Retrouvez l’essentiel de l’événement « Soirée-débat: elles racontent la guerre en Ukraine ».

Photo : Marc Mentré

Avec Maryse BURGOT, grande reportrice à France Télévisions, Clémence DIBOUT, reportrice pour BFM TVenvoyée spéciale en Ukraine, Galyna KRYCHKOVSKA, productrice pour TV Kyiv, Alla LAZAREVA, rédactrice en chef adjointe de The Ukrainian Weekly, Alexander QUERY, reporter au Kyiv Independent et coordinateur du Centre pour la liberté de la presse en Ukraine (RSF) et Lydia TARAN, journaliste et présentatrice (1+1 TV). Animé par Grégoire DENIAUdirecteur de la rédaction de TV5 Monde.

 

 

Les enjeux

Journalistes françaises et ukrainiennes ont partagé les expériences qu’elles ont eu en couvrant la guerre en Ukraine. Dans ce débat riche de témoignages, les journalistes ont raconté les grands défis auxquels elles font face: propagande, censure, désinformation, couvrir la guerre dans son propre pays…

Ce qu’ils et elles ont dit

Alexander Query : « Beaucoup de journalistes ukrainiens sont devenus des reporters de guerre par obligation. Contrairement à la majorité des professionnels du métier, ils ne sont pas allés vers la guerre, elle est arrivée à eux. »

Maryse Burgot : « Nous, journaliste français en Ukraine, avons pour mission de transmettre les faits. Mais nous n’encourrons pas les mêmes risques que nos confrères ukrainiens. Nos fixeurs, qui nous aident à exercer notre métier, sont constamment au téléphone avec leur famille. Ils ont des préoccupations plus importantes que le journalisme. »

« En Ukraine, les personnes voulant s’unir avec la Russie sont très minoritaires. C’est une population pauvre et âgée et nostalgique de l’Union soviétique, qui habite souvent près de la frontière russe. J’ai rencontré plusieurs russophones qui avaient envie d’être européen. »

Clémence Dibout : « Quelques jours avant l’invasion, j’étais en reportage dans le Donbass. Ma fixeuse m’a dit qu’elle avait un mauvais pressentiment et qu’il fallait rentrer à Kiev. Le 24 février, jour de l’invasion, nous sommes rentrées à Kiev. Elle m’a demandé de prendre un avion pour la France. »

« On me donnait souvent des cafés et des fleurs pour me remercier d’être là. Mais ce sont ces personnes-là qui sont les plus courageuses. On est arrivé à Bucha. Notre fixeur a fait un malaise car c’était sa ville natale. »

Galya Krychkovska : « Je savais, depuis 2004 (année de la révolution orange, NDLR), que la Russie allait envahir l’Ukraine. Le jour avant le 24 février, j’ai demandé à mes proches de faire leurs valises. Je savais que ça allait se produire ce jour-là. »

« Il est difficile de rester objectif lorsque la guerre est dans votre pays. J’essaye tout de même d’avoir le recul nécessaire lorsque je couvre cette guerre. »

Alla Lazareva : « J’ai des connaissances en Russie qui critiquent mes articles. Ils ont le cerveau lavé par la propagande. Ce qui est choquant, c’est que les ambassadeurs russes prennent la parole, sur les plateaux télévisés, et disent des mensonges. Il faut lutter contre les mauvaises informations. La liberté de parole et laisser passer des mauvaises informations, ce n’est pas la même chose. »

« Je ne suis pas d’accord avec le clivage Est-Ouest, souvent présenté dans les médias. Ce clivage n’est ni géographique ni linguistique, mais plus au niveau de l’attachement aux libertés et droits. »

Lydia Taran : « Le soir avant l’invasion, je travaillais. Je suis rentrée chez moi, je n’ai pas fait mes bagages. A 4 heure du matin, j’ai été réveillée par les bombardements. Je savais que ça venait, mais je n’étais pas prête. »

« La guerre en Ukraine n’est pas nouvelle, elle dure depuis huit ans. Nos reporters portaient toujours des gilets par-balles pour travailler à l’Est. Aujourd’hui, ce qui a changé, c’est que les plus grosses chaînes se sont unies pour diffuser un journal télévisé commun. Celui-ci s’appelle « Le télémarathon ». »

 

À retenir

La couverture de la guerre en Ukraine pose de nouveaux défis aux journalistes françaises et ukrainiennes. Même si tous les reporters n’ont pas le même rapport au pays, ils font tous face aux mêmes contraintes: la propagande, la censure, la désinformation, les dangers du terrain…

Cem Taylan