médiatique des sujets différents de ceux imposés par les politiques.

Amandine Hivert

[LE RÉSUMÉ] Concentration des médias : indépendance économique, indépendance éditoriale

Retrouvez l’essentiel de l’événement «Concentration des médias : indépendance économique, indépendance éditoriale»

Photo : Amandine Hivert/EPJT

Animé par  Salomé Saque, journaliste politique et économie pour Blast, avec David Assouline, sénateur de Paris, président délégué du groupe Socialiste, écologiste et républicain et vice-président de la commission culture du Sénat, Cécile Dubois, co-présidente du SPIL et rédactrice en chef de citoyens.com, Emmanuel Gagnier, rédacteur en chef de « Cash investigation » et membre du collectif « Informer n’est pas un délit » et Daphné Ronfard, coordinatrice du pôle plaidoyer pour l’association Un bout des médias.

 

 

Les enjeux

Les médias sont soumis à la même réglementation depuis la loi Léotard, adoptée en 1986. Cependant, la révolution numérique a changé la donne. Et si le phénomène de concentration existe depuis longtemps, il s’est accentué ces dernières années. Une commission d’enquête menée par le Sénat a récemment auditionné les propriétaires des principaux médias. 

Ce qu’ils ont dit

David Assouline : « La commission d’enquête a appelé pour la première fois les vrais propriétaires des médias. Ils étaient obligés de venir et de répondre à des questions sous serment. Ils ont dû s’expliquer sur les raisons pour lesquelles ils se sont tout à coup attachés au monde des médias. Au total, il y a eu 82 personnes auditionnées pendant cent heures.»

« Il m’a fallu six minutes pour énumérer l’ensemble des médias et des maisons d’édition que Vincent Bolloré possède. Le fait qu’il me faille six minutes éclaire l’opinion publique sur ce que représente la concentration des médias.»

Cécile Dubois : « La concentration sectorielle permet de créer des entreprises de presse qui sont robustes. Ce n’est pas forcément un problème. Pour nous, il y a un problème à partir du moment où cette concentration se fait dans le giron d’entreprises qui n’ont rien à voir avec la presse à l’origine. »

« Aujourd’hui, 50 % des aides directes à la presse sont données à des titres qui appartiennent à des groupes dont ce n’est pas l’activité principale.  Ça n’incite pas la presse indépendante à se développer. Pour nous, il faudrait que les objectifs des aides à la presse soient quantifiables et évaluables. »

Emmanuel Gagnier : « Ce qui se passe dans le groupe Bolloré est grave. Mais nous pouvons voir d’autres exemples de censure ou d’autocensure dans les autres grands groupes. Ce n’est pas évident de faire ce recensement mais il faut le faire.»

« Le collectif Informer n’est pas un délit s’est créé face au problème du secret des affaires. Mais aujourd’hui, on milite aussi pour l’indépendance des rédactions. Il faut absolument la sanctuariser sinon on aura la risque d’une intrusion de l’actionnaire dans des sujets qui ne lui plaisent pas.»

Daphné Ronfard : « La loi protège insuffisamment l’indépendance des journalistes au sein des médias. Le modèle du Monde est très parlant. Ils disposent de mécanismes protecteurs comme le droit d’agrément. Ce n’est pas le cas pour d’autres journalistes dans d’autres médias.»

À retenir

En France, neuf millionnaires et milliardaires détiennent plus de 90 % des médias privés. Au lendemain de la commission d’enquête du Sénat, la question de la manière de réagir pour défendre l’indépendance économique et éditoriale des rédactions se pose plus que jamais. Les participants et participantes à la conférence ont fait différentes propositions pour limiter ce phénomène.

Amandine Ollier

[LE RÉSUMÉ] Les organisations professionnelles interpellent les politiques

Retrouvez l’essentiel de l’événement « les organisations professionnelles interpellent les politiques »

Sonia Reyne, Jean-Christophe Boulanger, Christophe Deloire, Yoann Labroux-Satabin et Emmanuel Poupard débattent de l’indépendance des médias et de la liberté de la presse. Photo : Lilian Ripert/EPJT

Animé par Isabelle Bords, journaliste à Ouest-France, avec Sonia Reyne, journaliste pigiste membre du bureau de la SNJ-CGT, Jean-Christophe Boulanger, président de Contexte et ex-président du SPIL, Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, Yoann Labroux-Satabin, journaliste pigiste élu CFDT et à la CCIJP et Emmanuel Poupard, premier secrétaire du SNJ.

 

 

Les enjeux

Dans un contexte de crise économique et de concentration des médias, les organisations professionnelles militent pour mieux protéger la liberté de la presse et permettre aux rédactions de se défendre contre les pressions.

 

Ce qu’ils ont dit

Sonia Reyne : « On a besoin d’une volonté politique affirmée de lutte contre la concentration des médias. »

« Il y a urgence. Nous souhaitons lancer avec les autres syndicats un mouvement pour lutter contre la suppression de la redevance audiovisuelle. Cela affaiblirait encore plus le service public. »

«Le vrai problème est de savoir comment on s’oppose à des personnes comme Vincent Bolloré. Il faut vraiment réfléchir à comment on redistribue les aides à la presse pour permettre une plus grande pluralité. »

Yoann Labroux-Satabin : « Il y a besoin d’avoir une revalorisation des salaires des journalistes et particulièrement dans la pige. Un feuillet à moins de 60 euros nous paraît absolument impensable. »

«Il manque une grande instance indépendante de régulation des médias. Ce n’est pas le cas de l’Arcom.  »

Jean-Christophe Boulanger : « Les aides à la presse représentent 20 % des revenus des médias. Ce que l’on reproche, c’est qu’elles se concentrent majoritairement sur les journaux alors qu’aujourd’hui l’information est plurielle avec le numérique. »

Christophe Deloire revient en avant-propos sur l’enlèvement du journaliste français Olivier Dubois au Mali en avril 2021. Des applaudissements résonnent dans la salle.

« RSF a formulé dix propositions très concrètes pour protéger le journalisme au début de la présidentielle, reprises en grande partie dans la dernière semaine par La France insoumise et par Emmanuel Macron. »

Emmanuel Poupard : « La première règle pour qu’un journaliste fasse bien son métier est de lui donner de bonnes conditions de travail et un bon salaire. »

« On est toujours favorable à donner un droit d’opposition collective aux rédactions pour se protéger des pressions extérieures. Il faut leur redonner du pouvoir. »

« La loi Bloche de 2016 a permis de négocier une charte de déontologie au sein de la profession. La déontologie à géométrie variable, ça ne fonctionnera jamais. »

 

 À retenir

Les intervenants s’accordent sur le constat que la loi doit accroître la protection des journalistes pour réduire le risque de pression extérieure sur les rédactions. Ils estiment également que la redevance audiovisuelle doit être maintenue au risque d’affaiblir le service public.

Lilian Ripert

[LE RÉSUMÉ] Traiter d’un objet politique non identifié : le mouvement des gilets jaunes

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les entretiens de l’info. Traiter d’un objet politique non identifié : le mouvement des gilets jaunes ».
Photo : Prunelle Menu/EPJT
Animé par Jean-Marie Charon, sociologue, spécialisé dans l’étude des médias et du journalisme et Arnaud Mercier, professeur en communication et responsable de la licence communication à l’IFP, avec Maïté Darnault, journaliste indépendante à Les Jours, Eric Lagneau, journaliste à l’AFP, Aline Leclerc, grande reportrice au Monde et Mickael Tassard, rédacteur en chef du Courrier Picard et Fabrice Valery, journaliste à France 3 Toulouse.

 

es Les enjeux

Plus de trois ans après le mouvement des Gilets jaunes, le sujet de son traitement médiatique est encore discuté. Jean-Marie Charon et Arnaud Mercier ont publié Les gilets jaunes : un défi journalistique le 3 mai 2022. Ils reviennent sur les différentes difficultés rencontrées par les journalistes sur le terrain.

Ce qu’ils ont dit

Aline Leclerc : « Luc Bronner, directeur des rédactions du Monde en 2018, a eu l’idée de me nommer au début de la crise pour suivre les conséquences économiques et sociales sur la vie des Français. Je suis là pour voir ce qu’il va arriver. Et je suis persuadée qu’on pouvait voir arriver ce mouvement. »

« Après le 1er décembre 2018, je me suis dit « je veux un casque », « je veux des protections contre les bombes lacrymogènes ». Vous arrivez dans un truc délirant tous les samedis. Il y a eu un déferlement de violence, sur les réseaux sociaux également. On vous répète sans cesse que vous êtes la honte du journalisme. »

Mickael Tassart : « On s’est aperçu tard de la montée de la colère au sein des Gilets jaunes. On aurait dû la voir parce que c’est notre boulot. »

« Ce que je retiens de cet épisode, c’est qu’on aurait dû voir le mouvement arriver. On doit être davantage au contact des gens. »

Maïté Darnault : « J’ai couvert deux manifestations régionales pour Libération, à Lyon et à Valence. J’ai constaté que la présence du journaliste lors de ces manifs induit un biais dans ce qui est en train de se passer.»

« Expliquer le métier de journaliste a été une constance. Lors de mes reportages, j’ai pu expliquer mon statut financier. Parfois, je gagne comme eux. Parfois, je gagne plus. Créer un échange et un lien de proximité m’a paru important. »

Fabrice Valéry : « On a choisi d’utiliser Twitter pour de l’information factuelle, des photos par exemple, et Facebook pour faire des lives vidéo. Ces lives étaient commentés pendant plusieurs heures. Avec le mouvement des Gilets jaunes, nous avons changé nos pratiques journalistiques.»

« J’ai toujours pensé que ce métier devait être plus ouvert à des gens de toutes origines et que les étudiants ne devaient pas être trop formatés par les écoles de journalisme. »

Eric Lagneau : « La médiatisation des Gilets jaunes a fait partie du mouvement social. Qu’il s’agisse des médias traditionnels ou des médias créés par les Gilets Jaunes eux-mêmes sur les réseaux sociaux.»

« Il était important pour nous de coordonner le travail qu’on faisait partout en France.»

À retenir

Sujet « passionné et passionnant », comme l’a décrit Arnaud Mercier, le mouvement des Gilets jaunes a remis en question de nombreux principes journalistiques alors que la défiance envers les médias s’est accrue. Les journalistes se disent désormais plus vigilants et se veulent plus proches des publics pour mieux anticiper de nouveaux mouvements sociaux.

Prunelle Menu

[LE RÉSUMÉ] Diversité dans les rédactions: il reste tant à faire…

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Diversité dans les rédactions. Il reste tant à faire… ».

Photo : Coline Poiret/EPJT

Animé par Nordine Nabili, directeur de la formation « Journalisme » à l’Institut des Hautes Etudes des Communications Sociales, avec Emilie Cochaud-Kaminski, journaliste indépendante et ex-bénéficiaire de La Chance, Geoffrey Lopes, journaliste à LCI, ex-bénéficiaire du la Prépa égalité des chances de l’ESJ-Bondy Blog, N’fanteh Minteh, journaliste pour France 3 TV Bretagne et ex étudiante à l’EMI-CFD, Martin Zuber, journaliste indépendant, ex-bénéficiaire de La Chance, Rachel Bertout, responsable de la prépa Egalité des chances de l’ESJ Lille, Pascale Colisson, professeure et chargée de la mission Egalité et lutte contre les discriminations à l’IPJ Dauphine, David Eloy, co-directeur de l’EMI-CFD, Marc Epstein, président de La Chance et Maxime Lefebure, chargé de mission Ressources Humaines à Médiapart.

Les enjeux

La parole est aux jeunes journalistes et aux acteurs du milieu professionnel pour échanger sur la place de la diversité dans les rédactions. Ensemble, ils font état des avancées et surtout des choses qui restent à accomplir pour garantir l’égalité des chances.

Ce qu’ils ont dit

Nordine Nabili : « C’est l’heure de mettre le doigt où ça fait mal. Il y a eu des progrès mais la profession est lente en termes d’égalité. Est-ce que la question de la diversité dans les médias est d’ordre social ou est-ce du marketing pour valoriser les rédactions ? »

Emilie Cochaud-Kaminski : « La question de la confiance en soi est centrale dans ce milieu. J’ai fait les mêmes études que les gens que je retrouve dans les rédactions, mais il y a toujours ce syndrome de l’imposteur.  »

Geoffrey Lopes : « J’ai toujours entendu qu’en tant que journaliste en situation de handicap, j’étais le porte étendard de cette différence. J’ai une part à jouer sur le handicap, c’est vrai. Mais je veux être journaliste et juste faire mon métier. »

N’fanteh Minteh« Je suis fatiguée de voir que la diversité est seulement notre affaire. J’en ai marre de devoir me battre, c’est un enjeu de notre profession qui doit concerner tout le monde. »

Pascale Colisson : « Il faut tout le temps se battre pour instaurer l’égalité dans les écoles de journalisme. C’est un combat quotidien pour protéger les étudiants et pas seulement pour avoir un beau macaron. »

David Eloy : « Dès la création de la formation EMI CFD, la volonté a été de transformer la sociologie de la profession question de l’égalité des chances s’inscrit dans notre démarche. »

Maxime Lefebure : « Il faut déconstruire tout le processus de recrutement pour promouvoir la diversité. Par exemple, on fait attention à la façon dont on rédige nos offres d’emploi car on sait que ça peut influencer sur l’autocensure des candidates et candidats. »

Marc Epstein : « Nous vivons dans un pays où la diversité de la société n’est pas incarnée, que ce soit dans les médias mais également dans les fictions. »

À retenir

Le journalisme est un combat sur une multitude de plans, la diversité est l’un d’eux. C’est dans l’optique de mettre fin à une inégalité des chances récurrente que les acteurs mettent en place des prépa qui accompagnent les étudiants et les jeunes journalistes. Mais une fois au sein des rédactions, ces personnes se sentent parfois réduits au statut de « caution diversité ». En réponse, le message des intervenants est clair : « La diversité ne doit rien rapporter de particulier, elle doit simplement être acceptée. »

Coline Poiret

[LE RÉSUMÉ] Médias et journalisme en Ukraine et Russie : informer en temps de guerre

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Médias et journalisme en Ukraine et Russie: informer en temps de guerre ».

Photo : Cem Taylan/ EPJT

Animé par Loïc Ballarini, enseignant-chercheur à l’Université de Rennes 1 et Simon Gadras, enseignant-chercheur à l’Université Lumière Lyon 2, avec Maxime Audinet, chercheur et auteur de Russia Today : un média d’influence au service de l’État russeValentina Dymytrova, enseignante-chercheure en sciences de l’information et de la communication, enseignante à l’Université Lyon 3, Alexander Kondatrov, maître de conférences en science de l’information et de la communication à l’Université Clermont Auvergne.

 

Les enjeux

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les paysages médiatiques russe et ukrainien connaissent des reconfigurations importantes. Le brouillage entre sphère politique et médiatique met en danger l’indépendance éditoriale des médias des deux pays. Dans cette guerre de l’information, les médias détournent parfois les codes déontologiques au nom de l’unité nationale.

