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Retrouvez l’essentiel de la conférence « #lesmédias. Atelier Recherche : Diversité des journalismes et pluralisme de l’information. »

Animé par Béatrice Damian-Gaillard, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication à l’université Rennes 1, avec Faïza Nait-Bouda, maître de conférences en sciences de l’information et de l’information à l’université Nice Côtes d’Azur et au sein du Laboratoire Sic.Lab ; Mathieu Maire du Poset, directeur Le Tank Média ; Jérôme Pacouret, postdoctorant à l’IRMECCEN (Institut de recherche Médias, Cultures, Communication et Numérique) (université Paris 13) et docteur associé au CESSP (Centre européen de sociologie et de science politique) ; Olivier Pilmis, chargé de recherches au CNRS et chercheur au Centre de sociologie des organisations (Sciences Po / CNRS).

LES ENJEUX

Dans un contexte de critiques violentes envers des journalistes qui auraient un profil identique, il apparaît nécessaire de s’interroger sur la pluralité de l’information et sur celle des acteurs qui la pratiquent. L’information fournie par de tels acteurs est-elle homogène ?

CE QU’ILS ONT DIT

Faïza Nait-Bouda : « Mes étudiants ne relèvent que les articles des médias dominants lors de la réalisation des revues de presse que je leur demande. Tout un capital se transmet entre les intervenants et les élèves. C’est une boucle fermée dans laquelle il est difficile de critiquer l’information. »

Mathieu Maire du Poset : « Si on veut remettre de l’argent dans la presse, il faut passer par la diversité des médias. Il y a plus d’avenir pour les jeunes formés au code et au développement que pour les journalistes en formation actuellement. »

Jérôme Pacouret : « Il y a une grande intersection entre le journalisme et d’autres activités : l’édition, le domaine militant. Il n’y a pas de frontière entre journalistes et non-journalistes.»

Olivier Pilmis : « 90% des intermittents du spectacle sont situés à Paris, tout comme les sociétés de production. Les gens doivent être là pour travailler au pied levé si besoin. C’est la même chose pour les spécialistes dans la presse. Un rédacteur en chef n’en a pas besoin tout le temps, seulement pour des articles ponctuels. »

Béatrice Damian-Gaillard : « Je forme mes étudiants à calculer les coûts pour savoir quelle taille peut faire leur sujet et combien de temps ils ont à y consacrer. On sait que ces calculs ont un impact sur la qualité de l’information produite ensuite. »

A RETENIR

Pour Mathieu Maire Du Poset, le pluralisme de l’information passe d’abord par la création de nouveaux médias. La production ininterrompue de nouveaux contenus est garante de ce pluralisme. Il insiste également sur l’importance de former les nouveaux journalistes : « Il y a, d’un côté, des journalistes « Tous les mêmes » qui font de la dépêche et de l’autre des millions de gens qui racontent des choses sans journalisme ni déontologie, avec des contenus de qualité variable.» 

Selon Jérôme Pacouret, la concurrence entre journalisme et communication favorise une forme d’unification de la profession journalistique qui est très diverse mais qui se rejoint dans sa quête d’indépendance. Un même modèle économique peut rendre possible des pratiques du journalisme différenciées, il ne faut pas se concentrer uniquement sur une approche économiste. En réagissant aux propos de Mathieu Maire Du Poset, il s’interroge sur le juste nombre de journalistes. Le CDD est également pour lui un moyen d’exercer une influence hiérarchique sur les journalistes.

« Quel équilibre pour le nombre de journalistes ? » s’interroge également Olivier Pilmis. Il se dit que le nombre toujours plus important de journalistes est d’abord lié à la multiplication des médias.

Faïza Nait-Bouda rappelle ce qu’est, en théorie, le pluralisme de l’information. « Ce serait un idéal typique de la sphère publique qui serait partagée par tous, la société toute entière, et qui contribuerait à pouvoir armer au mieux les citoyens, les informer au mieux des enjeux et les éclairer de la manière la plus optimale pour une meilleure participation à la vie publique. »

Pour elle, finalement, la situation actuelle est bien différente: « Dans la réalité, les études contredisent cet idéal typique, les citoyens se tournent vers les mêmes médias, c’est une circulation circulaire de l’info et qui sclérose l’information. Mais le pluralisme reste inscrit dans cette conception mythique de l’information. »

Lena PLUMER-CHABOT