Retrouvez l’essentiel de l’événement « Ils ont créé leur média cette année ».
Romain COLAS, Pierre BENETTI, Sylie METZELARD et Jean-Paul MARI. Photo : Marie-Mène Mekaoui/EPJT
vec Pierre BENETTI, rédacteur en chef adjoint de Kometa, Sylie METZELARD, directrice de la rédaction 60 millions de consommateurs jeunesse et Jean-Paul MARI, directeur de la rédaction Le Journal.

Animé par Romain COLAS, journaliste La Correspondance de la presse.

Les enjeux

Lancer un nouveau média est loin d’être évident. Il y a d’abord les questions de financement à gérer : faut-il lancer des campagnes d’abonnement qui coûtent cher ? Comment rémunérer les pigistes à la hauteur de leur travail ? Malgré ces difficultés, la volonté de renouveler le journalisme et d’entrer en rupture avec le paysage médiatique existant font vivre ces initiatives.

Ce qu’ils ont dit

Jean-Paul Mari (directeur de la rédaction Le Journal) : « Je ne suis pas très à l’aise avec l’idée de travailler avec des bénévoles alors qu’on leur demande le travail, la rigueur et la déontologie du journalisme professionnel. Il faut qu’on rémunère correctement nos pigistes. On a commencé comme une aventure, il faut qu’elle se pérennise. »

Pierre Benetti (rédacteur en chef de Kometa) : « Kometa est né après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Elle a mis les lecteurs de la presse généraliste devant une difficulté, celle d’appréhender cet événement qui change nos vies avec les outils traditionnels du journalisme. »

« Notre revue n’est pas seulement un lieu de l’écrit. On y trouve des cartes ou des photos entre l’art et le photoreportage et qui témoignent qu’à l’Est, il y a du nouveau. »

« Nous avons besoin d’espace pour parler de la complexité de l’Europe de l’Est. Ce n’est pas un lointain qui ne nous concerne pas. »

« Il faut se rendre compte qu’une pige payée 4 000 à 7 000 euros demande parfois un travail d’un mois. On essaie de payer plus que le minimum syndical. Mais aussi d’égaliser la rémunération des piges entre le web et le papier. Il faut arrêter de penser que le web est dévalorisant. »

Sylvie Metzelard (directrice de la rédaction 60 millions de consommateurs jeunesse) : « Il nous faut investir une place pour un nouveau journalisme à l’heure où tout le monde copie tout le monde. Mais cette place ne se fera pas dans la presse généraliste. »

À retenir

Comme le rappelle Pierre Benetti, chaque média qui se crée suit un modèle économique et une ligne éditoriale différente qui répond à ses propres défis. Du côté de Kometa, les investisseurs sont désireux de soutenir un projet neuf qui veut raconter des histoires encore inconnues sur l’Europe de l’Est. De Xavier Niel au Temps, en passant par la fondation Michalski pour l’écriture et la littérature, Kometa compte quelques beaux soutiens.

De son côté, Sylvie Metzelard insiste sur le coût que représente une campagne d’abonnement et sur le petit budget qui a été alloué au projet pour son lancement. Elleespère que ces contraintes ne pèseront pas en défaveur de la déclinaison jeunesse de 60 millions de consommateurs. Une préoccupation que partage Jean-Paul Mari, directeur de rédaction du Journal. Au-delà de la juste rémunération des bénévoles, il souhaite faire perdurer ce journal qui dit non et apporte des solutions, parce qu’elles existent.

Mourjane Raoux-Barkoudah (EPJT)