 Ce qu’ils ont dit

Maxime Audinet : « Depuis le début de la guerre en Ukraine, on observe un assèchement total du paysage médiatique russe. La loi de mars, qui criminalise la propagation de fausses informations sur l’armée, a consolidé cette tendance. Pour s’informer librement, les Russes n’ont d’autres moyens que de trouver des stratégies de détournement.»

« Il faut distinguer les médias publics et les médias d’État. Russia Today est le porte-parole du Kremlin. Des médias comme RFI, n’ont pas le même rapport au pouvoir. Cela s’observe dans la couverture d’événements qui ont un intérêt stratégique pour l’État.» 

Alexander Kondatrov : « En Russie, il n’y a pas de distinction entre les sphères politique et médiatique. Il y a deux types de journalisme : le premier, inspiré du modèle occidental, est un journalisme pour l’intérêt public. En revanche, le deuxième est exercé par des serviteurs de l’État, qui sont prêts à bricoler la vérité pour servir les intérêts de ces dernier. Pour les journalistes proches du pouvoir, couvrir la guerre est un moyen de monter en grade dans leur chaîne.»

« Les médias russes ont tendance à diffuser des spectacles de pouvoir, comme des défilés militaires ou la célébration de la Pâque orthodoxe. C’est une manière de créer des liens avec les spectateurs et de faire adhérer les Russes aux discours du Kremlin. »

Valentina Dymytrova : « En Ukraine, depuis le début de la guerre, il y a une uniformisation des JT. Il y a un alignement entre les discours de Zelensky et les contenus médiatiques. Cela pose la question de l’indépendance éditoriale sous prétexte d’unité nationale.»

« Auparavant, les oligarques avaient le dessus sur la ligne éditoriale des médias. Avec la guerre, l’influence du gouvernement ukrainien a considérablement augmenté. Volodymyr Zelensky utilise les médias pour donner des messages de solidarité. Le pouvoir ukrainien essaye de mettre en place un soft power pour sensibiliser le public international avec la cause ukrainienne. »

À retenir

La guerre en Ukraine a  transformé les paysages médiatiques russe et ukrainien. Alors que les médias russes sont devenus encore plus rigides sur leurs contenus, les médias ukrainiens se sont transformés en une caisse de résonnance du gouvernement sous prétexte d’unité nationale. 

Cem Taylan

[LE RÉSUMÉ] Comment expliquer la guerre aux enfants ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « COMMENT EXPLIQUER LA GUERRE AUX ENFANTS ? ».

Photo : Sélim Oumeddour/Epjt

Animé par Aurélie Kieffer, journaliste pour France Culture, avec Marie-Noëlle CLEMENT psychiatre, psychothérapeute, directrice de l’hôpital de jour pour enfants du CEREP-PHYMENTIN  ; Serge Barbet, directeur délégué au CLEMI ; Jean-Yves DANA, rédacteur en chef OKAPI (Bayard) ; Mathieu Pays, rédacteur en chef de FRITZ le mag ; Camille Laurans, rédactrice en chef d’Un Jour une Actu (Milan Presse) ; Serge BARBET, directeur délégué du CLEMI.

 

 

Les enjeux

La guerre en Ukraine a commencé le 24 février 2022. Comment aborder le conflit auprès des enfants ? Quels thèmes faut-il aborder ou éviter ?

Ce qu’ils ont dit

Jean-Yves Dana : « Les parents nous contactent car ils comptent sur nous pour leur donner des clés pour parler du conflit ukrainien avec leurs enfants. »

« On a lancé un compte TikTok qui a atteint le million de vues. On se doit d’aller sur ces plateformes car c’est à ce public là qu’on s’adresse, même si on informe sur les dangers des réseaux sociaux. »

Camille Laurans : « On fait le choix de doser et de fournir petit à petit des clés de compréhension pour les enfants. On évite l’immersion dans l’émotion en privilégiant la compréhension. »

« Sur la durée du conflit, on ne fait pas de suivi jour par jour. On ne montre pas d’images difficiles à voir et on essaie d’en parler autrement, avec des acteurs qui agissent autour de ce conflit. On essaie de trouver des actions positives pour faire la balance avec la dureté des événements. »

Serge Barbet : « Les enseignants doivent être plus formés à l’accueil, y compris émotionnel, des enfants. On a beaucoup progressé mais il reste beaucoup de travail à faire. »

« Il est important de former les enfants, de tout âge, sur les fondamentaux de l’information en démocratie. »

À retenir

Aujourd’hui, les enfants entendent parler de tous les sujets, notamment via les réseaux sociaux. Il faut donc apprendre à les aborder avec eux et leur donner les clés pour mieux comprendre ce qu’il se passe. L’accent doit être mis sur l’éducation aux médias et la bonne gestion des émotions auxquelles les enfants sont sujets.

Sélim Oumeddour

[LE RÉSUMÉ] Presse et élections : une très longue histoire…

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Presse et élections : une très longue histoire… »

Photo : Lilian Ripert/EPJT

Animé par Isabelle Garcin-Marrou, enseignante-chercheure à l’IEP de Lyon, avec Géraldine Delacroix, journaliste à Mediapart, Etienne Manchette, responsable contenus et partenariats Retronews Bnf et Claire Blandin, enseignante-chercheure à l’Université Sorbonne Paris-Nord.

 

 

Les enjeux

L’importance de la presse dans le débat politique ne date pas d’hier. Les élections législatives de 1936 ont notamment été marquées par la violence de la couverture médiatique contre certains candidats et l’apparition de la radio. Un parallèle peut-il être fait avec la présidentielle de 2022 ?

Ce qu’ils ont dit

Claire Blandin : « Après la Première Guerre mondiale, on est dans un paysage médiatique en recomposition. C’est la première élection où la radio va rentrer dans ce temps de la campagne. »

« Il se passe quelque chose autour de la campagne radiodiffusée. Léon Blum trouve un ton pour parler à la radio alors que Maurice Thorez ne réussit pas à s’emparer de la forme de ce média. La violence de cette campagne est réelle. Il y a une propagation de la photo de Léon Blum dans la presse suite à son agression par les Camelots du roi. Dans le journal Action Française, Charles Maurras explique qu’il faut le « fusiller, mais dans le dos ». »

Etienne Manchette : « Le journal Paris-soir vient balayer le vieux modèle du journalisme. Il y a de la photo, une grosse titraille, de l’information internationale à gogo… Tous les éléments de la presse moderne. »

Géraldine Delacroix : « Cette violence [décrite] me fait penser à ce que l’on voit sur Twitter aujourd’hui. »

A propos de la campagne 2022 : « On a senti qu’il se passait quelque chose à gauche. Beaucoup d’électeurs et d’électrices se sont tournés vers le vote utile pour Jean-Luc Mélenchon. On s’est demandé si on devait inciter les gens à aller voter ou non. »

« Pendant l’entre-deux-tours, on s’est également posé la question de savoir s’il fallait voter pour Emmanuel Macron, car le faire pour Marine Le Pen n’était pas une option. Edwy Plenel a publié un édito « Contre Le Pen, voter dans la douleur pour conjurer l’effroi ». »

À retenir

L’arrivée de la radio dans la campagne de 1936 a bousculé les pratiques. Certains candidats s’en emparent mais d’autres comme Maurice Thorez, tribun politique, n’arrivent pas à trouver le ton pour parler aux Français. Pour les intervenants, les années 1930 sont un tournant dans la presse.

Lilian Ripert

[LE RÉSUMÉ] Couverture de l’élection présidentielle : audience de la politique, politique de l’audience

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Retour sur la couverture de l’élection présidentielle : audience de la politique, politique de l’audience ».

Photo : Zoé Keunebroek/EPJT

Animé par Francis Letellier, journaliste et présentateur pour France Télévisions, avec Philippe Corbé, chef du service politique de BFMTV, Laurent Guimier, directeur de l’information de France Télévisions et Clea Chakraverty, cheffe de la rubrique Politique et Société de The Conversation France.

 

Les enjeux

Le débat s’ouvre sur un constat : le débat de l’entre-deux-tours a été le moins regardé de l’histoire de la télévision avec 15 millions de téléspectateurs. Est-ce parce que la télévision intéresse moins ? La télévision régit-elle toujours le débat présidentiel ?

Ce qu’ils ont dit

Cléa Chakraverty : « S’il y a eu de nombreux débats télévisés durant la campagne, ils n’ont pas pour autant abordé les thèmes de fond. Il est évident que la chose politique a été désacralisée. »

« Les débats médiatiques sont finalement le climax de ce qui existait déjà sur les réseaux sociaux. Et cela se vérifie avec Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon dont les mouvements étaient très actifs sur ces réseaux. »

Philippe Corbé : « Les règles du débat en France sont à peu près les mêmes depuis 1974, et c’est un peu dommage qu’elles n’aient pas changé depuis. »

« Concernant le débat de l’entre-deux tours, nous avons vraiment essayé d’organiser ce débat qui ne s’est finalement pas fait. Cette campagne s’est peut-être finalement plus jouée sur les radios d’information. »

Laurent Guimier : « La politique à la télévision continue à faire beaucoup d’audience, quel que soit le candidat. Pour l’émission 20h22, on a gardé à chaque fois près de 80 % des téléspectateurs entre la fin du 20 H et le début de l’émission. »

« Je ne pense pas qu’Éric Zemmour avait une place importante dans le début public. Il avait une place importante dans le débat médiatique, oui. Il a eu la place que certains médias d’information voulaient lui donner pour faire de l’audience. »

À retenir

La télévision reste le principal média d’information politique même chez les plus jeunes. Malgré tout, son audience baisse et elle doit se réinventer pour continuer à rester un acteur majeur du débat politique en France.

Zoé Keunebroek

[LE RÉSUMÉ] Afghanistan, parole aux artistes et aux journalistes en exil

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Afghanistan, parole aux artistes et aux journalistes en exil ».
Noorwali Khpalwak, Mortaza Behboudi, Darline Cothière, Mariam Mana et Solène Chalvon-Fioriti se sont réunis pour parler des journalistes en Afghanistan. Photo : Marion Galard / EPJT
Animée par Darline Cothière, directrice de la Maison des journalistes, avec Mortaza Behboudi, journaliste indépendant ; Solène Chalvon-Fioriti, grande reporter et réalisatrice ; Noorwali Khpalwak, journaliste afghan réfugié à La Maison des journalistes et Mariam Mana, correspondante pour Volant Media (Afghanistan International).

 

Les enjeux

Le 15 août 2021, les Talibans prennent la capitale de l’Afghanistan, Kaboul. De nombreux journalistes et artistes sont sous le choc. Ils subissent alors une répression grandissante et beaucoup cherchent à fuir. Certains d’entre eux arrivent en France. Des mois plus tard, le soir du mercredi 11 mai 2022, des artistes réfugiés afghans présentent pour la première fois sur scène leur spectacle « Kaboul, le 15 août 2021 » au théâtre Olympia de Tours. Mêlant danse, chant, théâtre et poésie, ce spectacle raconte la vie et la fuite des Afghans à partir du 15 août. Après le spectacle, une conférence a eu lieu avec des journalistes afghans sur la situation du journalisme dans leur pays d’origine.

Ce qu’ils ont dit

Noorwali Khpalwak, arrivé en France récemment, il s’exprime en anglais : « J’ai vu la nouvelle de la prise de Kaboul sur mon téléphone le 15 août 2021 quand je me suis réveillé. Je n’ai pas cru ces informations au départ. Je voulais aller voir mes collègues au bureau alors j’y suis allé. Ils étaient terrifiés. On n’aurait pas pu imaginer que vingt ans de progrès allait disparaitre en une minute. »

« Je suis parti de chez moi le lendemain matin avec un habit similaire à ceux des talibans pour passer inaperçu. Jusqu’au 24 août, j’étais caché dans un lieu secret. Je n’ai pas pu dire au revoir à ma femme et mes enfants, il n’y avait pas le temps de se dire au revoir. Ma famille est au Pakistan maintenant. »

Solène Chalvon-Fioriti : « Cela fait dix ans que je travaille en Afghanistan. On dit de nous, les femmes occidentales, que nous sommes le troisième genre. C’est un atout indéniable en tant que journaliste. On pouvait discuter avec des chefs de guerre car ils ne nous prennent pas au sérieux. »

« Maintenant, je peux interviewer un ministre taliban alors que les médias locaux ont du mal à obtenir les autorisations pour exister. »

« Les femmes journalistes et parlementaires étaient avant les talibans mal considérées. C’est une terreur civile de genre : les hommes sont garants de ce qui va arriver aux femmes. Il faut continuer d’accueillir ces femmes journalistes car certaines se cachent actuellement dans des caves à Kaboul et la plupart n’ont pas pu partir en août 2021. »

Mariam Mana : « Pour les journalistes qui travaillent sur l’Afghanistan, les nouvelles sont toujours effrayantes. J’ai peur quand je commence ma journée à 7 heures de regarder les informations. »

« En Afghanistan, il y a un blackout médiatique : tous les médias sont censurés ou les journalistes sont partis. Nous utilisons sur Volant Media les vidéos que les citoyens afghans nous envoient sur WhatsApp, elles représentent peut-être 40 % de nos vidéos. »

Mortaza Behboudi : « Je reçois des appels d’urgence, parfois pendant la nuit à 3 ou 4 heures du matin, pour aider à faire évacuer des journalistes afghans. »

« Je retourne régulièrement en Afghanistan, pour le journalisme surtout. C’est assez dangereux mais je vais y retourner bientôt. »

À retenir

Le journalisme en Afghanistan est en péril. La plupart des journalistes ont fui ou ne peuvent plus travailler. Des journalistes réfugiés ont été accueillis en France mais ceux restés sur place, en particulier les femmes, s’exposent à des risques. Une correspondante de l’AFP en Afghanistan présente dans la salle a d’ailleurs subi plusieurs menaces. L’évacuation des journalistes vers d’autres pays est difficile. Mortaza Behboudi, en France depuis 2015 et qui a obtenu la nationalité française, aide ses confrères à sortir d’Afghanistan. Il a reçu un appel pendant la conférence pour aider une présentatrice à venir en France, une bonne nouvelle qui a provoqué les applaudissements de la salle.

Marion Galard

[LE RÉSUMÉ] Baromètre Viavoice : utilité du journalisme, guerre en Ukraine et campagne présidentielle

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Conférence sur l’utilité du journalisme et le baromètre Viavoice 2022 »

Stewart Chau, Nathalie Saint-Criqc, Cyril Petit, Nabil Aoudi et Eric Valmir se sont rassemblés pour parler du baromètre 2022 sur l’utilité du journalisme. Photo : Marion Galard/EPJT

 

Les participants à cette conférence sont Nabil Aouadi, directeur de la coordination éditoriale de France Médias Monde, Stewart Chau, directeur des études politiques et opinions de Viavoice, Nathalie Saint-Cricq, journaliste et éditorialiste du service politique à France Télévisions, Cyril Petit, journaliste, Eric Valmir, secrétaire général de l’information de Radio France.

