[RÉSUMÉ] « Atelier Histoire « Belle Époque » : Quand les médias diffusent le goût de l’info »

Retrouvez l’essentiel de l’atelier histoire « « Belle Époque » : Quand Les Médias Diffusent Le Goût De L’Info »

Lisa Bolz, chercheuse en SIC au GRIPIC-CELSA, Claire Blandin, professeur des universités LabSIC/Univ Paris 13, et Arthur Asseraf, maître de conférences à l’Université de Cambridge (en visio) Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Arthur ASSERAF, historien à l’université de Cambridge,
Lisa BOLZ, chercheuse en SIC au Gripic-Celsa – Sorbonne Université

Animé par Claire BLANDIN, professeure des Universités en SIC à Paris 13.

Les enjeux

Claire Blandin a fait un état des lieux de la recherche sur les médias à la Belle Époque, autour de la construction du goût de l’info. Arthur Asseraf présentait son ouvrage Le désinformateur – Sur les traces de Messaoud Djebari. Lisa Bolz revenait sur le chapitre qu’elle a co-écrit avec Juliette Charbonneaux dans le collectif Paris Capitale Médiatique : « Paris assiégé, Paris menacé, Girardin déplacé ».
L’enjeu : En quoi les deux livres présentés renouvellent les perceptions des fabriques de l’information et la diffusion de celle-ci dans le Paris de la « Belle Époque ».

Ce qu’ils ont dit

Claire Blandin : « Le goût de l’info se construit à la Belle Époque parce que c’est une période d’alphabétisation des Français, voire de scolarisation. C’est le développement de produits écrits bons marchés, de découverte des produits de l’écrit. Ces derniers arrivent dans les classes populaires, et ne sont plus réservés à la petite bourgeoisie. »

« Il y a la mise en place de formes de narration, comme le « feuilleton ». À la fois pour l’actualité, qui parfois arrive par épisodes, ou encore par la fiction, avec les romans-feuilletons. »

Arthur Asseraf : « Il existait un décalage fort entre un espace public, médiatique européen, où les infos circulent vite et de façon dense, et ces espaces [les colonies] qui apparaissent comme des trous noirs d’information pour les européens. Djebari se positionne comme celui qui a accès à ces espaces. Il profite de ce développement du goût de l’information en France et à Paris à ce moment-là. »

Lisa Bolz : « Dans la correspondance d’Émile de Girardin avec son neveu, on a ses témoignages plus personnels, comment il se projette… On voit toutes les pensées en amont, qu’il reprend aussi parfois dans ses publications. »

À retenir

Arthur Asseraf retrace le parcours de Messaoud Djebari, né en Algérie dans les années 1860, qui va affoler le Tout-Paris en racontant comment il aurait retrouvé la trace de membres survivants d’une mission française dans l’actuel Niger.

Lisa Bolz s’est intéressée à la correspondance de cette figure, à la fois célèbre et méconnue, du monde médiatique de la Belle Époque. Précisément dans ses velléités patriotiques au moment de l’invasion allemande en 1870.

Avant la Première Guerre mondiale, la confiance envers les journalistes et les médias est sans doute extrêmement forte. La Belle Époque est la découverte collective de l’écrit. Le bourrage de crâne, dès 1914, crée une rupture de confiance, dont la presse écrite ne se remettra jamais.

Le métier de journaliste, peu institutionnalisé dans les années 1880, n’est pas encore totalement identifié parmi les métiers de l’écrit (publicistes, écrivains…). Avec l’histoire de Messaoud Djebari, on découvre que le métier avait parfois des liens avec le renseignement d’État, les interprètes militaires.

Déjà à l’époque, une proto-économie de l’attention se met en place. L’affaire Djebari ne dure que quelques semaines, le public parisien finit par passer à autre chose : d’autres choses plus spectaculaires arrivent. Maintenir l’intérêt du public est quelque chose de complexe et de très volatile, déjà à la Belle Époque.

Zacharie Gaborit (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Média et climat, une perspective historique en partenariat avec le GIS journalisme

Photo : Paul Vuillemin /EPJT

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Média et climat, une perspective historique en partenariat avec le GIS journalisme »

Animé par Claire BLANDIN, professeure des universités à la Sorbonne avec Anne-Claude AMBROISE-RENDU, professeure d’histoire contemporaine à l’UVSQ/Université Paris Saclay ; Michel DUPUY, chercheur associé à l’Institut d’Histoire moderne et contemporaine ; Nathalie TORDJMAN, membre des Journalistes écrivains pour la nature et l’Ecologie (JNE).

LES ENJEUX

L’étude historique de la presse permet de cerner les évolutions des articles sur l’écologie. Des premiers sujets au XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, l’analyse des archives, comme celles du JNE, et le travail des historiens, est un apport majeur pour comprendre le sujet.

CE QU’ILS ONT DIT

Anne-Claude AMBROISE-RENDU : « En 1969, on a un bouillonnement de la presse alternative autour de nouvelles questions, dont la presse écologiste »

« Les préoccupations sur l’environnement ne datent pas des années 1970. Elles datent des débuts des ennuis, donc de la Révolution industrielle, avec une émergence dès la fin du XVIIIe siècle en Grande-Bretagne. En France, on a dès la fin du XIXe siècle les premiers articles sur la pollution des rivières dans la presse généraliste  »

Michel DUPUY : « Les catastrophes naturelles amènent de la recherche. Les désastres locaux touchent surtout les personnes des régions concernées, mais la canicule de 2003 a été un révélateur. Elle a touché l’ensemble du territoire français, donc elle a été un marqueur.  »

« En Allemagne, il y a eu de grandes tempêtes et chez eux la catastrophe agit comme un révélateur du réchauffement climatique. Elle permet une prise de conscience et amène des mesures concrètes. C’est la même chose en Suède. En revanche, en Italie, les incendies de forêts ne participent pas à une prise de conscience du changement climatique. »

Nathalie TORDJMAN : « Des études médias ont été faites chez les JNE en 1997, 2002 et 2005. Elles ont montré que l’’association permettait aux confrères et consœurs d’avoir un poids plus important dans leur rédaction. Ils arrivaient à faire passer plus de sujets. »
 

À RETENIR

Les années 1970 ont représenté un moment clé pour le développement de l’écologie dans les médias. Une presse écologiste émane de la contre-culture avec des titres militants. Des associations comme la JNE ont aussi permis aux journalistes de davantage s’exprimer sur ces sujets, et de pousser l’écologie au premier plan en poussant notamment la candidature du premier candidat écologiste lors de l’élection présidentielle de 1974, René Dumont. L’étude historique de la presse permet de voir les spécificités françaises et son évolution au fil du temps.

50 ans de journalisme : quels changements ?

Sur le papier, sur les ondes ou sur le petit écran… En quatre décennies, de nouvelles technologies sont arrivées dans nos habitations et ont changé les méthodes de travail des journalistes. D’anciennes techniques ont été abandonnées pour laisser place à des outils toujours plus performants. Et des bouleversements économiques et institutionnels ont, parfois, perturbé les rédactions. Ces évolutions ont été choisies et classées de manière non-exhaustive.

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