Fondateur du groupe So Press, Franck Annese décrit l’évolution récente des pratiques journalistiques au sein de ses médias, liée à la crise du Covid mais aussi à la lutte contre le réchauffement climatique.

(Photo : Lucas Turci/EPJT)

Franck Annese s’est fait connaître en fondant le magazine So Foot en 2003. Vient ensuite Society puis, plus récemment, So Good. Tous ces magazines sont intégrés au groupe So Press, dont il est le patron.

La crise du Covid a-t-elle modifié votre façon de travailler au sein des médias de votre groupe ?

Ce serait mentir que de dire qu’il y a un avant et un après Covid dans notre rédaction. Pendant le premier confinement, on ne pouvait plus aller dans certains endroits parce que nous venions de Paris. On nous reprochait de diffuser le virus. Mais cela n’a été que temporaire. Il n’y a pas eu de changement fondamental, si ce n’est dans la généralisation du télétravail. Nous n’aimons pas forcer les gens à So Press mais, malgré tout, c’est bien quand il y a du monde à la rédaction.

Durant votre débat avec Fabrice Arfi, vous évoquiez les efforts de vos médias pour limiter votre empreinte carbonne. Pouvez-vous les décrire ?

Nous essayons de n’utiliser que du papier écologiquement vertueux. Ce n’est pas forcément du recyclé car ce n’est pas toujours mieux mais nous faisons attention à leur empreinte carbone. Nous utilisons aussi des colles différentes, plus écologiques. Au niveau de l’encre, il existe des encres végétales plus vertueuses mais leur très fort coût fait que nous ne pouvons pas les utiliser aussi souvent que nousle souhaitons. Nous cherchons aussi à réduire les trajets de nos journalistes, ne pas faire d’allers-retours systématiques. Dans le cas où les déplacements sont longs et polluants, nous ramenons plusieurs articles que nous pouvons exploiter dans les différents magazines du groupe. Nous avons lancé également une autre démarche : en fonction du nombre de kilomètres parcourus par nos journalistes, nous finançons la plantation d’arbres. Ça ne compense pas forcément mais c’est déjà un premier pas. La dynamique est enclenchée, elle va dans le bon sens, et nous allons continuer à réduire autant qu’on le peut notre empreinte climatique.

Vous avez lancé So Good en 2020, qui promeut le journalisme de solution. Est-ce pour vous le meilleur moyen de mobiliser face aux enjeux de la crise climatique ?

Nous avons vraiment deux logiques différentes avec So Good et Society. Society va plus dans la complexité des choses, montrer ce qui ne va pas, donner l’alerte… Ce n’est ni tout blanc ni tout noir. So Good, à l’inverse, met en avant des personnalités qui font bouger les lignes. Nous médiatisons des personnes qui sont sous-médiatisées. Le but, c’est de proposer des changements de pratiques, voire de vies. Ne pas imposer mais proposer. Mais il ne faut pas oublier qu’il est toujours nécessaire de lancer des alertes. C’est notre rôle.

Recueilli par Lucas Turci