Les enjeux

90 % des Français trouvent que le journalisme est un métier utile. C’est ce que révèle l’enquête réalisée pour les Assises par l’institut Viavoice, en partenariat avec France Télévisions, France Médias Monde, Le Journal du dimanche et Radio France. Cette étude dévoile chaque année les attentes des Français envers les journalistes, l’information et les médias. En 2022, elle aborde également l’avis des Français sur le traitement médiatique de la guerre en Ukraine et de la campagne présidentielle.

Ce qu’ils ont dit

Stewart Chau : « 64 % des Français estiment qu’on peut trouver des informations fiables en dehors des médias de référence. C’est un chiffre en baisse de trois points par rapport à octobre 2021. On peut imaginer que les Français comprennent de plus en plus qu’il faut payer pour accéder à une information de qualité car 38 % d’entre eux le pensent. C’est deux points de plus qu’en octobre 2021. »

« Nous pouvons interpréter les chiffres de plusieurs façons. On peut être optimiste en se disant que 47 % des Français ont confiance en la manière dont la politique est traitée par les médias ou être pessimiste car 19 % n’ont pas du tout confiance. »

« Le traitement médiatique de la guerre en Ukraine est perçu comme utile pour 82 % des Français et indispensable pour 78 % d’entre eux. Par contre, certains l’ont trouvé orienté. »

« La télévision apparaît comme le canal d’information principal des Français pour s’informer sur la campagne présidentielle. Les trois quarts d’entre eux l’ont regardée pour s’informer sur ce sujet. La radio (38 % des Français) et la presse écrite (37 %) arrivent en seconde place. »

Nabil Aouadi : « Le baromètre montre que les gens trouvent le journalisme utile pour se forger une opinion. Nous ne formons pas l’opinion mais personne ne sort vierge de la consultation d’une information. »

Cyril Petit : « La règle d’égalité du temps de parole à la télévision s’applique en fait à tous car les lecteurs nous reprochent de ne pas donner la parole à certains candidats. C’est aux journalistes d’expliquer que cette règle ne s’applique pas à la presse écrite. »

Eric Valmir : « Concernant l’Ukraine, on fait un effort considérable sur le terrain pour ne pas être pro-ukrainien. Quand on a découvert Boutcha, on n’a pas dit que c’était la Russie mais que ça l’était peut-être. Nous allons sur le terrain pour vérifier. On peut se sentir insulté par le terme « journalisme orienté » parce qu’on fournit des efforts pour rapporter des faits, surtout sur la guerre en Ukraine. » 

Nathalie Saint-Cricq : « Ce qui m’insupporte le plus, c’est le fantasme des journalistes politiques qui sont perçus comme amis avec les politiques.  Ce n’est pas le cas : nous ne sommes pas une petite caste de puissants. On ne fait jamais ce genre de reproches aux journalistes de sport ou culturels. On ne leur dit pas qu’ils mettent en avant leurs amis. » 

À retenir

Le journalisme est perçu comme un métier utile ; 84 % des Français considèrent par exemple qu’il est indispensable dans une société démocratique. Les Français s’inquiètent aussi de la concentration des médias. Plus de 8 sur 10 considèrent que ce phénomène porte atteinte au débat démocratique. Si le traitement éditorial de la guerre en Ukraine par les journalistes est jugé utile, les résultats ne sont pas les mêmes selon le vote au premier tour de l’élection présidentielle des répondants. Le traitement fait par les journalistes de la guerre en Ukraine est jugé suffisamment neutre et objectif par 80 % des électeurs d’Emmanuel Macron au premier tour mais par seulement 41 % des électeurs d’Eric Zemmour.

Marion Galard

[LE RÉSUMÉ] Sondages, drogue dure ou abstinence ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Sondages : drogue dure ou abstinence ? ».

Photo : Agathe Kupfer/EPJT

Animé par Nassira El Moaddem, journaliste indépendante, avec Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop, Françoix-Xavier Lefranc, rédacteur en chef de Ouest-France, et Philippe Morand, rédacteur en chef adjoint du service politique du Groupe TF1.

 

 

Les enjeux

Lors de la campagne pour l’élection présidentielle, le quotidien Ouest-France a choisi de ne pas utiliser de sondages d’intentions de vote, indicateurs très prisés. Plus que le fondement même de cette pratique, c’est leur usage qui doit être questionné.

Ce qu’ils ont dit

Frédéric Dabi : « Nous proposons des enquêtes appelés rolling, littéralement des sondages roulants, en continu. C’est moins instantané, spectaculaire et brutal que les enquêtes d’opinion classiques.  »

« L’absence des Outre-mer dans nos enquêtes d’intentions de vote pour l’élection présidentielle, faute de temps, ne doit pas masquer nos autres travaux réalisés sur ces territoires. Nous le ferons d’ailleurs dans le cadre des élections législatives. »

François-Xavier Lefranc : « Nous avons pris la décision de ne pas commander de sondages sur la présidentielle au moment où Éric Zemmour était placé en deuxième position des intentions de vote alors qu’il n’était pas encore candidat. Cela déstabilise la démocratie en invisibilisant les « petits candidats ». »

« Dans les sondages d’intentions de vote, les Guadeloupéennes et Guadeloupéens n’existent pas, ils sont considérés comme des sous-citoyens. Il en va de même pour les paysans et les personnes qui n’ont pas Internet. Notre boulot de journaliste, c’est d’aller voir ces gens et de les écouter. »

« L’utilisation des sondages par certains médias n’est pas sérieuse. On part d’un sondage réalisé auprès d’un échantillon de personnes à un moment donné et on le présente comme une réalité pour l’ensemble des Français. En tant que journalistes, nous n’avons pas le droit d’interpréter ces enquêtes comme cela. »

Philippe Morand : « Nous échangeons en permanence avec l’Ifop pour proposer des questions pertinentes aux enquêtés. Nous nous sommes engagés avec l’institut pour les élections régionales, présidentielle et législatives. Ces sondages nous coûtent plusieurs dizaines de milliers d’euros et engagent à la fois la responsabilité de l’Ifop et des rédactions de TF1 et LCI. »

« Nous ne travaillons pas qu’avec les sondages. Grâce à des formats comme « route nationale », diffusés lors de nos journaux télévisés, nous avons fait émerger des thématiques de campagne comme la ruralité ou le pouvoir d’achat. »

À retenir

Plus que l’outil sondage, c’est davantage son utilisation excessive par certaines rédactions qui a été évoquée. L’utilité et le sérieux des enquêtes réalisées sur le temps long ne sont pas remis en cause. La responsabilité de certains journalistes, qui ont tendance à mal les utiliser et les interpréter, doit être interrogée.

Léo Humbert (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Le journalisme politique en France vu par la presse étrangère

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Le journalisme politique en France vu par la presse étrangère »
Photo : Amandine Hivert/EPJT
Animé par Carolin Lohrenz, cheffe de rubrique France au Courrier International, avec Marc Bassets, correspondant pour El Pais, Ana Navarro Pedro, correspondante pour Visão et Nadia Pantel, correspondante pour Süddeutsche Zeitung.

 

Les enjeux

Quelques semaines après l’élection présidentielle française, trois journalistes espagnol, portugais et allemand reviennent sur les spécificités du journalisme politique français. Au coeur de la discussion, la proximité avec les politiques.

Ce qu’ils ont dit

Marc Bassets : « Le grand journal télevisé de 20 heures que tout le monde écoute n’existe plus. Les citoyens ont de multiples sources d’informations. Les médias traditionnels n’ont plus l’autorité qu’ils avaient auparavant. »

« A El Pais, nous autorisons la relecture mais interdisons la modification. Ce qui arrive très souvent en France, c’est d’envoyer une interview à un ministre qui la renvoie avec des modifications. Ce n’est plus une interview. »

Ana Navarro Pedro : « Il y a peut-être une plus grande profondeur dans les débat en France mais il y a aussi un manque de communication avec les français. La proximité avec les arcanes du pouvoir se traduit par une prise de distance avec les lecteurs. »

« La concentration des médias est problématique. Les lois françaises ne sont plus adaptés à cette concentration des médias et sont nuisibles à la démocratie parce qu’elles sont nuisibles à la liberté d’expression. »

« Aujourd’hui il y a de très bon journalistes politiques qui font des enquêtes, qui recoupent les informations, varient leurs sources mais on les trouve aux marges, dans des médias alternatifs. »

Nadia Pantel : « Au moment des gilets jaunes, ce qui m’a marqué c’est la difficulté pour les journalistes à parler de politique avec leurs concitoyens »

«On nous force de plus en plus à devenir auto-entrepreneur. Je trouve ça problématique. Quand j’ai commencé le journalisme il y a 10 ans, on ne savait pas quels étaient les articles les plus lus, lesquels faisaient partie du top 10 des articles du jour. »

À retenir

La proximité entre journalistes et politiques surprend la presse internationale. Selon les journalistes présents à cette table ronde, celle-ci renforce le phénomène de distanciation entre les journalistes et les publics. La concentration, qui n’est pas une spécificité française, a également été évoquée.

Amandine Hivert

[LE RÉSUMÉ] Droits voisins : quelle reconnaissance du travail des auteurs et des journalistes ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Droits voisins : quelle reconnaissance du travail des auteurs et des journalistes ? ».

Photo : Clémentine Louise/EPJT

Animée par Amaury de Rochegonde, rédacteur en chef adjoint à Stratégies et chroniqueur médias à RFI, avec Pablo Aiquel, secrétaire général adjoint du SNJ-CGT, Jean-Marie Cavada, président de la société des droits voisins de la presse, Olivier Da Lage, responsable du dossier des droits d’auteurs au SNJ, Marie Hedin-Christophe, directrice générale du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil) et Hervé Rony, directeur général de la Scam.

 

Les enjeux

Depuis le développement des médias sur internet, la question des droits voisins fait débat. Les médias reprochent à Google de toucher des revenus publicitaires par le biais de leurs contenus. L’enjeu de cette conférence est de faire le point sur les négociations autour de ces droits voisins et de se questionner sur le poids des Gafam dans la presse française.

Ce qu’ils ont dit

Jean-Marie Cavada : « Actuellement, ce que j’entends à l’intérieur des plateformes c’est : « Le temps que les patrons de presse et les journalistes se mettent d’accord, on a encore de beaux-jours devant nous. » Unissez-vous et essayez de régler vos rapports à l’intérieur de vos entreprises. N’offrez pas aux plateformes le spectacle d’une telle division. »

« La loi sur les droits voisins dit qu’il y a obligation pour les plateformes de négocier avec les médias. L’objectif est de rendre obligatoire le partage de la recette publicitaire. »

Marie Hédin-Christophe : « La loi qui concerne les droits voisins a été votée et la gestion collective n’a pas été rendue obligatoire. C’est une victoire pour Google. »

« La notion de répartition est essentielle. Si on opte pour une gestion collective, on peut décider de cette répartition. Sinon c’est Google qui va continuer de faire la loi. Il faut aussi défendre le fait que les coûts éditoriaux et les cartes de presse soient un critère de répartition. »

Pablo Aiquel : « La reconnaissance du travail c’est d’avoir accès à un cadre social. Il n’y pas de barème de rémunération minimum pour les piges. Je ne comprends pas qu’un syndicat parle de droits voisins quand il ne parle pas de salaires au sein de la branche. »

« Aujourd’hui, je dis au nom du SNJ-CGT que nous allons demander à ce que tous les correspondants locaux de presse soient inclus dans les accords de droits voisins. »

À retenir

Le coeur des négociations porte sur la gestion collective de la répartition. Les différents interlocuteurs affirment qu’il faut une coordination des différentes entreprises de presse.

Amandine Hivert

[LE RÉSUMÉ] Le journalisme politique s’enseigne t-il ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « L’Atelier école. Le journalisme politique s’enseigne t-il ? ».
Photo : Zoé Keunebroek/EPJT
Animé par Stéphanie Lebrun, directrice du CFJ Paris, avec Pascale Colisson, responsable pédagogique chargée de l’alternance et de la mission Egalité et lutte contre les discriminations à l’IPJ, avec Maria Santos Sainz, docteur en sciences de l’information et maître de conférences à l’Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA) et Pierre Savary, directeur de l’ESJ Lille.

Les enjeux

Le constat est clair : le journalisme politique ne fait plus rêver. Les écoles cherchent un moyen de se réinventer car si « la politique des petites phrases fait peur », le sujet politique passionne lui toujours les étudiants. Plus encore que la manière de traiter le journalisme politique, c’est la question du militantisme et du journalisme d’opinion qui interroge les élèves.

Ce qu’ils ont dit

Maria Santos Sainz : « A l’IJBA, on essaye de contrecarrer le manque d’appétit pour le journalisme politique. On fait tout pour introduire des nouvelles manières de faire, comme le journalisme politique de proximité. Les étudiants veulent parler de politique autrement, ils veulent être plus près du terrain. »

« Je me permets de citer Albert Camus qui nous disait que « Le goût de la vérité n’empêche pas de prendre parti ». »

Pierre Savary : « Les étudiants s’interrogent sur la question du militantisme, sur la politique mais aussi sur l’environnement. Beaucoup d’entre eux se demandent comment interroger des personnes dont les positions vont parfois à l’encontre de leurs convictions. »

Pascale Colisson : « Les étudiants voient encore le journalisme politique comme un journalisme de déjeuner, de corridor ou de couloir. En fin de compte, le journalisme politique n’est pas seulement une pratique de plateau télé et tous les journalistes peuvent traiter de politique dans leur domaine. Un spécialiste de l’agriculture peut s’emparer de la politique pour traiter ses sujets. »

Stéphanie Lebrun : « C’est ce que vous avez envie de faire avec ce métier qui compte. »

À retenir

C’est en privilégiant les nouveaux formats que l’on peut réussir à intéresser de nouveaux publics au journalisme politique. Le rapport au militantisme doit, lui aussi être repensé. Avoir des convictions et prendre parti ne doit pas empêcher d’avoir une méthodologie journalistique issue des faits. La conférence s’est terminée par une vague d’espoir donnée aux nombreux étudiants en journalisme présents dans la salle, la directrice du CFJ les invitant à innover dans ce qui est « le plus beau métier du monde ».

Zoé Keunebroek et Célio Fioretti (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Journalistes et politiques : l’importance d’une connaissance scientifique

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Journalistes et politiques : l’importance d’une connaissance scientifique partagée »

Photo : Marion Galard / EPJT

Animée par Benoît Tonson, chef de rubrique science de The Conversation, avec Michel Dubois, sociologue des sciences et techniques au CNRS, Aline Richard, rédactrice en chef du magazine Le Figaro Santé, Corinne Vanmerris, directrice adjointe et directrice des études de l’ESJ Lille et Jade Lindgaard, journaliste au pôle écologie de Mediapart.

 

 

Les enjeux

Les journalistes et les responsables politiques sont insuffisamment formés aux questions scientifiques. Pour répondre à ce besoin, des formations spécifiques se développent, comme le master 2 de l’ESJ. Comment les journalistes doivent-ils adapter la parole scientifique au grand public ? Réponse avec ces quatre interlocuteurs.

