Retrouvez l’essentiel de la conférence « La langue française : respect ! Un impératif pour les journalistes »

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De gauche à droite : Patrice Gélinet, Romain Hugon, Gérard Bardy, Aurore Vincenti, Jean-Pierre Colignon, Philippe Tallois. Photo : Victorine Gay

Avec Jean-Pierre Colignon (journaliste, ancien correcteur au Monde, enseignant en école de journalisme), Patrice Gélinet (membre du CSA, en charge de la langue française et de la francophonie, de l’outre-mer et de la radio), Aurore Vincenti (linguiste, intervenante dans l’émission Agora, France Inter), Gérard Bardy (secrétaire général de l’Union internationale de la Presse Francophone section France) et Philippe Tallois (Union des clubs de la presse de France et francophones). Animé par Romain Hugon (journaliste, délégué de l’Union des Clubs de la Presse).

LES ENJEUX

L’usage de la langue française est trop restreint. Les médias, notamment, emploient trop souvent les mêmes expressions. Bien maîtriser la langue permet d’être précis avec son public alors que l’abus d’anglicismes et les approximations apparaissent comme un danger pour la langue française et son orthographe.

CE QU’ILS ONT DIT

Jean-Pierre Colignon : « La pseudo réforme de l’orthographe a été demandée par un groupuscule de 1 200 enseignants sur les 700 000 que compte la France. On fait des rectifications qui introduisent de nouvelles règles qui introduisent elles-mêmes de nouvelles exceptions. »

Patrice Gélinet : « La réforme de l’orthographe ne doit pas être diabolisée. Elle est le signe de l’évolution du français, qui comme toute langue vivante se doit de s’adapter au monde moderne. »

Aurore Vincenti : « L’intelligibilité de l’information passe aussi par la mise en mots. Or, le manque d’intelligibilité, dans les paroles des hommes politiques notamment, est à l’origine de l’abstention. Mais les journalistes sont également responsables, puisque c’est leur rôle de déconstruire les discours trop construits des politiques pour les rendre compréhensibles. »

Gérard Bardy : « La langue française est l’une des plus belles et des plus riches du monde. Il ne faut pas se limiter à l’utilisation de 600 mots du vocabulaire courant quand il y en a tellement d’autres qui conviendraient mieux. »

Philippe Tallois : « Le français subit de trop nombreuses atteintes, véhiculées par les médias eux-mêmes. Le rôle du journaliste est d’utiliser un vocabulaire simple mais correct. »

Romain Huchon : « Le travail du journaliste ne vaut rien sans respect de la langue française. »

CE QU’IL FAUT RETENIR

Les médias doivent veiller à leur orthographe et aux mots qu’ils emploient ; c’est leur rôle de passeurs de l’information, dont dépend la compréhension du public. Tous les anglicismes ne sont pas à jeter. Ainsi, on ne va pas parler de « balle au pied » quand on joue au football. Mais beaucoup de médias emploient des mots anglais alors que le français conviendrait tout aussi bien ; on peut ainsi penser au « live » qui remplace souvent le direct.

La langue est un facteur de cohésion sociale. Un pays qui perd sa langue perd sa cohésion, le mythe de la légende de Babel l’illustre bien.

Sara GUILLAUME