Quel récit ultramarin en métropole - cred Mélina Rivière

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Quel récit éditorial ultramarin en métropole ? »

Animé par la journaliste Nassira El Moaddem, avec Dominique Fossé, rédacteur en chef de l’actualité ultramarine de France Télévisions ; Nathalie Sarfati, grand reporter à France O, Faïd Souhaïli, journaliste à 101Mag ; Memona Hintermann, grand reporter et Cécile Azzaro, journaliste à l’AFP.

LES ENJEUX

Tous les ans, les Assises du Journalisme de Tours invitent un département et cette année, c’est Mayotte qui a été choisi. La question du récit ultramarin en métropole est un sujet plus que d’actualité, avec la suppression annoncée de France Ô pour juin 2020. La méconnaissance des outre-mers est réelle, et leur récit dans les médias français est bien insuffisant. La couverture de ces départements se limitent aux crises sociales ou aux incidents climatiques, comme à Saint-Barthélémy en 2017. Un constat qui pose des questions sur la représentation de la diversité.

CE QU’ILS ONT DIT 

Memona Hintermann : « Il n’y a pas de récit ultramarin en métropole ! Lorsque l’on regarde le baromètre de la diversité de janvier 2019, sur deux semaines de programmes télévisés, toutes les chaînes de la TNT et du groupe Canal, ce qui est perçu de l’outre-mer compte pour seulement 0,3% dans toutes les chaînes de la TNT et du groupe Canal sans compter France Ô. »

Dominique Fossé : « Je pense qu’il faut un référent dans les rédactions. Dans les conférences de rédaction, face aux personnes indifférentes, il serait là pour casser le décalage horaire. Il faudrait aussi travailler sur les moyens technologiques pour faire arriver les images plus vite. »

Faïd Souhaïli : « Il faudrait que l’on renforce le lien avec les diffuseurs en métropole pour les intéresser à notre façon de voir les choses. Moi en tant que fixeur, je remarque souvent que les gens ont leur schéma en tête. Ce rapprochement serait un premier pas pour briser les clichés sur nos territoires. »

Nathalie Sarfati : « Ce récit est facilité par des personnes sensibles à ce sujet, qui comprennent les enjeux. Mais il n’y en a pas assez dans les rédactions. Il faut renforcer l’éducation sur ce sujet, notamment dans les écoles de journalisme. »

Cécile Azzaro : « Nous, à l’AFP, on est présent très vite avec nos correspondants. Mais on remarque, lorsque l’on envoie les dépêches, les autres médias en France prennent un certain temps pour les relayer. Il y a un vrai décalage. »

À RETENIR

Le constat est unanime : les territoires ultramarins sont ignorés en métropole. Les arguments de la suppression de France Ô ne tiennent pas selon Nathalie Sarfati : « Les dépenses de la chaîne représente seulement 0,8% du budget de France TV. En ce qui concerne les audiences, FranceInfo n’est pas inquiété et pourtant, leurs audiences sont faméliques. » Pour palier ce problème, la solution se trouve peut-être dans l’éducation, au sein des écoles de journalisme notamment, ou bien par l’instauration de quotas.

Arnaud Roszak