Retrouvez l’essentiel de la conférence « COP21, quel bilan éditorial trois mois après ? ».

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De gauche à droite : Emile Palmantier, Anne-Sophie Novel, Geneviève De Lacour, Catherine Guilyardi et Jean-Baptiste Comby. (Photo : Victorine Gay)

Avec Jean-Baptiste Comby (maître de conférences à l’Institut français de presse de l’université Paris 2), Catherine Guilyardi (journaliste, réalisatrice de documentaires pour la BBC et France Culture, auteure du livre Que feriez-vous si vous saviez ? aux éditions Le Pommier), Anne-Sophie Novel (Place To B), Emile Palmantier (Radio Campus France). Animé par Geneviève De Lacour (Association des journalistes environnementaux)

LES ENJEUX

La COP 21 a réuni plus 150 chefs d’États, 3 000 journalistes accrédités et 20 000 visiteurs. Après un tel événement, l’heure est au bilan éditorial. Comment les journalistes ont-ils couvert l’événement ? Comment ont-ils vulgarisé les questions liées à l’environnement ? Mais au-delà de la COP, la situation des journalistes environnementaux reste compliquée. Depuis 2010, dix journalistes ont par exemple été tués car ils enquêtaient sur des questions environnementales. Quel rôle les journalistes environnementaux jouent-ils aujourd’hui ?

CE QU’ILS ONT DIT

Catherine Guilyardi : « Aujourd’hui, il ne faut pas parler de climatosceptiques mais de négateurs. On ne peut pas les appeler autrement, car le dérèglement climatique ne peut pas être remis en cause. Si les médias utilisaient ce terme, on n’aurait pas donné leur légitimité à ces climatosceptiques. Aujourd’hui, les médias généralistes sont encore attirés par eux car ils apportent des débats. On le voit avec Philippe Verdier, qui a été invité sur des grands médias. Ces médias le font car ils ne savent pas comment couvrir ces sujets. Les médias généralistes ont perdu la bataille de la compréhension et de la transmission sur les questions climatiques. La bataille se passe ailleurs. »

Emile Palmantier : « A Radio Campus, nous voulions traiter de la COP21 autrement. Nos 28 radios travaillaient ensemble. L’idée, c’était d’avoir une approche citoyenne et pas politique pour éviter les clivages. Pour couvrir un tel événement, on a donc développé la radio augmentée : des images et vidéos en plus de nos deux heures de direct chaque jour, en essayant de faire converger notre action autour du web. »

Jean-Baptiste Comby : « Trois mois après la COP21, c’est très peu pour parler de bilan éditorial. Le bilan viendra. Malgré tout, on peut dire des choses. On a par exemple beaucoup parlé des solutions économiques, et on a laissé les solutions civiles. Il y a eu une financiarisation de la médiatisation de la COP. Toutes les solutions portées par la société civile, qui interrogent les façons de vivre ensemble, d’aménager les villes, les manières idéologiques d’interroger le climat, toutes ces questions ont été très peu relayées par les médias.On parle aussi beaucoup de solutions technologiques, comme la climate-smart agriculture. Des choses très compliquées, très techniques : cela pose des questions sur la démocratie du débat. »

Jean-Baptiste Comby : « Ce qui a été différent à la COP21 par rapport au sommet de Copenhague, c’est que les journalistes ont eu une créativité inédite, avec des façons d’apporter de l’information plus riche grâce au web. Mais aujourd’hui, les journalistes généralistes se sentent encore seuls lorsqu’il faut traiter des questions environnementales. On leur dit qu’ils en font trop. Ce sont encore des sujets plus difficiles à défendre au sein des rédactions. »

À RETENIR

Le bilan éditorial de la COP21 est encore à déterminer. Plusieurs sociologues travaillent sur le sujet pour collecter des donnés exploitables pour les chercheurs et les journalistes. Mais il y a une grande tendance : les médias généralistes ont abordé la question sous l’angle de la finance et de la technologie, en omettant les initiatives citoyennes. Ces questions ont tout de même été abordées par des médias comme Terra eco ou Mediapart. De façon générale, les journalistes environnementaux sont de moins en moins nombreux. Il y a moins de moyens dans les rédactions, donc moins d’experts scientifiques. Les questions liées à l’environnement ne sont pas la priorité pour la plupart des rédactions, ces sujets restent encore difficiles à défendre.

Camille CHARPENTIER