Photo : Lamisse Oujari /ISIC

Tatiana Mossot est une journaliste qui a travaillé dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. Elle est la fondatrice de Mama Project, organisme d’accompagnement et de formation de journalistes francophones.

Comment est né le projet ?

Tatiana Mossot L’idée pour nous était de pouvoir accompagner des confrères et des consœurs – mais plus particulièrement des consœurs – journalistes sur le continent africain.

La raison pour laquelle on a créé Mama project (@MamaprojectA), c’est parce qu’on s’est dit que la formation professionnelle qui était proposé ne correspondait pas forcément à ce qu’il se passait sur le terrain. Ayant été essentiellement journaliste de terrain en Côte d’ivoire et au Sénégal et ayant couvert quasiment toute l’Afrique subsaharienne, je voyais des manques et des besoins. J’ai été sollicitée par des confrères et des consœurs qui me demandaient de l’aide sur plusieurs domaines.

De mon côté, il y a des situations auxquelles j’avais été confrontée, des situations de stress, des situations sécuritaires et des situations de gestion de crise sur lesquelles je m’étais sentie un peu isolée. Si moi j’ai ressenti ça alors que je travaille pour un grand média international, qu’est-ce qu’il en est de mes confrères locaux ? On s’est dit qu’avec cette structure, on pouvait accompagner à notre niveau des groupes d’hommes et de femmes journalistes.

 Quel type d’accompagnement faites-vous ?

T.M. On aborde tous les domaines journalistiques : l’accompagnement technique mais aussi psychologique, l’accompagnement sur les réseaux et finalement un accompagnement de carrière.

Combien de personnes accompagnez-vous ?

T.M. Comme c’est notre première année d’exercice, on a réussi à accompagner une vingtaine de personnes sur des problématiques diverses, de la technique d’investigation ou des questions de harcèlement moral.

La situation est-elle de plus en plus difficile ? 

T.M. Avec les réseaux sociaux, et cette capacité de diffuser sur les supports numériques, les journalistes s’exposent beaucoup plus qu’avant. Avant, il fallait attendre que votre article soit paru dans un journal et vendu en kiosques. Aujourd’hui votre article peut sortir au bout de 3 heures en ligne, et donc les attaques vont être beaucoup plus rapides, beaucoup plus violentes et vont vous poursuivre même au-delà de la publication. On ne peut pas aujourd’hui ne pas protéger les journalistes qui travaillent dans le digital et le numérique, on se doit de les accompagner.

Quelle est la spécificité du harcèlement envers les journalistes ?

T.M. Le harcèlement contre le journaliste est forcément beaucoup plus public, et encore est-ce que c’est vrai ? Pas totalement. Si on prend le harcèlement scolaire sur les réseaux sociaux, votre image va être exposée publiquement de la même manière qu’un journaliste qui sera harcelé suite à un travail qu’il a fait. Aujourd’hui, les mécanismes du cyber harcèlement sont identifiés par des spécialistes comme étant les mêmes partout. Maintenant, c’est la violence et la capacité à la gérer qui fera toute la différence. On a toujours du mal avec le harcèlement lui-même.

 

Recueilli par Océane Illunga /IHECS et Lamisse Oujari /ISIC