Ce qu’ils ont dit

Aline Richard : « Tout le monde peut être journaliste scientifique. Ça fait peur un peu, les personnes se disent que c’est difficile. Mais avec du travail, tout est possible. Une formation scientifique préalable n’est pas un prérequis. »

« Nous constatons qu’il y a un problème culturel : personne ne remet en cause les statistiques scientifiques car personne ne les comprend, y compris certains journalistes et politiques. Les sujets scientifiques devraient intéresser plus les politiques. »

« Il faut que tous les journalistes jouent le jeu, ils doivent se renseigner pour ne pas raconter n’importe quoi. Il ne faut pas se limiter à interviewer les mêmes experts. La précipitation pour interviewer Didier Raoult pendant la pandémie de Covid-19 a été terrible. »

Corinne Vanmerris : « Je ne sens pas une grande appétence chez les étudiants pour les sciences. Nous avons 15 places dans le master 2 de journalisme scientifique. Il y a seulement une cinquantaine de candidats dans cette filière. »

Michel Dubois : « Nous avons réalisé une enquête nationale sur les Français et la science. Nous avons constaté qu’environ 8 Français sur 10 font confiance aux scientifiques et c’est le cas depuis les années 1970. »

« Toutefois, nous avons aussi constaté qu’environ 60 % des Français considèrent aujourd’hui que la science apporte autant de bien que de mal. C’est un résultat assez nouveau. »

Jade Lindgaard : « Est-ce qu’une Assemblée où les élus auraient tous une thèse en science serait plus démocratique ? Pas forcément. Des députés ont déposé des amendements radicaux sur l’écologie et ils n’ont pas de formation scientifique. »

« C’est un progrès que les écoles de journalisme proposent des formations en sciences mais ce qui fait qu’un média produit une information juste et audacieuse, c’est son modèle économique. »

À retenir

Les journalistes ne peuvent pas être spécialisés sur tous les sujets mais ils doivent avoir suffisamment de connaissances scientifiques pour comprendre les scientifiques. Les hommes et femmes politiques ne peuvent pas être tous des experts non plus mais on constate parfois un manque d’intérêt pour certains sujets scientifiques.

Marion Galard

[LE RÉSUMÉ] Les États généraux de la formation des journalistes

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les états généraux de la formation des journalistes ».

Des représentants de la Conférence des écoles de journalisme (CEJ) et des étudiants des écoles reconnues par la profession ont débattu des enjeux de la formation des journalistes. Photo : Célio Fioretti/EPJT

Animé par Anne Tezenas, déléguée générale de Conférence des écoles de journalisme (CEJ), avec Arnaud Schwartz, secrétaire général de la CEJ, Cem Taylan et Lilian Ripert (EPJT), Léa Bouvet (EJDG), Héléna Lébely (EJCAM).

 

Les enjeux

Des représentants de la Conférence des écoles de journalisme (CEJ) et des écoles de journalisme reconnues sont revenus sur les grands enjeux de la formation des jeunes journalistes. Il s’agit notamment de la diversité dans les écoles et les rédactions et des difficultés d’insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail. Ces thématiques seront abordées lors des premiers États généraux de la formation des journalistes, prévus les 3 et 4 octobre 2022.

Ce qu’ils ont dit

Arnaud Schwartz : « Les objectifs de la CEJ et de ces États généraux sont de créer un dialogue entre les jeunes journalistes et les étudiants pour qu’ils partagent leur vision du métier. Ces discussions doivent aboutir à des propositions et des bonnes pratiques en matière de formation et d’emploi. »

« Nos étudiants nous font part de deux affirmations. Leur passion pour le métier de journaliste est aussi forte que celle de leurs prédécesseurs. Mais ils ils ne sont pas non plus prêts à tout sacrifier pour exercer cette profession. »

Anne Tezenas : « Nous avons lancé une enquête qui porte sur les quatre dernières cohortes qui sont sorties des quatorze écoles reconnues. Nous cherchons à savoir où ils en sont sur le plan professionnel et à quels problèmes ils sont confrontés. Une seconde enquête porte sur l’égalité des chances, la diversité et les pratiques des écoles pour aider ses étudiants à s’insérer. »

Héléna Lébely : « La question de la diversité dans les écoles est essentielle, il y a un problème systémique d’homogénéité. Plus on avance dans les cursus, moins il y a de diversité. Dans nos écoles, nous avons songé à mettre en place un référent chargé des discriminations et une charte. Nous avons fait des propositions d’éducation aux médias, de tutorat avec les collèges et d’actions pour élargir la communication des écoles. »

Cem Taylan : « Nous voulons travailler sur l’idée préconstruite de la pige, associée à la précarité. Nous souhaitons mettre en place un module commun d’initiation à la pige, un système de parrainage avec les anciens étudiants et une journée dédiée à la gestion des aspects administratifs de la pige. »

« Nous avons proposé la création d’une carte de presse étudiante. Les étudiants souffrent d’un manque de légitimité de la part des sources qu’ils questionnent et d’interdiction d’accès à certains événements, notamment les manifestations. Cet outil doit nous faire réfléchir à notre posture professionnelle. »

À retenir

Les représentants de la CEJ et des étudiants des écoles de journalisme s’accordent pour dialoguer ensemble sur les enjeux de diversité dans les rédactions et de traiter en profondeur les conditions de travail et de santé mentale. L’ensemble des problématiques évoquées par les étudiants et les écoles seront au cœur des États généraux planifiés les 3 et 4 octobre prochains.

Léo Humbert (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Comment faire de l’écologie un vrai sujet politique ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Comment faire de l’écologie un vrai sujet politique ? ».

Photo : Amandine Hivert/EPJT

Animé par Stéphane Frachet, correspondant en région pour Les Echos, avec Jade Lindgaard, journaliste à MediapartAnne-Sophie Novel, journaliste pour le média Vert, Cyrille Vanlerberghe, rédacteur en chef Sciences et Médecine du Figaro et Florent Rimbert, membre de l’Alliance pour la Presse d’information générale (APIG)

 

 

Les enjeux

L’écologie peine à être au devant de la scène médiatique. Pendant la dernière compagne présidentielle, les candidats ont été peu interrogés sur ces questions par les journalistes. Un constat : l’écologie est encore peu abordée comme un sujet politique par les médias.

Ce qu’ils ont dit

Anne-Sophie Novel : « Je me suis rendue compte qu’on était nombreux à traiter ces questions mais qu’on était considérés comme moins sérieux que les autres journalistes. »

« Ce fait scientifique est réellement devenu un fait social, on observe quotidiennement ces bouleversements. »

« Il y a d’un côté les travaux scientifiques et de l’autre la manière dont on s’en empare. »

Jade Lindgaard : « À Mediapart, l’écologie n’a pas été pensée au départ comme une rubrique mais comme un sujet. »

« Pour moi, le climat n’est pas une question scientifique mais politique. »

« Bien sûr, c’est important d’avoir un apport scientifique mais d’un point de vue journalistique, le champ de bataille n’est plus là. La question, c’est interroger l’inaction notamment celle des politiques. »

Cyrille Vanlerberghe : « Pour imposer mes sujets, je me suis toujours appuyé sur la science. Ça me donne de la force. »

« Sur ces questions, il faut savoir interroger les bonnes personnes sur les bons sujets. »

À retenir

Les articles au sujet de l’écologie sont de plus en plus nombreux dans les médias. Mais pour, certains journalistes, il faut encore que cette question soit traitée de manière transversale dans les rédactions car l’écologie impacte l’ensemble de la société. Pour Jade Lindgaard, il faut, en tant que journaliste, interroger l’inaction des politiques et des citoyens vis-à-vis de ces bouleversements.

Agathe Kupfer (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Enquêter sur les violences sexistes et sexuelles

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Enquêter sur les violences sexistes et sexuelles ».

Plusieurs journalistes se sont réunis mardi 10 mai 2022 aux Assises du journalisme de Tours pour un débat intitulé « Enquêter sur les violences sexistes et sexuelles ».

Photo : Aubin Eymard/EPJT

Avec Lorraine DE FOUCHER, journaliste pour Le Monde ; Giulia FOÏS, journaliste, animatrice de l’émission « Pas son genre » sur France inter ; Nadège IBANEZ, conseillère branches de la communication, des médias et des télécommunications de l’AFDAS ; Marine TURCHI, journaliste pour Médiapart Romain VERLEY, journaliste pour l’émission « Complément d’enquête ». Animé par Louise Audibert.

 

Les enjeux

Cinq ans après l’apparition du mouvement #Metoo, les violences sexistes et sexuelles sont toujours au cœur de l’espace médiatique. Encore récemment, des enquêtes journalistiques révélant des faits d’agressions sexuelles et de viols ont été publiées concernant Eric Zemmour et Patrick Poivre d’Arvor. Les révélations constantes sur ces violences soulignent l’importance du travail des journalistes qui met en lumière un sujet systémique.

 

Ce qu’ils ont dit

Romain Verley : « Je comprends pourquoi ces femmes n’ont pas parlé. Nous, les médias, sommes les champions des #Metoo dans le sport, dans l’église ou tout autre domaine mais pas chez nous. Il y a un silence radio, un silence télé. »

« J’ai été de suite confronté à mon statut d’homme, je me suis beaucoup documenté. J’étais un petit peu un éléphant dans un magasin de porcelaine. »

Marine Turchi : « 99% des affaires qu’on sort ne suscitent pas l’étonnement mais elles témoignent des alertes ignorées. »

« Libération de la parole est une expression journalistique paresseuse. La plupart du temps, ces femmes ont déjà parlé à un ami, à un collègue… »

Lorraine De Foucher : « La dénonciation de ces affaires est très peu souvent un problème de connaissance mais surtout de courage et de prise en main des choses. »

« Je pense qu’il faut comprendre que le viol n’a pas grand chose à voir avec le plaisir sexuel mais avec le pouvoir. »

Giulia Foïs : « Comme femme et ex-victime de viol, je suis admirative de ces femmes journalistes qui recueillent la parole des victimes. »

« Le contradictoire est essentiel dans une démocratie, il est donc important d’entendre la victime mais aussi l’auteur. »

À retenir

Les violences sexistes et sexuelles sont systémiques et leur apparition à la une des médias ne signifie pas qu’elles sont nouvelles. Enquêter sur ces faits est essentiel pour éduquer tous les acteurs de la société civile ainsi que les jeunes journalistes.

Aubin Eymard (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Ils se sont lancés cette année

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Ils se sont lancés cette année »

Annabelle Perrin, François De Monnes, Frédéric Courant et Etienne Manchette se sont réunis pour le débat « Ils se sont lancés cette année » animé par Romain Colas. Photo : Nina Chouraqui/EPJT

Avec Frédéric COURANT, cofondateur et rédacteur en chef de L’esprit sorcier ; Annabelle PERRIN et François DE MONNES, cofondateurs de « La disparition » ; Etienne MANCHETTE, responsable Contenus et Partenariats RetroNews BnF ; Jéromine SANTO GAMMAIRE et Franck CELLIER, co-fondateurs du média réunionnais Parallèle Sud. Animé par Romain COLAS, rédacteur en chef adjoint de La Correspondance de la presse.

Les enjeux

Chaque année, les Assises du journalisme de Tours donnent la parole à ceux qui ont fait le pari de créer leur média pour faire vivre un projet éditorial. Pour cette quinzième édition, quatre jeunes médias sont présentés.

Ce qu’ils ont dit

Frédéric Courant : « Nous nous sommes lancés dans un financement participatif pour la liberté. C’est un modèle où le média appartient à ses lecteurs. »

Annabelle Perrin : « Comme la lettre a tendance à disparaître, on s’est dit qu’on allait faire un média épistolaire. Ce sont de longs récits où on parle de disparition de quartiers, de prisons, d’arbres… On voulait que la forme coïncide avec le fond. »

François De Monnes : «  On raconte des gens qui luttent, des histoires d’amour, de fraternité et bien d’autres. Les journalistes écrivent dans une lettre que les abonnés reçoivent dans une enveloppe. Ils trouvent à l’intérieur une carte postale qui illustre le récit. On fait également appel à des auteurs pour écrire les lettres. »

«  Notre principal enjeu, c’était de nous faire connaître. On a commencé à bâtir une newsletter gratuite avant d’envoyer nos premières lettres. Cela nous a permis d’avoir un premier socle de lecteurs. »

Etienne Manchette : « Les fonds de presse écrite sont gigantesques. On fait des sujets liés à l’actualité, mais on essaie surtout de faire du temps long, en amenant un propos universitaire qui permet de nourrir un peu plus le sujet. »

Franck Cellier : « Après avoir créé le média Parallèle Sud, on est parti à la rencontre des gens qu’on avait croisés lors de nos reportages et qui nous disaient qu’ils avaient besoin d’une presse différente. À La Réunion, il y a une forte envie de retrouver une expression qui concerne les initiatives citoyennes.  »

Jéromine Santo Gammaire : « Quand c’est gratuit, les gens soutiennent. Mais après, ils ne payent pas forcément. »

À retenir

Lors de leur lancement, et encore des mois après, les nouveaux médias rencontrent des difficultés similaires. Il faut tout d’abord conquérir une audience et se faire connaître. Ensuite, des fonds économiques sont nécessaires pour financer de jeunes projets éditoriaux. Pour cela, ils misent notamment sur le crowdfunding. Mais parfois, même s’ils récoltent des dons qui leur permettent de développer leur projet, ils ne leur assurent pas pour autant une viabilité. 

Nina Chouraqui (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Quel regard sur les femmes en politique ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement :  » Quel regard des médias sur les femmes en politique ? »

Photo : Margot Ferreira/EPJT

Avec Marlène Collomb-Gully, professeur à l’Université de Toulouse et autrice ; Rose Lamy, autrice « Défaire le discours sexiste dans les médias », paru aux éditions JC Lattès ; Sandrine Rousseau, économiste membre d’EELV, candidate aux élections législatives. Animé par Pascale Colisson, responsable pédagogique à l’IPJ.

Les enjeux

En France, le traitement médiatique des femmes politiques pose question dans un contexte de médiatisation croissante de la vie politique. À l’image de Sandrine Rousseau dans les médias, qui dénonce une forme de sexisme. 

Ce qu’ils ont dit

Rose Lamy : « J’ai des doutes sur le fait que la parité règle tout dans les rédactions. C’est une question de discours. Cela relève de l’effort citoyen. »

Marlène Coulomb-Gully : « Le rapport à l’autorité dans les médias reste une prérogative masculine. »

Sandrine Rousseau : « Une machine de guerre se met en place pour les femmes en politique pour démontrer leur incompétence. »

« La manière dont j’ai été médiatisée pose une question éthique et déontologique. »

À retenir

Les intervenantes ont toutes fait le même constat : les médias français réservent un traitement sexiste aux femmes politiques. Des solutions sont envisagées, telles que la présence de « gender editor » dans les rédactions. Mais cela ne suffit pas, selon Rose Lamy, qui soulève les efforts de déconstruction à faire sur la question féministe.  

