Trois acteurs de la presse professionnelle livrent leur vision du métier et son avenir. Photo : Malvina Raud

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Un journalisme utile qui accompagne mon métier ».

Animé par Gilles Bruno, créateur et rédacteur en chef de L’Observatoire des Médias. Avec Nadia Beneteau, rédactrice en chef de l’Aurore Paysanne ; Jean-Christophe Raveau, président-directeur général de Pyc édition ; Alain Trebucq, PDG – directeur des publications, Global Média Santé.

LES ENJEUX

La presse professionnelle est un secteur spécifique du journalisme. Les titres sont très spécialisés et destinés à des secteurs professionnels distincts. L’objectif pour les titres est d’apporter une information précise tant sur le plan technique que juridique. Aujourd’hui, ils cherchent aussi à se renouveler et à se diversifier pour être rentables.

CE QU’ILS ONT DIT

Nadia Beneteau : « On est là pour les aider à décrypter la législation, les orienter vers les bons interlocuteurs. On est un facteur de lien sur un territoire. C’est une presse où on se donne le temps d’aller sur le terrain. Une de nos journalistes m’a dit récemment : « C’est la première fois que j’ai assisté à une mise bas.» On assiste à des belles choses, des rencontres. On se déplace beaucoup chez nos lecteurs, ils n’ont pas cette image du journaliste intrusif qui va dénaturer leurs propos. Pour aller chercher nos lecteurs et des abonnés on va sur les salons, on essaie d’inciter les gens à lire, on utilise Facebook. Quand on va à un reportage, on accompagne le papier d’une vidéo sur le web. On a fait une enquête sur Internet avec nos lecteurs qui prouve qu’ils restent attachés au papier. Notre journal est lu par plusieurs membres de la famille. Les vidéos qui sont les plus vues sont celles qui montrent la technicité des machines. Notre mission, ce n’est pas de vulgariser le métier. Nos lecteurs connaissent le métier, on leur apporte un plus technique. »

Jean-Christophe Raveau : « Je suis aussi élu à la tête du Syndicat de la presse professionnelle. La Fédération nationale de la presse spécialisée (FNPS), c’est 5 000 journalistes et 13 000 supports. Le journaliste professionnel a eu une caractéristique importante : il est très proche de ses sources d’information puisqu’il est en immersion dans le secteur d’activité qu’il traite. La proximité est une bonne chose puisqu’elle permet la diversité des sources et de mieux comprendre les problématiques. Mais parmi ces sources, un certain nombre finance le support tout en étant acteurs de l’information. Il faut donc savoir gérer ce type d’information. La question de la déontologie est très présente. C’est compliqué d’être totalement indépendant mais c’est quelque chose vers lequel il faut tendre. Les lecteurs à qui nous nous adressons connaissent mieux que nous les sujets que nous traitons. Pour disposer d’une crédibilité, on n’a pas le droit à l’erreur. »

Alain Trebucq : « La presse médicale est composée de deux pôles : information et formation. La santé, c’est deux millions d’acteurs professionnels, chaque métier de la santé a au moins une publication médicale. Un de nos gros postes de dépense, ce sont les tarifs postaux. Il y a eu une inflation phénoménale sur les dernières années. On organise aussi les Journées nationales de la médecine générale pour que les professionnels et nos lecteurs, se rencontrent. Un médecin ne peut pas se contenter de bien connaître la médecine, il doit être un manager de son offre de santé. La presse professionnelle est au cœur de la pédagogie, on produit un fil d’actualité sur le web. La dimension communautaire est aussi très importante pour partager les expériences. »

À RETENIR

Chaque publication a sa spécificité et son public mais les invités se rejoignent sur le besoin d’investir les réseaux sociaux et de développer les vidéos pour attirer les jeunes professionnels notamment. Certains d’entre eux évoquent même le recours à l’événementiel comme nouvelle source de revenus.

 

Emma Gouaille