[LE RÉSUMÉ] Quelles démarches pour l’EMI dans l’espace francophone ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quelles démarches pour l’EMI dans l’espace francophone ? »

De gauche à droite, Marine Leduc, Line Pagé, Ève Beaudin et Sarah Jacquin. Photo ArnaudFischer/EPJT.

Avec Blaise Andzango (Cameroun), président d’Eduk-Média, Line Pagé (Canada), présidente du conseil d’administration du CQEMI, Ève Beaudin (Canada), journaliste au Centre québécois d’éducation aux médias (CQEMI), Patrick Verniers (Belgique), directeur du Conseil supérieur de l’éducation aux médias, Sarah Jacquin (Liban), chargée de projet à la Fondation Samir Kassir.

Animé par Marine Leduc, chargée de Projet Le Retour de Zalumée/Globe Reporters.

 

 

Les enjeux

L’éducation aux médias et à l’information (EMI) peine à s’installer véritablement dans les programmes scolaires français. Dans les pays francophones, la situation n’est pas mieux voire pire. Les invités mènent des initiatives pour le démocratiser dans des pays comme la Belgique, le Liban, le Canada ou le Cameroun.

Ce qu’ils ont dit

Line Pagé : ​ « On a de grandes ambitions avec le CQEMI, on voudrait aller beaucoup plus loin. On veut aussi devenir un carrefour des bonnes initiatives qui se font en termes d’EMI au Québec. »

« Au Québec, l’EMI est dans le programme scolaire mais n’est pas obligatoire. Chez nous, il n’y a pas eu d’événements tragiques comme en France qui ont forcé une prise de conscience à propos de l’éducation aux médias (attentats de 2015). Mais on essaie de s’y sensibiliser quand même. »

« J’ai beaucoup aimé le thème de cette édition des Assises. Je pense qu’il faut aller en classe et donner aux enfants l’envie de retrouver le goût de l’info. »

Ève Beaudin : ​ « On a développé une formation qui met en relation des journalistes avec des écoles. Il faut jumeler les journalistes avec des régions, le Québec étant vraiment très grand. On explique aux jeunes comment fonctionne le journalisme. Il y en a beaucoup qui pensent n’importe quoi. Il y a pas mal de choses à démystifier. C’est hyper important pour nous d’envoyer des journalistes dans les classes, auprès des jeunes. »

« 95% de notre financement vient de subventions gouvernementales. Et tout ça fonctionne grâce à énormément de bénévolat. »

Sarah Jacquin : ​ « On remarque que la jeunesse est délaissée. Il faut savoir que l’EMI au Liban n’est qu’un onglet dans l’éducation civique. Ça ne reflète pas du tout le paysage médiatique actuel au Liban et dans le monde. On a donc décidé d’intervenir. On fait des ateliers pour sensibiliser les élèves de 13 à 15 ans à la désinformation avec le support du manga. Il est important de s’adapter à un langage qu’ils comprennent. C’est interactif. »

« L’EMI n’est ni une préoccupation ni une priorité au niveau étatique (au Liban). Les écoles privées sont plus réceptives à cette discipline. Mais ça reste toutefois secondaire. On ne peut pas facilement intervenir dans les écoles publiques parce qu’il faut l’aval du gouvernement. Pourtant, c’est important d’investir dans la jeunesse. On compte sur les futures générations pour défricher l’aspect social de la société libanaise. »

Blaise Pascal Andzango : ​« Eduk-Media a pour but de travailler sur l’esprit critique des jeunes. Notre association est née dans un contexte de crise sécuritaire au Cameroun. Ça a nécessité d’engager des activités de sensibilisation aux médias auprès des populations. Il faut savoir que les actions EMI au Cameroun ne sont pas très nombreuses pour l’instant. »

« Au Cameroun, le gouvernement ne prend pas l’éducation aux médias au sérieux. Ça n’est même pas inscrit au programme scolaire. Ce sont les ONG, les associations et la société civile qui s’y intéressent le plus. Nous avons la chance d’avoir quelques associations internationales comme l’OIF pour mener des activités d’éducation aux médias. Je profite de cette occasion pour appeler à une solidarité internationale. »

« Au Cameroun, l’EMI se finance à 90% par des fonds étrangers. »

Patrick Verniers : ​ « Le conseil supérieur de l’éducation aux médias en Belgique est une toute petite équipe. On a des représentants académiques, de l’enseignement, pas que du monde médiatique. Notre objectif est de développer l’éducation aux médias dans l’enseignement, notamment via des financements. On s’assure que l’EMI prenne une place importante dans les programmes scolaires. »

« Ça fait 20 ans qu’il y a des initiatives pour l’EMI en Belgique. Pourtant, je peux vous dire que sur le terrain, on entend beaucoup de discours qui disent qu’on en fait pas assez. »

« En Belgique ce sont des financements essentiellement publics. On est accompagné par le gouvernement. Depuis trois ans, on bénéficie d’une augmentation des financements pour l’EMI de 60 à 70%. »

À retenir

Dans les pays francophones, la situation de l’EMI est très différente. Dans des pays comme le Cameroun et le Liban, il n’y a aucune aide du gouvernement et l’EMI est loin d’être une priorité. En revanche, dans d’autres pays comme le Canada et la Belgique, les mesures prises sont importantes et l’EMI fait partie d’une vraie politique gouvernementale. Mais les acteurs de ces sociétés crient toujours au manque d’investissement. Il faudrait en faire plus.

