Plan de soutien aux incubateurs de médias, premier bilan

Quel rôle jouent les incubateurs dans le processus de création des médias ?  Photo : Clara Gaillot

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Plan de soutien aux incubateurs médias : premiers projets »

Animé par Jacques Rosselin, directeur de l’EFJ (École du nouveau journalisme). Avec Paul-Alexis Bernard, manager digital éditorial au Groupe Centre France – La Montagne et membre du Lab Centre France, Fabrice Casadebaig, sous-directeur de la presse écrite et des métiers de l’information au ministère de la Culture et de la Communication, Cécilia Gabizon, co-fondatrice de The Media House, Mathieu Maire du Poset, directeur de Le Tank Media et Catherine Peyrot, Paris&Co, responsable de la plateforme LINCC.

LES ENJEUX

La création de nouveaux médias nécessite des mesures de soutien pour un développement plus rapide. Depuis 2016, le ministère de la Culture a ainsi lancé deux dispositifs. L’an dernier, les Assises faisaient le point sur ce plan de soutien. Cette année, elles proposent un focus sur les incubateurs médias. Quatre représentants de ces derniers sont venus présenter leur démarche.

CE QU’ILS ONT DIT

Jacques Rosselin : « C’est un sujet qui me tient à cœur car j’ai créé un média dans un incubateur (on disait pépinière d’entreprise à l’époque). Aujourd’hui c’est un peu tôt pour faire un bilan car les projets sont nouveaux. »

Fabrice Casadebaig : « Un nouveau fonds a été mis en place avec trois objectifs : la création d’une bourse d’émergence, pour favoriser l’apparition de nouveaux titres de presse en ligne, la création d’un programme d’incubateur ainsi que la création d’appels à projets. Nous cherchons à préserver le pluralisme et faire en sorte qu’il n’y ait pas de titres qui disparaissent. Les bourses d’émergences peuvent atteindre jusqu’à 50 000 € et nous permettent de soutenir des acteurs qui apportent de la diversité, comme par exemple Les Jours ou Médiacités. En 2017, le ministère de la Culture a soutenu dix projets d’incubations dont quatre au sein d’entreprise, pour un budget autour de 2 millions d’euros. En 2018, nous avons reçu dix nouveaux dossiers. »

Paul-Alexis Bernard : « L’incubateur de Centre France n’est pas encore lancé. Il y a une logique de transformation dans le groupe. Depuis quatre ans, nous avons créé un Lab qui est la porte d’entrée pour innover et transformer le groupe. On essaie d’accompagner les projets pour les accélérer. On veut que ce soit ouvert à l’extérieur. C’est ce Lab qui portera notre projet d’incubateur. On va aider la création de médias mais on est aussi intéressés par les solutions pour les médias (moyen de faire de la pub, de livrer du contenu, de faire des vidéos, etc.). »

Mathieu Maire du Poset : « On a un programme d’incubation qui commence le 16 avril. Parce que d’un côté, on a des journalistes qui ont besoin de devenir entrepreneurs et de l’autre, des entrepreneurs qui s’intéressent au monde journalistique. Le but, c’est d’accueillir six médias à des stades différents avec chacun trois personnes. Certains ont déjà quatre ou cinq ans d’existence. La formation coûte 1200 € pour 2 personnes pour un mois. On s’adresse à des gens qui vont payer pour venir rencontrer du monde chez nous et on leur fournit un contenu de qualité. »

Catherine Peyrot : « Le programme Média Start s’intègre dans Paris&Co, une structure qui a une vingtaine d’années. On est un réseau assez efficace d’incubateurs sur le territoire parisien, on accompagne 300 start-up par an. Notre but, c’est de faire échanger des grands médias qui ont de l’expertise (on a fait appel à l’AFP, l’INA, le Celsa et la BNF) avec des start-up. On les aide à la constitution d’un média, à trouver leur public. On a reçu 58 dossiers. 16 lauréats sont sortis des comités de sélection et on commence le programme dès lundi prochain. Le programme contient d’abord une formation puis une phase de développement et de consolidation du projet. »

Cécilia Gabizon : « Ce qui nous motive à The Media House, c’est la nouvelle façon de penser le pluralisme. Notre passion, c’est l’information et ce qu’on veut, c’est apporter de nouveaux profils pour avoir de nouveaux sujets dans le journalisme. La façon dont on fabrique l’information est importante. On veut aussi réconcilier les citoyens avec l’information. Evidemment, tous les projets ne peuvent pas fonctionner. On veut les aider à au moins aller jusqu’au bout de leur idée. Les projets qui marchent ce sont les projets concrets, finalisés. »

À RETENIR

L’enveloppe du ministère de la Culture a permis à plusieurs incubateurs de médias de se lancer. Pour le moment, ces nouvelles structures ne peuvent pas encore présenter de bilan concret. La plupart vont démarrer dans les mois à venir. La nécessité de proposer de nouvelles formules dans les médias et le pluralisme sont les principales motivations de ces incubateurs.

 

Margaux Dussaud