Photo : Alliance Internationale

George Eddy, la voix mythique du basket-ball en France, évoque avec passion les dessous de sa longue carrière.

Vous cumulez 27 finales de NBA et plus de 1500 matchs de basket-ball commentés. Quelle est la recette d’un bon commentaire sportif ? 

George Eddy Pour moi, c’est mettre la bonne parole sur la bonne image, au bon moment. C’est simple et à la fois très difficile à faire. Il est important de bien préparer son match pour éviter la totale improvisation. Le commentateur est là pour apporter des anecdotes sur les joueurs et sur les tactiques mises en place. Canal+ a d’ailleurs introduit l’idée que des anciens sportifs occupent le poste de consultant en qualité d’experts. Personnellement, je ne me verrais pas commenter du football.

À mes débuts, j’étais aussi joueur au Racing Club de France. Mes coéquipiers regardaient les matchs que je commentais à la télévision. Ils étaient mon « sounding board » [caisse de résonance, ndlr] et me faisaient des retours réguliers. La bonne recette, c’est aussi l’écoute des autres. 

Vous êtes connu pour vos jeux de mots et votre tendance à vous enflammer. Vous est-il arrivé de survendre le basket américain pour attirer le public français ? 

G.E. Oui, sans doute, mais cela fait partie de ma personnalité animée. Le métier a énormément changé. J’ai d’abord dû faire découvrir ce sport à des néophytes. Maintenant, je m’adresse à des aficionados qui connaissent le basket sur le bout des doigts. Mon passé de pédagogue, en tant que coach et fils de professeurs, m’a beaucoup aidé. Il fallait d’abord expliquer les règles de la NBA . J’ai copié mes confrères états-uniens en reprenant leurs expressions comme « alley-oop », « in your face », « coast-to-coast », etc. 

En réalité, j’ai d’abord été assez calme mais Charles Biétry m’a encouragé à donner de la voix. Quand il y avait un dunk, il me laissait le micro pour que j’exulte. Normalement, c’est le rôle du commentateur numéro un de décrire les actions. Le consultant n’intervient qu’après, pendant les arrêts de jeu. 

Lors de la demi-finale de l’EuroBasket en 2013, vous avez usé vos cordes vocales en soutenant les Bleus. Avez-vous travaillé votre voix ?

G.E. J’ai tendance à trop monter dans les aigus quand je m’enthousiasme. Je me suis cassé la voix plusieurs fois à l’antenne. J’ai d’ailleurs fait la finale sous cortisone. Cela m’a appris à mieux gérer mon intonation par la suite. J’ai commencé ma carrière en animant les matchs de mon lycée aux Etats-Unis. On me l’a proposé car j’étais une grande gueule et que je faisais rire la galerie. Sans le savoir, cela m’a conditionné pour mon futur rôle de commentateur.

Petit, j’avais un voisin qui était coach vocal pour les acteurs de théâtre et de cinéma. Mon père m’obligeait à passer une heure avec lui après l’école pour apprendre à lire des poésies. C’était une chance inouïe de l’avoir comme mentor. Je lui dois beaucoup.

 

Recueilli par Florian PICHET, Jules ROUILLER, Corentin VALLET