[RÉSUMÉ] « Des journalistes défricheurs de l’info locale »

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Des journalistes défricheurs de l’info locale »

Millie Servant, rédactrice en chef de Climax, développe le modèle de son média. Photo : Sophie Jeanneteau/EPJT

Avec Juliette CABACO-ROGER, journaliste et co-fondatrice de Splann !, Deborah ADOH, journaliste et fondatrice d’endémie, Millie SERVANT, rédactrice en chef de Climax, Raphaël POUGHON, directeur de La compagnie rotative.

Animé par Richard HECHT, membre de l’UCP2F.

 

 

Les enjeux

Des médias locaux fondés sur un modèle alternatif émergent sur le territoire. Splann !, Climax ou encore Endémik cherchent à se rapprocher des citoyens tout en vivant de ces nouveaux modèles, à la fois économiques et éditoriaux.

Ce qu’ils ont dit

Déborah Adoh (journaliste et co-fondatrice d’Endémik, média en ligne) : ​« J’ai pris Endémik sur mon dos et je me suis engagée à faire du journalisme participatif. Je suis allée dans les collèges, les lycées, les médiathèques, les hôpitaux de jour… Je voulais construire avec les citoyens des reportages et connaître leur vision des médias. »

Millie Servant (rédactrice en chef de Climax, média sur l’urgence climatique) : ​« Plusieurs choix éditoriaux pourraient nous décrédibiliser : l’humour, la culture mème et le cynisme. Moi, ça m’interroge que le métier soit hostile à un journalisme qui laisse place aux émotions. »

«Si des petits médias comme nous patinent, c’est parce que les médias plus traditionnels siphonnent le lectorat et les fonds publics d’aide à la presse. »

Juliette Cabaco-Roger (journaliste et co-fondatrice de Splann !, média breton d’enquête) : ​« On enquête en fonction de l’actualité qu’on estime plus urgente, par exemple les sujets environnementaux. Sans les gens sur le terrain, notre travail serait impossible. Grâce à eux, on a déjà une base de travail. »

Raphaël Poughon (directeur de La compagnie rotative, média alternatif) : ​« Les modèles économiques sont en train de changer. Ce sont des micro-modèles pour des micro-médias, mais qui ont des communautés extrêmement engagées.»

À retenir

Si les trois médias présentés au cours de cet atelier divergent sur le plan de leur choix éditorial, tous ont pour ambition principale de se rapprocher des citoyens de leur territoire d’ancrage. Splann ! s’appuie sur les locaux pour enquêter sur la Bretagne, Climax traite des l’urgence climatique sous l’angle du cynisme et Endémik publie les reportages de citoyens rencontrés dans différents établissements (collèges, médiathèques, hôpitaux…). Un modèle pas encore stable pour les journalistes. La plupart écrivent pour d’autres titres, ont un statut complexe d’auto-entrepreneur ou ne bénéficient pas de la carte de presse.

Malgré cette instabilité, ces journalistes partagent le même engagement. Ils mettent désormais tout leurs poids dans la balance pour défricher une information locale utile aux citoyens.

 

Élias INSA (EPJT)

 

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Panthéon du journalisme : découvrez les dix premiers noms

Jérôme Bouvier dévoile les dix premières personnalités retenues pour le panthéon du journalisme. Photo : Mathilde Lafargue/EPJT

Jérôme Bouvier, organisateur des Assises du Journalisme à Tours, a présenté les dix premiers noms qui incarnent les valeurs de la profession, à travers son panthéon du journalisme.

Ce mercredi après-midi, Jérôme Bouvier, le président de l’association Journalisme et Citoyenneté, qui organise les Assises du Journalisme à Tours, et le président du comité du prix Albert Londres, Hervé Brusini, ont révélé les dix premiers noms les plus cités en vue d’intégrer un panthéon du journalisme. « Nous avons assez peu de bagage historique sur notre profession, dans un moment de grande discussion sur qui est journaliste », a-t-il argumenté pour justifier le lancement de ce projet. « Le drame du journaliste, c’est l’ignorance de son histoire », déclare Hervé Brusini, qui veut y remédier. Pour y parvenir, Jérôme Bouvier a lancé une grande consultation sur le site journaliste.com où chacun pouvait choisir dix noms parmi une liste en contenant une cinquantaine, jusqu’à l’automne.

Voici les dix premiers noms :  Albert Londres, Albert Camus, Françoise Giroud, Emile Zola, Hubert Beuve-Méry, Joseph Kessel, Cabu, Louise Weiss, Pierre Lazareff et Theophraste Renaudot.

Ces personnalités ont été retenues parmi une cinquantaine de journalistes disparus. Pour poursuivre leur héritage, le panthéon est amené à s’agrandir chaque année avec l’entrée de deux nouveaux noms. En 2023, les Assises européennes du journalisme de Bruxelles seront aussi l’occasion de créer un panorama des journalistes qui continuent d’inspirer la profession à plus grande échelle, au sein de chaque pays de l’Union européenne.

 

Mathilde Lafargue (EPJT)

[RÉSUMÉ] Présentation du Prix l’Alerte à la Une

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Actualité des organisations syndicales : parole à la maison des lanceurs d’alerte »

Christian Dauriac, administrateur de la Maison des Lanceurs d’Alerte, présente le prix « l’Alerte à la Une ».

Photo : Laura Blairet/EPJT

Avec Christian Dauriac, administrateur de la Maison des Lanceurs d’Alerte et Dominique Pradalié, présidente de la FIJ (Fédération Internationale des Journalistes).

 

 

Les enjeux

La dernière conférence de la journée était l’occasion de présenter le nouveau prix mis en place par la Maison des Lanceurs d’Alerte : le prix « l’Alerte à la Une ». L’occasion de rappeler la nécessité de protéger les lanceurs d’alerte dans le cadre de la loi comme dans le cadre associatif.

Ce qu’ils ont dit

Christian Dauriac : « Les lanceurs d’alerte sont souvent des salariés licenciés à la suite de leur action. D’où l’importance du fond mis en place par la Maison des Lanceurs d’Alerte. »

Dominique Praladié :  « Presque toutes les grosses dernières enquêtes journalistiques, comme les LuxLeaks, ont été lancées grâce à un lanceur d’alerte. »

« Le lanceur d’alerte n’est plus perçu comme un traître ou un mouton noir. C’est ça qui a évolué. Grâce à la loi [Waserman du 21 mars 2022, qui élargit la protection des lanceurs d’alerte] mais surtout grâce à l’opinion publique. »

 

À retenir

La Maison des Lanceurs d’Alerte, cofondée par dix-sept organisations autour du journalisme, lance un nouveau prix appelé l’Alerte à la Une pour récompenser les enquêtes journalistiques.

Laura Blairet

 

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[INTERVIEW] Elin Casse : « En tant que femme trans, je sers parfois à redorer le blason de certains médias »

Photo : Maëva Dumas/EPJT

Elin Casse, journaliste chez Radio Parleur et membre de l’association des journalistes LBGT (AJL), porte un regard critique sur le traitement des communautés queer par les médias. Un sujet qui l’affecte directement en tant que journaliste et femme trans.

Comment les médias abordent-ils les sujets liés aux communautés queer ?

Le plus souvent, le traitement de ces thématiques est maladroit. Pour commencer, les sujets sont souvent les mêmes. On parle rarement du sida chez les lesbiennes par exemple. Cela va être plutôt des thèmes qui correspondent aux fantasmes associés aux LBGT+ : le chemsex, la chirurgie autour de la transition, le sexe entre deux lesbiennes. La vision qu’on a de la communauté est d’ailleurs souvent liée à la pornographie. Au-delà des sujets, le vocabulaire employé peut aussi poser problème comme lorsqu’on parle des personnes trans. Dans certains articles, le dead name est cité ou le mauvais pronom est utilisé pour qualifier une personne. Cela peut sembler être des détails mais ça touche directement à l’identité des trans. Il y a aussi des sujets où l’écriture est maladroite mais les informations données correspondent à la réalité et partent d’une bonne intention. Je pense notamment à l’émission de Karine Le Marchand l’année dernière, « Enfant trans : comment faire ? », le titre est désastreux mais l’idée était de sensibiliser à la trans-identité.

En tant que journaliste et femme trans, quel est votre ressenti vis-à-vis de ces médias ?

E.C. Je suis mitigée. Je travaille pour une radio indépendante et je vais devoir me tourner à contre-coeur vers des médias plus généralistes parce que je ne gagne pas suffisamment d’argent. Si je dis à contre-coeur, c’est parce que je sais que les sujets qu’ils abordent sur les communautés queer sont catégorisés. Il y a aussi le fait qu’en tant que femme trans, je sers parfois à redorer le blason de certains médias. Médias qui le plus souvent me contactent après avoir été accusés de discrimination. 

Selon vous, quels changements devraient être opérés dans la façon de traiter l’actualité liée aux communautés queer ?

E.C. Pour commencer, il faudrait simplement faire preuve de déontologie journalistique. Quand je vois un psychologue et un prêtre sur un plateau télé pour aborder la trans-identité, je me demande où est la contradiction. Il faut donner la parole aux personnes directement concernées. Les journalistes devraient aussi lire plus de la littérature scientifique à propos des transitions ou tout simplement des ouvrages liés à la communauté LGBTQI+. Enfin, il faut faire attention au vocabulaire utilisé et ne pas être dans une forme de voyeurisme en abordant que des sujets « chocs » comme le chemsex.

Recueilli par Maëva Dumas (EPJT)

[LE RÉSUMÉ] Traiter d’un objet politique non identifié : le mouvement des gilets jaunes

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Les entretiens de l’info. Traiter d’un objet politique non identifié : le mouvement des gilets jaunes ».
Photo : Prunelle Menu/EPJT
Animé par Jean-Marie Charon, sociologue, spécialisé dans l’étude des médias et du journalisme et Arnaud Mercier, professeur en communication et responsable de la licence communication à l’IFP, avec Maïté Darnault, journaliste indépendante à Les Jours, Eric Lagneau, journaliste à l’AFP, Aline Leclerc, grande reportrice au Monde et Mickael Tassard, rédacteur en chef du Courrier Picard et Fabrice Valery, journaliste à France 3 Toulouse.

 

es Les enjeux

Plus de trois ans après le mouvement des Gilets jaunes, le sujet de son traitement médiatique est encore discuté. Jean-Marie Charon et Arnaud Mercier ont publié Les gilets jaunes : un défi journalistique le 3 mai 2022. Ils reviennent sur les différentes difficultés rencontrées par les journalistes sur le terrain.

Ce qu’ils ont dit

Aline Leclerc : « Luc Bronner, directeur des rédactions du Monde en 2018, a eu l’idée de me nommer au début de la crise pour suivre les conséquences économiques et sociales sur la vie des Français. Je suis là pour voir ce qu’il va arriver. Et je suis persuadée qu’on pouvait voir arriver ce mouvement. »

« Après le 1er décembre 2018, je me suis dit « je veux un casque », « je veux des protections contre les bombes lacrymogènes ». Vous arrivez dans un truc délirant tous les samedis. Il y a eu un déferlement de violence, sur les réseaux sociaux également. On vous répète sans cesse que vous êtes la honte du journalisme. »

Mickael Tassart : « On s’est aperçu tard de la montée de la colère au sein des Gilets jaunes. On aurait dû la voir parce que c’est notre boulot. »

« Ce que je retiens de cet épisode, c’est qu’on aurait dû voir le mouvement arriver. On doit être davantage au contact des gens. »

Maïté Darnault : « J’ai couvert deux manifestations régionales pour Libération, à Lyon et à Valence. J’ai constaté que la présence du journaliste lors de ces manifs induit un biais dans ce qui est en train de se passer.»

