[LE RESUME] « Quels changements pour une politique de l’EMI tout au long de la vie ? »

Retrouvez l’essentiel de l’évènement « Quels changements pour une politique de l’EMI tout au long de la vie ? » 

De gauche à droite : Julie JOLY, directrice L’Obs et secrétaire de l’APEM, Nathalie Sonnac, présidente du COP CLEMI, professeure, Violette SPILLEBOUT, députée de la 9e circonscription du Nord, Tarik TOUAHRIA, président de la Fédération des centres sociaux et animé par Christine MONCLA, déléguée EMI à Radio France. Photo : Tom Demars-Granja/EPJT

Présentation de l’étude « Information : 50 nuances de défiance. Les Français face à la désinformation »,
par Laurence DE NERVAUX, directrice de Destin commun.

Avec Violette SPILLEBOUT, députée de la 9e circonscription du Nord, Nathalie SONNAC, présidente du COP CLEMI, Divina FRAU-MEIGS, professeure-chercheuse, Savoir-Devenir, Tarik TOUAHRIA, président de la Fédération des centres sociaux, Sandra LAFFONT, présidente et cofondatrice d’Entre les Lignes, Julie JOLY, directrice L’Obs et secrétaire de l’APEM.

Animé par Christine MONCLA, déléguée EMI à Radio France.

 

 

Les enjeux

La conférence était l’occasion de tirer les conclusions et prendre connaissance des propositions du rapport parlementaire “Mission « flash » sur l’éducation critique aux médias” des députés Philippe Ballard et Violette Spillebout. L’enjeu est de démocratiser l’EMI au niveau national et aussi au niveau local en prenant en compte les spécificiés de chaque territoire. Il a été évoqué l’ambition de motiver les partenaires, tant publics que privés, pour financer l’EMI car l’information est “un bien commun”. L’objectif de la conférence était également d’entendre les critiques et les retours du terrain des différents acteurs présents dans la salle.

Ce qu’ils ont dit

Laurence De Nervaux : « Deux tiers des Français trouvent que les contenus extrêmes prennent trop de place. »

« En moyenne, un Français sur quatre fait confiance aux journalistes. »

« Plus d’un Français sur quatre n’écoute pas les informations car elles sont trop négatives. »

Violette Spillebout : ​ « Face à tout ce qui arrive, le plus important, c’est l’éducation. Nous aurons peut-être les moyens de renforcer l’éducation pour tous. Aurons-nous les moyens de combattre les ingérences, tout ce qu’on voit dans le numérique ? C’est moins certain. »

« Peut-être l’erreur a été de se concentrer sur le numérique dans l’éducation nationale et la culture. C’est un sujet qui concerne la citoyenneté, la jeunesse, la justice, c’est un sujet interministériel. On a un socle commun, ce qui réduit les inégalités. […] On a vu beaucoup choses liées à la bonne volonté, mais très peu de moyens. Je pense qu’il y a quand même une question de déperdition de l’argent public qui mérite d’être regardée. »

« Beaucoup d’éducateurs sont bénévoles, d’autres sont rémunérés. La mise en place d’un tarif règlementé, c’est une opportunité pour lutter contre la précarité du métier. »

« Les professeurs documentalistes s’en occupent, mais ce n’est pas reconnu de façon régulière. Pour moi, chacune des propositions du rapport mérite un groupe de travail composé des sphères publiques et privées. Chaque sujet est un chantier à mener. »

Nathalie Sonnac : « La façon dont on régulait les médias auparavant ne correspond pas à l’espace public numérique d’aujourd’hui. »

« La crise sanitaire a transformé les usages informationnels et mis le numérique sur le devant de la scène pour les plus jeunes ». « Je pense que la technologie doit demeurer un outil. »

 « L’école ne peut pas tout, elle doit se réintégrer avec des acteurs de la société civile. Les professeurs-documentalistes sont des acteurs centraux de l’EMI, mais l’éducation nationale ne leur a peut être pas donné une reconnaissance suffisamment importante. »

Divina Frau-Meigs : « Les compétences de l’EMI : comprendre, critiquer, créer. […] Cette dimension créative est en train de passer à la trappe. »

« On a besoin de l’école, c’est pour ça que je préconise une matière à part entière, pour que ce soit pratiqué, pas juste pensé. »

« Les personnes qui amplifient la désinformation sont des seniors écartés de l’enseignement depuis trente ou quarante ans. Comment on atteint ces seniors qui sont sur des médias traditionnels ? »

Tarik Touahria : ​ « Dans les actions qu’on porte dans les centres sociaux, le « faire » est bien souvent avec les médias associatifs, boîtes radio, outils en ligne… »

« Si on donne aux acteurs de l’EMI les moyens de travailler, ils feront du bon travail. »

« Tous les ans, il faut aller chercher de l’argent, répondre à des appels à projets, faire des bilans intermédiaires… »

« Il ne faut pas opposer ascendants et descendants […] Il faut créer des agents de coopération territoriale autour de la question de l’information, idem pour l’écologie, le numérique… »

Sandra Laffont : « On nous demande beaucoup d’intervenir sur la désinformation. Mais notre obejctif premier, c’est de donner le goût de l’info, pas d’avoir une approche anxiogène de l’info. Il faut ouvrir les jeunes sur le monde. »

« Nos bénévoles font ça dans un engagement citoyen. On peut se le permettre, car nous avons des CDI à côté. C’est plus compliqué pour les pigistes, car intervenir en classe, c’est renoncer à une pige. Je pense qu’il faut prioriser les moyens sur les interventions en classe. »

Julie Joly : « Il faut qu’on se rende compte que devant cette urgence info, si on reste rivés sur nos écrans, on va se faire avoir, on aura perdu notre capacité à penser seuls. Pour cela, il faut des moyens. Les médias doivent avoir les moyens d’intervenir, de toucher les jeunes, mais ces moyens sont considérables. »

« Pour parler à des jeunes, il faut des jeunes. »

À retenir

Les membres de la table ronde sont favorables à la mise en place de mesures permettant un meilleur rayonnement de l’EMI au niveau national mais aussi au niveau local. Par exemple, tous souhaitaient une meilleure reconnaissance du travail des professeurs-documentalistes. Toutefois, les avis divergent parfois sur la méthode à appliquer : faut-il mettre les journalistes au cœur de l’EMI au vu de la défiance vis-à-vis de ces derniers ? Doit-on donner une place plus importante aux acteurs des collectivités territoriales, qui connaissent déjà les publics et peuvent se révéler des partenaires clés ? Une chose est sûre, une meilleure coopération entre acteurs publics et privés est nécessaire.

Jane Coville (EPJT) Roméo Marmin (EPJT)

 

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[EN PLATEAU] Élodie Gautier, du Clemi

Élodie Gautier est coordinatrice du Clemi (Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information) pour l’académie de Créteil. Invitée des Assises du journalisme, elle nous explique le rôle de cette organisation et ses objectifs.

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