Nawal EL Hammouchi

[LE RÉSUMÉ] Ecarts de représentation et stéréotypes genrés dans les médias : où en sommes-nous ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « ÉCARTS DE REPRÉSENTATION ET STÉRÉOTYPES GENRÉS DANS LES MÉDIAS : OÙ EN SOMMES-NOUS ? »

Photo : Samuel Eyene/EPJT

Animé par Gilles BASTIN, professeur de sociologie à Sciences Po Grenoble/université Grenoble Alpes ; Marlène COULOMB-GULLY, professeure des universités à l’université de Toulouse et Ange RICHARD, doctorante à Sciences Po Grenoble/université Grenoble Alpes.​

 

Les enjeux

Les stéréotypes et le manque de diversité demeurent criants dans les médias d’information. Certaines catégories ne sont pas ou peu représentées. Comme l’indiquent les résultats du Global Média Monitoring Project (GMMP) présentés par Marlène Coulomb-Gully ou encore Ange Richard et Gilles Bastin, représentants de Gendered News, la parité homme et femme peine à être respectée dans les rédactions françaises.

Ce qu’ils ont dit

Marlène Coulomb-Gully : « Nous avons constitué un corpus de médias aussi large que possible : 10 journaux, 10 stations de radios et 10 fils Twitter. »

« Dans les médias français, 30 % des informations traitent de femmes. 70 % traitent donc des hommes. Les médias font preuve d’une inertie préoccupante s’agissant de l’égalité femme et homme au sein de leur représentation. »

« Les femmes progressent vers une plus grande parité mais c’est seulement à travers des thématiques comme le social. »

Ange Richard : « Nous sommes encore loin [de la parité dans les médias]. »

« Il y a des manières genrées de dire “dire” : les femmes ont plus de chance de voir leurs phrases introduites avec les verbes “marteler” ou “rapporter”, tandis que pour les hommes c’est plutôt “alerter”, “avertir” etc. »

Gilles Bastin  : « L’objectif de ce site est d’objectiver la réalité. »

À retenir

Les intervenants présents lors de l’atelier “Écarts de représentation et stéréotypes genrés dans les médias : où en sommes-nous ?” ont tenu à rappeler qu’il existe des écarts. Marlène Coulomb-Gully a souligné que « 70 % des nouvelles traitent des hommes ». Qu’il s’agisse du nombre de femmes dans les rédactions ou encore des personnalités au cœur de l’actualité, le traitement médiatique est inégal. Les journaux doivent rendre compte de la diversité de la société à travers leurs sujets sans oublier que celles et ceux qui embrassent la profession doivent venir de tous parts.

Samuel Eyene

[LE RÉSUMÉ] Couvrir les élections législatives avec les données et outils Google

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Couvrir les élections législatives avec les données et outils Google »

Denis Vannier anime son atelier sur les outils Google. Photo : Léo Berry/EPJT

Présenté par Denis VANNIER, journaliste et formateur indépendant. 

Les enjeux

Les élections législatives approchent à grand pas. Pour les traiter en cartes et en infographies, Google met à disposition des journalistes des outils.

Ce qu’il a dit

« Les recherches avancées sont très efficaces. Les opérateurs (site: ; filetype: …) permettent de cibler des types d’informations. Le cache de Google permet également de récupérer des informations qui ont été effacées. »

« L’outil roi pour visionner des données lorsqu’on n’est pas un grand designer est Flourish. L’outil est gratuit pour les journalistes et les rédactions. Tableau s’adresse plutôt aux experts en visualisation de données. »

« My Maps permet de faire une carte rapidement. Par exemple, cela permet d’indiquer où se trouvent les bureaux de vote d’une commune. Il suffit de récupérer les données de géolocalisation sur une plateforme d’opendata. »

À retenir

Les outils Google permettent de couvrir rapidement des informations électorales. Pour produire des visualisations plus élaborées, des outils comme Flourish peuvent être utiles.

Léo Berry (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] L’info politique dans les médias locaux : privilégier le lien avec le public

Retrouvez l’essentiel de l’événement « L’info politique dans les médias locaux : privilégier le lien avec le public »
Géraldine Houdayer, Simon Barthelemy, Stéphanie Zorn et Jimmy Darras participaient à la conférence « L’info politique dans les médias locaux : privilégier le lien avec le public » animée par  Richard Hecht. Photo : Charlotte Morand/EPJT

Avec Simon BARTHELEMY, journaliste et cofondateur de Rue 89 Bordeaux ; Jimmy DARRAS, chef de projet pour Ouest Medialab ; Géraldine HOUDAYER, journaliste web France Bleu ; Stéphanie ZORN, rédactrice en chef adjointe La voix du Nord. Animé par Richard HECHT, Union des Clubs de la Presse de France et Francophones (UCP2F).

Les enjeux

En cette année électorale, les médias locaux doivent multiplier leurs stratégies pour diffuser l’information politique et espérer toucher les publics. Pour ce faire, ils privilégient le lien avec eux.

Ce qu’ils ont dit

Géraldine Houdayer : « Il y a eu une crise de confiance envers les médias. Dans ce moment de crise, il faut être acteur et forger des liens entre nos publics et ceux qui les représentent. L’idée c’est de dire : nous parlons de ce qui vous concerne. »

Simon Barthélémy : « Chez Rue89, on s’est demandé comment faire pour sortir à la fois de cette culture du clash tout en essayant de traiter localement les sujets qui peuvent intéresser nos lecteurs et nos auditeurs. »

« Nous avons aussi souhaité donner la parole aux gens que l’on n’entend pas trop. Pour cela, nous avons organisé des débats entre des personnes qui ne sont pas forcément le plus en vue médiatiquement. »

Jimmy Darras : « Le local intervient dans des dispositifs d’interaction qui ouvrent la discussion, le débat et la consultation avec le public du territoire et permet aux rédactions d’avoir de nouveaux angles et de nouveaux formats. »

Stéphanie Zorn : « Nous, médias traditionnels, n’avons pas forcément la bonne manière de parler aux jeunes. A La Voix du Nord, on s’est demandé comment mieux parler des élections aux jeunes avec eux. »

« Les thématiques qui intéressent les jeunes ne sont pas les mêmes. Nous avons lancé de nouveaux formats et avons pensé de nouveaux angles pour essayer de nous adapter à leurs codes. »

 

À retenir

Pour tenter d’informer le public sur la politique, les médias locaux ont lancé plusieurs initiatives. Entre débats participatifs, consultations citoyennes, nouveaux formats, plateformes collaboratives, nouveaux angles et discussions, ils ont décidé de privilégier le lien avec celui-ci. Les intervenants ont également pointé du doigt l’importance de s’adapter à son audience, notamment en ce qui concerne les jeunes en période électorale.

Nina Chouraqui (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Quand les journalistes se plantent – Du devoir de rectifier ses erreurs

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quand les journalistes se plantent – Du devoir de rectifier ses erreurs ».

Photo : Samuel Eyene/EPJT

Animé par Pierre GANZ, Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM), avec Annick DUBIED, professeure ordinaire en journalisme, directrice de l’Académie du journalisme et des médias de l’Université de Neuchâtel et vice-présidente du Conseil de presse suisse ; Loris GUÉMART, rédacteur en chef adjoint pour Arrêt sur images Anne KERLOC’H, rédactrice en chef de 20 min ; Gilles VAN KOTE, directeur délégué aux relations avec les publics pour Le Monde.

Les enjeux

La défiance envers les journalistes est un phénomène constant dans la presse, notamment porté par des erreurs dans le traitement de l’information. Au sein des rédactions, se tromper est parfois mal appréhendé par les journalistes. Quatre intervenants apportent leur éclairage sur le sujet.  

Ce qu’ils ont dit

Gilles Van Kote : « Nous produisons du contenu éditorial tous les jours, il y a forcément des erreurs qui nous échappent. Nous sommes un quotidien, c’est humain. Un rectificatif s’impose lorsque c’est une erreur factuelle. »

« Nous avons plusieurs niveaux de relecture, avec des éditeurs qui ont aussi un rôle de vérificateurs de l’information. »

Anne Kerloc’h  : « Ça commence avant la rédaction, dès l’école où l’on vous apprend des principes. Nous avons aussi nos processus internes, nous avons nos relecteurs puis une fois qu’il y a une erreur, nous faisons un debrief. »

« L’édit c’est une précision, lorsque l’article est en cours d’écriture. Le rectificatif, c’est plutôt lorsqu’il y a une erreur »

Loris Guémart : « J’étais lecteur avant d’être journaliste, le seul moyen de résoudre ça [NDLR : au sujet des erreurs] c’est de les mettre en avant, de les corriger et d’en parler. »

« On essaye de s’astreindre à plus de rigueur dans nos articles. »

Annick Dubied  : «Je trouve réjouissant de voir ces initiatives [NDLR : au sujet des mécanismes de rectification des erreurs] se répliquer car il faut permettre aux publics et aux journalistes d’en discuter. » 

À retenir

Les quatre acteurs de l’atelier ont exprimé leurs positions respectives en mettant l’accent sur l’importance de la reconnaissance des erreurs commises par les journalistes. Les lecteurs doivent être au courant lorsque les journaux apportent des corrections et des rectifications. Il est important de déconstruire la gêne qui existe autour de ce sujet et de répondre aux erreurs de manière collective. Néanmoins, des mécanismes de correction existent avant la parution d’un article, à l’image du rôle primordial des éditeurs ou des chartes de vérification.

Samuel Eyene 

[LE RÉSUMÉ] L’EMI tout au long de la vie

Retrouvez l’essentiel de l’événement « L’EMI tout au long de la vie ».

À la suite de la conférence, les intervenants ont pu échanger avec le public sur l’avenir de l’EMI. Photo : Sarah Chevalier / EPJT

Animé par Pascal RUFFENACH​, P-DG du groupe Bayard et président de l’APEM.
Avec Antoine BAYET, journaliste et directeur éditorial de l’INA, auteur de « Voyage aux pays de la dark information » paru aux éditions Robert Laffont et Marie-Laure CHÉREL, directrice du département des publics à la BNF et Olivier MAGNIN, responsable d’Image’IN du Pole Education à l’image, aux médias et à l’information de la Ligue de l’Enseignement.

Les enjeux

L’EMI (éducation aux médias et à l’information) occupe une place de plus en plus importante dans une société où l’information est omniprésente et où la défiance envers les journalistes est grandissante. L’EMI est souvent associée à l’école et aux enfants, mais cela ne s’arrête pas là. De nombreuses initiatives voient le jour et l’objectif est désormais de partager les connaissances.

Ce qu’ils ont dit

Antoine Bayet : « J’étais face à quelqu’un qui était perdu et noyé dans l’information. En documentant ce décrochage, j’avais envie de faire remonter quelques personnes à bord. »

« La plupart des personnes que j’ai rencontrées ont eu une mauvaise expérience avec un journaliste. »

« L’EMI pour les adultes, je ne sais pas si c’est vraiment une éducation. Dire aux gens que l’on va les éduquer c’est flippant, je ne sais pas si EMI est le bon terme dans ce cas. »

Marie-Laureom Chérel : « La BNF possède 44 km linéaires de collection de presse. Nous essayons de transmettre tout en valorisant nos collections. »

« Nous avons développé un atelier autour de la censure : peut-on tout lire ? Les élèves débattent ensuite sur un ouvrage qui a fait polémique. » 

Olivier Magnin : « En 2019, on a lancé un parcours éducatif, « Les veilleurs de l’info », qui s’adresse à des animateurs et des enseignants. Notre idée, c’est d’outiller et de former des gens dont l’information n’est pas le métier. En sachant que tout le monde ne peut pas le faire. »

« Le public pénitentiaire a un rapport passionnel à l’information mais elle est assimilée aux chaînes d’info en continu. »

À retenir

L’EMI ne se résume pas au cadre scolaire. L’idée de travailler également sur l’esprit critique se développe et cela devrait se poursuivre tout au long de la vie. « Il faut désormais savoir comment on peut partager ces savoirs », conclut Pascal Ruffenach.

Sarah Chevalier (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] La presse régionale peut-elle se passer des correspondants locaux de presse ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « La presse régionale peut-elle se passer des correspondants locaux de presse ? »

L’atelier « La presse régionale peut-elle se passer des correspondants locaux de presse ? » ouvrait les assises du journalisme ce mardi 10 mai 2022 à Tours. Photo : Charles Bury/EPJT

Animé par Sophie Massieu, journaliste indépendante, avec Elina Barbereau, correspondante à Ouest-France, Caroline Devos, journaliste à La Nouvelle RépubliqueAntoine Comte, journaliste en formation à l’Ecole publique de journalisme de Tours et Loris Guémart, médiateur d’Arrêt sur Images.

 

Les enjeux

Les correspondants locaux de presse occupent une place centrale dans les journaux régionaux : à Ouest-France par exemple, environ 70 % du journal est réalisé grâce à leur production. Considérés comme de véritables journalistes, ils sont pourtant payés entre 3 et 4 euros de l’heure et leur statut ne leur permet pas de bénéficier des protections au même titre que les journalistes salariés.

Ce qu’ils ont dit

Loris Guémart : « Les correspondants locaux de presse sont considérés comme des journalistes dans les rédactions. Ils sont payés entre trois et quatre euros de l’heure. Et ce n’est pas un salaire, c’est une sorte de rétribution. »

« Il y a des instructions très claires dans les rédactions : si on commence à exiger des sujets, à suggérer des angles, il y a un risque de requalification de la relation de travail. »

Elina Barbereau : « Nous avons réalisé une enquête, sur plus de 600 correspondants locaux de presse répondants : 51 % d’entre eux déclarent avoir besoin de ce travail pour vivre. Chez les femmes correspondantes, ce chiffre monte à 64 %  » « En tant que correspondante et concernant les sujets que l’on couvre, il m’arrive d’être en concurrence avec des journalistes des journaux concurrents. A la fin, on sort à peu près la même chose. »

Antoine Comte : « Lors de mon enquête, j’ai constaté que beaucoup de correspondants vivaient de ce travail et ils ne souhaitaient pas donner leur nom de peur que cela leur porte préjudice. Il est important de se rendre compte que ce sont des gens derrière. »

Caroline Devos : « La presse quotidienne régionale cherche un modèle pour se réinventer. La pagination se réduit et se réduira peut-être encore. Les ventes s’effondrent, on ne pourra pas embaucher tous les correspondants qui font un travail de journaliste. »

À retenir

Certains correspondants locaux de presse réalisent le même travail qu’un journaliste professionnel, mais pour moins de cinq euros de l’heure, sans aucune protection sociale. Du côté des rédactions, leur travail constitue une source de contenu journalistique pour un coût peu élevé. Par ailleurs, leur statut ne leur permet pas d’être représenté dans les rédactions.

Charles Bury (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Les datas pour traiter de la politique

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les datas pour traiter de la politique »

Quatre intervenants étaient présents pour débattre de la place du journalisme de données dans le traitement de l’actualité politique. Photo : Léo Berry/EPJT

Avec Karen BASTIEN, cofondatrice de Wedodata ; Julien KOSTRECHE, cofondateur de Ouest Medialab ; Simon MALFATTO, datajournaliste à l’AFP.

Animé par Marianne BOUCHART, fondatrice de HEI-DA.

