Le paysage médiatique tunisien a beaucoup évolué depuis le début du Printemps arabe en 2011. Pendant que de nouveaux médias naissent sur la toile, la presse écrite est en crise.

Au lendemain du Printemps arabe, appelé « révolution de jasmin » en Tunisie, plusieurs nouveaux médias ont fait leur apparition sur internet, soutenus par des fonds publics. A l’inverse de la presse écrite, qui a subi de plein fouet ce déplacement de l’audience vers le multimédia.

Fin 2015, Mongi Khadraoui, ancien secrétaire général du Syndicat national des journalistes tunisiens a réalisé une étude sur l’évolution de la presse écrite dans le pays. Et les chiffres sont impressionnants. Le paysage médiatique tunisien a littéralement fondu, passant de 229 titres de presse en 2011 à seulement 45 fin 2015.

Moins de lecteurs, moins d’annonceurs

Cette brutale diminution continue encore aujourd’hui. Il ne reste plus que sept quotidiens dans le pays en 2018. Dernièrement, c’est Assarih, lancé en 1995, qui s’est résolu à mettre fin à son aventure quotidienne. Sans toutefois mettre la clé sous la porte : Assarih continue de développer une version électronique, suivant ainsi ses lecteurs. Ces derniers privilégient, comme c’est le cas dans à peu près dans tous les pays où l’accès à internet est démocratisé, la consommation de l’information gratuite via les sites, les réseaux sociaux, la radio et la télévision.

La presse écrite en danger

Avoir moins de lecteurs signifie automatiquement moins de recettes publicitaires, principale source de revenus des médias en Tunisie. Or, la part de l’investissement publicitaire pour les médias de presse écrite est en baisse constante depuis 2011, ce qui a contraint les journaux à augmenter leur prix.

Depuis le 1er janvier 2018, les journaux ont atteint le seuil symbolique du dinard, alors qu’ils coûtaient avant 900 millimes. La Fédération tunisienne des directeurs de journaux (FTDJ) a justifié son choix par le contexte difficile : « Les entreprises de presse étaient dans l’obligation de formuler une telle demande compte tenu du déficit qui frappe leurs finances, des coûts liés à la production (papier, encre) et de la baisse du dinar tunisien face aux monnaies étrangères ».

Pendant que des pure players naissent sur la toile avec plus d’aides, l’essor de médias écrits libres et indépendants en Tunisie est donc stoppé.

Romain Pichon