Retrouvez l’essentiel de la conférence « Journalisme, terrorisme, état d’urgence »

terrorismePhoto : Victorine Gay

Avec Christophe Deloire, secrétaire général RSF, Franck Johannès, rédacteur en chef Le Monde, Lucas Menget, rédacteur en chef Reportage et Me Document, Éric Valmir, chef du service reportage France Inter et Albéric De Gouville, rédacteur en chef France 24.

LES ENJEUX

Depuis les attentats du mois de janvier, le climat de tension et d’inquiétude lié au terrorisme fait peser une responsabilité particulière sur les journalistes et les rédactions en chef. Informer toujours, mais sans jouer sur les peurs ni surjouer les émotions. Informer simplement sans faire le jeu des terroristes. Que s’autorise-t-on à dire ? Comment articuler immédiateté et véracité de l’information ? Quelles leçons tirés du mois de novembre ?

CE QU’ILS ONT DIT

Christophe Deloire : « Les journalistes sont pris en étau entre d’une part les terroristes et la mondialisation de la
violence. Et d’ autre part les États, qui peuvent instrumentaliser le terrorisme pour porter atteinte à la liberté d’information.
»

Franck Johannès : « Nous sommes très régulièrement en froid avec le ministère de la Justice, de l’Intérieur. Sauf qu’eux passent et nous on reste. » « Nos libertés fondamentales s’amenuisent de jour en jour sous prétexte de terrorisme. Et c’est grave. »

Lucas Menget : « À la suite du mois de janvier, on a eu le temps de réfléchir un peu. On a fait une auto-critique générale. Si bien que le 13 novembre, nous étions aguerris à ce genre d’événements. Notamment pour la vérification des informations. »

Éric Valmir : « Daech, souhaite éprouver, fatiguer les journalistes et créer un climat d’anxiété. Le piège : ajouter de l’horreur à l’horreur. C’est une perche tendue aux journalistes, qu’il ne faut pas saisir. » « A minuit le soir du 13 novembre, tous les journalistes souhaitaient venir travailler. Mais comment fait-on le lendemain à 8h ? Il faut penser à rester lucide, reposé et faire des rotations. C’est indispensable pour traiter le chaud avec distance. »

Albéric De Gouville : « Dans la nuit du 13 au 14 novembre, je défie toute personne dans la salle de dire qu’il a vu un reportage sur les tortues du Galapagos et que ça lui a plu. Ce soir-là, c’était impossible de parler d’autre chose. »

CE QU’IL FAUT RETENIR

Le journalisme doit nager entre deux eaux. D’un côté, il doit œuvrer à ne pas faire le jeu du terrorisme, enjeu d’autant plus fort que l’état Islamique dispose d’un appareil de propagande très développé. Il doit s’évertuer également à ne pas rentrer dans le jeu de la politique. Ne pas entrer en guerre contre le terrorisme donc, mais rester objectif pour informer avec sagacité.

Victorine Gay