Les enjeux

Les données et leur analyse ont joué un rôle important dans le traitement médiatique de la campagne présidentielle. Des sondages à l’activité des députés en passant par les parrainages, elles ont permis aux journalistes d’aborder des angles originaux. Pourtant, leur utilisation pose de nombreux défis aux journalistes, tant sur le plan analytique que technique.

Ce qu’ils ont dit

Karen Bastien : « Wikipédia a un gros potentiel. Les données sont libres, ouvertes, accessibles à tous. Nous sommes donc allés voir ce qu’il se passait sur les pages des personnalités politiques. Nous avons également utilisé Twitter et les questions au gouvernement. »

« Nous avons lancé un nouveau format hier. Le bot @parlementweets aspire tous les tweets des députés. Nous avons récupéré près de 2 millions de tweets que les utilisateurs peuvent explorer en interagissant avec le compte. »

Simon Malfatto : « Les contraintes à l’AFP sont très fortes. Le temps de production est réduit. Nous produisons une vingtaine de graphiques chaque jour. Il faut réagir à l’actualité et proposer du choix à nos clients pour qu’ils puissent choisir leurs propres angles. »

« Nous avons choisi de publier une série de graphiques thématiques chaque semaine pendant la campagne. Le jour de l’élection, nous avons fait une carte qui se mettait à jour en direct. C’est un travail d’anticipation, il ne faut pas que ça tombe en panne. »

Julien Kostrèche : « Nous faisons travailler des journalistes avec des étudiants en graphisme et en design. Cela nous a permis de développer plusieurs projets ayant pour thème la politique. »

« Un des intérêts est de laisser les jeunes s’emparer de ces données pour raconter la politique. Certains projets fonctionnent très bien, car l’intérêt du public est fort pour ce type de production. »

À retenir

Le journalisme de données a permis de traiter l’actualité politique de manière différente durant la campagne présidentielle et les journalistes développent de nouveaux formats en vue des élections législatives. Les lecteurs sont friands de ce type de contenus, que les rédactions produisent de plus en plus. L’opendata ouvre de plus en plus de possibilités, malgré les difficultés parfois rencontrées pour l’obtention de données à l’échelle locale.

Léo Berry (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] #metoopolitique, #metoomedias, #metooculture : et maintenant ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « #metoopolitique, #metoomedias, #metooculture : et maintenant ? ».

Pour cette soirée de lancement au théâtre de l’Olympia, cinq journalistes, autrices et metteuses en scène ont discuté des enjeux du mouvement #MeToo. Photo : Amandine Hivert/EPJT

Animé par Constance Vilanova, journaliste pigiste et co-fondatrice du collectif #DoublePeine.

Avec Cécile Delarue, journaliste et autrice, Hélène Devynck, journaliste, scénariste et autrice, Claire Lasne Darcueil, comédienne, metteuse en scène, autrice et directrice du conservatoire nationale supérieur d’art dramatique, Giulia Foïs, journaliste, autrice et animatrice sur France Inter, Fiona Texeire, collaboratrice d’élus et co-initiatrice du mouvement #MeToopolitique, Titiou Lecocq, journaliste et autrice.

 

Les enjeux

Depuis 2017, le mouvement #MeToo permet à des femmes victimes de violences sexuelles de prendre la parole. Les témoignages de comédiennes, journalistes et responsables politiques sont venus s’ajouter à ceux d’actrices. Cinq ans après, quelles batailles reste-t-il à mener ?

Ce qu’ils ont dit

Giulia Foïs : « J’étais la première surprise de la longévité de #MeToo, mais si on baisse l’attention, si on s’endort, c’est fini. Dans l’histoire, tous les mouvements féministes se sont arrêtés. La question est de savoir ce qu’on peut changer avant la fin du mouvement. »

« Le viol est le seul crime qui n’empêche pas d’être élu aux législatives. C’est une spécificité française. Au Danemark, le maire de Copenhague a été accusé d’agression sexuelle. Il a quitté ses fonctions, jugeant que ces accusations pouvaient mettre à mal la situation politique de la mairie. En France, la question ne se pose pas. »

Claire Lasne Darcueil : « L’injustice et la discrimination ne concerne pas que la cause féministe. Les minorités opprimées sont une immense majorité. Il suffit qu’un fil se crée entre les personnes opprimées depuis des siècles pour que tout change. »

« Je ne m’explique pas pourquoi #MeTooTheatre est arrivé quatre ans après #MeToo. Il faut dire que la majorité des metteurs en scène sont des hommes blancs. C’est aussi le répertoire national, la culture sur laquelle on est assis, et que l’on aime, qui est dangereuse. »

Hélène Devynck : « Le viol est le seul crime où la honte est basculée sur la victime. D’ailleurs, il est très difficile de se définir quand on a subi une agression sexuelle. Victime renvoie à une image de faiblesse. On parle aussi de victime autoproclamée, ça veut dire menteuse ou victime présumée mais qui présume ? Certaines utilisent le mot survivante mais je n’ai pas l’impression d’avoir risqué ma vie. Il y a encore le mot affranchie, c’est jolie mais ça ne veut pas dire grand chose. Au final, il n’y a que l’agresseur qui est content du mot victime. »

Cécile Delarue « L’intention de PPDA en portant plainte pour dénonciation calomnieuse, c’est de nous faire peur. On aimerait dire qu’on n’a pas peur, mais c’est faux parce que quand on est accusé, il faut trouver un avocat, engager des frais. Porter plainte, ça a un coût professionnel, familial et financier. »

À retenir

Le mouvement #MeToo permet de mettre sur le devant de la scène la question des violences sexistes et sexuelles et de faire face à l’ampleur des chiffres. En moyenne, une femme en France est victime de viol toutes les sept minutes. Aucun milieu n’est épargné. L’enjeu aujourd’hui est de faire perdurer le mouvement pour faire, petit à petit, bouger les lignes.

Amandine Hivert (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Violences faites aux femmes, le rôle des journalistes

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Violences faites aux femmes, le rôle des journalistes »
Photo : Lucas Turci/EPJT

Animé par Darline Cothière, directrice de la Maison des Journalistes (France), avec Ahlem Bousserwel, secrétaire générale de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), Kerim Bouzouita, docteur en anthropologie, chercheur spécialiste en médias et communication, Wafa Saleh, journaliste à Neswan Voices (Yémen).

Les enjeux

Vendredi après-midi, la parole était aux femmes. Dans les pays arabes, elles sont très peu représentées dans les contenus mais aussi dans les rédactions. Le cas du traitement médiatique des féminicides a également été évoqué.

Ce qu’ils ont dit

Wafa Saleh : « Avant la guerre au Yémen, les femmes n’avaient pas la parole dans les médias. Après la guerre, la situation a empiré. Il y a très peu de femmes journalistes. Nous avons été chassées de nos rédactions et nous devions rester à la maison. »

« Au Yémen, les femmes ne veulent pas témoigner par peur des autorités. »

« Pendant la guerre, les organes de presse yéménites ont exploité la souffrance des femmes pour incriminer les opposants. »

Ahlem Bousserwel : « Il y a eu du progrès en Tunisie, une prise de conscience. Mais on n’arrive pas à traiter convenablement les violences faites aux femmes. Ce n’était pas un bon sujet car cela fait mal à l’autorité patriarcale présente en haut du pouvoir. »

« La formation ne donne pas de réponses immédiates. Il faut un cycle réfléchi au sein d’une rédaction. Rien ne tolère de fermer les yeux sur les violences faites aux femmes. Il faut donner la parole aux femmes parce qu’elles parlent de leur soucis mieux que les autres. »

« En 2014, moins de 15 % de femmes étaient à la tête de médias. Il y a de nombreuses violences faites aux femmes journalistes. C’est le moment pour elles de s’organiser en tant que journalistes et en tant que femmes. »

Kerim Bouzouita : « Le traitement des violences faites aux femmes représentent moins de 1% des contenus. »

« Les raisons de ce traitement médiatique sont le modèle économique des médias privés qui cherchent le sensationnalisme, la position des journalistes qui sont avant tout des citoyens et la difficile marge de manœuvre de la société civile qui pourrait pousser à une régulation politique. »

À retenir

Ce débat a fait ressortir deux difficultés principales : être femme et être femme journaliste. Au Yémen, le travail de Wafa Saleh est largement entravé. En 2019, elle a participé à la création du réseau Neswan Voices pour diffuser des informations sur les réseaux sociaux pour mettre en lumière la situation des femmes yéménites. En Tunisie, les contenus qui parlent des femmes et qui leur donnent la parole sont encore très rares, ce que dénonce Ahlem Bousserwel.

Chloé Plisson (EPJT)

[THE SUMMARY] Spotlight on Yemen : State of journalism and medias

Find out more about the event « Spotlight on Yemen: state of journalism and media​ ».

Picture: Shirine Ghaemmaghami /IHECS

Panelists: Basheer Al Dorhai, Project Coordinator for Internews, Ahlam Al Mekhlafi, Freelance Journalist, Sahar Mohammed, Freelance Journalist. Moderated by Saoussen Ben Cheikh, project director for Internews (Tunisia).

Issues

Since 2014, Yemen has been at war resulting in one of the worst humanitarian crises the world has ever faced. The war has impacted the entire civilian population, namely including journalists. They confront many difficulties and numerous dangers as they try to continue their work of informing the local population. And they can only just about get by financially through the completion of their work.

What they said

Basheer Al Dorhai: “I have a colleague who graduated from university and spent six years in prison. He was not even a journalist yet. It turned his life upside down and he left Yemen. Journalists are killed and murdered regularly. A Yemeni journalist was recently killed while pregnant in a bomb attack. It’s incredibly tragic.”

“There was an attempt to create a new law that was supposed to help the media gain greater autonomy in 2013 but unfortunately it failed. As a result, there is no real independent media in Yemen. Media output is mostly politicized and government-controlled.”

Ahlam Al Mekhlafi : “Female journalists face even greater challenges. [We] don’t have the same rights as men as a simple citizen, but journalism is also a male-dominated profession. As women, we don’t have the right to travel, to express ourselves, to dream. (…) If you publish something that people don’t like, you can be attacked in your own home. (…) This is a very sensitive profession in our society.”

“Internet connections are very unreliable. When we are looking for information, it is difficult to communicate with other journalists. Sometimes the internet cuts out for several days.”

Sahar Mohammed: “Few Yemeni journalists speak English and that’s a problem. If a Yemeni wants to meet a person from another country, there is a [language] barrier. This means that the war in Yemen has little international media coverage.”

“I believe that training programs are the primary need for journalists. […] We need quality programs, training reporters who know our communities so that they can reflect locals’ views effectively.”

In brief

Currently, there is no real independence of the media in Yemen. Output is usually government-controlled and highly politicized. The situation is further complicated by the fact that no real law exists to protect the press. Yemeni journalists take huge risks when they decide to express their voices in news-making because censorship and government control are common place. Regarding education, there are only a few regions that offers training programs in journalism and, in general, they don’t offer appropriate education. That’s why Yemen is in need of funding and support to provide better education in the field of journalism.

Shirine Ghaemmaghami (IHECS)

[LE RÉSUMÉ] Comment favoriser l’inclusion et la participation citoyenne en utilisant les médias numériques ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Comment favoriser l’inclusion et la participation citoyenne avec les médias numériques ? ».

Photo : Oujari Lamisse/ISIC

Animé par Inès Khelif, consultante (Erim, France) ; avec notamment Divina Frau-Meigs, titulaire de la chaire « Savoir Devenir » à l’Unesco ;  Mouna Trabelsi, présidente de l’Association tunisienne des médias associatifs (ATMA).

Les enjeux

Pour le projet Jamil.net (Jeunesse Active, Médias Inclusifs et Littératie numérique), l’heure est au premier bilan. Cette initiative a pour but de favoriser la participation citoyenne des jeunes tunisiens par le biais des médias. Certaines porteurs du projet, ainsi que des partenaires et des jeunes qui en ont bénéficié, se sont rassemblés pour parler de leurs expériences avec Jamil.net.

Ce qu’ils ont dit

Divina Frau-Meigs : « Les conditions sanitaires ont beaucoup compliqué les choses, mais nos équipes ont su rester efficaces et organisées, ce qu’il est important de souligner. »

Sara Manai (bénéficiaire du programme) : « J’ai vraiment pu développer des compétences et un esprit critique, dans un contexte où les fake news circulent de plus en plus. »

Nada Oueslati, coach en média et information : « Les avancées technologiques en termes de communication sont à la fois une bénédiction et une malédiction. L’environnement médiatique peut être très nocif pour ceux qui n’ont pas une certaine éducation aux médias. »

Riadh Ben Marzou, expert en communication : « Le marché de la publicité est très petit en Tunisie ; toutes les radios privées en souffrent. Diplômé en entreprenariat, je défends cette cause et, à travers Jamil.net, j’essaie de trouver des solutions qui mêlent l’aspect média, l’événementiel et l’aspect digital. Pour moi, c’est la seule issue pour essayer de sauver ces radios. »

Inès Khelif : « Jamil.net, c’est pas juste de l’insertion socio-professionnelle ou de l’éducation aux médias. C’est un programme qui permet à chacun de suivre son propre chemin. Que ce soit pour de l’information, de l’éducation ou avoir un cadre favorable au développement personnel. »

À retenir

Jamil.net est un projet transversal et pluridisciplinaire. Il ne se contente pas de proposer de l’éducation aux médias, il participe également au développement de nombreux projets personnels. Geek Girl Digital en est un excellent exemple : avec un tel accompagnement, sa fondatrice, Rahma Rejab, a pu rendre viable son idée d’entreprise de communication digitale, dans un contexte où il est difficile pour une femme, seule qui plus est, de se faire entendre.

Si l’on a parlé de « bilan » lors de la conférence, Jamil.net n’est pas fini pour autant. Ses membres espèrent pouvoir le faire perdurer jusqu’en 2025 mais ce qui est sûr, c’est qu’il est encore sur les rails jusqu’à la fin de l’année 2023.

Oujari Lamisse (ISIC), Victor Broisson (IHECS)

[LE RÉSUMÉ] « Focus Yémen » : l’état du journalisme et des médias

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Focus Yémen – l’état du journalisme et des médias »

Photo : Quentin Thévignot / IHECS

Animé par Saoussen BEN CHEIKH, directrice de projet pour Internews (Tunisie), avec Basheer AL DORHAI, coordinateur de projet pour Internews ; Ahmal AL MEKHLAFI, journaliste indépendante ; Sahar MOHAMMED, journaliste indépendante

 

Les enjeux

Cela fait plus de dix ans que la guerre fait rage au Yémen, entre une coalition menée par l’Arabie saoudite soutenant le gouvernement en place et les rebelles houthis. Selon les Nations unies, près de 400 000 personnes ont perdu la vie dans le pays depuis 2014, que ce soit lors des combats ou en raison de la famine et du manque d’eau. 24 millions de Yéménites vivent sous le seuil de pauvreté et dépendent entièrement de l’aide humanitaire.

Dans ce contexte, les journalistes (et particulièrement les femmes) font face à de nombreuses menaces en exerçant leur métier.

