Découvrez l’essentiel de la conférence  « Quel statut pour les journalistes dans dix ans ? »

 

Les pigistes étaient au centre du débat. Photo : Lucie Martin

 

Animé par Manuel Jardinaud, président d’honneur de l’Association des journalistes de l’information sociale (AJIS). Avec Delphine Bauer, journaliste indépendante, membre du collectif Youpress ; Isabelle Bordes, secrétaire générale de CFDT-Journalistes ; Marianne Chollet, Audiens ; Camille Dupuy, chercheuse, auteure de Journalistes, des salariés comme les autres ? ; Mehmet Koksla, représentant de la FEJ (Fédération européenne des journalistes) ; Vincent Lanier, secrétaire général du SNJ ; Anne-Gaëlle Moulun, journaliste scientifique et co-présidente de profession : pigiste ; Hervé Rony, directeur général de la SCAM ; Emmanuel Vire, secrétaire général SNJ-CGT ; Bénédicte Wautelet, président de la CCIJP.

LES ENJEUX

Les métiers du monde des médias ont muté avec la révolution du numérique et des pratiques. Alors que la profession se précarise, et que ses modes de rémunérations se diversifient, qu’en sera-t-il dans dix ans ? Le rôle de la carte de presse va-t-il évoluer ? Comment le statut de journaliste doit-il changer pour garantir la protection et donc la qualité de ce métier ?

 

CE QU’ILS ONT DIT

Vincent Lanier : « Une partie des employeurs ne veulent plus payer en salaire mais sous le régime de l’autoentrepreneuriat. C’est un danger. D’autant que la plupart des journalistes connaissent mal leurs droits. À se demander si on en parle assez dans les écoles…. Il faut surtout mettre en garde les jeunes journalistes sur les chimères des entrepreneurs qui coupent le journaliste de ses droits. La réalité, c’est qu’on a des employeurs qui voudraient qu’on travaille gratuitement. »

Isabelle Bordes : « Il y a un paradoxe. La France est un pays où les journalistes sont les plus protégés, les pigistes notamment. Mais ce droit devient une fiction. Tous les textes existent mais on ne les respecte pas. On ne peut pas faire ce métier en dehors du salariat. La CCIJP a une responsabilité dans l’évolution du statut. Mais on voit bien qu’il y a tous ces statuts parallèles qui se développent, et donc il y a des milliers de journalistes qui s’éloignent de la carte. Ce n’est pas la CCIJP qui peut obliger les employeurs à payer. C’est le boulot des pouvoirs publics de faire appliquer le droit et celui des syndicats mais pour ça il faut se syndiquer. »

Delphine Bauer : « Évidemment qu’il y a un droit qui nous encadre et nous protège. Mais le problème, c’est que nous ne sommes pas formés à nos propres droits. Il est très difficile de les faire respecter. Certains directeurs de rédaction sont bienveillants, mais dans toutes les étapes de notre travail, c’est un parcours semé d’embûche. On adore notre métier, on a choisi d’être pigiste, mais c’est très compliqué. On veut autant faire réfléchir à des nouvelles pratiques et à la qualité de l’information qui est mise à mal par la réduction de notre rémunération. »

Hervé Rony : « Aujourd’hui, à un moment où il y a de plus en plus de pigistes et donc moins de salariés, il faut que le métier de journaliste intègre la dimension du droit d’auteur. Il faut réfléchir ensemble au poids du droit d’auteur. »

 

À RETENIR

Le débat a beaucoup tourné autour de la pige, un débat cristallisant de la profession. Les intervenants ont plutôt fait état du statut actuel du journaliste plus que de l’avenir en lui-même.

Lénaïg Le Vaillant