Sophie Roland est formatrice aux enjeux de climat et de biodiversité pour les rédactions. Photo : Irène Prigent/EPJT.

La charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence climatique le démontre : la volonté de traiter des sujets environnementaux est de plus en plus forte au sein des rédactions. Des cellules dédiées ou des rubriques environnement ont vu le jour. Mais cette thématique concerne tous les services, sport inclus. 

Comment forme-t-on aux enjeux climatiques ?

Sophie Rolland.  Le but de la formation est de proposer de nouveaux angles, pour des sujets d’adaptation. D’abord, on rappelle les bases scientifiques. On explique ensuite l’importance d’intégrer cette question à tout traitement médiatique. Je prends toujours l’exemple du sport. Interroger le choix des sportifs, c’est aussi éclairer le débat public.

Comment aborde-t-on la question des enjeux climatiques dans le sport ?

S.R. Les Jeux olympiques, ça pourrait être le moment-clé pour s’intéresser aux enjeux. Au-delà de l’organisation de la compétition, c’est le régime des athlètes par exemple qu’on peut interroger. Questionner l’empreinte carbone des touristes, le climat mais aussi la biodiversité. Les compétitions doivent intégrer les enjeux environnementaux pour de vrai. Le rôle des journalistes, c’est d’aller voir jusqu’au bout la manière dont elles l’intègrent ou pas.

Les rédactions sont-elles assez sensibilisées ?

S.R. Pour l’instant, les rédactions ne s’emparent pas assez de ces questions. Il s’agit en fait de remettre en cause des décisions politiques en amont des compétitions. Pour le Qatar par exemple, la décision avait été prise il y a trop longtemps, c’était trop tard. Pour les futures grandes compétitions, dont la Coupe du monde de 2030 qui devrait s’organiser sur trois pays, on devrait déjà remettre en question ce choix dans les rédactions. On devrait se poser ce genre de questions : est-ce qu’on peut organiser des manifestations sportives comme ça ? Est-ce qu’on ne devrait pas renoncer à organiser une compétition avec un impact environnemental aussi élevé ? Le Shift Project a récemment publié un rapport sur la décarbonation des stades. On pourrait par exemple poser la question dans nos articles : comment décarboner les stades ? La formation donne les bases. Maintenant, les réflexions actuelles portent sur une formation plus spécifique.

                                                                                                       Propos recueillis par Clara Duchêne et Victoire Renard Dewynter (EPJT)