« Expliquer le métier de journaliste a été une constance. Lors de mes reportages, j’ai pu expliquer mon statut financier. Parfois, je gagne comme eux. Parfois, je gagne plus. Créer un échange et un lien de proximité m’a paru important. »

Fabrice Valéry : « On a choisi d’utiliser Twitter pour de l’information factuelle, des photos par exemple, et Facebook pour faire des lives vidéo. Ces lives étaient commentés pendant plusieurs heures. Avec le mouvement des Gilets jaunes, nous avons changé nos pratiques journalistiques.»

« J’ai toujours pensé que ce métier devait être plus ouvert à des gens de toutes origines et que les étudiants ne devaient pas être trop formatés par les écoles de journalisme. »

Eric Lagneau : « La médiatisation des Gilets jaunes a fait partie du mouvement social. Qu’il s’agisse des médias traditionnels ou des médias créés par les Gilets Jaunes eux-mêmes sur les réseaux sociaux.»

« Il était important pour nous de coordonner le travail qu’on faisait partout en France.»

À retenir

Sujet « passionné et passionnant », comme l’a décrit Arnaud Mercier, le mouvement des Gilets jaunes a remis en question de nombreux principes journalistiques alors que la défiance envers les médias s’est accrue. Les journalistes se disent désormais plus vigilants et se veulent plus proches des publics pour mieux anticiper de nouveaux mouvements sociaux.

Prunelle Menu

[LE RÉSUMÉ] Journalistes et politiques : l’importance d’une connaissance scientifique

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Journalistes et politiques : l’importance d’une connaissance scientifique partagée »

Photo : Marion Galard / EPJT

Animée par Benoît Tonson, chef de rubrique science de The Conversation, avec Michel Dubois, sociologue des sciences et techniques au CNRS, Aline Richard, rédactrice en chef du magazine Le Figaro Santé, Corinne Vanmerris, directrice adjointe et directrice des études de l’ESJ Lille et Jade Lindgaard, journaliste au pôle écologie de Mediapart.

 

 

Les enjeux

Les journalistes et les responsables politiques sont insuffisamment formés aux questions scientifiques. Pour répondre à ce besoin, des formations spécifiques se développent, comme le master 2 de l’ESJ. Comment les journalistes doivent-ils adapter la parole scientifique au grand public ? Réponse avec ces quatre interlocuteurs.

Ce qu’ils ont dit

Aline Richard : « Tout le monde peut être journaliste scientifique. Ça fait peur un peu, les personnes se disent que c’est difficile. Mais avec du travail, tout est possible. Une formation scientifique préalable n’est pas un prérequis. »

« Nous constatons qu’il y a un problème culturel : personne ne remet en cause les statistiques scientifiques car personne ne les comprend, y compris certains journalistes et politiques. Les sujets scientifiques devraient intéresser plus les politiques. »

« Il faut que tous les journalistes jouent le jeu, ils doivent se renseigner pour ne pas raconter n’importe quoi. Il ne faut pas se limiter à interviewer les mêmes experts. La précipitation pour interviewer Didier Raoult pendant la pandémie de Covid-19 a été terrible. »

Corinne Vanmerris : « Je ne sens pas une grande appétence chez les étudiants pour les sciences. Nous avons 15 places dans le master 2 de journalisme scientifique. Il y a seulement une cinquantaine de candidats dans cette filière. »

Michel Dubois : « Nous avons réalisé une enquête nationale sur les Français et la science. Nous avons constaté qu’environ 8 Français sur 10 font confiance aux scientifiques et c’est le cas depuis les années 1970. »

« Toutefois, nous avons aussi constaté qu’environ 60 % des Français considèrent aujourd’hui que la science apporte autant de bien que de mal. C’est un résultat assez nouveau. »

Jade Lindgaard : « Est-ce qu’une Assemblée où les élus auraient tous une thèse en science serait plus démocratique ? Pas forcément. Des députés ont déposé des amendements radicaux sur l’écologie et ils n’ont pas de formation scientifique. »

« C’est un progrès que les écoles de journalisme proposent des formations en sciences mais ce qui fait qu’un média produit une information juste et audacieuse, c’est son modèle économique. »

À retenir

Les journalistes ne peuvent pas être spécialisés sur tous les sujets mais ils doivent avoir suffisamment de connaissances scientifiques pour comprendre les scientifiques. Les hommes et femmes politiques ne peuvent pas être tous des experts non plus mais on constate parfois un manque d’intérêt pour certains sujets scientifiques.

Marion Galard

[INTERVIEW] Sophie Roland : « A nous de montrer que des solutions existent »

Membre du Solutions Journalism Network, Sophie Roland défend un journalisme de solutions face à un journalisme anxiogène, dans le traitement de l’urgence climatique.

Sophie Roland (Photo : Irène Prigent/EPJT)

Après avoir travaillé plusieurs années pour les magazines d’enquête de France Télévisions, Sophie Roland a rejoint en 2019 le Solutions Journalism Network fondé par des journalistes du New York Times. Au sein de la profession et auprès des étudiants, elle forme au journalisme de solutions et travaille à en détruire les clichés.

Qu’est-ce qui vous a amené à vous diriger vers le journalisme de solutions ?

Cela a été un cheminement un peu long. J’ai fait beaucoup d’enquêtes dans ma vie et au fur et à mesure, je me suis rendue compte qu’elle déprimaient les gens. Les spectateurs étaient laissés avec un sentiment d’impuissance et d’anxiété. Et puis j’ai fait des rencontres, notamment avec Nina Fasciaux qui est la manager Europe du Solutions Journalism Network. Elle m’a expliqué comment les Américains avaient réfléchi à mettre au point une méthode qui permette d’exercer le journalisme de solutions de manière rigoureuse. Il y avait un sommet international à Sundance en novembre 2019. Cela m’a fait un bien fou de rencontrer des journalistes qui ont envie, comme moi, de bousculer leurs approches du reportage ou de l’enquête en les axant sur les réponses aux problèmes. J’ai repris espoir.

Quelle est la principale critique que vous adressez aux médias concernant le traitement de l’urgence climatique ?

Les journalistes sont souvent très anxiogènes dans la manière d’aborder les sujets climatiques. C’est vrai qu’il faut faire prendre conscience aux gens qu’il y a un problème, mais on ne doit pas s’arrêter là. Il faut être capable d’analyser et d’apporter des réponses. C’est important pour moi que ce ne soit pas le fait uniquement d’une niche de médias spécialisés. Le journalisme de solutions doit être mis en avant dans nos journaux télévisés et nos grands magazines. Il faut des sujets ambitieux sur les solutions, ce qui nécessite un travail d’investigation. Des événements comme la COP 26 sont des occasions pour parler des initiatives qui existent.

À quels obstacles se heurte encore le journalisme de solutions ?

Il n’y a pas encore ce réflexe premier des journalistes d’aller couvrir « le sixième W », que j’appellerais le « qu’est-ce qu’on fait ? » Je pense qu’aujourd’hui, de plus en plus de journalistes vont êtres sensibilisés à cela, en particulier chez la jeune génération. Les problèmes hurlent et les solutions murmurent. Maintenant, il faut faire hurler les solutions. Mais mesurer l’efficacité des initiatives prend du temps. Les rédactions doivent essayer de s’en dégager et mieux anticiper les sujets. Au lieu de faire un marronnier sur la journée du climat, par exemple, les journalistes peuvent l’axer sur les solutions. Ce sont des choix éditoriaux et des réflexes à intégrer.

Comment échappez-vous au cliché du journalisme de « bonnes nouvelles » ?

J’y échappe en participant à des événements comme les Assises du Journalisme, où durant trois jours, je casse les idées reçues autour du journalisme de solutions. J’interviens beaucoup auprès des écoles de journalisme, mais aussi à France Télévision. J’espère prouver à l’antenne que ce journalisme est aussi exigeant que n’importe quel reportage.

Êtes-vous optimiste pour le climat ?

Le journalisme de solutions m’a redonné de l’optimiste. On a une responsabilité journalistique à bien informer les gens sur les problèmes et les solutions qui auront un véritable impact sur le climat. Inutile de perdre son temps à exposer des soi-disant solutions qui ne vont rien régler du tout, ni à mettre en avant des technologies dont on n’a même pas encore la preuve qu’elles fonctionnent. Il faut être réaliste, ne pas tomber dans le « Greenwashing ». Néanmoins, des solutions, il y en a. À nous de les montrer, les travailler, les questionner et les investiguer de manière rigoureuse.

Propos recueillis par Irène Prigent

[LE RÉSUMÉ] Climat : quelle approche pour le journalisme de solutions ?

Aux Assises, Christophe Agnus, Sandra De Bailliencourt, Sophie Roland et Camille Sarazin questionnent l’approche du journalisme de solutions.  (Photo : Irène Prigent/EPJT)

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Climat : quelle approche pour le journalisme de solutions ».

Animé par Sophie Massieu, journaliste et membre de l’Association des Journalistes de l’Information Sociale (AJIS). Avec Christophe Agnus, président de Reporters d’espoirs ; Sandra De Bailliencourt, directrice générale des SPARKNEWS ; Sophie Roland, journaliste-réalisatrice et formatrice pour Solutions Journalism Network ; Camille Sarazin, journaliste pour EntR (France Médias Monde).

LES ENJEUX

La crise climatique a fait émerger un nouveau genre du journalisme. Il ne s’agit plus seulement d’exposer les problèmes mais de montrer les réponses possibles et concrètes. Le journalisme de solution met en avant les initiatives citoyennes en faveur d’une meilleure gestion de l’environnement et pour luter contre le dérèglement climatique. Mais attention à la facilité du journalisme de « goodnews ». Le but n’est pas simplement d’aborder les succès des initiatives mais d’en révéler parfois les limites ou les dysfonctionnements dans un souci critique et de crédibilité journalistique.

CE QU’ILS ONT DIT

Christophe Agnus : « Si on ne fait qu’énumérer les problèmes, on crée une sorte de déprime et les gens n’ont plus envie d’agir. »

« Je m’oppose au journalisme de « goodnews », ou « bisounours ». On fait du journalisme intégral avec à la fois le problème, l’analyse et la solution. On ne fait pas un inventaire des bonnes nouvelles ou des initiatives. »

Sandra De Bailliencourt : « Cela ne suffit plus de montrer les solutions car cela ne met plus les gens en mouvement. Notre but, c’est que les lecteurs se posent des questions sur leur mode de vie. On fait du récit pour replacer l’homme au cœur du vivant, »

Sophie Roland : « 59% des Français attendent de notre part beaucoup plus de couverture des solutions sur la thématique du climat.  »

« On n’est pas le porte-parole d’une cause, on ne fait pas du militantisme. C’est important de garder du recul, de l’esprit critique à travers nos reportages et nos enquêtes. L’idée serait qu’on ne parle plus de journalisme de solution mais de journalisme tout court. »

« Décrypter les fausses solutions, c’est aussi du journalisme de solution. »

Camille Sarazin : « Parfois, c’est dur de suivre l’actualité et de voir uniquement les mauvaises nouvelles. Le ton catastrophique peut être paralysant. Les jeunes ont besoin de se projeter dans l’avenir et de voir les solutions. »

« On a essayé de casser les codes des médias traditionnels avec des nouveaux formats. »

À RETENIR

La discussion a mis en lumière l’importance de ne pas confondre journalisme de bonnes nouvelles et journalisme de solutions. Un vrai travail investigation est requis pour aborder les enjeux environnementaux dans leur globalité, de l’exposition de la gravité des problèmes au questionnement sur la pertinence des solutions. Ce nouveau genre au sein de la profession peut permettre de recréer du lien entre les médias et les lecteurs. Ce journalisme intégral peut donner envie aux gens de s’impliquer, d’agir en faveur de l’environnement. La conférence a également pointé la nécessité de former les journalistes pour mieux traiter les questions climatiques.

