Retrouvez l’essentiel de la conférence « Quatre chaînes d’info, est-ce trop ? » 

La conférence sur les quatre chaînes d'information était le grand débat du jour des Assises du Journalisme. (Crédit photo: Paul Véronique)

La conférence sur les quatre chaînes d’information était le grand débat du jour des Assises du Journalisme. (Photo : Paul Véronique)

Avec Hervé Béroud (directeur de la rédaction BFMTV), Nicolas Charbonneau (directeur adjoint de l’information TF1/LCI) et Germain Dagognet (directeur délégué à l’information, chargé du projet de chaîne d’information France Télévisions) et Guillaume Zeller (directeur de la rédaction, iTELE). Animé par Laurence Benhamou (chef du service Médias, AFP).

ENJEUX 

L’annonce de la création d’une chaîne d’information du service public par France Télévisions en septembre prochain ainsi que l’arrivée de LCI sur la TNT viennent bousculer l’équilibre économique déjà établi par les deux leaders de l’info en continu BFMTV et iTELE. Y-a t-il assez de place pour l’existence de quatre chaînes d’information en France ? Comment se différencier et proposer de nouvelles lignes éditoriales ? Le débat est ouvert.

CE QU’ILS ONT DIT

Hervé Béroud : « Pour nous à BFMTV, le problème majeur que pose l’apparition de deux nouvelles chaînes d’info est l’audience. Actuellement, la part de marché des chaînes d’info stagne autour de 3 points. On va peut être gagner 0,5 point avec la concurrence. Mais cela ne va pas suffire. Les audiences de LCI ne croiront pas et les nôtres baisseront. Du côté de France Télévisions, l’absence de publicité sera un atout indéniable pour la chaîne du service public. A chaque fois que nous tournerons une page de pub, les téléspectateurs pourront par exemple changer de chaîne. Nous ne pouvons pas vivre sans les pubs. Et une baisse d’audiences entraînerait une baisse des revenus publicitaires et du même coup de notre chiffre d’affaires. Il faudra nécessairement revoir nos moyens d’information à la baisse, ce qui serait dommageable pour la qualité de l’information.  »

Nicolas Charbonneau : « Je ne veux pas faire la course. Je pense qu’il y a de la place pour les quatre chaînes. Aujourd’hui, il y a un réel appétit d’informations chez les gens. L’information est de plus en plus large. La politique, l’économie et l’actualité internationale ne suffisent plus. Plus nous proposerons une info différente, captivante et riche, plus les gens nous regarderons. Notre objectif n’est pas de faire la même chose que BFMTV et ITELE. Le CSA nous impose de faire seulement 30% de JT. Le reste, nous le consacrerons à des magazines d’information. Il faut proposer de nouveaux centre d’intérêts aux gens et la part du gâteau sera plus importante. »

Germain Dagognet: « La France est le seul pays en Europe qui ne dispose pas de chaîne de service public d’information. Notre but n’est pas de faire de l’ombre aux trois autres chaînes. Des approches différentes ne peuvent être que bénéfiques. Nous souhaitons proposer une nouvelle offre. Pas forcément une chaîne d’information en continu. A l’heure du virage numérique, nous visons principalement tout ce qui est smartphone et tablettes. La TNT n’est qu’un accessoire pour se donner une certaine force de notoriété au départ. Notre objectif est d’apporter une nouvelle ligne éditoriale qui se différencie de la simple sphère de l’information en continu diffusée de manière linéaire. Nous voulons apporter plus de pédagogie, de décryptage et d’analyse plutôt que de jouer sur les émotions et les sensations. Notre projet est ambitieux dans un laps de temps cours mais c’est comme ça que l’on réussit le mieux.  »

Guillaume Zeller: « D’un point de vue éditorial, c’est réjouissant de voir l’offre des chaînes d’information s’étoffer. Mais de facto, nous sommes une entreprise de presse qui fonctionne selon une logique d’audience. Ainsi, l’arrivée de ces deux nouvelles chaînes est un motif de préoccupation supplémentaire. »

CE QU’IL FAUT RETENIR

« Nous ne devons pas être les uns contre les autres mais les uns avec les autres pour faire progresser la diversité des chaînes d’info en continu », a assuré Nicolas Charbonneau. Pour que le modèle économique de ces quatre chaînes d’information perdure, elles n’ont aucun intérêt à se marcher sur les pieds et à adopter la même ligne éditoriale.

Thibaut ALRIVIE