Photo : Arthur Charlier/EPJT

Nelson Monfort, journaliste et commentateur sportif, prépare son clap de fin pour se consacrer à toutes ses autres passions. Retour sur un parcours marqué par quatre « H ».

Du courage, il en faut pour l’arrêter. Aussi bavard que téméraire, Nelson Monfort s’apprête à dire au revoir aux caméras après les Jeux olympiques de Paris cet été. Pourtant, à 71 ans, il n’est pas encore prêt à tirer sa révérence. Derrière sa personnalité unique et son hyperactivité, l’animateur vedette de France Télévisions prépare sa nouvelle vie sur les planches. Au sous-sol d’un hôtel parisien, Nelson Monfort se met en scène dans une salle de théâtre aux fauteuils en velours rouge, pour l’instant vacants. Une aventure qu’il vit avec son acolyte de toujours, le patineur, devenu commentateur, Philippe Candeloro. Quelques semaines avant la grande première, il revient non sans émotion sur 40 ans de carrière à la télévision.

Humanité. Plus jeune, il se destine à la communication et la publicité. Pourtant, à 35 ans, il entre à France TV. Nelson Monfort voulait travailler en extérieur, « aller à la rencontre des gens et devenir un passeur d’émotions ». Il continuera à le faire avec sa comédie. Entre deux répliques, le journaliste grisonnant s’assoit et se rappelle ses déboires maladroits. En 2012, il propose à une nageuse de dédier sa médaille à sa mère, décédée quelques mois plus tôt. Une question « pleine de compassion » qui l’a abimé : « Je me suis dit « we have a problem ». On m’a dit que j’exploitais sa détresse alors que c’était totalement l’inverse. Je l’ai très mal vécu. » L’émotion le prend, ça ne fait pas partie du spectacle. « C’est quelqu’un qui a le cœur sur la main », assure son grand ami, Philippe Candeloro.

Humour. Le célèbre Monfort doit une partie de son succès à ses plaisanteries raffinées et ses gaucheries. Il n’a d’ailleurs pas changé, puisque quand il s’agit de répéter sa pièce, trous de mémoire et rires intempestifs perturbent dès le premier acte. Déjà en 1995, alors que Michael Chang s’incline en finale du prestigieux tournoi de tennis de Roland Garros, Nelson entre en scène. « Ce jour-là, résonne un brouhaha. Je comprends qu’il remercie, après le match, un certain Luigi, le pizzaiolo du coin, enfin j’en sais rien. J’apprends après qu’il remercie Jésus après chaque match, explique le passionné de sport. Mais à l’antenne, on ne peut pas se contredire. Je me dis que je vais être viré. Finalement, 25 ans après, on en rigole encore. » Drôle, le commentateur l’est bien plus qu’on ne l’imagine, « on a l’impression que c’est un garçon un peu chicos, coinços à l’anglaise mais il rigole tout le temps », s’amuse Philippe Candeloro.

Humilité. Nelson Monfort a bataillé pour s’imposer. Quand il débute, l’héritage linguistique de son père américain et de sa mère néerlandaise lui permettent de couvrir de grandes compétitions. « En athlétisme, comme il y a davantage d’athlètes étrangers que français, il fallait parler anglais. I’m an American citizen so I can speak English very well. »

Toute sa vie, il a pratiqué le hockey sur glace, le ski, le tennis et la natation. Mais le patinage, jamais. Pour Paul Peret, rédacteur en chef adjoint à France TV, le célèbre commentateur a été assigné au patinage artistique notamment du fait de son attrait pour l’art : « Il va pouvoir parler de musique, de mouvements, c’est artistique donc il peut très bien en parler. »

Honnêteté. « Si tout était à refaire, je ne recommencerais pas. » Gorge nouée, anxieux, mains moites, l’icône de France TV n’oublie pas les « petites blessures qui [l]’ont marqué ». Nelson ne parle plus avec sa tête, c’est son cœur qui le fait. Pour lui, les réseaux sociaux ou « fléaux sociaux » ont créé un éloignement entre journaliste et athlète. Ça lui manquera, c’est certain, même s’il espère encore ajouter à son palmarès le Tour de France masculin. Loin de se tourner les pouces en attendant sa chance, monsieur Monfort s’adonne au théâtre. Pour celui qui adore chanter du Sinatra, ou les Beatles, « l’essentiel c’est de ne pas s’ennuyer  ».

 

Arthur Charlier et David Allias