Retrouvez l’essentiel de la conférence « Quel est le prix de l’info sportive ? »

Vincent Duluc a été actif pendant le débat.

Vincent Duluc a été actif pendant le débat.

Avec Vincent Duluc (journaliste à L’Equipe), Florent Gautreau (journaliste RMC info), Didier Lauras (chef du département sport de l’AFP), Jean-Marc Michel (président de l’Union des journalistes de sport en France) et Karim Souanef (sociologue). Conférence animée par Eric Lagneau, journaliste sportif de l’AFP et sociologue des médias.

ENJEUX

Dans quelle mesure le droit à l’information sportive est-il menacé? Comment le journaliste sportif peut-il exercer son métier face à la guerre des droits des événements sportifs ? La question du hiatus entre journaliste et promoteur d’événements se pose aussi.

CE QU’ILS ONT DIT

Vincent Duluc : « Il y a eu un basculement sur l’accès à l’information sportive. Dans la presse écrite, on est en difficulté car on est moins bien considérés que les télévisions détentrices de droit. On ramasse donc les miettes. Et puis, avant, la presse écrite était la seule à avoir un esprit critique sur les rencontres sportives alors que les télévisions hésitaient à avoir ce regard très journalistique. Aujourd’hui, la télévision a perdu cette appréhension. »

Florent Gautreau : « J’ai souvent été dans des chaînes qui n’avaient pas les droits, quand j’étais à France Télévision notamment. Or avoir les droits permet une liberté de tournage radicalement différente. De plus, une chaîne qui ne les a pas obtient uniquement le droit de diffuser des extraits, seulement 90 secondes en incrustant le détenteur des droits. Ces contraintes sont réelles, il y a un déficit de temps pour traiter l’information. Pour ce faire, il faut donc faire preuve d’originalité, avec des reportages d’ambiance, sur d’anciens joueurs ou des plateaux…  »

Didier Lauras : « A l’AFP, on s’en sort grâce aux conférences d’avant et d’après-match. Comme pour l’Equipe, on s’appuie sur les détenteurs de droits pour reprendre la réaction des joueurs. La question est la suivante : combien de temps va-t-on pouvoir continuer sans payer pour obtenir des droits? »

Jean-Marc Michel : « On a alerté les instances internationales de l’information sportive pour conserver des accès faciles aux événements, car il y a un véritable danger. En France, heureusement, les journalistes de sport peuvent encore exercer leur métier librement. »

Karim Souanef : « Le journalisme sportif compte à deux niveau : économique mais aussi social avec une information hautement politique. Les questions de droits de diffusion ou d’accès ne sont pas nouvelles dans le sport, les organisateurs ont toujours entravé l’accès aux journalistes, trop souvent critiques pour eux. »

CE QU’IL FAUT RETENIR

Aucune femme autour de la table de cette conférence, dans un univers qui reste un monde d’hommes. Outre ce constat, peut-être dû au hasard, les invités se sont inquiétés de la suprématie grandissante des détenteurs de droits. Ces droits pourraient-ils aussi s’étendre à la presse écrite ? Mais cette difficulté à accéder à l’information sportive n’est pas récente. Il fut un temps où les clubs refusaient la diffusion des matchs dans leur région car cela vidait les stades. Ce n’est donc pas une problématique nouvelle, mais une difficulté qui se transforme.