Conférence Banon / Nocent / MallavalMathieu Nocent, Catherine Mallaval et Tristane Banon ont débattu autour de la parentalité et des liens familiaux. Photo : Clara Gaillot

Retrouvez l’essentiel de la rencontre autour du thème de la parentalité avec Tristane Banon pour Prendre un papa par la main aux éditions Robert Laffont et Catherine Mallaval et Mathieu Nocent pour Mais qui est la mère ? aux éditions Les Arènes.

Animée par Aurélie Kieffer, journaliste à France Culture.

LES ENJEUX

Comment expliquer la Gestation pour autrui (GPA) aux enfants ? Quels en sont les vrais enjeux ? Les liens du sang sont-ils réellement primordiaux ? Autant de questions qui interrogent ce que veut dire être parents. Dans leurs ouvrages respectifs, Tristane Banon, Catherine Mallaval et Mathieu Nocent ont cherché des explications, des débuts de réponses, tirées de leurs rencontres ou de leurs expériences.

CE QU’ILS ONT DIT

Tristane Banon : « Mon roman est auto-fictionnel et assumé comme tel. Le père de mon enfant a disparu à la veille de mon accouchement. C’est également ce qui arrive à mon héroïne. Mais elle va trouver un papa merveilleux pour son enfant. Mais au départ, il y a bien un sentiment d’échec. La société nous vend une mauvaise image quand on est une mère célibataire. Sasha, l’héroïne, va devenir une « mapa ». C’est à dire une maman-papa. Comme l’a été ma mère avec moi. J’aime bien cette idée-là. L’héroïne est complètement dégoûtée des hommes et se retrouve dans une relation épistolaire. Puis, il y a cet homme qui veut la rencontrer. Pour le dégoûter, elle décide d’emmener son bébé au rendez-vous. Et cet homme tombe amoureux du bébé instantanément, bien avant de tomber amoureux d’elle. Il devient père presque aussitôt. Dans ce bouquin, on interroge la parentalité et le fat d’être père. Il faut montrer que les liens du sang sont importants mais pas primordiaux. »

Catherine Mallaval : « À propos de la GPA, l’idée c’est de sortir du débat « pour-contre », de voir pourquoi des gens ont recours à la GPA, se demander pourquoi des femmes acceptent d’être mère porteuse et de rencontrer des jeunes issus de GPA. Nous avons essayé de déconstruire tous les clichés. La maturation du projet est très longue à mettre en route. C’est long, c’est coûteux, c’est très réfléchi. Mais peu importe les couples, certaines choses ne changent pas. L’une des premières questions c’est toujours : que va-t-on dire à l’enfant ? Comment expliquer ? Car si cela est long c’est aussi parce que, de fait, il y a un désir d’avoir un bébé qui vous ressemble, qui a votre sang. Mais finalement, les mères qui n’ont pas porté l’enfant acceptent de ne pas avoir de liens avec lui. Parce qu’elles l’ont désiré. On a même rencontré des mères porteuses qui ont gardé une place dans la famille. Mais une chose est sûre : il ne faut pas minimiser la souffrance des couples qui ne peuvent pas avoir d’enfant. »

Mathieu Nocent : « Avant, c’était des couples hétéros qui avaient recours à la GPA. Aujourd’hui ce sont plutôt des couples gays ou lesbiens. Les gays se tournent de plus en plus vers cette solution-là car c’est compliqué d’avoir un enfant pour eux. Souvent, ils se disent : « je suis homosexuel donc je ne peux pas être parent ». La GPA questionne énormément le lien génétique. Mais aussi le lien de maternité. Du côté des mères porteuses, c’est très difficile de faire une généralité sur comment elles se sentent après la grossesse. Il y a cependant toujours un besoin de reconnaissance, financière ou un simple geste de remerciement. Personnellement je ne crois pas aux gestes altruistes purs et durs. »


A RETENIR

La GPA continue de questionner en France, même si une récente étude du Nouvel Obs montre que 55% des Français seraient pour la légalisation de la GPA, pour les couples aussi bien hétérosexuels qu’homosexuels. D’autres méthodes alternatives sont également en cours de développement. En Suède par exemple, quelques enfants sont déjà nés d’une greffe d’utérus.


Manon Brethonnet