Ce qu’ils ont dit

Basheer AL DORHAI : « L’information au Yémen est la propriété des politiques. Nous luttons pour une information indépendante. »

Ahmal AL MEKHLAFI : « « Les souffrances des femmes journalistes sont deux fois plus importantes que celles des hommes. (…) Nous n’avons pas le droit de voyager, de nous exprimer, ni de rêver. »

Sahar MOHAMMED : « Il y a très peu de journalistes qui travaillent à plein temps. Beaucoup abandonnent leur profession car il n’y a pas de pérennité. »

À retenir

Les journalistes yéménites sont constamment sous pression, souvent arrêtés et parfois même menacés de peine de mort. Ils ne peuvent plus vivre entièrement de leur profession, car il est impossible d’avoir un revenu décent en tant que journaliste. Celles et ceux qui n’ont pas abandonné leur métier travaillent à temps partiel et vivent dans une situation très précaire financièrement. Les femmes journalistes font partie des premières victimes du conflit. Elles ont moins de revenus, moins de droits et moins de protection que les hommes. L’accès à l’information dans le pays est extrêmement limité, en raison du faible nombre de journalistes encore en activité et de l’accès à Internet quasiment inexistant dans le pays.

Quentin Thévignot-Dunyach (IHECS)

[LE RESUMÉ] Éduquer à l’information, ça s’apprend !

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Éduquer à l’information, ça s’apprend ! ».

Photo : Laure d’Almeida/EPJT

Animé par Étienne Récamier, auteur-conférencier en EMI, avec Khemais Bouali, directeur général et responsable des inspecteurs au ministère de l’Éducation (Tunisie), Bayan Tal, consultante en éducation aux médias et à l’information (Jordanie) et Divina Frau-Meigs, titulaire de la chaire Savoir Devenir à l’Unesco.

 

Les enjeux

L’Éducation aux médias et à l’information a pour objectif d’aider les citoyens à se repérer dans le flot d’informations et à comprendre comment travaillent les journalistes. Elle est un outil pour rapprocher les citoyens et les médias afin de réduire la défiance. Mais quelles sont concrètement les compétences à acquérir et comment les journalistes peuvent-ils les transmettre ? Plusieurs réponses existent et dépendent autant du public visé que des initiatives d’Éducation aux médias. 

Ce qu’ils ont dit

Khemais Bouali : « En Tunisie, nous visons à élaborer un guide d’éducation aux médias pour les élèves et les instituteurs en partenariat avec la Deutsche Welle Akademie. La Tunisie passe par des mutations sociales et politiques qui influencent l’environnement scolaire. L’élaboration d’un programme d’EMI est le meilleur moyen pour construire un vivre-ensemble.»

Bayan Tal : « En 2019, nous avons élaboré une stratégie nationale d’éducation aux médias en Jordanie. Le gouvernement l’a adopté comme priorité nationale. On met l’accent sur la déontologie en contrecarrant les discours de haine misogynes ou racistes. »

« Le rôle des enseignants est capital. Dans les pays arabes, l’éducation a reculé et l’éducation aux médias et à l’information peut être un moyen pour perfectionner l’enseignement. Elle permet de développer un esprit critique face au danger des populistes. »

Divina Frau-Meigs : « La compréhension des images est essentielle pour limiter les risques de désinformation. Dans l’éducation aux médias, on a une approche assez équilibrée entre les opportunités et les prises de risques. Les jeunes aiment bien faire ce rapport bénéfices/risques. »

« Le risque s’apprend. Il faut accompagner les jeunes dans les erreurs qu’ils peuvent faire sur les réseaux sociaux. Mais c’est surtout les enseignants qui doivent être rassurés quand ils abordent des sujets difficiles.»

À retenir

L’éducation aux médias, au-delà du rôle des journalistes, est en train de se faire une place dans les programmes scolaires. Les actions peuvent être menées de concert avec les enseignants et visent surtout à développer l’esprit critique des élèves et à leur apprendre à analyser les images qu’ils voient passer sur les réseaux sociaux. 

Laure d’Almeida (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Les journalistes, acteurs de l’éducation populaire

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les journalistes, acteurs de l’éducation populaire »
Photo : Laure d’Almeida/EPJT

Animé par Hicham Houdaifa, directeur de la collection Enquêtes au sein de la maison d’édition En toutes lettres (Maroc), avec Hamida El Bour, directrice de l’Institut de presse et de sciences de l’information (Ipsi, Tunisie), Françoise Kadri, adjointe au directeur Maghreb pour l’Agence France Presse (AFP, France), Syrine Attia, rédactrice en chef Tunisie Brut (France)

Les enjeux

Vendredi matin, les invités ont débattu de l’éducation aux médias et plus précisément du rôle du journalisme dans l’éducation populaire.

Ce qu’ils ont dit

Hamida El Bour : « Nous menons plusieurs projets à l’IPSI autour de l’éducation aux médias avec différents publics. Nos étudiants vont notamment à la rencontre des citoyens. »

« On a aussi un club d’éducation aux médias lancé par le journaliste Najeh Missaoui qui fait beaucoup d’activités dans les régions pour former les gens sur le fonctionnement des médias et lutter contre les fake news. »

« L’objectif, c’est le public. L’idée est d’en faire un public conscient, une sorte de cinquième pouvoir. »

Françoise Kadri : « Depuis 2010, plus de 230 journalistes de l’AFP et du groupe Le Monde participent au collectif Entre les lignes. On anime des ateliers dans les écoles pour expliquer aux jeunes la hiérarchisation de l’info ou encore le détournement des images. »

« On leur apprend dans les ateliers à développer leur esprit critique, savoir trouver les bonnes sources. Il ne faut pas être passif vis-à-vis de l’information, il faut aller la chercher. C’est ce qu’on essaye d’apprendre à ces enfants. »

Syrine Attia : « Chez Brut, nous tentons de renouer avec l’audience en investissant les réseaux sociaux et en produisant des contenus qui intéressent les jeunes mais qui ouvrent également le dialogue social. »

« Je pense que l’éducation populaire, c’est aussi valoriser les actions qui font partie de notre patrimoine et de notre culture à travers certains parcours de vie. En mettant en avant certaines initiatives, on met en lumière notre culture populaire. »

« L’idée de Brut n’était pas de dire que Facebook n’est pas capable de préserver la circulation d’une information fiable mais d’aller directement sur la plateforme en tant que journalistes pour proposer des informations vérifiées, Je pense que l’éducation populaire, c’est au-delà de l’éducation académique qui est très importante. »

À retenir

Via l’éducation aux médias, les journalistes participent à l’éducation populaire. Deux dimensions essentielles sont apparues au cours du débat : la formation des citoyens pour s’informer correctement mais aussi regagner la confiance du public en faisant du journalisme pour et avec eux.

Salma Sissi (IPSI) et Chloé Plisson (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Utiliser l’open data pour lutter contre les inégalités femmes-hommes

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Utiliser l’open data pour lutter contre les inégalités femmes-hommes ».

Photo : Lucas Turci /EPJT

Avec Marianne Bouchart, fondatrice et directrice de HEI-DA et Paul- Joël Kamtchang, secrétaire exécutif d’ADISI-Cameroun (Cameroun).

Les enjeux

L’open data, ce sont des données ouvertes auxquelles tout le monde peut accéder. Utiliser l’open data pour questionner la problématique du genre, c’est visibiliser objectivement les inégalités entre les femmes et les hommes. Marianne Bouchart et Paul-Joël Kamtchang, formateurs pour le projet MediaLab pour elles, rappellent l’importance des principes qui définissent l’open data : accessibilité, disponibilité, universalité et gratuité. Mais accéder aux données reste souvent un défi : les chiffres sont disparates, incomplets ou ne sont simplement pas « genrés ». Face à ce problème et face aux inégalités entre les hommes et les femmes, le data journalisme participe à la solution.

Ce qu’ils ont dit

Marianne Bouchart: « Avoir des données sur le genre, c’est permettre de mesurer l’évolution, visibiliser les disparités et les aberrations. C’est aussi donner une information parce que ça nous concerne tous et parce qu’il faut parler des inégalités femmes-hommes pour ne pas oublier qu’elles existent. »

« Tout n’est pas toujours rose. Les initiatives de collectes de données sont souvent disparates, incomplètes, car la collecte sur le terrain est compliquée.»

« Lutter contre les inégalités femmes-hommes à travers le journalisme, c’est aussi intégrer automatiquement la place de la femme à nos questionnements. »

« La formulation des statistiques est importante pour faire comprendre que les chiffres reflètent une problématique liée au genre.« 

Paul-Joël Kamtchang: « Il ne faut pas oublier l’indépendance des organisations qui collectent les données. Leur crédibilité dépend finalement d’un travail consciencieux et indépendant. »

À retenir

Où trouver des données ouvertes? 

  • portail de data de l’OCDE
  • portail de la Banque mondiale
  • EIGE (Institut européen pour l’égalité des genres).
  • Unicef data
  • UN Women
  • Plateformes officielles
  • Sur le terrain
  • Etc.

Comment participer à l’ouverture de données sur les femmes? 

  • Visibiliser les femmes dans les débats publiques ;
  • Lutter pour la parité, à commencer par les rédactions ;
  • Traiter de sujets sur les femmes ;
  • Intégrer systématiquement la place de la femme à son questionnement.

Comment déconstruire les stéréotypes de genre ?

  • Préférer des formulations adéquates (ex : « elle s’est fait agresser », remplacé par « elle a été agressée).
  • Utiliser un langage épicène (ex : « droits humains », à la place de « droits de l’Homme »).

Comment peut-on utiliser l’open data pour lutter contre les inégalités femmes-hommes ?

  • Appuyer la société civile dans le cadre du plaidoyer consacré au genre ;
  • Encourager les médias à se spécialiser dans le traitement des données liées au genre ;
  • Encourager les syndicats professionnels à adopter des politiques en faveur du genre.

Laura Dubois (IHECS)

[LE RÉSUMÉ] « Focus Niger » : l’état du journalisme et des médias

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Focus Niger: L’État du journalisme et des médias ».

Océane Ilunga/IHECS

Animé par Ousseina HAROUNA, journaliste pour Canal 3 Niger avec Moussa AMMA, journaliste pour la radio Anfani et rédacteur au journal L’Eclosion, Alhassane ABDOU-MAHAMANE, rédacteur en chef du Studio Kalangou, Amina NIANDOU, présidente de l’Association des Professionnelles Africaines de la Communication (APAC) Section Niger.

Les enjeux

Le Niger, pays secoué par des instabilités et défis sur différents niveaux politiques, médiatiques et sociétaux, essaye de préserver une certaine liberté aux journalistes. Mais les médias nigériens travaillent dans un contexte compliqué et en la présence de financement et mainmise politique sur les associations médiatiques. Les médias nigériens souffrent parfois d’un manque de matériel pour pouvoir offrir au public des productions de qualité alors que le rôle des femmes nigériennes journalistes reste faible.

Ce qu’ils ont dit

Moussa Amma: « On ne peut pas s’attendre à une production d’information de qualité, de liberté et de professionnalisme au Niger puisqu’il y a de plus en plus un manque de formation des journalistes » . 

Alhassane Abdou-Mahamane :« Une des choses que les journalistes doivent savoir, c’est connaître le métier, ses droits et devoirs, afin de présenter un travail de qualité » .

« Si un journaliste ne dérange pas en travaillant sur une matière journalistique, il n’est pas journaliste : donner simplement une information ne suffit pas » .

Amina Niandou : « Les organes de presse au Niger sont confrontés à des difficultés car on n’arrive pas à différencier le service d’information et le service commercial. Nous sommes dans une situation mi-figue-mi-raisin : ce qui n’est pas vendable est en train d’être vendu et les médias deviennent des agences de communication. »

« Au Niger, les organisations féminines sont assez fortes mais les femmes n’ont pas assez de droits. La société nigérienne est une société assez conservatrice et les questions liées aux femmes demeurent absentes des médias. »

À retenir

La question du financement des médias privés est importante car seuls les médias publics bénéficient des financements de l’État, ce qui pose problème au niveau de la pluralité. Les organes de presse nigériens aimeraient se réunir et rassembler leurs compétences afin d’améliorer la qualité de leur travail journalistique et d’offrir au public un contenu riche.

Célina Braidy (UL), Joëlle Ghaby (UL) et Océane Ilunga (IHECS)

[LE RÉSUMÉ] Déontologie, éthique et autorégulation : quelles bonnes pratiques ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « DÉONTOLOGIE, ÉTHIQUE ET AUTORÉGULATION : QUELLES BONNES PRATIQUES ?».

Photo :Samia EL ACHRAKI/ ISIC

Animé par Ming Kuok Lim, conseiller à l’information et à la communication au Maghreb à l’Unesco, avec Kathleen Grosset, présidente du Conseil de déontologie journalistique et de Médiation (CDJM, France) ; Jean-Jacques Jespers, membre du Conseil de Déontologie Journalistique Belge (Belgique) ; Chadia Khedir, rédactrice en chef du département culturel Watanyia1 ; Atidel Mejbri, présidente du Conseil de Presse Tunisien (Tunisie).

Les enjeux

Dans une ère ou même les plus grands médias peuvent être victimes de fake news, la déontologie devient un sujet de débat de premier plan. Comment doit-elle s’organiser ? Quelle est sa légitimité ? Comment la financer tout en restant indépendant ? Comment la reconstruire dans un contexte post-révolution ? Autant de questions auxquelles un panel d’acteurs du milieu a tenté de répondre.

Ce qu’ils ont dit

Kathleen Grosset : « Le pluralisme, ce n’est pas la diversité d’une publication, mais la diversité des publications. »

Jean-Jacques Jespers : « Dans une société démocratique, il faut que les médias puissent tout dire, mais ils ne peuvent pas dire n’importe quoi. »

Chadia Khedir : « Le public est un acteur principal, qui doit avoir un rôle conscient. Pas comme un consommateur, mais comme quelqu’un qui a le droit d’être bien informé. »

Atidel Mejbri : « On a l’impression que c’est [le conseil de presse tunisien ] un pouvoir sur les médias . Il faut convaincre, amener au débat, mais il reste beaucoup à faire. »

À retenir

​Un maximum d’acteurs impliqués, pas d’interférence des pouvoirs publics et une stabilité financière, voilà la recette d’un conseil d’autorégulation légitime, selon Jean-Jacques Jespers. En Belgique par exemple, où un tel organe existe depuis 10 ans, le financement est assuré de manière égalitaire, d’une part par les médias, et d’autre part via l’Association des Journalistes Professionnels (AJP). De plus, le CDJ reçoit aussi une dotation de l’État, dont l’AJP garantit l’inconditionnalité.

Pour ce qui est du contenu, la plupart des plaintes fondées auprès des conseils de déontologie journalistique concernent le factuel et la véracité des faits. Ce qui n’a pas manqué de susciter des réactions dans le public, certains questionnant la légitimité de ces conseils à établir une vérité. Pour les intervenants, c’est simple : la déontologie se définit hors des tribunaux, et donc au sein de la profession.

