Retrouvez l’essentiel de la conférence « Le point sur la loi Bloche : des chartes dans toutes les rédactions d’ici 3 mois ».

La loi Bloche bouleverse la profession. Photo : Lucie Martin

 

Animé par Loïc Hervouët, (ancien médiateur de RFI, ancien directeur général de l’ESJ de Lille) avec Leïla de Comarmond (présidente de la SDJ des Echos), Sophie Lecointe, (conseillère au cabinet de la ministre de la Culture et de la Communication), Olivier Ravanello (cofondateur d’Explicite), Nathalie Sonnac (membre du CSA), Emmanuel Poupard (SNJ).

LES ENJEUX

D’ici au 1er juillet, les rédactions devront se munir d’une charte déontologique. L’objectif de cette loi est de mettre en place des gardes fous pour faire face aux risques d’ingérences des actionnaires dans les groupes de presse. Cette loi est souvent qualifiée de loi anti-Bolloré. En plus de la charte, elle propose la mise en place d’un comité d’éthique et elle élargit le droit d’opposition à l’ensemble des journalistes.

 

CE QU’ILS ONT DIT

Sophie Lecointe : « La loi Bloche est emblématique de la fin du quinquennat de François Hollande, même si c’est une proposition de loi. L’actualité à l’origine de cette loi est née avec le documentaire censuré de Canal+. Il faut parfois un électrochoc. Même s’il est un peu réducteur de limiter sa naissance à ça. Il y a aujourd’hui une nécessité de mettre les journalistes à l’abri de pressions économiques qui pèsent sur les rédactions. La production de l’information se trouve de plus en plus intégrée dans des groupes dont ce n’est pas le cœur de métiers. Alors qu’elle coûte chère à produire et qu’elle est peu rentable. »

Nathalie Sonnac : « Le CSA lance aujourd’hui une consultation publique sur la loi Bloche. C’est une consultation prioritaire. Pour chacun des objectifs définis : on pose le cadre juridique et on déroule ce qui est dit dans la loi. »

Leïla de Commarmond : « La charte existe depuis neuf ans aux Échos. Cela avait été très dur à mettre en place. Elle avait été négociée dans un cadre particulier : le rachat des Échos par le groupe LVMH qui était rejeté par la plupart des journalistes. Nous avons su négocier des garanties sociales et des garanties d’indépendances majeures grâce à une rédaction nombreuse qui a pu peser dans les négociations. »

Olivier Ravanello : « Il y aura une charte déontologique à Explicite. Pas seulement car il en faut une, mais car c’est le cœur du business. La confiance avec le public doit être au cœur du processus. Et elle doit être rétablie. Si un investisseur ne croit pas en ça, il va dans le mur. L’actionnaire qu’on cherche, il signera cette charte avec Explicite. Et il le fera car il saura que cela va dans son sens. »

Emmanuel Poupard : « La loi Bloche va nous donner du fil à retordre car elle est mal rédigée. On la considère comme dangereuse. C’est un rendez-vous manqué pour l’indépendance. Le problème majeur, c’est une charte déontologique dans chaque entreprise, à géométrie variable. C’est comme si le code de la route changeait suivant les départements. »

 

À RETENIR

Même si la loi Bloche doit renforcer l’indépendance et le pluralisme de la presse, elle ne résout pas tous les problèmes. L’idée de cette loi est la mise en place de garde-fous pour limiter les ingérences des actionnaires dans les rédactions. Cette loi ne rentre pas assez dans les détails. Olivier Ranavello, ancien d’I-télé, doute qu’avec cette loi la situation aurait été différente à I-Télé.

Théo Caubel