Est-il encore utile de former au journalisme ?
« Il faut que l’école leur apporte le réseau nécessaire pour s’insérer dans la vie active plus facilement. » Photo : Clara Gaillot

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Atelier école : faut-il former les journalistes ? ».

Avec Véronique Rosa-Donati, secrétaire générale de la rédaction de TV5 Monde, Nicole Gauthier, directrice du CUEJ (Strasbourg) et Lucie Guesdon, cheffe de projet à la Chance aux concours. Atelier animé par Nicolas Sourisce, journaliste, maitre de conférences en sciences de l’information et de la communication, directeur de l’Ecole publique de journalisme de Tours (EPJT).

 

LES ENJEUX

L’École publique de journalisme de Tours (EPJT) fête ses 50 ans. Elle fait partie des quatorze écoles de journalisme reconnues par la profession. À quoi ces formations forment-elles réellement ? Peut-on se former « sur le tas » ? Quand on sait que 80% des journalistes qui ont leur carte de presse ne sont pas passés par un cursus reconnu, on peut questionner leur utilité. D’autant plus que dans notre société ultra-connectée, il suffirait d’avoir un smartphone pour se dire journaliste. Dans un monde en constante évolution, où les pratiques évoluent chaque jour, les écoles sont-elles encore dans le coup ? Un des reproches que l’on fait également aux journalistes, c’est de ne pas représenter la France dans sa diversité. Peut-être parce que, dès la sélection en école de journalisme, ce manque de diversité est présent. Autant d’évolutions prises en compte par les intervenantes.

 

CE QU’ILS ONT DIT

Nicole Gauthier : « La formation en journalisme, notamment dans les écoles reconnues, qui sont pour la plupart intégrées dans une université, sont des formations qui associent réflexions académiques et enseignements théoriques et pratiques. En mai 1968, les étudiants du CUEJ voulaient un enseignement pratique mais aussi des cours de sociologie par exemple. C’est une tension permanente avec parfois des périodes de conflit entre nous et les étudiants qui veulent faire du terrain après avoir suivi trois ans de licence. »

Lucie Guesdon: « Les jeunes de La Chance aux concours voudraient être formés aux pratiques du métier mais ils souhaiteraient aussi que les écoles s’adaptent aux mutations de la profession. Ils veulent comprendre les standards de l’écriture qui leur seront demandés plus tard. Ils souhaitent que les écoles soient l’endroit où ils pourront se tester, qu’elles leur permettent une insertion professionnelle rapide. Il faut que l’école leur apporte le réseau nécessaire pour s’insérer dans la vie active plus facilement. C’est pour cela que les stages sont très utiles. »

Véronique Rosa-Donati : « Dans un entretien pour stage ou un travail , il faut déterminer l’intérêt du candidat pour ce métier, voir s’il suit l’actualité et voir ce qu’il a fait. C’est normal qu’un jeune journaliste ait peu de pratique, l’expérience vient au fur et à mesure. Je reçois quantité de CV de personnes qui n’ont pas fait d’école de journalisme, mais ce qui m’intéressent ce sont les parcours atypiques. Les écoles facilitent mon quotidien car elles sélectionnent leurs étudiants et les forment mais le diplôme ne fait pas tout. C’est un être humain en face de moi qui compte. J’aime sentir le potentiel que les journalistes peuvent avoir. »

 

À RETENIR

L’apprentissage des journalistes et futurs journalistes est quotidien. Finalement, c’est cette capacité à s’adapter que les écoles essayent d’inculquer aux étudiants. Il faut être polyvalent et curieux des nouveaux outils et manières d’informer. Les étudiants ont avant tout besoin d’avoir les billes pour se défendre face aux flux d’information qui les inondent, savoir mettre en valeur une information et comprendre qu’aujourd’hui plus que jamais leur travail est un véritable service avec un enjeu démocratique.

 

Taliane Elobo