Les invités ont analysé les chiffres de l’enquête Viavoice sur l’utilité du journalisme, dévoilés par Aurélien Prudhomme au début de la séance. Photo : Clara Gaillot


Retrouvez l’essentiel de la conférence « Le grand débat : un journalisme utile ? Avec les résultats du sondage Viavoice »

Animé par Tanguy Demange, rédacteur en chef de la Correspondance de la Presse, avec Thomas Sotto,  corédacteur en chef et présentateur de Complément d’enquête (France 2), Catherine Nayl, directrice de l’information de France Inter, Cyril Petit, rédacteur en chef central du Journal du Dimanche. Aurélien Prudhomme, directeur d’études à l’institut Viavoice, a présenté l’étude réalisée spécialement pour les Assises.


LES ENJEUX

92% des Français trouvent le journalisme utile. C’est ce que révèle l’enquête spécialement réalisée pour les Assises par l’institut Viavoice, en partenariat avec France télévisions, France Médias Monde, Le Journal du dimanche et Radio France Dans cette étude, qui dévoile les attentes des Français envers les journalistes, l’information et les médias, c’est un chiffre plutôt satisfaisant qui ressort. Pourtant, tout au long de la conférence, les invités n’ont pas hésité à nuancer ce chiffre plutôt positif. Catherine Nayl a notamment pointé la difficulté pour les Français se faire le tri entre les sites d’information fiables et les autres. Autre constat : les Français attendent de l’investigation, de la vérification et du décryptage. En effet, 61% des Français veulent que les journalistes vérifient les informations fausses, combattent les rumeurs et la désinformation. Le projet de loi dédié aux fake news a aussi fait débat entre les invités. Quand certains estiment que le projet de loi est légitime pour sa capacité à s’inscrire dans les usages propres au XXIe (réseaux sociaux, Internet, blogs), d’autres ont peur que ce ne soit pas efficace.


CE QU’ILS ONT DIT

Aurélien Prudhomme« 92% des Français trouvent le journalisme utile. Nous avons été surpris. Derrière ce chiffre, il n’y a pas de clivages sociaux ou entre Paris et la province, le peuple et les élites. Il n’y a pas non plus une mais des utilités du journalisme. Le journalisme est perçu comme utile pour la démocratie et la liberté d’expression, pour le décryptage et pour faire de l’investigation.

Thomas Sotto : « Le journalisme utile, c’est un pléonasme. Il est utile par définition. Les gens nous disent de vérifier et de décrypter. Mais finalement, on nous demande simplement de faire notre boulot. 12% des Français pensent que l’on a pas besoin des journalistes. Mais, un pays sans journalistes, c’est un pays en dictature ! »

Catherine Nay : Tous les médias qui lancent des outils de fact-checking, c’est un signal pour répondre à une décrédibilisation de notre métier. On se dit « On va vous prouver que l’on vérifie les informations ». Mais cela ne devrait pas être une rubrique d’un média. Le fact-checking, on le fait au quotidien.

Cyril Petit«Pendant longtemps, on a dit qu’il fallait respecter la règle des 5W.  Mais aujourd’hui, ce n’est pas ce que les gens veulent vraiment. Le pourquoi, le comment, le so what, au sens de « qu’est ce que ça change ? » , voilà ce que les gens veulent. Nous ne voyons bien dans notre travail au quotidien : le journal n’est même pas sorti et l’information brute, elle a déjà fait le tour du monde. »


À RETENIR

Ce sondage illustre des attentes d’un public qui se renouvelle : plus d’analyse, plus d’investigation. Un désir qui se traduit à la fois à l’échelle des médias régionaux et nationaux. Le journalisme, les médias et les journalistes doivent repenser leurs pratiques et leur façon de créer de l’information. C’est ce que montre cette enquête de Viavoice et ce débat entre professionnels.