Retrouvez l’essentiel de l’événement « Accès aux images et aux stades : l’argent d’abord »

Pierre Rondeau, Christophe Bouchet, Fabien Lévêque, Vincent Duluc et Anne Dufot Cornilliet. Photo : Baptiste Villermet/EPJT

Avec Christophe BOUCHET, auteur de « Main basse sur l’argent du Foot » (éditions Robert Laffont) ; Vincent DULUC, journaliste à L’Equipe & président de l’Union des journalistes de sport de France (UJSF) et journaliste de sport et Pierre RONDEAU, professeur d’économie à la Sports Management School, spécialiste de l’économie du sport et de l’économie du football, co-directeur de l’Observatoire Sport et Société à la Fondation Jean-Jaurès.

Animé par Anne DUFORT CORNILLIET, journaliste de sport (Web et TV).

 

Les enjeux

Tous les cinq ans, la Ligue de football professionnelle lance son appel d’offres pour vendre ses droits télévisuels. Objectif : trouver un diffuseur pour la Ligue 1. Mais à quel prix ? La valeur des droits a augmenté depuis 20 ans, mais la courbe s’inverse désormais.

Ce qu’ils ont dit

Christophe BOUCHET, auteur de « Main basse sur l’argent du Foot » (éditions Robert Laffont) : « En 2004, les droits domestiques de la France sont les mêmes que ceux de l’Angleterre. Vingt ans plus tard, ceux des Anglais sont trois fois supérieurs. Les Français n’ont pas été bon. »

« Depuis quelques années, on observe une financiarisation. Des fonds prennent des parts dans les clubs et attendent un retour sur investissement. »

« Quand la Ligue a décidé de ne plus accorder Téléfoot à TF1, la donne sur les droits TV a changé. Les Français n’avaient plus leur rendez-vous dominical avant d’aller voir leur club. »

Vincent DULUC, journaliste à L’Equipe & président de l’Union des journalistes de sport de France (UJSF) et journaliste de sport : « La Ligue 1 n’a pas mis en scène le feuilleton foot dans L’Équipe. On en a fait de plus en plus (60% des articles sur l’année) car c’est ce qui intéresse le plus les gens. »

« Ça n’a pas été simple pour les Anglais non plus. Des chaînes ont fait faillite au début. Mais ce sont les premiers à avoir fait de la Premier League une marque internationale. »

Pierre RONDEAU, professeur d’économie à la Sports Management School, spécialiste de l’économie du sport et de l’économie du football, co-directeur de l’Observatoire Sport et Société à la Fondation Jean-Jaurès : « Ces 20 dernières années, on a observé l’explosion exponentielle des droits TV. Ce sont des 20 glorieuses. »

« Les opérateurs ont payé plus cher que le prix réel pour obtenir l’exclusivité sur les droits TV. Mais Canal+ a racheté ses concurrents car payer plus cher pour l’exclusivité devenait trop peu rentable. »

« La valeur des droits a dépassé son prix réel. La Ligue 1, valorisée à 1 milliard, ne génère pas assez et ne capte pas suffisamment de gens prêts à payer pour regarder le championnat. On est sur un retour en arrière et on va vers une dévalorisation des droits TV. »

Fabien LÉVÊQUE, présentateur de Tout le sport : « À France Télévisions, on est limité à 1 minute 30 d’utilisation d’image. Ça limite la narration. On doit payer les clubs pour avoir des minutes supplémentaires. »

« Les droits sont éclatés. Les gens n’ont pas envie de payer 4 ou 5 abonnements. Ça incite au piratage et ça fait baisser la valeur des droits car les gens ne s’abonnent pas. »

« Si le Qatar ne vient pas au secours du football français et de ses droits TV, on saute dans l’inconnu. »

À retenir

Le football français n’est pas près d’avoir le milliard d’euros tant attendu via les droits télévisuels. Depuis 20 ans, si leur valeur a augmenté, elle était clairement surévaluée en raison de la concurrence. Et la Ligue continue dans les mauvais choix. Avec le deal CVC, fonds luxembourgeois qui a acquis 13% des parts du football français, elle a probablement perdu à vie 13% de ses recettes.

Là où les Anglais et les Espagnols ont su faire de leur championnat une marque, avec deux modèles différents, les clubs français vivent sous perfusion du pouvoir politique. Mais tous ces problèmes et ce manque d’argent n’influencent pas le travail des journalistes.

 
 
 
 
 

Axel Monnier/EPJT