Observatoire de la déontologie

Présentation du rapport 2018 de l’Observatoire de la Déontologie de l’Information. Photo : Clara Gaillot

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Présentation du rapport 2018 de l’Observatoire de la Déontologie de l’Information »

Animé par Patrick Eveno, président de l’Observatoire de la déontologie de l’information. Avec Anne Ponce, directrice de rédaction de La Croix Magazine/Bayard, Fabien Pont, médiateur à Sud-Ouest et Corinne Vanmerris, directrice des études à l’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ).

LES ENJEUX

Face à la nuisance des fake news, la déontologie devient une arme essentielle pour lutter contre les fausses informations et prouver la bonne foi des journalistes. Comme chaque année, l’Observatoire de la déontologie de l’information (ODI) publie son rapport, présenté aux Assises par Patrick Eveno.

CE QU’ILS ONT DIT

Patrick Eveno : « Ce cinquième rapport de l’ODI défend l’idée que la liberté est indispensable pour les médias d’information. Parmi les reproches aux journalistes, on a relevé le problème d’une rigueur malmenée et le mélange entre le fait et le commentaire. Ceci, le public a du mal à l’accepter. On doit envisager des réponses déontologiques. Face aux fake news, les journalistes essayent de faire du fact-checking. Les fake news ont toujours existé, la première de l’histoire c’était le cheval de Troie. Aujourd’hui elles se développent avec une extrême rapidité. On voit aussi apparaître les fake vidéos : des images et des voix trafiquées pour faire dire un propos faux. »

Anne Ponce : « La déontologie n’est pas juste un moyen de sortir de l’ornière quand on est en difficulté. C’est une raison d’être, c’est ce pour quoi on s’engage quand on choisit de faire ce métier. La fragilisation économique est un ennemi de la déontologie : quand on est obligé de réduire les rédactions et le temps pour travailler, cela a un impact sur la qualité du travail que l’on peut fournir. La méfiance du public persiste. Le baromètre de La Croix a montré que l’attente principale du public est une information fiable et vérifiée. Avant, les gens était ravis quand on voulait faire un reportage sur eux, maintenant ils se méfient, posent des questions. La qualité éditoriale est notre seule porte de salut. »

Fabien Pont : « Pour Sud-Ouest, je reçois entre 11 000 et 12 000 courriers par an, la règle c’est de répondre à tous car on ne peut pas laisser un lecteur sans réponse, c’est la base du rôle du médiateur. Toutes ne concernent pas la rédaction du journal. Les lecteurs aiment savoir comment on va recueillir une information. Parfois je demande à des experts de répondre. Le médiateur n’est ni avocat ni juge de la rédaction. Parfois je donne raison au lecteur et je pointe des erreurs faites dans la rédaction. C’est notre crédibilité qui est en jeu, donc les réponses font partie de cette confiance. Il est important que le médiateur ne soit pas l’avocat de sa rédaction même si cela le met en conflit avec les journalistes. »

Corinne Vanmerris : « Les étudiants sont formés à ces bonnes pratiques professionnelles. À l’ESJ, on a un séminaire en début de première année pour passer en revue toutes les chartes, les textes de lois, l’ODI etc. La question de la rigueur est le premier reproche fait aussi aux étudiants, donc ça les occupe pendant les années de formation. Une des règles de base, c’est de ne pas se faire passer pour quelqu’un d’autre. On doit annoncer qu’on est journaliste. Mais sur une règle admise globalement, il peut y avoir des interprétations dans la pratique. La difficulté à pouvoir vivre de son métier peut faire qu’on accepte plus facilement des petites distances avec les règles. »

À RETENIR

Les lecteurs sont de plus en plus méfiants envers les journalistes. Pour retrouver cette confiance perdue, les rédactions se doivent d’être extrêmement vigilantes sur le respect de la déontologie. Communiquer avec les lecteurs et leur permettre de savoir d’où vient une information et comment travaillent les journalistes est un gage de crédibilité. Les chartes de déontologie devraient être accessibles à tout le monde. Le respect des principes qui régissent la profession doit être enseigné dès les formations en école de journalisme. 

 

Margaux Dussaud