Retrouvez l’essentiel de la conférence « Le journalisme de sport vu du sud de la méditerranée »

Youssef CHANI journaliste de sport chez 2M, Frédéric SUTEAU rédacteur en chef adjoint du service des sports de RFI ; Aziza Nait SIBAHA journaliste chez France24 et fondatrice de TAJA Sports ; Mehdi DAHAK directeur de la publication chez DZFoot. Photo : Susie BOUYER/EPJT
Frédéric SUTEAU rédacteur en chef adjoint du service des sports de RFI ; Youssef CHANI journaliste de sport chez 2M; Mehdi DAHAK directeur de la publication chez DZFoot ; Aziza Nait SIBAHA journaliste chez France24 et fondatrice de TAJA Sports.

 

Les enjeux

Universel, le langage du sport dépasse les frontières. Mais comment est-il parlé du côté de la rive sud de la Méditerranée? Entre information et rentabilité, censure et liberté d’expression, la presse sportive cache des réalités au-delà du jeu.



Ce qu’ils ont dit

Frédéric Sureau (rédacteur en chef adjoint du service des sports de RFI) : «On met beaucoup en avant le storytelling. on nous écoute beaucoup en Afrique donc on parle d’eux.»

«On a en permanence cette volonté de sortir du prisme du football, on essaie de couvrir les championnats d’Afrique d’athlétisme, de basket, etc. mais la question qui se pose : est-ce que cela intéresse le public? Il n’y a pas assez d’études sur la question.»

Youssef Chani (journaliste de sport chez 2M) : « Le traitement de l’information est différent entre médias publics et privés, parce que le premier a une vocation informative et le deuxième est dans une optique de rentabilité ».

«Nous ne faisons pas d’auto-censure. On ne s’arrêtera que quand ils nous demanderont d’arrêter».

Mehdi Dahak (directeur de la publication chez DZFoot) : «Tant qu’on est dans le commentaire, il n’y a pas de souci. Mais dès qu’il y a des enquêtes, cela peut déranger. Nous avons pu parler de certains problèmes de corruption dans le football. Mais il est  vrai que quand il y a une implication politique, il se peut que le journaliste soit censuré. Je n’ai pas d’exemple de média algériens qui ont fermé pour ces raisons-là, mais cela peut arriver».

« Après le printemps arabe, il y a eu une ouverture du paysage médiatique en Algérie, notamment des télévisions privées. Il y avait une liberté pendant près de 3 ans, puis une refermeture après 2014. Les stades sont donc devenus un lieu d’expression».

Aziza Nait Sibaha (journaliste chez France24 et fondatrice de TAJA Sports) : «La Can féminine a montré quelque chose qui rejoint tous les autres sports : quand on a commencé à s’y intéresser, on a enregistré des records dans les gradins». 

«On a encore un grand souci avec le handicap, les handisports sont très peu couverts, alors que les médailles et les drapeaux hissés à la fin sont les mêmes».

 

À retenir

Dans le sud de la Méditerranée, le journalisme sportif peine à couvrir d’autres disciplines que le football par souci de rentabilité. Les médias voient leur volonté d’indépendance et d’ouverture se heurter aux besoins de financement. Mais cela ne les empêchent pas de tenter de conquérir de nouveaux publics. La couverture du sport féminin, en l’occurrence, se développe timidement mais fait déjà son effet dans les gradins. 

Quant à la liberté d’expression, la presse sportive peut être limitée par des lignes rouges quand il est question d’enquêtes et de décryptages sportifs. Une censure parfois implicite et à des degrés différents selon les pays et les différents médias. Pour y faire face, les journalistes estiment qu’il faut chercher d’autres moyens de sensibilisation, notamment par le biais de l’éducation aux médias.

 

Samia ELACHRAKI (EPJT)