[LE RÉSUMÉ] Voici les gagnants des prix des Assises 2021

Photo : Romain Leloutre/EPJT

Les prix des Assises 2021 ont été remis ce jeudi 30 octobre par le journaliste Patrick Cohen, président du jury. Le magazine scientifique Epsiloon et la dessinatrice COCO ont notamment été récompensés.

 Les prix des Assises internationales du journalisme de Tours récompensent chaque année les publications des douze derniers mois qui interrogent le mieux le journalisme et éclairent la pratique du métier. Patrick Cohen, président du jury, a récompensé les différents journalistes et auteurs jeudi 30 octobre 2021.

Retrouvez tous les nommés aux différents prix ici.

Le Grand prix du journalisme Michèle Léridon 

Le grand prix du journalisme des Assises distingue la ou le journaliste, le média, le collectif ou l’action éditoriale qui a le mieux honoré les valeurs du journalisme lors de l’année écoulée. Le magazine scientifique Epsiloon remporte le prix.

Epsiloon, c’est une aventure menée par douze journalistes qui ont préféré quitter le journal autrefois référent mais aujourd’hui malmené Sciences & vie afin de créer un magazine d’information scientifique indépendant et rigoureux.

«Ce prix et cette reconnaissance de la profession ont une importance pour nous car si nous avons eu l’envie et l’énergie de relancer un magazine papier juste après le Covid et plus encore au XIXe siècle, c’est parce que l’on aime profondément notre métier et qu’on y croit », a déclaré Mathilde Fontez, corédactrice en cheffe d’Epsiloon

Le prix du livre du journalisme

La dessinatrice de presse COCO  est distinguée pour Dessiner encore, sa première bande dessinée, sortie en mars 2021, où elle raconte sa vie depuis l’attentat à Charlie Hebdo de janvier 2015.

« Je suis très heureuse. Mais pour être très honnête, j’ai toujours du mal à me réjouir car ce livre n’aurait jamais dû exister. Mais, finalement, il existe car il faut pouvoir raconter et témoigner pour que la mort n’ait pas le dernier mot. Moi j’ai choisi de me tourner vers le journalisme et le dessin. Ce livre c’est un livre sur la solitude, l’esprit d’équipe, l’esprit d’une rédaction mais surtout l’esprit Charlie qui était représenté par des gens formidables et engagés qui défendaient des valeurs fondamentales », a témoigné COCO, la voix tremblante.

Le prix Recherche 

Ce prix récompense le meilleur livre de recherche sur le journalisme et sa pratique. Il est remis par un collège de sept chercheurs. Marie-Noëlle Doutreix en est la grande gagnante avec son livre 2020, Wikipédia et l’actualité. Qualité de l’information et normes collaboratives d’un média en ligne. 

Le prix Enquête et reportage

Ce prix est remis par vingt-huit étudiants issus des quatorze écoles de journalisme reconnues par la CEJ (Conférence des écoles de journalisme) dont l’EPJT fait partie. Le documentaire de Marie Portolano « Je ne suis pas une salope, je suis journaliste » sur le sexisme et la place des femmes dans le journalisme sportif a conquis les futurs journalistes.

« Ce qui me touche particulièrement c’est que ce sont des étudiants qui ont décerné le prix donc j’ai un peu l’impression de les avoir aidé », a souligné émue Marie Portolano. Guillaume Priou, coréalisateur du documentaire, a ajouté : « Si nous avons pu faire un peu avancer les choses, nous en sommes très fiers. »

 

[LE RÉSUMÉ] Agriculture et journalisme : « Je t’aime, moi non plus »

(Photo : Romain Leloutre/EPJT)

Animé par Jacques Trentesaux, directeur de la rédaction et co-fondateur de Médiacités. Avec Juliette Duquesne, journaliste et autrice ; Morgan Large, journaliste chez Radio Kreiz Breizh ; Michel Lepape, vice-président  en charge de la coordination à la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricole du Centre-Val de Loire (FDSEA), céréalier à Saint-Flovier ; Samuel Petit, rédacteur en chef du Télégramme. 

 

LES ENJEUX

La société se transforme et le regard change sur l’agriculture, en lien avec les questions environnementales. Les agriculteurs incarnent le rapport à la terre mais sont aussi critiqués selon le type d’agriculture qu’ils exercent. Eux dénoncent la vision donnée par les journalistes dans les médias. Ceux-ci ont parfois du mal à traiter des questions agricoles, par manque de temps, de connaissances ou à cause des pressions qu’ils peuvent subir.

CE QU’ILS ONT DIT

Samuel Petit : « On est de plus en plus éloigné du milieu agricole, on a une image fantasmée. C’est l’un des problèmes entre les médias et l’agriculture. »

« Quoiqu’on écrive, les agriculteurs nous le reprochent et les environnementalistes aussi. »

Michel Lepape : « On est des paysans, certains sont des taiseux. On aime rencontrer des gens, mais on a l’impression que les journalistes ne peuvent pas creuser les sujets, qu’ils n’ont pas le temps. »

« Il y a un discours qui est dicté, c’est sûr, c’est dommage. À l’image de la société, est-ce qu’on a gardé un sens critique ? C’est pareil dans l’agriculture, peut-être qu’on a perdu notre sens critique car on a perdu notre indépendance intellectuelle. »

Morgan Large : « On a dépossédé les agriculteurs de la capacité à communiquer eux-mêmes. La communication est pilotée par l’agroalimentaire. »

« Je ne suis pas persuadée que ce soit aux journalistes d’apporter des solutions. »

Juliette Duquesne : « Il y a des difficultés pour traiter le sujet agricole. À un moment, je me suis épuisée à pousser ces sujets à l’antenne donc j’ai décidé de faire du journalisme autrement : je suis maintenant journaliste indépendante. C’est révélateur du financement des médias et du débat médiatique actuel. »

À RETENIR

La discussion a mis en lumière des divergences sur la manière d’informer sur l’agriculture, entre les journalistes eux-mêmes. Certains type d’articles ou certains sujets peuvent faire craindre un agribashing mais c’est l’agriculture et non les agriculteurs qui sont au cœur des critiques.

Camille Granjard

[LE RÉSUMÉ] Biodiversité et climat, même combat ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Biodiversité et Climat, même combat ? ».

Animé par Dominique Martin-Ferrari, journaliste spécialisée et autrice du coffret multimédia « mémoires RIO+20, 1992/2012 », avec Pascale Larmande, animatrice régionale de l’Agence Régionale de la Biodiversité Centre-Val de Loire ; Chaymaa Deb, journaliste environnement au sein du média en ligne de l’écologie et du climat Natura Sciences ; Christophe Cassoux, directeur de recherche au CNRS (en distanciel) et François Gemmene, chercheur en sciences politiques, rattaché à l’université de Liège et enseignant à Sciences Po (en distanciel).

LES ENJEUX

Depuis plus de trente ans, le GIEC travaille à la compréhension des risques liés au changement climatique. Mais qu’en est-il de la biodiversité ? Créée en 2012, la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) travaille spécifiquement sur ces sujets. Ensemble, journalistes, chercheurs et scientifiques se sont questionné sur le traitement médiatique de ces deux phénomènes intimement liés et sur les actions à mener pour faire face à ce double défi.

CE QU’ILS ET ELLES ONT DIT

Christophe Cassou :  « Le 6e rapport du GIEC a été présenté sur une chaîne TV comme écrit par deux personnes. En réalité, il y a derrière ce rapport 234 scientifiques de 64 pays. Le processus de relecture a conduit à 78 000 commentaires et 32 000 commentaires des gouvernements, aujourd’hui accessibles au public. »

« L’un des faits établis de ce nouveau rapport est le suivant : il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les continents.»

François Gemmene« Au vu de toute l’expertise rassemblée au sein du GIEC, je pense que nous avons une responsabilité collective pour tenter d’améliorer la communication de la science vers le grand public mais aussi vers les décideurs. A force de donner l’alerte, celle-ci va finir par remplacer l’action. Il faut que la science explique l’action autrement. »

Pascale Larmande :  « La biodiversité, c’est un peu un mot de technicien. Dans la conscience collective, le mot le plus simple c’est la nature. Le premier constat, c’est que cette nature n’a pas besoin de nous. En revanche, nous on ne peut pas s’en passer : pour s’alimenter, pour s’habiller, pour se loger, pour notre santé. Nous nous sommes au fil du temps éloignés de cette évidence. »

Chaymaa Deb :  « Est-ce qu’on met la question climatique et la question de la biodiversité sur le même point ? Oui et non car il y a des problématiques qui doivent être prises en compte par le public pour tendre vers ce monde dans lequel il serait plus désirable de vivre. Et non, parce qu’il y a dans la biodiversité un caractère de résilience. Nous, êtres humains, avons besoin de la nature contrairement à elle, qui n’a pas besoin de nous. »

À RETENIR

S’il semble essentiel de mener un combat global concernant l’urgence climatique et l’anthropocène, il est important de ne pas mettre de côté le combat de la biodiversité. Particulièrement locale et écosystémique, la biodiversité est, de par sa résilience, une source de solution au dérèglement climatique. Les enjeux ne sont pas les mêmes, les urgences non plus. Pour autant, l’international ne peut être déconnecté des problèmes locaux. Les professionnels présents ont évoqué la nécessité pour les journalistes de faire preuve de pédagogie en traitant de ces deux crises, mais également de l’importance de la formation des journalistes à ces questions scientifiques, particulièrement complexes.

Romane Lhériau

[INTERVIEW] Kathleen Grosset : « On ne punit pas, on émet un avis »

Présidente du Conseil de déontologie journalistique et de médiation, Kathleen Grosset insiste sur la nécessité et l’utilité de cet organe d’autorégulation indépendant pour les médias français.

Kathleen Grosset est arrivée à la tête du Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) en début d’année 2021. Ancienne présidente de la Fédération française des agences de presse, elle a également été vice-présidente de la création de l’Observatoire de la déontologie et de l’information (ODI) de 2012 à 2020.

Le CDJM reste une instance peu connue du grand public. Concrètement quel est son rôle ?

C’est une association qui réunit des journalistes, des éditeurs, des agences de presse et des représentants du public. C’est un organe d’autorégulation. Toute personne peut nous saisir dès qu’il a l’impression d’avoir vu, lu ou entendu une faute déontologique dans un média français. Nous parlons bien de la déontologie, pas de ce qui relève de la loi. Pour ça, il y a les tribunaux. Le Conseil n’a pas à intervenir dans ce domaine. Nous examinons ensuite les requêtes et si nous les jugeons recevables, nous rendons un avis.

De 2012 à 2020, l’Observatoire de la déontologie de l’information réalisait aussi une mission similaire. Qu’apporte de plus le CDJM ?

L’observatoire permettait de comprendre les erreurs des journalistes et d’en faire un rapport annuel pour en tirer des conclusions très générales. En 2020, il  nous a semblé important de créer un conseil de presse comme il en existe dans beaucoup de pays. En France, il manquait la présence d’un organe indépendant, différent des médiateurs et des chartes qui existent déjà dans chaque média. Notre force, c’est notre indépendance. Nous ne subissons aucune pression et nous ne sommes pas un tribunal. On ne punit pas. On émet juste un avis. Il revient ensuite aux rédactions concernées de nous écouter et de prendre en compte ou non les fautes que nous avons pu constatées.

Quel bilan faites-vous après plus d’un an d’existence ?

Depuis sa création en 2020, nous avons reçu 450 saisines qui concernaient 200 actes journalistiques. Mais parmi toutes ces saisines, 70 % n’ont pas été retenues car nous avons estimé qu’elles ne portaient pas sur des fautes de déontologie mais plutôt sur des questions de lignes éditoriales ou de liberté d’expression sur lesquelles nous n’avons pas à rendre une décision. Au total, le conseil a rendu 40 avis dont seulement 40 % ont été jugés « fondés ». Pour nous, retenir une saisine ne veut pas forcément dire qu’il y a faute.

