Photo : Julien GROHAR/EPJT
À quatre mois des jeux de Paris 2024, les rédactions se préparent à couvrir l’événement. Qui pourra assister aux épreuves ? Une commission composée en partie de journalistes aide à la distribution des accréditations.

Tous les quatre ans, à l’approche des Jeux olympiques, les rédactions des grands médias sont traversées d’un insoutenable suspense : à qui le CIO (Comité international olympique) distribuera-t-il les fameuses accréditations, précieux sésame pour couvrir l’événement mondial ? 

À chaque édition, le CIO délivre davantage d’accréditations au pays organisateur. Sur les 6 000 délivrées pour Paris 2024, 450 sont réservées à des journalistes et photographes français. C’est trois fois plus que pour les Jeux de Tokyo en 2021. « Ensuite, c’est aux comités nationaux olympiques de choisir les modalités d’attribution des accréditations », explique Étienne Bonamy, journaliste et ancien rédacteur en chef de L’Équipe. Il est lui-même membre du comité de sélection mis en place par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) qui s’appuie sur l’Union des journalistes de sport en France (UJSF) pour attribuer ces fameux passeports diplomatiques. « C’est une chance car dans d’autres pays, c’est le comité qui gère directement, souligne-t-il. Cela facilite le travail et cela permet une meilleure transparence. »

Dans le détail, il existe deux types de laissez-passer aux JO. D’un côté, les groupes comme France Télévisions qui payent pour diffuser les épreuves et les autres chaînes ou stations (TF1, RTL, etc.) qui achètent un droit de passage aux abords des terrains pour faire des interviews et suivre des conférences de presse. De l’autre, les rédactions de presse écrite et les photographes. Pour eux, il en existe plusieurs catégories : celles qui donnent accès à tous les sites et celles qui permettent de couvrir une seule catégorie de sport.

Représenter le plus de titres possibles

De septembre 2022 à janvier 2023, le CNOSF a demandé à toutes les rédactions le nombre d’accréditations qu’elles souhaitaient obtenir. « Ce travail d’échanges me prend un tiers de mon temps pendant les JO », reprend Étienne Bonamy, étonné d’avoir dû relancer des médias à visibilité importante qui avaient oublié d’envoyer leur demande.

Une question est primordiale pour le comité de sélection : est-ce que les journalistes de ce média ont une carte de presse ? « Il a fallu expliquer à certains que leur demande avait peu de chance d’aboutir, souligne-t-il. L’accréditation n’est pas une récompense pour assister à un événement, mais une obligation de travail. » Des influenceurs ont tenté d’obtenir des accréditations, en vain.

Plusieurs autres paramètres entrent en compte pour délivrer des accréditations, telles que la volonté de représenter le plus de titres possibles sur l’ensemble du territoire et le poids historique des médias. « Nous savons qui a l’habitude de couvrir du sport dans ses pages », complète le journaliste. Pour certains médias, les JO reviennent dans leur agenda tous les deux ans. C’est le cas de L’Équipe, seul quotidien sportif français, et du groupe France Télévisions, diffuseur officiel dans l’Hexagone. Pour d’autres, les JO à domicile sont l’occasion de couvrir cette messe sportive internationale pour la première fois ou depuis bien longtemps. « Beaucoup de médias, même non sportifs, font valoir leur volonté d’obtenir des accréditations », précise Étienne Bonamy.

Alors que chaque journal a découvert durant le mois d’octobre 2023 son nombre d’accréditations, la deuxième phase peut commencer. Elle intervient cette fois-ci du côté des rédactions qui doivent désigner nominativement les journalistes et les photographes qui couvriront les JO. « Si nous avons essayé de donner un petit peu à tout le monde, il n’y a pas assez de place », constate-t-il. Cependant, les JO ne se suivent pas uniquement dans les stades. De nombreux médias obtiendront des autorisations pour se rendre au Club France afin de suivre les conférences de presse et circuler au plus près des acteurs.

Les agences de presse ne sont pas concernées par cette démarche. À elle seule, l’Agence France-Presse a obtenu 120 accréditations pour les Jeux de Paris, bureaux français et internationaux confondus. L’Équipe n’en a eu qu’une quarantaine.

Thomas LANGEARD et Clara LEBARBEY