Facebook a assurément accéléré le processus de démocratie en Tunisie. Désormais, les locaux sont moins craintifs, et n’hésitent plus à faire valoir leurs libertés.

Depuis la révolution de Jasmin en 2011, le peuple tunisien a décidé de participer de lui-même à l’information. Pour cela, Facebook s’est révélé être leur meilleur allié possible. Et aujourd’hui encore, le réseau social reste incontournable dans la société.

La Tunisie est le deuxième plus grand pays africain utilisateur de Facebook. Avec plus de 55% de la population connectée au réseau social et 6,5 millions d’utilisateurs (selon Medianet Labs), la plateforme est aujourd’hui incontournable dans le quotidien des Tunisiens. Pourtant, quelques mois après la révolution en 2012, ce chiffre plafonnait à seulement 3 millions d’utilisateurs. Comment expliquer alors l’évolution exponentielle des utilisateurs depuis 2012 ? Pour Fatma Star, blogueuse et étudiante au lycée Pierre-Mendès-France au moment des événements de janvier 2011, « la plateforme a permis aux Tunisiens de faire grandir leurs libertés ».

Aujourd’hui encore, beaucoup l’assurent : les manifestations de 2011 n’auraient sans doute pas eu la même ampleur sans les médias sociaux. « Ils ont aidé à mobiliser les foules, à les pousser à surmonter leurs peurs », déclare Mokhtar Ben Henda, maître de conférence en technique de l’information et de la communication spécialisé sur le monde arabe. Romain Lecomte, docteur en sciences politiques et sociales à Liège, souligne lui aussi l’importance qu’a pu avoir Internet, et Facebook en particulier, lors de ces mois de révolte. « La plateforme a été très largement utilisée en Tunisie, pour contrer la censure du gouvernement et la propagande des anciens médias », décrypte-t-il.

« Le média tunisien le plus consulté, c’est Facebook »

Mais pour les Tunisiens, le succès du mouvement en 2011 n’a pas freiné l’élan pour autant. Au sortir de la période de révolution, le peuple n’a pas arrêté de faire valoir ce qu’il avait à revendiquer, là encore par la voie des réseaux sociaux. «  Les Tunisiens aiment beaucoup l’interaction. Les réseaux sociaux offrent cette possibilité de commenter, de discuter et de débattre autour de l’actualité, et c’est pour cela que le nombre d’utilisateurs grandit encore », assure Souhaieb Khayati, de Reporters sans Frontières.

Sept ans plus tard, le pays est donc l’un des plus influents d’Afrique sur les réseaux sociaux, et les médias se doivent de s’adapter à ce public particulier. Larbi Chouikha, professeur à l’Institut de presse et des sciences de l’information, en est conscient. « Aujourd’hui, le média tunisien le plus consulté, c’est Facebook et de loin. Les médias traditionnels n’ont donc pas la même manière d’écrire qu’il y’a huit ans, et le partage des articles sur les réseaux sociaux devient très important dans le processus d’écriture. » Sept ans après la chute de Ben Ali, les Tunisiens sont donc plus actifs que jamais sur les réseaux sociaux. Preuve que la démocratie doit beaucoup à ces nouveaux médias.

Hugo Girard