Comment réagissez-vous au fait que le Conseil ne fasse pas l’unanimité dans la profession ?

Je ne comprends pas que le conseil puisse faire autant débat. Sincèrement. Car nous sommes vraiment indépendants. Nous ne sommes pas là pour punir. Je pense qu’il vaut tout de même mieux avoir un organe d’autorégulation, qui intègre des journalistes et des citoyens plutôt qu’un organe gouvernemental qui rende des décisions coercitives.

Propos recueillis par Enzo Maubert

 

 

 

[LE RÉSUMÉ] Quelle info locale sur le climat ?

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Quelle info locale sur le climat ? »

(Camille Granjard/EPJT)

Animé par Richard HECHT, Union des Clubs de la Presse francophones et de France, l’atelier a réuni Sophie CASALS, journaliste de solution à Nice Matin ; Pauline D’ARMANCOURT, responsable de la communication Agence Régionale de la Biodiversité Centre-Val de Loire ; Alexandre MARSAT, rédacteur en chef de Curieux! ; Samuel SENAVE, président France Nature Environnement Centre-Val de Loire ; Catherine SIMON, responsable départementale de La Nouvelle République du Centre Ouest pour « Foutu planète ».

LES ENJEUX

L’échelle locale recouvre de nombreuses problématiques environnementales, des transports à l’aménagement du territoire. Les lecteurs sont de plus en plus attentifs à ces questions et sont en demande d’informations. Les journalistes locaux doivent produire des contenus qui informent de la complexité des différents phénomènes. Il faut simplifier et travailler en réseau avec les chercheurs, les associations environnementales, les naturalistes etc. Il s’agit aussi de toucher d’autres publics, notamment les jeunes, très sensibles au sujet de l’urgence climatique, avec des nouveaux formats.

CE QU’ILS ONT DIT

Sophie Casals : « Le prisme de solution n’est pas un journalisme de bonnes nouvelles, on questionne nos experts. Le journalisme de solution, ce n’est pas rester sur le constat. Les lecteurs nous interpellent sur des sujets prospectifs. Notre impact est d’autant plus fort qu’on est en interaction avec nos lecteurs. »

«Beaucoup d’enjeux se jouent au niveau local. Tout ne se joue pas dans les métropoles, au contraire elles sont peut-être lourdes à faire bouger. »

Pauline D’Armancourt : « Il faut acculturer l’ensemble de la population, réussir à faire comprendre la complexité des phénomènes environnementaux et ensuite agir.  »

« Parfois, il y a des retranscriptions qui font que le propos scientifique n’y est pas, il y a des contre-sens. C’est le fruit du travail du scientifique qui a été manqué. »

Alexandre Marsat : « Curieux! a été créé en septembre 2018 pour déconstruire les fake news. Presque tout est lié aux sciences. On va sur le front, là où ça se passe, donc sur les réseaux sociaux. On est un média populaire, généraliste qui traite de sciences, et non pas un média scientifique. »

« On a des journalistes spécialisés dans le sport dans toutes les rédactions mais il y a pas de journalistes spécialisés environnement partout, alors qu’il y a une urgence climatique. C’est vraiment important de former les journalistes à l’environnement. »

Samuel Senave : « Ce qu’on attend, ce qui nous importe, c’est une restitution factuelle, qu’on retranscrive notre opinion sans biais. Ce n’est pas forcément ce qu’on retrouve. »

Catherine Simon : « Notre expérimentation s’appelle « Foutu planète ». C’est un groupe Facebook créé en avril 2019, pour faire avancer la place de l’environnement dans notre journal. On voulait créer une dynamique avec nos lecteurs, avoir une communauté. Dans le groupe, il y a des gens qui sont très pointus sur certains sujets. Cela permet d’identifier des experts et de pouvoir faire appel à eux. »

À RETENIR

Les journalistes s’approprient de plus en plus les questions sur l’urgence climatique mais doivent jongler entre pédagogie, simplification et restitution de faits complexes. Ils doivent composer avec les différentes ressources qui cherchent à diffuser les connaissances et expériences. Les lecteurs, eux, sont en quête de compréhension des enjeux contemporains et peuvent être mobilisés à l’échelle locale avec les médias.

Camille Granjard

Prix Albert Londres : voici les nominés pour l’année 2021

Hervé Brusini, président du Comité Albert Londres (Photo : Romain Leloutre/EPJT)

Hervé Brusini, président du Comité Albert Londres, a dévoilé mercredi 29 septembre les nominés de ce prestigieux prix journalistique pour 2021.

Depuis 1933, le prix Albert Londres récompense les meilleurs « grand reporters » français et le fruit de leur travail. Chaque année, 3 catégories sont mises en valeur : le prix de la presse écrite, le prix de l’audiovisuel et le prix du livre. Ce 29 septembre étaient dévoilés les nommés pour l’édition 2021.

19 productions présélectionnés

Les présélectionnés en presse écrite sont :

  • Margaux Benn (Le Figaro)
  • Zineb Dryef (M le magazine du Monde)
  • Wilson Fache (Libération/Causette)
  • Ghazal Golshiri Esfahani (Le Monde)
  • Caroline Hayek (L’Orient –  Le Jour)
  • Louis Imbert (Le Monde)
  • Josiane Kouagheu (Le Monde Afrique)
  • Willy Le Devin (Libération)
  • Léna Mauger (XXI).

Dans la catégorie audiovisuelle, six reportages ont été nommés :

  • Nicolas Ducrot ( « Pour ne pas les oublier » – France 3,  Babel doc)
  • Bryan Carter (« Les Routes de la discorde » – RTBF, Pokitin productions)
  • Alex Gohari et Léo Mattei (« On the line, les expulsés de l’Amérique » – France 2, Public Sénat, Brotherfilms)
  • Jules Giraudat (« Projet cartel-Mexique, le silence ou la mort » – France 5, Forbidden films)
  • Céline Rouzet (« 140km à l’ouest du paradis » – BE ciné, Reboot films)
  • Solène Chalvon-Fioriti / Margaux Benn (« Vivre en pays taliban » – Arte, Caravelle)

Enfin, pour le prix du livre, cinq projets sont retenus :

  • Flic, un journaliste a infiltré la police, de Valentin Gendrot
  • Les Serpents viendront pour toi, d’Emilienne Malfatto
  • La Honte de l’Occident, de Antoine Mariotti
  • Toxique de Sébastien Philippe et Tomas Statius.

« Albert Londres est l’âme du journalisme »

Hervé Brusini a notamment rappelé les critères de sélection et l’importance d’Albert Londres

  • « Les critères pour recevoir le prix Albert Londres forment une alchimie. Tout d’abord l’expression d’un style. Puis l’originalité d’une approche, l’opiniâtreté pour aller chercher des informations, le courage de la dénonciation, la sincérité de l’engagement et la capacité à séduire un jury hétérogène en matière d’âge. Il faut qu’on arrive tous à se dire : ça c’est Albert Londres. »
  • « Nous avons reçu cette année 90 projets en presse écrite, 34 sujets audiovisuels et 20 livres, de la part de nombreux pays. Cela montre la sincérité de l’engagement d’Albert Londres, dont le nom fédère toujours aujourd’hui au-delà des frontières françaises. »
  • « Albert Londres est allé documenter des sujets encore inconnus du grand public : le traitement des malades psychiatriques, le dopage dans les pelotons cyclistes, les conditions de vie au bagne de Cayenne, la misère du système colonial… Il rassemble les valeurs du journaliste : curiosité, disponibilité, engagement, opiniâtreté et le courage face aux coups encaissés lorsqu’on dénonce des choses. »

  • « Albert Londres est l’âme du journalisme. Surnommé le prince des reporters par la journaliste Andrée Violis, il est un des grands héros de l’information. Le grand reportage qu’il a popularisé est une vraie réponse aux questions démocratiques actuelles. Albert Londres y alliait l’art de la langue et l’art du récit. D’où sa devise : porter la plume dans la plaie. »

En 2020, le reporter du Monde Allan Kaval avait décroché le prix Albert Londres dans la catégorie presse écrite. Cédric Gras, pour son livre Alpiniste de Staline, avait remporté le prix de l’édition tandis que les journalistes Sylvain Louvet et Ludovic Gaillard avaient été couronnés dans la catégorie audiovisuel. Qui seront leurs successeurs ? Réponse le 15 novembre prochain.

Antoine Comte

[LE RÉSUMÉ] Parler du genre

Photo : Alexandre Camino/EPJT

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Parler du genre »

Animé par Marc Mentré, vice-président de Journalisme et Citoyenneté, avec Pascale Colisson, responsable pédagogique et journaliste à l’IPJ Dauphine PSL ; Béatrice Denaes, journaliste formatrice et autrice ; Mejdaline Mhiri, coprésidente de l’association Femmes journalistes de sport, rédactrice en chef Les sportives ; Pauline Talagrand, adjointe au chef réseaux sociaux et fact-checking à l’AFP.

LES ENJEUX

Les quatre journalistes se sont réunies pour échanger autour de la question du genre dans les médias. Cette thématique pose en effet de nouveaux enjeux, notamment de renouvellement de vocabulaire ou de représentativité dans les colonnes. Un défi médiatique de taille dans un contexte de revendications féministes et sociales.

CE QU’ILS ONT DIT 

Pascale Colisson : « Nous devons avoir conscience de nos biais. C’est l’essence du métier. Nous devons caractériser les personnes pour ce qu’elles sont et pas pour ce qu’on projette sur elles »

« J’ai confiance en la nouvelle génération de journalistes. Elle est radicale dans le bon sens du terme »

Béatrice Denaes : « Par méconnaissance, on ne fera pas avancer la société. Les journalismes contribuent à faire évoluer les réactions stéréotypées. Nous sommes là aussi bien pour diffuser l’information que la culture, qui feront évoluer les mentalités »

Mejdaline Mhiri : « Certes, nous connaissons les difficultés qui touchent les femmes journalistes dès le début de leurs carrières. Le journalisme est un métier génial, ne lâchez-pas l’affaire. J’ai à cœur de transmettre cette détermination. »

Pauline Talagrand : « Je veux lancer un message. La responsabilité incombe certes aux structures et aux hiérarchies, mais elle incombe surtout aux journalistes. Ce sont eux qui feront bouger les rédactions et qui feront changer les choses »

« Une fois la réorganisation des effectifs entamée, il faut rentrer dans l’éditorial. Il faut donner des lignes directrices aux rédactions, des règles, des références pour que les erreurs ne soient pas faites »

À RETENIR

Les intervenantes qui ont pris part à ce débat ont fait état des difficultés que pouvaient notamment connaître les femmes journalistes au cours de leur carrière. Elles ont également évoqué l’impact que pouvaient avoir des erreurs ou approximations sur la question du genre auprès du lectorat. Elles ont appelé les journalistes et les rédactions à interroger leurs pratiques, pour traiter l’actualité avec le moins de biais possibles.

Alexandre Camino

[EN PLATEAU] Hugo Clément, journaliste présentateur de « Sur le front » et président du jury EMI 2021

Interview d’Hugo Clément, journaliste présentateur de l’émission « Sur le front » diffusée sur France 2 et président du jury EMI 2021.

Dans cette interview vidéo, le journaliste Hugo Clément revient sur la compatibilité entre militantisme et profession de journaliste, l’objectivité journalistique et la spécialité de journaliste environnemental.

 

Réalisé par Nejma Bentrad et Théodore De Kerros, étudiants à l’EPJT.