Florent Schauss (IHECS)

Samia El Achraki (ISIC)

[LE RÉSUMÉ] Média Loves Tech : découvrez les start-ups qui veulent changer le journalisme en Tunisie

Retrouvez l’essentiel de l’atelier « Media Loves Tech : découvrez les start-ups qui veulent changer le journalisme en Tunisie »

Photo : Lucas Turci/EPJT

Animé par Benoît Faedo et Cyrine Ben Saad, responsable de la Deutsche Welle Akademie et du projet Media Loves Tech, avec les équipes d’Ast’Lab, Blue TN, Econo.brief, FLEN et Malek Khadhraoui, fondateur d’Inkyfada et directeur exécutif de l’ONG Al Khatt (Tunisie)

 

Les enjeux

Jeudi après-midi, les participants tunisiens du projet Media Loves Tech, organisé par la Deutsche Welle Akademie, ont présenté leurs médias ou outils innovants destinés aux journalistes. Ce projet a été mené en partenariat avec l’ONG Al Khatt qui lutte pour la liberté de la presse en Tunisie.

Ce qu’ils ont dit

Malek Khadhraoui : « La Tunisie manque de nouveaux projets innovants. Media Loves Tech a été l’occasion de mettre nos compétences aux services de start-ups. »

Makrem Dhifalli, chef du projet FLEN : « FLEN est une base de données intelligente pour les journalistes qui trient et regroupent des données juridiques, économiques, scientifiques ainsi que des cartes. »

Yémen Saibi, fondateur d’Econo.brief : « Econo.brief est une newsletter pour les professionnels de la finance qui résume l’actualité de la place de Tunis. Nous voulions créer une parenthèse face à l’avalanche d’informations. »

Mayssa Sandli, fondatrice de Blue TN : « J’ai créé un média 100 % écologique et digital pour sensibiliser la population tunisienne à l’environnement. Nous utilisons des techniques de communication pour créer des contenus créatifs qui interpellent. »

Najla Trabelsi and Nouha Ben Lahbib fondatrices d’AST’Lab : « L’Art science technology lab propose de l’aide aux journalistes, professionnels de la communication et artistes pour produire des contenus créatifs et digitaux comme par exemple des vidéos en 360°. » 

À retenir

Media Loves Tech encourage le développement numérique des journalistes. Les participants à ce projet ont partagé leur avis sur cette expérience. En résumé : beaucoup de challenges, des deadlines à respecter mais à la fin des idées plus claires.

Chloé Plisson (EPJT)

[THE SUMMARY] Finding a Cure for Fake News?

Pictures by Lucas Turci/EPJT
Day one of the International Journalism Festival and the discussion took us to the fast spread of fake news as a result, in part, of the Covid-19 pandemic – vaccinating against fake news was at the heart of the debate.
Life is slowly returning to normal following the Covid-19 epidemic. But the evidence is clear, fake news has had a major impact on the debates and on the daily lives of many. Many people have also been concerned about the arrival and spread of fake news. Some journalists have tried to focus on the solutions and the right information they could bring to the population.

In Africa the primary media output is radio, with social media also expanding quickly but equally containing a lot of fake news. The goal of the journalist here was to stay connected and in contact with the public. For example, Miss Godignon from the Hirondelle foundation, noted that a telephone information service proved extremely successful: “We received about 1 million calls per day about medical questions n 4 months”.

Indeed, people want to get informed, and they get so much false news that the real information often is drowned between the fake and propaganda. For Alhassane Abou-Mahamane the key of working in an unstable zone is “balance and editing neutrality”.

“Telling the Nigerians to not go to the mosque is complicated, we have to explain to them that it is a real illness and not only a disease for white people.”

To rid ourselves of fake news, and rumours, it is important to speak the dialect of each region and to be in contact with them: “We have around 52 radio stations and journalists in disguise in the complicated zones.”

In Tunisia, the observation was clear, the absence of fact-checking platforms was noticeable. That’s why the website is here, to ensure independence. For the journalist Ayoub Dhifallah the objective is to remain neutral. Especially after the events that occurred in the Tunisian parliament on 25th July, getting the sources and the right information became more complex.

The work of these journalists and foundations is to make the reception of the news easier for everyone and to ensure objectivity, neutrality, and sharing of knowledge to the population.

Written by Myriam Karrout (IHECS)

[LE RÉSUMÉ] Quel impact pour le journalisme collaboratif ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « quel impact pour le journalisme collaboratif?».

Photo : Laura Dubois/IHECS

Animé par Sana SBOUAI, journaliste Afrique du Nord pour l’Organized Crime and Corruption Reporting Project, avec Firas AL TAWEEL, journaliste d’investigation et formateur pour Arab Reporters for Investigative Journalism (ARIJ) ; Maxime DOMEGNI, éditeur francophone du Global Investigative Journalism Network (GIJN) ; Ignace SOSSOU, journaliste et chargé de communication de la Cellule Norbert Zongo pour le Journalisme en Afrique de l’Ouest (CENOZO)

 

Les enjeux

Le journalisme collaboratif, c’est le journalisme d’investigation qui, porté par le partage d’information entre professionnels, traverse nos frontières locales voire internationales. La concurrence des médias laisse place à la collaboration. Dans un climat où la démocratie se montre de plus en plus fragile, le journalisme collaboratif peut renforcer l’indépendance de la profession.

Ce qu’ils ont dit

Maxime Domegni: « Dans le journalisme d’investigation, il n’y a pas de place pour la concurrence, mais plutôt pour la collaboration. »

« Certaines enquêtes n’aboutissent pas forcément à des changements politiques d’envergure, mais toutes ont un impact sur l’opinion publique qui comprend qu’on lui cache quelque chose. Cela aboutit à un changement de mentalité. »

 » Le journaliste n’a pas de responsabilité sur ce qui se passe après l’enquête. Sa responsabilité, c’est de révéler l’information cachée ».

Ignace Sossou: « Le plus gros impact qu’une investigation peut avoir, c’est de sortir les citoyens de l’ignorance.»

« Pour bien collaborer, il faut s’entourer de journalistes qui partagent les mêmes valeurs. »

Firas Al Taweel: « Il faut accumuler l’information pour qu’elle ait un impact sur demain. »

À retenir

Le journalisme collaboratif a des impacts tant sur la démocratie que sur les mentalités. Les grandes enquêtes auxquelles il a permis d’aboutir ont suscité des vocations dans la profession.

Laura Dubois (IHECS)

[LE RÉSUMÉ] Journalisme d’investigation : comment gérer le stress, les pressions et les risques ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « journalisme d’investigation : comment gérer le stress, les pressions et les risques ? »

Photo : Irène Prigent/EPJT

Animé par Philippe Couve, fondateur de Samsa.fr et Samsa Africa (France), l’atelier a réuni Rahma Behi, journaliste d’investigation pour Al Qatiba (Tunisie) ; Lyas Hallas, journaliste d’investigation (Algérie) ; Ariane Lavrilleux, journaliste indépendante, spécialiste du Moyen-Orient (France) ; Rana Sabbagh, rédactrice en chef Moyen-Orient et Afrique du Nord pour l’OCCRP (Jordanie).

 

Les enjeux

Le journalisme d’investigation implique un engagement particulier et les journalistes enquêteurs peuvent être confrontés au stress et au sentiment de solitude. Victimes aussi parfois de pressions et sous la menace d’emprisonnement, le quotidien des journalistes d’investigation est fait d’une multitude de risques. Ils apprennent à s’y préparer davantage pour mieux les gérer et se protéger physiquement et moralement.

Ce qu’ils ont dit

Ariane Lavrilleux : « Avec Disclose, on a enquêté sur une opération militaire française en Egypte. Révéler des informations militaires peut être puni d’emprisonnement. J’ai quitté l’Égypte avant la publication de cette enquête. C’était trop dangereux pour moi ou mes proches de rester correspondante là-bas. Je le savais depuis le début. C’était moi ou le sujet. »

« Après l’enquête, j’ai eu besoin de faire une pause quelques semaines. Je n’ai pas repris les enquêtes tout de suite pour préserver ma santé. Il faut penser à autre chose que la mort, la torture etc…il y a une sorte de désintox à mener après avoir travaillé sur un sujet sensible. »

Rahma Behi : « Il y a toujours des risques ou des menaces quand on travaille sur des personnes puissantes. Il faut être prêt à tout pour pouvoir les gérer. » 

« Quand on doit aller dans une zone à risque pour une enquête, on part souvent à deux. Ou bien on partage notre position à quelqu’un… »

Lyas Hallas : « Travailler en réseau (réseaux internationaux ou d’un même pays) nous permet d’économiser du temps et de l’argent. Enquêter sur un sujet dans une région que l’on ne connait pas entraîne souvent un résultat aléatoire, d’où l’importance de bien s’entourer. »

Rana Sabbagh : « Il ne faut pas hésiter à aller voir son patron. On n’est pas dieu, on ne peut pas tout faire. Il faut absolument prendre des pauses. Il faut aussi que les rédacteurs en chef prennent ça en considération, qu’ils laissent leurs journalistes couper pour qu’ils puissent s’extraire de situations épuisantes. » 

À retenir

Le travail d’investigation est éprouvant. Lorsqu’ils enquêtent sur des sujets sensibles, les journalistes s’exposent à des risques physiques et exposent également leurs proches et leur santé mentale. Pourtant, informer reste une absolue nécessité, impliquant un certains sens du sacrifice. Travailler en réseau ou en équipe facilite le travail et permet de décharger en partie le journaliste du poids de l’enquête. 

Irène Prigent (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] « Focus Liban » : l’état du journalisme et des médias

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Focus Liban : l’état du journalisme et des médias »

Manon Modicom/EPJT

Animé par Jad Shahrour, chargé de communication pour Sheyes avec Caroline Hayek, grand reporter pour L’Orient-le Jour (Prix Albert Londres 2021), Alia Ibrahim, co-fondatrice de CEO et de Daraj.com, et Marc Saikali, PDG d’Ici Beyrouth.

 

 

Les enjeux

Entre 2020 et 2021, le Liban a dégringolé de cinq places dans le classement annuel de Reporters sans frontière. Derrière la crise socio-économique qui fissure le pays, se cache une deuxième guerre : celle des médias pour leur liberté. Un climat de tension qui a atteint son paroxysme en février 2021, avec l’assassinat de l’éditeur et commentateur politique, Lokam Slim. Dans de telles conditions, et alors que la jeunesse libanaise fuit le pays vers d’autres horizons, comment les médias libanais parviennent-ils à maintenir leur indépendance et se renouveler ?

Ce qu’ils ont dit

Caroline Hayek : « Ce qui est important pour nous, c’est de modifier notre image d’élite de droite chrétienne. On s’est engouffré dans d’autres brèches pour bousculer notre lectorat. Notre enquête sur la pédophilie n’aurait pas été possible il y a quelques années, par crainte des critiques. Mais aujourd’hui, on arrive à capter de nouveaux lecteurs. »

« L’Orient-le Jour a su se remettre en question et penser contre lui-même pour attirer les jeunes. Ce qui est très important pour nous, c’est cette indépendance, rompre avec cette image d’un média élitiste et recomposer toute notre équipe. »

Alia Ibrahim : « Nous faisons confiance aux lecteurs. Ils savent la limite entre l’opinion et l’enquête. La distinction entre le journalisme et l’activisme est très importante pour la crédibilité de l’organe de presse. Elle touche à la confiance des publics dans les médias. »

Marc Saikali : « Aujourd’hui, tout le monde est sur les réseaux sociaux. Mais on a la prétention de penser que dans un océan d’informations partielles et de fake news, quand vous êtes un média crédible, les jeunes font le tri. »

« La presse libanaise est parfois partisane mais elle reste libre (…) La guerre en Ukraine montre que la presse ne peut avoir une ligne éditoriale objective comme le souhaiteraient les médias anglo-saxons. Cette ligne éditoriale n’est pas objective, mais elle est honnête, et n’est pas financée par des politiques, ni de grosses ONG internationales. »

À retenir

La question de la déontologie journalistique se pose tout particulièrement au Liban, marqué par une importante crise économique et sociale. Les reportages d’investigation menés par les médias libanais sont plébiscités, de même que les nouveaux formats journalistiques permettent d’attirer le jeune lectorat. Si une presse indépendante est possible au Liban, les journalistes se heurtent à des problèmes budgétaires au sein de leur rédaction et souffrent du départ de la jeunesse pour renouveler les contenus.

Clara Jaeger et Irène Prigent (EPJT) 

[LE RÉSUMÉ] Les journalistes face au cyberharcèlement : Quels outils ? Quelles stratégies ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les journalistes face au cyberharcèlement : Quels outils ? Quelles stratégies ? ».

Photo : Lamisse Oujari /ISIC

Animé par Tatiana Mossot, journaliste et fondatrice de MaMaProject (Côte d’Ivoire) et Elodie Vialle, consultante pour PEN America (France).

 

Les enjeux

En 2020, l’Unesco a publié une enquête internationale à propos des violences en ligne contre les femmes journalistes. Les résultats indiquent que 73% d’entre elles y ont fait face dans l’exercice de leur métier. Pour 20% de celles-ci, il y a une connexion entre les violences en ligne et hors ligne. Le cyberharcèlement a donc un impact dans l’espace numérique, mais également dans la vie réelle.

Ce qu’elles ont dit

Elodie Vialle : « C’est un risque professionnel inhérent à la pratique journalistique et donc il y a une obligation pour les rédactions d’y faire quelque chose. (…) On leur demande de reconnaître ce qu’il se passe, d’évaluer le problème (…) et puis ensuite de discuter du protocole à suivre. »

Tatiana Mossot : « C’est un défi de réussir à garder des femmes dans la profession quand elles sont sujettes à des pressions aussi fortes. (…) Réussir à surmonter des pressions, des menaces, déjà pour les journalistes masculins, c’est difficile. Et chez une femme, la pression sociale va s’ajouter et elle va quitter le métier. »

« Ne pas prendre en compte ces menaces potentielles de cybersécurité et de harcèlement, ça a un impact sur la production. A partir du moment où vous avez un, deux, trois journalistes harcelés dans votre rédaction, ce sont des journalistes qui ne peuvent pas être productifs. (…) Ça touche donc à l’économie du média. S’il faut aujourd’hui convaincre les médias que c’est une question qu’ils doivent intégrer pleinement dans leur fonctionnement, c’est en leur parlant de leur portefeuille. »

À retenir

Le cyberharcèlement a un impact conséquent sur les femmes journalistes, les menant parfois à s’autocensurer et à disparaître de l’espace numérique. Pour contrer cette tendance, des associations s’organisent pour soutenir et accompagner les journalistes victimes de violences en ligne. PEN America a d’ailleurs mis en place un manuel de défense contre le cyberharcèlement, traduit en plusieurs langues, dont l’espagnol et le français. Différentes ressources sont actuellement disponibles sur https://onlineharassmentfieldmanual.pen.org/fr/ pour faire face au cyberharcèlement, pour soutenir une personne victime et pour s’informer sur les bonnes pratiques à avoir au sein des rédactions.

Shirine Ghaemmaghami (IHECS)