Démocratie smartphone. Le populisme numérique de Trump à Macron

Retrouvez l’essentiel de la rencontre avec Didier Desormeaux, auteur du livre Le Complotisme: décrypter et agir, et Francis Brochet, auteur de Démocratie smartphone. Le populisme numérique, de Trump à Macron.

Animé par David MEDIONI, fondateur et rédacteur en chef d’Ernest Mag.

LES ENJEUX

Avec l’arrivée du smartphone, les individus, à la fois citoyens et consommateurs, ont le pouvoir d’accéder au contenu comme bon leur semble. De l’autre côté, les institutions politiques, sociales ou économiques peuvent entrer en contact avec leur public au moment qu’elles souhaitent. Les deux peuvent se passer du journaliste, qui doit désormais démontrer son utilité.

CE QU’ILS ONT DIT

Francis Brochet : « Le populisme n’est pas une idéologie. C’est aujourd’hui un mot tiroir utilisé à tort et à travers. Pour moi, il s’agit de casser les intermédiaires, de tenir un discours de rupture, radical pour promouvoir des leaders charismatiques. Aujourd’hui, le smartphone est l’instrument parfait pour ce populisme. Si on existait plus, cela n’empêcherait pas les publics et les pouvoirs de discuter.
Aujourd’hui en tant que consommateur, nous sommes rois. Les sociétés sont en permanence en train de nous ausculter et d’écouter ce que l’on veut. Nous pouvons satisfaire nos besoins comme on veut. En politique, c’est pareil. Il n’y a pas une idéologie à droite ou à gauche, mais une myriade de doctrines. Chacun a sa propre doctrine, à laquelle on croit et le défi aujourd’hui est de les faire cohabiter. »

Didier Desormeaux : «  Le complotisme n’est pas né il y a 10 ans. Il remonte à plusieurs siècles mais aujourd’hui, avec la technologie, on doit faire face à des outils qui donnent une surpuissance aux théories. Avec les smartphones, on est à même d’être producteur d’un sens complotiste. Même si vous argumentez calmement contre une théorie du complot, il faut quand même énoncer un autre discours qui n’aura pas des effets immédiats, mais sûrement dans six mois ou un an. Il faut donner des pistes de réflexion qui vont rester dans les esprits. Aujourd’hui, nous sommes démunis techniquement face aux théories du complot. Quand on mettra en place des lois qui vont cadrer les réseaux où sont diffusées les théories complotistes, ces-dernières vont être encore plus grosses. Les sites vont d’ailleurs confirmer leurs théories déjà établies en disant :  » Regardez, ils nous censurent. » Le jour où le problème sera cadré, ça va les booster. »

 

 A RETENIR

Le smartphone est devenu un outil puissant, avec beaucoup de pouvoir. Il permet aux individus de trouver seuls l’information qu’ils veulent, sans passer par la presse et remettent ainsi en cause l’utilité du journalisme. Les individus sont aujourd’hui dans une situation de défiance envers les institutions et veulent atteindre par leurs propres moyens la réponse qu’ils souhaitent. Ils sont également guidés par les chiffres et ont tendance à mettre de côté un raisonnement rationnel pour différencier le vrai du faux.

François Breton