[LE RÉSUMÉ] Podcast, un autre récit pour la planète

Photo : Antoine Comte / EPJT

Animé par Steven Jambot, producteur et animateur de «  L’atelier des médias » pour RFI ; avec Jeane Clesse, podcasteuse indépendante et hôte de Basilic ; Justine Davasse, autrice et conférencière et productrice du podcast «  Les mouvements zéro » ; Grégory Rozières, journaliste du service «  science et environnement » au Huffington Post et présentateur de L’en(vert) du décor.

LES ENJEUX

Trois créateurs pour trois projets novateurs. Jeane Clesse, Justine Davasse et Grégory Rozières ont tous lancés leur podcast consacré à l’écologie. Leur défi : raconter par le son et la voix les enjeux climatiques et les initiatives écologiques, dans le but de toucher un auditoire de plus en plus à l’écoute des thématiques environnementales. Il s’agit de ne pas tomber dans le pessimisme mais plutôt de mettre en valeur des personnalités et des initiatives pouvant inspirer les auditeurs.

CE QU’ILS ONT DIT

Jeane Clesse« J’ai créé Basilic en 2017 en partant d’un constat : on ne parlait pas assez d’écologie dans les médias traditionnels. On sentait une envie chez les citoyens de faire les choses différemment, de parler de projets environnementaux positifs sans tomber dans le dramatique. J’ai donc décidé de mettre sur le devant de la scène des acteurs qui pensent l’écologie différemment, sous la forme de podcast ».

Justine Davasse : « À la suite d’un voyage en Finlande, j’ai décidé de m’investir personnellement dans le 0 déchet. Cette cause m’a passionné et étant bénévole à Radio Campus depuis 12 ans, j’ai eu envie d’y consacrer une émission radio, qui est devenue par la suite un podcast. Aujourd’hui, je travaille avec différents formats comme l’interview ou le reportage qui reviennent tous sur des initiatives  » 0″ : les consommations 0 déchet, des agriculteurs n’utilisant pas de produits phytosanitaires, des constructions sans béton… »

Grégory Rozières« Au Huffington Post on a fondé L’en(vert) du décor en 2020 car on voulait surfer sur la développement du podcast. On a vu que l’écologie n’était pas le thème le plus traité dans ce format, et on a donc décidé d’allier son et environnement. Notre règle, c’est l’humour. Il faut aborder des sujets écologiques assez complexes comme si nous étions dans une discussion entre collègues, à la machine à café. On prend des idées reçues pour les expliquer de façon humoristique. »

Jeane Clesse : « Aujourd’hui Basilic en est à 123 épisodes, ce qui veut dire qu’il y a beaucoup d’initiatives positives. Chaque jour je découvre de nouvelles personnes et ma liste d’interlocuteurs potentiels ne désemplit pas. C’est pour cela que j’interviens assez peu dans mon podcast, pour laisser parler mes invités. Au niveau des thèmes, j’essaye de faire très diversifié : je peux parler de la finance durable, des slow cosmétique ou de l’alimentation locale. Je veux que mes auditeurs puissent piocher comme bon leur semble dans mes épisodes. »

Grégory Rozières : « On a la chance d’avoir derrière nous le Huffington Post qui nous soutient financièrement. Nos podcasts sont intégrés sur le site du média, ce qui leur assurent une visibilité auprès d’un public parfois peu habitué aux formats audios. Nous sommes conscients que les blagues ne doivent pas être trop lourdes. On doit aussi bien se moquer gentiment des écolos ultra-convaincus  que des personnes réfractaires au changement. On essaye de faire de l’improvisation, mais préparée (rires). »

À RETENIR

Jeane Clesse, Justine Davasse et Grégory Rozières ont chacun voulu traiter à leur façon de l’écologie de façon positive. Et cela par différents moyens : mettre la lumière sur une initiative atypique, jouer sur l’humour pour décrypter des situations compliquées… L’idée est d’amener l’auditeur à réfléchir sur ce qu’il pourrait faire de son côté en s’inspirant des histoires contées dans les formats audios. Le mariage entre un sujet comme l’écologie, omniprésent dans l’actualité, et un format podcast, qui se démocratise, semble gagnant puisque les 3 créations ont toutes des projets pour les années à venir : des déclinaisons vidéos, des livres ou des rencontres en live avec les auditeurs. Longue vie à l’écologie audio !

Antoine Comte

[LE RÉSUMÉ] « Des médias zéro carbone, est-ce possible ? La responsabilité des journalistes »

(Photo : Alexandre Camino/EPJT)

Retrouvez l’essentiel de l’événement « Des médias « 0 carbone », est-ce possible ? La responsabilité des journalistes »

Animé par Olivier Monod, journaliste scientifique pour Libération, avec Jon Henley, correspondant Europe pour The Guardian ; Hanna Lundquist, journaliste spécialiste des médias pour Journalisten (Suède) ; Cédric Ringenbach, fondateur de La Fresque du climat ; Gilles Van Kote, directeur délégué aux relations avec les lecteurs au journal Le Monde.

LES ENJEUX

Quatre journalistes de plusieurs pays ont échangé sur la question du traitement de l’urgence climatique dans leurs rédactions. Le but : faire un état des lieux des pratiques en vigueur dans différentes rédactions et s’interroger sur la façon dont les journalistes peuvent encore, à leur échelle, aborder l’environnement dans leurs colonnes.

CE QU’ILS ONT DIT 

Jon Henley : « Au Guardian, nous avons par exemple décidé de changer tout notre vocabulaire lié à l’urgence climatique. Le changement climatique est le sujet majeur des années à venir. Nous avons un souci de transmettre au lecteur l’urgence de la situation. »

« Nous essayons, dans notre journal, de montrer comment la crise climatique peut impacter les futurs événements politiques, sociaux ainsi que les cours migratoires. Notre travail journalistique est de fournir une clarté, un résultat précis sur cette thématique, sans erreur. La responsabilité journalistique, elle est là. »

Hanna Lundquist : « En Suède, le journalisme climatique va bien. Il se porte mieux que jamais dans le pays de Greta Thunberg. Entre 2018 et 2019, la présence du climat dans les médias du pays a augmenté de 100 %. Dans les journaux, toutes les sections traitent un peu de cet enjeu. »

« Je pense qu’à l’avenir, nous devons développer le contenu d’investigation sur ces sujets. »

Gilles Van Kote : « Les questions du climat, de l’exploitation des ressources, du lien entre l’activité humaine et la nature par exemple ne sont plus remises en cause. »

« Notre boulot, c’est d’aider nos lecteurs à tout comprendre pour qu’ils puissent prendre des décisions de citoyens. Et ce travail, nous devons le faire le mieux possible pour que les publics retrouvent confiance dans les médias »

Cédric Ringenbach : « Dans la presse, la formation est un mot tabou. Nous parlons de sujets techniques. Nous n’avons pas la science infuse. Il y a une nécessité pour les journalistes de se former. »

« Il y a un vrai enjeu de préparer l’opinion publique aux fake news environnementales ainsi qu’à un climato-scepticisme qui risque de s’accroître. »

À RETENIR

Entre aménagement éditorial, choix des sujets et relation avec les lecteurs, les intervenants ont comparé leurs pratiques dans leurs journaux. Ce moment d’introspection journalistique a mis en exergue des pistes de réflexion pour développer le traitement médiatique de la crise climatique. Les professionnels présents à cette conférence ont notamment évoqué le besoin de développer la formation scientifique des journalistes, ainsi que la nécessité de promouvoir du contenu d’investigation environnemental.

Alexandre Camino

La Feuille, le journal des Assises de l’EPJT

Les étudiants en journalisme de l’EPJT ont travaillé sur la réalisation du journal La Feuille au printemps 2021. Découvrez ce numéro exceptionnel consacré au thème « Chaud devant » de cette édition des Assises du journalisme.

“Chaud Devant”, le thème des Assises du Journalisme 2020, a été repris pour créer le journal La Feuille. L’organisation des Assises n’a pas participé à la réalisation de ce magazine, entièrement conçu par les 35 étudiants en master de l’École publique de journalisme de Tours (EPJT). L’idée était de proposer un journal qui fasse écho aux questions et débats mis en avant lors de cette nouvelle édition.

Du brainsto à l’impression, une réalisation aux petits oignons

Eco-dépression, fausses informations ou encore météorologie, le choix des sujets traités dans La Feuille a fait l’objet de multiples discussions. Le journaliste indépendant, Michel Dalloni, a été le rédacteur en chef de ce journal.

Après un brainstorming collectif et plusieurs conférences de rédaction, le chemin de fer s’est dessiné au fil des articles retenus.

Un total de 21 étudiants s’est chargé de la rédaction des papiers, 9 en tant que secrétaire de rédaction et 5 en charge de l’iconographie. Un duo de deux étudiantes s’est occupé de relire les articles avant l’envoi aux secrétaires de rédaction et de faire la passerelle entre les étudiants et Michel Dalloni. 

Malgré le contexte sanitaire, des équipes se sont rendues sur le terrain. L’une a sillonné les terres bretonnes sur les traces de l’Amoco-Cadiz tandis que d’autres ont franchi les portes des rédactions à la rencontre de journalistes. 

Responsabilité climatique

La principale vocation de La Feuille était d’entraîner les étudiants à la réalisation d’un journal. Distribué dans l’espace Mame lors des journées des Assises du Journalisme, nous espérons qu’il sera le plus instructif possible sur le métier de journaliste et leurs responsabilités face à la crise climatique. 

Pour le retrouver : https://assises-journalisme.epjt.fr/le-journal-des-assises-2021

[INTERVIEW] Alpha Kaba : « Cela tient du devoir du journaliste de témoigner pour les personnes sans voix qui sont encore en captivité ou qui sont décédées »

 Journaliste guinéen réfugié à Bordeaux, Alpha Kaba vient de publier Esclave des milices, voyage au bout de l’enfer libyen aux éditions Fayard. Dans ce livre, il témoigne de l’horreur vécue pendant trois ans lorsqu’il est capturé par des miliciens et réduit en esclavage. 

Alpha Kaba, auteur d’Ésclave des milices, voyage au bout de l’enfer libyen.
(Photo : Lydia Menez / EPJT)

Il y a sept ans vous étiez journaliste en Guinée, qu’est-ce qui vous a amené à fuir votre pays ?

Alpha Kaba. En 2013, je travaillais dans une radio à Kankan qui organisait des émissions interactives autour de la vie sociétale. Nous dénoncions la corruption qui avait lieu dans l’administration locale. Un jour, le président devait se rendre à Kankan. Nous en avons profité pour organiser une émission sur le manque d’électricité, d’eau potable dans la ville, … Des manifestations ont éclaté et nous avons été pointés du doigt par les autorités comme instigateurs de ce mouvement. Notre radio a été pillée et j’ai dû fuir le pays.

Quels traumatismes laisse un tel fléau sur une vie humaine ?

A.K. J’ai été torturé, ligoté, frappé. Il n’y a pas de mot pour décrire ce que j’ai vu et vécu en Libye. Personne ne mérite de vivre ça.

Comment fait-on pour ne pas perdre espoir ?

A.K. C’est tout d’abord ma famille et ma fille qui m’ont permis de tenir. Je n’arrêtais pas de penser à eux. Je me disais qu’elle aurait besoin de revoir son papa. Je discutais aussi avec mes amis sur place, qui comme moi étaient des esclaves, pour ne pas perdre espoir. Ce n’était pas facile d’y croire, d’autant plus quand on subit des tortures quotidiennes. 

Avez-vous eu l’impression de vous dédoubler à un moment donné et d’être en reportage en même temps que vous viviez ce supplice ?

