Pepiang Toufdy a installé le local de « La Fabrique d’Images citoyenne » dans le centre historique de Tours pour « faire sortir les jeunes des quartiers » Photo : Baptiste Villermet / EPJT

Pepiang Toufdy, cinéaste engagé, guide les jeunes des quartiers prioritaires vers l’expression narrative. Avec sensibilité, il forme une nouvelle génération à l’éducation aux médias à travers des projets comme Wanted TV. Son héritage, façonné par un parcours international, ouvre de nouveaux horizons cinématographiques.

Dans le monde du cinéma et de la réalisation, Pepiang Toufdy se tient comme un phare, guidant les jeunes des quartiers prioritaires vers la lumière de la narration. Sa silhouette, forgée par une sensibilité exacerbée aux récits humains, se dresse avec opiniâtreté et détermination. Tel un maestro, il dirige son orchestre d’idées et d’initiatives pour faire résonner la voix de jeunes qui ne se sentent pas toujours écoutés. « Les images diffusées à la télévision ne reflètent pas la réalité de ce qu’ils vivent », explique-t-il, conscient des ombres qui voilent le quotidien de ces habitants dans la presse traditionnelle. Sa critique reste nuancée, respectueuse du travail journalistique, mais il pointe les lacunes de la représentation médiatique de ces réalités.

 

À la tête de l’association Prod’Cité, il érige un pont entre les mondes, offrant aux jeunes la possibilité de s’approprier la caméra pour raconter leurs histoires. Dans ce laboratoire d’expression nommé La Fabrique des Images citoyenne, il forme les jeunes à l’éducation aux médias. Grâce à l’émission Wanted TV, en collaboration avec TV Tours et diffusée deux fois par an, les jeunes sélectionnés travaillent la maitrise de l’image et du journalisme. Pour Sébastien Brangé, journaliste indépendant et réalisateur, formateur à Wanted TV, « Pepiang veut favoriser l’accès aux médias. Il est très pédagogue et sait guider les jeunes puisqu’il connait bien ces quartiers ».

 

Une persévérance payante

Tenace et volontaire, Pepiang est à l’initiative de plusieurs projets qui se succèdent en France et ailleurs. Né à N’Djamena, capitale du Tchad, en 1988, il est resté très attaché à son pays d’origine, quitté à 15 ans pour aller étudier en France. Un an plus tard, il tombe amoureux du cinéma en participant à des ateliers à l’éducation audiovisuelle portés par Sans canal Fixe. Ses premiers pas sont une révélation. Lettres de l’étranger, son premier court-métrage, est un message d’amour à sa mère, un témoignage poignant de son arrivée en France. En 2013, son premier long métrage, Esclavage moderne de Fatou, a donné voix aux silences oppressants de l’injustice. Récompensé au festival Écrans Noirs au Cameroun, il a gravé son nom dans les annales du cinéma africain.

 

Pepiang ne s’est pas arrêté là. Il a érigé un temple dédié au septième art, avec le festival Toumaï Film International. Cette détermination lui a été transmise par des professionnels durant sa formation. Une formation qui l’a mené jusqu’en Chine, à la Beijing Film Academy. Il y a appris un nouvel aspect de l’écriture cinématographique et de la nécessité de faire du social dans son travail. Nicolas Sourisce, ancien directeur de l’EPJT, a été amené à collaborer avec Wanted TV et estime que « Pepiang est avant tout tourné vers l’aspect sociologique du documentaire.»

 

Camille Amara-Bettati