Retrouvez l’essentiel de l’événement « Présentation de « vu des quartiers » suivez le guide ! »

De gauche à droite, Michel Dumoret, Maxime Daridan, Manon Meye, Antoine Ly et Maryam El Hamouchi. Conférence sur l’outil « vu des quartiers », aux Assises de Tours, le 28 mars 2023.​ Photo : ArnaudFischer/EPJT.

Avec Maxime Daridan, secrétaire général de BFM TV, Michel Dumoret, directeur en charge de la lutte contre la désinformation France Télévisions, Maryam El Hamouchi, journaliste au pôle enquête et reportage à l’AFP et Antoine Ly, délégué éditorial Radio France en charge de la diversité et de l’égalité des chances.

Animé par Manon Meye, créatrice de contenu au Groupe Cerise.

 

 

Les enjeux

Il est reproché aux journalistes de ne pas assez parler des banlieues et, quand c’est le cas, c’est pour en parler en mal : violences, pauvreté etc. Face à ce constat, BFM TV en collaboration avec l’association des maires Ville&Banlieue a créé « Vu des Quartiers », un annuaire qui met en valeur les contacts d’habitants et d’acteurs des quartiers prioritaires qui veulent échanger avec la presse et raconter ce qui se passe chez eux. L’objectif est de parler plus justement et de façon plus équilibrée de ce qui se passe dans les quartiers.

 

Ce qu’ils ont dit

Maxime Daridan : ​ « ‘Vu des quartiers’ est un annuaire de contact de quartiers prioritaires. On n’est absolument pas sur une question d’expertise. Vous venez d’un quartier, venez ! C’est simplement un outil mis à disposition. »

« Il faut que l’on arrive à faire que les habitants des quartiers soient comme tout le monde : dans un traitement banal de l’actu. »

« ‘Vu des quartiers’ est juste un outil. Après ça dépend de ce qu’en font les gens. Je suis convaincu que ça peut marcher, parce que c’est un outil simple. Mais ça s’inscrit dans un écosystème qui ne se suffit pas à lui-même. Il va falloir que tout le monde s’investisse. »

« Dans le règlement intérieur on a listé les règles du jeu. Il ne faut pas tricher. Ceux qui s’inscrivent, les habitants des quartiers et les journalistes, s’engagent à être honnêtes. Le but de l’outil n’est pas de parler des quartiers en bien. C’est de rétablir un équilibre sur le traitement que l’on en fait. »

« On a essayé de recenser au maximum les quartiers hors Île-de-France. On s’intéresse aussi aux quartiers des département d’Outre-mer (DOM). C’est d’ailleurs un double défi parce-que le traitement des DOM en tant que tel est déjà insuffisant. »

Michel Dumoret : ​ « Quand on va dans ces cités ou quartiers prioritaires, on n’est pas les bienvenus. On nous reproche d’être très loin de ces gens, de leurs préoccupations. Je pense que cet outil va nous permettre de décloisonner cette relation. À France TV, notre objectif est de montrer la France telle qu’elle est. Ces gens en font partie. Or, ils n’ont pas beaucoup de place dans l’actualité. Si cet annuaire peut permettre de susciter des vocations dans nos rédactions, j’en serais très heureux. »

« Il faut être optimiste. Dans les médias, il y a de plus en plus de visages, de noms qui montrent la diversité. Il y a aussi des bourses dans la formation, etc. »

Maryam El Hamouchi : ​ « Je ne trouve pas que ce soit difficile de travailler en banlieue. La critique que je peux faire c’est que, très souvent, les journalistes parisiens passent le périph’ quand ça va mal. »

« Rien ne remplace le terrain. Il faut aller sur place pour voir ce qu’il se passe. Ne pas se contenter d’un coup de téléphone. »

Antoine Ly : ​ « C’est compliqué de filmer en banlieue. La plupart des journalistes n’ont pas les clés de ce que sont les banlieues. ‘Vu des quartiers’ permet d’avoir un annuaire dans lequel des contacts sont volontaires pour parler. Ça a aussi l’avantage de multiplier les sources. Ça permet d’avoir une image très concrète des banlieues. C’est ce qui nous intéresse à Radio France. »

« On a créé cet annuaire pour que ceux qui veulent parler soient des volontaires. C’est important. Ce sont des personnes qui ont envie de se réapproprier leur histoire. Si cet outil peut permettre de rétablir un gage de vérité, cet un outil précieux. »

« Le journaliste doit toujours avoir du recul, un œil critique. Il ne doit pas juste appeler et tendre un micro. Quand on appelle un contact de l’annuaire, on le teste, on essaie de voir s’il veut nous balader. »

« J’ai des collègues reporters de guerre qui m’ont dit « je préfère aller en Irak ou en Afghanistan qu’en banlieue ». C’est hallucinant. On se doit donc de rétablir une confiance chez les journalistes et les habitants pour démocratiser le traitement du quotidien en banlieues. On y croit à Radio France. »

À retenir

Le traitement médiatique du quotidien des habitants des banlieues n’est pas le reflet de ce qu’ils vivent. Et on ne parle que rarement d’eux, sauf quand ça va mal. Avec l’outil ‘Vu des quartiers’, l’objectif est de rétablir une certaine confiance entre journalistes et habitants des banlieues pour pouvoir résoudre ce problème. Leur laisser prendre la parole est la meilleure manière de faire.

Arnaud Fischer (EPJT)

 

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