A.K. Au moment même où je vivais la situation, j’avais en tête l’idée de témoigner si je m’en sortais. Cela tient du devoir du journaliste de témoigner, pour les personnes sans voix qui sont encore en captivité ou qui sont décédées. Mais aussi pour attirer l’attention des autorités. Cela m’a permis de tenir, même si mes amis sur place ne savaient pas que j’étais journaliste. J’ai été obligé de le cacher pour ne pas que l’on pense que j’étais venu ici pour enquêter.

Pensez-vous que votre livre va ouvrir les yeux des journalistes occidentaux sur les conditions d’exercice du métier de journaliste sur le continent africain ?

A.K. C’est mon objectif. D’abord ouvrir les yeux du monde et des politiques sur la liberté d’expression, très restreinte dans la plupart des pays africains. Soit les journalistes sont au service de l’État ou alors ils s’exilent. Je suis optimiste. Je pense que ce message va être entendu et que le monde va s’imprégner des réalités journalistiques en Afrique.

Quelle est votre situation professionnelle aujourd’hui ?

A.K. Ce n’est pas facile, je cherche toujours du travail. Je suis diplômé de l’IJBA (Institut de Journalisme Bordeaux-Aquitaine). Je voudrais faire de la radio mais on me dit que mon accent est trop africain. Je suis aidé par des associations, parce que c’est un rêve d’enfant que je souhaite réaliser.

Pensez-vous pouvoir intégrer une rédaction en France ou un groupe d’indépendants à qui vous allez pouvoir apporter votre expérience personnelle et votre expertise sur le sujet ? 

A.K. Il reste toujours de l’espoir et j’ai pour projet d’intégrer une rédaction si l’occasion se présente. Il faut de la patience, c’est ce que j’ai appris en Libye. Je suis en train de mettre en place une association, à l’image de SOS Migrant ou Médecin sans frontière, afin de faire savoir à toute l’Europe que l’esclavage perdure.

Que pensez-vous de la politique migratoire européenne ? 

A.K. Je remercie l’État français pour m’avoir accordé le droit d’asile mais je trouve qu’il y a encore beaucoup de manques d’un point de vue humanitaire. Lorsque tu quittes ton pays, c’est parce que ton Etat est pillé et que tu ne parviens même plus à manger à ta faim. Le règlement Dublin III nous empêche de demander l’asile dans le pays que l’on veut. Ce qui est censé être un droit devient une obligation.

Où en êtes-vous dans vos démarches pour faire venir votre fille auprès de vous ?

A.K. Ma situation n’est pas encore assez stable pour faire venir ma fille. Je n’ai toujours pas d’appartement, je suis hébergé par un étudiant. Je m’occupe d’elle à distance. Elle vit actuellement chez ma grande soeur en Guinée-Bissau. Je lui envoie de l’argent pour la nourriture, les vêtement et sa scolarité en attendant qu’elle me rejoigne. 

Est ce que vous comptez retourner un jour en Guinée ? 

A.K. Même si la France me donne tout, il me faut retourner là-bas, c’est une étape nécessaire dans ma reconstruction. J’aimerais mettre à profit ma formation à l’IJBA, parce que contrairement à la Guinée j’ai eu la chance d’apprendre mon métier à l’école. Je voudrais contribuer à donner une nouvelle image à la presse guinéenne. 

Propos recueillis par Chloé Giraud et Louise Gressier.

[INTERVIEW] Edwy Plenel : « Le pouvoir n’a eu de cesse, avec des relais médiatiques, de caricaturer ce mouvement des Gilets jaunes »

Edwy Plenel est journaliste et président du site d’information Mediapart. Dans son livre La Victoire des vaincus, publié aux Éditions La Découverte, il analyse le mouvement des Gilets jaunes comme une victoire pour le peuple et détaille sa conception du journalisme.

Edwy Plenel, auteur de La Victoire des vaincus. (Photo : Lydia Menez/EPJT)

Diriez-vous queLa Victoire des vaincus est un livre politique plus qu’un livre de réflexion journalistique ?

Edwy Plenel. Le mot politique, au sens partisan, n’est pas l’objet du livre. En revanche, depuis quarante-trois ans que je fais ce métier, je pense que le journaliste est au cœur d’un principe démocratique : le droit de savoir des citoyens. Il y a une forme d’engagement démocratique dans le journalisme. Il a pour fonction de servir un droit qui est plus fondamental que le droit de vote ; parce que si je vote sans savoir ce qui est d’intérêt public, je peux voter à l’aveugle pour mon pire malheur. Ce livre est une réflexion sur l’événement des Gilets jaunes, pour en souligner la nouveauté et le réhabiliter par rapport à la façon dont il a été caricaturé. C’est un mouvement qui part de l’injustice fiscale et qui pose la question de l’égalité, qui est pour moi le moteur de l’émancipation. Par ailleurs, le pouvoir n’a eu de cesse avec des relais médiatiques de caricaturer ce mouvement. Ils ont choisi de se concentrer sur quelques dérives violentes du mouvement pour que ce peuple soit forcément laid, raciste, antisémite, ou encore xénophobe. Moi, je crois que la réalité de ce mouvement est beaucoup plus complexe et diverse. Derrière cela s’exprimait une certaine forme de haine de classes.

Mercredi soir, vous étiez sur le plateau de Paris Première face à Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’État en charge du Numérique, qui rejette votre qualification « d’affaire d’État » pour désigner l’affaire Benalla. Est ce que Mediapart dispose d’informations supplémentaires pour qualifier cette « affaire d’État » ?

E. P. C’est déjà sur la table. Il y aura beaucoup d’informations à venir puisque c’est une enquête au long court, mais le rapport du Sénat, qui s’est appuyé sur des révélations de Mediapart, le montre déjà. Un collaborateur, « Monsieur Sécurité » du président, reconnu par toute l’institution, va, déguisé en policier, frapper des opposants politiques. Benalla aurait dû être écarté dès le 2 mai 2018. C’est ce que pense le préfet de police quand il prévient qu’il y a une vidéo où l’on voit les méfaits de Benalla. Non seulement il n’est pas viré, mais il est protégé. Le fait de protéger quelqu’un qui se comporte en nervi au sommet d’un État démocratique, c’est déjà une affaire d’État ! Puis arrivent coup sur coup trois révélations de Mediapart : la première, c’est les passeports diplomatiques, puis le contrat russe et enfin le viol du contrôle judiciaire et l’effacement des preuves. Je l’ai écrit dès le mois de juillet, le fait qu’il soit à ce point soutenu par Macron en fait forcément une affaire d’État. Concernant la réaction de Mounir Mahjoubi, c’est terrible de voir des gens qui, par ambition politique, en viennent à perdre leur sens critique.

En février dernier, Mediapart a subi une tentative de perquisition dans ses locaux. Est-ce pour vous la preuve d’une défiance envers la presse et plus particulièrement envers Mediapart de la part d’Emmanuel Macron ?

E. P. Pendant la campagne présidentielle nous lui avons dit que nous aurions surement, à Mediapart, des divergences sur les questions sociales et sur ses choix très libéraux économiquement. Je pensais que sur les questions de société, il était aussi politiquement libéral. Ma surprise s’est faite avec l’entretien du 15 avril 2018 chez Jean-Jacques Bourdin où l’on a découvert un président autoritaire qui, contrairement à sa promesse d’une « révolution démocratique profonde », est très peu respectueux des contre-pouvoirs et du pluralisme de la société. Souvenez-vous de sa phrase : « Nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité ». C’est une antiphrase parce qu’en réalité il y a une presse qui l’embête en cherchant justement la vérité. Cela vaut aussi pour ses récentes déclarations à un groupe de journalistes, reprises par Le Point, où il parle d’une « information neutre ». Mais l’information est pluraliste, elle doit être rigoureuse, certes, mais certainement pas neutre. Pour moi, y compris sur la presse, Monsieur Macron n’est ni un libéral ni un progressiste.

Vous dites tout au long de votre livre que le journalisme et les Gilets Jaunes font front commun face au gouvernement et à la personne d’Emmanuel Macron, pourtant, vous n’hésitez pas à critiquer le travail des chaînes d’info en continu, ne serait-ce pas un peu hypocrite ?

E. P. Je parle de ma conception du journalisme et je ne critique pas explicitement tel ou tel média. Dans ces chaînes d’info en continu il y a des journalistes qui essayent de travailler au mieux pour leur indépendance et je me désolidarise de toute forme de haine du journalisme. Mon livre sert aussi à provoquer une réflexion dans la profession. Je pense que lorsqu’il y a un événement comme celui-ci, il faut mettre de côté tous ces commentateurs qui n’ont jamais sorti une info de leur vie et qui viennent sur les plateaux télé dire aux gens ce qu’ils doivent penser. C’est pour cela que la confiance est minée dans notre profession.

Propos recueillis par Louise Gressier et Léo Juanole

[INTERVIEW] Mathieu Delahousse : « Le djihadisme, c’est un échec éducatif, culturel et social »

Mathieu Delahousse est grand reporter et spécialiste des questions judiciaires à l’Obs. Il a publié La Chambre des coupables, aux éditions Fayard. Dans ce livre, il nous plonge au cœur des procès de djihadistes français, qui auraient pu faire la une des JT s’ils n’avaient pas été arrêtés à temps.

 

Pourquoi choisir d’écrire sur les djihadistes français maintenant, alors que nous ne sommes plus dans la tourmente médiatique des attentats terroristes ?

Mathieu Delahousse. Le spectaculaire est passé mais le djihadisme reste très présent en termes de problématique de sécurité et de justice. Nous sommes entrés dans la phase judiciaire. Ma théorie était de dire que les grands attentats seraient jugés mais que le grand procès du terrorisme avait déjà commencé par le biais de toutes les audiences que je raconte.

En dehors des audiences auxquelles vous avez assisté, quelles sont les autres sources que vous avez mobilisées ?

M.D. Il existe plusieurs niveaux de sources. Il y a l’audience en elle-même, qui apporte une grande partie des choses. Une audience publique apporte 65 % à 75 % des informations sur ces attentats. C’est une justice transparente. En revanche, j’ai fait une partie de l’investigation en consultant les procédures, en rencontrant tous les avocats et les magistrats qui ont pris part à ces procès.

Vous utilisez dans le livre le terme « d’invisibles » pour parler de ces jeunes djihadistes.  Pourquoi sont-ils invisibles ?

M.D. C’est à la fois une menace invisible, des dangers qui ont été mal considérés et des éducations ratées. C’est un échec éducatif, culturel, social. Souvent, ces gens ont trouvé dans le djihadisme le moyen de sortir de cette invisibilité, de devenir quelqu’un.

À qui vous adressez-vous en écrivant ce livre ?

M.D. Mon objectif était ambitieux. J’ai voulu me destiner à ceux qui s’intéressent à la réalité ordinaire du terrorisme. C’est au nom du peuple français que j’ai écrit. Ce n’est pas un livre sur les grands noms du terrorisme.

Comment fait-on pour écrire un livre sur les djihadistes sans les glorifier ?

M.D. Le but n’était ni de les glorifier ni de faire peur. Il s’agissait d’ouvrir les salles d’audience à l’opinion publique pour montrer la réalité. Je voulais faire du journalisme et pas de l’idéologie. J’ai essayé de montrer ces djhadistes dans leur médiocrité mais aussi dans leur réalité, comme on le fait avec des criminels de droit commun.

L’incarcération est-elle une mesure efficace contre la récidive ?

M.D. L’incarcération est indispensable. On ne peut pas laisser les djihadistes en liberté. La sanction sociale passe par la détention. En revanche, la prison a ses limites pour deux raisons : la durée et la radicalisation au sein des établissement pénitentiaire qui existe sans systématique.

Selon vous, faut-il rapatrier les djihadistes français détenus en Irak et en Syrie ?

