De gauche à droite Taoufik MJAIED, Jérôme BOUVIER, Thierry VALLAT, Francisco ACOSTA, Amira MOHAMED
Photo : Lucas Turci/EPJT

Les Assises internationales du journalisme de Tunis promettent dès leur ouverture une programmation riche et fructueuse. A l’ordre du jour de cet événement : cinq focus pays, des débats, des ateliers, des concerts et des expositions, rassemblés autour du thème « l’urgence du journalisme ».

Future capitale du journalisme dans la Méditerranée – en tout cas quelques-uns l’espèrent –, Tunis accueille sa 2e édition des Assises du journalisme. Les travaux ont démarré ce jeudi 17 mars à la Cité de la culture et s’étendront jusqu’au 19 mars. Créé par l’association Journalisme et Citoyenneté, cet événement international est, selon son président Jérôme Bouvier, le fruit d’une aventure collective. Un programme soutenu par l’Union européenne, en partenariat avec l’ambassade de France, le CFI et d’autres médias internationaux.

Au moment où l’étau se resserre sur les journalistes un peu partout dans le monde, des professionnels des médias, des chercheurs, des institutionnels et des étudiants se réunissent pendant trois jours, pour penser à voix haute à la situation de cette profession dans la Méditerranée, en particulier, et dans le monde puisque les défis qui se présentent sont universels. Un panel pour rendre au journalisme ses lettres de noblesse, d’où le choix de la thématique « l’urgence du journalisme ».

La question de l’indépendance de la presse

Les intervenants ont insisté sur l’importance du journalisme et son utilité, plus importantes que jamais vu le contexte actuel marqué par la double crise sanitaire et sécuritaire. Dans la même veine, le chef de délégation adjoint de l’Union européenne en Tunisie, Francisco Acosta, a exprimé son soutien – et celui de l’UE – à l’indépendance du journalisme. Une « profession fabuleuse », à ses yeux. Il a par ailleurs mis en avant « l’utilité démocratique » du métier du journaliste, qui facilite l’accès du citoyen à l’information.

Sans surprise, le conflit russo-ukrainien, qui domine l’actualité internationale, s’est invité à la cérémonie d’inauguration des Assises. Le PDG de CFI n’a pas manqué de rappeler la nécessité de contre-carrer les fake news et de vérifier les sources, en faisant référence au traitement médiatique du conflit en Ukraine.

Si la galanterie n’a pas été respectée, la dernière intervention d’Amira Mohammed n’a pas été moins intéressante. Poignante, elle a impressionné l’auditoire. La vice-présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) s’est alarmée de la situation de la liberté d’expression en Tunisie en particulier, pays hôte. Une liberté qui se trouve menacée, selon elle.

La syndicaliste reproche le déclin de la liberté d’expression dans le journalisme aux autorités tunisiennes et pointe du doigt les deux gouvernements précédents et le gouvernement actuel. Amira Mohammed estime par ailleurs que le président de la République participe à la précarité du journalisme indépendant.

On peut se demander si s’interroger sur la question de la liberté d’expression, en dénonçant haut et fort les « responsables » ne serait pas en soi une forme de liberté. Une question à laquelle les participants aux Assises du journalisme pourraient répondre éventuellement, au cours des débats, des « focus » pays et des ateliers programmés tout au long de ces trois jours.

Adnane BOULAHIA de l’Institut supérieur de l’information et de la communication (Rabat)