La Nouvelle République s’appuie sur un cahier des sports chargé quand arrive le week-end. Photo : Julien Grohar/EPJT

Pour la presse régionale, le sport reste un des déclencheurs importants de vente. Les compétitions amateures conservent un lien de proximité, là où les rédactions s’appuient sur les performances des clubs professionnels de leur région.

Au milieu de toutes les difficultés que connaît la presse quotidienne régionale (PQR), le domaine du sport semble être encore l’un des piliers qui assure les ventes. D’après un rapport de 366, la régie publicitaire principale de la PQR, 700 000 articles de quotidiens régionaux dédiés au sport ont été publiés entre mai 2022 et mai 2023, dont 270 000 articles numériques.

Selon Frédéric Launay, responsable du service des sports à La Nouvelle République, le sujet demeure « un important déclencheur d’achat pour le print et de consultation pour le web ». Le service des sports est l’un des plus importants de la rédaction, avec une vingtaine de journalistes permanents, auxquels s’ajoutent un réseau d’au moins une cinquantaine de correspondants. Une logique similaire à Sud-Ouest, comme l’explique Frédéric Laharie, responsable des sports du quotidien : « Le sport, c’est entre 10 et 16 pages sur des journaux de 38 pages, les samedi, dimanche et lundi ». Il dirige une équipe de neuf journalistes permanents à Bordeaux.

Une couverture exclusive

Les quotidiens régionaux peuvent s’appuyer sur un lectorat intéressé par l’actualité des sports amateurs et aussi sur une couverture exclusive des équipes de référence dans leurs régions respectives. Mais quand l’équipe en question connaît des mauvais résultats, la rédaction peut en subir les conséquences. Cela a été le cas à La Nouvelle République, après la relégation administrative du Tours FC en Nationale 3, cinquième niveau du football français, le club étant habitué a évolué en Ligue 2, voire en Ligue 1 dans ses plus belles heures.

« Cela a forcément eu un impact sur nos ventes », confie Frédéric Launay. Pour autant, ça n’a pas empêché le quotidien de se renouveler dans le sport : « On donne plus de place aux autres disciplines qui marchent, comme le volley, le handball ou le basket. Ces clubs ont en quelque sorte bénéficié des mauvais résultats du Tours FC ».

Se renouveler grâce au sport

La dynamique aurait pu être similaire à Sud-Ouest, avec la relégation des Girondins de Bordeaux, club phare de la région, en Ligue 2. Cependant, le quotidien couvre les Girondins « comme s’ils étaient en Ligue 1 », affirme Frédéric Laharie. « On a toujours de très bonnes audiences pour les papiers sur les Girondins car il se passe toujours quelque chose. Les chiffres sont presque meilleurs aujourd’hui que quand ils étaient bloqués dans le ventre mou de la Ligue 1. »

Le quotidien girondin peut aussi compter sur un lectorat assidu au niveau du rugby : sa couverture s’étend sur neuf équipes professionnelles, avec un dispositif important à chaque match de l’équipe de France. « Les unes de sport font vendre : l’année dernière, la une la plus vendue était celle sur un match de rugby France-Angleterre », souligne Frédéric Laharie.

Désormais, l’enjeu pour les quotidiens régionaux est de se renouveler et cela passe aussi par le sport. Le lectorat sportif s’exporte de plus en plus sur le web, « et pas seulement les jeunes » selon Frédéric Launay. Le journaliste de sport l’affirme, « il faut aller chercher les jeunes lecteurs, sans perdre les fidèles du papier. Cela passe par la couverture de compétitions moins conventionnelles ou des nouveaux formats par exemple sur les réseaux sociaux. »

De nouveaux formats à imaginer

Sud-Ouest s’est déjà lancé dans ce domaine : création d’un compte X spécialement dédié aux sports, un autre uniquement pour les Girondins de Bordeaux. « On a également une newsletter rugby qui compte entre 45 000 et 50 000 abonnés », se félicite le responsable des sports. Le quotidien réalise de plus en plus de lives, parfois même pour des matchs amateurs, « parce que la demande existe. »

Et puisque les quotidiens régionaux cherchent à diversifier leurs activités, le sport est aussi utilisé à des fins économiques. La Nouvelle République et Sud-Ouest financent tous les deux des événements sportifs d’ampleur, respectivement le marathon de Tours et le Lacanau Pro Océan. Des vitrines pour les deux quotidiens, qui en plus d’y retrouver des avantages pécuniaires, mettent en valeur leur nom, devenu une véritable marque.

 

Hugo Laulan/EPJT