M.D. Je suis favorable à ce qu’ils soient totalement pris en compte comme des délinquants étrangers et qu’ils soient jugés par les tribunaux français. La meilleure façon pour essayer de « récupérer » ces djihadistes est de les juger selon nos valeurs. Mais c’est aussi le meilleur moyen de les surveiller. Face au djihadisme, il faut faire la guerre mais il faut aussi miser sur la justice.

Propos recueillis par Chloé Giraud

[LE RÉSUMÉ] Europe : quel traitement éditorial en régions ?

#Europe_BenjaminBaixeras

(Photo: Benjamin Baixeras)

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Europe : quel traitement éditorial en régions »

Animé par Romain Hugon, journaliste délégué de l’Union des clubs de la presse ; avec Xavier Delcourt, ancien responsable de la formation « eurojournalisme » du CUEJ, Marc Duminy, journaliste responsable d’édition à France 3 Nord Pas de Calais en charge du suivi du Brexit et des élections européennes, Pierre France, journaliste et fondateur de Rue89 Strasbourg, Jean-Yves Vif, ancien rédacteur en chef de la Montagne Centre France, journaliste et professeur associé d’université en particulier au DUT journalisme à Vichy.

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Le programme des Assises

La 12e édition des Assises internationales du Journalisme se dérouleront du 13 au 16 mars au MAME et au théâtre Olympia de Tours. « #LESMEDIAS, tous les mêmes ? » est le thème choisi pour cette année. Journalistes, éditeurs et citoyens seront amenés à s’interroger sur les pratiques journalistiques, la banalisation des discours de haine contre les journalistes ou encore la part de responsabilité de chacun dans cette crise. Ce sera également l’occasion de remettre en question cette expression devenue commune, #LESMEDIAS, qui nie les diversités éditoriales pour mieux contester le rôle d’une presse libre dans les démocraties. 

 

Lundi 11 mars 2019

De 20 heures à 23 heures 

Avant première du film Depuis Mediapart de Naruna Kaplan de Macedo.

 

Mardi 12 mars 2019

A 19 heures

Soirée débat à la bibliothèque centrale : l’info à portée de tous, à quoi servent encore les médias ?

 

Mercredi 13 mars 2019

Les Ateliers 

De 9 h 15 à 10 h 45

  • #Lesmédias. Informer en milieu hostile à l’étranger…et en France

 

  • Nouveaux médias : ils se sont lancés cette année

 

  • Quelles initiatives en Europe ? 

 

  • Donner le goût de l’info. Les initiatives des médias jeunesse

 

De 11 h à 12 h 30

  • Les entretiens de l’information : ils se sont lancés…et ça n’a pas marché

 

  • #Lesmédias. Les médias alternatifs : une information différente ?

 

  • #Lesmédias. Podcast : quand la presse papier monte le son

 

  • EMI : L’éducation populaire mobilisée

 

Jeudi 14 mars 2019

Les Ateliers 

De 9 h 15 à 10 h 45

  • Journalisme en résidence : bilan et prospective

 

  • Quel récit éditorial ultramarin en métropole ? 

 

  • La data au service de l’investigation 

 

  • #Lesmédias. Atelier recherche : la détestation des journalistes, une vieille histoire

 

De 11 h à 12 h 30

  • Le département invité des assises 2019 : Mayotte

 

  • Intelligence artificielle : les robots sont-ils nos amis ? 

 

  • #Lesmédias. Atelier recherche : diversité des journalismes et pluralisme de l’information

 

  • Présentation de trois initiatives médias / Quartiers populaires

 

Les débats

De 14 h à 16 h 

  • Femme dans les médias : bientôt l’égalité et la fin du harcèlement ? 

De 14 h à 15 h 30 

  • Présentation du rapport 2019 de l’observation de la déontologie de l’information avec Patrick Eveno

De 15 h 45 à 17 h 15

  • #Lesmédias. On vote dans deux mois : quelle Europe dans les médias ? 

De 15 h 45 à 16 h 15

  • Le baromètre social : la presse quotidienne régionale

De 16 h 15 à 18 h

  • Un comité d’éthique des médias d’information en France ? 

 

Le grand débat 

De 18 h 15 à 19 h 30

  • #Lesmédias tous les mêmes ? 

 

Les événements de la journée

De 12 h 30 à 13 h 

  • Intervention du ministre de la culture Franck Riester

 

De 19 h 30 à 20 h 15 

  • Remise des pris des Assises 2019 en présence des présidentes du jury Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin

 

Vendredi 15 mars

Les Ateliers 

De 9 h 15 à 10 h 45

  • Etudiants en journalisme, tous les mêmes ? 

 

  • Attentats, suicides, maladies graves : traiter du sensible

 

  • Droits voisins : un combat partagé

 

  • Enquête Scam : journaliste, auteur ou fournisseur de contenus ?

 

De 11 h à 12 h 30

  • Francophonie : réseau des journalistes d’investigation des deux rives de la Méditerranée

 

  • Culture du cœur : les oubliés de l’info ? 

 

  • Le blues du fact-checker et les moyens d’y remédier

 

  • #Europe : quel traitement éditorial en régions ? 

 

Les cartes blanches 

De 14 h à 14 h 45

  • Guy Lagache, directeur délégué aux antennes et à la stratégie éditoriale de Radio France

De 14 h 45 à 15 h 30

  • Gérald Bronner, sociologue, professeur à l’université Paris-Diderot et membre de l’institut

De 15 h 30 à 16 h 15

  • Gilles Bouleau, présentateur du JT de TF1

De 16 h 15 à 17 h 

  • Laurent Guimier, vice PDG d’Europe 1

De 17 h à 17 h 45

  • Dominique Wolton, directeur de recherche du CNRS

De 17 h 45 à 18 h 30

  • Hervé Brusini, directeur de l’information web France Télévisions et Pascal Doucet-Bon, directeur délégué de l’information France Télévisions

 

Les événements de la journée

De 13 h 30 à 14 h 

  • Remise des prix jeunesse de la ville de Tours

 

  • Conférence de presse des deuxième Assises internationales du journalisme à Tunis en octobre 2020

 

Des Workshops sont également organisés chaque jour sur inscription obligatoire et dans la limite des places disponibles : workshop@journalisme.com

La jeunesse africaine en faveur d’un « renouvellement des médias »

Les jeunes de l’ONG Enactus sont aux Assises, dans le cadre d’un partenariat.

A l’occasion de la conférence “comment les médias peuvent-ils encore séduire les jeunes ?”, nous avons demandé à des étudiants présents aux Assises, ce qu’ils pensent du paysage médiatique traditionnel, et ce qu’ils en attendent à l’avenir.

La jeunesse prend le pouvoir dans le paysage médiatique. C’est le cas du côté du site internet StreetPress, où la moyenne d’âge de la rédaction s’élève à 26 ans. Crée en 2009, le média français a su faire son trou, avec un adage : « on écrit les articles et on réalise les documentaires que l’on a envie de lire », comme l’explique Johan Weisz-Myara, journaliste de Streetpress. De l’autre côté de la Méditerranée, les initiatives se multiplient également. Mantchini Traoré, jeune malienne, est à l’origine de l’émission « Instant Thé », diffusée sur la télévision publique nationale. Et la productrice compte bien modifier le paysage médiatique traditionnel : « demandez aux jeunes ce qu’ils veulent, allez auprès d’eux, vous verrez ! » Cela tombe bien, c’est la question que nous sommes allés poser à six jeunes de 15 à 25 ans, tous présents aux Assises.

Aïcha Khoufi (Bénévole à l’ONG Enactus, 20 ans) : « Peut-être qu’il faudrait changer les sujets, qu’on parle moins de politique par exemple. »

Takwa Ben Halima (Membre du 25-21 Project, 18 ans) : « Honnêtement, je suis un peu désespérée de nos médias… En Tunisie, on ne trouve que les vraies informations sur Facebook. Nos chaînes nationales diffusent des mensonges, tout est caché. »

Henri Dumont (Bénévole à l’ONG Enactus, 25 ans) : « S’informer via la télévision c’est dépassé. Il faudrait une application mobile qui envoie des notifications en fonction de préférences qu’on aurait donné auparavant. »

Dorra Moalla (Bénévole à l’ONG Enactus, 19 ans) : « À la télévision, on ne trouve que des sujets politiques, des crises, ce qui est négatif… Sur internet on peut trouver des opportunités, des choses qui pourront être utiles à tout le monde. Il faudrait que les médias parlent plus de ce qui touche les jeunes. »

Ismaël Damak (Bénévole à l’ONG Enactus, 19 ans) : « Je pense qu’il faut cibler les jeunes. La télévision n’a pas évolué, elle ne touche plus les jeunes. Maintenant, ils sont touchés par les réseaux sociaux. »

Farès Amri (Bénévole à l’ONG Enactus, 23 ans) : « Il faut travailler sur les sujets qui intéressent les jeunes : la musique ou les blogueurs par exemple. En Tunisie, la politique c’est quelque chose de fou. C’est quelque chose d’impossible à comprendre, on ne peut pas en discuter. C’est réservé aux présidents, aux ministres… À ceux qui s’intéressent à la politique. »

Elise Pontoizeau

Jérôme Bouvier : « Pas de frontières entre les journalistes, un même métier, des mêmes valeurs »

À l’issue des Assises de Tunis, Jérôme Bouvier, fondateur et organisateur de l’événement nous livre son ressenti. Photo : Lucas Beulin.

Au terme des 1ères Assises internationales du journalisme de Tunis, Jérôme Bouvier, président de Journalisme & Citoyenneté et fondateur des Assises du Journalisme, est un homme heureux. Il nous livre son sentiment.

« C’était compliqué de monter ce grand événement, de trouver les partenaires pour nous suivre dans ce pari. J’ai eu beaucoup d’échos positifs au cours des trois jours. Ce qui m’a le plus frappé lors de ces Assises de Tunis, c’est une formidable énergie et une formidable diversité. 800 journalistes de 30 pays étaient réunis. On y a vu la réalité de notre métier. Et malgré les difficultés qui sont énormes, une envie de parole et d’échange toujours intacte. Il ne faut pas que des frontières se dressent entre les journalistes. Nous avons un même métier, des mêmes valeurs. Tous ces journalistes nous ont d’ailleurs encore fait voir leur appétit pour lancer des projets. Je suis toujours autant fasciné par l’envie de tous et cela donne envie de continuer l’aventure. Donc, rendez vous désormais en mars 2019 à Tours, avant une deuxième édition des Assises de Tunis à l’automne 2020. »

Aux Assises, naissent trois belles initiatives

 

Annonce de la création d’un réseau francophone d’investigation

Sandrine Sawadogo, secrétaire de rédaction à l’Economiste du Faso (Burkina Faso) :

« Je vous annonce aujourd’hui la création de « Initiatives Impact Investigation », un réseau francophone de journalistes d’investigation. Il faut du lien, de la collaboration entre journalistes d’investigation. Nous allons mobiliser des moyens financiers, assurer une meilleure diffusion, mais aussi former les journalistes aux techniques d’investigation. Notre projet est soutenu entre autres par RSF, Forbiden Stories, l’AFP… »

Lancement du réseau Hacks/hackers euromed

Antoine Laurent, consultant en stratégie numérique :

« Nous voulons mettre en lien les journalistes et les développeurs web. Ces derniers peuvent aider les journalistes à développer des applications, des infographies, des longs-formats interactifs. Hacks/hackers euromed va servir en somme à développer le journalisme interactif. »

Partenariat entre écoles de journalisme

Laurent Bigot, enseignant à l’École publique de journalisme de Tours (EPJT) :

« Aux Assises de Tunis, des étudiants de l’école publique de journalisme de Tours (EPJT) ont travaillé avec leurs homologues de l’Institut de presse et des sciences de l’information (Ipsi). L’idée est de renforcer le lien et les échanges entre différentes écoles de journalisme. »

Propos recueillis par Romain Pichon

En Afrique, les zones reculées face au défi de l’information

La radio est le média le plus populaire en Afrique. Il existe énormément de radio locales, leur diffusion ne dépasse pas 50 kilomètres à la ronde. (Crédit photo : Pixabay, jkebbie)

Sur le continent africain subsistent encore des régions reculées, sans accès à internet voire à l’électricité. La radio est alors la seule manière de s’informer pour les populations. Mais elle est elle-même confrontée à des difficultés.

