L’utilisation des drones, implantés dans les médias depuis plusieurs années, n’est plus si nouvelle. Leur avantage ? Ils apportent des images inédites, différentes de ce qui se fait traditionnellement. Mais leur utilisation se heurte à des contraintes journalistiques : entre réglementation et formation des journalistes, le développement des drones est coupé dans sa lancée. 

L’utilisation du drone dans le monde du journalisme prend son envol depuis quelques années. Photo : Instadrone

Images de catastrophes naturelles, d’événements sportifs tels que le Tour de France ou encore de paysages montagneux : le drone offre une toute nouvelle vision, un nouveau regard, différent de celui d’une caméra ou d’un appareil photo. En France, plusieurs médias ont expérimenté l’utilisation des drones. L’Express est l’un des pionniers. En 2013, le projet « Drone it » a été mis en place et plusieurs groupes de journalistes ont expérimenté l’outil pour le web. L’AFP a elle aussi ouvert une cellule spécialisée dans les drones. Depuis trois ans, elle teste ces engins volants dans plusieurs pays du monde dont la France, le Mexique mais aussi sur le continent asiatique. Comme tout le monde, l’AFP se heurte à des législations trop contraignantes. Les normes ne sont pas les mêmes selon les villes et les pays. Si dans plusieurs régions du monde, les journalistes peuvent faire ce qu’ils souhaitent, ils sont le plus souvent bloqués par des contraintes réglementaires.

Une question de temps

En France, la Direction générale de l’avion civil (DGAC) a signé de nouveaux arrêtés en 2015 concernant les drones. Sauf demande exceptionnelle, la hauteur de vol des drones est limitée au maximum à 150 mètres. Il est strictement interdit de voler et de filmer au-dessus des propriétés privées sans autorisation des personnes concernées. Il faut aussi une autorisation de la préfecture pour effectuer des aménagements de sécurité sur les voies publiques. Des règles qui contraignent les journalistes. « Il y a un problème d’utilisation des drones pour l’actu. À partir du moment où l’événement est imprévisible, on ne peut pas utiliser le drone », regrette le responsable du pôle vidéo/drone de l’AFP, Laurent Kalfala. Notamment car le délai d’autorisation des préfectures est parfois long. Mais il y a eu une avancée quant à l’obligation d’avoir une licence pour piloter les drones. Laurent Kalfala continue : « En France, on travaille avec un drone captif, un drone relié à un câble. Conçu pour le journalisme, il a été développé par l’AFP et une entreprise suisse. Avec cet outil, nous ne sommes pas obligés d’avoir une licence de pilotage. » Édouard Guilhot : « L’usage d’un drone est… par rtl-fr Les règlementations sont accompagnées d’autres problèmes particuliers. « On demande trop de compétences aux journalistes, il leur faut davantage de temps, et les règlementations n’aident pas », explique Benjamin Turquier, ex-responsable du pôle vidéo web à l’Express. Et en effet, les médias sont de plus en plus gourmands. « Il y a une multiplication des outils visuels. Les médias nous demandent de plus en plus si nous sommes capables d’utiliser des gopros (caméras fixée sur le journaliste, ndlr), des DJI osmo (caméras sur tête pivotante, ndlr) mais aussi des drones », souligne Simon Fichet, JRI freelance. Selon lui, l’utilisation ne doit pas être systématique et obligatoire. Il regrette aussi que le fond soit parfois laissé de côté au détriment de la forme. « Aujourd’hui, c’est surtout une compétition à l’image entre les sociétés de production. » Le drone fait-il gagner ou perdre du temps ? Certains soulignent un manque de temps sur le terrain d’autres, au contraire, pensent que les drones en font gagner. Ils sont pratiques pour se rendre sur des lieux inaccessibles, où il est difficile de filmer avec une caméra au sol. L’AFP a, elle, décidé d’accompagner ses journalistes. « On a pris le parti de former un maximum de photographes et de vidéastes pour avoir des personnes à disposition lorsque l’on a besoin de filmer au drone », explique Laurent Kalfala. À l’étranger, au Mexique et en Asie, tous les journalistes sont formés au pilotage de drone conventionnel. Alors, bientôt tous pilote de drones en France ? C’est encore loin d’être gagné.

Philippine David et Yleanna Robert

Pour aller plus loin :

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