Les autres possibles, le magazine carto-graphique (1) est un mensuel local nantais. Sa spécificité ? Un modèle économique détonnant et une ligne éditoriale axée sur les initiatives solidaires. C’est autant un projet associatif qu’éditorial puisqu’il a été créé en même temps que l’association Les amis du MAP. Rencontre avec Jeanne La Prairie, cofondatrice du mensuel.

 

Les co-fondatrices du MAP, de gauche à droite : Camille Van Haecke, Jeanne La Prairie et Marie Bertin, ont sorti leur premier mensuel le 1er décembre 2016. Photo : Paul Pascal.

En quoi votre modèle est-il innovant ?

Cela peut paraître présomptueux, mais nous essayons de tirer nos revenus seulement de la vente (sans publicité, chaque numéro est vendu 2 euros, ndlr). Nous sommes un magazine de société qui part d’un principe : face à un enjeu, il y a plusieurs réponses. Le but est de faire du « journalisme de solution », et de questionner celles-ci. Concernant la forme, notre magazine se déplie comme une carte, avec au recto nos reportages et au verso, une carte de la ville. Pour chaque numéro, la carte est en rapport avec notre contenu et est confiée à un(e) illustrateur(trice) différente. Cela plaît à nos lecteurs qui peuvent les collectionner.

Qu’est-ce que vous mettez en place pour ne tirer vos revenus que de la vente ?

Nous ne sommes sûres de rien, c’est un test que nous réalisons ! Nous vendons une information impérissable au lecteur, qu’il soit professionnel ou particulier, sur un bel objet. Nous essayons d’entrer dans les réseaux de professionnels pour vendre notre modèle : une information locale, de proximité pour les citoyens. Aujourd’hui, si l’on vend un numéro à 3 500 exemplaires, nous sommes rentables. Nous avons déjà vendu notre premier numéro à 1 200 exemplaires et on continue d’en vendre. Mais cela reste compliqué de stabiliser notre modèle.

Quels objectifs de développement souhaitez-vous atteindre ?

Nous avons des objectifs chiffrés. Nous avons aujourd’hui 70 points de diffusion et nous souhaitons atteindre la barre des 150 avant la fin de l’année. C’est obligatoire si l’on souhaite fidéliser notre lectorat et pérenniser notre activité. Nous souhaitons également avoir 500 abonnés à la fin 2017. Nous voulons embaucher un commercial afin d’effectuer ce travail de démarchage. Par ailleurs, pour muscler notre modèle économique, nous envisageons de développer une économie parallèle par le biais de prestations et de débat. Mais la diffusion est notre priorité.

Le thème des Assises du journalisme cette année c’est : Informer dans 10 ans. Comment imaginez-vous le MAP dans 10 ans ?

(Rires) C’est une bonne question ! Peut être avec un site mais nous souhaitons conserver notre bel objet papier. Dans dix ans, le public aura compris que pour accéder à l’information, même sur Internet, il faut payer. Peut-être aussi que Les autres possibles existera dans d’autres villes, nous avons déjà reçu des propositions. Nous aurons sûrement laissé d’autres personnes prendre le magazine en main. Notre but est vraiment de montrer que cette économie là peut exister.

(1) : connu comme le MAP (Magazine des Autres Possibles) aujourd’hui, le mensuel va changer de nom dans les prochains jours.

Propos recueillis par Corentin Dionet

Pour aller plus loin :

[DÉCRYPTAGE] La fin du papier : c’est grave, docteur ?