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« L’espace global de l’information et de la communication est un bien commun de l’humanité »

Nejma Zghidi, psychologue, auteure et comédienne tunisienne, a lu lors de cette soirée quelques extraits de la Déclaration internationale du journalisme.

Lors de la soirée d’ouverture des Assises du journalisme de Tunis, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) présentait sa « Déclaration internationale sur l’information et la démocratie ».

 

Pour la soirée du jeudi, « Information et Démocratie », les visiteurs avaient rendez-vous au théâtre du 4ème art, un espace culturel en plein centre-ville de la capitale tunisienne. RSF présentait sa « Déclaration internationale sur l’information et la démocratie : des principes fondamentaux pour l’espace global de l’information et de la communication ».

Pour introduire la soirée, Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, n’y est pas allé par quatre chemins : « Jusqu’à présent, on voyait des journalistes découpés en morceaux au Mexique. Aujourd’hui, on voit ça dans une ambassade. Des régimes despotiques violent les droits des journalistes« . Sous les applaudissements nourris d’une salle comble, il a conclu : « Il ne peut pas avoir de démocratie si les gens ne sont pas bien informés. »

La Commission sur l’information et la démocratie, composée de 25 personnalités de 18 nationalités, a adopté cette déclaration solennelle à l’unanimité après deux mois d’échanges et d’écriture. Les rédacteurs posent ainsi des principes fondamentaux pour « garantir la liberté, l’indépendance, le pluralisme et la fiabilité de l’information, dans un contexte de mondialisation, de digitalisation et de bouleversement de l’espace public« .

La déclaration, un texte de six pages, a été dévoilée le 5 novembre. Pour la faire découvrir au public du Théâtre du 4ème art, Christophe Deloire a invité Nejma Zghidi, psychologue, auteure et comédienne tunisienne. De sa voix clair, cette dernière a lu des extraits de la déclaration.

Elle a commencé par le préambule :  « L’espace global de l’information et de la communication est un bien commun de l’humanité qui doit être protégé comme tel. Son organisation relève de la responsabilité de l’humanité tout entière, par l’intermédiaire d’institutions démocratiques, dans le but de faciliter la communication entre les individus, les cultures, les peuples et les nations, au service des droits humains, de la concorde civile, la paix, la vie et l’environnement« .

Nejma Zghidi a ensuite insisté sur le droit à l’information, « qui consiste en la liberté de rechercher et de recevoir des informations fiables et d’y accéder. L’information ne saurait être considérée comme fiable que si sa collecte, son traitement et sa diffusion sont libres« .

Christophe Deloire a enfin lancé un appel pour clôturer cette présentation et a expliqué que l’objectif de cette déclaration était de « mobiliser tous ceux qui sont attachés à préserver un espace public libre et pluraliste, condition de la démocratie« .

Vous pouvez retrouver en intégralité la déclaration internationale sur l’information et la démocratie sur le site de RSF :

https://rsf.org/sites/default/files/declaration_internationale_sur_linformation_et_la_democratie.pdf

 

Romain Pichon et Ewen Renou

Dorra Bouzid, esprit rebelle

Au fil de sa carrière, Dorra Bouzid a créé neuf organes de presse et écrit pour plus de trente titres à travers le monde. Photo : Clara Gaillot

Dans l’histoire de la presse tunisienne, Dorra Bouzid occupe une place de choix. Première femme journaliste, elle a dédié sa vie à défendre la liberté féminine du pays. Un combat qui a fait d’elle un symbole de l’émancipation.

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Les Assises du journalisme, ça sert à quoi ?

Jérôme Bouvier et Anne-Claire Coudray, présidente du jury des Assises 2017, lors de la remise des prix de la dixième édition des Assises Internationales du Journalisme, à Tours.

Durant trois jours, du 15 au 17 novembre 2018, la Cité de la Culture de Tunis accueille la première édition des Assises du journalisme hors de France. Un rendez-vous important et nécessaire pour les professionnels de la presse internationale. 

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Les moments forts de l’édition 2018 des Assises

Samuel Forey reçoit son prix. Photo : Malvina Raud


« Un journalisme utile ? » Ce fut, quatre jours durant, la question centrale de la onzième édition des Assises du journalisme, une nouvelle fois organisée à Tours.
Sur place, les étudiants de l’École publique de journalisme de Tours ((EPJT) se sont mobilisés pour réaliser un suivi en temps réel de l’événement, grâce à un live-tweet permanent ainsi que des résumés de chaque ateliers et conférences. Ils ont également interrogé de nombreuses personnalités du monde du journalisme, sur leur plateau TV ou dans les coulisses. Un journal, La Feuille, a été conçu et distribué tout au long des quatre journées : trois quotidiens de huit pages et un de quatre pages, concocté spécialement pour le Salon du livre. Voici une sélection des articles, enquêtes, résumés et rencontres composant les moments forts de cette édition  2018.

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[LE RÉSUMÉ]  « Atelier école : faut-il former les journalistes ? »

Est-il encore utile de former au journalisme ?
« Il faut que l’école leur apporte le réseau nécessaire pour s’insérer dans la vie active plus facilement. » Photo : Clara Gaillot

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Atelier école : faut-il former les journalistes ? ».

Avec Véronique Rosa-Donati, secrétaire générale de la rédaction de TV5 Monde, Nicole Gauthier, directrice du CUEJ (Strasbourg) et Lucie Guesdon, cheffe de projet à la Chance aux concours. Atelier animé par Nicolas Sourisce, journaliste, maitre de conférences en sciences de l’information et de la communication, directeur de l’Ecole publique de journalisme de Tours (EPJT).

 

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Journalistes et engagés, comment font-ils ?

JournalismeMilitantisme

Comment concilier sa vie professionnelle et ses engagements extérieurs ? Pour beaucoup, la question ne se pose pas. Pour les journalistes, c’est plus compliqué. Conflit d’intérêt, manque d’objectivité, prise de positions… Les risques sont nombreux. Trois journalistes engagés nous font part de leur expérience.

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[EN PLATEAU] Benjamin Bousquet, journaliste à France Info

Journaliste à France Info, Benjamin Bousquet est l’auteur du livre Journaliste, l’ennemi qu’on adore (Editions du Panthéon, 2017). Interrogé par Noé Poitevin sur le plateau de l’EPJT, il revient sur la défiance envers les journalistes et sur leur crédibilité dans les médias. Il livre aussi son point de vue sur notre enquête « Journalistes : détestés et admirés ».

 

[EN PLATEAU] Françoise Nyssen, ministre de la Culture

Françoise Nyssen, ministre de la Culture depuis près d’un an, s’est exprimée au sujet de l’éducation aux médias et de l’accès à l’information pour les plus jeunes. Elle a répondu aux questions de Noé Poitevin et Taliane Elobo.

 

[LE RÉSUMÉ] « Les régions aux Assises : focus sur les médias corses »

Focus sur les médias corses

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Les régions aux Assises : focus sur les médias corses »

Animé par Pierre-Paul Battesti, vice-président du Club de la Presse Corse, avec Michelle CASTELLANI, rédactrice en chef de France Bleu RCFM ; Fabrice LAURENT, journaliste à Corse-Matin ; Nicole MARI, chef de service politique – économie à Corse Net Infos ; Thierry PARDI, rédacteur en chef du magazine Mediterraneo sur France 3, président du Club de la Presse Corse. (suite…)

[LE RÉSUMÉ] « Lutter contre les fake news : quelles propositions ? »

Lutter contre les fake news

Lutter contre les fake news, quelles propositions ? Photo : Malvina Raud

Retrouvez l’essentiel de la conférence « Lutter contre les fake news, quelles propositions ? »

Animé par Clara-Doïna Schmelk, rédactrice en chef d’Intégrales, avec Jean-Bernard Schmidt, vice-président de Spicee, Davina Frau-Meigs, membre du groupe d’experts sur les fake news de la Commission européenne, Vincent Lanier, premier secrétaire national du SNJ et Edouard Perrin, journaliste et président du collectif Informer n’est pas un délit.

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Prix éducation aux médias : un « serious game » récompensé

Remise des prix éducation à l'information 2018

Nous avons développé un serious game : à la fois amusant et ludique tout en faisant passer des informations. Photo : Clara Gaillot

Bastien Vonwyss et Julien Schekter ont remporté hier le Prix d’éducation à l’information dans la catégorie « Initiative d’un média francophone » pour leur jeu « Datak », pour Radio Télévisions Suisse. Plus de 18 mois d’investigation et des centaines d’articles ont été nécessaires pour élaborer ce jeu. Le but : vivre la vie d’un stagiaire  confronté à des choix du quotidien. (suite…)

[EN PLATEAU] Thomas Sotto, président des Assises 2018

Présentateur de l’émission Complément d’enquête sur France 2, Thomas Sotto est le président du jury des Assises du journalisme 2018. Face à Valériane Gouban et Thomas Cuny, il est notamment revenu sur la situation de France Télévisions et les liens entre journalisme et handicap, un thème qui le touche particulièrement.

[EN PLATEAU] David Carzon, directeur de la rédaction de Binge Audio

Réinventer le podcast, raconter l’information autrement pour renforcer le lien avec l’auditeur : tel est le mantra de David Carzon. Le directeur de la rédaction de Binge Audio a répondu aux questions de Valentin Jamin.

[EN PLATEAU] Gaëtan Després et les Jeunes Reporters

L’association Jeunes Reporters, primée aux Assises du journalisme 2017, permet aux enfants et adolescents d’apprendre les bases du métier de journaliste. Elle œuvre aussi à l’éducation aux médias. Gaëtan Després, l’un de ses administrateurs et coordinateurs, est venu répondre aux questions de Vanessa Sauvage-Turpin accompagné d’Adèle, une jeune reporter membre de l’association. 

Indépendance : pour quoi faire ?

« Notre indépendance repose sur trois piliers, elle est financière, commerciale et éditoriale. »

De plus en plus de médias se revendiquent indépendants, mais tous n’en ont pas la même définition. De qui est-on vraiment indépendant ? La liberté éditoriale est-elle liée à l’indépendance financière ? La relation avec le public est-elle différente ?

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Médiateur, garder le lien avec le public

« Une fois par mois je reprends les commentaires et les reproches des auditeurs »

 

Les médiateurs de presse sont peu connus. Ils ne sont que neuf à exercer ce poste en France. Quatre d’entre eux témoignent de leur expérience et détaillent leur travail au quotidien. 

 

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Médiacités, un an après

L’équipe du pure-player Médiacités. Photo : DR

 

 

 

 

Le journal d’investigation en ligne Médiacités a fêté son premier anniversaire en décembre. Après son lancement dans quatre villes (Lille, Toulouse, Lyon et Nantes),le site a ouvert une partie de son capital. Il vient de clore sa levée de fonds, après avoir récolté près de 350 000 €. Trois questions à Sylvain Morvan, l’un des cofondateurs.

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Cinq idées reçues sur les journalistes

Cinq idées reçues sur le journalisme. Photo : Clara Gaillot

 

 

 

 

 

Qui sont-ils, d’où viennent-ils, combien gagnent-ils : voici cinq idées reçues sur le métier de journaliste, dont la réalité est parfois (très) différente de l’image que le public peut s’en faire.

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