Retrouvez l’essentiel de l’événement « Propagande, censure et vérité dans la guerre »

Photo : Cem Taylan/ EPJT

Avec Hervé Brusini, président du Comité Albert-Londres, Manon Loizeau, grande reportrice et lauréate du Prix Albert-Londres en 2006, Elodie Martinez, journaliste pour « AFP Factcheck » et Elsa Vidal, rédactrice en chef du service en langue russe à RFI. Animé par Maxime Audinet, chercheur et auteur de Russia Today : un média d’influence au service de l’État russe.

 

 

Les enjeux

Comment couvrir la guerre en Ukraine dans un contexte d’extrême polarisation des médias ? Comment mettre en récit deux visions antagonistes ? Quelle place accorder aux émotions ? Témoignages et réflexions sur le rôle des journalistes face à la propagande, la censure et la vérité dans la guerre.

 

Ce qu’ils ont dit

Hervé Brusini : « Aujourd’hui, il se passe en France quelque chose qui sort de l’habituel. Les reporters sur place choisissent l’histoire qu’ils racontent. Ils ne sont pas soumis aux ordres de leurs médias. C’est très précieux. »

« Nous, journalistes, nous luttons pour la bonne santé de la vérité. L’idéal serait que tous les reporters s’unissent pour créer une même base de données et d’informations. Les grands médias européens devraient s’unir pour documenter les faits et pour les délivrer à la justice internationale. »

Manon Loizeau : « Quand j’ai couvert la guerre de Tchétchénie pour Canal+, j’étais assez jeune. Je pensais que j’étais en sécurité. J’ai appris, dix ans plus tard, que ce n’était pas le cas. Beaucoup de jeunes journalistes meurent sur le terrain, c’est très dangereux pour eux d’aller en Ukraine, même avec un fixeur. »

« Lorsque j’ai publié mon documentaire sur les femmes syriennes violées, l’État syrien a accusé les services secrets français d’être à l’origine du documentaire et les victimes d’être des comédiennes. Il se passe la même chose en Ukraine aujourd’hui. »

Elodie Martinez : « Aujourd’hui, il n’y a pas une guerre de l’information mais une guerre de la désinformation. Les vérificateurs de l’AFP ont publié 818 articles sur la désinformation sur la guerre en Ukraine. Les fake news n’ont plus de frontières, elles sont dans toutes les langues. »

« Quand l’AFP n’a pas de photographe ou de vidéaste sur place, elle regarde les publications sur les réseaux sociaux. Elle vérifie leur authenticité grâce à des outils comme la géolocalisation. »

Elsa Vidal : « En Russie, du fait de l’héritage soviétique, il n’y a pas de société civile indépendante. L’action médiatique est de fait conçue comme une manière de mettre en valeur l’État russe. »

« Notre travail est de rendre compte des différentes expériences sur le terrain, de pouvoir distinguer ce qui relève des faits et ce qui relève des interprétations. Même si on vient de pays différents et qu’on a des points de vue divergents, on doit savoir rester objectif. En tant que correspondante pour RFI à Moscou, j’ai été très exposée à la propagande russe. »

À retenir

Les journalistes de guerre sont souvent confrontés à des choix très difficiles. La propagande, la censure et la vérité sont les plus grands obstacles à la vérité sur les terrains de guerre. 

Cem Taylan