Arnaud Fischer (EPJT)

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[LE RÉSUMÉ] « Francophonie : Après Tunis, 2e rencontre du réseau des journalistes »

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(Photo : Benjamin Baixeras)

Retrouvez l’essentiel de l’atelier « Francophonie : Après Tunis, 2e rencontre du réseau des journalistes »

Animé par David Servenay, journaliste indépendant, avec Ignace Sossou, journaliste à Bénin Web TV ; Kouadio Noël Konan, journaliste à l’Eléphant Déchaîné ; Sandrine Sawadogo, journaliste d’investigation pour l’Economiste du Faso ; Chadia Khedhir, directrice de la chaîne nationale 2 de la télévision tunisienne.

LES ENJEUX

L’atelier « Francophonie : Après Tunis, 2e rencontre du réseau des journalistes » revenait sur l’initiative lancée lors des premières Assises du journalisme à Tunis, en novembre 2018 : le réseau Initiative, Impact, Investigation. Ce projet a pour dessein de réunir des journalistes d’investigation des deux rives de la Méditerranée pour mener des enquêtes communes. L’atelier réunissait des journalistes d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb. L’objectif : discuter des difficultés à exercer le journalisme d’investigation de l’autre côté de la Méditerranée et trouver des solutions via le réseau 3I (Initiatives, Impact, Investigation).

CE QU’ILS ONT DIT

Chadia Khedhir : « Le journalisme d’investigation, c’est montrer ce qu’on veut cacher. En Tunisie, il est de plus en plus possible de mener des enquêtes. Lors des premières années de la révolution, les journalistes manquaient encore d’audace et d’expérience. Une loi sur la liberté d’expression qui est passé à ce moment a beaucoup changé les choses, même si les politiques et les lobbies tentent toujours d’intimider les journalistes en les menaçant de procès et en les intimidant sur les réseaux sociaux. En Tunisie, il suffit de gratter un peu pour trouver un sujet d’enquête, je pourrais enquêter sur tout. La Tunisie est un grand chantier. »

Ignace Sossou : « Le projet de réseau Initiative, Impact, Investigation permettrait de connecter trois sphères : l’Afrique de l’Ouest, le Maghreb et l’Europe pour mutualiser les moyens et pour donner de l’écho aux enquêtes. J’espère que ce réseau pourra donner un impact international à nos enquêtes. Si notre travail est relayé par les médias internationaux, l’écho sera plus grand et les conséquences aussi. Cela permettrait d’avoir des retombées. »

Sandrine Sawadogo : « Une des principales difficultés dans mon métier, c’est la pression des confrères. Pour de la dernière enquête que j’ai publié, un plateau de télévision a été organisé pour décrédibiliser mon enquête. Mais les journalistes n’ont pas parlé de mon travail mais plutôt de mes habitudes, de mes fréquentations… ils essayaient de saboter mon enquête en décrédibilisant ma personne. On nous a également souvent proposé de laisser tomber telle ou telle investigation et, en échange, on obtiendrai tant d’années de publicité. Et la pression économique c’est une chose mais on subit aussi une pression de la part des juges. »

Kouadio Noël Konan : « Si on ne fait pas notre travail, on cautionne ce qu’il se passe. Mais pour bien enquêter, nous avons besoin de plus de ressources financières. Il y a quelques mois, j’ai mené une enquête sur la société d’État de la forêt en Côte d’Ivoire, et j’ai dû solliciter mes propres ressources. »

À RETENIR

Le réseau Initiative, Impact, Investigation est l’occasion de contourner de nombreuses difficultés que rencontrent les journalistes des médias d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb. Parmi celles-ci : la collecte d’informations et de sources fiables, des moyens financiers, et surtout, une meilleure considération des travaux des journalistes d’investigation de l’autre rive de la méditerranée. Car les sujets qui concernent les trois zones géographiques regroupées par ce réseau ne manquent pas : environnement, question djihadiste, trafiques d’armes et d’êtres humains… Comme rappelé par David Servenay qui animait l’atelier, après la déclaration d’amour entre ces journalistes, il faut désormais montrer des preuves d’amour pour instaurer une confiance au sein du réseau.

Lorène BIENVENU

[LE RÉSUMÉ] « Francophonie : pour une villa Albert Camus du journalisme »

Villa Albert Camus

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Francophonie : pour une villa Albert Camus du journalisme »

Animé par Jérôme Bouvier, président de l’association Journalisme & Citoyenneté. Avec Philippe Couve, directeur de Samsa.fr et Maria Santos-Sainz, maître de conférences à l’IJBA – Université Bordeaux Montaigne, auteure de Albert Camus, periodista, éditions Libros.com

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[LE RÉSUMÉ]
« Francophonie online :
des médias à découvrir »

Retrouvez l’essentiel de la conférence : « Francophonie online : des médias à découvrir ».

Lors de la conférence sur les médias francophones, les différents intervenants ont exploré des pistes pas encore exploitées par leurs homologues français. Photo Martin Esposito

 

La conférence était animée par le journaliste Alain Le Gouguec. Sont intervenus Gabrielle Brassard-Lecours, cofondatrice de Ricochet, Malek Khadraoui cofondateur et directeur de la publication d’Inkyfada, Mariève Paradis, rédactrice en chef de Planète F et Patrick Vallelian directeur général et rédacteur en chef de Sept.info.

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